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Full text of "Bulletin diocésaine d'histoire et d'archéologie"

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CIOCmBS:    DB    QUIAIFKIt    Se    X>Bi   l^SOM 

BULLETIN 

DE    LA  i 

COMMISSION    DIOCÉSAINE 

d'Architecture  &  d'Archéologie. 


QUIUPEB 
TVP.  DE  KERANGAL,   IHPR.   DE  l'ÉVËGHÉ 


ù 


KhA  I  76  (  ^-9) 


^ 


1^  I 


CARTULÂIRE 

DE    L'ÉGLISE    DE    QUIMPER 

(Suite.) 


336. 

YVES  AN  CONC  ET  DANIEL  AN  FELESTREUC 
S'ENGAGENT  A  PAYER  LES  AMENDES  DUES  POUR  LEURS 

MANQUEMENTS  ('> 

-   14  Juillet  1363.   - 


Die  veDeris  post  festum  translacionis  Sancti  Benedicti  (2) 
iû  anno  Domini  Mo  CCC^  sexagesimo  tercio,  in  Capitule 
presentibus  magistris  Daojiele  de  Landeguennec,  thesau- 
rario,  Guillermo  Glas,  captore,  et  magistris  Alano  de 
Villa  Collis  (Kergrech),  Thoma  Episcopi,  Alano  Raolini 
tutore  ecclesie  Corisopitensis  ;  gagiaverunt  emendas  dicto 
Capitulo  dominus  Yvo  an  Conc  diaconus  dicte  ecclesie  et 
dominus  Daniel  an  Felestreuc  capellanus  dicte  ecclesie 
pro  quibusdam  excessibus  et  violenciis  àb  eisdem  Yvone 
et  Daniele  perpetratis  in  ecclesia  Corisopitensi  et  promi- 
serunt  per  eorum  juramenta  solvere  eidem  Capitulo  ad 
requisicionem  dicti  Capituli,  videlicet  dictus  Yvoan  Conc 
decem  libras  bone  monete  et  dictus  Daniel  sexaginta 
solidos. 

(1)  Cari.  31,  f»  72. 

(2)  La  fôtd  de  la  translation  des  reliques  de  saiot  Benoît,  à  Fieury,  se 
célébrait  le  11  Juillet,  qui,  en  1308,  tombait  un  mardi  ;  le  vendredi  sui- 
vant était  donc  le  14  Juillet. 


à37. 


HUGUES  HERO  REÇU  CHANOINE  <<) 

-    1866.    - 


Ânno  sexagesimo  sexto  die...  (coram...)  Rivallono  Sal- 
lou  canonicis  venerabilis  magister  Johannes  Le  Bigan... 
(procurator)  Hugonis  Hero...  fuit  receptus  in  canonicum 
et  in  fratrem  et  iuravit  statuta...  stallum  (accepit)  in  Capi- 
tulo  sibi  nomine  procuratoris  (per)  magistrum  Le  Marhec 
Archidiaconum  de  Poher  (collationis  causa)  eidem  Hugoni 
facte. 

Ita  est  H.  de  Stagno  parvo. 


888. 

JEAN  DE  PONT-CROIX  REQU  CHANOINE  w 

—   18  Janvier  1867  (n.  s.).   — 


Anno  sexagesimo  sexto  die  martis  post  festum  Cathedre 
Sancti  Pétri  (3),  presentibus  Magistris  Alano  Henrici, 
Johanne  Fravali,  Guillermo  de  Ploeneiz,  Johanne  Brehus, 
Guillermo  Sezneoc  clerico  et  aliis,  Magister  Guillermus 
Le  Marec  Archidiaconus  de  Pocher,  in  ecclesia  Corisopi- 
tensi  index  apostolicus,  in  bac  parte  deputatus  assignavit 
stallum  in  choro  et  locum  in  Capitule,  Magistro  Johanni 
de  Ponte  Crucis  canonico  Corisopitensi,  in  presencia 
Magistri  Hervei  de  Kenmaroci  procuratoris  sui,  qui  qui- 
dem  procurator  in  animam  dicti  domini  sui  iuravit  sta- 
tuta et  consuetudines  laudabiles  dicte  ecclesie  Corisopi- 
tensis,  pro  posse  tenere  et  inviolabiliter  observare. 

Ita  est.  H.  de  Stagno  parvo. 


(1)  Cart.  31,  ^  23. 
(S)  Cart.  81,  C  23. 
(3)  La  fôte  de  la  Chaire  de  saint  Pierre,  18  Janvier,  était  un  lundi  en  1367. 


-1  -^ 

LinERA  DUCIS  DE  NON  PREJUDICIENDO 
JURIDICTiONI   ECCLESIE  CORISOPITENSIS  («> 

Le  Duo  defTend  à  ses  Juges  d'exercer  sa  Juridiction  en  la  ville  et 
terre  de  l'église  de  Cornouallle  et  sur  les  hommes  de  TEvéque 
sans  le  consentement  de  l'Evéque. 

—  18  Décembre  1367.  — 


Charles  Duc  de  Bretagne  Vicomte  de  Limoges  à  nostre 
capitaine  de  Kemper  Corentin,  à  nos  Sénéchal,  baillif  et 
recepveur  dou  lieq  et  à  nos  autres  justiciers  et  officiers, 
salut. 

Révérend  père  en  Dieu  notre  amé  conseiller  TEvesque 
de  Cornouaille  nous  a  donné  entendre  que  comme  la 
juridicion  de  Kemper-Corintin  et  ailleurs  en  la  terre  de 
réglise  li  appartient,  aucuns  de  nous  officiers  se  sont 
eslanciez  de  fait,  de  cognoestre  et  exercer  la  dicte  juridi- 
cion, tant  a  cognoestre  de  contractenanz  faiz  entre  per- 
sonnes en  son  terrouer  et  en  la  terre  de  Téglise  que  de 
injures  de  personnes,  que  de  vouloir  contraindre  ses 
hommes  et  soubgiez  à  cause  de  Timposicion  en  la  dicte 
ville  et  en  la  terre  de  l'église,  laquelle  chose  est  en  son 
grand  griefl,  domage  et  préjudice  et  de  son  église 
comme  il  dit  ; 

Et  sur  ce  nous  a  requis  de  luy  provoir  de  remède  ;  si 
vous  mandons  -et  commandons  et  à  chacun  de  vous  de 
desorenavant  vous  ne  vous  entremectez  cognoestre  de  ne 
exercer  juridicion  en  la  dite  ville  es  cas  dessus  dictz  en 
aucune  manière  en  préjudice  dou  dit  Révèrent  père  en 
Dieu  et  de  la  dicte  église.  Et  si  aucune  chose  a  esté  faicte 
ou  temps  passé  au  contraire,  nous  voulons  que  ce  ne  li 
porte  préjudice  et  pour  ce  que  à  cause  de  guerres  l'on  ne 
peut  bonnement  exercer  juridicion  sur  nous  hommes  ne 

(1)  Cart  56,  f*  45.  Cette  lettre  est  de  1367,  et  son  visa  de  1873. 


—  8  - 

subgiez  ou  terrouer  de  Cornouaille  hors  de  forteresse  et 
pour  cause  de  ce  et  le  sauvement  de  nos  subgiez,  Ton  a 
exercé  la  juridicion  en  la  dite  cité  et  en  la  terre  de  Téglise, 
faiz  bannies,  prins  prisonniers  et  arrêtez,  nous  voulons 
que  ces  choses,  tant  pour  le  temps  passé  que  pour  le 
temps  à  venir,  ne  portent  préjudice  au  Révèrent  père  en 
Dieu  ne  à  sa  dicte  église.  Et  aussi  voulons  que  quant  vous 
et  nos  autres  officiers,  aurez  mestier  de  exercer  juridicion 
sur  nos  hommes,  bannies  faire,  arrester  ou  emprisonner, 
ou  autrement  justicier  en  la  dite  cité,  ou  ailleurs  ou  ter- 
rouer de  réglise,  vous  demandiez  licence  dou  dit  Révè- 
rent père,  ou  de  ses  giens  et  que  senz  congé  vous  ne  faciez 
les  choses  susdictes  en  la  terre  de  l'église  en  auchune 
manière  car  en  si  le  voulons  nous,  non  obstant  chose  que 
Ton  ait  faict  ne  usé  ou  temps  passé  ou  contraire,  lesquel- 
les nous  voulons  que  li  portent  aucun  préjudice  ne  à  la 
dicte  église,  sauves  nous  droictures  et  gouernement  ancien 
paravant  les  guerres. 

Donné  à  Guigamp  le  xviii^  jour  de  Décembre  Tan  mil 
III''  sexante  et  vu. 

Par  Monseigneur  le  Pue  en  conseil 

G.  Belengier. 

Et  ego  Henricus  de  Veteri  landa  Corisopifensis  dyocesis 
publicus  apostolica  auctoritate  et  imperiali  notarius,  pre- 
dictam  copiam  de  litteris  predictis  feci  et  manu  propria 
scripsi,  easque  litteras  vidi  et  palpavi  sanas  et  intégras  et 
sigillo  dicti  domini  ducis  sigillatas  ;  et  quia,  collatione 
facta  per  me  et  Guiliermum  Ham  clericum,  presentibus 
et  audientibus  Magistro  Thoma  Episcopi,  Richardo  fabri 
et  Guiliermo  Marhec  de  dictis  litteris  cum  presenti  copia, 
eas  concordare  inveni,  hic  me  subscripsi  et  signum  meum 
consuelum  posui  die  mercurii  post  festum  invencionis 
sancte  Crucis  anno  Domini  M»  CCC^  septuagesimo  secundo. 


840. 

CONTESTATION  TOUCHANT  LES  PRÉBENDES 
DE  BEUZEC-CAP-SIZUN  ET  SPÉZET  <«) 

-   20  Mal  1368.   - 


Die  lune  post  Ascensionem  Doniini,  anno  Domini  MoCCC<> 
sexagesimo  octave,  que  fuit  vîgesima  dies  maii,  requisiti 
fuerunt  in  Capitulp  Corisopitensi  venerabiles  et  discreti 
viri  M.  Riocus  de  Lestuhan  et  Radulphus  Gallou  canonici 
Corisopitenses  présentes  prebendati  apud  Buseuc  Cap 
Sizun  et  Spezet,  quatenus  litem  amotam  super  libertate 
dictarum  suarum  prebendarum  contra  Donerzium  de 
Kergonou...  contra  cuiuslibet  eorum  et  sicut  interest  pro- 
sequatur  et  jura  predictarum  suarum  prebendarum  con- 
tra predictum  reverendum  et  quoslibet  alios...  mediante, 
légitime  et  assidue  tueantur  ;  que  requesta  facta  extitit  in 
dicto  Capitulo  per  os  M.  Gaufiridi  le  Gai  procuratoris  Capi- 
tuli  et  fabrice  ecclesie  Corisopitensis. 

Presentibus  venerabilibus  et  discretis  viris.  M.  Guil- 
lermo  le  Glas  et  G.  militis  canonici^  et  Archidiacono  de 
Poher  in  dicta  ecclesia  et  aliis. 

T.  Episcopi,  Archidiaconus  Corisopitensis. 


341. 

OLIVIER  LE  HENAFF  REÇU  CHANOINE  (') 

-    11  Avril  1338.    - 


Anno  Domini  M®  CCC<'  sexagesimo  nono,  die  mercurii 
post  Quasimodo  (3)  fuit  receptus  in  Capitulum  ecclesie 
Corisopitensis   Oliverius  le  Henaui!  diocesis  Briocensis 


(1)  Cart.  31,  f*  22. 

(2)  Cart.  31,  f^  66. 

(3)  En  1869,  le  dimanche  de  Pâques  était  le  1*'  Avril. 


-  iô  - 

et  iuravit  tenere  statuta  et  consuetudines  antiquas  dicte 
ecclesie  et  exhibere  reverenciam  maioribus  dicte  ecclesie. 
Ita  est.  G.  Archîdiaconus  de  Pocher. 


842 

TÉlOieNAGE  TOUCHANT  LES  DIGNITÉS  DU  CHAPITRE  (') 

-   (Vers  1870.)   - 


Ego  Daniel  Baudic  dyaconus  Corisopitensis  assero  et 
testificor  me  audisse  a  bone  memorie  domino,  domino 
Alano  an  Gall  quondam  episcopo  Corisopitensi,  quod  can- 
tor  est  maior  in  choro,  thesaurarius  maior  in  Capitulo  et 
Archidiaconus  Cornubie  maior  extra  ecclesiam,  et  hoc  hic 
scripsit. 

848. 

LETTRE  DU  PAPE  GRÉGOIRE  XI  W 

-   23  Juillet  1870.   - 


Gregorius  Episcopus  servus  servorum  Dei,  dileclo  filio 
abbati  de  Langonio  Corisopitensis  dyocesis  saiutem  et 
apostolicam  benedictionem. 

Venerabilis  frater  noster  Episcopus  et  dilecti  filii  Capi- 
tulum  Corisopitense  nobis  signiflcare  curarunt  quod  si 
quando  in  Corisopilensi  ecclesia,  in  qua  prebendarum 
collacio  ad  dictum  Episcopum  pertinet,  prebendam  ali- 
quam  vacare  contingat,  plures  sub  expectacione  preben- 
darum vacaturarum  ibidem  recepti,  per  executores  sibi  a 
sede  apostolica  deputatos  vel  legatores  ipsius,  prebendam 
huiusmodi  sibi  conferri  procurant,  quorum  quilibet  die- 
tis  Episcopo  et  Capitulo  per  executores  ipsos  mandari 


(1)  Cart.  31,  ^  66. 

(2)  Cart.  31,  ^  41. 


-il- 

faciunt  ut  eum  ad  prebendam  ipsam  adinictere  ac  distri- 
buciones  colidianas  sibi  exhibera  procurent,  in  dictum 
Episcopum  et  singulos  de  ipso  Capitulo,  si  hoc  non  fece- 
rint,  excommunicacionis  sentencia  promulgata  ;  unde 
cutn  prefata  ecclesia  sepe  propter  hoc,  remaneat  debitis 
obsequiis  destituta,  maxime  que  sentenciam  fréquenter 
incurrunt  eamdem  pro  eoquod  ad  unam  eamdemque  pre- 
bendam, plures  simul  non  possunt  recipere,  nec  unius 
racione  prébende,  distribuciones  debent  pluribus  minis- 
trare,  dicti  Episcopus  et  Capitulum  provideri  a  Nobis 
super  hiis  humiliter  supplicarunt. 

Quocirca  discretioni  tue  per  apostolica  scripta  manda- 
mus,  quatinus  si  est  ita,  tam  receptos  huiusmodi  quam 
eciam  recipiendos  in  eadem  ecclesia  et  eorum  executores, 
quod  ab  indebito  super  hocgravamine  dictorum  Episcopi 
et  Capituli  et  ecclesie,  videlicet  in  concursu  diversorum 
tantummodo  mandatorum,  omnino  désistant  ;  dum  modo 
iidem  Episcopus  et  Capitulum  de  prebendis  vacaturis 
ibidem  se  nullatenus  intromictant,  tune  scilicet  cum 
simulque,  diversis  personis  diversa  mandata  susceperint 
super  eis,  et  sufBcienter  caveant  in  hoc  casu,  quod  ad 
ipsas  illas,  ex  eis  liberaliter  recipiant  qui  canonice  ipsas 
fuerint  assecuti  ;  vel  sentencialiter  obtinebunt  easdem, 
illasque  distribuciones  racione  prebendarum  huiusmodi 
eis  débitas,  intègre  ministrabunt,  monicione  premissa 
per  censuram  ecclesiasticam ,  appellacione  post  posita 
remota,  compellas,  relaxans  auctoritate  nostra  excommu- 
nicacionis, suspencionis  et  interdicti  sentencias,  si  quas 
in  predictos  Episcopum  et  Capitulum  vel  ipsorum  ali- 
quem  latos  fore,  huiusmodi  occasione,  tibi  constiterit,  vel 
in  posterum  contigerit  promulgari. 

Datum  apud  Urbem  veterem  decimo  kalendas  Augusti 
Pontificatus  nostri  anno  primo. 


—  12  - 

844. 

JEAN  BRIENT  PRÊTE  SERMENT  COMME  CHANOINE  EXPECTANT  «) 

-81  Octobre  1871.  - 


Anno  Domini  M®  CCC^  septuagesimo  primo,  die  veneris 
post  festum  Beat!  Luce  Evangeliste  (2),  Officialis  Corisopi- 
tensis  Conimissarius  a  sede  Apostolica  deputatus  assigna- 
vit  locum  in  Capitulo  CorisopiteDsi  et  stallum  in  choro 
Corisopitensi,  ut  moris  est  in  talibus,  Domino  Johanni 
Briencii  canonico  Corisopitensi  sub  expectatione  pré- 
bende. Qui  quidem  dictus  Johannes  juravit  staluta,  ordi- 
naciones  et  consuetudines  laudabiles  dicte  ecclesie  tenere 
eciam  et  fideliter  observare. 

Presentibus  venerabilibus  et  discretis  viris  Magistris 
G.  le  Marhec  Archidiacono,  G.  le  Glas  cantore,  Rioco  Les- 
tuhan,  R.  Gallou  canonicis  ecclesie  Corisopitensis. 

Johannes  Briencii. 

Verum  est  :  H.  de  Stagno  parvo. 


345. 

HUGUES  DE  KEROULAS,  REÇU  CHANOINE,  PRÊTE  SERMENT 

PAR  PROCUREUR  (» 

—  Vers  1872  (n.  s.).  Janvier.  — 


Anno  Domini  Mo  CCCo....  secundum  cursum  ecclesie 
Gallicane,  die  décima  octava  mensis  Januarii,  Magister 
Johannes  Raolini  licenciatus  in  legibus  procurator  et 
procuratorio  nomine  domini  Hugonis  de  Keroullac  doc- 
toris  utriusque  iuris  thesaurarii  et  canonici  ecclesie  Cori- 
sopitensis iuravit  statuta  hic  contenta. 


(1)  C.  81,  ^  82. 

(2)  La  SaÎDt-Luc,  18  Octobre,  tombait  eo  1371  un  samedi  ;  le  vendredi 
suivant  était  le  31  Octobre. 

(8)  C.  31,  f»  23. 


-  13  — 

Presentibus  S.  Arcbidiacono,  cantore,R.Gallou,G.Galli, 
T.  Episcopi  Canonicis  ;  Alano  de  Palude  et  aliis. 
Ita  est  :  H.  de  Stagno  parvo. 


346. 

GEOFFROY  FABRI,  REQU  CHANOIME,  PRÊTE  SERMENT 

PAR  PROCUREUR  (') 

-  16  Mars  1672  (n.  •.)•  - 


Anno....  septuagesimo  primo,  décima  sexta  die  mensis 
Marcii,  hora  tercia  dicte  diei,  Magister  Johannes  Raoulini 
procurator  et  nomine  venerabilis  viri  Magistri  Gaufridi 
Fabri  canonici  Corisopitensis,  juravit  statuta  laudabilia  et 
consuetudines  dicte  ecclesie  Corisopitensis  loviolabiliter 
observare.  Presentibus  Alano....  Arcbidiacono,  Roberto 
Coetlech  et  aliis. 

Item  die  iovis  Annonciacionis  Dominice,  presentibus 
D"o  R.  de  Gara...  professore  in  utroque,  Arcbidiacono, 
cantore  et  aliis...  iuravit...  pari  forma. 


347. 

GUILLAUME  DE  CAGIA  PRÊTE  SERMENT  COMME  DIACRE 

DE  CHŒUR  (') 

-   7  Février  1874  (n.  s.).    - 


Item,  die  martis  septima  Februarii  juravit  Guillermus 
de  Cagia  diaconus  ecclesie  Corisopitensis  statuta  et  con- 
suetudines -laudabiles   ecclesie  Corisopitensis  tenere  et 


(1)  Cart.  31,  {"  33. 
(8)  Cari.  81,  f  72. 


-  14  ^ 

inviolabiliter  observare  ;  presentibus  Magistris  J.  Raolini, 

Gaufrido  de  Foresta,  A.  Croezval,  Guillermo  de  Ponte 

Ligni,  Yvone  eius  fllio  et  aliis,  anno  Domini  M^  CCC^  sep- 

tuagesimo  tercio. 

H.  DE  Stagno  parvo. 


348. 

COMPTES  gUE  REND  RAOUL  GALLOU,  PROCUREUR 

DE  LA  FABRIQUE  («) 

-  20  Mars  1374  (n.  s.).   - 


Sequuntur  somme  in  quibus  Gallotus  tenetur  de  anno 
procuracionis  sue,  que  debent  deSalcari  de  somma  in  qua 
tenetur  sibi  fabrica  prout  cavetur  in  deducione  compoti 
sui  in  fine. 

Primo  pro  vacacione  de  Lennon,  sex  scuti  cum  quarto. 

Item  pro  merreno,  duo  scuti. 

Item  pro  fabrica  habuit  de  caparum  pecunia,  quinginta 
novem  scutos  cum  dimidio. 

Item  pro  anniversario  Guydonis  Albi  et  eius  uxoris, 
per  Magistrum  Alanum  Henrici,  viginti  quatuor  scutos. 

Item  pro  parte  anniversarii  Johannis  de  Valance  qua- 
tuor scutos  cum  dimidio. 

Item  pro  parte  anniversarii  Margarete  de  Neveto,  qua- 
tuor scutos. 

Item  pro  parentibus  Royenyeuc  pro  anniversario,  duo- 
decim  scutos. 

Item  Abbas  Pontpecii,  racione  cuiusdam  pecie  terre 
quam  tenuit  Magister  Guillermus  de  Kemperele  obliga- 
tam  nomine  procuratorio  Capituli  et  fabrice,  quinque 
scutos. 

(I)  Le  dimaDche  de  la  Pasaioa  tombait  en  1874  le  19  Mars. 


Il* 
o  — 

Item  pro  legatis  Sancto  Chorentino  et  aliis,  unum  scu- 
tum  pro  dimidio. 

Somma  predictorum,  centum  et  octodecim  scuti  cum 
tribus  quartis  ;  quibus  ammotis  de  somma  in  qua  fabrica 
tenebatur  predicto  Radulpho  Gallou,  videlicet  in  quatuor 
yiginti  et  duos  scutos  cum  tribus  quartis  et  quindecim 
denariis  resta;  triginta  quinque  scutos  cum  tribus  quartis 
duobus  solidis  et  octo  denariis. 

G.  Ârchidiaconus,  presentibus  cantore,  Lestuhan,Thoma. 

Datum  die  lune  post  dominicam  in  passione,  anno  sep- 
tuagesimo  tercio. 

Item  débet,  quos  receperat  de  mortuagio  Johannis  Fer- 
randi,  quinque  francos. 


349. 

OLIVIER  LE  PUISNÉ,  REÇU  CHAPELAIN,  PRÊTE  SERIENT  <*> 

-   1*'  Juin  1874.   - 


Die  jovis  post  sinodum  Penthecostes,  anno  Domini 
Mo  CCCo  septuagesimo  quarto,  inecoalatus  (2)  fuit  domi- 
nus  Oliverius  Postgeniti  capellanus  perpetuus  capelle 
béate  Marie  site  in  ecclesia  Corisopitensi  per  Capitulum 
capitulans,  qua  die  juravit,  eidem  capelle  servire  et  eccle- 
sie  pro  iusticiam  et  naturam  dicti  beneûcii. 

Presentibus  dominis  G.  Cantore,  G.  Ârchidiacono  de 
Pocher,  R.  Lestuhan,  officiali  Guillermo,  G.  Galli.  R.  Gai- 
lou.  T.  Episcopi.  Ita  est. 


(1)  Gart.  31»  f*  72.  Le  dimanche  de  la  Peolecôte  étail  le  *28  Mai  eo  1374, 
et  le  vendredi  suivaDl  le  l"'  Juio. 

(2)  Inecoalatus  pour  incolatus,  habitué^  incorporé. 


-  16  - 

850. 

JEAN  FRAVAU  CHANOINE  EXPECTANT,  PRÊTE  SERMENT  (') 

—  Novembre  1374.  — 


Die  Novembris  anno  septuagesimo  quarto,  hora  tercia, 
jura  vit  dominus  Johannes  Fravali  canonicus  sub  expecta- 
cione  prébende  ecclesie  Corisopitensis  statuta  et  consue- 
tudines  laudabiles  ecclesie  Corisopitensis  et  Qdeliter 
observare  et  eciam  reverenciam  exhibere  dominis  et  dicto 
Capitulo,  cuilibet  secundum  ordinem. 

Presentibus  R.  domino  de  Lanros,  Alano  Croezval, 
Alano  de  Ponte  ligni,  Alano  Kermaroc  et  aliis. 

H.  DE  Stagno  parvo. 


851. 

EUDE  GUILLEMOT,  CHAPELAIN,  PRÊTE  SERMENT  ^^ 

-  19  Février  1375  (n.  s.).  - 


Qua  die  veneris  post  festum  Sancti  Valentini,  anno 
Domini  M^  CCCo  septuagesimo  quarto,  admissus  fuit  in 
Capitulo  ad  iurandum,  et  iuravit  statuta  et  consuetudines 
laudabiles  et  approbatas,  scriptas  et  non  scriptas  ecclesie 
et  Capituli  Corisopitensis  Eudo  Guillemoci  capellanus 
capellanie  sani^te  Margarete  perpetuus  in  ecclesia  Coriso- 
pitensi.  Presentibus  domino  :  G.  cantore,  G.  ofliciali, 
Magistro  Alano  Raolini  et  G.  Episcopi  sacrista. 

Ita  est  :  Thomas  Episcopi. 


(1)  Cart.  31,  f  33. 

(2)  Cart.  31,  ^  23.  La  Saint-Yalentio,  li  Février,  était  en  1375  un  diman- 
che ;  le  vendredi  suivant  était  le  19. 


—  17  — 

852. 


gUITTANCE  POUR  CALICE  REÇU 

-  18  Février  137B  (n.  •.),  - 


Qua  die  Oliverius  capellanus  et  presbyter  ecclesie  Béate 
Marie  in  sancta  ecclesia,  recepit  unum  calicem  pro  dicta 
capella,  in  suo  periculo,  présente  Daniele  Felestrec  et 
Herveo  Oudrecen  capellanis  et  dominus  Rivallonus  cele- 
brans  in  capella  Magistri  Yvonis  Conc,  habuit  et  babet 
alterum  calicem. 

(A  9Uivre,) 


rN^>> 


Bulletin  db  la  Commission  diocésaine.  —  7*  année.  2 


—  18  — 


NOTICE 


SUR  LES 


PAROISSES  DU  DIOCÈSE  DE  QUIHPER  ET  DE  LÉON 

Par  MM.  PEYRON  et  ABGRALL. 

(Suite.) 


LE     CONQUET 

(Fin) 


Gentilshommes  de  Plougonvelin  au  xvii®  siècle, 
d'après  le  relevé  fait  sur  les  registres  paroissiaux 

PAR   M.  L*ABBÉ  MeNGANT 

I.  Les  Kerrannou  de  Kervasdoué. 

Noble  Olivier  Kerrannou,  capitaine  de  Berteaulme  et 
S'  de  Kervasdoué,  et  Guillaumette  Porzmoguer,  son 
épouse  (veuve  de  Kervasdoué  en  1619)  eurent  deux  fils  : 

1°  François  Kerrannou,  baptisé  le  14  Octobre  1585,  et 
20  Noël  Kerrannou,  baptisé  le  25  Décembre  1588  —  fut 
recteur  de  Plougonvelin  pendant  56  ans  —  mort  à  Lochrist, 
le  28  Février  1669,  âgé  de  81  ans. 

Ecuyer  François  Kerrannou,  fils  des  précédents.  S'  de 
Keriven  et  Kervasdoué,  épousa  Marie  Courtois,  dont  il  eut 
trois  enfants  : 

lo  François  Kerrannou,  qui  fut  prêtre  et  dont  voici 
Tacte  de  baptême  :  Le  24»  jour  du  mois  de  Janvier  1616,  a 
été  baptisé  en  Téglise  parochialle  de  Plouegonvelen,  Fran- 


—  »  — 

çois  Kerrannou,  fils  légitime  et  naturel  d*escuyer  Fran-^ 
çoys  Kerrannou  et  damoiselle  Marie  Courtois,  sa  com- 
paigne,  sieur  et  dame  de  Keriven,  par  noble  et  vénérable 
M«  Nouel  Kerrannou,  recteur  de  ladite  parrouesse,  auquel 
a  été  compère  noble  homme  Françoys  Courtois,  S'  de 
Lezezret,  et  commère  damoiselle  Katherine  du  Garo,  dame 
du  Bourgneufi;  assistants,  nobles  gentz  François  Kerm or- 
van,  sieur  de  Keruzou;  Jehan  Michel,  sieur  de  Kervenny; 
Claude  Kerriezre,  sieur  de  Langolian  ;  Robert  Courtois, 
sieur  de  BourgneuS  ;  Ollivier  Kerrannou,  sieur  de  Ker- 
vasdoué  et  plusieurs  autres. 

2o  Marie  Kerrannou,  baptisée  le  25  Décembre  1617,  eut 
pour  parrain  noble  et  vén.  Houel  Kerrannou,  recteur,  et 
pour  marraine  damoiselle  Marie  Le  Drenec,  dame  de 
Langalla. 

30  Robert  Kerrannou,  baptisé  le  25  Mars  1619,  eut  pour 
parrain  Robert  Courtois,  sieur  de  Bourgneuff,  et  pour 
marraine,  damoiselle  Guillaumette  Porzmoguer,  douai- 
rière de  Kervasdoué. 

(1633  et  en  1662).  —  Noble  Françoise  Kerguz,  dame  de 
Kervasdoué. 

Le  29  Novembre  1685,  baptême  de  Françoise,  fille 
d'écuyer  Louis-René  de  Penfentenyo  et  de  Françoise  du 
Mescam,  s'  et  dame  de  Kervasdoué. 

IL  Les  Kematoua  du  Prédic. 

Le  5  Février  1597,  baptême  d'Azelice  Kernatous,  fille  de 
nobles  Yves  Kernatous  et  Anne  Le  Déauguer  :  parrain  et 
marraine,  nobles  Jean  Kleach  et  Azelice  RoUant. 

Le  28  Novembre  1604,  baptême  de  Marie  Kernatous, 
fille  des  précédents;  parrain,  Robert  Kerriell,  S'  de  Lan- 
gollian  ;  marraine,  damoiselle  Marie  Le  Déauguer,  dame 
de  Kerlauchan. 

Le  10  Octobre  1610,  baptême  de  Robert,  fils  des  mêmes; 


—  20  — 

parrain,  noble  Robert  Courtois,  S'  du  Bourgneuf ,  et  mar- 
raine, noble  Jeanne  Kernatous  dame  de  Berbouguis. 

Nobles  Jean  de  Kernatous  et  Françoise  de  Kermeno, 
S^  et  dame  du  Prédic,  ont  eu  douze  enfants,  savoir  : 

lo  et  2®  François  et  Michel-Corentin,  frères  utérins,  nés 
le  30  Mai  et  baptisés  le  5  Août  1646.  François  eut  pour 
parrain  noble  François  du  Gaspern,  S'  du  Logou,  et 
pour  marraine,  noble  Anne  Du  Bois,  dame  de  Keroulas. 
Les  parrain  et  marraine  de  Michel-Corentin  furent  nobles 
Michel  Kernatous,  s'  de  Berbouguis,  et  Ursule  de  Cor- 
nouaille,  dame  de  Kerinou. 

30  Pétronille  Kernatous,  baptisée  le  28  Juillet  1647,  fut 
tenue  sur  les  fonts  par  nobles  René  Troille  de  Kernezne, 
vicomte  du  Curru,  et  Pétronille  Le  Jar,  dame  de  Tlsle 
Kermorvan. 

40  Madeleine  Kernatous,  baptisée  à  Loc-Mazé,  le  1<>'  Août 
1649.  Il  est  question  de  cette  enfant  dans  la  vie  de  Dom 
Michel.  Cette  petite  fille  tombait  tous  les  jours  en  épilepsie, 
depuis  deux  mois,  quand  mourut  le  serviteur  de  Dieu  ; 
Françoise  de  Kermeno,  sa  mère,  et  Madeleine  de  Portz- 
moguer,  sa  marraine,  lui  firent  toucher  le  cadavre  de  Dom 
Michel,  et  aussitôt  elle  se  trouva  guérie. 

Je  transcris  son  acte  de  baptême  :  «  Ce  jour  1«'  d*Août 
1649,  a  été  baptisée  Magdalaine,  fille  naturelle  et  légitime 
d'escuyer  Jean  Kernatous  et  Françoise  Kermenou,  S'  et 
dame  du  Prédic,  par  noble  et  vénérable  personne  M®  Nouél 
Kerrannou,  recteur  de  Plougonvelin.  La  dite  Magdalaine 
tenue  sur  le  font  de  batesme  par  Jan  Pezron,  escuyer  sieur 
de  Lesconvel  et  Magdalaine  de  Portzmoguer,  dame  de 
Kerrourien.  Le  tout  fait  en  Téglise  de  S^-Mathieu,  en  pré- 
sence de  M^  Hamon  Grall,  vicaire  perpétuel  de  la  dite  pa- 
roisse. » 

5°  Charles,  baptisé  le  3  Mars  1652,  eut  pour  parrain 
noble  Charles  Penfeunteunyo,  S'  du  Louch,  et  pour  mar- 


raine  noble  Guillemette  Keraldanet,  dame  de  Langoliaû. 
^6°  et  7^  Claudia  et  Joanna,  voto  vero  Anna,  sœurs  utéri- 
nes, furent  baptisées  le  25  Novembre  1654.  Elles  eurent 
pour  compères  :  la  première,  nobles  Tangui  Mol,  S>^  de 
Kerjan,  et  Claude  Penlentenyo,  dame  de  Keruzou  ;  la  se- 
conde, nobles  Jacques  du  Meascam,  S^^  de  Mesrioual,  et 
Jeanne  de  Kermeno,  dame  du  Lein. 

8»  René,  baptisé  le  11  Juin  1658,  eut  pour  parrain  noble 
René  de  Poulpry,  S'  de  Lanvengat  —  Kerannouel,  con- 
seiller du  Roi  et  premier  magistrat  de  la  Cour  de  Lesne- 
ven,  et  pour  marraine  noble  Marie  de  Penfentenyo,  dame 
de  Coatgarz,  Larrest,  etc.. 

9<>  Jean,  baptisé  le  2  Mai  1660  ;  parrain,  noble  Jean  du 
Tremen,  S^  du  Tertre  et  procureur  à  la  Cour  de  Saint- 
Renan. 

IQo  Anne,  baptisée  le  18  Septembre  1661,  eut  pour  com- 
pères nobles  Guillaume  Barbier,  S'  deKernatous,  et  Anne 
Tromilin,  dame  de  KerrouUas. 

11<»  Philippe,  baptisé  le  2  Septembre  1663,  fut  tenu  sur 
les  fonts  baptismaux  par  nobles  Jean  Michel,  S^^  de  Ker- 
venny,  et  Phillippa  du  Gaspern,  dame  du  Gaspern. 

129  Tangui-Louis  de  Kernatous,  fut  baptisé  à  Saint- 
Mathieu,  le  5  Février  1665;  il  eut  pour  parrain  noble 
Tangui  de  Penfentenyo,  S'  de  Kermorvan,  et  pour  mar- 
raine noble  Louise  Mol,  dame  de  Tronevezec. 

Françoise  de  Kermeno,  dame  du  Prédic,  Berbourguis, 
Lesvern,  etc.,  décédée  à  Saint-Renan,  où  elle  résidait 
depuis  deux  mois,  fut  enterrée  en  l'église  de  Notre-Dame 
de  Saint-Mahé,  le  28  Avril  1666  ;  son  mari,  Jean  de  Ker- 
natous, fut  inhumé  dans  la  même  église,  le  28  Avril  1668. 

III.  Les  Déauguer  de  Kerautret. 

Le  2  Avril  1607,  fut  baptisé  Yves  Le  Déauguer,  fils  de 
nobles  Nouel  Le  Déauguer  et  Marie  Le  Veyer  ;  il  eut  pour 


compères  Yves  Kernatous,  S'  du  Prédic,  et  Catherine  du 
Garo,  dame  du  Bourgneufl. 

Le  4  Juin  1608,  fut  baptisée  Anne  Le  Déauguer,  fille 
des  mômes.  Le  parrain  fut  noble  François  Le  Déauguer, 
S'  de  Keronquar  et  juge  séculier  de  la  Cour  de  Saint- 
Renan,  et  la  marraine,  Anne  Le  Déauguer,  dame  du  Prédic. 

Le  26  Avril  1620,  baptême  de  Barbe  Le  Déauguer,  fille 
de  nobles  Noël  Le  Déauguer  et  Barbe  Le  Dreisec,  S'  et 
dame  de  Kerautret  ;  parrain,  Michel  de  Kernatous,  S'  de 
Berbouguis  ;  marraine.  Barbe  Le  Veyer,  «veuve»  de 
Kerautret. 

Nobles  Jean  Le  Déauguer  et  Jacquette  Pinart,  S' et  dame 
de  Kerautret  ont  eu  quatre  enfants  de  1653 à  1660,  savoir: 

lo  Perrine  (20  Septembre  1653)  ;  parrain  et  marraine, 
nobles  François  Trébaol  et  Perrine  Le  Saulx  ; 

2o  François  (25  Juillet  1655)  ;  compères,  nobles  Fran- 
çois Courleau  et  Françoise  de  Kermenol  ; 

3<>  Jean  (17  Octobre  1657)  ;  compères,  nobles  Jean 
Déauguer  et  Barbe  Déauguer  ; 

40  Anne  (9  Janvier  1660)  ;  compères,  nobles  Michel 
Lestobec  (alias  an  Stobec)  ;  S'  de  Gorréquéar,  et  Jeanne 
Robert  (alias  Ropartz),  dame  de  Kerdalaez. 

IV.  —  JLes  Michel  de  Kervenny. 

1590.  —  Nobles  Yves  Michel  et  Louise  du  Meascam, 
S'  et  dame  de  Kervenny. 

Le  25  Août  1624,  baptême  de  noble  François-Michel, 
fils  de  Jean-Michel  et  Françoise  Kerguiziau,  S'  et  dame 
de  Kervenny;  compères,  nobles  François  Kermorvan, 
S'  de  Keruzou,  et  Marie  Le  Drenec,  dame  de  Langalla. 

1650.  —  Noble  Marie  de  Kerouartz,  dame  de  Kervenny. 

V.  —  Les  Bohic  de  Kervttsic. 

1598.  —  François  Bohic,  S'  de  Kervilsic. 
1607.  —  Guillaume  Bohic,        id. 


—  23  - 

Le  9  Février  1622,  baptême  de  noble  Catherine  Bohic, 
fille  d'Yves  Bohic  et  Amicia  Tanguy,  S'  et  dame  de  Ker- 
vilsic  ;  compères,  nobles  François  Kermorvan,  S'  de 
Keruzou,  et  Catherine  Du  Garo,  dame  du  Bourgneufi. 

Le  13  Avril  1624,  baptême  de  Gillette  Bohic,  fllle  des 
mêmes  ;  parrain,  Robert  Bohic  ;  marraine,  Gillette  Galier. 

1654.  —  Noble  Jean  Bohic,  S'  de  Kervilsic. 

De  1654  à  1663,  nobles  Jean  Floch  (alias  Le  Flo)  et 
Catherine  Bohic,  dame  de  Kerinec,  sa  compagne,  ont  fait 
baptiser  cinq  enfants  :  Jean  (1654),  Julienne  (1656), 
Jeanne  (1657),  Charles  (1659),  et  François  (1663). 

VL  —  Les  Kervsn  de  Kergadou, 

Le  8  Mars  1665,  baptême  de  Charles  Kerven,  fils  de 
nobles  Jacques  de  Kerven  et  Marguerite  Kerguiziau,  S'  et 
dame  de  Kergadou  ;  parrain,  Charles  de  Kerven,  S^  de 
Kerlech;  marraine,  Marguerite  de  Coataudon,  dame  de 
Coataudon. 

Le  27  Avril  1665,  baptême  de  René,  fils  des  mêmes, 
déjà  ondoyé  depuis  le  24  Août  1663;  parrain,  haut  et 
puissant  M'®  René  de  Kerlech,  chevalier  seigneur  baron 
de  Trézéguidi,  Kerlech,  Le  Plessis,  écuyer  des  grandes  et 
petites  écuries  de  Sa  Majesté  ;  marraine  ;  Françoise  de 
Kerguiziau,  dame  de  Kerdivisien. 

Vil.  Quelques  autres  noms. 

1608.  —  Jeanne  Kerrannou,  dame  de  Kerielcun. 

1608.  —  Marie  Kerrannou,  dame  de  Gorréquéar. 

1609.  —  Anne  Kerrannou,  dame  de  Keriven. 
1602.  —  Robert  Meastrius,  S'f  de  Pouliot. 

1614.  —  Hamon  du  Plessis  et  Catherine  Parisy,  S"  de 
Poulherbet. 

1643.  —  Barbe  Le  Déauger,  dame  de  Kerjunan. 

1646.  —  Noël  Fontenay  et  Catherine  Saoz,  S>^  et  dame 
de  Lesireur. 


—  24  — 

1646.  —  Marie  Kerrannou,  dame  de  Kerbrat. 
1646.  —  Michel  Kernatous,  S^  de  Berbouguis. 
1649.  —  Charles  Fyot,  S'  de  Kerouanen,  procureur  de 
Saint-Mathieu. 

Honnêtes  marchands  et  autres  personnes  qualifiées 

honorables 

(Extrait  des  registres  de  Saint-Mathieu,  Plougonvelin 
et  Lochrist.) 

1596.  —  Honorable  marchand  (honsêtus  mercator.) 
François  Bonavanture. 

1601.  —  Honorable  marchand  Yves  Le  Ru,  du  Gonquet. 


1638. 

Id. 

Robert  Kergrach. 

1638. 

Id. 

Jean  Melegan, 

1638. 

Id. 

Yvon  Flocb. 

1638. 

Id. 

Jean  Le  Run. 

1639. 

Id. 

Laurent  Le  Lez. 

1646. 

Id. 

Tanguy  TrébaoL 

1639. 

Id. 

Philippe  Torledan. 

1640. 

Id. 

Michel  Quéméner. 

1645. 

Id. 

Âmbroise  Rarzic. 

1645. 

Id. 

Noël  Floch. 

1646. 

Id. 

Jacques  Perrotin. 

1648. 

Id. 

Laurent  Mazé. 

1650. 

Id. 

Mathieu  Jézéquel. 

1653. 

Id. 

Gui  Gallou. 

1657. 

Id. 

Gabriel  Saill. 

1659. 

Id. 

Olivier  Cornée. 

1659. 

Id. 

Jean  Héliés. 

1660. 

Id. 

Guillaume  Loussouam. 

1662. 

Id. 

François  Rarzic. 

1665. 

Id. 

Philippe  Le  Hars. 

1665. 

Id. 

Yves  Le  Run. 

1666.  —  Honorable  marchand  Jean  Jourden. 
1663,  Id.  Valentin  Michel. 

1601.  —  Honorable  maître  Bernard  Le  Verge,  notaire. 
1639.  Id.  François  Caouron,  notaire  et 

procureur  de  Saint-Mahé. 
1650.  —  Honorable  maître  Hervé  Lesnénan. 
1662.  Id.  François  Petton. 

1609.  —  Honorable  Yves  Brenheol. 

Christophe  Barzic. 

Alain  Lestobec  (1). 

Jean  Quéméner. 

Hyacinthe  Floc'h. 

Mathieu  Michel. 

René  MeasgoO. 

Noël  Forescher. 

Sébastien  Sivinan. 

Yves  Colleau. 

Yvon  Le  Gall. 

Mathieu  Drévès. 

Tanguy  EUez. 

Vincent  Avanant. 

Mathias  Guerrannic. 

Église  de  Lochrist 

L'ancienne  église  démolie  en  1856  était  dédiée  au  Christ 
avec  des  chapelles  sous  le  vocable  de  la  Trinité,  de  N.-D. 
du  Rosaire  et  de  saint  Tujan.  Sa  construction  datait  en 
grande  partie  du  xv®  siècle. 


(1)  Cest  cet  Alain  Lestobec  qui  mit  son  talent  de  dessinateur  au  ser- 
vice de  Michel  Le  Nobletz  pour  lui  peindre  ses  tableaux  énigmatiques. 
On  en  conserve  encore  quelques-uns  faits  de  sa  main,  entr'autres  la  carte 
dite  du  ptaUerion  portant  cette  signature  :  Allain  Lestobec.  Registrateur 
fait  1636  au  Conquet. 


16il. 

Id. 

1639. 

Id. 

1650. 

Id. 

1650. 

Id. 

1652. 

Id. 

1652. 

Id. 

1654. 

Id. 

1654. 

Id. 

1654. 

Id. 

1654. 

Id. 

1661. 

Id. 

1662. 

Id. 

1664. 

Id. 

1665. 

Id. 

—  26  — 
Église  paroissiale  actuelle 

Lorsque  la  paroisse  de  Lochrist  a  été  transférée  au 
Conquet,  on  a  transporté  la  plus  grande  partie  des  maté- 
riaux de  Tancienne  église  pour  les  faire  entrer  dans  la 
construction  de  la  nouvelle.  On  a  reconstitué  ainsi  la 
grande  fenêtre  absidale  avec  le  vitrail  qui  Tornait.  Cette 
fenêtre  se  compose  de  quatre  baies,  surmontées  de  souf- 
flets ou  compartiments  flamboyants.  Les  baies  sont  divi- 
sées en  deux  zones  ou  étages.  A  la  zone  supérieure,  la 
représentation  du  crucifiement  prend  les  trois  baies  du 
milieu  :  Notre-Seigneur  en  croix,  entre  les  deux  larrons  ; 
la  Sainte -Vierge  et  saint  Jean  des  deux  côtés;  la  Made- 
leine au  pied  de  la  croix,  puis  les  Saintes-Femmes  et  les 
bourreaux  ;  douze  ou  treize  anges  en  adoration  entourent 
le  Sauveur  crucifié.  Un  ange  est  auprès  du  bon  larron,  un 
démon  près  du  mauvais. 

Dans  les  deux  baies  latérales  sont  les  apôtres  saint 
Pierre  et  saint  Paul.  Dans  la  zone  inférieure,  les  Apôtres 
sont  groupés  deux  à  deux,  sauf  dans  la  baie  du  milieu  où 
Ton  voit  Notre-Seigneur  prenant  la  main  de  saint  Thomas 
et  la  mettant  dans  la  plaie  de  son  côté. 

La  facture  de  ce  vitrail  accuse  la  Renaissance  avancée, 
peut-être  l'époque  de  Louis  XUL 

A  la  façade  de  Téglise  se  trouvent  les  statues  de  VEcce- 
Homo,  saint  Mathieu,  sainte  Madeleine,  saint  Yves  et  un 
autre  saint  que  Ton  peut  confondre  d'abord  avec  saint 
Jean  TÉvangéliste  parce  qu'il  a  un  oiseau  à  ses  pieds, 
mais  ce  n'est  pas  l'aigle  symbolique.  Dans  le  cimetière  ou 
enclos  de  l'église,  côté  Sud,  est  saint  François  d'Assise 
montrant  ses  stigmates. 

Le  tombeau  de  Michel  Le  Nobletz  y  occupe  une  place 
correspondante  à  celle  qu'il   occupait  dans   l'ancienne 


-â7  - 

église.  Nous  renvoyons  le  lecteur  à  la  Vîô  de  ce  grand 
serviteur  de  Dieu  pour  connaître  les  particularités  de  sa 
vie  de  missionnaire  dans  la  petite  ville  du  Conquet  et 
aux  environs  ;  disons  seulement  que,  pendant  la  cons- 
truction de  la  nouvelle  église,  son  sarcophage  fut  déposé 
dans  son  ancienne  maison  transformée  en  oratoire,  et 
Ton  vit  dans  ce  fait  la  réalisation  d'une  parole  attribuée 
par  la  tradition  populaire  au  serviteur  de  Dieu,  à  savoir 
qu'il  reviendrait  un  jour  dans  sa  maison  après  sa  mort. 
Disons  aussi  qu'il  était  en  usage  à  Lochrist,  usage  qui 
aurait  été  conservé  quelque  temps  au  Conquet,  de  revêtir 
d'un  surplis  la  statue  du  saint  missionnaire  les  jours  de 
fêtes,  pendant  les  offices,  comme  pour  rappeler  d'une 
manière  plus  saisissante  ses  travaux  apostoliques  et  sa 
protection  toujours  vivante  et  secourable  pour  ses  fidèles 
clients. 

Chapelles 

i®  Saint-Christophe. 

Ancienne  chapelle  du  xv^  siècle,  où  se  desservait  une 
chapellenie  fondée  par  un  S^  du  Marquer,  et  dont  furent 
successivement  présentateurs,  les  S"  du  Marquer,  les 
Kersauzon  Goasmoaluin,  avec  obligation  d'une  messe 
basse  le  dimanche. 

Cette  chapelle,  très  utile  lorsque  l'église  paroissiale 
était  située  à  Lochrist,  fut  abandonnée  lors  de  la  transla- 
tion du  service  paroissial  au  Conquet,  en  1857.  Elle  fut 
démolie  à  cette  époque  pour  faire  place  à  une  maison  qui 
servait,  ces  derniers  temps,  à  abriter  le  canot  de  sauvetage. 

C'est  dans  cette  chapelle  que  fut  exposé,  après  sa  mort, 
le  corps  de  dom  Michel,  et  où  s'opérèrent  les  merveilles 
racontées  par  ses  biographes. 


2o  Notre-Dame  de  PotUconq. 

Dans  Tanse  formant  le  port,  on  voyait,  il  n'y  a  pas  long- 
temps, le  reste  des  murs,  non  loin  de  l'usine  des  produits 
chimiques  ;  le  culte  y  avait  cessé  depuis  la  Révolution. 

do  Saint' Michel. 

Dans  le  cimetière  de  Lochrist  est  une  chapelle  dédiée 
à  saint  Michel  archange  et  à  TAnge  Gardien,  où  l'on  trouve 
les  statues  de  Notre-Dame  de  Bon-Secours,  saint  Michel, 
l'Ange  Gardien  et  saint  Jérôme.  La  Vierge  porte  en  mains 
les  trois  couronnes  dont  il  est  question  dans  la  Vie  de 
Michel  Le  Nobletz. 

Dans  le  cimetière  est  enterré  Le  Gonidec,  dont  les  tra- 
vaux et  les  écrits  ont  tant  contribué  à  remettre  en  hon- 
neur l'étude  de  la  langue  bretonne.  Sa  tombe  est  sur- 
montée .d'une  sorte  d'obélisque  en  pierre  sur  lequel  sont 
gravées  trois  inscriptions  en  trois  langues  différentes. 

1.  —  Inscription  galloise  : 

Ar  Oonidec,  dynda 

Ei  envo  syd  yma 

Yn  arvoyd  o  tcir  vravul 

A'r  cariad  tynera, 

Ar  bawl'Vaen  a  sav  tvyd 

Oan  vro  dyr  bryihoniaid 

Prydain  vechan  gyda 

Frydain  varvor,  Oomeriaid 

An  y  carai  ei  vro 

A!  i  iaith  y  Vrythonec 

Irun  Ownaeth  eirlyvr 

Ac  Hevyd  Raramadec 


—  29  — 

Ae  am  Droi  y  cyntar 
Tr  holl  vibl  santaidd 
I  inith  y  Bryhoniaid 
Owaith  Mator  da,  nevolaidd, 

2.  —  Inscription  française  : 

Erigé  en  Î84ô  et  renversé  par  la  foudre  en  1846,  ce  monu- 
ment a  été  relevé  et  complété  en  1851  par  hs  habitants  du 
Pays  de  Oalles,  en  témoignage  de  leur  admiration  pour 
Le  Qonidec,  restaurateur  de  la  langue  celto-bretonne,  en 
laquelle  il  a  traduit  la  sainte  Bible. 

« 

3.  —  Inscription  bretonne  : 

AR  OONIDEO 

Peulvvan  diskit  d'an  holl  maro  ar  Oonidec, 
Den  gwiziek  ha  den  fur,  Reizer  ar  Brezonec  ; 
Oanet  e  Konk  ar  IV  a  viz  guengolo  MDCCLXXV 
Maro  e  Paris  d'ann  XII  a  viz  hère  MDCCCXXXVIII 
Beziet  e  Konk  an  XII a  viz  hère  MDCCCXLV 

Dans  ce  cimetière  ont  été  aussi  ensevelis  quelques-uns 
des  naufragés  du  Drummond  Castle,  grand  navire  anglais 
qui  périt  corps  et  biens  dans  les  parages  d'Ouessant  en 
Juin  1896. 

'    4^  Sainte-Barbe, 

Ancienne  chapelle,  dont  on  voit  l'emplacement  près  de 
la  croix,  à  l'entrée  du  port  ;  c'est  dans  cette  chapelle 
qu'eut  lieu  le  miracle  du  lys  desséché  reprenant  vie  et 
couleur  dans  les  mains  de  dom  Michel. 

5»  Notre  Dame  de  Bon-Secours. 

C'est  la  maison  qu'habitait  Michel  Le  Nobletz,  dans 
laquelle  il  mourut  le  5  Mai  1652.  En  1856,  M.  le  Recteur 


-  30  - 

du  Conquet  écrivait  que  «  la  tradition  du  pays  rapporte 
que  sa  demeure  fut  convertie  en  oratoire  aussitôt  après 
sa  mort  et  dédiée  à  la  Sainte-Vierge,  en  l'honneur  de  la 
grande  dévotion  de  ce  saint  personnage  envers  la  Mère  de 
Dieu...  J'ai  souvent  entendu  répéter  que  pendant  la  tour- 
mente révolutionnaire,  cette  petite  chapelle,  où  venaient 
prier  les  fidèles  qui  ne  suivaient  pas  l'intrus,  ne  fut  jamais 
fermée  ni  interdite  par  les  autorités  municipales  ou  autres, 
qui  partout  ailleure,  fermaient  les  églises  et  chapelles.  La 
tradition  attribue  cette  faveur  aux  prières  puissantes  de 
Dom  Michel  Le  Nobletz  aupr<ès  de  la  Sainte- Vierge. 

((  Dans  Tannée  1837,  la  famille  Mazé-Launay  qui,  de 
temps  immémorial,  a  orné  avec  soin,  et  généreusement 
entretenu  à  ses  frais  cette  chapelle,  la  fit  agrandir  sans 
démolir  l'ancienne  maison  du  vénérable  Michel  Le  Nobletz, 
et  cette  même  année,  Mgr  de  Poulpiquet  permit  d'y  célé- 
brer la  sainte  messe  le  8  Septembre,  fête  patronale.  » 

Il  est  facile  de  distinguer  la  partie  de  l'édifice  construite 
en  1837  et  accolée  au  pignon  de  la  maison  qui  fut  ouvert 
à  cette  occasion  ;  mais  une  transformation  qui  semble 
dater  de  plus  longtemps  est  la  suppression  du  plancher 
qui  supportait  une  petite  mansarde  dont  on  ne  voit  plus 
qu'une  lucarne  donnant  sur  la  rue  ;  en  visitant  la  mai- 
son voisine,  qui  est  contemporaine  de  celle  de  Michel 
Le  Nobletz,  on  se  rend  parfaitement  compte  de  la  dispo- 
sition ancienne  de  la  maison  où  est  mort  le  Serviteur  de 
Dieu,  et  qui  y  fut  de  tout  temps  honoré,  car  nous  trouvons 
aux  Archives  départementales  (H.  122)  mention  d'un  pro- 
cès criminel  intenté  le  11  Juillet  1740,  contre  François 
Lhostis,  de  Landéda,  qui  a  volé  «  des  deniers  du  tronc 
mis  dans  un  oratoire  ou  chapelle  dédiée  à  Michel  Noblet  ))  ; 
dans  un  autre  endroit  du  procès,  on  dit  :  a  oratoire  du 
bienheureux  Michel  Noblet,  fait  dans  une  maison  au 
bourg  du  Conquet.  » 


-  31  — 


*  * 


Dans  ]a  série  L,  liasse  310,  nous  trouvons  une  série  de 
fiches  adressées,  en  Tan  IV  (1797),  au  District,  sur  les 
agissements  des  prêtres  réfractaires,  et  administrateurs 
trop  complaisants  de  la  petite  ville  du  Conquet  : 

«  Émigrés  rentrés  :  i^  René  Kermergant,  ancien  recteur 
de  Lochrist,  âgé  de  60  ans  ;  retiré  à  Kervigny,  il  y  dit  la 
messe,  et,  les  jours  de  grande  cérémonie,  il  la  dit  chez  la 
citoyenne  Keralet,  au  Conquet  ;  il  est  toujours  vêtu  en 
paysan.  On  ajoute  que  ce  réfractaire  émigré  est  considéré 
par  ceux  de  sa  sorte  comme  grand  vicaire  de  Lamarche, 
ci-devant  évêque  de  Léon. 

«  2o  Quéré  ;  dit  la  messe  à  Saint-Jean  et  à  Trébabu. 

((  30  Marc,  35  ans  ;  court  les  campagnes,  vêtu  en  paysan. 

«  40  Jacques  Le  Gall  ;  dit  ses  messes  à  Lochrist  et  Tré- 
babu ;  vient  souvent  au  Conquet,  habillé  en  paysan,  par- 
ticulièrement chez  ragent  de  la  commune  ;  celui-ci  a  été 
en  arrestation. 

((  Il  en  est  d'autres  encore  que  je  n*ai  pu  découvrir. 

a  C'est  un  certain  abbé  La  Forest,  parent  du  dit  agent, 
qui  lui  a  tourné  la  tête  ;  il  y  a  trois  mois  environ  que  ce 
prêtre  s'est  rétracté  de  son  serment  et,  depuis  ce  moment, 
il  fait  un  mal  incroyable,  d'autant  qu'on  le  dit  avoir  beau- 
coup d'esprit  ;  il  réside  aux  environs  d'Ârgenton.  » 

Recteurs  du  Conquet-Lochrist  depuis  le  Concordat 

1804.  M.  Le  Corre  ;  nommé  à  Logonna-Daoulas. 

1804-1813.  Le  Gall. 

1814-1820.  François  Cariou,  de  Plougonvelin. 

1820-1862.  Martin  Gloaguen,  d'Audierne. 


-  32  — 

1862-1871.  Charles  Gras,  de  Roscoiï. 
1871-1874.  Gorentin  Toulemont,  de  Pont-l'Abbé, 
1874-1882.  Yves  Goasguen,  de  Garantec. 
1882-1901.  Jean -Yves  Lamour,  de  Plabennec. 
1901.  Henri  Le  Bihan. 


Vicaires 

1804.  François  Gariou. 

1814.  Yves  Morvan. 

1823.  Théophile  Le  Gléau. 

1824.  François  Layiec. 

1825.  Yves  Le  Roux. 

1828.  Pierre-Yves  Troussel. 

1838.  Hervé  Kerrien. 

1841.  Jean-Marie  Appéré. 

1846.  François-Marie  Quéré. 

1847.  Jean-André  Kersaudy. 
1860.  Gustave  Le  Tournois. 
1858.  Jean-Marie  Ronvel. 

1864.  Guillaume  Galvez. 

1865.  Paul-Marie  Guiziou. 

1868.  Théodore  Garoff. 

1869.  Joseph-Amédée  Rouallec. 
1871.  François-Noël  Brignou. 
1880.  Emile  Jean. 

1888.  Jean  Lannuzel. 

1891.  Hervé  Grefï. 

1896.  Jean-François  Renaot. 

1899.  François  Kerouanton. 

1905.  Yves-Marie  Le  Guen. 


-  33  — 

Familles  nobles  de  la  paroisse  de  Plougonveun, 

d'après  m.  de  Courgy 

Le  Bescont  :  d'tuur  à  un  péliean  d^or  en  sa  pieté  d€ 
même, 

Calvez,  S' du  Prédic  :  d'or  à  la  bande  de  gueules,  chargée 
de  3  étoiles  d'argent. 

Coat,  S^  de  S'-Haouen  :  d'argent  au  chevron  d'azur 
accompagné  de  3  trèfles  de  gueules;  alias  :  d'azur  au  che- 
vron d'or  accompagné  de  3  trèfles  d'argent. 

Coetnempren,  S'  du  Prédic  :  losange  d'argent  et  de  sable 
à  la  fasce  en  divise  de  gueules,  chargée  d'un  oiseau  de 
sinople. 

Corn  (du)  Sieur  du  Bouriot  :  d'or  au  pélican  en  sa  pieté 
d'azur. 

Déauguer  (Le),  S'  de  Kergadiou  (Plouzané)  :  de  gueules 
à  la  croix  pleine  d'argent;  devise  :  Dleet  eo  ar  guir  dan 
déauguer  (le  droit  est  dû  au  dimeur). 

Drenec,  S'  de  Kerinou  :  d'azur  à  un  barbeau  d'argent 
en  poli  devise  :  Ne  zeuz  pesq  heb  he  zrean;  moderne  : 
f{izeé  d'argent  et  d'azur  au  chef  d'argent. 

Fontenay,  S'  de  Kerambosquer  et  de  Lézireuc  :  d'argent 
à  la  fasee  d'azur  accompagné  de  deux  dauphins  de  même. 

Kerannou,  S'  de  Keranstreat  :  losange  d'argent  et  de 
se^le  qui  est  Rannou,  à  la  bande  de  gueules  chargée  de 
8  trèfles  d'argent. 

Kersulguen,  S'  du  Billon  :  d'or  au  lion  de  gueules,  qui 
est  Pont-r Abbé,  au  franc  canton  éeartelé  d'or  et  de  gueules. 

9 

Kerveatoux,  S'  du  Prédic  :  d'or  à  deux  fasces  ondées 
â^azur  accompagnées  en  chef  d'une  étoile  de  même. 

Kerven,  S'  de  Kergadiou  (Plouvien)  :  d'azur  au  chevron 
eurmonté  d'une  croix  poteneée  et  alésée  en  chef  et  accom- 
pagnée de  8  coquilles,  2,  î,  le  tout  d'argent;  alias  :  d^azur 

BOLLITIN  DB  LA  COMMISSION  DIOCESAINS.  —  7"  SDIlée.  8 


-  34  - 

à  la  croix  au  pied  fiché  accompagné  de  8  coquilles,  le  tout 
d'argent, 

Mesanven,  S'  de  Bouriot  :  d'cumr  au  gland  versé  d'or 
accompagné  de  trois  feuilles  de  diêne  d'argent;  devise  : 
Emethu  (dites-vous). 

Mescam  (du),  S'  de  Mesrivoal  (Lannilis),  de  gueules  à  la 
rose  d'argent  boutonnée  d'or;  moderne  :  d'aeur  à  3  têtes 
d'aigle  arrachées  d'argent^  qui  est  Mescaradec. 

Michel,  S'  de  Kerveny  :  écartelé  aux  1  et  4  de  sable  à 
neuf  macles  d'argent,  aux  2  et  3  d'or  à  la  coquille  de 
gueules. 

TronsoD,  S'  de  Kermerien  :  d'argent  au  chevron  de 
gueules^  accompagné  de  3  roses  de  même  tigées  et  pointées 
d'azur. 

Le  Vayer,  S' de  Poulfos  :  de  gueules  au  lion  d'or  ;  devise  : 
Cognoscat  ex  ungue  leonem. 


CORAY 


Cette  localité  est  citée  au  Cartulaire  de  Landévennec, 
dans  la  charte  par  laquelle  Gradlon  donne  de  son  propre 
bien  au  saint  homme  de  Dieu  Ratian,  entre  autres  libéra- 
lités, Tili  menver,  sent  Iglur,  Pencoett,  dans  la  vicarie  de 
Choroe  c  in  vicaria  que  vocatur  Choroe  ».  La  charte  ajoute 
que  Ratian,  voyant  son  peuple  sur  le  point  de  périr  parla 
peste,  s'adressa  à  Dieu  et  à  saint  Guénolé  ;  et  sa  prière 
étant  exaucée,  il  mit  tous  ses  biens  sous  le  haut  patronage 
du  saint  abbé  de  Landévennec, 


—  35  — 

Un  acte  du  Cartulaire  de  Quimperlé,  de  la  fin  dexi®  siècle 
(1066-1084), nous  apprend  qu'àCoray  se  trouvait  la  demeure 
de  Guihomarch,  fils  de  Numénoe,  qui,  malade,  se  fit  trans- 
porter au  monastère  de  Sainte-Croix,  qu'il  enrichit  de  ses 
libéralités  (Cartul.,  page  182)  :  «  Ego  Ouihumarch  fttius 
Numenoe,  diu  langitenB  gravi  inflrmitcUe,  in  domo  méa 
Coroe,  deferri  mejusH  in  Cfiristi  nomine,  ad  sancte  Crucia 
monasterium  Kemperéle  )). 

Coray  était  une  cbâtellenie  dépendante  des  Evéques  de 
Quimper,  auxquels  la  plus  grande  partie  des  terres  ren- 
dait aveu.  En  1682,  dans  son  aveu  au  Roi,  l'Evêque  décla- 
rait posséder,  «  à  cause  de  son  Evéché,  la  cbâtellenie  de 
Coray,  c'est-à-dire  toute  la  paroisse,  sauf  quelques  villages 
avec  droits  honorifiques  et  prééminences,  comme  seigneur 
fondateur,  en  Féglise  paroissiale  et  les  chapelles  de  Lochrist 
et  Saint-Guénolay,  où  se  voient  ses  armoieries  en  divers 
endroits  éminents  ;  douze  foires  par  an  et  marché  chaque 
mardi  ».  Cette  cbâtellenie  donnait  à  TEvéque  droit  de 
dlme,  de  moulin  de  four,  de  coutumes  (impôt  sur  le 
droit  d'étalage  aux  foires  et  marchés)  et  droits  casuéls, 
c'est-à-dire  taxe  sur  les  actes  passés  entre  les  parois- 
siens de  Coray,  partages,  ventes,  successions.  Ces  der- 
niers droits  furent  affermés,  par  bail  du  8  Mars  1757, 
((  à  noble  homme  Grégoire  Le  Guillou,  sieur  de  Kerin- 
cuff,  et  demoiselle  Marie  Raoulin,  son  épouse,  et  à 
messire  François  Jaouen,  prêtre  vicaire  de  Coray,  » 
pour  la  somme  de  2.400  livres  payables  en  deux  termes, 
l'un  à  la  Chandeleur,  l'autre  au  1®'  Août. 

En  1575,  c'est  le  sieur  Le  Baud,  miseur  des  revenus  de 
l'Evéché,  qui  va  cueillir  la  dîme  au  bourg  de  Coray,  et  il 
note  sur  son  compte  (G.,  r.  61)  :  «  Frais  pour  cueillir  la 
dîme  à  Coray,  pour  le  vin  qui  fut  bu  sur  la  croix,  et  le 
dizné  des  dysmeurs,  les  notaires,  moi  et  mon  cheval, 
6  livres  ».  En  1678,  la  dîme  était  aOermée  à  maître  Guil- 


—  36  — 

laume  Aufiret,  sieur  de  Kerlean,  du  manoir  de  Kervanal, 
pour  la  somme  de  1.800  livres. 

La  chàtellenie  de  Coray  fournissait  le  plus  clair  des 
revenus  de  rEvèché.  Les  archives  départementales  con- 
servent un  très  grand  nombre  d'aveux  de  cette  paroisse, 
faits  à  l'Evoque  depuis  le  \\i^  siècle  ;  ils  seraient  intéres- 
sants à  consulter  si  Ton  entreprenait  une  monographie 
un  peu  complète  de  cette  paroisse  ;  nous  citerons  seule- 
ment les  suivants  : 

En  1540.  —  Aveu  d'Alain  de  Lezandevez,  pour  le  manoir 
du  Stang. 

1540.  —  Aveu  de  dom  Jean  Olifl,  prêtre,  pour  le  Rosmeur. 

1540.  —  Aveu  de  dom  Louis  David,  prêtre,  pour  Penhoat 
Membris  et  pour  Queffranyc,  sur  le  chemin  de  Kerhua  à 
la  chapelle  de  Lochrist. 

1540.  —  Aveu  d'Alain  Treberen,  prêtre,  pour  Kergoat. 

1549.  —  Aveu  à  l'Evêque  pour  Parc  Myrijens,  sur  la 
place  de  foire,  par  Olive  Goalan,  sieur  de  Mœsalles,  de- 
meurant au  village  de  Trefluel. 

1604.  —  Procédure  entre  l'Evêque  de  Quimper  et  Jean 
du  Quelennec,  héritier  d'Olivier  de  la  Rivière,  sieur  du 
Trefvel;  il  prétend  ne  pas  devoir  à  l'Evêque  de  chefrentes, 
mais  être  simplement  sujet  à  suivre  son  four.  L'Evêque 
eut  gain  de  cause  par  sentence  du  Parlement  du  29  No- 
vembre 1604. 

1618.  —  Procédure  entre  l'Evêque  et  Jean  de  la  Haye 
pour  savoir  si  la  dîme  sur  Rosencoet  est  à  la  33®  ou  à  la 
11»  gerbe. 

1644.  —  Aveu  pour  le  manoir  de  Kermenguy,  apparte- 
nant à  demoiselle  Le  Gac,  dame  de  Keranguen,  veuve  de 
Mathieu  Frollo,  sieur  du  dit  lieu,  juge  criminel  à  Quimper. 

1640.  —  Aveu  d'Alain  Le  Guillou,  pour  Kereoret,  en 
Trefvel. 

1678.  —  Aveu  fourni  par  demoiselle  Louise  Auflret,  veuve 


-  37  - 

de  D.  h.  Pierre  Baudouin,  sieur  de  Kergouezec,  du  village 
de  Trefvel,  luy  échu  de  la  succession  de  maître  Louis 
Aufiret,  son  père. 

1699.  —  Aveu  de  Jacques  Le  Guillou,  sieur  de  Querom- 
nes,  prêtre,  demeurant  au  manoir  de  Queromnès.  Ce  ma- 
noir fut  le  berceau  des  familles  Le  Guillou  de  Kerincuff, 
de  Penanros  et  de  Keransquer. 

1701,  28  Juillet.  —  Acquêt  du  village  de  Portlazou  fait 
par  hon.  h.  Louis  Auffret  et  Marie  Merien,  sa  femme,  et 
par  mattre  Grégoire  Le  Guillou  et  demoiselle  Jeanne-Louise 
AuSret,  sa  femme.  S'  et  d«  de  Querincuf!.  Le  vendeur  était 
Nicolas  Au&ret,  vicaire  perpétuel  de  Coray. 

1710.  —  Aveu  à  TEvôque  de  maître  Grégoire  Le  Guillou, 
S' de  Kerincuff,  mari  de  demoiselle  Jeanne-Louise  Auffret, 
fille  de  feu  Guillaume  Auffret  et  de  d}^^  Marguerite  Bau- 
douin, pour  la  terre  de  Kervanal,  dite  autrefois  de  Ker- 
baznalec. 


* 


Coray,  situé  sur  une  montagne,  a  l'avantage  de  jouir 
d'un  très  beau  point  de  vue  et  d'un  air  des  plus  purs  ; 
aussi,  en  1484,  lors  de  la  mort  de  Guy  du  Bouchet,  évéque 
de  Quimper,  qui  mourut  à  Nantes,  le  10  Janvier,  des  ger- 
mes de  la  maladie  contagieuse  qui  désolait  alors  Quimper, 
voyons-nous  le  Chapitre  de  Cornouaille,  pour  procéder 
avec  plus  de  sécurité  à  l'élection  d'un  successeur,  se  réunir 
dans  l'église  de  Coray  ;  et,  près  de  cent  ans  plus  tard,  au 
mois  de  Septembre  1564,  une  tempête  de  neige,  qui  dure 
du  11  au  23  de  ce  mois,  accompagnée  d'une  peste  qui  dé- 
sola la  ville  de  Quimper,  fit  assigner  Coray  comme  lieu  de 
réunion  du  Synode  de  la  Saint-Luc,  18  Octobre. 


-^  38  — 

Eglise  paroissiale 

Cette  église,  nouvellemeiit  reconstruite,  est  sous  le  vo- 
cable de  saint  Pierre  et  saint  Paul.  Autrefois,  Trégourez, 
qui  cependant  n'était  pas  trêve  de  Coray,  était  tenu  de  s'y 
rendre  en  procession  le  jour  de  la  Saint-Pierre,  lôte  pa- 
tronale, ou  du  moins  d'y  venir  à  l'offrande.  En  1678  (B.4), 
une  sentence  intervint,  qui  condamnait  Corentin  Mahé, 
Marc  Le  Moal  et  autres  paroissiens  de  Trégourez  à  payer 
vingt  sous  ou  une  livre  de  cire  à  la  fabrique  de  la  paroisse 
de  Coray,  «  faute  par  eux  d'avoir  été  à  la  procession  le 
jour  de  la  Saint-Pierre,  ou  baillé  leur  offrande  au  Recteur 
ou  aux  fabriques  pour  l'y  porter,  conformément  à  l'acte 
prônai  de  1666  ». 

Chapelles 

1^  Notre-Dame  de  Oamilis. 

Edifice  du  style  roman,  où  Notre-Dame  est  représentée 
portant  sur  les  genoux  son  divin  Fils  mort.  On  voit  dans 
l'église  un  collier  de  fer  et  des  chaînes,  ex-voto  d'un  sei- 
gneur fait  prisonnier  par  les  Turcs  en  1749.  Pendant  la 
Révolution,  les  Qdëles  y  venaient  en  grand  nombre  réciter 
le  rosaire  à  l'heure  de  la  messe  du  dimanche,  malgré 
l'absence  de  prêtres.  Sur  la  façade,  on  lit  cette  inscription  : 
Ihi  EnoT  d'an  Uroun  Varia.  Missire  Yves  Stum,  Recteur  de 
Coray,  Ghrégoire  le  Quiniou  fabrique  1749.  On  y  célèbre  le 
pardon  le  lundi  de  la  Pentecôte  et  le  8  Septembre. 

Sur  le  placttre,  est  une  croix  en  pierre  avec  cette  ins- 
cription :  Du  temps  de  M.  Yves  Provost  recteur ,  Pierre 
Floch  fabrique,  1761. 


-  â9  - 

2o  LochrUt, 

Cette  ancienne  chapelle  existait  avant  1540.  Notre- 
Seigneur  Christ,  qui  en  est  le  patron,  est  représenté  sor- 
tant du  tombeau  et  foulant  aux  pieds  ses  gardes  endormis. 
Le  pardon  a  lieu  le  premier  dimanche  de  Mai,  et  on  y  dit 
une  messe  basse  le  troisième  dimanche  d'Octobre  ;  les 
offrandes  s*y  font  alors  en  blé  noir.  Autrefois,  la  proces- 
sion du  Saint-Sacrement  s'y  rendait  du  bourg. 

On  y  voit  les  statues  de  Notre-Dame,  sainte  Barbe,  saint 
Sébastien,  et  au-dessus  d'un  second  autel,  dédié  à  saint 
Laurent,  la  statue  de  saint  Laurent  et  un  tableau  le  repré- 
sentant. Sur  la  croix  du  placltre,  on  lit  la  date  de  1700. 

30  Saint'Venéc  ou  Vinoc. 

Ancienne  chapelle  du  manoir  de  Saint-Dridan,  trans- 
férée au  Kergoat  en  1819.  On  y  voit  encore  les  armes  des 
Le  Rousseau  de  Rosencoat,  S'  de  Saint-Dridan  :  d'azur  à 
trois  soleils  d^or,  un  croissant  de  même  en  ahyme.  Le  par-^ 
don  a  lieu  le  dernier  dimanche  de  Mai  et  le  dernier  di- 
manche de  Juillet.  Saint  Yenec  est  représenté  en  moine, 
sans  crosse  ni  mitre.  Il  est  invoqué  pour  guérir  des  fièvres. 
On  voit  aussi  dans  la  chapelle  une  statue  de  sainte  Anne. 

40  La  Trinité. 

Cette  chapelle,  qui  existait  encore  en  1806,  était  située 
sur  les  terres  du  presbytère  qui  fut  vendu  avec  ses  dépen- 
dances pendant  la  Révolution. 


5o  Saint  Ouénolé* 

Le  rôle  des  décimes  mentionne  cette  chapelle,  en 
1789,  distincte  de  la  chapelle  de  Saint-Guenel  ;  mais  cette 
dernière  doit  se  confondre  avec  celle  de  Saint- Venec. 

RÔLE  DES  DÉCIMES  EN   1789 

M.  Kergourlai,  recteur 22^    10^ 

La  labrice 8i    10» 

Le  Rosaire. 2^ 

S*  Guenel 2» 

Lochrist 2^ 

S*  Guénolé 2i 

de  Gamilis 14^ 

Total 531 

Recteurs  de  Coray  avant  le  Concordat 

1580.         Guillaume  Glelfer  (G.,  95). 

1668-1706.  Nicolas  Auiïret,  vicaire  perpétuel. 

Il  dut  faire  connaissance  avec  le  Père  Maunoir  lors- 
que celui-ci  vint  à  Coray  pour  la  mission  de  1655; 
toujours  est-il  qu'il  travailla  avec  le  Père  à  la  grande 
mission  de  Landivisiau  en  1668,  pendant  laquelle 
M.  Auiïret  tomba  malade  ;  il  demanda  au  Père  Tauto- 
risation  de  se  retirer  ;  «  Oui,  dit  le  Père  Maunoir, 
retirez-vous,  mais  venez  nous  aider  à  la  mission  de 
Poullaouen,  qui  va  s'ouvrir  immédiatement  après 
celle-ci  ;  vous  n'aurez  plus  que  cinq  accès  de  fièvre  et 
le  dernier  sera  fort  léger  ».  C'est  ce  qui  arriva,  et 
M.  Aufifret  se  trouva  fort  bien  rétabli  pour  la  mission 
de  Poullaouen. 


-  41  - 

1706-1723.  Jacques  Le  Guillou,  sieur  de  Keromnès. 

1728-1756.  Yves  Stum  ;  mort  le  6  Juin,  âgé  de  70  ans. 

1756-1758.  F.  Jaouen  ;  décédé  le  8  Août,  à  1  âge  de  43  ans. 

1759-1772.  Yves  Le  Provost;  décédé  en  Avril. 

1772-1775.  H.  Le  Meyniel. 

1775-1783.  Le  Pape. 

1784-1787.  Etienne  Porlodec. 

1788.  Jérôme  Kergourlay. 


Extrait  des  délibérations 

DU  Conseil  général  de  la  commune  de  Coray 

pendant  la  Révolution  (1) 

«  20  Juin  1790.  —  La  Municipalité  prend  note  du  trésor 
de  réglise,  1.449  livres  argent  monnayé  ;  64  livres  12  sols 
6  deniers,  argent  du  presbytère. 

((  L*an  1791,  le  25  Décembre.  —  Le  maire,  M.  Jean 
Micbelet,  a  dit  : 

((  Messieurs,  Jean  Le  Guillou  et  moi,  commissaires  nom- 
ce  mes  par  vous  à  Tellet  de  nous  transporter  au  Directoire 
«  du  District  de  Carbaix  pour  demander  la  liberté  du  sieur 
«  Legrand,  notre  vicaire,  en  offrant  le  cautionnement  du 
«  conseil  général  de  la  commune,  avons  rempli  notre 
«  mission,  le  vingt  des  présents  mois  et  an.  La  réception 
«  qui  nous  a  été  faite  au  Directoire  ne  peut  être  que  très 
«  flatteuse  pour  le  Conseil  que  nous  représentions,  mais 
«  notre  demande  n'a  pas  réussi  ;  la  seule  grâce  qu'on  ait 
«  voulu  nous  accorder  est  de  laisser  le  sieur  Legrand  dou- 
ce ner  ses  soins  à  la  paroisse  de  Coray  jusqu'au  lendemain 
«des  fêtes  de  Noël,  parce  qu'à  cette  époque  il  se  rendra 
((  lui-même  et  à  ses  frais  au  château  de  Brest.  »  Un  ofTicier 

(1)  Noas  devons  ces  extraits  à  l'obli^jeance  de  M.  Allier. 


—  42  — 

municipal,  après  avoir  entendu  le  rapport  de  M.  le  Maire 
a  engagé  le  Conseil  à  prendre  une  délibération  écrite,  à  y 
constater  son  offre  de  cautionner  le  sieur  Legrand,  et  à 
présenter  une  expédition  de  Tarrélé  au  Directoire  du  dé- 
partement par  quelques  commissaires,  en  invitant  mes- 
sieurs les  membresderadministrationsupérieureàaccueil- 
lir  favorablement  la  demande  de  la  commune  de  Coray; 

«  Sur  quoi  délibérant,  tous  les  membres  présents  du 
Conseil  ont  arrêté  à  l'unanimité  :  \^  De  cautionner  tous 
individuellement  et  collectivement,  au  nom  de  la  com- 
mune, la  personne  du  sieur  Legrand,  vicaire  de  Coray,  et 
s'engager  à  le  faire  représenter  toutes  et  tant  de  fois  que 
la  réquisition  en  sera  faite  au  Conseil. 

((  2»  De  nommer  deux  commissaires  pour  présenter  la  dite 
soumission,  le  cautionnement  au  Directoire  du  départe- 
ment, en  l'invitant,  au  nom  de  la  commune,  à  y  avoir 
égard,  et  à  laisser  en  conséquence  le  sieur  Legrand  à  con- 
tinuer ses  fonctions  de  vicaire  à  Coray. 

((  30  De  charger  les  dits  commissaires  d'atlirmer  au 
Départementque  le  sieur  Legrand,  bien  loin  d'avoir  troublé 
le  bon  ordre  dans  la  paroisse,  d*y  avoir  prêché  ou  parlé 
contre  la  Constitution,  ou  d'avoir  cherché  à  détourner 
quelques  personnes  du  payement  des  impôts,  a,  dans  tous 
les  temps,  donné  et  donne  journellement  encore  des  con- 
seils contraires. 

«  S'il  est  quelque  reproche  à  lui  faire,  ce  ne  peut  être 
que  d'avoir  refusé  le  serment  ;  mais  comme  ce  n'est  pas 
là  un  délit,  il  ne  saurait  servir  de  motif  pour  le  priver 
de  sa  liberté.  Il  doit  exister  au  Directoire  de  Carhaix  une 
soumission  faite  par  lui  dans  le  mois  d'Avril  1790  pour 
lacquisition  d'une  portion  de  domaines  nationaux  à  Coray. 
Cette  soumission  a  été  connue  de  toute  la  paroisse  et  y  a 
été  d'un  bon  exemple  :  après  un  acte  libre  et  volontaire 
de  ce  genre,  il  est  difRcile  d'attribuer  au  refus  du  sieur 


—  43  — 

Legrand  de  prêter  le  serment  ecclésiastique,  des  motifs 
de  haine  ou  même  d'éloignement  pour  la  Constitution. 

«  Après  quoi,  le  Conseil  général  a  procédé,  par  la  voie 
du  scrutin,  à  l'élection  des  deux  commissaires,  et  a  nommé 
Louis  Michelet,  ancien  maire,  et  Toussaint  Le  Du,  ancien 
officier  municipal,  auxquels  il  est  ordonné  de  livrer  dans 
la  journée  une  expédition  du  présent  arrêté,  sur  timbre, 
pour  être  présenté  demain  prochain  au  Directoire  du 
département,  à  Quimper,  avec  les  vœux  ardents  et  sincères 
de  la  commune  pour  le  succès  près  cette  administration 
supérieure.  » 

—  «  1791,  le  7  Août.  —  Séance  du  Conseil  général  de 
la  commune. 

((  M.  Kergourlay,  recteur  de  la  dite  paroisse,  a  aussi 
payé  en  notre  présence  la  somme  de  cinquante-six  livres 
cinq  sols  pour  vingt-deux  mois  de  ferme  et  les  dits  temps 
finis  depuis  le  1«'  Janvier  1790.  » 

—  «  Ce  jour,  22  Avril  1792,  se  sont  assemblés  les  offi- 
ciers municipaux,  avec  le  Maire  de  la  paroisse,  pour  rece- 
voir le  serment  du  sieur  Ambroise  Rivoal,  nommé  curé 
constitutionnel  de  la  paroisse  de  Coray,  dont  il  a  pris 
possession  le  même  jour,  après  que  nous  avons  fait  les 
informations  nécessaires  pour  savoir  s'il  était  pourvu  de 
Monsieur  Expilly,  évêque  du  Finistère;  nous  l'avons  sou- 
tenu dans  ses  fonctions  en  réservant  la  loi  du  18  Octobre 
1791  relative  aux  cures  vacantes,  et  en  conséquence, 
nous,  officiers  municipaux,  déclarons  la  possession  ne 
pouvoir  être  que  provisoire  et  avons  signé  :  Ambroise 
Rivoal,  curé  constitutionneldeCoray,J.  Michelet,  maire.  )) 

—  <(  Du  même  jour,  nous  officiers  municipaux  et  général 
de  la  commune,  déclarons  donner  pouvoir  à  M.  Legrand, 
vicaire  de  la  dite  paroisse,  de  continuer  ses  fonctions 
comme  cy-devant  jusqu'à  remplacement,  approuvant  en 
conséquence  ce  qu'il  fera  ce  touchant.  Fait  et  arrêté  en  la 


1 


sacristie,  les  dits  jours  et  an.  Signé  :  J.  Michelet,  maire.  » 

—  «  L'an  1702,  le  26  Avril, avant  midi,  se  sont  assemblés 
dans  la  sacristie  de  notre  église  paroissiale,  les  officiers 
municipaux,  lieu  commun  de  leur  assemblée,  où  étant 
arrivés  ils  ont  dit  :  nous  Maire  et  officiers  municipaux  et 
conseillers  de  la  paroisse  de  Coray,  cheMieu  du  canton  du 
même  noqi,  district  de  Carhaix,  département  du  Finistère, 
qu'instruits  dp  la  pétition  adressée  par  des  citoyens  de 
Quimper,  aipis  de  Tordre  et  de  la  loi,  au  département  du 
Finistère,  pour  obtenir  l'élargissement  des  ecclésiastiques 
détenus  au  château  de  Brest  et  la  liberté  du  culte,  ils 
déclarent  unanimement  adhérer  à  la  dite  pétition,  sollici- 
tant le  département  à  deSerer  (sic)  ne  demandant  pour 
cette  adhération  (aie)  que  Texécution  de  la  loi,  que  ce 
qu'exigent  la  justice  et  l'humanité.  Arrêté  en  la  sacristie 
de  l'église  paroissiale  de  Goray,  sous  nos  seings,  officiers 
municipaux  et  notables  qui  suivent.  Signés  lesdits  jour 
et  an  :  Louis  Morvan,  officier  ;  Joseph  Laz,  officier  ;  Le 
Louet,  officier;  Jacques  Leguillou,  officier;  J.  Michelet, 
maire  ;  N.  Legars,  procureur  de  la  commune.  » 

—  «  Du  même  jour,  nous,  officiers  municipaux  et  géné- 
ral de  la  commune,  autorisons  et  prions  Monsieur  Le 
Guével,  prêtre  desservant  de  ladite  commune,  de  conti- 
nuer ses  fonctions  comme  cy-devant,  approuvant  en  con- 
séquence ce  qu'il  fera  ce  touchant.  Fait  et  arrêté  en  la 
sacristie  lesdits  jour  et  an.  Signatures.  » 

—  «  L'an  1792,  l'an  quatrième  de  la  liberté,  8  Juin,  nous, 
Maire  et  officiers  municipaux,  présent  M.  le  procureur 
de  la  commune,  qui  a  dit  : 

«  Messieurs,  je  viens  de  recevoir  une  lettre,  en  date  de 
«  ce  jour,  signée  Rivoal,  curé  de  Coray,  portant  convoca- 
«  tion  de  la  Municipalité  de  s'assembler  sous  le  costume 
«  ordinaire  pour  agréet  ou  refuser  sa  démission  de  la 
((  dite  cure,  et  comme  la  chose  est  urgente,  il  a  requis 


—  48  — 

«  qu*on  délibère  sur  le  champ.  Sur  quoi  la  Municipalité, 
(c  convoquée  par  M.  le  président,  a  mis  la  question  aux 
«  Yoix  :  en  Tendroit  s^est  présenté  le  sieur  Ambroise 
((  Rivoal,  curé  constitutionnel  de  Coray,  qui  a  dit  : 

«  Mes  chers  frères, 

((  Appelé  par  le  consentement  libre  de  l'élite  de  mes 
((  concitoyens  à  remplir  les  fonctions  curiales  dans  cette 
«  paroisse,  î*ai  cru  que  Dieu  même  m'appelait  suivant  le 
((  texte  de  TEcriture  Sainte  :  Vaxpoptdi,  vox  Dei  ;  je  n'a- 
«  vais  point  songé  dans  ce  moment  que  le  prophète-roi 
«  avait  dit  dans  son  psaume  114,  v.  2  :  Omnis  homo  men- 
«  dax.  Aujourd'hui,  chers  Frères,  je  serais  tenté  d'enché- 
((  rir  sur  ce  texte  et  de  dire  non  pas  que  tout  particulier 
((  est  sujet  à  l'erreur,  mais  que  les  représentants  mêmes 
((  de  dix  mille  âmes  le  sont.  L'expérience  et  votre  manière 
«  d'agir  me  le  font  très  fort  présumer.  Un  pasteur  est 
((  chargé  du  soin  de  toutes  ses  ouailles.  La  parabole  de 
«  Notre  Seigneur,  représentant  le  Berger  courant  après 
((  sa  Brebis  égarée,  nous  le  dit  hautement.  Ce  Berger, 
«  plus  heureux  que  je  n'espère  de  l'être,  retrouva  sa  Bre- 
«  bis  toute  saisie  de  joie.  Si  je  pouvais  me  flatter  de  pou- 
((  voir  ramener  avec  le  même  succès  les  esprits  égarés  de 
«  cette  paroisse,  j'emploierais  tous  mes  soins,  mes  talents 
«  et  mes  facultés  pour  y  parvenir,  et  si  quelques  taches 
((  restaient  dans  vos  âmes,  prosterné  entre  le  vestibule  et 
((  l'autel,  je  dirais  au  Seigneur  :  parce.  Domine,  parce 
«  populo  tua.  Mais  le  mal  est  parvenu  au  point,  la  conta- 
«  gion  inconstitutionnelle  est  si  généralement  répandue 
«  parmi  vous,  que  je  désespère  de  la  faiblesse  de  mes 
((  talents  pour  pouvoir  vous  guérir  de  cette  épidémie.  Un 
«  autre  plus  heureux  que  moi,  plus  orné  de  talents  et  de 
((  vertus,  parviendra  —  et  plût  à  Dieu  qu'il  eût  déjà  occupé 
«  ma  place  I  — ,  mais  encore  quelques  jours  et  le  soleil  de 


-  46  - 

((  vérité  luira  à  vos  yeux.  Si  vous  daignez  accepter  ma 
((  démission  de  cette  cure  que  je  vous  déclare  dès  aujour- 
«  d'hui  vacante,  vous  allez  me  voir  un  successeur  aussi 
((  zélé  que  moi  pour  le  salut  de  vos  âmes,  mais  ayant,  je 
«  rose  croire,  plus  d'ascendant  sur  vos  esprits  ;  il  vous 
«  conduira  avec  plus  de  succès  dans  la  voie  du  salut  : 
((  c'est  ce  que  mon  cœur  vous  désire,  c'est  ce  que  je 
«  demanderai  au  Seigneur  pour  vous  pendant  tous  les 
((  jours  de  ma  vie  I  Je  vous  quitte,  mais  je  vous  laisse 
«  mon  cœur  pour  garant  de  mon  attachement  pour  vous.  )> 

«  Nous,  officiers  municipaux,  sensibles  aux  instructions 
((  charitables  que  vous  nous  avez  toujours  montrées,  nous 
«  voyons  avec  regrets  que  vous  soyez  obligé  de  quitter  le 
«  soin  d'âmes  teintes  du  sang  de  Jésus-Christ,  mais  les 
((  lois  constitutionnelles,  nous  y  obligent. 

—  «  Ahl  mes  amis,  voici  mon  adieu  :  Dieu,  la  Vierge,  le 
«  paradis  et  votre  salut  ;  voilà  les  derniers  souhaits  que  je 
«  vous  fais.  Si  mon  cœur  pouvait  vous  en  dire  davantage, 
((  mais  ils  sont  écrits  en  caractères  du  psaume  du  pro- 
«  phète  David  :  in  œre  et  adamentino  inauro  et  silice.  Votre 
«  serviteur,  Rivoal,  curé  constitutionnel  de  Coray;  Nico- 
((  las  Legars,  procureur  de  la  commune  ;  J.  Michelet, 
((  maire.  » 

Après  ce  congé  courtois  donné  à  leur  curé  constitu- 
tionnel, les  municipaux  de  Coray  s'empressèrent  d'assurer 
au  milieu  d'eux  le  ministère  de  M.  Le  Grand,  en  écrivant 
au  District  : 

((  Nous  soussignés.  Maire  et  officiers  municipaux  de  la 
paroisse  de  Coray,  chef-lieu  du  canton,  district  de  Carhaix, 
vu  que  Monsieur  Rivoal,  notre  curé  constitutionnel,  s'est 
démis  de  notre  cure,  nous  avons,  Messieurs,  l'honneur  de 
vous  prier  d'accorder  à  Monsieur  Le  Grand,  notre  vicaire, 
qui  n'a  jamais  rieu  dit  de  contraire  à  la  Constitution,  votre 


-  47  — 

agrément,  pourvu  qu'il  puisse  remplir  avec  tranquillité  et 
assurance  toutes  les  fonctions  pendant  la  vacance  de  la 
dite  cure.  » 


Recteurs  depuis  le  Concordat 

1804-1818.  Jérôme  Kergourlay,  d'Elliant. 

1818-1824.  Hervé-Corentin  Pétillon,  de  Briec. 

1824-1831.  Louis  Tabourdet,  de  Quimperlé. 

1831-1857.  Vinoc  Kerdréach,  d'Audierne. 

1857-1890.  Yves-Pierre  Conan,  deTréogan  (Saint-Brieuc). 

1890-1897.  Yves  Abhervé-Guéguen,  de  Guimiliau. 

1897.  Gabriel-Louis  Hunault. 

Vicaires 


1819. 

François-Marie  Grall. 

1820. 

Jean-Louis  Bernard. 

1823. 

Jean-Louis  Tandé. 

1834. 

Jean-Marie  Férec. 

1835. 

Charles  Kerivel. 

1836. 

René  Garo. 

1847. 

Julien  Le  Foll. 

1849. 

Maurice  Montfort. 

1854. 

Guillaume  Castrée. 

1855. 

Yves  Pavec. 

1864. 

Philippe  Poupon. 

1869. 

Pascal  Chevert. 

1870. 

Jean  Riou. 

1884. 

François  Le  Roux. 

1883. 

Hervé  Corre. 

1893. 

Gabriel  Berthou. 

1893. 

Joseph  Com, 

—  48  — 

1900.  Jean-Marie  Cuillandre. 

1906.  Jean-Marie  Evennou. 

Maisons  nobles 

Penlaes  (de)  sieur  du  Stang-Meur  :  d'argent  au  chevron 
de  gueules  accompagné  de  3  moletteê  de  même. 

Rousseau  de  Rosencoat,  S'  de  Saint-Dridan  :  d'azur  à 
3  soleils  d'or  au  croissant  de  même  en  abyme. 

Monuments  anciens 

Alignement  de  douze  blocs  de  quartz,  à  Parc-an-Ilis 
(Keresquen). 
Tumulus  au  Herou. 

Briques  romaines  en  Treveliny,  à  Parc-ar-Ghapel. 
Enceinte  avec  douves  au  Salou. 
Mottes  à  Kerdavid.  (du  Chatellier.) 


-  w  - 


CARTILAIRE 

DE    L'ÉGLISE    DE    QUIMPER 

(Suite.) 


853. 

ORDINACIO  SUPER  QONTROVERSIA  INTER  PRIOREM  HOSPITALIS 
SANCTE  KATERINE  ET  CAPELLANOS  CURATOS  ET  ALIOS 

ECCLESIE  CORISOPITENSI  (') 

Aocommodation  entre  le  prieur  de  l'hoeplUI  8»  Catherine 

et  les  curez  de  8*  Corentln. 

-   16  niu\n  1376.   - 


Quia  sepe  contingit,  prout  per  facti  experienciam  ac 
evidenciam  pluries  didicimus,  quod  quamplures  lites  et 
controversie  inter  vicarios  et  capellaaos  curatos,  sacris- 
tain, dyaconum  et  sul^ditos  ecclesie  Corisopitensis  ex 
parte  una  et  prioreui  hospitalis  Sancte  Katerine  ex  altéra, 
sepius  moveatur  et  moveri  consueverunt  super  certis 
articulis  inferius  descriptis  et  declaratis,  propterque  con- 
tigit  officium  divinum  in  dicta  ecclesia  quandoque  multi- 
pliciter  perturbari,  idcirco,  Nos  humile  Capitulum  Cori- 
sopitensis ecclesie  predicte  considérantes,  iinemque  licti- 
bus  et  controversiis  huiusmodi,  ut  tenemur,  imponere 
cupientes  et  divinum  officium  in  nostra  ecclesia  Coriso- 
pitensi,  ad  laudem  et  honorem  tocius  curie  celestis  et 

(1)  Cart.  56,  f  46. 
BuLLBTiN  DB  LA  COMMISSION  DiocisAiifB.  —  7*  année.  4 


—  50  — 

Beati  Corentini  patron!  nostri,  cum  paciencia  et  in  tran- 
quillitate,  sine  murmuracione  seu  perturbacione  qua- 
cumque  facere  atque  dicere  volentes,  ut  decet  et  convenit, 
in  nostro  Capitulo  generali  die  veneris  post  festum  sinodi 
Penthecostes,  videlicet  décima  quinta  die  mensis  iunii, 
anno  Domini  M^  CGC''  septuagesimo  quinto,  continuato  a 
die  iovis  immédiate  précédente  capitulantes  et  super  hiis 
et  aliis  Capitulum  facientes,  diligenti  tracta  tu  perhabito 
duximus  in  modum  qui  sequitur  statuendo  ordinan- 
dum  (1). 

Que  paroissien  de  S.  Gorentin  décédant  à  Thépital  le  prieur  y 
fera  service  à  basse  voix  pour  luy  et  aura  seul  les  oUations, 
s'il  n'y  a  laminaire  de  frarie  et  sera  après  le  corps  porté  à 
S^  Ciorentin. 

Primo  quod  si  aliquis  parrochianus  ecclesie  Corisopi- 
tensis  transférât  se  ad  bospitale  Sancte  Katerine  et  décé- 
dât ibidem,  prior  dicti  hospitalis  celebrabit  unam  missam 
pro  cadavere  présente,  submissa  voce,  tali  bora  quod  die- 
tum  cadaver  possit,  bora  consueta,  deferri  ad  ecclesiam 
Corisopitensem  ;  et  prefatus  prior,  omnes  oblaciones  ha- 
bebit  que  in  dicta  missa  ailerentur,  absque  eo  quod  dicti 
vicarii  seu  capellani  curati  quicquam  ex  ipsis  percipiant, 
dum  tamen  in  dicta  missa  luminare  cuiusvis  confraterie 
non  incendatur. 

Si  les  curés  célèbrent  anniTorsaire  à  S**  Catherine 
ils  auront  les  deux  tiers  des  oblations. 

Item  si  contingat  dictos  vicarios  seu  capellanos  curatos 
celebrare  in  dicto  hospitali  commemoracionem  seu  anni- 
versarium  pro  suo  parrochiano,  percipiant  duas  partes 


(1)  Les  textes  fraoctis  sont  en  marge  dans  l'origiiial. 


—  51  — 

oblationum  que  super  altare  dicti  hospitalis  in  dicto  anni- 
versario  oflerentur  et  prior  qui  pro  tempore  erit  babebit 
terciam  partem. 

Le  dit  prieur  aura  les  habits  du  décédé  et  pauvres  du  lien. 

Item  pênes  priorem  remanebunt  vestes  dicti  defluncti 
post  eius  obitum,  si  que  fuerint,  sed  decimabitur  de  aliis 
bonis  defiuncti  post  eius  obitum,  si  que  fuerint  ad  hos- 
pitale  predictum  transportata,  iuxta  qualitatem  dictorum 
bonorum. 

Le  prieur  aura  seul  les  oblations  de  l'hôpital  le  long  de  Tan. 

Item  omnes  oblaciones  que  fient  in  dicto  hospitali,  tam 
in  cista  per  circulum  anni,  quam  in  altare  die  festi  Béate 
Katerine,  percipiet  prior  intègre  absque  eo  quod  prefati 
Ticarii  seu  capellani  curati  possint  in  ipsis  sibi  quidquam 
vendicare. 

Aura  le  dit  prieur  les  cierges  y  donnés. 

Item  omnes  oblaciones  que  fient  in  dicto  hospitali  quo- 
vis  modo  et  quocumque  tempore  in  cereis,  torticiis  et 
candelis  remanebunt  pênes  dictum  priorem  ad  usum 
dicti  hospitalis  et  pauperum  eiusdem  intègre,  nec  poterit 
sacrista  presens  ecclesie  Corisopitensis  nec  sacrista  qui 
pro  tempore  erit,  quicquam  in  ipsis  vendicare,  prout  hac- 
tenus  fuit  observatum  et  consuetum. 

Ordre  pour  dire  les  leçons  des  morts. 

Item  prior  dicti  hospitalis  modernus  et  sui  successores 
qui  pro  tempore  erunt,  quia  de  numéro  macicolorum, 
legent  lectiones  primo  loco  post  alios  macicotos  in  eccle- 
sia  Corisopitensi,  dum  et  quando  contigerit  per  succen- 


—  82  — 

torem  aut  magistrum  scolarum  civitatis  Corisopitensis, 
assignari.  Subdyaconus  vero  predicte  ecclesie  secundo 
loco  leget,  dyaconus  tercio  loco  et  sacrista,  qui  pro  tem- 
pore  erit,  quia  reputatur  unus  de  vicariis  seu  capellanis 
curatis  dicte  ecclesie,  cum  in  oblacionibus,  mortuagiis, 
pastu  quadragesimali  certam  porcionem  consueverit  ab 
antiquo,  memoriam  hominum  excedenti  et  in  quibusdam 
aliis,  recipere  et  percipere  sicuti  unus  de  vicariis  septem 
seu  capellanis  curatis  dicte  ecclesie,  leget  quarto  loco,  et 
ceteri  vicarii  seu  capellani  curati  quilibet  similiter  leget 
suo  loco  secundum  sua  primogenita. 

Acta  fuerunt  predicta  statuta  et  publicata  loco,  die  et 
anno  predictis  ;  presentibus  venerabilibus  et  discretis 
viris  Magistris  Guillermo  le  Glas  cantore,  Guillermo  le 
Marhec  iuniore  Archidiacono  de  Pocher,  Guillermo  le 
Marhec  ofBciali  Corisopitensi,  Thoma  Episcopi,  Alano 
Raoulini,  Rioco  Lestuchan  et  GauSrido  Gallici  canonicis 
prefate  ecclesie  Corisopitensis  vocatis  ad  hoc  in  predicto 
Capitule,  prefatis  priore,  subdyacono,  dyacono,  sacrista 
et  ceteris  capellanis  curatis  seu  vicariis  ipsius  ecclesie. 

Gauffridus  le  Marhec  iunior  Archidyaconus  predictus 
composuit  et  scripsit  de  mandate  dictorum  dominorum 
canonicorum,  manu  propria  in  testimonium  veritatis. 


854. 

JEAN  PENGUEN,  CURÉ  DE  LA  RUE  NEUVE 
PAIE  AMENDE  AU  CHAPITRE  (0 

—   14  Septembre  1876.   — 


Anno  Domini  M®  CCC°  septuagesimo  quinto  die  décima 
quarta  mensis  Septembris,  circa  horam  terciam  dicte  diei, 

(1)  Cart.  31,  r  56. 


-  53  - 

indicione  XIII*  Pontificatus  Domini  nostri  pape  Gregorii 
pape  XIs  preseotibus  venerabîlibus  viris  G.  le  Glas  can- 
tore,  G.  le  Marec,  A.  Raolin,  G.  Gall,T.  Episcopi  canonicis 
ecclesie  Corisopitensis  et  Magistro  Johanne  Raolini  clerico 
advocato  curie  Corisopitensis,  promisit  et  gratavit  domi- 
nas Johannes  Penguen  presbyter  curatus  de  Vico  novo  se 
solvere  venerabilibus  viris  Capitulo  Corisopitensi,  infra 
proximam  diem  dominicam,  summam  sexaginta  solido- 
mm  monete,  de  quibus  fit  mencio  in  instrumento  publico 
confecto  manu  magistri  Thome  Episcopi  et  quam  summam 
sexaginta  solidorum  alias  idem  presbyter  eidem  venera- 
bili  Capitulo  solvere  promiserat,  racione  aliquorum  exces- 
suum  alias  ab  eodem  in  preiudicium  dicti  veneràbilis 
Capituli  perpétra toru m,  et  cum  hoc,  idem  presbyter  sub 
obligacione  omnium  bonorum  suorum  tenetur  solvere 
eidem  venerabili  Capitulo  ad  voluntatem  et  conscienciam 
eorumdem,  summam  decem  librarum  monete  currentis, 
non  obstante  lapsu  diei  et  anni,  nomine  emende  et  pro 
emenda,  eoquod  aliqua  patraverat  contra  statuta  et  con- 
suetudines  dicte  ecclesie  Corisopitensis  ;  premissa  tenere 
et  contra  non  venire  juravit.  Et  hoc  fuit  factum  precepto 
seu  iussu  prefati  Corisopitensis  (advocati)  ibidem  com- 
parentis. 
Ita  est.  H.  DE  Stagno  parvo. 


CONCORDIA  FACTA  PER  G.  EPISCOPUM  CUI  CANOMCIS  (<> 

Oonoordat  entre  rKveeque  et  son  Chapitre  touchent  lee  eoquete 
ou  done  du  Chapitre  en  la  ville  et  allleure  au  fief  de  l'Eveeque, 
tant  pour  le  paseé  que  pour  l'advenir.  Le  Chapitre  s'oblifle  à 
faire  un  anniversaire  en  Caresme  et  fera  fond  de  60  sols  de 
rente  et  un  c  salut  »  tous  les  Jours  après  vesprss  pour  les 
Kvesques  de  Cornouallle  en  la  forme  oy  décrite  et  que  lee  dons 
et  aoquete  ne  seront  vendus  que  pour  anniversaires. 

—   6  Décembre  1876.   — 


Noverint  univers!  quod,  cum  inter  nos  Gauffridum  Dei 
ac  Sedis  Âpostolice  gracia  Corisopitensem  episcopum  ex 
una  parte  et  Nos  Capitulum  humile  ipsius  ecclesie  ex  alia, 
orta  f uisset  materia  questionis  atque  gravis  discordia  sus- 
citata  de  et  super  nonnullis  censibus  annuis  iuribusque 
et  provenientibus  a  Nobis  Capitulo,  titulo  emptionum  et 
alias  fidelium  largicionibus  in  civitate  Corisopitensi  et 
alibi  in  feudo  nostro  Episcopi  et  nostre  ecclesie  Coriso- 
pitensis  hactenus  acquisitis  et  in  posterum  acquirendis, 
presertim  ad  usum  distribucionum  anniversariorum  in 
ipsa  ecclesia  Corisopitensi  annuatim  celebrandorum  depu- 
tatis,  ac  eciam  deputandis,  quod  Nos  Episcopus  diceba- 
mus  ad  preiudicium  nostrum  ex  pluribus  causis  et  racio- 
nibus  graviter  redundare,  et  per  hoc  Vobis  Capitulo,  taies 
redditus  et  census  acquirere  in  feudo  huiusmodi  nullate- 
nus  licere  nec  eciam  acquisitos  retinere;  Nobis  Capitulo 
ex  adverso  allegantibus  taies  et  consiniiles  census  et  red- 
ditus per  nos  posse  racionabiliter  acquiri  et  hoc  fuisse 
consuetum  et  ab  antique  laudabiliter  observatum  ad  usum 
distribucionum  anniversariorum  huiusmodi  in  ecclesia 
predicta,  ipsosque  census  acquirere  et  œqualiter  tenere, 
multis  de  causis  et  racionibus,  Nobis  Capitulo  racionabi- 
liter licere  ;  Et  super  hoc  et  alias,  racione  acquisicionum 
eorumdem,  pluribus  disceptacionibus  et  altercacionibus 

(l)  Cart.  81,  ^  as,  et  Cart.  51,  ^  96,  et  CarL  56,  f*  55. 


-^  55  — 

inter  Nos  hinc  inde  babitis,  tandem  Nos  prefati  Episco- 
pus  et  Çapitulum,  tractatu  super  boc  solempni  babito,  et 
cum  deliberato  eoncilk)  et  maturo,  proinde  considérantes 
quod  ex  buiusmodi  discordia,  plurima  incommoda  et 
scandala  possent  verisimiliter  provenire  in  ecclesia  me- 
morata,  cupientes,  pia  consideracione,  ipsam  discordiam 
prorsus  evellere,  nuUo  unquam  tempore,  favente  Domino, 
suscitendam,  ad  talem  formam  pacis  seu  composicionis 
amabilis  seu  concordie,  pensatis  a  Nobis  eiusdem  eccle- 
sie  utilitate  et  eminente  necessitate,  devenimus  in  bunc 
modum,  ita  quod  : 

Nos  Gaufridus  ipsius  ecclesie  Corisopitensis  Episcopus, 
ad  decorem  et  bonorem  nostre  ecclesie  Corisopitensis  et 
profectum  fidelium  animarum,  pro  quibus  maxime  dicta 
anniversaria  celebrantur,  et  augmentum  divini  cultus 
atque  maiorem  solempnitatem  et  exaltacionem  ampliorem 
ecclesiasticorum  officiorum  in  nostra  ecclesia  predicta,  et 
pensato  eciam  a  Nobis,  distribuciones  et  redditus  canoni- 
corum  et  ministrorum  nostre  ecclesie  predicte  fore  tenues 
et  adeo  diminutos  quod  congrue  ex  eis  nequeunt  susten- 
tari  bis  diebus,  volumus  per  presentem  composicionem 
in  perpetuum  valituram  et  eciam  dictos  redditus,  census 
quoscumque  et  proventus,  pro  tempore  preterito  et  eciam 
future,  acquisitos  et  acquirendos,  ad  usum  tantummodo 
distribucionum  anniversariorum  eorumdem  approbando, 
pro  Nobis  et  successoribus  nostris  in  perpetuum  consen- 
timus,  buiusmodi  redditus,  census  et  proventus,  cum  ipso 
nostro  Capitule  et  ministris  nostre  ecclesie  predicte  in 
perpetuum  permanere,  quodque  prefatum  nostrum  hu- 
mile  Çapitulum  possit  et  valeat  uti  et  gaudere  perpétue 
universis  acquisitis  buiusmodi  et  cum  bis,  taies  et  censi- 
miles  redditus  in  nostro  et  ecclesie  nostre  predicte  feudo 
libère  acquirere,  prout  facultas  se  obtulerit,  pro  anniver- 
sariis  in  nostra  ecclesia  predicta  celebrandis  dumtaxat. 


-  86- 

Nos  vero  Capitulum  dicte  ecclesie,  in  nostro  generali 
Capitulo  Capitulantes  et  capitulum  super  hoc  et  aliis  fa- 
cientes  per  composicionem  hujùsmodi,  quam  gratam  et 
ratam  habemus,  approbamus,  solempni  tractatu  super 
hoc  prehabito,  promictimus  et  gratam  us  pro  bono  eciam 
pacis  predicte,  unum  anniversarium  in  ipsa  ecclesia  nos- 
tra  Corisopitensi,  pro  anima  dicti  episcopi  et  animabus 
predecessorum  et  successorum  suorum  Episcoporum,  in 
dicta  ecclesia  Corisopitensi  fundare  et  celebrare  solemp- 
niter  annis  singulis  in  ipsa  ecclesia  in  perpetuum,  vide- 
licet  quolibet  die  lune  immédiate  post  dominicam  qua 
cantatur  in  officio  misse,  îetare  Jérusalem  et  pro  funda- 
cione  predicta  sexaginta  solidos  annui  redditus,  loco 
congruo  assignare  ;  et  una  cum  ministris  ipsius  ecclesie  ; 
pariter  et  gratamus  singulis  diebus  in  perpetuum,  finitis 
vesperis,  excepto  die  sabbati,  in  dicta  ecclesia  antipho- 
nam  Virginis  gloriose  Marie,  utpote  Salve  Regina  et  cetera 
cum  duabus  oracionibus,  Concède  nos  famulostuos  et  Deus 
qui  inter  apostolicos  sacerdotes^  dicere  et  cantare  solemp- 
niterut  pote  qualibet  die  sabbati,  cum  processione  exeunte 
de  choro,  cereis  accensis,  coram  imagine  Béate  Marie  sita 
super  altare  versus  mercatum  bladi  in  dicta  ecclesia,  et 
redeunte  processione  ad  chorum,  cantando  ad  chorum 
cantando  unam  antiphonam  beati  Chorentini,  dicendo  in 
choro  versus  et  oracionem  eiusdem  sancti,  et  aliis  diebus, 
in  choro  ecclesie  antedicte,  alta  voce  ; 

Et  sic  omnes  contencio  et  discordia  mota  seu  que  mo- 
veri  sperabantur  inter  nos  hinc  inde,  racione  premisso- 
rum  sunt  sopite  penitus  et  annulate,  tenorem  premisso- 
rum  fideliteradimplendo.  Premissaomniafidelitertenere 
et  perficere  et  contra  non  venire  promictimus  et  gratamus. 

Nos  prefatus  Gaufridus  Episcopus,  nostro  et  nomine 
nostre  ecclesie  supradicte,  bona  fide  pro  nobis  et  nostris 
successoribus  episcopis  in  futurum  in  ecclesia  nostra 


-57- 

predicta,  et  eciam  NosCanonici  et  alii  ministri  ecclesie  pre- 
libate,capituluin  memoratum  super  hoc  et  aliis  célébrantes 
et  eciam  facientes,  iuramus  pro  nobis  et  nostris  successo- 
ribus,  gratamus  et-promictimus  bona  fide  ut  prefertur. 

Volumus  tamen  Nos  Episcopus  predictus>  nec  alias  pre- 
dicta rata  habemus,  quod  in  empcionibus  que  fient  in 
futurum  pro  propriis  nostris  anniversariis,  cum  condi- 
cione  acquitandi  infra  novem  annos,  ut  est  fieri  consue- 
tum  in  nostra  ecclesia  prediûta,  non  minus  precium  in 
empcione  viginti  solidorum  detur  quam  valor  modernus 
quindecim  francorum  aureorum. 

In  quorum  omnium  testimonium,Nos  Episcopus  etCapi- 
tulum  predicti,  in  quantum  tangit  quemlibet  nostrum, 
sigilla  nostra  una  cum  signo  et  subscripcione  notarii  pu- 
blici  et  testibus  subscriptis  presentibus,  apponi  fecimus. 

Datum  die  sabbati,  videlicet  sexta  mensis  Decembris, 
anno  Domini  M»  CCC^  septuagesimo  sexto,  presentibus 
ad  hoc  discretis  Viri  Alano  de  Alneto,  Guillermo  Periou, 
Oliverio  Corre  clericis  et  Rollando  Luce  Corisopitensis  et 
Trecorensis  dyocesis  testibus  ad  premissa  vocatis  et  spe- 
cialiter  rogatis. 

Approbation  du  dit  Concordat  par  notaire 

Et  Ego  Herveus  de  Stagno  parvo  clericus  dyocesis  Cori- 
sopitensis publicus  auctoritate  Apostolica  et  Imperiali 
notarius,  premissis  omnibus  et  singulis,  dum  ut  predici- 
tur  fièrent  et  agerentur,  una  cum  prenominatis  testibus 
presens  fui  ;  huiusmodique  publicum  instrumentum  per 
me  in  notam  redactum  per  alium  in  proximo  precedenti 
et  presenti  foliis  scribi  feci,  et  ideo  hic  me  subscripsi 
signumque   meum    consuetum  hic  apposui   requisitus, 

super  hoc  et  rogatus. 

(A  suivre») 


-88  — 


NOTICES 


SUR  LB8 


PAROISSES  DU  DIOCÈSE  DE  QUIIPBR  ET  DE  LÉON 

Par  MM.  PBTRON  et  ABaRALL. 

(Suite.) 


CROZON 


Celte  église  est  appelée,  au  Gartulaire  de  Landévennec, 
Flueu  Orauion,  Orauthan  dans  la  charte  par  laquelle 
Gradlon  Roi  donne  à  saint  Guénolé,  la  troisième  partie  de 
pUbé'Orauthan  et  son  église  à  jamais  ;  il  ajouta  à  cette  pre- 
mière donation  d'autres  libéralités  dans  la  presqu'île, 
entre  autres,  Roicatmaél  (Roscanvel),  Enêêhir  (Ile  longue), 
Eaguettêê,  Trefleê,  Morcat,  SMiU-VurguêêUe,  le$  SatUnuc 
(Radenec),  Labou  Hether  (la  Boixière),  Morcat,  tref  pul 
crauihan  (TrebouUe,  près  l'tle  de  Laber),  la  moitié  de  trêf 
Slrgard  (Hirgars),  8Mi  Rioc,  la  moitié  de  Rostudér  (Ros- 
tudel),  et  d'autres  localités  que  nous  n'avons  pu  détermi- 
ner, ce  que  les  gens  connaissant  mieux  le  pays  pourraient 
faire  plus  facilement  ;  nous  donnons,  à  cet  effet,  le  texte 
du  Gartulaire  concernant  la  donation  faite  à  saint  Guénolé 
dans  son  entrevue  avec  ce  saint  abbé  à  Poulcarvan  : 

((  De  Plèbe  Grauthon 

«  Terciam  partem  plueu  Grauton  in  œternam  heredita- 
tem,  Alvarpren  in  discumbitionem  astemam,  Lanloetqued 
in  œternam  discumbitionem. 


-{»- 


« 
«  * 


«  Très  filii  Catmagli,  inique  agentes,  venerunt  nocte  ad 
locum  Sancti  Uuingualoaei,  et  ibi  rapinam  fecerunt  quasi 
lupi  rapaces.  Modo  autem  per  virtutem  saneti  Dei  cœlebi- 
tes  sunt.  Et  ideo  tradiderimt  bereditatem  suam  sancto 
Wingualoaeo  in  œternam  hereditatem.  Ego  Gradionus 
hoc  aflBrmo,  Roscatmagli  in  discumbitione  aBterna  sancto 
Wumgualoaeo. 


*  « 


((  Haec  memoria  retinet  quod  émit  Gradionus  Eneshir 
atque  Rachenes,  Caerbalavan,  nec  non  et  Ros  Serechin, 
de  auro  atque  argento  quod  accepit  filii  régis  francorum  ; 
et  postea  tradidit  sancto  Uuingualoœo  in  discumbitione 
tref  Pulcrauthon,  Tref  Lez,  Morcat,  sent  Uurguestle  (1), 
Bois,  les  Rattenuc,  Labou  Hether,  Lan  Cun,  Tref  Cun. 


*  * 


«  Haec  litter»  narrant  quod  ego  Gradionus  iterum  do 
sancto  Uuingualoœo  dimidiam  partem  tref  Hirgard,  tref 
Caruthon,  Guern  Pen  Duan  très  villas  ;  Lan  Tnou  Miou, 
Lan  Gun,  Caer  Gurcbenen,  Les  tnou  (Le$iraon)  quatuor 
villas  ;  Caer  Gurannet,  Les  Cletin,  dimidiam  partem  Caer 
Beat,  ti  Ritoch,  Han  Silin,  tref  Limunoc,  Caerpont,  tref 
Fui  Dengel,  sent  Rioc,  dimidiam  partem  Ros  Tuder,  Soit 
Hinuarn,  Caer  truu,  in  discumbitione.  » 

Crozon  était  un  ancien  comté  qui,  d'abord,  appartenait 
aux  Comtes  de  Cornouaille,  et  nous  voyons,  vers  Tan  1030, 
un  évéque  de  Quimper,  Orscand,  frère  d'Alain  Cainard, 

(1)  Ce  nom  est  à  rapprocher  de  celui  de  Niooc  GucoDgaitle,  U  ninte 
Candide  de  Tourc'b,  dont  on  conserTe  des  reliqaes  dans  réglise  de  Groson. 


-  60  — 

comte  de  Cornouaille,  épouser  une  Onven,  fille  de  Rive- 
len  de  Crauzon. 

Vers  1215,  les  seigneurs  du  Léon  possédaient  Crozon  et, 
lors  de  la  vacance  de  la  cure,  à  cette  époque,  une  contes- 
tation s*éleva  entre  lui  et  TEvéque  de  Quimper,  au  sujet 
du  droit  de  nomination  ;  mais  H.,  seigneur  de  Léon,  se 
désistant  de  ses  prétentions,  pria  Tévêque  Guillaume  de 
donner  cette  cure  au  fils  de  Guillaume  Penboch,  Tun  de 
ses  vassaux  (Cartulaire  de  Quimper  56,  t^  19). 

Les  seigneurs  de  Léon  possédaient  encore  la  seigneurie 
de  Crozon  au  xv®  siècle,  comme  nous  le  voyons  par  l'en- 
quête laite  en  1410  sur  les  droits  de  la  vicomte  de  Léon 
en  Cornouaille  (Morice,  Preuves,  II,  col.  850). 

«  Jean  Kerperiou,  de  la  paroisse  de  Crauzon,  âgé  de 
50  ans  ou  environ,  estagler  à  Catherine  de  Keroulas  femme 
de  Bernard  de  Keranrez  dit  et  recorde  par  son  serment 
que  le  dit  Vicomte  et  ses  sugets  ont  plusieurs  terres  es 
paroisses  de  Crauzon,  Camaret,  Roscanvel,  Telgruc,  Saint- 
Nic,  Ploemodiern  et  Ploëven  et  que  les  dites  terres  appar- 
tiennent au  dit  seigneur,  à  cause  de  sa  baronie  de  Léon 
et  sont  nommées  la  terre  à  la  condition  de  Rivelen. 

«  Le  Révérend  père  en  Dieu  Yvon  de  Poulmic,  abbé  de 
S^  Guinolay  du  Bois,  âgé  de  54  ans,  dit  la  même  chose 
que  le  précédent  témoin.  » 

Des  seigneurs  de  Léon,  Crozon  passa  aux  Rohan  et,  nous 
dit  Ogée,  «  ceux-ci  ayant  exposé  le  14  Mai  1541  au  Rôt 
François  I,  que  dans  les  terres  et  seigneuries  de  Crozon 
ils  avaient  droit  de  haute,  moyenne  et  basse  justice,  de 
sceaux  à  contrats  et  d'y  instituer  notaires  ;  le  Roi  permet 
au  seigneur  de  Rohan  d'établir  huit  notaires  dans  la  juri- 
diction de  Crozon.  Cette  paroisse,  ajoute  Ogée,  est  une  des 
plus  riches  du  diocèse,  elle  vaut  15,000  livres  et  contient 
6,000  communiants  ».  Aussi  le  Recteur  était-il  imposé  à 
213  livres  comme  celui  de  Bothoa.  Les  plus  imposés  ensuite 


—  61  — 

étaient  les  Recteurs  d'EUiant,  171  livres,  et  GuiscriS,  153  ; 
tous  les  autres  Recteurs  étaient  imposés  au-dessous  de 
100  livres. 

Voici  le  rôle  des  décimes  en  1789  pour  cette  paroisse  : 

N.  d'Oixant 213i  15» 

La  fabrice 9    10 

Le  Rosaire 1    15 

S*  Michel 1    15 

Pors  Salut 7 

S*  Hervé 1    15 

S^  Jean  de  la  Palue  (mémoire) . 

St  Julien 1    15 

S*  Nicolas  (mémoire) 

S^  Marine 1    15 

S*  Germain 1    15 

SUean 1    15 

S*  Fiacre 1    15 

S^  Laurent 1    15 

S*  Sébastien 6 

S*«  Barbe  (mémoire) 

S^Gildas 1    15 

S^Philippe 1    15 

S*  Guenolé  (mémoire) 

S*  Joseph  de  Lanveau 9 

Total 264 1  10» 

* 
*  # 

A  raison  de  son  importance,  cette  paroisse  était  donnée 
habituellement  à  de  grands  personnages  ;  nous  allons  en 
donner  la  liste  des  Recteurs,  en  relatant  les  faits  que  nous 
avons  pu  recueillir  touchant  la  paroisse. 

1218.  Le  fils  de  Guillaume  Penboch. 


—  62  — 

« 

1442.  Charles  du  DresnaT>  Il  avait  acheté  la  métairie 

de  ta  Hingaudaye,  en  Créhen,  pour  en  faire  don  à 
rhôpital  du  Guellidou  ;  à  cette  occasion,  Jean  V  donna 
des  lettres  d^anoblissement  pour  ce  lieu  de  la  Hingau- 
daye (lettres  de  Jean  V). 

1474.  Décès  d'Alain  de  Rosmadeg,  recteur.  En  1477, 

les  archives  de  Nantes  (B.  8  reg.)  signalent  une  lettre 
de  main  mise  sur  une  caravelle  chargée  de  conduire 
en  Angleterre  et  en  Flandre  deux  ambassadeurs  du  roi 
de  Castille,  laquelle,  obligée  par  les  vents  contraires 
de  relâcher  à  Crauzon,  avait  été  prise  par  un  navire 
breton  et  un  navire  français,  pendant  que  les  ambas- 
sadeurs visitaient  Téglise  et  assistaient  à  Toffice  le 
jour  de  la  Saint-Martin. 

1486-1496.  Geoffroy  de  Tréanna,  chanoine  de  Quimper  et 
archidiacre  du  Mans,  et  en  même  temps  recteur  de 
Crozon. 

En  1497,  Julienne  Le  Botguyn  fit  fondation  d'une 
chapellenie  sur  l'autel  S^Michel,  en  l'église  de  Crozon 
(C.  344). 

En  1526,  une  chapellenie,  fondée  dans  la  chapelle  de 
S^Jean-Baptiste,  en  l'église  de  Crozon,  dans  laquelle 
chapelle  est  la  tombe  de  Jean  Hirgars  junior,  est 
donnée  à  Glazran  an  Ruzec,  prêtre,  qui  mourut  en 
1534  et  fut  remplacé  par  Bertrand  Aultret  (déal). 

La  famille  Hirgars  présentait  à  cette  chapellenie. 

1550.  3  Novembre,  une  chapellenie,  fondée  autrefois  par 
Rioc  Baussand,  en  la  chapelle  de  la  Trinité,  en  l'église 
paroissiale,  est  donnée  à  Luc  Lanbily,  prêtre. 

1593.  Jean  Bren,  clerc,  recteur  de  Crozon,  devient  cha- 
noine de  la  prébende  de  Scaêr  (C.  105). 
Ce  fut  le  15  Novembre  1594,  qu'eut  lieu  la  prise  du 


—  63-- 

fort  de  Roscanvel  sur  ies  fispagnols,  par  les  Royaux 
commandés  par  le  maréchal  d*Aumont.  La  fin  de  ce 
siège,  que  Ton  a  appelé  le  siège  de  Crozon,  causa  une 
grande  joie,  dont  on  trouve  les  échos  dans  les  lettres 
adressées  au  Roi  par  les  députés  aux  Etats,  lors  assem- 
blés à  Rennes  (d.  Morice,  III,  col.  1624). 

1596-1622.  Jehan  Briant,  archidiacre  de  Poher,  abbé  de 
Landévennec  et  recteur  de  Crozon  qui,  en  1622,  rési- 
gna son  abbaye  et  sa  paroisse  au  suivant. 

1622-1665.  Pierre  Tanguy,  conseiller  dii  Roi,  aumônier 
de  la  reine  Anne  d*Autriche. 

Ce  fut  du  temps  de  ce  Recteur  que  le  Père  Maunoir 
fit  la  première  mission  à  Crozon,  pendant  laquelle  fut 
ravivée  la  dévotion  des  Crozonais  aux  dix  mille  mar- 
tyrs de  la  légion  thébéenne.  Voici  comment  en  parle 
le  dernier  historien  du  Vénérable  (1)  : 

«  Les  habitants  de  Crozon  avaient  honoré  longtemps 
d*un  culte  particulier  les  martyrs  de  la  légion  thé- 
béenne, dont  ils  conservent  môme  quelques  ossements 
dans  un  riche  reliquaire.  Mais  avec  les  années,  ce  culte 
s'était  bien  affaibli.  Pour  le  ranimer,  le  P.  Maunoir  fit 
représenter  à  la  procession  générale  de  la  mission  le 
martyre  de  S^  Maurice  et  de  ses  glorieux  soldats.  Leurs 
reliques  y  furent  solennellement  portées.  Etait-ce  un 
efiet  de  mirage,  était-ce  un  prodige  ?  la  foule  toute 
entière,  et  elle  se  composait  de  7  ou  8.000  spectateurs, 
put  voir  se  reproduire  dans  les  hauteurs  du  ciel  la  scène 
qui  se  passait  sur  la  terre  ;  la  procession  s'y  déroulait 
dans  le  même  ordre  et  la  même  majesté.  Les  Crozonais 
n'eurent  pas  de  peine  à  se  persuader  que  c'était  là  un 
témoignage  évident  de  la  bonté  de  Dieu  à  leur  égard, 

(1)  Vie  da  P.  lUuooir  par  le  Père  Séjourné,  1  toI.,  p.  340. 


—  64  — 

et  ils  accueillirent  par  des  acclamations  de  joie  répé- 
tées le  spectacle  qui  s*oSrait  à  leurs  yeux. 

«  A  cette  même  procession,  qui  se  rendait  à  la  cha- 
pelle S^  Laurent,  un  sous-diacre,  épuisé  depuis  long- 
temps par  la  maladie,  dévoré  alors  par  une  fièvre 
ardente,  ne  voulut  jamais  céder  à  personne  Thonneur 
d'y  porter  la  croix  et  de  la  porter  à  jeun.  Sa  piété  en 
fut  bien  récompensée,  car  à  partir  de  ce  jour-là,  il 
recouvra  une  santé  parfaite.  )) 

Ce  fut,  sans  doute,  à  l'occasion  de  cette  mission  que 
le  P.  Maunoir  composa  le  cantique  en  Thonneur  des 
10.000  martyrs  de  Crozon,  qui  figure  au  nombre  de  ses 
cantiques  spirituels.  Nous  donnerons  plus  loin  la  des- 
cription du  retable  représentant  le  martyre  de  la  légion 
thébéenne  et  qui  est  encore  le  plus  bel  ornement  de 
réglise  de  Crozon. 

Une  confrérie  fut  établie  sous  le  vocable  des  saints 
martyrs,  et  les  comptes  de  la  fabrique  de  cette  époque 
signalent  de  nombreuses  offrandes  faites  en  leur  hon- 
neur. Leur  fête  se  célébrait  au  mois  de  Juin. 

Extrait  des  comptes  de  la  Fabriqtie  de  Orozon  en  1656. 

Don  d'une  génisse  à  Téglise,  dont  un  tiers  pour  la 
chapelle  S^Jean. 

Autre  génisse  en  offrande,  et  sur  le  prix  de  vente 
on  paiera  un  sol  aux  chapelles  de  S^  Sébastien,  Notre- 
Dame,  la  Madeleine,  la  Trinité,  et  2  sols  à  la  chapelle 
de  Notre-Dame  de  Rochemadou. 

((  Un  bon  personnage  de  ceste  paroisse  a  baillé  à 
réglise  de  céans  ung  petit  cloche  pour  servir  à  la  con- 
frérie des  dix  mille  martyrs. 

«  Anthoine  Le  Mignon  et  les  consorts  en  son  bateau 
ont  fait  rendre  à  l'église  de  céans  5  sais. 


-  65  - 

((  Martin  Le  Hénaff  et  les  consorts  en  son  bateau  a 
fait  rendre  à  la  dite  église  3  sols,  3  sols  aux  dix  mille 
martyrs  et  2  sols  à  la  confrérie  du  Rosaire.  » 

En  1657,  un  particulier  donne  un  sol  à  la  chapelle 
de  S<  Germain  et  à  celle  de  Lgnnuec. 

((  Catherine  Le  Sevellec  a  fait  rendre  par  testament 
à  cette  église  un  couvre-chef,  un  autre  à  Notre-Dame, 
un  sol  à  la  Madeleine  et  un  autre  à  la  Trinité.  » 

Un  particulier  donne  2  sols  à  la  chapelle  de 
S^  Rionalen. 

1666-1675.  M.  de  Coetlogon,  chanoine,  vicaire  général, 
frère  de  Mgr  TEvéque  de  Quimper.  Il  assista  à  la  pre- 
mière retraite  dans  la  maison  créée  à  cet  effet  à 
Quimper,  en  Mars  1670,  et  Tannée  suivante  il  appela 
le  P.Maunoiràdonner  une  nouvelle  mission  à  Crozon. 
Le  P.  Boschet  rapporte  que,  comme  le  Père  allait  à 
Crozon,  il  trouva  sur  le  chemin,  assez  près  du  bourg, 
une  troupe  de  jeunes  garçons  et  de  jeunes  filles  à  qui 
la  Sainte  Vierge  ou  Notre  Seigneur  lui  -  même  avait 
appris  à  faire  Toraison  mentale  sur  le  mystère  de 
notre  rédemption  ainsi  que  lui-même  le  rapporte  : 

«  Je  demandai,  dit-il,  à  un  de  ces  enfants,  qui  n'avait 
pas  encore  10  ans,  comment  il  s*y  prenait  pour  méditer 
sur  la  passion,  et  je  fus  surpris  de  voir  qu'il  en  savait 
plus  là  dessus  que  je  ne  lui  en  aurais  appris.  11  me 
répondit  qu'il  considérait  en  lui-même  Jésus  ou  atta- 
ché à  sa  colonne  et  déchiré  de  coups  ou  couronné 
d'épines,  ou  portant  sa  croix  ou  crucifié,  et  que,  s'ima- 
ginant  voir  la  S^  Vierge  au  pied  de  la  croix,  il  lui 
demandait  qui  était  celui  qui  souffrait,  pourquoi  et 
pour  qui  il  souffrait,  quel  bien  nous  avaient  fait  ses 
souffrances,  etc.,  et  le  Père  ne  put  s'empêcher  d'admi- 
rer la  bonté  infinie  de  Dieu  communiquant  ainsi  sa 

BOLLKTIN  DB  LA  COMIIISSION  DIOClSsAINB.  —  7*  aODéO.  5 


—  66  — 

lumière,  à  de  jeunes  enfants  qui  vivent  au  milieu  des 
landes  à  la  garde  de  leurs  troupeaux.  » 

L'historien  ajoute,  à  l'éloge  de  Crozon,  a  qu'il  n'y 
avait  rien  de  mieux  réglé  que  cette  paroisse.  L'office 
s'y  faisait  aussi  magnifiquement  que  dans  une  cathé- 
drale, les  prêtres,  qui  y  étaient  en  grand  nombre, 
vivaient  d'une  manière  exemplaire  et  instruisaient 
soigneusement  le  peuple. 

((  A  voir  tout  le  bon  ordre  qu'on  y  observait,  on 
jugeait  que  celui  qui  la  gouvernait  méritait  de  gou- 
verner un  diocèse  ;  aussi  était-il  d'une  famille  où  le 
mérite  et  la  vertu  sont  héréditaires  et  mènent  à  l'épis- 
copat  autant  que  la  naissance  et  les  services  ;  et  bien 
probablement,  il  n'a  manqué  à  cet  illustre  abbé  que 
de  vivre  plus  longtemps  pour  mourir  évesque.  )) 

Ce  fut  dans  cette  mission  que  le  Père  composa,  sur 
les  sept  principaux  mystères  de  la  Passion,  ces  mer- 
veilleux cantiques  qui  parurent  si  édifiants  à  un  doc- 
teur de  Sorbonne,  qu'il  les  a  traduits  en  vers  français 
pour  les  faire  passer  de  la  Basse-Bretagne  dans  toute 
la  France. 

1675.  M.  Raguénès,  recteur. 

1710.  Pierre  Lespaignol. 

En  1710,  une  capitainerie  fut  unie  à  la  terre  de  Cro- 
zon,  en  faveur  de  François  Rousselet,  marquis  de  Châ- 
teaurenault,  comte  de  Craozon,  Porzay  et  Rosmadec, 
vicomte  d'Artois,  baron  Poulmic  la  Poissonnière,  che- 
valier de  tous  les  ordres  du  Roy,  grand  croix  de 
l'ordre  militaire  de  S^-Louis,  capitaine  général  des 
armées  navales  de  Sa  Majesté  catholique  sur  les  mers 
occidentales,  vice-amiral  et  maréchal  de  France,  lieu- 
tenant général  commandant  pour  le  Roy  en  sa  pro- 
vince de  Bretagne... 


—  67  — 

1717-1732.  François-Hyacinthe  de  la  Fruglaye  de  Ker- 
VER,  recteur  de  Ploaré,  était  vicaire  général  ;  il  fut 
nommé  recteur  de  Crozon  par  provision  de  TEvéque  de 
Quimper  ;  mais  les  archives  de  rille-et- Vilaine  (C.  3,792) 
nous  apprennent  que  ce  ne  fut  pas  sans  contestation 
avec  un  sieur  Cillart,  pourvu  de  la  même  paroisse, 
«  Sur  induit  du  S'  Orry  de  Vignory,  maître  des  re- 
quêtes ordinaires  de  THôtel  ».  M.  de  la  Fruglaye  ne 
quitta  Crozon,  en  1732,  que  pour  devenir  évoque  de 
Tréguier,  où  il  mourut  en  1745  ;  mais  son  cœur  fut 
porté  à  Quimper  et  placé  dans  la  chapelle  de  TEvèché, 
puis,  à  la  mort  de  Mgr  de  Farcy  de  Cuillé,  dans  la 
chapelle  du  Séminaire,  qui  sert  actuellement  à  Thos- 
pice  de  Quimper. 

Nous  relevons  sur  les  registres  paroissiaux  de  Cro- 
zon, en  1717,  le  27  Octobre,  les  obsèques  d*Âlain  Le 
Bras,  1  un  des  curés,  âgé  de  30  ans;  assistent  à  la  céré- 
monie :  Alexis  Herjean,  Jean  Le  Moign,  Hervé  Le 
Moign  et  autre  Jean  Le  Moign,  tous  prêtres. 

Le  29  Novembre,  baptême  de  Claudine  Guyonne,  fille 
d'écuyer  Julien-Jan  de  Henry,  seigneur  de  Kerhonte- 
nant,  chevalier  des  ordres  militaires  de  S' Louis  et  lieu- 
tenant de  vaisseau  du  Roy,  et  de  dame  Marie-Fran- 
çoise L'Haridon  ;  le  parrain  était  écuyer  Philippe  du 
Guermeur,  S^  du  Penhoet,  major  garde-côte  ;  et  mar- 
raine, demoiselle  Perrine  de  Henry,  dame  de  Botgui- 
guen. 

1732-1737.  René  Lozach,  docteur  en  Sorbonne,  avait  été 

recteur  de  Plogonnec. 

1747.  Pierre  de  Lesguen. 

1764-1773.  Du  Beaudiez. 

1774-1790.  Joseph-Louis  Heussaff  d'Oixant,  vicaire  gêné- 


-  68  - 

rai.  Mgr  de  Saint-Luc  venait  d'être  nommé  évëque  de 
Quimper,  et  M.  Guillou,  recteur  d'Elliant,  promoteur 
du  diocèse,  lui  écrivait  à  Paris  : 

((  J'ai  appris  que  Monseigneur  a  demandé  à  MM.  ses 
grands-vicaires  les  noms  des  trois  meilleurs  sujets  de 
son  diocèse  pour  la  cure  de  Crozon  et  qu'ils  ont  nommé 
cinq  gentilshommes  et  témoigné  qu'ils  donnaient  la 
préférence  à  l'abbé  d'Oixant.  Effectivement,  il  la  mérite 
sur  les  quatre  autres,  sans  contestation.  C'est  un  excel- 
lent ecclésiastique  et  un  des  plus  capables  qu'il  y  ait 
dans  votre  Diocèse.  » 


Crozon  pendant  la  Révolution 

Au  moment  où  éclata  la  Révolution,  à  la  fin  de  1790, 
voici  quel  était  le  personnel  ecclésiastique  de  la  paroisse 
de  Crozon. 

Heussaff  d'Oixant,  recteur.  A  la  mort  de  Mgr  de  Saint- 
Luc,  Octobre  1790,  il  fut  un  des  grands  vicaires  nommés 
par  le  Chapitre  ;  mais  il  était  déjà  souffrant,  et  lorsqu'au 
commencement  de  l'année  1791,  on  lui  signifia  de  quitter 
le  presbytère,  il  était  presque  mourant,  et  ses  prêtres 
durent  le  porter  dans  une  maison  voisine  (note  de  M. 
Boissière)  où  il  ne  tarda  pas  à  rendre  le  dernier  soupir. 

Joseph  Meillard  était  curé  ou  vicaire.  Né  à  Crozon,  le 
15  Septembre  1751,  il  fut  incarcéré  aux  Carmes  de  Brest, 
du  7  Juillet  au  27  Septembre  1791.  En  1804,  il  était  encore 
vicaire  à  Crozon.  Il  mourut  recteur  de  Telgruc,  le  13  Fé- 
vrier 1810. 

Louis  Meillard,  né  à  Crozon,  le  15  Septembre  1753, 
mourut  recteur  de  Plonévez-du-Faou,  le  18  Avril  1809. 

Pierre  Carn,  né  à  Crozon  en  1761  ((  est  demeuré  pendant 
toute  la  Révolution  caché  à  Crozon,  au  risque  continuel 


—  69  - 

de  sa  vie,  ne  cessant  de  se  rendre  utile.  Vicaire  de  Crozon 
en  1805,  il  est  mort  recteur  de  Plogofl,  le  13  Novem- 
bre 1818.  » 

Claude  Le  Mignon,  né  à  Crozon  en  1758.  Arrêté  le 
2  Mars  1792,  conduit  au  château  de  Brest  et  déporté  en 
Espagne  au  mois  d'Août,  il  mourut  vicaire  de  Crozon  le 
22  Juin  1805. 

N....  Le  Moal.  Mourut  pendant  la  Révolution. 

Jean  Le  Pape,  né  à  Lopérec,  le  14  Mars  1756.  Recteur 
de  Lopérec  en  1803,  est  mort  curé  de  Daoulas,  le  8  Octo- 
bre 1825. 

N...  Le  Sénéchal.  Mort  pendant  la  Révolution. 

OUivier  Sizun,  né  à  Brasparts  en  1751.  Mort  curé  de 
Fouesnant,  le  30  Mai  1818. 

Jacques  Balcon,  né  à  Crozon  en  1761.  Mort  curé  de  Cro- 
zon, le  16  Octobre  1829. 

Alain  Le  Floc'h,  né  à  Plonévez-Porzay  en  1765.  Déporté 
en  rade  de  Ttle  d*Aix  en  1794,  est  mort  eh  1831,  après 
avoir  été  curé  de  Briec. 

Moreau,  Nicolas,  né  à  Dinéault  en  1764.  Déporté  en 
rade  de  File  d*Aix  en  1794,  recteur  d'Argol  en  1802-1814, 
mort  le  17  Juin  1834,  à  Coray. 

Ce  nombre  relativement  considérable  de  prêtres  dans 
une  même  paroisse,  n'est  pourtant  pas  exagéré,  si  Ton 
songe  que,  dès  lors,  Crozon  comptait  près  de  10.000  habi- 
tants. 

Dans  la  paroisse  de  Crozon,  les  prêtres  fidèles  trouvè- 
rent longtemps  un  abri  assuré,  grâce  au  zèle  de  la  popu- 
lation et  à  l'appui  même  de  la  Municipalité,  quoique 
pendant  un  certain  temps  elle  eût  à  sa  tête  un  Maire  et 
un  Procureur-Syndic  partisans  des  idées  nouvelles.  C'est 
ainsi  que,  le  24  Septembre  1791  (L.  130),  le  Maire  écrivait 
au  District  de  Chftteaulin  : 


-  70  - 

«  Les  sieurs  Sizun,  Floc'h  et  Moreau  (prêtres  non  asser- 
mentés) loin  de  se  rendre  à  Brest,  comme  l'ordonnait 
l'arrêté  du  Département  du  1»^  Juillet  1791,  sont  demeu- 
rés dans  le  pays  et  y  ont  fait  même  une  quête.  Le  Juge  de 
Paix  (Jean  OUivier)  a  été  de  tout  temps  Tami  de  Sizun  ; 
celui-ci  ayant  été  arrêté  en  Juillet  dernier  à  Pont-Croix 
et  conduit  à  Quimper  le  21  Juillet,  ce  Juge  de  Paix,  accom- 
pagné de  douze  autres  citoyens  de  la  paroisse,  se  présenta 
à  la  Municipalité  pour  nous  forcer,  par  des  menaces,  à 
délivrer  un  certificat  de  bonne  conduite  au  dit  Sizun,  que 
plusieurs  Officiers  municipaux  signèrent  ;  mais  ni  moi  ni 
le  Procureur  de  la  Commune  ne  voulûmes  y  consentir. 
De  ce  moment,  on  nous  a  désignés  au  peuple  comme 
ennemis  des  prêtres. 

«  Suivant  votre  arrêté  du  2  Juillet,  le  Curé  constitu- 
tionnel nous  avait  désigné  quatre  chapelles  pour  être  fer- 
mées ;  nous  avons  chargé  les  fabriques  de  faire  dépôt  des 
ornements  des  dites  chapelles  à  Téglise.  Un  seul  a  obéi  ; 
il  est  victime  de  sa  désobéissance,  il  n'y  a  pas  de  jours 
qu'il  ne  soit  menacé  de  citoyens  furieux.  Les  mêmes  sont 
venus  à  la  Municipalité,  où  ils  nous  ont  injuriés  et  som- 
més de  rendre  ces  ornements. 

((  Dans  une  paroisse  de  9.000  à  10.000  âmes,  on  ne  trou- 
verait pas  50  bons  citoyens  ;  c'est  une  cruelle  position 
pour  ceux  qui  sont  chargés  de  faire  exécuter  les  lois...  )) 

Cette  charge  ne  devait  pas  peser  longtemps  désormais 
sur  les  épaules  de  M.  le  Maire,  car  aux  élections  munici- 
pales du  mois  de  Novembre  suivant,  les  quelques  Officiers 
municipaux  bons  patriotes  furent  écartés,  et  bientôt, 
comme  il  est  rapporté  dans  un  mémoire  au  Roi  sur  les 
troubles  de  Crozon,  ((  on  vit  s'installer  une  Municipalité 
ignorante  et  perdue  surtout  de  fanatisme  ».  Il  n'y  eut  plus, 
dès  lors,  de  remède  que  dans  l'envoi  de  la  force  armée 
dans  la  presqu'île. 


-  71  - 

M.  Fénigan,  président  du  District  de  Châteaulin,  fut 
chargé  par  le  Département  de  se  rendre  sur  les  lieux  et 
de  requérir  des  troupes  à  Brest  pour  que  force  demeurât  à 
la  loi.  Voici  comment,  le  30  Janvier  1792  (L.  19),  il  rendit 
compte  de  sa  mission  et  de  Tétat  des  esprits  à  Crozon  : 

« 

«  En  conformité  de  votre  arrêté  du  13  du  présent  mois, 
je  remis  à  la  poste  un  réquisitoire  pour  M.  de  la  Bour- 
donnaye,  conduisant  des  troupes  de  ligne  à  Brest. 

(c  Commissaire  nommé  par  le  Directoire,  je  me  suis 
rendu  à  Crauzon  le  dimanche  22;  le  même  jour,  je  fis 
part  au  Conseil  général  de  la  Commune  de  l'objet  de  ma 
mission,  et  lui  rappelai  les  motifs  qui  vous  ont  détermi- 
nés à  commander  une  force  de  cinquante  hommes.  Je  lui 
annonçai  qu'ils  seraient  arrivés  le  lendemain;  mais  le 
lundi  s'écoule,  point  de  troupes  ;  je  m'imaginai  que  les 
vents  en  avaient  contrarié  l'envoi.  Le  mardi,  point  de 
nouvelles.  Le  mercredi,  j'adressai  un  nouveau  réquisi- 
toire à  M.  de  la  Bourdonnaye  ;  point  de  réponse.  Samedi, 
j'envoyai  un  exprès  au  Procureur-Syndic  du  District  de 
Brest  avec  un  troisième  réquisitoire  pour  M.  de  la  Bour- 
donnaye. Hier  soir,  j'ai  reçu  une  lettre  de  M.  Brichet  me 
déclarant  que  M.  de  la  Bourdonnaye,  absent,  n'a  pas  reçu 
mes  réquisitoires,  mais  que  M.  Duvigneau  m'envoie  cin- 
quante hommes.  Rendus  depuis  deux  heures  du  matin, 
ils  viennent  de  Quélern.  Je  les  ai  engagés  à  visiter  sur  le 
champ  les  maisons  où  se  retirent  habituellement  les  prê- 
tres insermentés  de  cette  paroisse.  Le  commandant  vient 
de  me  rapporter  que  toutes  ses  recherches  ont  été  infruc- 
tueuses. Les  bons  citoyens  ne  peuvent  qu'être  profondé- 
ment afQigés  du  peu  de  succès  de  cette  première  tentative. 

«  En  effet,  le  fanatisme  est  passé  à  sa  dernière  période 
dans  cette  paroisse  ;  hier,  j'assistai  à  la  grand'messe,  il  ne 
s'y  trouvait  pas  soixante  personnes.  Samedi,  un  des  pré- 


-  7â  — 

ires  fanatiques,  usurpant  les  fonctions  curiales,  introdui- 
sait une  femme  à  l'église. 

((  Le  Curé  et  le  Vicaire  assermentés  sont  insultés,  et 
point  de  témoins  ;  personne  ne  voudrait  ou  n'oserait  dé- 
poser. Je  dis  plus,  je  tremble  pour  leurs  jours,  si  l'on  ne 
laisse  dans  le  pays  une  garnison  assez  forte  pour  en  impo- 
ser aux  antipatriotes. 

«  Il  la  faut  au  moins  jusqu'au  temps  où  l'on  aura  recou- 
vré les  impositions  et  surtout  enlevé  les  prêtres  forcenés, 
dont  le  souffle  empesté  cause  déjà  tant  de  ravage. 

«  Un  détachement  de  cent  hommes  suffira.  » 

Le  Département  envoyait  en  môme  temps  deux  com- 
missaires, MM.  Guilliers  et  Le  Sévellec,  pour  vaincre  la 
résistance  de  la  Municipalité  et  l'engager  à  livrer  les  prê- 
tres non  assermentés.  Le  Conseil  général  de  la  commune 
répondit  à  cette  invitation  par  la  délibération  suivante  du 
6  Février  1792  : 

«  Le  Maire  requiert  le  Conseil  de  délibérer  sur  l'arrêté 
du  Département  du  31  Janvier  et  la  remontrance  de  MM. 
Guilliers  et  Le  Sévellec,  commissaires  envoyés  à  Crozon. 

((  Le  Conseil  déclare  qu'il  est  étrangement  surpris  de  la 
permanence  et  même  de  l'envoi  d'une  force  armée,  d'au- 
tant plus  inutile  que  la  concorde  n'a  jamais  disparu  de 
ces  climats. 

«  La  non-clôture  des  chapelles  doit  être  imputée  à  l'an- 
cien Conseil. 

((  Qu'il  ignore  absolument  la  résidence  des  prêtres  non 
assermentés  qui  desservaient  ci -devant  la  paroisse. 
Qu'ainsi  il  est  dans  l'impossibilité  d'indiquer  les  endroits 
qu'ils  peuvent  occuper  ;  qu'il  ne  lui  a  jamais  été  porté  la 
moindre  plainte  contre  aucun  de  ces  Messieurs  ;  qu'ils 
n'ont  jamais  reçu  ordre  de  les  faire  arrêter;  qu'ils  ont 
même  reçu  du  Procureur-Syndic  de  Châteaulin,  le  13  Dé- 


-  73  - 

cembre  1791,  une  lettre  ainsi  conçue  :  «  Vous  pouvez 
«  assurer  à  tous  vos  ci-devant  prêtres,- autres  néanmoins 
«  que  ceux  qui  ont  déjà  été  désignés  pour  se  rendre  à 
«  Brest,  qu'ils  pourront  continuer  de  remplir  avec  sécu- 
((  rite  leurs  fonctions  dans  votre  paroisse,  à  condition 
«  qu'ils  n'excitent  aucune  plainte  contre  leur  conduite  et 
«  qu'ils  se  fassent  agréer  de  votre  Curé.  )) 

«  Qu'il  est  dans  l'impossibilité  de  solder  la  troupe, 
attendu  que  la  caisse  est  vide,  que  l'ancien  Maire  est  saisi 
de  l'argent  provenu  de  la  vente  de  M.  d'Ôixant,  ci-devant 
recteur  de  la  paroisse,  qu'il  prie  Messieurs  les  Commis- 
saires de  l'autoriser  à  emprunter  de  l'ancien  Maire  la 
somme  suffisante  pour  l'entretien  des  troupes.  » 

Les  Commissaires  ne  pouvaient  se  contenter  de  cette 
fin  de  non-recevoir,  et  le  8  Février  1792,  ils  insistaient 
près  des  Officiers  municipaux  par  cette  harangue  : 

«  La  permanence  et  le  vagabondage  des  prêtres  non 
assermentés  sur  votre  paroisse,  et  qu'il  est  évident  que 
vous  favorisez,  est  le  principal  sujet  de  notre  mission. 
Leur  saisie,  leur  translation  au  château  de  Brest  sont 
expressément  ordonnés,  tant  par  arrêté  du  31  Janvier,  que 
par  lettres  subséquentes  du  Département,  notamment  du 
6,  où  il  est  dit  :  «  L'enlèvement  des  ecclésiastiques  inser- 

«  mentes  est  très  essentiel »  Nous  nous  en  rapportons 

à  vous  pour  l'exécution  ferme  et  célère  de  cette  mesure 
d'autant  plus  nécessaire  qu'elle  est  absolument  la  seule 
pour  rétablir  le  calme  et  la  confiance  dans  la  paroisse  de 
CrozoD.  Livrez-les-nous  donc.  Messieurs,  nous  vous  le 
conseillons,  nous  vous  en  conjurons  au  nom  d'une  paroisse 
que  vous  écraserez,  ou  si  (ce  que  nous  croirions  aujour- 
d'hui plus  difficilement  que  jamais)  vous  ignorez  actuel- 
lement leur  retraite,  engagez  vous-mêmes  les  citoyens  de 
votre  paroisse  à  les  dénoncer  et  à  nous  indiquer  leur  asile. 

«  Encore  une  fois,  faites  en  sorte  que  nous  ayons  les 


-  74  - 

prêtres  ;  mais  vous  intimerez  de  notre  part  à  M.  Le  Moal^ 
prêtre  octogénaire  de  Crozon,  qu'il  ait  à  vivre  et  à  faire 
ses  fonctions  de  prêtre  où  il  voudra,  dans  la  paroisse  mê- 
me, surtout  en  ce  bourg,  dans  toute  la  sécurité  et  la  liberté 
que  son  grand  âge  et  ses  longs  services  lui  ont  Justement 
acquis.  » 

Ni  ces  prières,  ni  ces  menaces,  ni  cette  concession  faite 
en  faveur  du  vénérable  abbé  Le  Moal,  ne  purent  fléchir  la 
Municipalité  de  Crozon  et  la  déterminer  à  livrer  les  prê- 
tres fidèles  ;  et  le  lendemain,  9  Février  1792,  les  Commis- 
saires, en  envoyant  au  Département  les  différentes  piè- 
ces concernant  cette  affaire,  étaient  réduits  à  avouer  l^r 
impuissance  : 

«  Vous  verrez,  par  les  pièces  ci-jointes,  une  résistance 
que  rien  ne  peut  déconcerter  et  qui  va  chaque  jour  en 
s'opiniàtrant. 

«  Nous  devons  vous  dire  surtout  que,  quant  aux  prê- 
tres, il  est  absolument  inutile  :  i^  que  nous  nous  entêtions 
à  les  vouloir  prendre  de  nous-mêmes,  nous  avons  fait  à 
cet  égard  tout  ce  qu*il  a  été  possible,  informations,  per- 
quisitions, menaces,  promesses  d'argent,  rien  n'a  réussi, 
ils  sont  errant  de  l'un  village  à  l'autre,  de  quartier  en 
quartier,  dans  la  paroisse,  déguisés  sous  toutes  sortes  de 
costumes,  cachés,  protégés  par  tous,  et  spécialement  par 
la  Municipalité,  dont  entr'autres  le  Maire  et  le  Procureur 
de  la  commune  se  feraient  plutôt  égorger  que  de  rien 
faire  contre  les  prêtres.  Cette  Municipalité  est  empoison- 
née de  fanatisme,  toute  entière  très  proche  parente  des 
ecclésiastiques  et  ne  s'est  illégalement  mise  en  place  (car 
les  élections  ont  été  toutes  nulles)  que  par  les  intrigues 
sacerdotales  et  que  pour  les  protéger  et  favoriser. 

«  Sur  quelques  renseignements  que  nous  avaient  don- 
nés quelques  bons  citoyens,  nous  résolûmes,  hier  matin, 


—  75  — 

de  faire  sortir  trois  détachements  de  onze  hommes  cha- 
que, pour  perquérir  Dinan,  Saint-Laurent  et  Poulmic, 
résidences  indiquées  pour  asiles  ;  nous  fîmes  marcher 
deux  Commissaires  de  la  Municipalité  à  la  tête  de  chaque 
détachement.  La  fouille  fut  faite  par  tous  les  villages  indi- 
qués et  autres  ;  rien  ne  fut  trouvé,  à  Texception  de  leurs 
hardes,  leurs  livres,  etc.  Un  détachement  nous  ayant 
dénoncé  un  dépôt  d^armes  trouvé  chez  M.  Dumoulin, 
ancien  sénéchal,  et  y  soupçonnant  quelques  prêtres,  nous 
convînmes  dans  le  secret,  avec  les  chefs  de  la  troupe, 
qu'un  détachement  de  trente  hommes  s'y  rendrait  dans 
la  nuit  avec  Tun  de  nous.  M.  Sévellec  y  fut  ;  on  y  a  trouvé 
des  armes  toutes  chargées  à  balle,  mais  point  de  prêtres  ; 
on  avait  prévenu  de  la  descente. 

«  Ne  pouvant  obtenir  de  prêtres  ni  les  faire  enlever 
nous-mêmes,  nous  avons  dessein,  une  fois  le  paiement  des 
frais  assuré  (1.200  livres  une  fois  payées,  plus  300  livres 
par  jour  jusqu'au  départ  des  troupes),  de  lier  le  Conseil 
général  par  une  transaction,  la  plus  aggravante  et  la  plus 
rigoureuse,  sur  tous  les  objets  d'administration.  C'est, 
dans  la  situation  présente,  le  seul  moyen  de  tirer  le 
Département  avec  la  décence  qui  lui  appartient. 

«  SÉVELLEC,  GUILLIERS.  » 

Le  Département  répondit  à  cette  communication  par 
un  arrêté  du  10  Février,  cassant  le  Conseil  municipal  et 
chargeant  les  Commissaires  de  choisir  «  six  citoyens  des 
plus  recommandables  par  leur  patriotisme,  qui  rempli- 
ront provisoirement  les  fonctions  municipales,  suivront 
avec  activité  le  recouvrement  des  contributions,  l'arres- 
tation des  prêtres  perturbateurs  et  leur  translation  au 
château  de  Brest  ». 

L'on  conçoit  qu'avec  de  telles  dispositions  dans  la  masse 
de  la  population,  le  rôle  de  prêtre  constitutionnel  ne  fût 


—  76  — 

pas  populaire.  M.  Emile  Le  Guillou  de  Penanros,  dans 
son  livre,  V Adminiêtration  du  FinUfère,  1790- Î793,  nous 
dit  qu*à  une  procession  que  dirif^  le  nouveau  curé,  «  les 
prêtres  insermentés  Sizun  et  Raguenez  (1)  vêtus  en  mate- 
lots, s'étaient  placés  en  travers  de  la  procession,  le  cha- 
peau sur  la  tête,  riant  et  se  moquant,  et  criant  en  breton  : 
Ar  c*hure  gant  e  vaz  treus.  Une  autre  lois,  ce  sont  des 
hommes  armés  de  fourches  qui  menacent  le  curé  à  Tau- 
tel  au  moment  où  il  présente  les  reliques  à  baiser.  L'un 
de  ses  vicaires,  sortant  du  cimetière,  est  assailli  par  des 
femmes  qui  fondent  sur  lui  à  coups  de  balais,  le  prennent 
par  les  cheveux  et  le  traînent  dans  la  boue.  » 

Assailli  par  les  réfractaires,  le  Curé  constitutionnel  est 
dénoncé  par  les  patriotes  comme  réactionnaire  et  faisant 
encore  chanter  à  la  messe  le  Salvum  fac  regem  ;  voici 
comment  le  Curé  répondit  à  cette  accusation,  le  23  Juin 
1792  (L.  18)  : 

«  L'un  des  citoyens  militaires  du  troisième  bataillon 
de  rUle-et-Vilaine  dont  nous  avons  ici  un  détachement, 
m'a  fait,  à  la  maison  cammune,  un  reproche  sans  fonde- 
ment, il  m'a  dit  que  le  verset  Domine  salvum  fac  regem  a 
été  chanté  à  la  messe  et  que  si  cela  arrivait  une  autre 
fois,  j'aurais  été  arraché  à  l'autel.  Je  m'abstiens  de  quali- 
fier la  menace  qui  m'a  été  faite  ;  le  reproche  est  sans  fon- 
dement. Longtemps  avant  le  10  Août,  le  verset  en  ques- 
tion se  répétait  trois  fois  en  ces  termes  : 

((  Domine  salvam  fac  gentem, 

((  Domine  salvam  fac  legem, 

((  Domine  salvum  fac  regem. 

u  Depuis  cette  époque  mémorable,  la  troisième  partie  du 
verset  a  été  retranchée.  Je  défie  aucun  homme  vivant  de 


(1)  M.  Ragueoez,  prôtre  originaire  de  Crozon,  avait  quitté  Laodudec 
ppur  résider  daos  sa  paroisse  natale. 


—  77  — 

soutenir  qu*il  ait  entendu  ni  moi  ni  le  vicaire  prononcer 
ces  mots  aristocrates,  Domine  salvum  fac  regem, 

(c  Que  des  tiommes  qui  n'entendent  pas  le  latin  ou  des 
mal  intentionnés  prononcent  des  mots  que  nous  avons 
proscrits,  il  n'est  pas  en  mon  pouvoir  d'empêcher  uii  tel 
abus.  Aux  roots  supprimés,  mon  intention  est  de  substi- 
tuer l'expression  suivante  :  Domine  salvos  fac  cives.  Cer- 
tes la  menace  de  m'arracher  à  mes  fonctions  ne  doit  pas 
m'étre  faite  ;  au  reste,  je  répéterai  demain  la  proclama- 
tion relative  au  verset  qui  se  chante  à  la  messe.  Cette 
répétition  se  fera  demain.  Ce  jour  mémorable  nous  rap- 
pelle qu'un  ami  de  l'égalité  et  du  genre  humain  (S.  Jean), 
fut  victime  du  tiran  Hérode,  dont  la  conduite  scandaleuse 
ne  pouvait  supporter  les  vertus  républicaines  et  l'élo- 
quence mâle  de  l'orateur  du  désert.  » 

Le  Curé  constitutionnel  n'eut  pas  de  peine  à  se  discul- 
per ;  mais  ce  qu'il  importait  davantage,  c'était  d'arrêter 
les  prêtres  insermentés,  et  des  commissaires  furent 
envoyés  à  cet  effet  tout  spécialement  dans  la  presqu'île. 
Voici  comment  ils  rendaient  compte  de  leur  mission,  au 
Département  le  26  Avril  1793  (L.  6)  : 

((  Citoyens  administrateurs, 

«  Nous  avons  déposé  hier  au  Secrétariat  du  District  le 
procès-verbal  de  notre  Commission.  L'approche  d'une 
escadre  ennemie  annoncée  et  par  les  bruits  publics  et 
par  les  journaux,  appelle  toute  votre  attention  sur  les 
moyens  de  mettre  à  l'abri  de  toute  insulte  les  côtes  que 
nous  avons  à  parcourir. 

«  Nous  vous  avions  promis  un  mot  sur  les  prêtres  et 
autres  personnes  suspectes  du  canton  que  nous  avons 
visité.  Nous  avons  remis  au  directoire  du  District  la  note 
des  personnes  suspectes  dont  l'arrestation  nous  paraît 
nécessaire.  Nous  avons  donné  la  chasse  aux  prêtres  de 


—  78  - 

nuit  et  de  jour,  mais  sans  succès,  nous  avons  passé 
entr'autres  la  nuit  entière  de  dimanche  à  lundi  dernier 
en  patrouille  avec  le  commandant  et  12  volontaires  du 
bataillon  qui  est  en  garnison  à  Crozon. 

((  Nous  étions  aussi  accompagnés  du  Maire.  Il  faut  que 
nous  ayons  été  mal  servis  par  nos  guides,  car  nous  n'a- 
vons rencontré  aucun  des  réfractaires.  Le  lundi,  nous 
arrêtâmes  seuls,  dans  un  groupe  de  10  à  12  personnes,  et 
à  la  sortie  du  marché,  un  individu  qui  nous  avait  été  donné 
pour  un  prêtre  ;  nous  le  conduisîmes  devant  le  Curé 
constitutionnel,  qui  nous  assura  que  nous  nous  étions 
trompés  (1).  Nous  le  relâchâmes  en  pestant  un  peu  con- 
tre notre  mauvaise  fortune,  et  nous  aurions  amené  le 
Curé  en  sa  place  s*il  avait  été  moins  patriote.  Il  sera 
absolument  nécessaire  de  délivrer  promptement  le  canton 
de  Crozon  de  ces  prêtres  perturbateurs  qui  l'ont  si  horri- 
blement fanatisé.  Leur  présence  serait  trop  dangereuse 
au  moment  d'une  descente.  On  prétend  que  le  jour  ils  se 
retirent  dans  le  creux  des  rochers.  Lorsque  vous  aurez 
renforcé  la  garnison  de  Quélern,  Crozon  et  Camaret,  il 
faudra  les  mettre  toutes  sur  pied  à  la  fois  et  faire  visiter 
simultanément  les  divers  points  des  côtes.  Il  sera  indis- 
pensable d'associer  à  cette  visite  quelques  patriotes  zélés 
pris  hors  du  canton  pour  plus  de  sûreté  et  qui  connais- 
sent ces  prêtres.  La  nuit,  ils  couchent  tantôt  dans  un 
village,  tantôt  dans  un  autre.  C'est  ce  qui  rend  leur  cap- 
ture si  difficile.  Pour  l'assurer,  il  faudrait  fouiller  presque 
tous  les  villages  ensemble,  ce  qui  est  impossible.  Cette 
fouille,  d'ailleurs,  ne  pourrait  réussir  que  de  jour. 

((  Châteaulin,  26  Avril  1793. 

«  Vos  Commissaires, 

«  Le  Bretton;  Le  Prédour.  » 


(1)  Cet  individu  était  bien  l'abbô  Meillard,  mais  par  ud  gônéreax  scru- 
pale,  le  Curô  coDatitutionnei  feignit  de  ne  le  point  connaître. 


—  79  - 

A  la  fin  de  cette  année,  un  patriote  zélé  de  Crozon  qui 
ne  signe  que  par  des  initiales  réclamait  une  perquisition 
plus  sérieuse  des  prêtres  cachés  et,  pour  la  rendre 
plus  efficace,  proposait  de  prendre  comme  otages,  leurs 
parents  (L.  15)  : 

ff  CrozoD,  le  38  Septembre  1793. 

«  Citoyens, 

«  La  loi  du  14  Août  vous  a  revêtu  d'une  mission  civique 
que  vous  remplissez  sans  doute  avec  un  zèle  infatigable. 
Vous  êtes  chargés  de  propager  Tesprit  public  et  d'alimenter 
au  milieu  de  vos  concitoyens  les  principes  salutaires  de 
l'unité  et  de  l'indivisibilité  du  nouveau  pacte  social  et  par 
une  suite  nécessaire  d'extirper  les  germes  des  funestes 
divisions  qui  ont  jusqu'ici  causé  nos  malheurs.  Ces  causes 
sont  connues  dans  le  canton  de  Crozon.  La  résidence  légale 
mais  continuée  des  hommes  ignorants  et  fanatiques  a  fait 
évidemment  naître  la  ruine  des  nouvelles  loix.  Ils  ont  pris 
à  tâche  de  jeter  un  mépris  odieux  sur  ceux  qui  ont  em- 
brassé  le  culte  de  la  liberté  et  à  diriger  contre  eux  une 
malveillance  dont  l'influence  est  souvent  sentie.  Vous  con- 
naissez, citoyens,  les  hommes  dont  je  vous  parle  ;  ces  hom- 
mes sont  les  prêtres  cachés  dans  l'étendue  de  la  commune 
de  Crozon.  On  leur  avait  confié  un  secret  funeste,  ils  étalent 
sûrs  des  manœuvres  perfides  de  Louis  Capet  et  les  imbé- 
cilles  croyaient  que  la  liberté  ne  pouvait  germer  sur  le 
territoire  français  sans  le  veto  royal.  Ils  bercent  encore 
ceux  qui  ont  eu  la  simplicité  de  les  écouter,  que  la  R.  ne 
tiendra,  et  sot  celui  qui  s'attachera  à  ce  gouvernement 
éphémère.  Vous  le  savez,  citoyens,  des  recherches  multi- 
pliées ont  été  faites  pour  écarter  ces  disséminateurs  des 
principes  erronés,  toutes  ont  été  infructueuses.  Je  vous 
prie,  citoyens,  d'inviter  les  représentants  du  peuple  d'em- 
ployer une  mesure  qui  a  été  mise  en  usage  dans  le  District 
même  de  Châteaulin,  c'est  de  mettre  en  arrestation  quel- 


-  80  - 

ques-uns  des  parents  des  prêtres  qui  sont  sûrement  sur  le 
canton  de  Crozon,  et  quelques-unes  qui  passent  pour  leur 
donner  asile  et  faire  pour  eux  des  provisions.  L'arrestation 
de  ces  individus,  dont  quelques-uns  sont  suspects,  servi- 
ront d'otages  et  ferait  à  nos  prêtres  abandonner  leurs  repai- 
res, surtout  si  les  représentants  pouvaient  suspendre  pen- 
dant un  tems  déterminé  la  peine  capitale  qui  leur  est 
réservée. 

«  Au  reste,  les  représentants  trouveront  dans  leur  sage 
politique  les  moyens  propres  à  purger  le  pays  de  ceux  qui 
rinfectent.  Mon  vœu  est  que  Ton  évite  de  verser  le  sang. 
Ces  malheureux  se  feraient  regarder  comme  martyrs  et 
leurs  partisans  deviendraient  plus  nombreux  et  plus 
énergiques. 

« 

((  Ceux  que  je  propose  de  mettre  en  arrestation  sont  : 
Jean  Hervégan,  du  bourg,  beau-frère  du  prêtre  Cavec  ;  la 
femme  Gabriel  Raguenez,  du  bourg,  mère  du  prêtre  de 
ce  nom  ;  François  Meillard,  de  Leidé,  frère  des  prêtres 
Meillard  ;  le  frère  du  prêtre  Balcon  de  Kerbeneou  ;  Jean 
Herjean,  ofUcier  municipal,  ami  de  ces  prêtres  et  leur 
fournisseur,  de  Kerigou,  près  Morgat  ;  le  vieux  Boussard, 
de  Morgat,  mérite  aussi  une  mention  particulière,  c'est  un 
grand  et  chaud  fanatique,  on  lui  attribue  des  projets  très 
incendiaires. 

«  Je  suis  cordialement  et  avec  fraternité,  citoyen,  votre 
concitoyen. 

«  H.  S.  C.  DE  Cr. 

«  28  Septembre  1793,  Tan  II  de  la  R.  une  et  indivisible.  » 

Quelques  mois  après,  fut  saisi  M.  Raguénès,  sur  l'arres- 
tation duquel,  son  interrogatoire  devant  le  tribunal  nous 
donnera  quelques  renseignements  précis.  (Procédure 
criminelle  de  Tan  II.) 

((  Le  23  Germinal  an  II  (12  Avril  1794)  de  la  République 


—  81  - 

une  et  indivisible,  à  Taudience  publique  du  tribunal  cri- 
minel du  Finistère,  à  laquelle  se  sont  trouvés  Le  Guillou, 
président,  La6nnec,  CreS  et  Guillo,  juges,  a  été  conduit 
de  la  maison  de  justice  (1),  par  deux  gendarmes,  un  par- 
ticulier vôtu  à  la  mode  de  la  campagne,  lequel,  interrogé 
par  le  président  de  ses  surnoms,  âge,  profession,  demeure, 
«  A  répondu  se  nommer  Gabriel  Raguénez,  âgé  de 
trente- trois  ans  écoulés  depuis  le  onze  Janvier,  prêtre 
errant  cà  et  là  dans  la  paroisse  de  Crozon. 

—  ((  Dans  quelles  communes  avez-vous  fait  les  fonctions 
de  prêtre  ?  répond  dans  la  paroisse  de  Landudec,  à  Cro- 
zon, à  Scaër  et  Pouldergat. 

—  «  N*avez-vous  pas  rempli  les  fonctions  curiales  dans 
quelqu'une  de  ces  paroisses  ou  du  moins  celle  de  vicaire? 

—  «  Répond  avoir  rempli  les  fonctions  de  vicaire  à 
Pouldergat  ;  qu'à  sa  sortie  de  cette  paroisse,  il  fut  appelé 
comme  simple  prêtre  à  Landudec,  qu'il  y  remplit  les 
fonctions  de  vicaire,  mais  sans  commission  du  ci-devant 
évêque. 

—  «  A  quelle  époque  avez-vous  quitté  la  commune  de 
Landudec  ? 

—  a  Répond  l'avoir  quittée  trois  mois  avant  qu'on  a 
exigé  le  serment  relatif  à  la  ci-devant  Constitution  civile 
du  Clergé. 

—  «  Avez-vous  prêté  le  serment  exigé  par  l'article  39 
du  décret  du  24  Juillet  1790  ? 

—  M  Répond  n'avoir  prêté  aucun  serment  relatif  à  la 
ci-devant  Constitution  civile  du  Clergé. 

—  «  Avez-vous  du  moins  prêté  le  serment  de  maintenir 
la  liberté  et  l'égalité  exigé  de  tous  les  ecclésiastiques  fonc- 
tionnaires ou  non  fonctionnaires  publics  décrété  par  la 
loi  des  ât  et  23  Avril  1793  ? 

(1)  Rue  Obscure,  c'est-à-dire  rue  Royale,  la  maison  faisant  aogie  comme 
l'on  tourne  dans  la  rue  du  Yerdelet. 

BuLLBTiif  DK  LA  CoMMissioif  DiocisAiNB.  —  7*  année.  6 


—  82  — 

—  ((  Répond  que  non  et  déclare  n'avoir  pas  su  qu'on 
eût  exigé  ce  serment. 

—  «  Avez-vous,  dans  le  courant  de  la  décade  qui  a  suivi 
la  publication  du  décret  des  29  et  30  Vendémiaire,  lait 
votre  soumission  de  vous  remettre  entre  les  mains  des 
administrateurs  de  votre  département  pour  être  déporté? 

—  «  Répond  que  non,  parce  qu'il  n'a  pas  eu  connais- 
sance de  ce  décret. 

—  «  Où  avez-vous  été  pris  ? 

—  «  Répond,  dans  un  courtil  près  d'un  village  nommé 
Gouandour,  en  Crozon. 

—  «  Connaissez-vous  les  nommés  Louis  Rividic  et  Yves 
Kerénec,  de  Gouandour  ? 

—  ((  Répond  les  connaître  depuis  longtemps. 

—  «  Depuis  quand  étiez-vous  caché  chez  eux  ? 

—  «  Répond  qu'il  n'était  pas  caché  chez  eux. 

—  «  Vous  vous  y  étiez  du  moins  retiré  et  vous  en  aviez 
reçu  asile. 

—  «  Répond  n'avoir  fait  que  passer  chez  ces  particu- 
liers et  encore  n'avoir  passé  que  dans  leur  cour,  avoue 
cependant  être  entré  dans  leur  maison  pour  prendre  du 
feu  pour  allumer  sa  pipe  (1). 

—  «  Dans  quelqu'autre  temps  Rividic  et  Kerinec  ne 
vous  ont-ils  pas  donné  retraite  ? 

—  «  Répond  y  avoir  été  quelquefois  comme  ailleurs, 
mais  n'y  avoir  pas  été  longtemps. 

—  «  Où  logiez-vous  le  plus  ordinairement  et  avez-vous 
logé  quelque  fois  chez  Rividic  et  Kerinec. 

—  «  Répond  qu'il  demande  à  être  exempté  de  répon- 

(1)  Nous  appruDODS  par  la  dôpositiOQ  des  témoios  que  M.  Raguôoès, 
lors  de  soo  arrestatioD,  le  21  Germioal  ao  II  (17  Avril  1794),  était  habillé 
en  meunier.  11  fut  arrêté  daos  le  courtil  de  la  maison  par  Joseph  Vrillo, 
grenadier  du  détachement  de  l'Aisne,  mais  qu'aussitôt  deui  femmes,  sor- 
ties en  pleurant  de  la  maison,  saisirent  les  mains  du  grenadier  pour  lui 
faire  lâcher  prise. 


-  83  - 

dre  à  cette  question,  qu*au  surplus,  il  logeait  çà  et  là. 

—  «  Âvez-vous  fait  les  fonctions  de  prêtre  depuis  que 
vous  avez  quitté  la  commune  de  Landudec  ? 

—  ((  Répond  ne  les  avoir  faites  nulle  part  ;  qu'à  sa  sor- 
tie de  Landudec  il  se  rendit  à  Crozon,  où  il  est  né  ;  que, 
tôt  après,  sur  un  arrêté  du  District  de  Châteaulin  rendu 
contre  lui  personnellement,  pour  cause  de  manifestation 
d'opinion  religieuse  non  constitutionnelle,  il  fut  mis  en 
arrestation  à  Brest,  d'où  il  ne  sortit  qu'en  Septembre,  lors 
de  l'amnistie. 

((  Gabriel  Raguénès  signa  son  interrogatoire.  » 

Condamné  à  mort,  M.  Raguénès  fut  exécuté  le  lende- 
main de  la  sentence,  qui  fut  prononcée  sur-le-champ. 

Église  paroissiale 

L'église  paroissiale  a  été  reconstruite  en  1900.  Celle  qui 
la  précédait  devait  remonter  au  commencement  du  xvP 
siècle,  car  elle  offrait  les  caractères  de  cette  époque,  c'est- 
à-dire  de  la  dernière  période  du  style  gothique  dans 
quelques-unes  de  ses  parties,  notamment  dans  le  porche 
Sud,  dans  les  contreforts  et  les  arcades  intérieures. 

Le  clocher  date  de  1866.  Il  est  bien  composé  comme 
base  et  comme  chambre  des  cloches,  mais  il  aurait  gagné 
à  être  couronné  par  deux  ou  trois  dômes  superposés,  au 
lieu  d'être  terminé  par  un  dôme  unique  et  très  obtus. 

On  a  conservé  l'ancienne  chaire  du  xvii*  ou  du  xviii® 
siècle,  assez  remarquable  par  ses  ornements  sculptés  et 
particulièrement  par  ses  quatre  panneaux  en  bas-reliefs: 
Pêche  miraculeuse  ;  —  saint  Pierre  aux  liens,  délivré  par 
un  ange  ;  —  saint  Pierre,  pape,  portant  les  clefs  et  la 
croix  à  triple  croisillon,  entouré  de  prêtres  et  de  fidèles  ; 
—  Crucifiement  de  saint  Pierre. 


—  84  - 

Mais  la  pièce  capitale  dans  cette  église,  c'est  le  retable 
des  Dix  Mille  Martyrs. 

Ces  martyrs,  ce  sont  dix  mille  soldats  chrétiens  cru- 
cifiés sur  le  mont  Ararat,  en  Arménie,  sous  le  règne 
d'Adrien,  120-138.  Leur  histoire  est  racontée  en  détail 
dans  les  grands  Bollandistes  et  dans  les  petits  Bollandis- 
tes  de  Mgr  Guérin,  à  la  date  du  22  Juin,  et  toute  cette 
légende  est  retracée  dans  un  grand  retable  à  volets  com- 
prenant 25  panneaux,  plus  4  autres  où  sont  représentés 
les  quatre  Évangélistes. 

On  y  voit  les  apprêts  et  les  péripéties  du  combat  des 
troupes  romaines  contre  les  barbares  ;  la  retraite  sur  le 
mont  Ararat  de  9,000  soldats,  sous  la  conduite  d'Acare, 
leur  chef,  pour  ne  pas  sacrifier  aux  idoles  et  se  soumettre 
à  la  loi  chrétienne  ;  l'adjonction  de  mille  autres  de  leurs 
compagnons,  qui  porte  leur  nombre  à  dix  mille  ;  leur 
condamnation  ;  leurs  différents  supplices  :  lapidation, 
flagellation,  couronnement  d'épines,  marche,  pieds  nus, 
sur  un  terrain  hérissé  de  pointes  de  fer;  lacération  de 
leurs  flancs  et  de  leurs  poitrines  par  des  piques  et  des 
javelots  ;  et  enfin,  crucifiement  de  la  troupe  entière  sur  la 
montagne,  exécution  à  laquelle  on  employa  trente  mille 
soldats  changés  en  bourreaux. 

Cette  œuvre  de  sculpture,  sans  être  d'une  grande  cor- 
rection, est  tout  à  fait  remarquable  par  le  style,  le  grou- 
pement, le  caractère,  le  costume  et  l'expression  des  per- 
sonnages. M.  le  docteur  Corre  en  a  publié  une  description 
détaillée  dans  VÉcho  paroissial  de  Brest,  année  1901, 
QOB 169-173,  et  il  est  porté  à  l'attribuer  au  commencement 
du  xvi«  siècle,  à  l'époque  de  la  Heine  Anne. 

Cette  église  possédait  aussi  deux  petites  châsses  ou  reli- 
quaires assez  précieux. 

Le  premier  est  en  bronze  ou  cuivre  doré,  en  forme  de 
chapelle  entourée  de  niches  et  de  contreforts  gothiques 


—  83  - 

du  XV*  siècle,  contenaat  1m  statuettes  des  douze  Apôtres. 
Il  mesure  0  m.  20  de  long  sur  0  m.  12  de  large  et  0  m.  40 
de  haut,  et  porte  cette  inscription  :  Oottzien  faic  faire  cesté 
reliquaire  en  loneur  de  Diêu  ManHeur  Saint  Pierre  aveeq 
dix  mille  martyrs  et  pour  la  paroisêe  de  Crau&on, 

Est-il  contemporain  du  retable,  ou  le  culte  des  dix 
mille  martyrs  dans  la  paroisse  est-il  antérieur  à  cette 
œuvre  de  sculpture  ? 

Le  second  reliquaire  est  plus  grand,  en  bois  noir,  orné 
de  gaines,  cariatides,  cartouches,  médaillons,  corniches 
et  crêtes  en  argent  repoussé,  dans  le  style  Louis  XIII. 

Il  contient  des  reliques  de  : 

Saint  Valentin,  martyr. 

Saint  Félix,  martyr. 

Sainte  Candide,  vierge. 

Saint  Valentin,  prêtre  martyr. 

Saint  Vincent,  martyr. 

Saint  Prétextât,  martyr. 

Sainte  Justine,  vierge  et  martyre. 

Saint  Sévère,  martyr, 

Saint  Innocent,  pape  et  martyr. 

Puis  12  reliques  plus  récentes. 

Un  état  du  cancel  de  Téglise,  dressé  en  1776,  lors  de 
la  mort  de  M.  du  Bandiez,  recteur,  par  Julien  Barthelemi 
David,  ingénieur  en  chef  des  Ponts  et  Chaussées,  nous 
donne  quelques  renseignements  sur  la  disposition  du 
chœur  et  de  son  ornementation  à  cette  époque  (Archives 
départementales)  : 

«  Le  chœur  a  36  pieds  de  longueur  du  pignon  du  sanc- 
tuaire au  Levant  jusqu'à  la  grille  en  bois  vers  le  Couchant 
séparant  le  cancel  de  la  nef,  sur  23  pieds  de  largeur.  Les 
bas  cdtés  ne  dépendent  pas  du  cancel  et  les  chapelles  du 
Rosaire  et  des  Martyrs  sont  prohibitives  à  la  charge  des 
différents  seigneurs  à  qui  elles  appartiennent. 


-  86  - 

((  Les  murs  des  côtés  du  cancel  ont  20  pieds  de  hauteur 
au-dessus  du  sol  et  sont  formés  à  droite,  côté  Nord,  par 
cinq  arcades  d'environ  5  pieds  d'ouverture  chacune,  et  le 
côté  gauche  Midi,  par  quatre  arcades  d'environ  6  pieds 
d'ouverture  et  de  12  pieds  de  hauteur. 

«  Sous  l'intrados  de  la  clef  de  voûte  des  arcades,  qui 
sont  à  peu  près  en  plein  cintre  et  supportées  par  des 
piédroits  et  piliers  ronds  et  partie  à  pans  qui  ont  à  peu 
près  18  pouces  de  diamètre  chacun. 

((  Dans  le  pignon  du  sanctuaire,  est  un  vitrail  de  11  pieds 
de  largeur  sur  17  de  hauteur  lequel  est  garni  d'entrelacs, 
roses  et  soufflets  supportés  par  des  piliers  de  pierre  de 
taille. 

((  Il  n'y  a  point  de  mur  séparant  le  chœur  de  la  nef, 
mais  un  tirant  en  bois  supportant  le  Christ,  et  au-dessous 
est  une  balustrade  séparant  le  chœur  de  la  nef. 

«  L'autel,  en  bois,  est  simple  avec  tabernacle  et  dôme 
au-dessus,  le  tout  d'ordre  corinthien  couronné  d'un  atti- 
que,  avec  vases  et  petites  figures  ;  le  dit  autel  est  accom- 
pagné de  deux  grandes  colonnes  d'ordre  corinthien  en 
bois,  portant  deux  grandes  statues  en  bois  de  grandeur 
colossale  qui  supportent  le  dais  au-dessus  de  l'autel.  » 

Nous  savons,  par  un  aveu  de  1664  (E.  293),  que  Anne 
du  Hirgarz,  dame  du  Breuil,  épouse  de  Louis  de  Lesac, 
chevalier,  possédait,  à  cause  de  la  terre  de  Hirgarz,  en 
l'église  de  Crozon  :  «  Une  tombe  enlevée  au  milieu  du 
chœur,  joignant  de  temps  immémorial  le  balustre  du 
grand  autel,  lors  depuis  douze  ans  que  le  maître-autel 
a  été  porté  joignant  le  pignon  et  la  vitre  orientale  de  la 
dite  église,  à  cause  de  quoi  elle  se  trouve  éloignée  du  dit 
balustre  d'environ  trois  pieds.  La  tombe  est  armoyée 
d'écusson  portant  trois  pommes  de  pins  qui  sont  les  armes 
du  Hirgarz  ;  dans  le  soufflet  de  la  principale  vitre,  elle 
a  deux  écùssons  :  d'or  à  8  pommes  de  pins  d'cusur,  et  au 


—  87  — 

bas  de  la  dite  vitre,  côté  de  TEpttre,  deux  jours  où  se 
voient  deux  priants  dont  les  cottes  d'armes  sont  chargées 
des  mêmes  armes.  » 

On  voyait  autrefois,  dans  la  nef  de  Féglise  de  Crozon, 
le  mausolée  en  kersanton  d'un  ancien  Sgr  de  Gouandour. 
Ce  mausolée,  orné  d'écussons  représentant  les  armoiries 
et  alliances  de  ce  seigneur,  a  été  détruit  parce  qu'il  gênait 
la  marche  des  processions.  M.  de  Mesmeur  en  a  recueilli 
les  débris  et  Ta  restauré  dans  un  bosquet  de  son  jardin 
de  Lescoat. 

Albert  le  Grand  (p.  58)  dit  que,  de  son  temps,  les  pa- 
roisses voisines  de  Landévennec,  Crozon  entre  autres, 
étaient  tenues  d'aller  à  certains  jours  chanter  des  servi- 
ces dans  l'oratoire  du  roi  Gradion,  pour  le  repos  de  son 
âme. 

Chapelles 

Les  chapelles  de  Crozon  étaient  fort  nombreuses,  et 
une  lettre  de  1745  (H.  83)  nous  apprend  qu'il  y  avait, 
dans  cette  paroisse,  dix-huit  chapelles  desservies  par  les 
prêtres  de  Crozon,  «  qui  se  trouvent  tous  à  la  grand'messe 
de  la  mère  église  ;  ces  prêtres  n'ont  d'autre  salaire  que 
les  quêtes  que  chacun  fait  dans  l'arrondissement  de  sa 
chapelle  ». 

P  Chapelle  de  Baint-Jean. 

Cette  chapelle,  d'origine  très  ancienne,  a  été  presque 
entièrement  refaite  à  l'intérieur,  du  moins  l'on  n'y  trouve 
que  des  dates  du  xvii^»  siècle. 

Au  bas  du  clocher  : 

4617  . 1  .  KANGVIADER. 
1630  .  G.  SENECHAL. 


—  88  - 

Au  bas  du  pignon  du  transept  Midi  : 

lAN  .  BLOAS  .  FABRIQUE  .  1627. 

Au  pignon  d'une  fenêtre  Midi  : 

1645  .  MEILAR  .  ALLAIN  .  FAB. 

Dans  la  clôture  en  bois  de  l'arc  triomphal  : 

1621  .  FAICT  :  FAIRE  :  PAR  :  M  :  B  :  LE  :  BROIER  :  P" 

GADRON  :  KAVDREN  .  F. 

A  rintérieur,  séparant  la  nef  du  chœur,  est  une  sorte 
d'arc  triomphal,  arcade  romane  assez  lourde,  du  xp  siècle, 
et  offrant  beaucoup  d'analogie  avec  une  arcade  semblable 
dans  la  chapelle  de  Saint- Jean  Pont-Men  ou  9ur  BHon,  en 
Riec,  et  qui  dépendait  des  templiers  ou  des  hospitaliers 
de  Saint-Jean. 

Près  de  la  chapelle  sont  deux  fontaines,  dont  Tune  très 
ancienne,  et  l'autre  surmontée  d'un  édicule  du  xyii<^  siè- 
cle. 

Cette  chapelle  est  située  au  Léîdé. 

2o  Saint-Jean  de  la  Palue, 

Autre  chapelle  dédiée  à  saint  Jean,  et  que  son  état  de 
délabrement  fit  dégrever  au  rôle  des  décimes  en  1781. 

do  La  Magdeleine, 

Chapelle  attenante  au  presbytère  ;  elle  servait  à  faire 
l'école  en  1806  ;  en  1811,  le  Curé  en  fit  l'abandon  à  la  com- 
mune, pour  que  celle-ci  se  chargeât  des  réparations  du 
presbytère. 

49  Saint'Michel. 
Près  de  Dinan,  existe  encore. 


-89- 

5o  Notre-Dame  de  Por$-8cUud. 

Était  la  chapelle  la  plus  imposée  au  rôle  des  décimes, 
et  recevait,  dès  lors,  le  plus  d'offrandes.  Elle  était  en  rui- 
nes en  1804. 

6°  SaifU-Hemot. 

A  la  pointe  de  la  Chèvre  ;  elle  est  appelée  de  Saint-Hervé 
au  rôle  des  décimes.  En  1805,  on  la  réclame  comme  très 
nécessaire  pour  le  service  paroissial. 

?>  Saint-Julien. 

Chapelle  du  côté  de  Camaret,  dont  on  réclame  l'ouver- 
ture, en  1804,  comme  très  utile  à  ce  quartier. 

8^  Saint' Nicolas. 
En  ruines  et  déchargée  au  rôle  des  décimes  dès  1781. 

9°  Saint  Quénoîé. 
Dégrevée  au  rôle  des  décimes,  en  1781. 

IQo  Saint-Philibert. 

,  Que  le  rôle  des  décimes  appelle  mal  à  propos  Saint-Phi- 
lippe. Demandée  comme  chapelle  de  catéchisme  en  1805. 

i/o  Saint-Laurent. 

Chapelle  en  ruines  en  1805  ;  mais  les  voisins  en  deman- 
daient la  reconstruction. 


-90  - 

II  y  avait  en  outre,  sur  cette  paroisse,  les  chapelles  de 
Saint-Fiacre,  Saint-Sébastien,  Sainte-Barbe,  Saint-Gil- 
das,  Sainte-Marine,  Saint-Germain,  Saint-Louis  de  Ké- 
lern,  sans  compter  les  chapelles  de  Sainte-Anne  et  de 
Saint-Joseph  de  Lanvéoc. 


Monuments  anciens 

Le  bourg  de  Crozon  (1)  contient  plusieurs  maisons 
anciennes  ;  beaucoup  sont  dans  le  style  de  la  Renais- 
sance. 

Son  église  date  du  xvi«  siècle,  mais  le  portail  et  la  tour 
du  clocher  sont  un  peu  moins  anciens. 

Sur  la  porte  qui  est  au  pied  de  la  tour,  on  lit  : 

EN  L'AN  1602  A.  P.  KERAUDREN  FABRIQUE 

et  au  côté  gauche  sont  écrits  les  noms  : 

A.  SENECHAL 
P.  ANIBRAS 
R.  GALLOU 

Dans  le  campanile  du  clocher,  on  voit  cette  inscription  : 

H.  LE  DU  FABRIQUE  .  J  :  LE  BRAZ  .  BE  :  GRENOU 

L'AN  1615 

* 

«  Dans  l'embouchure  de  la  petite  rivière  de  Laber  ou 
de  Saint-Laurent,  est  un  petit  îlot  assez  élevé,  sur  lequel 
on  voit  les  vestiges  d'une  de  ces  antiques  tours  isolées  qui 
furent  les  premières  forteresses  féodales.  La  terre  relevée 
sur  les  fondations  en  marque  encore  l'enceinte,  qui  paraît 

Fréminyille,  n,  p.  ^. 


-  91  - 

avoir  été  pentagone  ;  une  coupure,  qui  d'un  côté  inter- 
rompt cette  enceinte,  en  désigne  la  porte  d'entrée.  Je 
remarquai  que  Tintérieur  de  la  tour  avait  été  partagé  en 
deux  par  un  mur  de  refend  en  maçonnerie,  dont  la  base 
paraît  encore  à  fleur  de  terre  ;  elle  est  environnée  d'un 
fossé. 

Cette  tour  parait  avoir  été  établie  dans  la  petite  tle  de 
Labef,  contre  les  entreprises  des  pirates  normands  ;  elle 
est  appelée  dans  le  pays  a  château  du  Mur  ))... 


La  Palue. 

«  Il  y  a  une  trentaine  d'années,  dit  M.  Bourassin,  vers 
1840  (1),  plusieurs  dunes  de  sable,  de  l'anse  de  la  Palue  ou 
de  Losmarch,  furent  déplacées  à  la  suite  d'une  violente 
tempête,  et  mirent  à  découvert,  au  milieu  de  fragments 
de  tuiles  à  rebord  et  de  tessons  de  poterie  de  l'époque 
gallo-romaine,  un  grand  nombre  de  squelettes  d'hommes, 
de  femmes  et  d'enfants  de  tout  âge,  régulièrement  rangés 
les  uns  près  des  autres  ;  leurs  bras  étaient  étendus  le  long 
du  corps,  et  leur  tète  reposait  sur  une  pierre  plate.  Il  était 
évident  que  ce  lieu  avait  été  le  théâtre  d'une  catastrophe 
dans  les  premiers  siècles  de  notre  ère.  Les  uns  attribuè- 
rent ce  désastre  à  une  maladie  contagieuse,  d'autres  à 
une  descente  de  pirates  sur  ce  point  de  la  côte,  où  les 
vestiges  d'un  établissement  gallo-romain  sont  encore 
visibles.  Cependant,  aucun  des  squelettes  ne  portait  de 
traces  de  mutilation. 

((  Pour  moi,  je  n'hésite  pas  à  croire,  avec  mon  ami 
Durocher,  ingénieur  des  mines  à  Rennes,  que  la  catas- 
trophe dans  laquelle  périrent  tant  d'êtres  humains  fut 

(1)  Bulletin  de  la  Société  Ârck,,  t.  I,  p.  55. 


—  94  — 

«  A  une  demi-lieue  dans  le  Sud  de  ce  menhir,  j'en  vis 
quatre  autres  fort  gros,  mais  moins  élevés  et  comme 
groupés  ensemble.  Ils  étaient  accompagnés  d'un  petit 
dolmen.  » 

M.  du  Chfttellier  signale,  à  la  pointe  du  Château  de  Dinan, 
un  dolmen  en  partie  détruit,  et  des  chambres  à  ciel  ouvert. 

Pointe  de  la  Chèvre  (i). 

«  A  200  mètres  Sud  de  Saint-Norgat,  tumulus  de  2  mè- 
tres de  haut  et  25  mètres  de  diamètre.  Exploré  en  1883, 
il  nous  a  donné  une  chambre  intérieure  construite  en 
pierres  sèches  recouvertes  d'une  table  dolménique.  Cette 
belle  sépulture  mesurait  2  m.  30  de  long  sur  0  m.  92  de 
large  et  1  m.  30  sous  plafond,  contenait  sept  dépôts  de 
restes  incinérés  placés  sur  sept  dalles  posées  sur  le  fond 
de  la  sépulture,  sans  mobilier  funéraire. 

«  A  300  mètres  au  Sud  du  village  de  Saint- Hernot, 
tumulus  de  2  m.  50  de  haut  et  20  mètres  de  diamètre. 
Fouillé  en  1883,  il  contenait  trois  sépultures  formées  de 
pierres  placées  de  champ  en  terre,  recouvertes  de  dalles. 
Elles  ont  donné  des  restes  de  squelettes,  des  poteries  bri- 
sées, une  hache  en  pierre  polie,  des  éclats  de  silex  et  des 
percuteurs.  ))  (Musée  de  Kernuz.) 

Dolmen  de  Rostudel,  à  la  pointe,  et  un  menhir  à  200  mè- 
tres à  rOuest  du  dolmen. 

Kercolleoch  -  MontourgarcL  (S) 

«  Entre  la  pointe  de  Morgat  et  celle  de  Saint-Hernot, 
sur  le  flanc  Sud  d'une  colline  inculte  qui  dépend  du  vil- 
lage de  Montourgard,  est  une  forteresse  (celtique?)  de 

(1)  M.  du  Chalellier. 

(2)  BuUain  de  la  Société  àrch.,  Vf,  p.  97. 


—  95  - 

construction  cyclopéenne  extrêmement  remarquable. 
L'enceinte  principale,  dont  le  plan  donne  un  rectangle 
de  18  mètres  sur  10  m.  40,  est  entourée  de  murs  d*une 
épaisseur  moyenne  de  1  m.  25,  formés  de  blocs  de  pierre 
non  taillés,  dont  quelques-uns  ont  1  m.  60  de  hauteur  ; 
ceux  qui  composent  la  première  assise  sont  simplement 
plantés  dans  le  sol  les  uns  près  des  autres  et  disposés  sur 
deux  rangs  qui  se  touchent.  D'autres  pierres  étaient  en- 
tassées sur  cette  première  assise. 

((  A  l'intérieur,  sont  les  substructions  de  l'habitation 
du  maître  ;  elle  consistait  en  un  donjon  ou  tour  rectan- 
gulaire de  7  m.  30  sur  6  m.  50  de  côté,  dont  les  murs 
étaient  construits  par  le  môme  procédé  que  ceux  de  l'en- 
ceinte. 

«  De  cette  enceinte  partent,  dans  la  direction  de  l'Ouest 
et  du  Sud,  des  lignes  de  pierres  plantées  assez  rappro- 
chées qui  forment  une  succession  d'enceintes  secondaires 
dont  il  n'est  pas  facile  de  préciser  la  destination.  Il  est 
impossible  de  donner,  par  une  simple  description,  une 
idée  de  l'ensemble  de  ce  curieux  monument,  probable- 
ment unique  en  France  ;  mais  il  est  à  désirer  qu'on  en 
fasse  faire  un  plan  le  plus  tôt  possible,  car  au  mois  d'Oc- 
tobre 1873,  époque  de  ma  dernière  visite,  on  avait  brisé, 
du  côté  de  l'Ouest,  un  assez  grand  nombre  de  pierres 
pour  en  faire  des  clôtures  »  (1). 

En  1830,  M.  Fréminville  voyait,  dans  ce  monument, 
«  un  sanctuaire  druidique  dont  les  alignements  s'éten- 
dent entre  la  pointe  Saint-Hernot  et  celle  de  Morgat  ;  le 
principal  de  ces  alignements  a  1.100  pieds  d'étendue  vers 
l'Ouest,  il  forme  un  angle  obtus  et  aboutit  à  une  enceinte 
trapéziforme  ayant  une  avenue  de  pierres.  Tout  à  côté  et 


(1)  M.  du  ChateDier  a  acheté  ce  moDumeDt  pour  le  préserver  de  la 

tÎAn. 


deitnictioQ. 


—  de- 
hors rang,  est  une  autre  enceinte  carrée  formée  d*un  dou- 
ble rang  de  pierres  plantées  très  serrées  les  unes  contre 
les  autres  et  assez  élevées.  Cette  enceinte  porte,  dans  la^ 
contrée,  le  nom  vulgaire  de  a  maison  du  Curé  ». 

Landaaudêc. 

M.  de  Fréminville  voit,  dans  les  alignements  de  pierre 
de  Landaoudec  les  traces  d'un  temple  druidique  qu'il 
décrit  ainsi  : 

((  Ce  sanctuaire  est  établi  dans  une  lande  qui  avoisine 
un  chemin  conduisant  de  Lanvéoc  au  manoir  de  Lescoat  ; 
quelques  gros  blocs  de  pierre  et  trois  menhirs  dispersés 
en  annoncent  rapproche.  Deux  rangs  parallèles  de  pier- 
res, les  unes  plantées,  les  autres  posées  simplement  sur 
le  sol,  forment  une  espèce  d'allée  ou  d'avenue  longue  de 
77  toises  et  qui  conduit  à  l'angle  oriental  de  la  première 
enceinte. 

«  Cette  enceinte,  de  figure  triangulaire,  est  formée  par 
des  blocs  de  pierre  posés  ou  plantés  debout  ;  deux  des 
côtés  du  triangle  sont  droits,  le  troisième  est  un  segment 
de  cercle,  c'est  celui  du  Nord  ;  celui  du  Sud  a  64  toises 
de  longueur,  et  celui  de  l'Ouest,  qui  forme  avec  lui  un 
angle  droit,  en  a  26.  C'est  sur  ce  dernier,  composé  de  10 
pierres,  que  l'on  remarque  deux  menhirs  plantés  à  côté 
l'un  de  l'autre  et  paraissant  marquer  une  espèce  de  porte; 
l'un  a  7  p.  1/2,  l'autre  6  p.  1/2  de  hauteur. 

((  A  cette  enceinte  triangulaire  est  adjacente,  du  côté 
de  l'Occident,  une  seconde,  qui  est  de  flgure  carrée,  et  a 
avec  la  première  un  côté  commun.  Ce  carré,  formé  de 
blocs  plantés  ou  posés,  a  34  toises  de  l'Est  à  l'Ouest,  et 
26  du  Nord  au  Sud. 

«  De  l'extrémité  Sud,  du  côté  qui  lui  est  commun  avec 
l'enceinte  triangulaire,  part  une  rangée  de  pierres  for- 


-  97  - 

mant  le  demi-cercle,  et  au  bout  de  laquelle  se  voit  le 
dolmen  ou  autel  dépendant  du  temple. 

«  Tout  auprès,  et  à  FOrient  de  ce  monument,  on  voit  un 
alignement  composé  de  63  pierres  peu  élevées  et  rappro- 
chées les  unes  des  autres  ;  il  se  dirige  d*abord  en  ligne 
droite  du  Sud  au  Nord,  mais  prend  à  son  extrémité  une 
légère  courbure.  Cet  alignement  semble  avoir  fait  partie 
d'une  enceinte  particulière  qui  entourait  un  terrain  tout 
couvert  de  grosses  pierres  simplement  posées  sur  le  sol, 
et  que  nous  regardons  comme  marquant  autant  de  sépul- 
tures. 

«  Le  menhir  de  Landaoudec  est  entouré  de  pierres 
celtiques  dispersées  sans  ordre,  mais  qui  sont  trop  voi- 
sines du  temple  que  nous  venons  de  décrire,  pour  n*en 
pas  avoir  fait  une  dépendance.  On  y  voit  trois  menhirs, 
Tun  haut  de  9  p.  1/2,  l'autre  de  7  pieds,  et  le  troisième  de 
8.  Ce  dernier,  qui  est  dans  le  Sud  du  moulin,  est  remar- 
quable en  ce  qu'il  a  été  fendu  verticalement  en  deux. 

((  A  300  ou  400  toises  dans  l'Est  du  sanctuaire,  on  trouve, 
sur  le  Tcrsant  d'une  petite  vallée,  un  dolmen  bien  con- 
servé, composé  de  sept  pierres  qui  soutiennent  une  table 
massive  de  8  pieds  de  surface.  Ce  dolmen  dépendait  peut- 
être  du  monument  de  Landaoudec. 

«  Le  manoir  de  Landaoudec,  situé  à  peu  de  distance  du 
temple  druidique,  est  aujourd'hui  très  dégradé  et  converti 
en  ferme  ;  il  peut  avoir  été  bâti  à  la  fin  du  xv®  siècle,  mais 
rien  n'annonce  qu'il  ait  jamais  été  considérable. 

((  Dans  une  montre  à  Quimper,  en  1562,  un  sieur  .de 
Landaoudec  se  présentait  pour  servir  en  qualité  d'arque- 
busier à  cheval,  ce  qui  lui  supposait  un  revenu  assez 
élevé.  » 

M.  Le  Men  (1)  remarque  que  «  le  monument  de  Lan- 

(1)  BuUeUn  de  la  Société  Àreh.,  IV,  p.  93. 
BuLLBTiH  Di  LA  Goiiiiissioif  DiocisAiNB.  —  7*  aimôe.  7 


—  98  — 

daoudec  a  été  fort  mutilé  depuis  ^époque  où  M.  de  Fré- 
minville  en  a  donné  la  description  pour  la  première  fois. 
En  1855,  M.  Le  Bastard  de  Mesmeur,  de  Crozon,  se  trou- 
vant sur  les  lieux  au  moment  où  Ton  venait  de  renverser 
un  des  menhirs  de  ces  alignements,  découvrit,  au  fond 
de  la  cavité  d'où  on  l'avait  retiré,  une  belle  hache  en  dio- 
rite.  » 

FilMILLES  NOBLES  DE  LA  PAROISSE  DE  CrOZON 

Autret,  S>^  de  Landeadec  :  d'or  à  cinq  trangles  ondes 
WazuT  ;  devise  :  Dre  ar  mor, 

Bohier,  S'  de  Trébéron  :  d^or  au  lion  d'aeur. 

Coetquelven,  S'  de  Kerioul  :  d'argent  à  la  quintefeuHU 
de  eable  ;  devise  :  Beea  e  peo&h. 

Gentil  (le  S'  de  Quelern)  (1)  :  d'aeur  au  serpent  volant 
d'or;  devise  :  Spargit  unde  quaque  venénum,  et  Suis  nUitur 
alis. 

Gouandour,  S'  de  Cléguer  :  d'argent  à  8  chouettes  de 
sable  becquées  de  gueules. 

Goulaine,  S'  de  Poulmic  :  mi  parti  d'Angleterre  et  de 
France;  devise  :  De  cettuy  ci,  de  cettuy  la,  j'accorde  les 
couronnes. 

Goulhezre,  S'  de  Tremet  et  Trébéron  :  d'or  au  chevron 
d'aeur  accompagné  de  3  trèfles  de  même. 

Han  (du)  marquis  de  Poulmic  :  émargent  à  la  bande 
fuselée  de  sable,  soutenant  un  lion  momé  de  gueules. 


(1)  M.  de  Bosmorduc  dous  signale  une  errear  d'Ogée,  qui  attribue  tu 
XV  iiècle  la  propriété  du  manoir  de  Kerlern  ou  Quelern  à  un  Le  Gentil. 

c  Ce  manoir  appartenait  jadis  aux  Goulhezre  ;  Jean  de  Goulhezre  épousa, 
en  1635,  Marguerite  Bospiec,  dont  il  laissa  une  fille,  Françoise-Esther 
Goulhezre,  dame  de  Kerlern,  mariée  à  Tanguy  Le  Gentil,  sieur  de  Peo- 
cran.  Leurs  descendants  ont  porté  le  nom  de  Kerlern,  devenu  Quélem, 
jusqu'en  1843,  année  de  la  mort  de  M.  le  baron  Le  Gentil  de  Quelern, 
maréchal  de  camp  du  génie.  » 


—  99  — 

Henry,  S'  de  Kerhouatenant  :  dé  sablé  à  VaigU  éployéé 
d'argent. 

Hemery,  S'  de  Lanvagen  :  d'or  à  8  chouetteê  de  sablé, 
mémbrées  et  becquées  d'or,  qui  est  Cavan,  un  annelet  de 
sable  tn  àHAtM,  alias  à  la  bordure  de  gueules. 

Mathieu,  abbé  de  Landévennec,  mort  en  1496,  était 
de  cette  famille. 

Hirgarz  (de)  :  d'or  à  3  pommes  de  pin  d'cusur. 

Jacob,  S'  de  Kerigon  et  de  la  Villeneuve  :  de  gwules  au 
chevron  d'argent  accompagné  de  S  eoquUles  de  même. 

Jar  (Le),  S' de  Treyer  :  d'argent  à  la  poule  de  sable  crêtée 
et  barbelée  de  gueules,  becquée  et  mêmbrée  d^or. 

Kerdrein  (de)  S'  de  Kerbiriou  et  deTrébéron  :  d^her- 
mines  au  chef  endanché  de  sable. 

Kei^uiziau,  S'  de  Kerbiriou  :  d'atsur  à  3  têtes  d'aigle 
(alias  d'épervier)  arrachées  d^ùr;  devise  :  8pes  in  Deo. 

Kerlenguy  (du),  S'  de  Landaoudec  et  de  Poulpatré  : 
d'argent  à  V aigle  de  sable. 

Laurens,  S'  de  Kerlenguy  :  d'or  au  sanglier  de  sabU. 

Léon,  vicomte  de  Léon,  comte  de  Crozon  :  d'or  au  lion 
momé  de  sable,  qui  est  Léon  ;  à  la  bordure  chargée  de  onze 
annélets  en  orle,  comme  marque  de  juveigneurie. 

Languéouez  (de),  S'  de  Kerbiriou  :  fascé  onde  d'or  et 
d^asur,  au  chef  de  gueules;  devise  :  Fini  patitur  qui  vincere 
dUeU. 

Moëlien,  S'  du  Gouandour  :  d'asur  à  un  anneau  d'ar- 
gent, touché  et  environné  de  trois  fers  de  lance  de  même  ; 
devise  :  Bell  Poble. 

Palud,  S'  de  Kervoazec  :  d'argerU  à  deux  fasces  ondées 
d'agur  accompagnées  de  3  étoiles  de  même. 

Pentrez,  S*"  de  Rostellec  :  d^or  au  greslier  d'asur  lié  de 
gueules. 

Porte  (de  la),  marquis  de  Poulmic  et  comte  de  Crozon  : 
de  gueules  au  croissant  d'hermines. 


-  lôo- 

René,  conseiller  au  Parlement  en  1653,  épouse  Anne- 
Marie  du  Ham,  dame  de  Crozon,  dont  Anne-Marie, 
dame  d^Artois  et  de  Crozon,  mariée  en  1684  à  Louis 
Rousselet,  marquis  de  Châteaurenault,  vice-amiral  et 
maréchal  de  France. 

Poulmic,  Sr  de  Keramprovost  et  de  Lescoat  :  échiqueté 
d^ argent  et  de  gueules,  le  premier  échiquier  chargé  d'un 
annelet  de  sable  pour  la  branche  de  Loumérol  ;  devise  : 
De  bien  en  mieux,  alias  :  Espoir. 

Plœuc  (de),  S'  de  Poulmic  :  d'hermines  à  trois  chevrons 
de  gueules. 

Trédern  (de),  S'  de  Kerbiriou  :  échiqueté  d'or  et  de 
gueules,  au  franc  canton  fascé  d^ argent  et  de  gueules  ; 
devise  :  Ea  souez  ve.  Quelle  surprise  ce  serait. 

Curés  de  Crozon  depuis  le  Concordat 

1803-1804.  Alain  Desmoulin,  de  Crozon. 

1805-1809.  Antoine-Adrien  Mauduit  du  Plessix,  de  Poul- 

dergat. 
1809-1820.  Bernard  Doucin,  né  à  Quimper,  en  1759. 
1820-1824.  François -Marie  Lescop,  né  à  Plouguerneau, 

en  1791. 
1824-1829.  Jacques  Balcon,  né  à  Crozon,  en  1761. 
1829-1838.  Yves  Le  Pape,  né  à  Lopérec. 
1838-1864.  Pierre  Grall,  né  à  La  Feuillée. 
1864-1872.  Sébastien  Quéré,  né  à  Goulien. 
1872-1876.  François-Joseph  Prigent,  né  à  Lanmeur. 
1876-1896.  Jean-Marie  Hameury,  né  à  Guimaêc. 
1896.  Pierre-Louis  Le  Jacq. 


—  loi  — 

Vicaires 

Mignon. 

Meillard. 

Correoc. 

Carn. 

Balcon. 

Paugam. 

Tutor. 

Julien. 

Chansy. 

Guillaume  Keruzec. 

Onneau  Pellen. 

Jean-Pierre  Michel. 

1818. 

René  Le  Guen. 

1819. 

François  Le  Rest. 

1819. 

Guillaume  Rivoal. 

1820. 

Yves  Le  Coent. 

1820. 

Clet  Carval. 

1821. 

Olivier  Cantinat. 

1821. 

Jean-Marie  Quéméner. 

1821. 

François  Goarant. 

1822. 

Hervé  Goasguen. 

1823. 

Jean  Le  Hann. 

1823. 

François  Le  Borgne. 

1824. 

François  Silliau. 

1824. 

Jean  PenduS. 

1825. 

Tanguy  Guéguen. 

1826. 

Claude  Maguer. 

1827. 

François  Marc. 

1829. 

Alain  Martin. 

1830. 

Jean  Le  Bloas. 

1830. 

Louis  Caradec. 

1831. 

Jean  Soucet. 

-  102  - 

1832. 

François  Mérer. 

1833. 

François  Madec. 

183S. 

Joseph  Le  Guen. 

1836. 

Hippolyte  Corre. 

1838. 

Vincent  Le  Courant. 

1838. 

Jacques  NicoL 

1839. 

Hervé  Guéguen. 

1840. 

Claude  Le  Néa. 

1840. 

Laurent  Baron. 

1841. 

Michel  Le  Férec. 

1841. 

Guillaume  Le  Dérofl. 

1844. 

Jean  Castrée. 

1844. 

Jean  Ronvel. 

1849. 

Jean  Gourmelon. 

1853. 

François  Thomas. 

1854. 

Toussaint  Nédélec. 

1857. 

Yves  Thomas. 

1858. 

Jean  Le  Bras. 

1859. 

Jean  Rolland. 

1859. 

Jean-Marie  Cloarec. 

1861. 

Joseph  Odeyé. 

1863. 

Jean  Cadiou. 

1864. 

Joseph  Mahé. 

1868. 

Théodore  Baraou. 

1868. 

Théodore  Rolland. 

1871. 

Marie-Stanislas  Kerbiriou. 

1875. 

Pierre  CréoS. 

1877. 

Eugène  Odeyé. 

1880. 

Olivier  Lavanant. 

1884. 

Yves-Marie  Pichon. 

1885. 

Guillaume  Héliës. 

1885. 

Maurice  Migadel. 

1885. 

Jean  Bodériou. 

1890. 

Louis  Mocaer. 

—  103  — 

1892.  Marc  Dréau. 

1896.  Jean-Guillaume  Fertil. 

1901.  Cyprien  Hénafl. 

1901.  Alexandre  Le  Roy. 

1903.  François-Marie  Le  Roux. 

1906.  .     Henri  Héréus. 


OUZON 


CkUhan  au  xiu«  siècle,  Cozon  ou  Ccsuzon,  ancienne  pa- 
roisse annexée  à  Kerfeunteun  au  Concordat.  Elle  était 
dédiée  à  saint  Pierre.  L'église  a  été  reconstruite,  il  y  a 
une  trentaine  d'années.  En  1278,  le  Cartulaire  de  la  cathé- 
drale marque  qu'on  s'y  rendait  en  procession  le  troisième 
jour  des  Rogations  ;  le  premier  jour  la  station  était  à  Loc- 
maria,  et  le  second  jour  à  Kerfeunteun. 

Recteurs  de  Cuzon 

1493-1496.  Jean  Kerangoez,  chanoine,  recteur  de  Cuzon 
et  de  Plonévez-Porzay. 

1532.  Henri  Le  Chever,  mort  en  cette  année  1532.  Il 

devait  être  parent  de  noble  écuyer  Charles  Le  Chever, 
S'  de  Kermahonec,  qui  rend  aveu  à  FEvèque  en  1543. 


-  104  - 

1566-1568.  René  ou  Ronan  Le  Gallic,  décédé  en  1568. 

1568.  Yves  Bealec. 

1596-1612.  Pierre  Coray. 

1612.  Julien  Lousche.. 

1617.  Jan  Conan. 

1679.  René  Morvézan  ;  est  nommé  recteur  de  Scaêr. 

1679-1698.  Pierre  Le  Bihan,  qui  résigne  au  suivant. 

1698-1706.  François-Joseph  Le  Laë. 

1706-1707.  M.  Goarson. 

1713-1717.  Yves  Le  Moal. 

1717.  Ma  Jegonic. 

1721-1731.  Claude  AuSret. 

1731-1735.  J.  Le  Calloch. 

1735-1738.  J.  Le  Glévarec. 

1739-1747.  Michel  Pérou. 

1751-1780.  Yves  Kerloch  (avait  été  curé  de  Gourlizon). 

1787-1800.  Queinnec. 

ROLE  DES  DÉCIMES  EN  1789 

Queinnec,  recteur 21*  10» 

La  fabrice 6i    7«  6* 

Saint-Denis 1^  15» 

La  Mère-de-Dieu 7* 

Total 361  12s  6* 

Nous  parlerons  de  ces  chapelles  dans  la  notice  sur  Ker- 
feunteun. 


—  105  - 


CAUTULAIRE 

DE    L'ÉGLISE    DE    QUIMPER 

(Suite.) 


356. 

FONDATION  D'OBIT 
PAR  LtVÊOUE  GEOFFROY  LE  HARNEC^') 

—   21  Décembre  1376.  — 


In  nomine  Dei.  Amen. 

Per  hoc  presens  publicum  instrumentum  cunclis  pateat 
evidenter  quod  anno  eiusdem  Dei  M»  CCC^  septuagesimo 
sexto,  die  vigesima  prima  mensis  Decembris,  quasi  circa 
horam  none  dicti  diei,  indicione  XV*  pontificatus  SS'"^  in 
Ctiristo  Patris  ac  Domini  noslri  Gregorii,  divina  provi- 
dencia  Pape  XP  anno  sexto,  in  mei  notarii  publici  et  tes- 
tium  infrascriptorum  presencia,  personaliter  constitutus 
Reverendus  in  Christo  Pater  ac  Dominus  Dominus  Gau- 
fridus,  Dei  et  Sancte  Sedis  apostolice  gracia,  Corisopi- 
tensis  episcopus,  cupiens,  ut  dicebat,  ipsius  anime  saluti 
super  omnia  providere,  asseruit  quod  alias  ordînaverat 
et  adhuc  ordinat  duodecim  anuiversaria  pro  suorum  re~ 
roissione  peccatorum  animeque  sue  remedio,  de  sui  Capi- 
tuli  assensu,  post  mortem  suam,  videlicet  :  quolibet  die 
lune  prima  cuiuslibet  mensis,  annis  singulis  solempniter 

(l)  Cari.  61,  t'  89. 
BoLLBTiif  01  LA  COMMISSION  DIOCESAINE.  —  7*  année.  8 


—  106  — 

in  ecclesia  Corisopitensi  celebrari,  volens  quod  durante 
vita  ipsius  Reverendi  Patris  in  humanis,  una  missa  so- 
lempnis,  singulis  diebus  lune  predictis,  de  Spiritu  Sancto, 
ad  uberiorem  eiusdem  Spiritus  Sancti  graciam  facilius 
impetrandam,  pro  ipso  specialiter  celebretur  ;  Excepto 
quod  una  missarum  predictarum  celebrabitur  in  perpe- 
tuum  ad  honorem  Virginis  gloriose,  qualibet  prima  die 
lune  adventus  domini  in  decembri,  que  siquidem  missa 
computabitur  post  ipsius  mortem  de  numéro  anniversa- 
riorum  predictorum. 

Pro  quorum  anniversariorum  celebracione  et  ad  fun- 
dacionem  et  usum  distribucionis  eorumdem,  idem  Reve- 
rendus  Pater,  pia  consideracione  et  ut  eius  anime  eterni- 
tatis  memoria  apud  almam  et  sanctam  matrem  ecclesiam 
in  eternum  salubriter  perducatur,  donavit  pure  et  irre- 
vocabiliter  numeravit  venerabilibus  viris  Capitulo  eius- 
dem ecclesie  Corisopitensis  capitulantibus,  quingentos 
quadraginta  francos  aureos  boni  et  legitimi  ponderis  in 
empcionem  reddituum,  ad  perpetuendas  distribuciones 
huiusmodi,  convertendos  ;  de  qua  summa  voJuit  Reve- 
rendus  Pater,  reddilus  emi  ascendentes  ad  summam  tri- 
ginta  sex  librarum  annui  redditus,  taxata  summa  quin- 
decim  francorum  auri  per  eumdem  Reverendum  Patrem 
solvendorum  pro  quibuslibet  viginti  solidis  annui  reddi- 
tus predlcti  ;  itaque  distribuciones  cûiuslibet  anniver- 
sarii,  sexaginta  solidos  valeant  canonicis  et  minislris 
ecclesie  anniversario  huiusmodi  inlervenientibus,  pro- 
portionaliter  ut  moris  est,  apud  dictam  ecclesiam  in  aliis 
anniversariis  assignari. 

Dicti  vero  venerabiles  viri  Capitulum  facientes,  capel- 
lanique  et  ministri  ipsius  ecclesie  tune  présentes,  reco- 
gnoscentes  premissas  ordinacionem  et  dîsposlcionem  per 
Reverendum  Patrem  factas,  promiserunt  in  mei  notarii 
presencia  pro  se  et  suis  successoribus,  anniversariorum 


—  107  — 

solempnia,  prout  superius  est  premissum ,  celebrarf 
facere,  salvo  quod  si  aliqua  die  dierum  predictarum  du- 
plex et  solempne  festum  incidat,  seu  aliud  legitimum 
impedimentum  quod  per  tioc  dicti  canonici  et  ministri 
pro  exGusatis,  de  non  celebrando  ipsis  diebus  lune,  ha- 
beantur,  dummodo  proximis  diebus  exinde  sequentibus 
oportunis,  huiusmodi  officia  celebrentur. 

Et  cum  hoc,  iuraverunt  dicti  canonici  et  ministri  quod 
dictam  summam  quingentorum  quadraginta  francorum 
auri,  ad  alios  usus  non  convertant,  quodque  in  archa,  in 
caméra  thesauri  dicte  ecclesie,  tribus  competentibus  cla- 
vibus  firmata,  nisi  timor  guerre  compellat  eam  in  loco 
tutiori  et  secretiori  reponi,  custodiatur  dicta  summa  auri, 
donec  de  eadem  redditus  ad  usum  predictum  emantur, 
quorum  clavium,  una  custodiatur  per  Guillermum  le  Glas 
cantorem  et  canonicum,  tamdiu  iuerit  in  humanis  et 
post  eiusdem  cantoris  mortem,  per  procuratorem  fabrice 
dicte  ecclesie,  et  secunda  clavis  custodiatur  per  unum 
canonicum,  ex  parte  dicti  venerabilis  Capituli,  quoad  hoc 
eligendura,  quem  ex  nunc  dictum  venerabile  Capitulum 
elegit,  venerabilem  virum  Magistrum  Gaufridum  le  Mar- 
hec  Archidiaconum  de  Pocher,  et  tercia  clavis  remanebit 
et  custodietur  per  unum  capellanum  perpetuum  seu  cura- 
tum  dicte  ecclesie,  ab  eisdem  curatis  eligendum,  quem 
ex^nunc  dicti  curati  elegerunt  Danielem  Felestrec. 

Premissa  omnia  iuraverunt  venerabiles  et  discret!  viri 
Magister  Gaufridus  Archidiaconus  predictus,  Guillermus 
Le  Glas  cantor,  nec  non  Magistri  Alanus  Raoulini,  Guil- 
lermus le  Marhec,  Gaufridus  le  Gall,  Riocus  Lestuchan, 
Thomas  Episcopi  canonici  ipsius  ecclesie  ;  Domini  Daniel 
Felestrec,  Natalis  Stellan,  Johannes  Penguen,  Alanus  Rou- 
selli,  Yvo  Turnerii,  Johannes  Lupi  et  Pelrus  Clerici  presby- 
teri  et  capellani  perpetui  seu  vicarii  curati  dicte  ecclesie. 

Super  quibus  idem  Reverendus  Pater  et  dicti  venera- 


—  108  — 

biles  viri  petlerunt  a  me  sibi  super  hoc  publicum  fieri 
instrumentum. 

Acta  fuerunt  hec  in  caméra  thesauri  dicte  ecclesie,  pre- 
isentibus  ad  hoc,  Alano  le  Roux  draperio,  qui  dictam  sum- 
mam  auri  ponderavit,  Guillermo  Oliverii  presbytero  et 
Guidomaro  Savary  clerico  magistroque  scolarum  gram- 
maticalium  civitatis  Corisopitensis. 

Et  ego  Alanus  Runbran  clericus  dyocesis  Corisopitensis 
publicus  aposlolica  auctoritate  notarius  numeracioni,  tra- 
dicioni  et  ponderacioni  dicte  summe  auri  ac  omnibus 
supra  scriptis  presens  fui,  huiusmodique  instrumentum, 
aliis  negociis  occupatus,  per  alium  scribi  feci,  signoque 
meo  solito  signa vi. 

Et  ego  Herveus  de  Stagno  parvo  clericus  publicus  auc- 
toritate apostolica  notarius,  omnibus  premissis  presens 
lui  et  ideo  hic  me  subscripsi  signumque  meum  consue- 
tum  apposui  requisitus. 


357. 

ACHAT  D'UNE  MAISON 
PAR  GEOFFROY  LE  MARHEC  ARCHIDIACRE  ^o 

-    visa  du  17  Mars  1377  (n.  s.).    - 


Universis  présentes  litteras  inspecturis  et  audituris, 
officialis  Corisopitensis  salutem  in  Domino. 

Noveritis  nos  vidisse,  palpasse  et  manualiter  tenuisse 
quasdam  litteras  ad  contractus  curiarum  ecclesiastice  et 
secularis  Regalium  Reverendi  inChristo  Patris  acDomini 
Domini  Gaufridi  permissione  divina  Corisopitensis  Epis- 
copi,  sigillo  magno  contractuum  ipsius  ecclesie  apparent! 

(1)  Ces  deux  actes  soot  empruntés  au  cart.  51,  f*  94,  eu  Jatio  et  eo 
français.  Le  cart.  31,  t*  48,  doone  seulement  l'acte  français. 


—  109  — 

sigillatas,  non  viciatas  non  cancellatas  nec  in  aliqua  sua 
parte  corruptas  aut  eciam  suspectas,  sed  omni  vicîo  et 
suspicione  prorsus  carentes,  quas  in  auditorio  curie, 
Nobis  sedentibus  in  tribunali  ad  reddendum  ius  hora 
causarum  eiusdem,  legi  et  publicari  ad  maiorem  certitu- 
dinem  fecimus  et  mandavimus  per  notarium  infra  scrip- 
tum,  quarum  litterarum  totus  ténor,  nil  addito,  nilque 
remoto  sequitur  in  bec  verba  : 

Noverint  universi  quod  cum  venerabilis  et  discretusvir 
Magister  Gaufridus  le  Marhec  Archidiaconus  de  Pocher, 
titulo  empcionis  acquisierit  a  Margareta  filia  Pétri  Premer 
sorore  quondam  Magistri  Hervei  Pape,  quemdam  ortum 
situm  infra  muros  civitatis  Corisopitensis  inter  ortum 
domus  venerabilis  Capituli,  in  qua  nuper  Magister  Guil- 
lermus  de  Kemperele  canonicus  morari  consuevit  ex  uno 
latere,  et  viam  que  ducit  iuxta  viam  et  ortum  Alani  Frello 
presbyteri  curati  ecclesie  Corisopitensis  apud  Poulpezron 
ex  alio,  pro  summa  quindecim  scutorum  auri  de  Johan- 
nés,  boni  et  legitimi  ponderis,  eidem  Margarete  ab  eodem 
Archidiacono  iam  persolutorum  ;  unde  prefatus  Archidia- 
conus pro  se  ex  parte  una,  et  venerabiles  viri  canonici 
capitulantes  ex  alla,  convenerunt  inter  se  coram  Nobis 
Gaufrido  Episcopo,  quod  huiusmodi  ortus  qui  post  emp- 
cionem  predictam,  in  expensis  dicti  Archidiaconi  est  lapi- 
dibus  et  cemento  seu  muro  clausus,  esset  in  perpetuum 
annexus  eidem  domui  eiusdem  venerabilis  Capituli  et 
orto  sibi  adiacenti,  ad  incrementum  orti  predicti  eius- 
dem domus  que  ex  nunc,  eidem  Archidiacono  ad  usum 
habitacionis  ipsius  Archidiaconi,  est  per  predictum  Capi- 
tulum  assignata,  retentis  tamen  et  Nobis  nostrisque  suc- 
cessoribus  debitis,  octo  denariis  annui  census,  Nobis  sol- 
vendis  singulis  annis,  quolibet  mense  lanuarii  desuper 
orto  huiusmodi,  pro  amortizacione  orti  predicti  ;  qui  siqui- 
dem  venerabiles  viri  canonici  domum  et  ortum  predic- 


—  410  — 

tum  oneraverunt  et  obligunt  eciam  cum  nostris  decreto 
et  assensu  solucioni  viginti  solidorum  annui  census,  post 
decessum  dicti  Archidiaconi  solvendorum  ministriseccle- 
sie  Corisopitensis,  per  eos  distribuendorum  in  usum  anni- 
Versarii  eiusdem  Archidiaconi  ;  de  quo  quidem  orto  idem 
Archidiaconus  se  penitus  devestiens,  induxit  ipsum  vene- 
rabile  Capitulum  in  possessionem  et  saesinam  corporalem 
eiusdem  orti,  retento  tamen  eidem  Archidiacono,vita  sua 
durante,  usufructu  seu  viagio  in  orto  predicto. 

Preterea  notandum  quod  dicta  domus  cum  orto  erat 
antea  onerata  solucioni  triginta  solidorum,  ut  pote  quin- 
decim  solidorum  in  usum  anniversarii  Magistri  Guillermi 
de  Pemerit  canonici  quondam  Corisopitensis  et  quinde- 
cim  aliorum  solidorum  in  usum  parentum  domini  Alani 
Moreu  dudum  Episcopi  Corisopitensis  ;  quorum  siqui- 
dem  triginta  solidorum  et  eciam  viginti  solidorum  annui 
census  desuper  domo  et  orto  predictis,  ipsis  Capitulo  et 
ministris  ut  prefertur  debitorum,  partem  mediam,  pre- 
fati  canonici,  contemplacione  annexionis  orti  predicti  et 
expensarum  dicti  Archidiaconi  in  construendo  murum, 
necnon  reparacionum  expositarum  usque  ad  summam 
trecentorum  scutorum  auri  de  Johannes,  boni  et  legitirai 
ponderis,  circa  huiusmodi  domum  que  ruinosa  erat, 
remiserunt  et  remittunt  eidem  Archidiacono,  absque  eo 
quod  ipse  Archidiaconus  usque  ad  finem  viginti  quinque 
annorum  computendorum  a  data  presencium,  si  ipsum 
Archidiaconum  tantum  contingat  super  vivere,  tempore, 
teneatur  in  aliquo  de  medietate  dicti  iuris  annui,  quid- 
quam  solvere  canonicis  et  Capitulo  predictis;  de  alia  vero 
medietate  dictorum  quinquaginta  solidorum  satisfaciet 
idem  Archidiaconus  curatis  et  mancicotis  ;  post  cuius 
Archidiaconi  obitum,  dicti  canonici  et  ministri  poterunt 
huiusmodi  quinquaginta  solidos  percipere  de  domo  et 
orto  predictis  et  nichilominus,  ipso  Archidiacono  supers- 


tite,  ministri  celebrabunt  anno  quolibet,  ia  mense  et  die 
assignatis  peripsum  Archidiaconum  in  martyrologio  dicte 
ecclesie,  unam  missam  de  Spiritu  Sancto  pro  ipso  Archi- 
diacono  et  post  eius  decessum,  missam  de  requiem  cum 
vigiliis  et  matutinis  mortuorum  in  precedenti  nocte. 

Datuni  in  Capitulo  die  iovis  videlicet  prima  mensis 
Februarii  anno  Domini  M^  CCC^  sexagesimo  octavo. 

Ita  est  lioc  :  Herveus  de  Stagno  parvo.  Presentibus  in 
Capitulo  :  G.  le  Glas  cantore,  G.  le  Gall,  T.  Episcopi, 
R.  de  Lestuchan,  R.  le  Gallou,  Guillermo  le  Marheuc, 
A.  Raoulin,  canonicis. 

Ténor  vero  aliarum  litterarum  curie  secularis  regalium 
noscitur  esse  talis. 

Sachent  touz  que  en  nostre  court  séculière  de  nos 
Régailles  de  Cornouaille,  Geffroy  par  la  graçe  de  Dieu 
Evesque  de  Cornouaille,  en  dret  personealment  establie 
Margarite  fille  Pierre  le  Premer  suer  mestre  Hervé  le 
Pape,  jadis,  le  samadi  prechen  ampres  la  chandelour  en 
lan  mil  trois  cenz  sexante  et  trois  vandit  et  en  nom  de 
pure  vante  donna,  bailla,  livra  et  ottroya  a  mestre  Gef- 
froy Marhec  Archediacre  de  Poher  pour  luy  et  les  siens  et 
cause  aiantz  de  luy,  à  fin  et  perpétuel  héritage  à  jamais, 
un  courtil  qui  fut  au  dict  maistre  Hervé  le  Pape,  sis 
dedanz  les  murs  de  la  cité  de  Kemper  Corentin,  dont  un 
sien  chiefi  fiert  sur  la  rue  de  Poulpezron,  pour  quinze 
escuz  d*or  bons  dou  coing  dou  Roy  de  France  quittes  à  la 
maen  de  la  dicte  Margarite  à  le  paez  ou  a  aultre  de  son 
commandement  et  à  valer  sur  le  en  bons  escuz  d*or  nom- 
brez  et  des  quelx  quinze  escuz  d'or  la  dicte  Margarite 
acquitta  et  donne  quitte  et  délivre  le  dict  maistre  Gefiroy 
et  les  siens  à  jamais  ;  sur  lequel  courtil  promist,  gréa  et 
est  tenue  la  dicte  Margarite  soubz  obligacion  de  touz  ses 
biens  garantir  et  deilendre  le  dict  Maistre  Gefiroy  et  sa 
cause  aiantz  vers  touz  et  contre  tous  en  dret  e  à  l'usage 


—  114  - 

350. 

LITTERE  FUNDACIONIS  CAPELLANIE  S"  EGIDII  IN  ECCLESIA 

CORISOPITENSI  f*) 

Qeffroy,  évoque  de  CornoiMUIIe  fonde  la  ohapellenle  de  8.  Qlles 
à  l'autel  N.-D.  vers  le  marché  au  bled  a  40  livres  monnaie  de 
rente  aux  7  ohapelains  ou  vicaires  de  8*  Corentin  i  une  messe 
par  Jour,  6  sols  pour  chaque  manquement  aux  chanoines  pré- 
sents et  fabrice,  et  un  curé  chassé,  son  droict  en  Icelle  ohapel- 
lenle sera  baillé  à  son  successeur  en  cette  charge. 

-   26  Octobre  1379.    - 


Universis  présentes  litteras  inspecturis  et  audituris 
Gauffridus  permissione  divina  Corisopitensis  episcopus 
salutem  in  Domino  sempiternam. 

Quia  que  geruntur  in  tempore  siraul  cuni  ipso  tempore 
evanescunt,  nisi  assumpserint  ex  fide  testium  vel  scripti, 
memorie  firmitatem  ;  noverint  igitur  universi  quod  cum 
inter  Nos  et  discretos  viros  Capitulum  nostrum  Corisopi- 
tense  db  divino  cultu  in  nostra  Corisopitensi  ecclesia 
prout  ëvenit  augmentando  et  de  capellaniis  in  ea  de  novo 
fundandis,  statuendis,  faciendis  et  instituendis  ad  divine 
ma jestatis,  béate  Marie  Virginis  gloriose,  beati  Chorentini 
patroni  nostriet  omnium  sanctorum  laudem  et  honorem, 
prehabito  tractatu  solemni  et  diligenti,  Nos  de  consensu 
et  bona  voluntate  nostri  Capituli  predicti  demum  consti- 
tuimus,  ordinamus,  lundamus  et  tenore  presencium  faci- 
mus  unam  capellaniam  ad  altare  seu  in  altari  Béate  Marie 
Virginis  versus  mercatum  bladi  in  ecclesia  nostra  pre- 
dicta  Corisopitensi  situatam,  specialiter  in  honore  seu  ad 
honorem  beati  Egidii  abbatis  et  sub  ejus  nomine,  de  qua- 
draginta  libris  monete  cursilis  annui  et  perpetui  redditus, 
emptis  iam  et  acquisitis  per  Nos  seu  deputatos  a  Nobis 
quoad  hoc,  prout  in  litteris  autenticis  super  hujusmodi 
empcione  et  acquisitione  quadraginta  librarum  monete 

(1)  Gart.  56,  ^  46. 


—  115  - 

cursilis  annui  juris  seu  census  predicti  confectis,  lacius 
continelur.  Quasquidem  capellaniam  et  quadraginta  libras 
monete  predicte  emptas  et  acquisitas  per  nos,  ut  prefer- 
tur,  super  hoc  cum  Capitulo  nostro  Corisopitensi  prefato, 
matura  ac  provida  deliberacione  prehabîta,  univimus, 
annexavimus,  dedimus  ac  etiam  de  consilio  et  assensu 
nostri  predicti  Capituli,  unimus  tenore  presencium  da- 
musque  perpetuo  in   communeoi    distribucionem    pro 
iodiviso,  inter  septem  capellanos  majores  chori  ecciesie 
nostre  Corisopitensis  quoad  gerendum  officium  et  desser- 
vienduin  cure  que  ab  olim  censetur  esse  unica  tocius  civi* 
tatis  Corisopitensis  predicte  et  suburbiorum  ejusdem,  ex 
institutione  et  commissione  Capituli  predicti,  quilibet  sua 
sept]  Diana  per  ordinem  in  eadem  ecclesia,  ab  antiquo 
deputatos  perpetuo  que  laudabiliter  ordinatos  ac  eciam 
institutos  et  eorum  beneficiis  seu  capellaniis  existentibus 
in  ecclesia  nostra  memorata  perpetuo  annectimus  per 
présentes,  litterasque  confectas  super  hujusmodi  emp- 
cionibus  et  acquisicionibus  quadraginta  librarum  annui 
juris  seu  census  predicti,  eisdem  septem  capellanis  pre- 
sentibus  in  Capitulo  ecciesie  nostre  predicte  et  ipsas  litte- 
ras  recipientibus,  realiter  et  de  facto  credidimus  ac  eciam 
manualiter  assigna vim us,  attendentes  tenuitatem  obven- 
cionum,  proventuum,  reddituum,  fructuum  et  aliorum 
emolumentorum  quorumcumque  proveniencium  et  per- 
tinencium  ipsis  septem  cappellanis  in  ecclesia  nostra  Cori- 
sopitensi sepedicta,  contemplacione  celebracionis  unius 
misse  cotidiane  per  ipsos  septem  capellanos  et  eorum 
quemlibet  sua  septimana  per  ordinem  in  dicto  altari 
perpetuo  celebrande  in  modum  qui  sequitur  : 

Ad  cujus  siquidem  misse  celebracionem,  dicti  septem 
capellani  se  gratuito  obligarunt  ipsorumque  quilibet  obli- 
gavit  per  eorum  prestita  juramenta  pro  se  et  suis  succes- 
soribus  post  ipsos,  presertim  ratione  unionis  et  annexio- 


-  118  - 

per  procuratorem  dictorum  fabrice  et  canonicorum  qui 
pro  tempore  erit  aut  deputatum  ab  eo. 

Preterea  si  aliquis  predictorum  septem  capellanorum, 
per  Capitulum  nostrum  memoratuin  seu  deputatum  ab  eo, 
ad  quod  quidem  Capitulum,  institutio,  destitutio  seu  pri- 
vatio  omnimodo  ipsorum  septem  capellanorum  et  maci- 
cotorum  ejusdem  ecclesie  nec  non  et  correctio  plenaria 
eorumdem  ac  aliorum  ministrorum  seu  officiorum  quo- 
rumcumque  ecclesie  nostre  prelibate  immédiate  spectat 
spectareque  et  pertinere  veraciter  diguoscitur  ab  antiquo, 
expellatur  priveturque,  quod  absit,  extra  ecclesiam  nos- 
tram  predictam  Corisopitensem  propter  suum  excessum 
seu  inobedienciam  seu  aliquod  crimen  aut  inhonestatem 
vel  9lias  de  meritis  suis  exigentibus  juxta  et  secundum 
formam  continenciam  ve  statutorum  et  consuetudinum 
ipsius  ecclesie  a  tempore  memoria  hominum  excedente 
observatarum  et  juramento  vallatorum,  quod  ex  tune 
eciam  sit  privatus  emolumentis  dicte  capellanie  per  Nos 
ut  predicitur  annexate  et  unité  modo  et  forma  quibus 
supra.  Et  quod  eciam  eodem  contextu  quod  aller  capel- 
lanus,  loco  predicti  capellani  sic  privati  canonice  insti- 
tuatur,  percipiet  ipso  facto  et  habebit  emplumenta  hujus- 
modi  capellanie  per  Nos  annexate  et  unité  ut  sepedictum 
est  pro  rata  sibi  attinente  in  sua  septimana,  statuentes  et 
eciam  ordinantes  hujusmodi  annexacionem  et  unionem 
de  predicta  capellania  quadraginta  librarum  fundata  per 
Nos  de  consensu  et  bona  voluntate  Capituli  nostri  mémo- 
rati,  provida  deliberacione  inter  Nos  super  hoc  inCapitulo 
ecclesie  nostre  Corisopitensis  predicte  Capitulantes  et 
Capitulum  facientes,prehabita,prout  superius  exprimitur 
facta,  perpetuo  duraturum  et  valiturum  in  ecclesia  nostra 
memorata  absque  eo  quod  nullo  unquam  tempore  de 
hujusmodi  capellania  et  quadraginta  libris  fieri  aut  ordi- 
nari  per  successores  nostros  in  futurum  possit  aut  valeat 


—  119  — 

alias  quantum  predictum  est,  nec  eciam  uni  aut  duabus 
personis  seu  pluribus  de  capellania  et  quadraginta  libris 
predictis  provideri  quomodo  libet  in  futurum. 

Si  autem  aliquis  de  successoribus  nostris  contra  nos- 
tram  presentem  ordinacionem  deconsensu  et  bona  volun- 
tate  Capituli  nostri  memorati  per  Nos  ut  prefertur  cano- 
nice  de  premissis  factam,  veniré,  quod  absit,  rooliretur 
aut  in  futurum  presumeret,  redditus  et  ceteras  possessio- 
nes  per  nos  in  feodo  ecclesie  nostre  Corisopitensis  preli- 
bâte  rite  secundum  morem  et  consuetudinem  in  talibus 
fieri  consuetam  emptos  (1)  ac  eciam  acquisitos  videlicet 
octo  solidos  annui  juris  quolibet  mense  Januarii  desuper 
domo  magistri  Hervei  Pape  quondam,  sita  in  vico  Suto- 
rum  civitatis  Corisopitensis  juxta  domum  abbatis  de  Lan- 
deguennoc,  que  est  ad  presens  Yvonis  Guernarpin,  quos 
emimus  a  Johanne  Penruzic  ;  item  Kermeurzin  sitam 
juxta  villam  Tuon  heir  et  Parcum  vocatum  parcum  an 
roe,  situm  juxta  quamdam  domum  magistri  Alani  Raou- 
lini  in  parocbia  de  Kaerfenten,  quos  emimus  a  domino 
Rioco  de  Rosmadeuc  pro  somma  ducentorum  scutorum 
auri  de  Johanne  ;  item  octo  solidos  quos  acquisivimus 
super  pontem  quo  traneitur  de  domo  Johannis  Moreu  ad 
aliam  domum  suam  sitam  in  vico  capelle  béate  Marie 
civitatis,  solvendos  quolibet  mense  Januarii  ;  item  decem 
salidos  quos  acquisivimus  super  porta  exteriori  domus 
Capituli  Corisopitensis  site  in  Castro  Sancti  Chorentini 
propre  dictas  domos  predicti  Johannis  Moreu,  in  qua 
morari  consuevit  dominus  Daniel  de  Landeguennoc  con- 
dam  thesaurarius  Corisopitensis,  solvendos  quolibet  mense 
Januarii  ;  item  decem  solidos  quos  acquisivimus  desuper 
domo  Eudonis  Meancie  in  capite  vici  Guenpiou  sita,  sol- 


(1)  Od  lit  «o  marge  :  «  Description  de  l'assiete  des  40  livres  de  rente 
de  ladite  obapelleoie  de  S*  Oiles  ». 


—  120  — 

vendos  quolibet  mense  Januarii  ;  item  octodecim  solidos 
quos  acquisiviiDus  desuper  domo  condam  Gleman  Cus- 
tellarii  sita  in  vico  vinee  inter  domum  Guillermi  filii 
Heuriou  et  domum  GourcuS,  solvendos  quolibet  festo 
beati  Johannis  Baptiste  ;  item  duos  parcos  juxta  Kaerne- 
vez  videlicet  :  unum  a  parte  versus  locum  Marie  et  alium 
a  parte  versus  Pont  Ustum  estimatos  ad  sex  libras  reddi- 
tuum,  quos  retraximus  ab  Yvone  de  Lanros  pro  quadra- 
ginta  scutos  auri  ;  item  quicquid  retraximus  ab  Yvone 
Kaersanteuc  apud  Pontuzguen  pro  septem  viginti  scutos 
auri  ;  item  quicquid  retraximus  via  proximitatis  ab  Eudone 
Trement,  tam  ciflatos  mellis  in  molendino  et  omne  domi- 
nium  que  habebat  in  parrochia  de  Ploemodiern  pro  sum- 
ma  sexaginta  scutorum  auri  et  valent  anno  quolibet  sexa- 
ginta  solidos  annui  juris  quos  débet  perflcere  in  casu 
decidii,  ex  nunc  prout  ex  tune,  et  ex  tune  prout  ex  nunc 
donamus  Capitulo  nostro  prelibato  ad  suorum  commu- 
nium  distributionum  augmentationem  perpetuo,quos  red- 
ditus  et  possessiones  per  nos  acquisitos,  nostris  successo- 
ribus  dimittimus  et  sue  mense  episcopali,  dummodo  nichîl 
attemptent  contra  nostram  presentem  ordinacionem  pre- 
dicte  capellanie  et  xl  librarum  pro  eadem  ;  alias  non,  ymo, 
si  attemptent,  volumus  quod  Capitulo  nostro  ad  augmen- 
tum  suarum  distributionum  cédant  supra  dicto  modo  et 
ipsos  successores  nostros  privamus  et  privatos  ipso  facto 
possessionibus  et  redditibus  predictis  esse  volumus  per 
présentes,  dicta  fundatione  ejusdem  capellanie  subunione 
et  ordinacione  predicte  in  suo  robore  nichilominus  incom- 
mutabiliter  permanente  ac  etiam  perpétue  duratura  sub 
pena  maledictionis  eterne  et  obtestacione  divini  judicii 
ne  secus  fiât,  presencium  série  in  quantum  possumus  inlii- 
bentes. 

In  quorum  omnium  testimonium  bas  litleras  per  nota- 
rium  publicum  infrascrîptum  fieri  et  signe  suo  consueto 


^  121  - 

signari  fecimus  et  sigilli  nostri  magni  appen^ione  robo- 
rari. 

Nos  vero  Capitulum  predictum  premissis  omnibus  et 
siDguIis  prout  superius  exprimuntur  assensum  nostrum 
prebentes  et  ea  rata  et  firma  habentes,  statutis  nostris  et 
ecclesie  nostre  predicte  in  suo  robore  perpetuo  duraturis, 
in  testimonium  premissorum  et  cujuslibet  eorumdem 
robur  et  munimen,  sigillum  nostrum  presentibus  duxi- 
mus  apponendum.  Constat  de  cancellaria  predicta.  Âcta 
iuerunt  bec  in  Caméra  Capituli  seu  thesauraria  ecclesie 
Corisopitensis,  die  mercurii  ante  festum  Apostolorum 
Symonis  et  Jude  videlicet  xxvi*  die  mensis  Octobris  circa 
horam  tercie  dicte  diei,  anno  Domini  M^CCC®  septuage- 
simo  nono,  indictione  tercia,  pontificatus  SS^  in  Christo 
Patris  ac  D.  D.  nostri  Clementis  divina  Providencia  Pape 
Vlli  anno  primo,  presentibus  ad  bec  venerabilibus  et  dis- 
cretis  viris  Magistris  Gaufrido  le  Marhec  juniore  Archi- 
dyacono  de  Pocher,  Guillermo  le  Marhec,  Rioco  de  Lestu- 
chan,  Thoma  Episcopi,  Gauffrido  Gallici,  Johanne  Briencii, 
Joanne  Fravali  canonicis  ecclesie  Corisopitensis,Guillermo 
de  Ploeneiz,  Guillermo  de  Ponteligni  advocatis  curie  Cori- 
sopitensis domino  Guillermo  Nani  rectore  parochie  de 
Ploegofl  dyocesis  Corisopitensis,  Rivallono  de  Penquelen- 
nec  clerico  ejusdem  dyocesis  et  pluribus  aliis  testibus  ad 
premissa  vocatis  specialiter  et  rogatis. 

El  Ego  Alanus  Runbran  clericus  Corisopitensis  dyoce- 
sis publicus  auetoritate  Apostolica  et  Imperiali  notarius, 
curieque  Corisopitensis  juratus,  constitutioni,  ordinacioni, 
fundacioni  et  unioni  capellaniedequa  fit  supra  mencioet 
omnibus  aliis  premissis  dum  ut  predicitur  fierint  et  âge- 
rentur,  una  cum  prenominatis  testibus,  presentibus  eciam 
ibidem  septem  capellanis  ejusdem  ecclesie  Corisopitensis 
videlicet  dominis  Daniele  Felestreuc,  Nathali  Stellan, 
Johanne  Lupi,  Yvone  Turnery,  Johanne  Penguen,  Alano 

Binj.XTii«  Di  LA  Commission  diocésaine.  —  7"  année.  9 


—  122  — 

Rouselli,  Petro  Clerici  presbyteris  in  premissa  consen- 
cientibus  ac  premissa  omnia  juramento  ipsorum  capella- 
norum  in  mei  et  testium  predictorum  presencia  vallata, 
vera  esse  recognoscentibus,  presens  interfui  eaque  per 
alium  scribi  feci,  aliis  negociis  occupatus,  et  ideo  hic  me 
subscripsi  signumque  meum  consuetum  hic  apposai 
requisitus  super  hoc  et  rogatus.  Constat  michi  notario 
predicto  de  verbo  cancellariam  predictam  quod  volo  omni 
firmitate  carere. 

(A  suivre,) 


-  123  — 


SUR  LES 


PAROISSES  DU  DIOCÈSE  DE  QUIMPER  ET  DE  LÉON 

Par  MM.  PETRON  et  ABaRAX.L. 

(Suite.) 


DAOaLAS 


Cette  petite  ville  a  eu  pour  origine  un  ancien  monastère 
fondé  au  \i^  siècle,  et  ruiné  au  x«  siècle  par  les  Normands, 
mais  fondé  de  nouveau,  à  la  fin  du  xii«  siècle,  par  les 
vicomtes  de  Léon.  Albert  Le  Grand  fait  dériver  le  nom  de 
Fabbaye  du  double  meurtre  commis  sur  les  religieux  de 
Landévennec,  Tadec  et  Judulus,  mais  il  est  plus  simple 
de  retrouver  dans  le  nom  de  Daoulas  une  réminiscence 
du  Dowlais  du  pays  de  Galles  ou  Douglas,  en  Tlle  de  Man, 
que  les  émigrés  insulaires  auraient  voulu  conserver  dans 
leur  nouvelle  patrie. 

Nous  avons  publié  ailleurs  Thistoire  de  Tabbaye  de 
Daoulas  par  le  frère  Louis  Pinson,  chanoine  profès  de  ce 
monastère,  occupée  par  les  chanoines  réguliers  de  Saint- 
Augustin  ;  nous  nous  contenterons  de  reproduire  ici  le 
catalogue  abrégé  des  abbés  qui  s'y  sont  succédé  jusqu'à 
l'union  de  l'abbaye  au  séminaire  de  la  Marine  à  Brest,  à 
la  fin  du  XVII®  siècle. 


—  124  - 

1180.  Rivallon. 

1180-1199.  Guillaume,  souscrit  à  une  charte  de  labbaye 
de  Bon-Repos  (Morice),  en  1184. 

1200.  Hervé,  décédé  le  11  May  1200. 

1200-1233.  Even,  résigna  sa  charge  après  avoir  fait  con- 
sacrer, en  1232,  Téglise  abbatiale  par  Cadiou,  évéque 
de  Vannes,  et  Renard,  évéque  de  Quimper  ;  il  mourut 
le  20  Avril  1246. 

1251.  G.,  certifie  la  copie  d'une  lettre  de  Henri,  roi 

d*Angleterre,  à  Alain,  vicomte  de  Léon  (Morice). 

1281.  Hervé  de  Guicastel  ou  de  Plougastel,  décédé 

en  1281. 

1285.  Daniel,  dit  Calvus  Caradeus  (leMoal,Caradecf), 

décédé  le  12  Avril  1285. 

1287.  ~  Daniel  Militis  ou  le  Marhec,  décédé  le  13  Sep- 
tembre 1287. 

1309.  Guy  Potaire,  décédé  le  8  Avril  1309. 

1325.  Hervé  de  Forquilly,  décédé  en  1325,  le  2  Août. 

Forquilly  est  le  nom  d'une  terre  en  Irvillac. 

1325-1351.  Alain  Seissoris  de  Forquilly,  décédé  le  25  Avril 
1351. 

1352.  Hervé  de  Poulmic,  mourut  le  16  Mai  1352.  La 

famille  de  Poulmic  est  originaire  de  Crozon  et  porte  : 
échiqueté  tT argent  et  de  gueules,  le  premier  échiquier 
chargé  d*un  annelet  de  sable  pour  la  branche  de  Lou- 
méral,  en  Plounéventer. 

1352-1398.  Jean  Guérault,  décédé  le  1«  Octobre  1398  ;  il 
fit  bâtir  la  maison  abbatiale  où  sont  ses  armes  :  d'azur 
à  trois  têtes  d'aigle  arrachées  d'argent  surmontées  de  la 
mitre  et  de  la  crosse, 

1399-1409.  Louis  de  la  Palue,  ou  du  Palui,  comme  il  se 
voit  par  un  acte  du  14  Mars  1404.  Il  devait  être  de  la 
famille  de  la  Palue  de  Beuzit-Saint-Conogan,  qui  por- 
tail :  d*or  au  lion  de  sable  au  lambel  de  gueules» 


—  123  — 

1410-1440.  Etienne  Petit,  natif  de  Fougères,  avait  pour 
armes  :  d'azur  à  la  fasce  d'argent  chargée  d'une  tête  de 
lion  de  gueules  accompagnée  de  deux  croissants  d'or  en 
chef  et  de  deux  besants  de  même  en  pointe.  Son  tombeau 
était  placé  dans  la  chapelle  du  Faou,  réservée  pour  la 
sépulture  des  chanoines  ;  il  était  représenté  en  abbé, 
revêtu  de  ses  habits  pontificaux,  la  crosse  entre  les 
bras,  le  bout  de  laquelle  est  avalé  par  un  dragon,  avec 
cette  inscription  :  Cfy  git  Etienne  Petit,  dbbé  de  Daoulas, 
natif  de  Fougères,  Dy  ly  pardoint,  A  côté  de  ses  armes 
de  famille,  on  remarquait  un  écusson  portant  une  fou- 
gère, par  allusion  à  son  lieu  d'origine. 

1441-1468.  Gui  ou  Guiomarch  Manfuric  de  Lezuzan  ;  il 
mourut  le  25  Mai  1468  et  portait  :  d'aeur  au  chevron 
d'argent  accompagné  de  8  oiseaux  de  même, 

1468-1502.  Guillaume  Le  Lay,  mourut  le  22  Mai  1502  et 
portait  :  de  gueules  au  lion  d'or.  Il  était  de  la  famille 
Le  Lay  de  Gouelettreflf,  en  Plouider,  et  de  Kerprovost, 
en  Cléder.  Il  fut  enterré  en  une  tombe  de  cuivre,  au 
raz  de  terre,  où  il  est  représenté  en  abbé,  tenant  un 
calice  en  ses  mains,  mitre  en  tête  et  crosse  entre  son 
bras  droit,  avec  cette  inscription  :  HIC .  JACET .  FR ATER 
GVILLELMVS  .  LE  .  LAY .  ABBAS  .  HVIVS  .  MONASr 
TERII  .  QVI  .  REXIT  .  ILLVD  .  ANNIS  .  XXXV  .  ET 
RESTAVRAVIT .  AC .  ACQVISIVIT .  EK  PLVRA  .  BON  A 
OBIIT  .  DIE  .  XXIII  .  JVNII  .  AN  .  DNI  .  MVII. 

1502-1519.  Jean  du  Largez,  originaire  de  Botlezan,  évéché 
deTréguier,  fut  nommé  évoque  suffragant  de  Quimper 
en  1505,  en  attendant  que  le  titulaire,  Claude  de  Rohan, 
fut  en  âge  d'être  sacré  évêque  ;  après  le  sacre  de  Claude 
de  Rohan,  en  1510,  Tabbé  de  Daoulas  fut  nommé  évê- 
que suffragant  de  Vannes,  et  exerça  plusieurs  fonc- 
tions pontificales,  sous  la  dénomination  d'  «  Évêque 
da  Vesne  »,  c'est-à-dire  de  Vennes  ou  de  Vannes,  le 


—  dé- 
plus souvent,  en  latin,  Avennensù,  et  quelquefois  Ave- 
netenHi,  11  se  démit  de  son  abbaye  en  1519,  et  mourut 
en  1533.  Sa  tombe  se  trouvait  dans  le  chœur,  du  côté 
de  rÉpître  ;  sur  sa  tombe  était  un  écusson  portant 
d'argent  au  chef  de  gueulei  au  lion  de  sinople  brochant 
êur  le  t<mt,*9i\ec  Tinscription  suivante,  telle  que  Tout 
lue  les  notaires  de  Daoulas  en  1645  (1)  :_H1C  .  JACET 
FRATER  .  JOHANNES  .  DV  .  LARGES  .  EPS  .  EVENE- 
TENS  .  ET  .  ABBAS  .  HVIVS  .  MONASTERII  .  ElDEM 
PERMVLTA  .  ACQVIRENS  .  BONA  .  HONORIFICE 
ILLVD  .  REXIT .  SEX  (decim)  ANNOS  .  OBIIT .  SEXTA 
LVCE  .  NOVEMBRIS  .  ANNO  .  MV^XXXÏII  .  CVIVS 
ANIMA  .  SIT  .  IN  .  PAGE  .  AMEN. 

1520-1535.  Charles  Jégou,  originaire,  sans  doute,  de  Quim- 
per,  où  il  possédait  plusieurs  maisons,  rue  de  la  Vigne, 
et  des  propriétés  en  Kerfeunteun.  Il  était  recteur  de 
Tréoultré*Penmarch,  en  1498,  dont  il  fit  reconstruire 
la  tour,  qui  porté  la  date  de  1508,  avec  le  nom  de 
Charles  Jégou.  U  avait  pour  armes  :  de  gueuiee  au 
chevron  d'argent  accompagné  de  B  papiUone  de  même. 
Charles  Jégou  fut  enterré  à  Daoulas,  devant  le  maître- 
autel,  et  Ton  conserve  encore  dans  le  cimetière  la 
pierre  de  son  tombeau,  sur  laquelle  on  peut  lire  cette 
inscription  :  HIC  .  JACET  .  FRATER  .  CHAROLVS 
JEGOV.  ABBAS .  HVIVS .  MONASTERII .  DE  .  DAVLAS 
ET .  ACQVISI VIT .  PLVRA .  BONA .  ET  .  FECIT .  MULTA 
EDIFICIA  ^ET  .  REXIT  .  CA  .  P  .  XV .  ANOS  .  OBIIT 
DIE  .  DECIA  .  MEN  .  JANVARII  .  A  .  D  .  MV^XXXV. 
C'est  à  lui  que  Ton  doit  la  belle  verrière  qui  décorait 
le  chœur. 

1536-1550.  Olivier  du  Cbastel,  fils  de  Tanguy  du  Chaste! 
et  de  Marie  du  Juch.  Ses  armes  étaient  fascéee  d'or  et 

(1)  Voir  notre  oolice  sur  l'abbayo  de  Daoulas. 


-  127  - 

dé  gueuîéê  dé  8ix  pièce*  qui  est  du  Chastel.  Ce  fut  de  son 
temps  que  fut  construite  la  jolie  fontaine  de  la  chapelle 
Notre-Dame  des  Fontaines.  Il  fut  inhumé  au  chœur, 
côté  de  rÉvangile,  avec  sa  représentation  en  pierre, 
et  cette  inscription  :  Cy  git  Révérend  père  en  Dieu 
frère  Olivier  du  Chastel,  abbé  de  céam,  fie  de  deffunct 
meêêire  Tanguy  du  Chastel  et  de  dame  Marie  du  Juch, 
ayant  régné  quatorze  ans,  décédé  le  îi  Octobre  1550. 

15o(V-1573.  Jean  Prédour,  portait  de  gueules  au  cJievron 
d'argent  chargé  de  3  étoUes  de  même.  Il  était  originaire 
du  diocèse  de  Saint -Brieuc.  Il  fut  inhumé  à  côté  de  la 
tombe  de  Charles  Jégou,  avec  pierre  tombale  sur  la- 
quelle on  lisait  :  Ci  gist  frère  Jean  Prédour,  abbé  de 
Daoullas,  tt  ayant  gouverné  icélle  par  V espace  de  vingt 
et  trois  ans,  est  décédé  Vonzième  May  1573.  Il  était  âgé 
de  75  ans. 

1573-1581.  Jean  de  Kerguiziau,  originaire  de  Bohars, 
d'une  famille  fondue  dans  les  Louet,  en  1530,  portait 
pour  armes  :  d'azur  à  trois  têtes  d^aigles  arrachées  d'or. 
Il  fut  inhumé  au  côté  de  l'Evangile  du  mattre-autel  ; 
sa  tombe  portait  cette  inscription  :  HIC .  JACET.  FRA- 
TER .  JOHANNES .  DE .  KERGVIZIEAV.  ABBAS .  HVIVS 
MONASTERI  .  DE  .  DOVLAS  .  QVI  .  REXIT  .  ILLVD 
ANNIS  .  VIII  .  ET .  RESTA VRAVIT  .  ET .  ACQVISIVIT 
El  .  PLVRA  .  BONA  .  OBIIT  .  AVTEM  .  DIE  .  DECIMA 
MEN  .  SEPTEMBRIS  .  ANO  .  DNI  .  MVLXXXI 

1581-1598.  René  du  Louet,  fut  le  dernier  abbé  régulier. 
Il  portait  pour  armes  :  fascé  de  vaire  et  de  gueules  de 
six  pièces.  C'est  lui  qui  fit  construire,  dans  le  cimetière, 
le  reliquaire  qui  était  placé  vis-à-vis  la  chapelle  Sainte- 
Anne.  Il  fut  inhumé  près  la  tombe  de  son  prédéces- 
seur, dans  la  chapelle  du  Fou  ;  sur  sa  pierre  tombale, 
était  sculpté  son  blason,  surmonté  d'une  mitre  et  de 
la  crosse  passant  derrière  l'écu,  avec  cette  inscrip- 


—  128  — 

tion  :  HIC  .  JACET .  FRATER .  RENAT VS  .  DV .  LOVET 
ABBAS  .  HVIVS  .  MONASTERII  .  DE  .  DAOVLAS  .  QVl 
QVIDEM  .  ACQVISIVIT  .  ET  .  SlLVAxM  .  DE  .  DAOVLAS 
ET .  PLVRA .  ALIA .  BON  A .  REXITQVE .  ILLVD .  ANNIS 
X  VI .  OBIIT .  AVTEM .  DIE.XII .  J  VLII .  MV«XGV1II .  EIVS 
ANIMA .  PAGE .  FRVATVR .  AMEN  .TOVT.  EST.  A .  DIEV 

1602-1651.  René  de  Rieux,  fils  du  marquis  d'Oixaot,  sei- 
gneur de  Sourdéac,  gouverneur  des  ville  et  château  de 
Brest,  fut  nommé  abbé  commendataire  de  Daoulas, 
n*étant  âgé  que  de  douze  ans  ;  ses  bulles  coûtèrent  à 
Rome  600  escus  d*or.  Après  avoir  pris  possession  en 
1603,  le  3  Juin,  il  continua  ses  études  à  Paris,  et  son 
père,  le  gouverneur  de  Brest,  se  chargea  de  l'adminis- 
tration des  biens  de  la  mense  abbatiale  ;  en  1606,  René 
de  Rieux  lut,  de  plus,  pourvu  de  Tabbaye  du  Relecq, 
et  en  1613  il  devint  évéque  de  Léon,  n'étant  encore 
que  sous-diacre  ;  il  reçut  ses  bulles  pour  son  sacre  en 
1619  seulement.  Tombé  en  disgrâce,  il  dut  céder  son 
évéché  à  M.  Robert  Cupil,  de  1636  à  1648,  et  il  est  pos- 
sible que,  dans  cet  intervalle,  le  cardinal  de  Mazarin 
se  fit  nommer  abbé  de  Daoulas,  car  il  est  dit,  dans  un 
factura,  que  «  cette  abbaye  a  été  possédée  par  le  sieur 
cardinal  de  Mazarin  ».  Mais  Mgr  de  Rieux  ne  cessa  pas 
de  se  considérer  comme  abbé  légitime  de  Daoulas,  et 
recouvra  certainement  son  abbaye  lorsqu'il  rentra  en 
grâce  en  1648.  Il  mourut  dans  son  abbaye  du  Relecq 
le  8  Mars  1651  ;  son  corps  fut  inhumé  dans  la  cathédrale 
de  Saint -Pol.  Il  portait  pour  armes  :  d'azur  à  neuf 
besanta  d'or  3,  3,  3, 

1651-1666.  Charles-Maurice  Le  Tellier,  se  démit  de  l'abbaye 
en  1666,  pour  devenir  coadjuteur  puis  archevêque  de 
Reims.  Il  avait  pour  armes  :  d'azur  à  trois  lézards 
d'argent  posés  en  pal  au  chef  cousu  de  gueules  chargé 
de  3  étoiles  d'or.  On  voit  encore  ses  armes  sur  la  porte 
qui  donne  entrée  dans  la  cour  de  l'abbaye. 


—  129  - 

16G7-1692.  Louis  de  la  Motbe  Vilbret  d'Apremont.  Son 

père  était  gouverneur  de  Salins,  en  Franche-Comté, 

après  ravoir  été  de  la  ville  d'Arras,  qu*il  fit  fortifier. 

Ses  armes  étaient  :  d'argent  à  l^aigle  ailes  abaisséeê 

cour<mné  d*azur  et  membre  de  gueules. 

Ce  fut  sous  le  gouvernement  de  cet  abbé  que  l'abbaye 

de  Daoulas  fut  unie  au  séminaire  des  aumôniers  de  la 

Marine,  qui  venait  de  s'établir  à  Brest. 

Par  lettres  du  mois  de  Septembre  1681,  le  Roi  avait 
établi  au  Folgoêt  une  communauté  de  prêtres  séculiers 
pour  élever  des  aumôniers  de  la  Marine  sous  la  juridic- 
tion de  Mgr  de  Léon  ;  mais  quatre  ou  cinq  ans  plus  tard, 
la  direction  de  cet  établissement  fut  confiée  aux  Jésuites, 
«  qui,  jugeant  qu'un  séminaire  de  ce  genre  serait  mieux 
placé  à  Brest,  passèrent  un  contrat  avec  le  Roi,  en  1686  (1), 
par  lequel  il  leur  fut  donné  un  terrain  avec  un  beau  jardin 
et  des  maisons,  la  direction  du  séminaire,  10.000  livres 
pour  meubles,  et  10.500  livres  de  rente  pour  entretenir 
vingt  aumôniers.  Ensuite  de  ce  traité,  ils  congédièrent 
les  prêtres  séculiers  du  Folgoêt,  y  mirent  des  récollets 
qui,  moyennant  l'église,  les  maisons,  le  casuel  et  500  livres 
de  pension,  se  sont  chargés  d'acquitter  les  fondations.  » 

Le  revenu  du  Folgoêt  n'ayant  pas  été  jugé  suffisant  pour 
l'entretien  du  nouveau  séminaire  de  la  Marine,  Louis  XIV, 
par  brevet  du  5  Avril  1692,  cité  ci-dessus,  déclara  l'abbaye 
de  Daoulas  unie  au  dit  séminaire,  c'est-à-dire  que,  désor- 
mais, les  Pères  Jésuites  toucheraient  les  revenus  de  la 
mense  abbatiale  (revenant  à  l'abbé)  au  profit  de  leur 
œuvre  de  Brest,  mais  laisseraient  la  mense  conventuelle 
aux  chanoines  de  Daoulas,  qui  continueraient  à  desservir 
les  fondations.  En  somme,  rien  n'était  radicalement 
changé  à  l'ancien  état  de  chose,  si  non  que  le  séminaire 
de  la  Marine  était  substitué  à  l'abbé  commendataire, 

(1)  Factum  des  chaDoines  opposants.  Bibliothèque  de  la  ville,  Quimper. 


-  130  - 

quant  à  la  perception  des  émoluments  de  la  mense  et 
quant  aux  nominations  aux  bénéfices  dépendant  de 
Tabbaye. 

Les  Pères  Jésuites  commencèrent  par  s'arranger  avec 
l'abbé,  le  sieur  d'Apremont,  moyennant  une  pension  via- 
gère, puis  entrèrent  en  pourparlers  avec  les  chanoines  de 
Daoulas  ;  en  1693,  il  n'y  en  avait  que  trois  à  résider  à 
Tabbaye,  car  les  autres  étant  titulaires  de  différents 
prieurés  de  Loperhet,  Dirinon,  Hanvec,  etc.,  résidaient 
dans  ces  paroisses.  Les  Jésuites  s'arrangèrent  assez  faci- 
lement avec  les  trois  religieux  de  Tabbaye  ;  par  acte  du 
11  Juin  1693,  Gabriel  Graleul  de  Plaisance,  prieur  claus- 
tral, et  Louis  Pinson,  chanoine,  consentirent  à  Tunion 
moyennant  une  pension  annuelle  de  600  livres,  et  Hippo- 
lyte  Garnier,  frère  convers,  accepta  une  pension  de 
300  livres. 

Cependant,  cette  union  ne  pouvait  être  valable  que  par 
l'autorité  pontificale,  et  ce  fut  le  5  des  ides  d'Avril  1698, 
qu'Innocent  XII  accorda  la  bulle  d'union. 

Le  14  Janvier  1699,  les  Jésuites  sollicitèrent  de  TOfiicia- 
lité  de  Quimper  la  fulmination  de  la  bulle,  et  le  13  Avril 
de  la  même  année,  après  une  enquête  de  commodo  et 
incommodo,  M.  Guillaume  Cariou,  officiai  de  Cornouaille, 
portait  sentence  de  fulmination  de  la  bulle  d'union. 

Mais  aussitôt  commença  une  vive  opposition  de  la  part 
de  quelques-uns  des  chanoines,  tels  que  des  sieurs  Guil- 
lou,  prieur  de  Loperhet,  Rannou,  prieur  de  Logonna, 
Montenard,  prieur  de  Hanvec  ;  ils  demandèrent  le  renvoi 
de  l'afiaire  devant  le  Parlement  de  Bretagne.  De  leur 
côté,  les  Jésuites  réclamèrent  la  juridiction  du  grand 
Conseil  du  Roi.  «  Par  arrêté  contradictoire  du  23  Janvier 
1702,  les  parties  furent  renvoyées  et  les  Jésuites  condam- 
nés aux  dépens. 

((  Les  Jésuites  présentèrent  au  Roi  un  placet  sous  le 


-  i31  - 

nom  des  Aumôniers  de  marine,  tendant  à  ce  que,  sans 
s'arrêter  à  Tarrest  du  Conseil  du  23  Janvier,  et  supposans 
que  les  oppositions  à  Tunion  allaient  contre  les  droits  de 
Sa  Majesté...,  il  y  eut  arrêt  du  Conseil  du  20  Mars  1702, 
qui  évoqua  Taflaire  au  Conseil  d'Etat  privé  du  Roi  pour  y 
être  définitivement  fait  droit  »  (1). 

En  1713,  ce  procès  était  toujours  pendant,  mais  il  se 
termina,  cette  année,  par  une  transaction  confirmée  par 
lettres  patentes  du  11  Décembre  1713  : 

«  La  mense  conventuelle  et  abbatiale  est  remise  au 
séminaire  de  Brest  pour  sa  fondation. 

«  La  pension  des  chanoines  est  fixée  à  3.150  livres  libre 
de  toutes  charges  ordinaire  et  extraordinaire. 

«  Les  Pères  Jésuites  sont  chargés  de  toutes  les  répara- 
tions »  (2). 

Les  dix  paroisses  dépendantes  de  cette  abbaye,  dont 
deux  au  diocèse  de  Saint-Pol  et  les  autres  en  Cornouaille, 
furent  conférées,  sur  la  présentation  des  Pères  Jésuites, 
aux  évêques  respectifs  ;  mais  ils  ne  pouvaient  présenter 
à  ces  cures  que  des  chanoines  de  Daoulas. 

Cet  état  de  chose  dura  jusqu'à  la  suppression  des  Jésui- 
tes, en  1762  ;  depujs  cette  époque  jusqu'à  la  Révolution, 
les  chanoines  n'eurent  d'autre  supérieur  que  l'évéque 
diocésain,  qui  concourait  avec  eux  pour  le  choix  des 
sujets  à  admettre,  qui  tous  devaient  être  prêtres  et  aptes 
à  exercer  les  fonctions  du  ministère  ;  quant  aux  revenus 
de  la  mense  conventuelle,  ils  demeurèrent  fixés  à  la 
somme  de  3.150  livres,  comme  par  le  passé.  Les  autres 
revenus  de  l'abbaye  demeurèrent  encore  une  dizaine 
d'années  affectés  à  l'entretien  des  aumôniers  de  la  Marine, 
à  Brest,  sous  la  direction  de  Mgr  de  Léon.  Mais  lorsque 
le  séminaire  de  la  Marine  fut  supprimé,  en  1771  (3),  ces 

(1)  Factum  des  opposaoto  à  TuaioD. 

(2)  Mémoire  de  1785.  Archi?e8  de  FEvôchô. 

(3)  Le  ?ot.  Histoire  du  port  de  Brest. 


—  132  — 

revenus  furent  appliqués  au  payement  de  la  pension  des 
Pères  Jésuites  ;  mais  ces  pensions  devaient  s'éteindre 
suecessivement  par  le  décès  des  membres  de  la  compa- 
gnie, et  nous  voyons  un  mémoire  rédigé  sur  les  ordres 
de  Mgr  de  Léon,  vers  1780,  se  demander  si  les  bénéfices 
pauvres  ou  le  séminaire  ne  pourraient  pas  retirer  quel- 
qu'avantage  de  Tunion  de  ces  revenus,  qui  ne  pouvaient 
être  consacrés  qu'au  profit  de  l'église. 

•  * 

Nous  donnons  ici  une  pièce  (E.  125),  portant  la  date  de 
1678,  qui  jette  quelque  jour  sur  les  coutumes  et  usages  de 
Daoulas  au  xvii^  siècle. 

C'est  la  pancarte  des  droits  et  charges  du  voyer  de  la 
seigneurie  de  Daoulas  ;  la  fonction  de  voyer  sera  parti- 
culièrement établie  par  la  nomenclature  de  ses  charges. 
Mais  voyons  d'abord  quels  en  étaient  les  droits  : 

«  Pancarte  des  debvoirs  et  droits 
seigneuriaux  deus  à  Messire  Jean  de  Treanna,  chef  de 
noms  et  d'armes,  chevalier  seigneur  deLanvilo,  Kervern, 
Kerazan,  Tremaria,  de  Coetnempren,  Liscoet,  Coetelex, 
etc.  Comme  voyer  féodé  et  héréditaire  de  la  terre,  seigneu- 
rie et  chastellenie  de  Daoulas,  membre  de  la  principauté 
de  Léon. 

1.  —  Four  banal  en  la  ville  de  Daoulas  pour  cuire  aux 
manans  et  habitans  d'icelle. 

Devoirs  de  rivière, 

2.  —  Une  quarte  de  vin  de  chacune  pippe  de  vin,  sça- 
voir  une  pinte  de  chacune  barrique  rendue  par  mer  en  la 
dite  ville. 

3.  — Un  boisseau  de  sel  de  chacun  muids  de  sel  apporté 


-  133  — 

par  mer.  Quels  debvoirs  sont  dus  lorsqu'ils  entrent  en  la 
dite  rivière  et  qu'ils  passent  Tisle  Rosmellec,  fors  des 
babitans  de  Daoulas  qui  auront  courre  la  quintaine,  les- 
quels sont  quittes  des  dits  devoirs,  pourvu  qu'ils  aient  été 
les  quérir  sur  les  lieux  où  ils  auront  creus  et  non  autre- 
ment. 

Devoirs  de  ville. 

4.  —  Une  pinte  de  vin  chacune  barrique  de  vin  qui  sera 
vendue  à  Daoulas  pour  sortir  d*icelle  ville  à  autres  qu'aux 
gentilhommes  pour  provision. 

Péage. 

5.  —  Pour  droit  de  péage  percevra  le  dit  voyer  un  denier 
de  chacune  somme  ou  charge  de  cheval  qui  passjera  des- 
sus les  ponts  de  Daoulas. 

Foires  de  Saint-Pierre  et  la  Toussaint. 

6.  —  Au  dit  seigneur  voyer  à  cause  de  son  voyerage 
appartient  les  devoirs  des  dites  foires  qui  se  tiennent  à  la 
Roche-Maurice,  scavoir  de  toutes  les  bestes  vives  vendues 
aux  dites  foires  de  chacune  beste  Daumale  2  deniers. 

7.  —  De  chacun  porc  2  deniers. 

8.  —  De  chacun  cheval  ou  jument  8  deniers. 

9.  —  De  chacun  mouton  mort  1  denier. 

10.  —  De  chacune  vente  de  beurre  (si  elle  passe  la  valeur 
de  12  deniers)  1  denier. 

11.  —  De  chacune  somme  ou  charge  d'escuelles  ou  sabots 
de  bois  2  deniers. 

12. —  De  chacun  estai  de  drapier  1  denier. 

13.  —  De  chacun  mercier  qui  étale  2  deniers. 

14.  —  Des  autres  merciers  qui  vont  par  ville  i  denier. 

15.  —  De  chacun  cordonnier  1  denier. 

16.  —  De  chacun  vendeur  de  pots  déterre  1  denier. 

17.  —  De  chacun  peau  crue  de  beste  1  denier. 


—  134  — 

Foiré  de  Noël  à  la  Boche-Maurice. 

18.  —  Le  7«  denier  des  coutumes  que  lèvent  les  abbé  et 
couvent  de  Daoulas  à  cette  foire. 

Foire  de  8a%nt-OiUe$  à  Daotdas. 

19.  —  Le  7«  denier  que  les  dits  abbé  et  couvent  lèvent  à 
cette  foire. 

Foire  de  Pâques  à  la  Roche- Maurice. 

20.  —  Pour  vente  de  beurre  au  pot  (s'il  passe  12  deniers) 
1  denier. 

21.  —  De  chacun  vendeur  de  pot  de  terre  1  denier. 

22.  —  De  chacun  cordonnier,  drapier  et  autres  mar- 
chands comme  ci-devant  aux  fêtes  de  Saint-Pierre  et  Tous- 
saint. 

Foire  de  Saini-Nicolas, 

23.  —  A  cette  foire,  le  jour  de  la  fête  de  M.  saint  Nico- 
las, de  chacun  étal  de  boucher  1  denier. 

24.  —  De  chacun  mercier  1  denier. 

25.  —  De  chacun  porc  1  denier. 

26.  —  De  chacune  peau  crue  1  denier. 

27.  —  De  chacun  cordonnier  1  denier,  fors  de  ceux  de 
la  ville  de  Daoulas. 

Foire  de  Saint  Barnabe  à  Daoulas 

28.  —  Pareil  droit  comme  à  la  foire  saint  Nicolas. 

29.  -—  De  chacun  chapelier  1  denier. 

30.  —  De  chacune  troque  de  cheval  ou  jument  4  deniers. 

31.  —  Appartient  au  dit  seigneur  voyer  le  goret  ou  pes- 
chérie  qui  est  au  bout  de  la  grève  que  Ton  appelle  Bec- 
Kervern-Tréanna  autrement  Pen-ar-Vorlen,  le  dit  goret 
situé  en  la  rivière  de  Daoulas. 

32.  —  A  le  dit  voyer  droit  de  faire  pescher  tant  dans  la 
rivière  qui  descend  à  Daoulas  que  dans  la  mer. 


—  133  — 

ChaTge9 
que  le  dit  seigneur  doit  p<mr  le  dit  voyerage. 

i^  Est  obligé  comme  voyer  se  présenter  par  lui  ou  ses 
commis  députés  es  délivrances  et  plaids  généraux  et  or- 
dinaires de  la  juridiction  de  Daoulas. 

29  Est  tenu  de  garder  les  prisonniers  détenus  par  les  offi- 
ciers de  la  dite  cour  jusqu'au  lendemain  de  leur  prise,  à 
l'heure  de  prime,  et  pour  lors  les  dits  officiers  sont  obli- 
gés de  prendre  du  dit  voyer  les  dits  prisonniers  pour  les 
mener  aux  prisons  de  la  Roche-Maurice  avec  l'aide  de 
quelques-uns  des  habitants  de  Daoulas  qui  sont  sujets  à 
cause  de  leur  demeure  d'aider  à  la  conduite  des  dits  pri- 
sonniers. 

3p  Est  tenu...  recevoir  les  deniers  de  rentes  censives 
dues  en  la  dite  ville  à  chacun  jour  de  dimanche  premier 
subséquent  la  Toussaint,  payables  au  dit  voyer  pour  les 
rendre  au  receveur  ordinaire  de  la  seigneurie,  sauf  le 
onzième  denier  pour  droit  de  recepte. 

40  Est  tenu...  recevoir  les  deniers  au  loin  deus  à  M.  de 
Rohan  de  chacun  habitant  de  Daoulas  qui  a  fen  en  sa 
maison,  qui  est  3  deniers,  et  a  tierce  partie  des  dits  de- 
niers pour  droit  de  recette. 

39  Est  tenu...  tenir  trois  ponts  en  bonne  réparation  :  le 
pont  proche  de  Kerisit  appelé  Pont-Callac,  l'autre  pont  en 
la  rue  Baly  appelé  le  Grand-Pont  ou  le  pont  Squilfin,  et 
le  petit  pont  Anez,  commençant  proche  la  maison  à  pré- 
sent de  M^  Olivier  Bodiou  et  passant  à  droict  et  au  travers 
de  la  rue  sous  la  maison  nommée  le  vieux  Kérisit  pour 
rendre  l'eau  dans  la  rive  de  la  mer... 

&*  Doit  le  dit  voyer  fournir  quintaine...  » 

Ce  devoir  de  quintaine  longuement  décrit  dans  la  pan- 
carte Test  d'une  manière  plus  intéressante  dans  la  sup- 


—  136  — 

plique  que  voici,  du  voyer  réclamant  près  des  juges 
contre  une  infraction  à  l'ancien  usage  (1). 

((  MM.  les  juges  présidiaux  de  Quimper,  supplie  hum- 
blement Missire  Jan  de  Tréanna,  chef  de  nom  et  d'armes, 
chevalier  seigneur  de  Lanvilio,  Kerven  et  autres  seigneu- 
ries, voyer  féodé  et  héréditaire  de  la  seigneurie  de 
Daoulas,  demandeur, 

((  Contre  Mérien  Jahouen  et  Jeanne  Keromen,  sa  femme, 
deflendeurs, 

((  Exposant  qu'il  y  a  longues  années  que  luy  et  MM.  ses 
ancêtres  sont  voyers  de  la  dite  seigneurie  de  Daoulas  sous 
les  hauts  et  puissants  les  seigneurs  de  Rohan  les  queulx 
ont  fixé  les  charges  et  subjections  qui  incombent  et  sont 
annexées  audit  voyerage  et  à  ces  conditions  il  s'est  sou- 
mis, engagé,  inféodé  vers  les  dits  seigneurs. 

((  Il  est  certain  que  l'une  des  dites  charges  consiste  en 
une  obligation  au  dit  voyer  de  fournir  une  quintaine  et 
des  chevaux  pour  y  courir  et  une  pièce  de  bois  en  forme 
d'une  lance,  à  chacun  1®'  jour  de  Janvier,  aux  nouveaux 
mariez  et  espousez  de  la  dite  ville  et  paroisse  de  Daoulas 
pour  l'année  de  précédent  le  dit  mois  de  Janvier  qu'ils 
auront  espousé. 

«  Remarquable  que  ceste  obligation  regarde  par  géné- 
ralité tous  nouveaux  mariés  et  espousés  sans  exception 
d'aucun,  lesquels  ne  peuvent  s'exempter  à  monter  à  che- 
val faire  la  dite  course,  pour  de  la  lance  que  l'on  leur 
présente  atteindre  à  leur  possible  la  dite  quintaine  ou  po- 
teau de  bois  piqué  pour  la  marque  de  la  dite  course  et  de 
l'exercice  que  les  seigneurs  de  Rohan  sont  en  droit  de 
faire  faire  à  leurs  subjectz. 

<(  Il  sera  observé  que  les  dits  mariez  doivent  ensuite  et 
sont  subjectz  de  bailler  iceluy  jour  de  la  dite  course  un 

(l)  E.  138.  La  supplique  est  de  Tannée  1680. 


-  137   - 

disner  au  dit  voyer  ayant  un  gentilhomme  pour  luy  tenir 
compagnie  au  dit  disner,  doivent  aussi  le  disner  des  ser- 
viteurs du  dit  voyer  et  de  ses  commis  pour  conduire  les 
chevaux  pour  chacun  quintaine,  auxquels  chevaux  ils 
sont  obligés  payer  et  desfrayer  la  repue  en  la  dite  ville  de 
Daoulas. 

((  Est-il  qu'on  a  toujours  continué  ces  exercices  et 
acquitté  ces  dits  devoirs  en  la  ville  de  Daoulas  sans  aucune 
difficulté  pendant  le  séjour  actuel  du  dit  suppliant  en  son 
manoir  de  Kerven  situé  es  metes  de  la  dite  ville  de 
Daoulas. 

((  Mais  il  se  rencontre  qu'en  l'année  1679  qu'il  y  eut 
7  nouveaux  mariez  et  espousés,  lesquels  se  représantè- 
rent  en  la  place  accoustumée  en  la  dite  ville  de  Daoulas 
le  1«'  jour  de  Janvier  dernier  qui  firent  la  course  ordi- 
naire sur  les  chevaux  que  le  suppliant  leur  présenta,  à  la 
réserve  du  dit  Jahouen  qui  se  laissa  défaillir  sans  monter 
à  cheval  ni  ensuite,  non  plus  que  la  dite  Keromen  sa 
femme  contribuer  au  disner  du  dit  sieur  Voyer,  ny  aux 
autres  devoirs  cy-dessus  expliquez  soûls  prétexte  d'une 
grosse  despense  qu'ils  se  figuraient  estre  obligés  de  faire 
pour  le  disner. 

«  Mais  comme  le  suppliant  n'exige  rien  que  ce  qui  est 
honneste  et  deu  à  sa  qualité  et  que  d'ailleurs  il  n'est  pas 
tenu  laisser  périr  ses  droits  il  a  cru  bien  agir  de  faire  pro- 
céder à  un  prix  réglé  pour  le  dit  disner  et  sa  séquelle  afin 
que  sur  le  règlement  il  puisse  faire  payer  une  septième 
portion  aux  dits  défendeurs,  et  à  l'avenir  mettre  en  liberté 
de  fournir  le  dit  diner  ou  le  prix  qui  sera  réglé  par  per- 
sonnes de  mérite  ou  à  taxe  de  justice. 

«  Et  puisqu'il  n'est  pas  de  la  compétence  de  la  juridic- 
tion de  Daoulas  (d'où  les  défendeurs  sont  justiciables, 
ayanz  une  maison  en  la  dite  ville)  de  faire  un  règlement 
certain  au  subject  ci-dessus,  et  qu'en  semblables  occasions, 

BoLLBTiif  BS  LÀ  GoMMissioif  DiocisAiNB.  —  7*  aonée.  10 


—  138  — 

la  cour  vous  a  conservé  l'authorité  des  dits  règlements 
comme  supérieurs  de  la  dite  juridiction  de  Daoulas. 

«  Le  suppliant  requiert....  Ce  considéré,  qu'il  vous  plaise 
luy  permettre  d'appeler  les  dits  deflendeurs  devant  vous 
pour  subir  :  1^  la  condamnation  de  60  sols  pour  chacun 
défaillant  de  monter  à  cheval  pour  courir  la  quintaine  ; 
2p  être  fait  règlement  pour  le  disner  ;  3^  estre  les  dits 
défendeurs  condemnez  de  payer  la  7®  portion  du  dit  disner 
qui  estoit  du  au  \^^  Janvier...  et  ferez  bien.  » 

Satisfaction  fut  donnée  au  sieur  de  Tréanna,  et  le  pré- 
sidial  de  Quimper  condamna  Jahouen  à  60  sols  pour  n'être 
pas  monté  à  cheval  ;  quant  au  dîner,  il  fut  estimé  valoir 
20  livres. 

Eglise  de  Daoulas 

L'église  telle  qu'elle  existe  actuellement  ne  représente 
pas  toute  la  longueur  ancienne,  mais  l'extrémité  suppri- 
mée, c'est-à-dire  le  chœur  et  une  sorte  de  transept  midi 
ne  dataient  que  du  xv«  ou  du  xvi®  siècle.  En  1876  et  1877 
il  a  été  fait  à  cet  édifice  d'excellents  travaux  de  restau- 
ration sous  la  direction  de  M.  Bigot,  architecte  diocésain, 
qui  a  construit  l'abside  en  hémicycle,  les  deux  absidioles 
terminant  les  bas-c6tés  et  le  collatéral  Sud. 

Ce  que  nous  avons  d'authentique  du  xii®  siècle  c'est  le 
portail  Ouest  et  la  nef  avec  son  bas-côté  Nord.  La  façade 
Ouest  est  précieuse  pour  nous,  car  elle  est  avec  celle  de 
Saint-Mathieu  la  seule  façade  romane  qui  soit  restée 
intacte,  sans  aucun  remaniement. 

Elle  se  compose  ainsi  :  au  milieu  une  large  porte 
accostée  de  chaque  côté  de  deux  colounettes  portant  les 
archivoltes  d'un  arc  à  plein-cintre  et  latéralement  deux 
autres  arcades  aveugles  plus  étroites  à  côté  desquelles 
montent  deux  contreforts  larges,   peu  saillants.  A  sept 


—  139  — 

mètres  de  hauteur  environ,  le  mur  subit  un  retrait  où 
prennent  naissance  quatre  contreforts  plats  qui  enca- 
drent et  séparent  trois  fenêtres  à  plein-cintre,  dont  celle 
du  milieu  plus  lai^e  que  les  deux  autres.  Le  tout  se  ter- 
mine par  un  gable  assez  aigu  ;  cet  ensemble  est  simple, 
mais  a  en  même  temps  un  air  de  grandeur  et  de  dignité. 

A  l'intérieur  la  nef  longue  de  28  mètres  et  large  de  7, 
avec  bas-côtés  de  3  m.  50,  est  composée  de  7  travées  for- 
mées par  des  piliers  en  croix  grecque,  c'est-à-dire  ayant 
un  pilastre  sur  chacune  des  quatre  faces,  piliers  hauts 
de  5  mètres  couronnés  d'un  simple  tailloir  à  chanfrein 
et  partant  des  arcs  à  plein-cintre  à  double  archivolte.  Au- 
dessus  de  ces  arcades  viennent  des  fenêtres  étroites  à 
Textérieur  et  évasées  intérieurement. 

Il  faut  noter,  de  chaque  côté  de  la  porte  Ouest,  une 
ornementation  en  sculpture  méplate  formant  comme  un 
large  bandeau  ou  litre  qui  se  compose  d'ornements  variés 
dans  lesquels  on  remarque  surtout  un  simulacre  de  nattes 
tressées  en  osier  ou  en  roseaux.  Cette  décoration  rappelle 
les  sculptures  analogues  de  la  nef  de  la  cathédrale  de 
Bayeux. 

Dans  l'ancienne  église,  se  voyaient  plusieurs  autels 
dont  voici  quelques  vocables  : 

Le  maître-autel,  dédié  à  Notre-Dame,  portait  un  retable 
sculpté  en  bois  représentant,  dans  sept  médaillons,  les 
mystères  de  l'Annonciation,  la  Visitation,  la  Naissance  de 
N.  S.,  la  Mort  de  la  Sainte-Vierge,  la  Circoncision,  l'Ado- 
ration des  Mages,  la  Purification  ;  ce  retable  était  surmonté 
d'une  crosse  qui  supportait  le  saint  ciboire,  comme  on  le 
voit  encore  au  maître-autel  de  la  cathédrale  de  Saint-Pol 
de  Léon. 

Dans  la  nef,  autel  de  la  paroisse,  dédié  également  à  la 
Sainte-Vierge. 

Autel  de  Sainte-Catherine,  avec  sculptures  en  albâtre. 


—  440  — 

Autel  de  Saint-Erasme,  où  est  représenté  son  martyre, 
dit  le  chanoine  Pinson,  en  sculpture  à  faire  pitié  ;  c'est 
peut-être  de  cet  autel  que  provient  le  panneau  en  bois 
sculpté  qui  se  voit  au  Musée  de  Morlaix,  et  où  Ton  voit 
les  bourreaux  dévidant  sur  un  cabestan  les  entrailles  du 
martyr. 

Autel  de  Saint-Yves. 

Autel  de  Jésus  souffrant. 

Autel  de  Saint-Gilles,  dans  la  chapelle  du  Faou. 

Autel  de  Saint-Goulven. 

Autel  de  SaintTMemor  ;  saint  très  honoré  dans  le  pays, 
représenté  tenant  les  entrailles  entre  ses  mains;  on  le 
confond  avec  saint  Maroert  et  saint  Adrien,  dont  on  arra- 
cha également  les  entrailles  ;  mais  il  semble  se  distinguer, 
à  Daoulas,  de  saint  Erasme,  qui  subit  un  martyre  analogue. 

Chapelle  du  Rosaire,  autrefois  dédiée  à  saint  Sébastien. 

Chapelle  de  Sainte-Anne. 

Chapelle  de  N.-D.  de  Pitié. 

Autel  des  saints  Cosme  et^Damien,  avec  des  peintures 
de  1596,  représentant  leur  martyre. 

Chapelle  de  Saint-Pierre,  dont  Tautel  est  surmonté  de 
la  statue  du  Prince  des  Apôtres. 

Autel  de  la  Madeleine. 

On  remarquait,  de  plus,  dans  Téglise,  les  statues  de 
saint  Augustin,  saint  Roch,  et  celle  de  saint  Clair,  portant 
la  date  de  1542. 

Dom  Pinson  nous  apprend  que  le  chœur  était  plus  étroit 
((  que  le  reste  du  corps  de  l'église,  à  cause  des  quatre  gros 
piliers  qui  soutiennent  la  tour  qui  ont  plus  de  volume 
que  les  autres  »,  que  ces  quatre  gros  piliers  de  maçon- 
nerie soutenaient,  au-dessus  du  chœur,  la  tour  «  dans 
laquelle  sont  deux  fort  belles  cloches  et  trois  autres  peti- 
tes ;  elle  est  couverte  d'une  aiguille  de  charpente  et  de 
plomb  des  plus  hautes  qne  Ton  puisse  voir  )). 


—  141  - 

A  la  fin  du  xvi^  siècle,  on  construisit  un  porche  près  du 
transept  côté  du  Midi,  non  loin  duquel  se  trouvaient  les 
fonts  baptismaux.  Lors  de  la  réparation  de  cette  partie 
de  réglise,  ce  porche  fut  reconstruit  à  une  des  extrémités 
du  cimetière,  où  il  sert  à  la  fois  d'arc  de  triomphe  et  de 
campanile.  II  s'ouvre  sur  un  côté  par  une  arcade  surbais- 
sée surmontée  d'un  tympan  qu'encadre  une  arcade  ogi- 
vale. L'autre  côté  est  percé  de  deux  portes  jumelles  en 
anse  de  panier.  C'est  un  travail  de  la  Renaissance,  cor- 
respondant aux  porches  de  Pencran  et  de  Landivisiau,  à 
la  porte  latérale  de  la  Roche  et  au  portail  Ouest  de 
Rumengol. 

Le  socle  de  la  statue  de  saint  Pierre  porte  la  date  de 
1566,  mais  le  porche  lui-même  pourrait  être  antérieur  de 
quelques  années.  La  grande  arcade  d'entrée  et  les  deux 
portes  intérieures  ont  conservé  dans  leur  encadrement 
tous  les  détails  de  la  période  flamboyante  ;  mais  en  dehors 
de  là,  la  plupart  des  motifs  d'ornementation  rappellent  la 
Renaissance,  particulièrement  dans  le  bénitier,  les  niches 
des  Apôtres  et  le  couronnement  des  portes  jumelles. 

Le  tympan  de  l'entrée  reproduit  la  scène  de  la  Nativité 
de  l'Enfant  Jésus,  sujet  traité  avec  tant  de  grâce  et  de 
naïveté  dans  les  porches  de  Pencran  et  de  La  Martyre. 

Chapelles 

io  Sainte-Anne, 

Sainte-Anne  —  ou  l'Hôpital  —  de  très  ancienne  fo  nda- 
tion  ;  en  1429,  Even  Buzit,  de  Roscofi,  y  fit  une  fondation 
de  2  raz  de  froment,  et  le  9  Décembre  1532,  —  l'abbé  Jean 
du  Largez  fondait  en  la  chapelle  de  Sainte-Anne  une 
messe  chaque  vendredi  avec  prières  en  langue  vulgaire, 
et  à  la  fin  de  la  messe,  le  prêtre  devait  lire  «  la  Passion 


-  142  - 

de  Notre-Seigneur  selon  les  quatre  Evangélistes,  chacun 
par  ordre  ». 

En  1845,  le  rapport  de  M.  Menu  du  Mesnil,  architecte, 
chargé  de  la  construction  du  presbytère,  constate  Tan- 
cienne  architecture  d'une  partie  de  cette  chapelle. 

«  Elle  a,  dit-il,  la  forme  de  la  croix  latine  avec  un  seul 
transept;  cette  forme  se  présente  rarement.  Cette  chapelle, 
en  très  grande  vénération,  présente  deux  stiles  différents, 
toute  la  nef  et  la  façade  qui  regarde  Téglise  sont  évidem- 
ment du  XVI®  siècle.  Quant  à  l'aile  latérale  ou  transept, 
elle  est  séparée  de  la  nef  par  une  colonne  en  pierre  de 
Om.  30  c.  de  diamètre,  à  chapiteau  sculpté,  dont  les  déco- 
rations rappellent  l'architecture  lombarde  ;  c'est  ce  tran- 
sept qui  vient  d'être  démoli  pour  servir  à  la  construction 
du  presbytère.  En  examinant  la  forme  des  matériaux,  de 
petite  dimension,  posés  sous  mortier  de  chaux,  la  grande 
épaisseur  des  murs,  qui  ont  près  d'un  mètre,  la  forme  de 
Tarcade,  qui  n'est  pas  semblable  à  celle  de  la  grande 
façade,  tout  porte  à  croire  que  cette  portion  est  bien  anté- 
rieure à  la  nef,  et  des  premiers  temps  de  l'ère  chrétienne 
dans  le  pays.  » 

Statues  :  sainte  Anne,  Sainte-Vierge,  saint  Zacharie, 
saint  Jean-Baptiste,  saint  Etienne,  saint  Laurent,  Fiûtà, 
Ecce  Homo, 

L'abside -à  pans  coupés  et  à  pignons  aigus  est  accompa- 
gnée de  contreforts  couronnés  de  clochetons.  Sur  le  milieu 
de  la  façade  Nord  est  une  porte  monumentale  accostée  de 
quatre  colonnes  corinthiennes  surmontées  d'une  corniche 
portant  un  fronton  avec  niche  ionique  dans  le  milieu, 
volutes  sur  le  rampant  et  lanternon  de  couronnement. 

Dans  la  frise  se  lit  la  date  de  1667,  et  la  niche  principale 
contient  la  statue  de  sainte  Anne  assise,  faisant  lire  la 
.Sainte-Vierge. 

A  l'intérieur,  le  retable  à  colonnes  torses  du  maître- 


—  143  — 

autel  renferme  un  groupe  de  sainte  Anne  et  la  Sainte- 
Viei^e  assises,  et  l'Enfant  Jésus  debout  au  milieu  d'elles. 

2o  Notre-Dame  des  Fontaines, 

Le  20  Août  1841,  M.  Ollivier,  curé  de  Daoulas,  écrivait 
à  Monseigneur  : 

(c  Vous  savez  qu'il  y  a,  en  dehors  de  l'enclos  de  l'an- 
cienne abbaye  de  Daoulas,  une  toute  petite  chapelle  dédiée 
à  la  Sainte-Vierge,  sous  la  dénomination  de  N.-D.  des 
Fontaines,  et  qu'auprès  se  trouve  une  très  belle  fontaine 
en  pierres  de  taille.  Cette  chapelle  fut  comprise  dans  la 
vente  des  biens  de  la  communauté,  et  depuis  elle  n'a 
jamais  été  rendue  au  culte  ;  néanmoins,  on  l'a  toujours 
laissée  dans  l'état  où  elle  était,  on  ne  l'a  jamais  employée 
à  aucun  usage  profane,  et  elle  n'a  subi  d'autres  dégrada- 
tions que  celles  du  temps,  que  les  divers  propriétaires 
qu'elle  a  eus  ont  eu  soin  de  réparer,  si  non  par  respect 
pour  la  chapelle,  du  moins  par  crainte  des  Daoulasiens 
qui,  à  les  en  croire,  auraient  fait  un  mauvais  parti  à  celui 
qui  l'aurait  laissée  tomber  en  ruines. 

«  M.  le  général  Bonté,  à  qui  elle  appartient  aujourd'hui, 
et  qui  est  venu  se  fixer  à  l'abbaye,  m'est  venu  prier  d'y 
dire  quelquefois  la  messe  et  d'y  aller  avec  la  procession, 
comme  aux  autres  chapelles. 

«  Quand  je  lui  ai  observé  que  je  ne  pouvais  acquiescer 
à  sa  demande  sans  recourir  à  Votre  Grandeur,  il  m'a  prié 
de  lui  en  parler,  s'engageant  à  tenir  toujours  la  chapelle 
dans  un  état  décent  et  à  faire  l'abandon  de  toutes  les 
offrandes  à  la  fabrique. 

«  Comme  elle  était  jadis  d'une  très  grande  dévotion  qui 
n^est  pas  encore  entièrement  éteinte,  car  bien  des  person- 
nes d'assez  loin  ont  conservé  l'habitude  de  venir  la  visiter 
à  toutes  les  fêtes  de  la  Vierge,  je  pense  que  si  l'on  y  disait 


—  144  - 

la  messe,  cette  dévotion  se  renouvellerait,  et  rapporterait 
quelque  chose  à  notre  fabrique,  qui  est,  comme  vous  le 
savez,  si  pauvre.  » 

Cette  chapelle  est  élevée  près  d^une  fontaine  déjà  citée 
dans  un  acte  de  1456  sous  le  nom  de  fontaine  Notre-Dame. 

Le  bassin  de  la  fontaine  est  surmonté  d'une  sorte  de 
petite  chapelle  gothique  en  pierre  de  Kersanton,  couverte 
de  deux  rampants  aigus  avec  clochetons  aux  quatre  angles. 
Au  fond  de  la  voûte  en  anse  de  panier  est  un  bas-relief 
représentant  Notre-Seigneur  en  croix  ;  à  côté  de  lui  sainte 
Catherine  de  Sienne,  foulant  aux  pieds  un  dragon,  mon- 
trant de  la  main  droite  la  plaie  du  côté  du  Sauveur,  et 
tenant  un  cœur  de  la  main  gauche.  Elle  est  vêtue  d*une 
robe  serrée  par  une  ceinture,  d*un  scapulaire  et  d'un 
manteau.  Dans  la  niche  du  fronton  il  y  a  une  Vierge-Mère 
qui  tient  une  pomme  ou  une  boule,  ainsi  que  TEnfant 
Jésus. 

Un  caniveau  partant  de  la  fontaine  conduit  Teau  dans 
trois  petites  auges  creusées  dans  la  même  pierre  et  de  là 
elle  se  déverse  dans  un  grand  bassin  de  2  m.  10  sur 
1  m.  80.  L'ensemble  est  entouré  d'une  belle  enceinte  en 
pierres  de  taille  formant  un  rectangle  de  6  mètres  sur 
4  mètres,  ayant  soubassement  et  couronnement  moulurés, 
avec  bancs  à  l'intérieur  et  à  l'extérieur  pour  l'usage  des 
pèlerins.  Au  dos  de  la  fontaine  on  lit  cette  inscription 
gothique  :  Le  X^jour  de  Juing  lan  mil  V  centz  L^  (1550) 
fut  renouvelle  ceste  fontaine  p.  M,  0,  du  Chatel  de  Doutas 
Abbé. 

Tout  à  côté,  est  l'oratoire  du  xvi^  siècle  désigné  sous  le 
nom  de  chapelle  de  Notre-Dame  des  Fontaines.  L^abside 
est  en  maçonnerie,  les  côtés  sont  vitrés  et  la  façade  est 
formée  d*une  claire- voie  à  balustres  tournés.  La  partie 
basse  de  la  porte  est  pleine  et  formée  de  deux  panneaux 
d'ornements  et  bas-reliefs  d'excellent  style. 


-  145  - 

Au-dessus,  la  toiture  forme  auvent  et  est  ornée  d'ar- 
doises découpées  en  écailles  et  en  losanges  faisant  une 
excellente  décoration.  A  Tintérieur,  aux  deux  côtés  de 
Faute!,  sont  les  statues  de  la  Vierge-Mère  et  de  saint  Jean- 
Baptiste.  Sur  une  paroi  latérale  est  une  jolie  Vierge  gothi- 
qtie,  tenant  sur  ses  genoux  l'Enfant  Jésus  drapé.  De  l'au- 
tre côté  on  voit,  en  bas-relief,  une  petite  sainte  Anne 
couchée  dans  un  lit  à  panneaux  gothiques,  provenant 
certainement  d'un  groupe  de  la  Nativité  de  la  Sainte- 
Vîei^e.  Puis  un  petit  saint  Théleau  en  chape,  mitre  et 
crosse,  à  cheval  sur  un  cerf.  Presque  en  face  est  un  tableau 
de  saint  Nicolas,  à  genoux  devant  la  Sainte-Vierge,  saint 
Joseph  et  l'Enfant  Jésus  ;  à  ses  pieds  il  a  les  trois  petits 
enfants  qu'il  vient  de  ressusciter.  Ce  tableau  provient, 
sans  doute,  de  l'ancienne  chapelle  Saint-Nicolas.  Notre- 
Dame  des  Fontaines  est  invoquée  spécialement  pour  la 
guérison  des  maux  d'yeux. 

80  Saint' Nicolas. 

Ancienne  chapelle  du  château,  est  citée  dans  l'acte  de 
fondation  de  l'abbaye,  en  1173.  Elle  était  dédiée  à  saint 
Nicolas.  Un  acte  de  1435  parle  de  la  rue  Saint-Nicolas,  et 
en  1492,  le  Roi  confirmait  le  droit  de  l'abbé  et  couvent  de 
Daoulas  à  prendre  les  offrandes  qui  se  font  en  la  chapelle 
Saint-Nicolas.  Le  7  juin  1510,  Claude  de  Rohan,  évéque  de 
Quimper,  accordait  40  jours  d'indulgence  aux  fidèles  qui 
visiteraient  la  chapelle  de  Saint-Nicolas  à  ses  fêtes  de  Mai 
et  de  Décembre.  Cette  chapelle  n'existe  plus. 

4^  Saint-Rock, 

Chapelle  située  sur  la  hauteur  voisine  du  chevet  de 
l'église  abbatiale  et  rebâtie  en  1774.  En  1732,  elle  fut  dotée 
d'une  cloche  fondue  par  M.  Beurié  de  la  Rivière,  de  Brest. 


—  146  — 

Reuquaire 

Edicule  construit  dans  le  cimetière,  vis-à-vis  la  chapelle 
de  Sainte-Anne,  par  René  du  Louet,  1581-1598.  Lors  de  la 
restauration  de  l'église,  vers  1875,  il  fut  démoli  et  employé 
à  la  construction  de  la  sacristie  actuelle,  qui  formait 
autrefois  le  bas-côté  Nord  ou  tour  du  cbœur  de  Téglise. 
La  clôture  de  la  sacristie  est  formée  par  Tancien  ossuaire, 
présentant  des  fenêtres  séparées  par  des  pilastres  en 
gaîne,  avec  sa- porte  encadrée  par  deux  colonnes  ioniques 
cannelées  avec  bague  sculptée  à  hauteur  du  fût. 

Outre  l'église  abbatiale  nous  trouvons  à  Daoulas  un 
clottre  roman  fort  intéressant.  Ce  clottre  est  maintenant 
dépourvu  de  sa  toiture;  il  a  été  même  en  partie  démoli, 
les  colonnes  et  les  arcades  de  deux  des  côtés  avaient  été 
jetées  à  terre,  mais  il  y  a  quinze  ou  vingt  ans,  le  proprié- 
taire actuel,  M.  Danguy  des  Déserts,  d'accord  avec  son 
beau-père,  M.  Bigot,  architecte  diocésain,  fit  restaurer  le 
tout  et  nous  avons  maintenant  debout  les  quatre  côtés  du 
carré,  comprenant  quarante-quatre  arcades. 

Les  angles  sont  formés  d*un  faisceau  de  quatre  colon- 
nettes  et  dans  les  côtés  ces  colonnes  cylindriques  sont 
alternativement  simples  et  jumelées,  couronnées  de  cha- 
piteaux élégants  dont  la  corbeille  est  tapissée  d'ornements 
variés,  feuilles  recourbées  et  lancéolées,  crossettes,  volu- 
tes; quelques-uns  des  tailloirs  sont  aussi  décorés  de 
zigzags,  dents  de  scie,  losanges,  étoiles.  Au  milieu  du 
préau  se  trouve  une  vasque  octogonale  dont  chacun  des 
huit  pans  offre  une  ornementation  différente  ;  elle  a  été 
faite  au  temps  de  Tabbé  Guérault,  1352-1398  (Le  Vot). 


-  147  - 

Dès  le  XVI®  siècle,  l'église  abbatiale  était  en  possession 
d'un  orgue,  et  le  14  Mai  1607,  le  sieur  de  Sourdéac,  admi- 
nistrateur pour  son  fils,  M.  de  Rieux,  du  temporel  de 
Tabbaye,  «  faisant  pour  le  seigneur  abbé,  son  fils,  et  les 
chanoines  de  Daoulas,  arresta  qu'aucun  ne  pourra  estre 
pourvu  à  Tadvenir  du  vicariat  de  Daoulas,  qui  ne  sache 
toucher  les  orgues  et  ne  soit  religieux  ou  en  état  de 
Testre  ».  La  liste  des  vicaires  perpétuels  qui  va  suivre 
sera  donc  également  celle  des  artistes  qui  se  sont  succédé 
à  la  tête  de  la  paroisse;  et  pour  que  l'instrument  répondit 
au  talent  des  artistes,  le  chanoine  Pinson  nous  apprend 
qu'il  fut  refait,  en  1672,  des  deniers  de  la  paroisse  et  de 
la  communauté,  par  les  soins  du  S'  Dupont,  trésorier  de 
réglise.  C'est,  dit-il,  «  un  orgue  des  plus  accompli  de 
la  Province,  aussi  bon  que  beau,  c'est  un  seize  pieds  au 
grand -corps  et  huit  pieds  au  positif,  ayant  écho  tout 
entier  et  46  jeux  ». 

Vicaires  perpétuels  ou  Recteurs  de  Daoulas 

1348.  Nouel  Morvan. 

1398.  J.  Heriou. 

1626-1653.  Alain  Callac.  C'est  de  son  temps,  en  1644,  que 
le  V.  P.  Maunoir  donna  sa  première  mission  à  Daou- 
las; le  concours  du  peuple  des  paroisses  voisines  fut 
si  grand,  que  le  Père  missionnaire  fut  obligé  d'appe- 
ler à  son  aide  le  Père  Recteur  du  Collège  de  Quimper, 
Alain  de  Launay,  et  le  Père  Guillaume  Thomas.  Une 
sécheresse  persistante  menaçait  la  récolte,  lorsque  le 
Père  réunit  tous  les  enfants,  jeunes  gens  et  jeunes  filles 
de  toute  la  contrée  et  leur  fit  chanter  un  cantique  à 
saint  Corentin  pour  obtenir  la  cessation  de  la  séche- 
resse, et  dès  qu'ils  eurent  chanté  cette  strophe  : 


—  148  — 

RM,  va  Eêcop,  me  ho  iuppli, 
Ur  glw  douar  dPeoc^h  Eêcopii, 
R&U  dêomni  oU  ur  bloavêe  mat 
Do  êertncha  a  galon  vat, 

une  pluie  douce  et  abondanle  tomba  et  vint  garder  la 
moisson  d'une  perte  irréparable. 

1654-1671.  Mathieu  Bodénès.  Donna  une  autre  mission, 
en  1660,  avec  le  concours  du  V.  P.  Maunoir. 

1671-1707.  Guillaume  Kervella. 

1723.  Jean-René  du  Moulin. 

1752.  H.  Grall,  recteur. 

1753-1756.  Aufiret,  chanoine  et  recteur. 

1756-1757.  Fr.  Rocher,  id. 

1758-1770.  J.  Le  Menez,  id. 

1773-1780.  Jean-Pierre  Bourillon,  chanoine  et  recteur, 
devient  recteur  de  Hanvec. 

1781-1785.  Fr.  Le  Berre. 

1786.  Graveran,  curé  d'office. 

1786-1790.  Pierre-Joseph  Kerlen,  né  en  1744  ;  il  refusa  le 
serment,  ainsi  que  son  vicaire,  M.  D'hervé;  détenu 
aux  Capucins  de  Landerneau  à  la  fin  de  1793  ;  il  fut 
déporté  sur  le  Wasington,  en  rade  de  Ttle  d*Aix,  où  il 
mourut  le  5  Octobre  1794,  et  fut  enterré  à  VUe  Madame. 

RÔLE  DES  DÉCIMES  DE  DaOULAS  EN  1789 

Kerlen,  recteur 14^ 

La  fabrice 7* 

Le  Rosaire 2i 

La  Trinité 2i 

Saint-Nicolas 2^ 

Total 27» 

Les  Archives  départementales  conservent  (L.  103)  le 


—  149  — 

récit  d*un  acte  de  brigandage  commis  à  Daoulas  à  la  fin 
de  1  année  1792.  La  pièce  est  datée  du  3  Février  1793  : 

«  Mathurin- Louis  Le  Forestier,  né  en  la  paroisse  de 
S^  Sauveur,  à  Quimper,  le  17  Août  1722,  âgé  de  soixante 
ans  et  père  de  cinq  enfants,  a  été  victime,  dans  la  nuit  du 
cinq  au  six  Décembre  dernier,  en  sa  petite  bastide  de 
Kerizit,  paroisse  de  Daoulas,  des  assassins  et  voleurs  qui, 
après  ravoir  cruellement  maltraité.  Tout  enfermé  avec  ses 
enfants  et  domestiques,  dans  une  cave  sous  un  escalier 
de  pierre,  et  ont  volé  tout  l'argent  monnayer,  Targenterie, 
flambeaux  d'argent,  draps,  nappes,  linges,  pour  la  valeur 
d'au  moins  mille  écus  ;  le  plaignant  demande  en  consé- 
quence exemption  du  paiement  de  ses  contributions  pour 
1792.  » 

Curés  de  Daoulas  depuis  le  Concordat 

1804-1808.  Alexandre- Marie  Joquet,  né  à  Saint-Pol  de 
Léon  le  8  Juin  1761,  prêtre  en  1785,  vicaire  de  Plou- 
vorn,  puis  de  Landerneau  ;  il  refusa  de  prêter  le  ser- 
ment en  1791  ;  nommé  curé  de  Daoulas  au  Concordat, 
il  écrivait  cette  lettre  qui,  pour  dater  de  cent  ans,  ne 
manque  pas  d'actualité  : 

c  Daoulas,  6  Novembre  1S05. 

((  Monseigneur, 

«  La  paroisse  de  Daoulas  chef-lieu  de  canton,  n'a 
pas  plus  d'un  petit  quart  de  lieue  dans  sa  plus  grande 
dimension.  Sa  population  est  d'environ  cinq  cents 
âmes.  Ses  moyens  offrent  si  peu  de  ressource* qu'en 
mettant  à  exécution  l'arrêté  de  M.  le  Préfet  sur  le  loge- 
ment que  la  loi  accorde  aux  curés,  on  ne  pourrait 
prélever  la  modique  somme  de  cinquante  écus  qu'en 
grevant  les  habitans.  Depuis  que  je  suis  à  Daoulas  le 


—  150  - 

logement  est  à  ma  charge.  Je  ne  vois  d'autre  moyen  de 
procurer  quelqu'avantage  même  à  la  commune,  qu'en 
remettant  en  vigueur  une  circonscription  qui  a  déjà  eu 
lieu.  Elle  avait  un  vice  radical,  il  est  vrai,  parce  qu'elle 
n'était  l'ouvrage  que  d'une  puissance  temporelle  qui 
avait  envahi  tous  les  pouvoirs. 

((  Cette  circonscription,  cependant,  ofire  un  avan- 
tage réel  aux  administrants  et  aux  administrés.  Les 
plus  éloignés  des  villages  qu'elle  avait  annexés  à  Daou-' 
las  n'en  sont  pas  à  plus  d'une  demi  lieue,  tandis  que, 
dans  l'ordre  actuel,  ils  sont  à  trois  quarts  de  lieue,  une 
lieue  et  même  à  cinq  quarts  de  lieue  de  leurs  églises 
respectives.  La  raison  qui  avait  fait  procéder  à  cette 
circonscription,  c'est  que  tous  ces  villages  sont  beau- 
coup plus  voisins  de  Daoulas  et  que  la  fréquentation 
de  cette  église  leur  est  inflniment  plus  commode  : 
aussi  les  habitans  de  ces  villages  ne  vont  presque 
jamais  à  leur  église  à  moins  que  la  nécessité  ne  les  y 
contraigne  ;  mais  quel  danger  ne  courre  pas  la  vie  des 
enfants  qu'il  faut  porter  au  baptême  à  une  si  grande 
distance  et  par  des  chemins  fort  difiSciles  et  en  vérité 
impraticables  en  hyver  I 

((  U  arrive  aussi  que  je  dessers  tous  ces  villages  : 
que  de  nuit  come  de  jour  on  me  cherche  pour  porter 
aux  malades  les  secours  de  la  religion.  11  est  impos- 
sible que  je  m'y  refuse  (il  y  a  sur  cela  une  convention 
entre  MM.  les  desservants  et  moi).  De  plus,  en  m'y 
refusant,  il  serait  souvent  à  craindre  que  les  malades 
fussent  privés  des  derniers  sacrements  :  on  a  beau 
dire,  on  attend  presque  toujours  à  la  dernière  extré- 
mité  avant  de  nous  prévenir  et  lorsqu'il  n'y  a  plus 
moyen  d'attendre  on  nous  cherche  ;  qu'arriverait-il  si 
on  ne  recourait  pas  au  plus  voisin  et  qu'en  résulte-t-il? 
Que  je  fais  l'ouvrage  de  trois  ou  quatre  sans  percevoir 


—  151  - 

aucun  émolument.  Ce  n*est  pas,  Monseigneur,  que  je 
me  laisse  guider  par  esprit  de  cupidité,  j'ose  dire  liau- 
tement  qu'il  n*a  jamais  eu  d'empire  sur  moi  ;  mais 
cependant  faut-il  que  le  prêtre  vive  :  Dignuê  est  ope- 
rariu8  mercede  8ud,  Je  ne  vous  parle  pas  des  raisons 
particulières  qui  me  feraient  désirer  une  honnête  mé- 
diocrité. Je  me  tais  sur  les  infirmités  d'une  mère  plus 
que  septuagénaire  qui,  come  ses  enfants,  a  senti  le 
poids  de  la  Révolution  qui  lui  a  enlevé  une  honnête 
aisance  dont  elle  jouissait.  Je  ne  vous  dirai  pas  que  je 
suis  le  père  nourissier  de  ma  famille. 

«  La  grande  difficulté  qui  pourrait  s'opposer  au  pro- 
jet que  j'ai  l'honneur  de  vous  soumettre,  gît  en  ce  que 
la  partie  de  Dirinon  qui  est  à  ma  porte  est  du  canton 
de  Landerneau,  et  que  les  portions  qu'on  pourrait  d'ail- 
leurs annexer  à  Daoulas  sont  portées  sur  le  rôle  des 
impôts  dans  des  communes  différentes.  Mais  on  voit 
souvent  que  pour  le  civil  on  dépend  d'un  endroit  et 
d'un  autre  pour  le  spirituel  ;  le  gouvernement  d'ail- 
leurs n'y  perdrait  rien,  et  si  on  ne  voit  pas  de  diffi- 
culté à  réunir  au  canton  du  Faou,  Rumengol  du  can- 
ton de  Daoulas,  je  ne  vois  pas  qu'il  doive  y  avoir  plus 
de  difficulté  pour  réunir  une  partie  de  Dirinon  à  l'église 
de  Daoulas. 

«  J'ai  l'honneur  de  vous  envoyer  cy  joint.  Monsei- 
gneur, le  catalogue  des  villages  compris  dans  l'ancienne 
circonscription. 

«  J'ai  l'honneur  d'être  avec  un  profond  respect.  Mon- 
seigneur, de  Votre  Grandeur 

«  Le  très  humble  et  très  obéissant  serviteur, 

«  JOGUET, 

«  Curé  de  Daoulas.  » 


—  152  — 

€  Noms  de  village$  et  timples  fermes  que  l'an  m'a 
donnés  comme  formant  la  circonscription  de  Daoti- 
las  en  279Î. 

«  Détachés  de  Logonna  :  Rubuzaouen,  Roudouroux, 
Penanvern,  Lehellen. 

«  Détachés  dlrvillac  :  Ty-Huéla,  Traonévézec,  Porz- 
vénan,  Rosmélec,  les  deux  Vernnec,  les  deux  Ménéhy, 
Kervigni,  Kernéis  Runguen,  Le  Rest  ar  Poulligou,  Le 
PouUigou,  Run  an  Moal,  Le  petit  Veillénec,  Le  Guern- 
an-Dérédec,  Le  Guerniec,  Lesvréac^h. 

«  Détachés  de  Trévarn  :  le  bourg  de  Trévarn,  les 
deux  Runarher,  LaVille-Neuve-L'haridon,  Kerguélen, 
La  Ville  Neuve-Pont-Quéleanec,  Le  Cleus-Bras,  Guern 
ar  Piquet. 

«  Détachés  de  Dirinon  :  Rest-ar-hy-du,  Lezuzan, 
La  Grange,  Keranborn,  Coatérouen,  Trébéolin,  Penan- 
run,  Irbrat,  Kerderrien,  Stanq-Guénou,  Mesasten,  Lan- 
drévézan,  Corlaziou,  Tout-Cuz,  Kergavarrec,  les  deux 
Kerguern,  Coaty,  La  Ville-Neuve,  Stanq-Meur,  Keran- 
anprannou,  les  deux  Squivit,  Comménec,  Kervaden, 
Kerouant. 

■ 

«  Tous  ces  villages  forment  presqu'une  circonfé- 
rence parfaite  dont  le  centre  est  Daoulas  ;  et  le  point 
le  plus  éloigné  du  centre  n'est  pas  à  plus  d'une  demi- 
lieue.  » 

Le  résultat  de  cette  démarche  ne  semble  pas  avoir 
été  autre,  pour  M.  Joguet,  que  sa  translation  à  la  cure 
de  Ploudiry,  en  1808. 

(A  suivre.) 


—  153  — 


CARTILAIRE 

DE    L'ÉGLISE    DE    QUIMPER 

(Suite.) 


360. 

DANIEL  DE  ULE  REÇU  CHANOINE  PAR  PROCUREUR  ('' 

-    7  Juillet  1378.    - 


Anno  Domini  M^  CCC^  septuagesimo  nono,  die  septima 
lulii,  circa  horam  tercie  illius  diei,  presentibus  Magis- 
tris  Thoma  Episcopi,  G.  Gall,  Rîoco  Lestuhan,  J.  Briencii, 
J.  Fravali  canonicis,  Daniele  Felestrec,  J.  Penguen  curatis 
ecclesie  Corisopitensis,  juravit  dominus  Guillermus  Oli- 
verii  presbyler  procuralor  et  procuratorio  nomine  Danie- 
lis  de  Insula  canonici  Corisopitensis  statuta  et  consuetu- 
dînes  laudabiles  eiusdem  ecclesie  tenere  et  iideliter  obser- 
vare. 

Ita  est.  H.  DE  Stagno  parvo. 

(1)  Cari.  31,  ^  24. 


BmXKTlN  DE  LA  COMMISSION  DIOCBSAiNB.  —  7*  ailDée.  U 


—  154  — 
361. 

flENTES  DE  LA  CHAPELLENIE  DE  S*  GILLES 
PAYÉES  A  LARCHIDIACRE(0 

—   16  Novembre  1379.  — 


Ânno  Domini  M^  CCC^  septuagesirno  nono,  die  martis 
post  festum  sancli  Martini  yemalis(2),  solvit  NatalisTan- 
guidi  triginta  summas  in  anno  una  cum  undecim  libris 
in  pecunia  numerata  M.  Gaufrido  Archidiacono  de  Po- 
cbaer  procuratori  et  procuralorio  nomine  ecclesie  Coriso- 
pitensis,  de  redditibus  capelle  nove  domini  G.  Episcopi 
Corisopitensis ,  quas  debebat  Margareta  quedam  uxor 
domini  Hervei  de  Jugo,  quam  pecuniam  idem  procura- 
tor,  eodem  die,  refudit  Johanni  Lupi  pro  se  et  sociis  suis, 
presenlibus  et  capitulantibus  venerabilibus  viris  M.  Guil- 
lermo  militis,  G.  Galli,  J.  Briencii  et  J.  Fravali  canonicis 
Corisopitensibus  et  aliis. 

Thomas.  Ita  est. 


362. 

DE  MENSE  CONCESSO  CANONICIS  RESIDENTIBUS  (') 

Chanoine  résidant  a  trente  Jours  d'exemption  de  toutes  marques 

soit  continus  ou  non,  et  est  oreu. 

-    1 7  Août  1 380.    - 


Anno  Domini  M*'  CCG^  octuagesimo,  die  veneris  post 
festum  Assumpcionis  Béate  Marie  Virgiuis  (4),  ordinatuni 
fuit  quod  qullibet  canonicorum  residencium  in  ecclesia 
Corisopilensi,  liabeat  unum  mensera  integrum  continuum. 


(1)  Cari.  31,  f*  62. 

(2)  La  Saint- Marlio,  II  Novembre,  arrivait  eo  1379  un  vendredi  ;  le 
mardi  suivant  était  le  15. 

(3)  Cari.  56.  f56,  et  Cart.  31,  f*  20. 

(4)  Le  15  Août,  en  1380,  était  un  mercredi. 


—  153  — 

aut  pariliter  computando  pro  mense  triginta  dies  (1)  con- 
tinuos  aut  per  intervalla,  in  quibus  absentes  sicut  présen- 
tes, distribuciones  percipiant,  credendo  cuilibet  canoni- 
corum  super  verbo  de  numéro  predicto  ;  presentibus 
Dominis  canonicis  G.  Archidiacono,  G.  militis,  R.  Lestu- 
chan,  Alano  Raolini,  Thomas  Espiscopi ,  J.  Briencii, 
Johanne  Fravali  ; 

Ego  thesaurarius  presens  fui  et  consensi  ; 

G.  archidyaconus  de  Pocher  fui  presens  et  consensi  ; 

Ego  Guillermus  Marhec  consensi  ; 

Ego  Joannes  Briencii  consensi  ; 

Johannes  Fravali  consensi  ; 

Et  ego  Riocus  de  Lestuhan  consensi. 


863. 

OLIVIER  DERIEN  REQU  CHANOINE  (') 

—  28  Janvier  1381  (n.  s.).  — 


Anno  Domini  M<»CCCo  octuagesimo,  die  vigesima  octava 

lanuarii  circa  horam  tercie,  presentibus  Magistris  Johanne 

Briencii,  Thomas  Episcopi,   Johanne  Corrîc  canonicis, 

Daniele  Felestrec  capellano  priore  Béate  Katerine,  jura- 

vit  Petrus  de  Ker  procurator  et  procuratorio  nomine 

Magistri  Oliverii  Deriani  canonici  Gorisopitensis  stat-uta 

et  consuetudines  laudâbiles  dicte  ecclesie  Gorisopitensis, 

tenere  et  fideliter  observare  ;  assignatum  eidem  procura- 

tori  locus  in  Capitulo  et  stallum  in  choro  per  Archidia- 

conum  de  Poher,  indicione  quarta. 

R.  Lestuhan. 

(1)  On  lit  en  marge  :  Prorogaii  mnt  in  Capitulo  gênerait  ad  XL  dies 
mmo  M*  CCCC*  LXl*  et  ad  LU  dies  anno  Jf  CCCC*  LXVIH\ 

(2)  Cart.  31,  f  24, 


—  156  - 

864. 

DANIEL  DE  LILE  PRÊTE  SERMENT  (0 

—   4  Mars  1381  (n.  s.)*   — 


Anno  octuagesimo  secundum  computacionem  Gallica- 
nam,  die  quarta  Mardi,  circa  horam  prime,  indicione 
quarta,  Pontificatus  Domini  Clemeniis  Pape  VU»  anno 
tercio;  presentibus  Magistris  Thoma  Episcopi,  Johanne 
Briencii,  Johanne  Corric,  Johanne  Raolini,  Herveo  de 
Stagno  parvo;  Daniel  de  Insula  canonicus  Corisopitensis 
iuravit  in  sua  propria  persona  iura,  statuta  et  laudabiles 
consuetudines  ecclesie  Corisopitensis  observare  et  habuit 
ratificacionem  publicam  alias  prestiti  (iuramenti)  a  pro- 
curatore  suo  super  hoc. 

Acta  fuerunt  hec  in  caméra  thesauri  in  dicta  ecclesia 
Corisopitensi. 

YVO  TURCH. 


365. 

RAOUL  CARADEC  CHANOINE 
PRÊTE  SERMENT  PAR  PROCUREUR  ') 

—  7  Mars  1381  (n.  s.).  — 


Anno  Mo  CCC^  octuagesimo  secundum  computacionem 
Gallicanam  die  septima  mensis  Marcii,  circa  horam  ter- 
cie,  indicione  quarta,  Pontificatus  démentis  Pape  VU» 
anno  tercio,  presentibus  Johanne  de  Quoettanaizre,  Eudone 
de  Ker,  Guillerrao  Oliverii,  Dominus  Guillermus  Oliverii 
presbyter  procurator  et  procuralorio  nomine  Magistri 
Radulphi  Caradoc  canonici  Corisopitensis  Rectoris  paro- 
chialis  ecclesie  S^^  Martini  Audegavensis  diocesis,  iuravit 

(1)  Cart.  31,  f*  24. 

(2)  Ibid. 


-  157  — 

statuta  et  laudabiles  observaciones  ecclesie  Corisopitensis 
observare. 

Acta  f uerunt  hec  in  caméra  thesaurarii  ecclesie  Coriso- 
pitensis, presentibus  Magistris  Guillermo  Marhec,  Johanne 
Briencii,  Johanne  Fravali,  Daniele  de  Insula,  Johanne 
Lupi  procuratore  Capituli. 

A.    SCAHUNEC. 


366 

ROUAZLE  CHANOINE  PRETE  SERMENT  <) 

-    18  Avril  1381.    - 


Anno  M»  GCC^  ocluagesimo  primo,  die  décima  octava 
Aprilis,  hora  tercie,  indictione  quarta  Pontificatus  C. 
Pape  VII>  anno  tercio;  presentibus  Archidiacono,  Magis- 
tro  J.  Fravali,  J.  Corric  canonicis  ecclesie  Corisopitensis, 
domino  Abbate  de  Daoulas,  et  Keralliou  et  aliis,  Magister 
G.  le  Marhec  canonicus  Corisopitensis  (procurator)  Magis- 
tri  Rouazle  canonici  Corisopitensis  iuravit  statuta  et  con- 
suetudines  ecclesie  Corisopitensis  observare. 

Acta  fuerunt  hec  in  Capitule. 

YVO  TURCH. 


367. 

DE  SUMMA  SOLVENDA  PRO  ANNIVERSARIIS^'' 

N'estre  enterré  à  8<  Corentin  sans  fonder  20  sols  de  rente, 
en  donner  16  >  pour  les  aoquérir,  pour  oblt. 

-   19  Octobre  1881.    - 


In  Capitule  generali  facto  in  crastino  Sinodi  Sancti 
Luce,  celebrato  in  ecclesia  Corisopitensi,  fuit  statutum 
quod  nullus  inhumeretur,  in  dicta  ecclesia,  nisi  daret 

(1)  Cari.  31 ,  f  24. 

(2)  Car  t.  56,  f*  56. 


—  158  — 

pro  anniversario  suo  in  eodem  faciendo  vigioti  solidos 
annui  redditus,  vel  quindecim  libras  in  pecunia  ad  emen- 
dum  redditum  in  perpetuum  ad  opus  dicti  anniversarii  ; 
presentibus  Gaufrido  archydiacono  de  Pocher,  Rodero 
Fave,  Guillermo  militis,  R.  Lestuhan,  Tliomas  Episcopi, 
Gaufirido  Gallici,  Joanne  Fraval  canonicis  Corisopiten- 
sibus. 

Anno  Domini  M^  CCC^  octuagesimo  primo. 

Et  fuit  sic  iuratum. 


368. 

RECONNAISSANCE  POUR  L'ANNIVERSAIRE 
OU  PÈRE  DE  JEAN  D'HERVÉ  («) 

—  3  Janvier  1382  (n.8.N  — 


Anno  Domini  M°  CCCo  octuagesimo  primo,  presentibus 
Magistris  Petro  de  Roma,  Alano...  Yvone  de  Conche,  con- 
fessus  est  Johannes  Dervei  quod...  Dominus  Petrus  de 
Kaiergorle  tenebatur...  oblata  fuit  ab  ipso  Johanne  et  ab 
Alano  fratre  suo  canonicis  Corisopitensis...  capella  cum 
debito  toto  contento  in  eadem  ad  anniversarium  patris 
eorum  faciendum  la.  ecclesia  Corisopitensi  annuatim  et 
recognovit  ipse  Johannes  quod  quindecim  libras  receperat 
de  diclo  debito  a  domino  de  Kergorle.  Item  Guido  Prepo- 
siti  (recognovit),  presentibus  supradictis,  quod  tenebat 
medielalem  dicte  terre  de  qua  petebat  dictum  Capitulum 
ab  ipso,  quinque  solidos  annui  redditus. 

Datum  die  veneris  post  festum  Circoncisionis  Domini  (2). 


(1)  Cart.  31,  f«  65. 

(2)  Le  premier  de  TaD  1382  était  uo  mercredi. 


—  lo9  - 
869. 

DENIS  DE  LANNÉDERN  CHANOINE  PRÊTE  SERMENT  (') 

—   22  Janvier  1382  (n.  s.).   — 


Anao  Mo  CGC»  octuagesimo  primo,  secundum  computa- 
cioDem  Gallicanam,  die  vigesima  secunda  lanuarii,  hora 
tercie,  indictione  quinta,  Pontiflcalus  G.  Pape  VII»  anno 
quarto  ;  preseDtibus  dominis  Natalis  Stellan,  Guillermo... 
presbyteris,  Rioco  et  aliis,  Gauffridus  le  Marhec  archidîa- 
conus  de  Poher  commissarius  Apostolicus,  assîgnavit, 
Magistro  Guillermo  le  Marhec  procuratorî  Dyonisii  de 
Lannedern  canouici  Gorisopitensis,  locum  in  Gapitulo  et 
stallum  in  choro  et  iuravJt  dictus  procurator  consuetudi- 
nes  laudabiles  ipsius  ecclesie  observare. 

Acta  fuerunt  in  ecclesia  Gorisopitensi. 

A.  SCAHUNEC. 


370. 

L'ARCHIDIACRE  DE  OUIMPER  PRÊTE  SERMENT  (') 

—   B  Février  1382  (n.  8.).    — 


Anno  M^GGGo  octuagesimo  primo,  secundum  computa- 
cionem  ecclesie  Gallicane,  die  quinta  mensis  Februarii, 
hora  tercie,  indictione  quinta,  Pontificatus  G.  Pape  VII» 
anno  quarto,  presentibus  Magistris  Alano  Raolini,  ThoAia 
Episcopi,  Johanne  Fravali  et  aliis,  Magister  Oliverius... 
archidiaconus  Gorisopitensis  iuravit  statuta  et  laudabiles 
consuetudines  ecclesie  Gorisopitensis,  pro  posse  obser- 
vare. 

Acta  fuerunt  hec  in  Gapitulo.  Yvo  Turch. 


(1)  Cart.  31,  f  22. 

(2)  Cart.  31,  ^  29. 


-  160  — 

d7i. 

AMENDES  IMPOSÉES  PAR  LE  CHAPITRE  (') 

—   2  Septembre  1882.   — 


Anno  Mo  CGC»  octuagesimo  secundo,  die  secunda 
Septembris  hora  tercie,  indictione  quinta  Pontîficatus 
G.  Pape  VIP  anno  quarto  ;  presentibus  Magislris  G.  Mar- 
hec,  G.  Gall,  R.  Lesluhan,  J.  Fravali,  D.  de  Insula,  0.  Hos- 
pitis,  Gapitulum  Gorisopitense  capitulando  condempna- 
verunt  dictum  Oliverium  Hospitis  in  decem  libras  Gapitulo 
solvendas,  ad  ordinem  et  moderacionem  Gapituli,  pro  eo 
quod  denunciavit  dictum  Magistrum  Danielem  inecclesia 
Gorisopitensi  fore  excommunicatum  auctoritate  Archi- 
diaconi  Gorisopitensis  cui  dicebat  se  non  subire  in  aliquo  ; 
item  condempnaveruDt  dictum  Magistrum  Danielem  Ga- 
pitulo in  decem  libras,  ad  ordinacionem  Gapituli,  pro  eo 
quod  cttaverit  ipsum  magistrum  super  hoc  coram  OfBciali 
Gorisopitensi  ;  item  condempnaverunt  dictum  0.  dicto 
Danieli  in  quadraginta  libras  ob  denunciacionem  pre- 
dictam,  ad  ordinem  Gapituli  solvendas;  item  inhibuerunt 
dictis  D.  et  0.  sub  pena  centum  librarum  ne  se  trahant 
super  questionibus  quibuscumque,  in  alio  foro  prêter* 
quam  Gorisopitensi  Gapitulo  et  ne  foredicant  unus  alteri 
ipsorum. 

.  Cet  acte  est  barré  sur  V original  avec  cette  mention  :  Totum 
est  remissum  per  Gapitulum. 


372. 

RICHARD  MILBRETEN  CHANOINE  PRÊTE  SERMENT  (') 

—    5  Octobre  1382.    — 


Anno  Mo  GGG^  octuagesimo  secundo,  die  quinta  men- 


(1)  Cart.  81,  f*  72. 

(2)  Cart.  31,  !•  29. 


~  161  - 

sis  Octobris  hora  tercie,  indictione  sexta,  Poatificatus  C. 
Pape  VIU  anno  quarto  ;  presentibus  Magistris  G.  Fabri, 
J.  Fravali,  domino  Nicholao  Helevara,  domino  Guillermo 
Oliverii,  Magister  Guillermus  le  Marhec  canonicus  Cori- 
sopitensis  procurator  Magistri  Richardi  Milbrelen,iuravit 
statuta,  libertateset  consuetudines  ecclesie  Corisopitensis 
observare. 
Acta  luerunt  hec  in  Capitulo.  Yvo  Turch. 

Datum  bulle  eius  xvi^  kalendas  Maii,  Pontificatus  dicti 

Sanctissimi  Patris  anno  quarto  de  canonicatu  et  prebenda, 

dignitate,  personatu,  perpétua  administratione  vel  ofîicio 

cum  cura  vel  sine  cura,  dummodo  non  sit  maior  dignitas 

post  episcopatum,  non  obstante. 

Yvo  Turch. 


373. 

DENIS  DE  LANNEDERN  REQU  CHANOINE  0) 

-    17  Avril  1 


Anno  M°  CGC»  octuagesimo  tercio,  die  veneris  posiJubi' 
late  (2),  indictione  vi*  Pontificatus  Sanctissimi  in  Christo 
Patris  C.  Pape  Vli^  anno  quinto  ;  presentibus  venerabi- 
libus  et  discretis  viris  Magistris  Gauflrido  le  Marchec 
archidiacono  de  Pocher,  Daniele  de  Insula,  Rioco  Lestu- 
han,  Johanne  Corric  et  aliis,  fuit  receptus  in  propria 
persona  et  iuravit  statuta  M.  Dyonisius  de  Lannedern. 

Johannes  Bloc. 


(1)  Cart.  31,  f*  22. 

(2)  Troisième  dimaDche  après  Pâques,  qui  tombait  le  12  Avril. 


-  162  - 

374. 

RICHARD  MILBRETEN  PREND  POSSESSION 
D'UN  CANONICAT(') 

-    11   Mal  1383.    - 


Anno  Domini  M°  octuagesimo  tercio,  die  lune  post 
Penthecostes  que  fuit  xi*  dies  mensis  Maii  indictione  V* 
Pontificatus  Sanctissimi  in  Christo  Palris  ac  DD.  démen- 
tis Pape  VIP  anno  quinto,  in  mei  notarii  publici  et  testium 
infrascriptorum  presencia,  fuit  venerabilis  vir  Richardus 
Milbreten  canonicus  Gorisopitensis  inductus  presencia- 
liter  et  corporaliter  in  possessionem  corporalem  et  rea- 
lem  canonicatus  et  prébende  ecclesie  Gorisopitensis,  et 
fuit  sibi  assignatum  stallum  in  choro  et  locus  in  Gapitulo 
et  juravit  statuta  predicte  ecclesie  observare,  presentibus 
dominis  Magistris  Gaufrido  an  Gai,  Rioco  Lestuchan  Jo- 
hanne  Gorric  canonicis  dicte  ecclesie  et  pluribus  aliis 

testibus  ad  premissa  vocatis. 

Petrus  de  Keranguer. 


375. 

AMENDE  PAYÉE  PAR  ALAIN  JEHAN  (') 

—   3  Novembre  1383.   — 


Anno  Domini  M^  GGG»  octuagesimo  tercio,  die  martis 

post  festum  omnium  Sanctorum  (3),  Alanus  Johannis 

emendavit  in  Gapitulo,  Magistro  Johanni  Gorric  conca- 

nonico  nostro  de  decem    libris  monete   currentis,   ad 

suum  velle. 

R.  DE  Lestuhan. 

(1)  Cart.  31,  ^  24. 

(2)  Cart.  31,  f«  72. 

(3)  Le  1*'  Novembre  était  ud  dimanche. 


-  163 


THDSBj^XJT    de    2W1A.1L.ESTROIT 

1333  -  i4oe 


876. 

GUILLAUME  LE  HARHEC  PREND  POSSESSION  D'UNE  PRÉBENDE  (» 

-  1 0  Janvier  1 384  (n.  s.).  - 


Anno  Mo  octuagesimo  tercio,  die  décima  mensis  lanuarii, 
hora  terciarum  dicte  diei,  indictione  sexta,  Pontificatus 
S.  S.  in  Chrislo  Palris  D.  D.  noslri  Clementis  Pape  Vir 
anno  quinto;  presentibus  domino  Yvone  de  Tresiguidi, 
Johanne  de  Lan....  goez,  Mauricio  de  Monte....  archidia- 
cono  de  Pocher,  Magistro  Guillermo  militis,  Johanne 
Fravali,  Daniele  de  Insula,  R.  de  Lesluhan,  Johanne.... 
canonicis  capitulantibus,  dato  sépulture  cadavere  M.  Âlani 
Raoulini,  dominus  Ârchidiaconus  de  Pocher  et  Johannes 
Fravali  iudices  Apostolici  ut  dicebant,....  induxerunt  dic- 
tum  magistrum  Guillermum  militis....  in  possessionem 
et  saesinam  prébende  dicti  Magistri....  in  ecclesia  Coriso- 
pitensi  et  ei  assignaverunt  (stallum)  et  locum  in  Capitulo... 
qui  quidem  magister  procurator....  (iuravit)  statuta. 


377. 

RÉCEPTION  DE  ETIENNE  THANEUL  <') 

—  19  Février  1384  (n.  8.).  — 


Anno  Domini  Mo  CCCo  octuagesimo  tercio,  secundum 
morem  Gallicanum  die  décima  nona  Februarii  indictione 


(1)  Cart.  31,  f*  39.  Cet  acte  est  très  effacé  dans  TorigiDal. 

(2)  Cari.  31,  P  72. 


-  164  - 

octava  Ponlificatus  C.  Papeseptimi,  annoseptimo,  presen- 
libus  G.  Marhec,  G.  Gall,  R.  Lestuhan,  D.  de  Insula  can- 
tore,  D.  Felestrec,  dominus  StephanusThaneul  canonicus 
Corîsopilensis  fuit  inductus  in  possessionem  canonicatus 
Corisopitensis  et  juravit  statuta  ipsius  ecclesie  observare. 

YVO   TURCH. 


378. 

RÉCEPTION  DE  NOËL  STELLAN(') 

—   3  Avril  1384  (n.  8.}.    - 


Anno  Domini  M»  CCCCo  octuagesimo  tercio,  die  domî- 
nica  in  Ramis  palmarum,  presentibus  Johanne  Mutonis, 
Petro  clerici,  Judicello  Felestreuc  presbyleris  et  aliis 
pluribus,  dominus  Natalis  Stellan  presbyter  canonicusque 
Corisopitensis,  juravit  statuta  et  secreta  Capituli  Coriso- 
pitensis ac  consuetudines  laudabiles  dicte  ecclesie  (ser- 
vare).  J.  Corric. 

(Cet  acte  est  barré  sur  le  Cartulaire  avec  cette  mention  : 
Non  obtinuit.) 

37i). 

SERMENT  DE  RENDRE  DES  ACTES  CONFIÉS  (') 

-    3  Avril  1384  (n.  s.).    ~ 


Dominus  Yvo  Currerii  et  Stephanus  Roselli  iuraverunt 
per  sua  juramenta,  reddere  litteras  quas  receperunt  a 
Capitulo  die  dominica  in  Ramis  palmarum  anno  M<>CCC<^ 
octuagesimo  tercio  et  hoc  infra  octo  dies  post  requisi- 
cionem. 

Verum  est,  per  me  Riocum  de  Lestuhan. 

(1)  Cart.  31,  f  24. 

(2)  Cart.  31,  ^  57. 


^  165  — 
380 


MENSE  ÉPISCOPALEH) 

-   23  Avril  1884.    ~ 


Anno  DomiDi  M^  CCC^  octuagesimo  quarto,  die  sabbati 
in  festo  Beati  Georgii,  Magister  Guillerraus  Marhec  cano- 
nicus  Corisopitensis  sub  collacione  camere  Sedis  Aposto- 
lice...  quam  facerat,  causa  Capituli  quod  finget  esse  Capi- 
tulo...  emolumenta  episcopatus  a  tempore...  Reverendi  in 
Christo  patris  Domini...  Episcopi  Corisopitensis  usque  in 
diem  bodiernam  ;  presentibus  ad  hoc  Magistris  Johanne 
Fravali,  Gaufïrido  le  Gall,  Johanne  Corric,  Oliverio  Hospi- 
tis  Corisopitensis  diocesis  et  domino  Petro  Hervey  Tre- 
corensis  diocesis. 

Verum  est.  Per  me  Thomam  Episcopi  notarium  impe- 
rialem. 


381. 

CHANOINE  CONDAMNÉ  A  UNE  AMENDE  (') 

-    21   Mal  1364.    - 


Anno  Domini  M^CCC®  octuagesimo  quarto,  die  vigesîma 
prima  Maii,  hora  prima,  indictione  septiraa,  Pontiticatus 
Domini  Clemenlis,  divina  providencia.  Pape  septimi  anno 
sexto  presentibus  Magistris  G.  Le  Gall,  Th.  Episcopi, 
R,  Lestuhan.  0.  Primogeniti,  Jo.  Hospitis.  Y.  Corric, 
N.  Stellan  canonicis  Corisopitensibus,  Magister  Daniel  de 
Insula  canonicus  Corisopitensis  emendavit  Capitulo  Cori- 
sopitensi  de  quadraginta  libris  monete  currentis  ad  ordi- 
nacionem  Capituli,  pro  eo  quod  intravit  domum  cantoris 


(1)  Cart.  81,  f-  29.  (Acte  en  partie  effacé.) 

(2)  Cart.  31,  (^  66. 


—  166  — 

et  bona  sua  in  eodem  posuit  prêter  et  contra  voluntatem 
Capituli. 
Acta  fuerunt  hec  in  caméra  Capituli 

Yvo  TuRCH,  cum  juramento  dicti  Danielis. 


382 

QUOD  CAPITULUM  COGNOSCET  DE  CAUSIS  (•) 

Chanoines  Jurent  n'aller  ae  pourvoir  devant  aucun  Juge 

que  le  Chapitre, 
s'il  ne  refuse  déjuger,  pour  aucun  excès  ou  injure  qu'ils  s'entrefacent. 

-    3  Juin  1384.    - 


Anno  Uomini  M^  CCC^  octuagesimo  quarto,  die  veneris 
post  festum  Pentechostes  Domini,  Nos  Guillermus  Le 
Marhec,  Johannes  Fravali,  Riocus  Lestuhan,  Thomas 
Episcopi,  Daniel  de  Insula ,  Oliverius  Hospitis  canonici 
Corisopitensis,  pro  negocio  infrascripto  facientes,  statui- 
mus  et  ordinamus  et  unanimiter  consensimus  quod  de 
cetero,  de  injuriis  inferendis  aut  aliis  qualitercumque 
inter  aliquos  de  Capitulo  nostro,  cognoscemus  et  fine 
debito  terminabimus  absque  strepitu  judicii,  ac  senten- 
ciabimus  inter  ipsos,  prout  fuerit  racionis,  nec  poterit 
aliquis  nostrum  compellere  alium  coram  aliquo  judice 
ordinario  seu  ordinariis  ex  ordinariis,  quacumque  de 
causa,  nisi  in  Capitulo  nostro  Corisopitensi  ;  nisi  eciam 
in  casu  quod  dictum  Capitulura  renuerit  justiciam  inter 
partes  facere  et  de  causa  ipsa  cognoscere  et  hoc  ad 
sancta  Dei  Evangelia  juramus  per  juramenta  nostra. 

Acta  fuerunt  hec  in  Capitulo  nostro  predicto,  anno,  die 
predictis,  hora  sexte  vel  circa,  indictione  septima  Ponti- 
ficatus  Clementis  Pape  septimi  anno  sexto. 

(1)  Cart.  66,  ^  57,  et  Cart.  31,  f  $8, 


—  167  — 


Ego  Alanus  Scahunec  clericus  Corisopilensis  dyocesis 
publicus  Auctorilate  Apostolica  et  impérial!  notarius  pre- 
seas  fui  In  ordinacionem  et  statutum  predictum. 


383. 

PRISE  DE  POSSESSION  DE  LA  PRÉBENDE  DE  GOMBRIT^') 

-16  Juillet  1384.   - 


Anno  Mo  CCC°  octuagesimo  quarto  die  décima  quinta 
Julii  hora  prime,  indictione  septimaC.  Pape  septimi  anno 
sexto,  presentibus  Magistris  T.  Episcopi,  D.  de  Insula, 
0.  Hospitis,  J.  Fravali,  G.  le  Gall  canonicis,  Magistris 
J.  Raolini,  J.  de  Tegula,  fuit  dominus  J.  de  Briac  procu- 
ra tor  Magistri  J.  Begua  (inductus)  in  possessione  thesau- 
rarie  et  prébende  de  Combrit  in  ecclesia  Corisopitensi  et 
juravit  idem  procurator  statuta  ejusdem  ecclesie  obser- 
vare.  Yvo  Turch. 


384. 

DÉFENSE  D'INJURIER  UN  CHANOINE  (') 

-    8  Août  1384.    - 


Die  lune  post  feslum  a  Vincula  sancli  Pétri,  fuit  iniunc- 
tum  Stephano  quod  non  fore  faciat  seu  dicat  aliqua  verba 
injuriosa  sub  pena  viginti  librarum  et  privacionis  cori, 
Magîstro  Johanni  Corric  canonico  nostro  Corisopitensi  et 
quod  teneat  statuta  supradicta  ;  testibus  presentibus  : 
Magîstro  Thoma  et  Johanne  Fravali  et  clientulo  nostro. 
Anno  octuagesimo  quarto.  R.  Lestuhan. 


(1)  Cart.  31,  f  23. 

(2)  Cart.  31,  ^  72. 


—  168  — 

385. 

EMPRUNT  DE  LIVRES  A  LA  BIBLIOTHÈQUE  DU  CHAPITRE  (') 

-    13  Août  1384.    " 

t- 

Anno  Domini  Mo  CCC^  octuagesimo  quarto  die  sabbati 
post  festum  Beati  Laurencii  martiris,  Daniel  de  Insula 
canonicus  CorisopitcDsis  portavit  a  Capitule  eiusdem  civi- 
tatistres  libros  videlicet:  librumsentenciarum...etqueni- 
dam  librum  de  Evangelio  qui  incipit  :  In  principio  erat 
verbum. 

Ita  est.  Daniel. 

Restitua  predictos  libroa  Magiatro  Ouillermo. 


386. 

SERMENT  D'OBSERVER  LES  STATUTS  (') 

—   9  Septembre  1384.   — 


Anno  Domini  M®  CGC®  octuagesimo  quarto,  die  veneris 
post  festum  Nativitatis  Béate  Marie  Virginis,  Magister 
Radulpbus  de  Caradeuc  canonicus  Corisopitensis  iuravit 
tenere  statuta  Capituli  Corisopitensis  et  alia  pertinencia, 
secundum  formam  juramenti.  Presentibus  discretis  viris 
Magistris  Daniele  de  Insula,  Jobanne  de  Tegula,  Eudone 
Tecnour,  Nicholao  coharn  et  Daniele  an  Fellestreuc. 

J.    DE   MlSPERlT. 


387. 

AMENDE  PAYÉE  AU  CHAPITRE  ^'^ 

-   10  Octobre  1384.  - 


Anno  octuagesimo  quarto,  die  lune  post  festum  Beati 
Dyonisii  (4),   presentibus  domino  Oliverio  Primogeniti, 


(1)  Cart.  31,  f»  29. 

(2)  Cart.  31,  f*  71. 

(3)  Ibid. 

(1)  Dimanche  9  Octobre. 


-  169  - 

Johanne  Prioric  presbyteris  et  aliis,  obligavit  se  Judicel- 
lus  Feleslreuc  presbyter,  solvere  venerabilibus  et  discre- 
tis  viris  Capitulo  ecclesie  Corisopitensis ,  decem  libras 
monéte  currentis,  racione  cuiusdam  injurie  eisdem,  per 
dictum  presbylerum  solvendas  ad  moderacionem  et  re- 
quisicionem  ipsorum. 
Datum  ut  supra.  D.  Lisquoet. 


388. 

HENRI  THOMA  REQU  CHANOINE ') 
—   1"'  Novembre  1384.   — 


Anno  Domini  M^  CCC<>  octuagesimo  quarto,  die  prima 
mensis  Novembris  circa  horam  prime  dicte  diei,  fuit 
Henricus  Thome  inductus  ia  possessionem  canonicatus 
ecclesie  Corisopitensis  quem  detinebat  bone  memorie 
dominus  Georgius  cardinalis  Bucanone  et  e&ectus  de 
eodem  ;  et  iuravit  statuta  ecclesie  Corisopitensis  tenere 
et  inviolabiliter  observare  iuxta  formam  statutorum... 
presentibus  Magistris  Guillermo  Marhec,  Johanne  Fra- 
vali,  Johanne  Prejencii,  Matheo  de  Villa  alba  et  aliis. 

J.    RUNDIAN. 
(1)  Cart.  31,  ^71. 

(A  suivre.) 


BOLLETIlf  DB  LA  COMMISSION  DIOCESAINE.  —  7*  aonÔO.  12 


—  170  - 


SUR  LES 


PAROISSES  DU  DIOCÈSE  DE  QUUIPER  ET  DE  LÉON 

Par  MM.  PEYRON  et  ABGRALL. 

(Suite.) 


DAOULA8 

(Fin.) 


1808-1816.  Henri  Lozach,  né  en  1745,  à  Quimper. 

1816-1820.  Milliau  Billon,  né  à  Ploéven,  le  2  Avril  1786, 
prêtre  en  1814.  Se  démit  en  1820.  La  cure  demeura 
vacante  de  Mai  à  Novembre  1820. 

1820-1821.  Jean  Le  Coz,  curé  de  Carhaix,  se  retire  à  Pont- 
Croix. 

1822-1825.  M.  Christophe  Le  Pape,  de  Lopérec,  décédé  en 
1825. 

1825-1827.  M.  Yves-Marie  Raguenez,  né  en  1769  à  Plou- 
zané,  décédé  eiwl827. 

1827-1843.  Yves  Ollivier,  de  Plougoulm,  donna  sa  démis- 
sion en  1843. 

1844-1866.  Claude  Réviron,  curé  de  Carhaix,  né  à  Pleyben. 

1864-1888.  Robic,  du  Faouet. 

1888-1893.  Augustin  Troussel,  de  Guerlesquin. 

1893.  Félix-Hyacinthe  Buors,  de  Lesneven. 


—  171  — 

Maisons  nobles 

Forestier,  S' de  Kerizit  :  de  sable  à  la  bande  (alias  à  traie 
bandes)  fuselée  d'argent, 

Kergoet,  S' de  Kerizit  :  de  gueules  à  six  besants  d'argent. 
La  branche  de  Kerizit  fondue  dans  Taillart  et  Le  Forestier. 

Kerizit,  S'  du  dit  lieu  :  d'azur  à  une  fasce  d'or  surmon- 
tée d'une  étoile  de  même. 

Léon,  S'  de  Daoulas  :  d'or  au  lion  momé  de  sable,  qui 
est  Léon,  à  la  bordure  chargée  de  onze  annelets  en  orle 
comme  marque  de  juveigneurie. 

Lanrivinen,  S'  de  Kerizit  :  d'or  au  pin  arraché  de  sino- 
pie,  accompagné  en  pointe  d'une  abeille  (alias  en  chef  d'un 
papiUon)  de  gueules  ;  devise  :  Espoir  me  conforte. 

Rohan,  S' de  Daoulas  :  de  gueules  à  neufmacles  d'or  3.8.3. 

Sauleraye  (de  la),  S'  de  Kerizit  :  d'argent  au  chef  de 
sable  chargé  d'un  lambel  d'or. 

Taillard,  S' de  Kerizit  :  d'Jiermines  à  cinq  fusées  de  gueu- 
les accolées  et  rangées  en  bande  ;  devise  :  Ânte  que  brar  que 
doublar.  Plutôt  rompre  que  plier  (devise  espagnole). 


DINÉAULT 


((  Au  nom  du  Souverain  Seigneur  et  par  amour  du  Roi 
des  deux  qui  a  daigné  naître  d'une  vierge  pour  le  salut 
du  genre  humain,  moi,  Junargant,  noble  dame  issue  de 
sang  royal,  dédaignant  les  biens  terrestres  pour  n'aspirer 
qu'aux  biens  du  Ciel,  je  donne  et  concède  de  mon  propre 
héritage  à  S^  Guénolé  le  territoire  de  Dineule  avec  ses 


—  172  — 

forêts,  ses  eaux,  ses  terres  cultivées  et  non  cultivées,  pour 
qu'il  en  jouisse  à  jamais,  et  afin  que  par  l'intercession  de 
S^  Guénolé  j'obtienne  longue  vie  et  stabilité  dans  ma  puis- 
sance, mais  surtout  le  salut  de  mon  âme,  afin  qu'après 
mon  trépas  je  sois  purifiée  de  mes  fautes  et  que  j'obtienne 
en  échange  de  la  divine  miséricorde  les  joies  qui  ne  doi- 
vent plus  finir. 

«  Que  si  une  main  téméraire  osait  attenter  à  ces  dispo- 
sitions, qu'il  sache  que  par  là  même  il  s'est  exclu  de  la 
S^«  Église  de  Dieu  et  qu'il  aura  pour  partage  le  sort  de 
Dathan,  d'Abyron,  ainsi  que  celui  de  Juda  et  de  Pilate, 
qui  ont  crucifié  le  Sauveur.  Que  la  terre  bénite  du  cime- 
tière ne  reçoive  point  son  corps,  que  leurs  épouses  devien- 
nent veuves,  et  leurs  enfants  orphelins. 

((  Donné  sous  le  seing  du  Comte  Budic  ; 

de  l'Évéque  Salvator  ; 
d'Alfrett,  archidiacre  ; 
d'Alfrett,  frère  du  Comte  ; 
d'Agustin,  prêtre  ; 
de  Bidian  ; 
Saluten  ; 
Urfer  ; 

Heianquethen  ; 
Gurcar  ; 

Guethencar  (vieille  forme  de  Guezengar)  ; 
Daniel  et  de  plusieurs  autres  témoins.  )> 

(Cartul.  Landev.,  p.  166.) 

Tel  est  le  premier  acte  faisant  mention  de  la  paroisse 
de  Dinéault.  L'Évéque  témoin  de  cet  acte  semblerait  devoir 
être  un  évêque  de  Quîmper,  mais  nous  devons  avouer  que 
son  nom  ne  se  trouve  pas  sur  le  catalogue  des  Cartulaires 
de  Quimper  et  de  Quimperlé.  Quant  au  Comte  Budic,  il 
vivait  à  la  fin  du  ix»  et  au  commencement  du  x^  siècle  ; 


—  173  - 

c'est  donc  vers  Tan  900  qu'aurait  eu  lieu  cette  donation 
de  Dinéault  à  Landévennec  ;  toujours  est-il  que  jusqu'à  la 
Révolution  ce  monastère  a  continué  à  avoir  des  droits  sur 
cette  paroisse. 

En  1654  (1),  Pierre  Tanguy,  abbé  commendataire  de 
Landévennec,  soutenant  dans  un  procès  son  droit  de  pré- 
sentation au  vicariat  perpétuel  de  Dinéault,  disait  que  ce 
droit  datait  d'une  concession  faite  autrefois  «  par  une 
princesse  de  Bretagne  à  saint  Guénolé  »,  que,  depuis, 
l'abbé  seul  est  dimeur  dans  cette  paroisse,  a  il  y  a  'droit 
de  visite  sans  que  l'archidiacre  ait  rien  à  y  voir,  et  c'est 
pour  cette  raison  que  le  curé  de  Dinéault  est  simple  vicaire 
perpétuel,  mais  c'est  l'abbé  qui  est  recteur  primitif  de  la 
paroisse  ».  En  1568,  ajoute-t-il,  «  Dynéaul  est  appelée 
c  vicaria  perpétua  »  ;  mais  ayant  été  décidé  au  chapitre  ii 
monachorum  du  Concile  de  Trente  :  que  dans  les  églises 
où  habitent  des  religieux,  le  service  paroissial  ne  soit  pas 
fait  par  des  religieux  mais  par  un  chapelain  institué  par 
l'Evoque,  à  la  prière  des  religieux,  depuis  ce  temps  les 
religieux  de  Landévennec  ont  cessé  par  eux-mêmes  d'exer- 
cer les  fonctions  curiales  à  Dinéault,  mais  l'ont  fait  par  des 
vicaires  nommés  par  eux  et  institués  par  l'Evéque.  )> 

L'aveu  de  l'abbé  de  Landévennec,  en  1666  (2),  porte  une 
autre  marque  de  dépendance  de  Dinéault  vis-à-vis  du 
monastère,  car  on  y  lit  que  a  l'abbé  a  droit,  de  temps 
immémorial,  sur  le  manoir  de  LezafI,  en  Dinéault,  que  le 
S'  du  dit  lieu  lui  serve  en  personne  de  cuisinier,  la  veille 
de  Noël,  à  dîner  et  le  jour  de  Noël  également  à  dîner  et  à 
défault  peut  être  mulcter  d'amende  ». 

En  1673,  l'Evoque  de  Quimper  accorda  l'établissement 
de  la  confrérie  du  Rosaire,  sur  la  demande  du  recteur 

(î)  G.  326. 
(2)  H.  40. 


—  174  — 

Yves  Lozeach  et  de  François  de  Kerguiziau,  chevalier, 
S^'  de  Kerscao.  La  supplique  commençait  ainsi  :  «  Etant 
venu  à  leur  connaissance  que,  porté  d'une  sainte  piété, 
vous  aviez  établi  et  permis  établir  en  plusieurs  lieux  le 
S^  Rosaire,  les  suppliants  portés  pareillement  d'une  piété 
et  dévotion,  quoiqu'à  la  vérité  inégale  à  la  vôtre,  mais 
désireux  néanmoins  de  Timiter...  »  (6.  286.) 

Église  paroissiale 

Le  procès-verbal  de  visite,  en  1782,  nous  apprend  que 
la  patronne  de  Téglise  paroissiale  était  sainte  Madeleine, 
et  que  l'anniversaire  de  la  dédicace  de  l'église  se  célébrait 
le  6  Décembre.  On  y  marque  que  la  chaire  du  prédicateur 
était  fort  belle,  que  l'église  bien  lembrissée  était  mal 
parée,  et  possédait  un  beau  calice  et  trois  autres  conve- 
nables. On  n'en  pouvait  dire  autant  de  la  statue  de  saint 
Sébastien  et  le  procès-verbal  porte  «  qu'elle  est  à  suppri- 
mer jusqu'à  ce  qu'elle  soit  rendue  plus  décente  ». 

Le  le'  jour  de  Mai  1698,  la  seconde  cloche  de  L'église 
paroissiale  fut  bénite  par  Keraudren,  recteur,  et  nommé 
François-Sébastien.  Le  parrain  fut  haut  et  puissant  Mes- 
sire  de  Penfeuntennio,  seigneur  de  Mesgrall,  Rosarno, 
la  Haye  ;  marraine  haute  et  puissante  dame  Françoise 
le  Cozic,  dame  présidente  de  Bonamour,  de  Kervinic 
Kerloaguen,  etc. 

RÔLE   DES   DÉCIMES   EN   1789 

I 

Falher,  recteur 22*    10^ 

La  Fabrice 8^    10^ 

Le  Rosaire 2^ 

Saint-Exupère 5»    10» 

La  Trinité 2» 


Total 40»    10' 


—  173  - 

Dans  son  état  actuel,  Téglise  de  Dinéault  est  dépourvue 
extérieurement  d'aspect  monumental.  Les  fenêtres  des 
branches  du  transept  et  celles  des  pans  coupés  de  l'abside 
ont  conservé  le  dessin  flamboyant  des  meneaux,  mais  elles 
doivent  être  de  la  fin  du  xvi®  siècle,  ou  plutôt  du  xvii«, 
comme  l'indiquent  les  gargouilles  en  forme  de  canons  de 
l'abside,  lesquelles  sont  surmontées  de  têtes  de  chéru- 
bins. Les  autres  fenêtres  sont  toutes  de  facture  moderne. 

Le  porche  Sud,  tout  en  kersanton,  avec  ses  lourds  pilas- 
tres et  ses  lourdes  corniches,  semble  être  du  xix^  siècle. 
Il  n'y  a  rien  d'ancien  que  les  deux  demi-colonnes  de  l'en- 
trée, composées  de  tambours  cannelés  et  de  bagues  sail- 
lantes ;  elles  doivent  être  du  commencement  du  xvii®  siè- 
cle, de  même  que  les  deux  portes  du  fond,  dont  le 
trumeau,  les  pieds-droits  et  les  arcs  sont  ornés  de  fines 
moulures.  Les  deux  lanternons  de  couronnement  de  la 
façade  rappellent  ceux  de  la  sacristie  de  Pleyben. 

Au-dessus  de  la  porte  Ouest,  sous  le  clocher,  est  une 
niche  contenant  la  statue,  en  kersanton,  d'un  saint  évê- 
que  ou  abbé,  campé  très  élégamment,  revêtu  de  la  cha- 
suble antique,  non  mitre,  tenant  la  crosse  de  la  main 
droite,  et  un  livre  ouvert  dans  la  main  gauche. 

Cette  porte  et  cette  niche  sont  en  granit.  La  base  du 
clocher,  qui  les  surmonte,  est  en  kersanton,  avec  sa  cor- 
niche à  modillons  et  sa  galerie  saillante  à  balustres,  genre 
xvir»  siècle.  La  chambre  des  cloches  est  encore  en  granit, 
avec  des  baies  moulurées  dans  le  genre  gothique,  et 
cependant  sur  le  linteau  du  milieu  du  côté  Sud,  on  lit  : 
I  .  GVILLOV  .  F  .  1612,  et  plus  haut,  sous  la  corniche  : 
G  :  GVILLAMOT  .  F  .  LA  .  1633 

La  flèche,  aussi  en  granit,  a  des  gables,  des  pinacles 
d'angles  et  des  crossettes  d'arêtes,  ayant  tous  les  carac- 
tères du  style  flamboyant. 


—  176  — 
Intérieur. 

A  rintérieur,  les  légères  piles  octogonales  et  les  arcades 
de  la  nef  pourraient  indiquer  le  xvii®  siècle,  le  xviii®,  ou 
peut-être  même  une  reconstruction  du  xix®.  Rien  de  bien 
tranché  dans  Tarchitecture. 

Le  maître-autel  est  surmonté  d*un  retable  à  quatre 
colonnes,  ornementées  à  leur  tiers  inférieur  de  pampres 
de  vigne  et  d'oiseaux,  et  couronnées  de  chapiteaux  corin- 
thiens. Au  sommet,  une  niche  contient  TEnfant -Jésus 
debout,  en  robe  longue  à  ceinture,  et  tenant  de  la  main 
gauche  le  globe  du  monde. 

Dans  une  des  niches  inférieures  se  trouve  saint  Coren- 
tin,  en  chape  et  mitre,  ayant  son  poisson  à  ses  pieds. 

L*église  était  aussi  dédiée  à  la  Trinité  ;  voilà  pourquoi 
on  trouve  au-dessus  de  Tautel  du  transept  Nord,  une  belle 
représentation  des  trois  divines  Personnes.  C'est  un  groupe 
en  pierre  blanche  très  résistante,  rehaussée  de  peinture  et 
de  dorures,  ayant  bien  dans  les  poses,  dans  Tornementa- 
tion  et  le  type  des  figures,  le  caractère  du  xv«  ou  du  com- 
mencement du  xvio  siècle.  Le  Père  et  le  Fils  sont  assis 
sur  des  nuages  et  tiennent  sur  leurs  genoux  un  livre 
ouvert,  au-dessus  duquel  plane  TEsprit-Saint,  sous  forme 
de  colombe.  L'un  des  personnages,  celui  de  gauche,  est 
couronné  et  tient  le  globe  du  monde,  est-ce  le  Père,  est- 
ce  le  Fils  ?  Rien  ne  l'indique,  tous  deux  sont  barbus,  et 
aucun  ne  porte  les  stigmates  de  la  Passion.  Tous  deux 
également  sont  vêtus  d'un  riche  manteau  à  fermail,  orfrois 
et  bords  ornés  de  rangs  de  perles  et  fleurons  de  pierre- 
ries. Le  bas  d'un  des  manteaux,  très  largement  développé, 
vient  recouvrir  les  genoux  de  l'un  et  de  l'autre. 

Dans  ce  même  transept  on  voit  : 

lo  La  statue  debout  d'une  sainte  couronnée,  tenant  un 
livre  de  la  main  droite. 


-  17*? - 

2°  Un  groupe  en  kersanton  de  Notre-Dame  de  Pitié.  Le 
corps  inanimé  du  Sauveur  repose  sur  les  genoux  de  sa 
Mère;  saint  Jean  soutient  sa  tête  sacrée,  tandis  que  la 
Madeleine  soutient  un  de  ses  pieds  et  porte  de  l'autre 
main  son  vase  de  parfums  ;  une  autre  Sainte  Femme  assiste, 
les  mains  jointes.  Marie -Madeleine  a  la  tète  découverte, 
avec  les  boucles  de  son  opulente  chevelure  tombant  sur 
ses  épaules  ;  elle  a  des  manches  à  bouffants  et  crevés, 
comme  à  la  fin  du  xvi»  siècle. 

30  Au  bout  de  la  balustrade  est  une  sainte  Marguerite 
en  kersanton,  à  genoux  sur  le  corps  d'un  horrible  dragon, 
ou  plutôt  suivant  la  légende,  sortant  du  corps  de  ce  dra- 
gon qui  Ta  dévorée  ;  et,  en  effet,  on  voit  encore  les  pans 
de  sa  robe  dans  la  gueule  terrible  du  monstre. 

Du  côté  de  l'Évangile,  à  l'entrée  du  chœur,  est  un  saint 
Nicolas,  en  chape,  crosse  et  mitre,  mais  sans  les  trois 
petits  enfants  traditionnels.  Du  côté  de  l'Épitre  est  une 
statue  moderne  de  sainte  Marie-Madeleine,  patronne  de 
l'église. 

Le  transept  Sud  a  un  joli  tabernacle  à  colonnettes  tor- 
ses, un  retable  à  colonnes  torses  entourées  de  pampres  de 
vignes,  le  tout  couronné  d'un  Père-Éternel  bénissant  le 
globe  du  monde  et  accompagné  de  deux  anges  très  élé- 
gants dans  leur  pose  et  leurs  draperies.  Dans  la  niche  du 
milieu  est  une  statue  moderne  de  Notre-Dame  des  Victoi- 
res ;  dans  les  côtés,  un  saint  Éloi  ancien  et  un  saint  Herbot 
récent. 

Contre  le  mur  du  bout  du  transept,  est  une  sorte  de 
triptyque  de  saint  Yves  entre  le  riche  et  le  pauvre.  La 
statue  du  Saint  est  en  ronde-bosse,  en  surplis  ou  cotte, 
avec  camail  et  bonnet  carré.  Le  riche  et  le  pauvre  sont  en 
bas-relief  méplat  ;  le  riche  ayant  habit  ou  pourpoint  long 
à  manches  échancrées  dans  le  haut  pour  laisser  passer  les 
bras,  bas  de  chausse  et  brodequins  ;  la  tête  coiffée  d'une 


-  178  — 

sorte  de  calotte  pointue,  avec  oreillettes  terminées  par 
des  globules  ou  boutons  ronds.  Le  pauvre  est  tête  nue, 
vêtu  d'une  tunique  à  ceinture  descendant  jusqu'aux 
genoux,  molletières  et  sandales.  Il  a  une  besace  au  côté, 
tient  un  long  bâton  de  la  main  droite,  un  parchemin  ou 
cédule  de  la  main  gauche. 


# 
*  * 


Dans  le  cimetière  est  une  croix  en  kersanton,  à  multi- 
ples personnages.  Au-dessous  du  Christ  crucifié,  sur  un 
croisillon  formant  console  double  ornementée  et  feuilla- 
gée,  on  voit  la  Sainte-Vierge  et  saint  Jean  ;  saint  François 
montrant  ses  stigmates  ;  la  Madeleine  agenouillée  et  en- 
trouvrant son  vase  de  parfums  ;  un  évoque  en  chape, 
mitre  et  crosse.  Au  pied  de  la  croix,  ou  plutôt  sur  le 
piédestal,  encore  la  Madeleine  et  saint  Jean,  puis  un  petit 
saint  Yves  en  cotte  et  camail  à  chaperon,  argumentant 
avec  ses  doigts,  tenant  un  rouleau  de  parchemin  et  son 
bréviaire  suspendu  dans  une  gaine  en  étoffe. 

Sur  la  face  Ouest  du  croisillon  on  lit  :  M  :  C  :  KAVDEN  : 
REC. 

A  l'avers,  on  a  représenté  VEcce-ffomo  ou  Notre-Seigneur 
en  manteau  long,  portant  le  roseau  et  la  couronne  d'épi- 
nes, puis  saint  Pierre,  saint  Sébastien  et  Notre-Dame  de 
Pitié.  Sur  le  croisillon,  l'inscription  :  HORELLOV  :  F  :  1696. 

Au  dos  du  piédestal  est  la  Véronique  tenant  la  Sainte- 
Face  et  sur  le  côté  on  lit  :  A  .  LE  .  BVLIER  .  F .  1648,  tandis 
que  sur  la  face  Sud  du  fût  de  la  croix  on  voit  cette  autre 
date  :  L  :  GARO  :  F  :  1650. 

Dans  le  jardin  du  presbytère  sont  trois  statues  en  ker- 
santon :  —  un  Eece-ffomo  ;  —  un  évêque  en  chape  et 
mitre,  avec  crosse  et  livre  ouvert  ;  —  un  ermite  en  robe, 


-  17Ô  - 

manteau  à  capuchon,  calotte  clémentine,  chapelet  et  livre 
ouvert. 

Dans  le  grenier  du  hangar  sont  reléguées  trois  vieilles 
statues  :  —  sainte  Marie-Madeleine,  la  patronne,  du  xvn® 
siècle,  ayant  sa  chevelure  opulente  tombant  sur  ses  épau- 
les et  tenant  de  la  main  gauche  son  vase  de  parfums  ;  — 
Vierge-Mère,  tête  nue,  avec  boucles  de  cheveux  ondées  ; 
—  saint  Marc,  assis,  écrivant  son  évangile,  ayant  sur  les 
épaules  un  camail  à  capuchon  qui  vient  recouvrir  à  moi- 
tié son  bonnet  carré.  A  ses  pieds  est  son  lion,  tenant  dans 
la  gueule  une  banderole. 


Chapelle  de  Saint- Exupère  (Sant  Dispar), 


Dans  Tancienne  chapelle  de  saint  Exupère,  maintenant 
rebâtie,  la  sablière  au-dessus  de  Tautel  Nord  portait  cette 
inscription  :  M  :  lAN  :  HENRI  :  M  :  l  :  LE  :  CARO  :  QVRE 
T  :  lACQ  :  FABRICQ  :  1648  :  M  :  F  :  LE  :  GVILLOV  :  P. 

Le  pardon  avait  lieu  autrefois  le  second  dimanche  de 
la  Fête-Dieu  et  il  y  venait  beaucoup  de  pèlerins  dont  le 
nombre  a  diminué  depuis  que  le  pardon  a  été  transféré 
au  troisième  dimanche  de  Septembre  (note  du  Recteur  en 
1792). 

Cette  chapelle  possédait  un  beau  vitrail  qui  a  été  acquis 
par  la  Société  Archéologique  du  Finistère  et  orne  main- 
tenant. Tune  des  salles  du  Musée  départemental,  après 
avoir  subi  une  restauration  très  entendue.  En  voici  la 
description. 

C'est  une  fenêtre  à  trois  baies  surmontées  de  trois  souf- 
flets composant  le  tympan,  chacune  des  baies  mesurant 
en  clair  0  m.  47  de  large  et  1  m.  70  de  haut. 

Dans  la  baie  du  milieu,  est  la  Vierge  assise  sur  un  riche 


—  180  — 

■ 

trône,  avec  dossier  formant  niche  à  coquille.  Elle  est 
vêtue  d'une  robe  rose  foncé  ou  lie  de  vin,  et  d'un  man- 
teau bleu.  Une  sorte  de  coiffure  ou  dévoile  bleu  surmonte 
sa  chevelure  jaune  d'or.  Sur  son  genou  droit  est  assis 
TEnfant-Jésus,  un  peu  renversé  et  tenant  des  deux  mains 
une  petite  corbeille  de  fruits.  Au-dessus  de  la  tête  de  la 
Vierge,  sur  une  bande  faisant  la  bordure  de  la  draperie 
du  fond,  est  l'inscription  :  MATER  .  DEI 

Dans  la  baie  à  droite  de  la  Sainte-Vierge,  est  un  saint 
évêque  présentant  un  donateur;  c'est  saint  Exupère,patron 
de  la  chapelle,  et  dont  le  nom  se  lit  sur  la  bordure  cou- 
rant à  la  hauteur  de  sa  tête  :  EXVPATER 

Est-ce  saint  Exupère,  Exuperiua,  évêque  de  Toulouse 
(28  Septembre),  dont  saint  Jérôme  a  fait  un  éloge  spé- 
cial ?  Est-ce  un  saint  local  ?  Dans  le  peuple,  on  l'appelle 
sant  lepar» 

L'Evêque  est  vêtu  de  la  dalmatique  rouge  et  de  la  cha- 
suble verte,  ganté  de  violet  pâle,  avec  anneau  au  pouce 
de  la  main  droite,  coiffé  d'une  mitre  très  riche,  et  tient 
une  crosse  à  pied  d'argent  et  à  volute  d'or  de  courbe  très 
allongée,  à  ornementation  feuillagée. 

Le  seigneur  qu'il  présente  est  agenouillé,  les  mains 
jointes,  devant  un  prie-Dieu  sur  lequel  est  ouvert  un  livre 
d'heures.  Il  a  la  tête  découverte,  et  son  casque  à  petit 
panache  rouge  est  posé  à  terre.  Il  est  vêtu  de  l'armure  de 
fer  :  brassards,  cuissards,  jambières,  éperons  à  molettes 
pointues.  Son  armure  est  couverte  d'une  cotte  en  étoffe 
toute  blasonnée  de  ses  armes  :  écartelé  au  î  et  4  de  gueu- 
les au  fermail  d'argent,  qui  est  Kersauson  (en  1562,  Jean 
de  Kersauson  était  seigneur  de  Rosarnou,  en  Dinéault), 
au  2  et  3,  d'azur  à  3  molettes  d'or  2  et  î,  au  chef  d'or  à 
3  molettes  d'azur  en  fasce,  avec  un  vairé  de  gueules  et  d'ar- 
gent brochant  sur  le  tout,  qui  est  des  Lesguern,  sieurs  de 
Rosarnou. 


—  181  — 

Ce  sont  les  mêmes  blasons  que  l'on  retrouve  dans  les 
cinq  écussons  du  haut  des  baies  et  des  deux  soufflets  laté- 
raux. 

Dans  la  baie  de  gauche  est  figurée  sainte  Marie-Made- 
leine, patronne  de  la  paroisse.  Son  vêtement  consiste  en 
une  robe  verte  et  un  manteau  rouge  très  drapé,  à  bordure 
d'or  avec  oves.  Une  fine  chemisette  couvre  à  moitié  ses 
épaules.  A  sa  belle  chevelure  dorée,  aux  longues  nattes 
ondées,  se  rattache  une  écharpe  ou  plutôt  une  banderole 
légère  qui  vient  flotter  par  derrière  et  se  rattacher  à  son 
manteau.  De  la  main  gauche,  elle  tient  son  vase  de  par- 
fums, et  de  la  droite  elle  en  soulève  le  couvercle.  A  la 
hauteur  de  sa  tête  se  lit  également  son  nom  :  MARIA 
MAGDALENA. 

Ce  qui  rend  cette  verrière  si  intéressante,  c'est  d'abord 
la  composition,  le  dessin  et  le  riche  coloris  des  person- 
nages ;  mais  il  y  a  aussi  l'architecture  et  l'ornementation 
des  encadrements,  ou  plutôt  du  soubassement  et  des  dais. 
Pour  le  soubassement,  ce  sont  des  pilastres  et  un  slylobate 
de  marbre,  avec  caissons  et  médaillons  où  sont  logés  des 
personnages  assis  et  des  bustes,  dans  la  plus  belle  tradi- 
tion de  la  Renaissance.  Dans  les  dais,  même  inspiration  : 
niches  à  coquille,  frontons,  arcades,  anges  assis,  jouant 
du  biniou  ou  de  la  cornemuse  ;  anges  debout,  jouant  de 
la  flûte  traversière  ;  petits  génies  groupés  par  trois  pour 
former  le  motif  central,  petits  anges  agenouillés,  portant 
les  écussons  blasonnés.  Dans  toute  cette  ornementation 
on  ne  peut  trop  admirer  l'emploi  judicieux  du  jaune  à 
l'argent  pour  obtenir  des  touches  chaudes  réparties  très 
savamment  sur  ces  surfaces  ton  grisaille. 

Les  deux  écus  des  soufflets  latéraux  sont  entourés  du 
grand  collier  de  la  Toison  d'or  et  suspendus  à  des  bande- 
lettes ou  cordelières  tenues  par  des  mains  aux  bras  armés, 
issant  d'un  nuage. 


—  182  — 

L'écu  en  supériorité,  tenu  par  deux  anges  vêtus  de  tuni- 
ques, est  timbré  des  instruments  de  la  Passion  :  croix, 
couronne  d'épines,  clous,  lance,  éponge,  fouet  et  verges. 

Deux  petites  inscriptions  discrètes  indiquent  les  noms 
des  auteurs  de  la  restauration  : 

Restauré  par  Deyrolle,  artiste  peintre  à  Concameau,  1896, 

Restauré  par  Megnen  -  Ceshron ,  artiste  peintre -verrier^ 
13,  rue  Jacquement,  Paris. 

La  chapelle  contient  trois  autels.  Au  maître-autel  se 
voient  les  statues  de  saint  Exupère  et  de  Notre-Dame  de 
Grâces.  Au  second  autel,  du  côté  de  TEpitre,  les  statues 
de  saint  Maudetz  et  saint  Laurent  ;  au  troisième,  côté  de 
TEvangile,  les  statues  de  saint  Jean-Baptiste  et  de  saint 
Marc.  On  y  voit  également  une  statue  de  Notre-Dame  des 
Anges. 

La  paroisse  comptait  autrefois  d'autres  chapelles  :  Saint- 
Ouinal,  au  passage  ;  Saint -Tujan,  à  Rosarnou  ;  Saint- 
Joseph,  à  Kervinic,  et  Saint- TJiéleau,  entre  Le  Rest  et 
Landeleau  (1). 

La  chapelle  de  La  Trinité,  citée  au  rôle  des  décimes 
devait,  croyons -nous,  être  attenante  à  l'église  parois- 
siale. 

Vicaires  ou  Recteurs  de  Dinéault 
AVANT  LE  Concordat 

Perceval,  prêtre  de  DinhéaiUt  assiste  aux  funérailles  du 
roi  Gradlon.  (Albert  Le  Grand,  Catalogue,  p.  169.) 
1401.  Trégonnec,  recteur. 

1528.  Alain  Lesmaés,  recteur,  décédé,  remplacé  par 

1528.  Guillaume  Lesmaês,  recteur  de  Guengat. 

1580.  Guillaume  Provost,  assiste  au  Synode  (G.  95). 

(1)  Retueigoemeots  fournis  par  M.  Berthou,  recteur. 


-  183  - 

1650-1653.  Raoul  Lacbeter  (recteur,  Haut-Corlay). 

1653.  Henry. 

1673-1694.  Yves  Lozeac'h,  décédé  le  25  Novembre,  à  l'âge 

de  65  ans  (1). 
1694-1702.  Claude  Keraudren,  décédé  le  28  Mai  1702. 
1702-1732.  Gabriel  Le  Guen,  décédé  le  3  Août  1702. 
1732-1735.  Hervé  Le  Guen,  cbanoine  de  Lesneven,  décédé 

le  19  Mars  1735. 
1735-1751.  Urbain  Leinlouet,  né  à  Saint-Goazec  1704,  forcé 

de  quitter  sa  paroisse,  reçut  une  pension  du  bureau 

ecclésiastique  et  mourut  en  1780. 
1751-1761.  François  Le  Moal. 
1761-1781.  Yves  Le  Meur,  décédé  le  11  Janvier  1781,  âgé 

de  68  ans. 
1781-1792.  François -Augustin  Falcher,  né  à  Bothoa  en 

1745  ((  homme  de  talent,  éloquent  en  français  et  en 

breton  ».  Sa  santé  fut  fort  ébranlée  pendant  la  Révo- 
lution, il  ne  put  reprendre  du  service  au  Concordat  et 
mourut  à  Dinéault,  au  Ouilly-Vian,  le  21  Juin  1807. 


Curés  ou  Vicaires  avant  le  Concordat 

1674-1689.  A.  Scoarnec,  prêtre,  puis  curé  de  1680  à  1689. 

1689-1704.  Thomas  Le  Borgne,  prêtre,  puis  curé  de  1696 
à  1704,  décédé  le  10  Janvier  1708. 

1703-1739.  Y.  Guillamot,  mort  au  Cosquinquis  le  21  Sep- 
tembre 1739. 

1724-1748.  Jean  Calvez,  prêtre  de  la  paroisse,  mort  à  Rel- 
ier, le  22  Juin  1748,  âgé  de  50  ans. 


(1)  Nous  devons  la  liste  des  prêtres  de  Dioéault,  à  partir  de  cette  épo- 
que, h  robligeaoce  de  M.  Bertbou,  recteur,  aujourd'hui  curô-doyen  de 
Carhaix, 


—  184  — 

1744-1763.  Guillaume-François  Jacq,  mort  à  Cosquinquis, 
le  29  Décembre  1763,  âgé  de  47  ans. 

1773-1776.  M.  Capitaine. 

1777-1781.  G.  Favennec. 

1781-1792.  Jean  Denys  Riou,  né  en  1747,  frère  de  Jean- 
Étienne,  est  porté,  ainsi  que  M.  Falcher,  son  recteur, 
comme  ayant  prêté  serment  en  Janvier  1791.  Mais  ils 
durent  tous  deux  se  rétracter  promptement,  car  M.  Riou 
fut  déporté  en  Espagne,  et  M.  Falcher,  après  avoir  été 
détenu  au  château  du  Taureau,  ainsi  que  Tabbé  Jolivet, 
de  Dinéault  ;  dès  le  1®'  Septembre  1792,  ils  furent  dé- 
portés à  Brème,  et  embarqués  le  17  Avril  1793  pour 
cette  destination  avec  28  autres  prêtres. 


# 
*  # 


Pendant  la  Révolution,  dès  le  départ  de  M.  Falcher,  en 
Décembre  1792,  Yves  Paillart,  âgé  de  33  ans,  originaire 
de  Plozévet,  prit  le  titre  de  Curé  ;  en  1799  il  prend  le  titre 
d'agent  municipal.  Il  dut  mourir  avant  le  Concordat. 
Pendant  cette  période  de  la  Révolution,  on  relève  sur  les 
registres  paroissiaux  les  signatures  de  Le  Marchadour, 
curé  de  Châteaulin,  Huitric,  vicaire  de  Trégarvan,  Guille- 
mot, vicaire  de  Landévennec  et  S.  le  Haut,  curé  de  Cast. 


Prêtres  ORiGiNAmES  de  la  paroisse 

ou  Y  AYANT  EXERCÉ  QUELQUE  TEMPS  LE  MINISTÈRE 

1674-1690.  François  Pellen,  décédé  au  Stang,  60  ans. 
1674-1682.  René  Le  Gourlay,  décédé  au  bourg,  63  ans. 
1674-1707.  Hervé  Le  Guilly,  60  ans. 
1674-1787.  Yves  Horellou. 


—  18o  — 

1675-1705.  Jean  Donard,  décédé  au  Creignou,  70  ans. 

1680.  Gabriel  Scoarnec. 

1680-1693.  Jan  Bauguion,  curé  de  Rosnoën. 

1685-1717.  Hervé  Quéré,  décédé  à  Kergabel. 

1685-1692.  Yves  Le  Gourlay,  décédé  au  Guilly,  63  ans. 

1691-1695.  Yves  Guillou. 

1698-1699.  Gabriel  Nédélec. 

1705-1706.  Jérôme  Le  Jannou,  décédé  le  5  Août  1706. 

1714-1725.  François  Moulé,  décédé  à  Kerdouard,  40"ans. 

1722-1758.  Tanguy  Horellou,  mort  à  Plomodiern,  enterré 

à  Dinéault. 
1740-1754.  Hervé  Quéré,  mort  au  bourg,  45  ans. 
1748-1785.  Tfiomas-Joseph  Kerjean,  mort  à  Ty-Bianet, 

70  ans. 
1783-1784.  J.  Donnart. 
1785-1787.  G.  Le  Daeron. 
1789-1792.  R.  Jolivet. 
1783-1794.  Jean-Etienne  Riou,  né  à  Hellès,  en  Dinéault, 

en  1735,  recteur  de  Lababan,  guillotiné  pour  sa  foi,  le 

16  Mars  1794. 

Recteurs  de  Dinéault  depuis  le  Concordat 

1804-1820.  Jean-Denys  Riou,  de  Dinéault. 
1820-1837.  Guillaume  Glévarec,  de  Lopérec. 
1837-1850.  Louis  Le  Gai,  de  Berrien. 
1850-1863.  Germain  Le  Moigne,  de  Pleyben. 
1863-1881.  Jean-Louis  Le  Berre,  d'Ergué-Armel. 
1881-1882.  L.  Le  Michel,  de  Trégastel  (Saint-Brieuc). 
1882-1891.  Jean-René  Celton,  de  Poullan. 
1891-1896.  Jean  Tanneau,  de  Plomeur. 
1896-1907.  Yves  Berthou. 
1907.  Joseph  André. 

Bulletin  de  là  Commission  diocésaine  —  7*  anoée.  18 


—  186  — 

Vicaires 

1818-1820.  G.  Glévarec. 

1831-1836.  Nédélec. 

1836-1837.  Hervé. 

1837-1845.  F.  Creyou. 

1845-1852.  Cloarec. 

1852-1859.  Boustouler. 

1859-1861.  Le  Moy. 

1861-1868.  Quidéau. 

1868-1871.  Velly. 

1871-1875.  Le  Bras. 

1875-1878.  LeQuéau. 

1878-1880.  Le  Bars. 

1880-1891.  Jean  Le  Floch. 

1891-1898.  François  Kerouanton. 

1898-1906.  Jean-Marie-René  Breton. 

1906.  Henri  CabilHc. 

MaisoxNs  nobles 

Kersauzon,  S'  de  Rosarnou,  en  Dinéault,  du  Vijac,  en 
Guipavas  :  de  gueules  au  fermait  d'argent  ;  devise  :  Pred 
eo,  pred  a  vo,  H  est  temps,  il  sera  temps. 

Kerguiziau,  S^^  de  Kerscao  (Plouzané)  :  d'aeur  à  trois 
têtes  d'aigle  (alias  d'épervier)  arrachées  d'or  ;  devise  ;  Spes 
in  Deo, 

Lesguern,  S^  de  Rosarnou  (Dinéault),  armes  antiques  : 
d'or  au  lion  de  gueules  à  la  bordure  tngreslée  d'azur  ;  mo- 
dernes :  fascé  de  six  pièces  de  vair  et  de  gueules,  qui  est 
Coetmenec'h  ;  devise  :  SoiL 

Penfentcnyou,  S^  de  Rosarnou  (Dinéault)  :  Burélé  de 


-  187  - 

dixpiècê$de  gueules  et  d'argent;  devise  :  Plura  quam  opto. 

Penguern,  S'  de  Kerméno  (Dinéault)  :  d'or  à  trois  pom- 
mes de  pin  de  gueules  la  pointe  en  haut,  une  fleur  de  lys  de 
même  en  abyme  ;  devise  :  Doue  da  guenta. 

Trégoazec,  S' du  dit  lieu  (Dinéault)  :  d'argent  à  la  croix 
paitée  de  gueules,  chargée  en  coeur  d'une  coquille  d'or. 

Monuments  anciens 

M.  du  Chatellier  signale  un  menhir  au  Nord  du  village 
du  Stang,  un  second  menhir  à  2  kilomètres  au  Sud  du 
passage,  un  troisième  à  Goarem-ar-Menhir. 

Dolmens  à  gauche  de  la  route  allant  au  Ménez-Hom. 

Une  sépulture  à  Ty-ar-Gall,  et  des  chambres  sépulcrales 
communiquant  entre  elles,  nommées  Toul-ar-Oorriquet,  à 
200  mètres  Nord  de  Kerédan. 


DIRINON 


Geoflroy,  évéque  de  Quimper  de  1170  à  1185,  confirmant 
la  fondation  de  Tabbaye  de  Daoulas  par  les  seigneurs  de 
Léon  ajouta  à  leurs  libéralités  plusieurs  prébendes  et 
entr'autres  la  prébende  de  Dirinon,  que  l'évêque  Guil- 
laume, dans  un  acte  de  1218,  appelle  église  de  Sainte- 
Monitte  ou  Nonitte.  Elle  est,  en  effet,  sous  le  patronage  de 
sainte  Nonne  dont  la  curieuse  légende  a  été  très  popu- 
laire, grâce  à  un  mystère  composé  en  son  honneur  et  qui 


-  188  — 

devait  se  jouer  le  jour  de  sa  fête.  Une  copie  manuscrite  de 
ce  mystère,  écrit  en  breton,  était  conservé  au  presbytère 
de  Dirinon,  dans  la  première  partie  du  xix®  siècle,  sous 
répiscopat  de  Mgr  de  Poulpiquet,  et  fut  publié  en  1837,  à 
Paris  chez  Merlin,  par  l'abbé  Sionnet,  du  diocèse  de  Saint- 
Brieuc,  qui  raconte  lui-même  dans  sa  préface,  comment 
le  manuscrit  lui  fut  confié  : 

((  M.  l'abbé  Marzin  accompagnant  Monseigneur  l'Evê- 
que  de  Quimper,  dont  il  était  alors  secrétaire,  dans  une 
de  ses  visites  pastorales,  apprit  qu'il  se  trouvait  dans  la 
paroisse  de  Dirinon,  près  Landerneau,  un  ancien  manus- 
crit contenant  un  poème  en  langue  bretonne.  11  parvint  à 
se  \e procurfr  ;  puis  désirant  me  mettre  à  même  de  com- 
pléter les  travaux  que  j'avais  commencés,  il  me  le  donna, 
en  joignant  à  ce  présent  tous  les  renseignements  qu'il 
avait  pu  recueillir  dans  le  pays  sur  l'ouvrage  môme. 
L'écriture  en  est  belle  et  de  la  fin  du  xiv*  ou  du  commen- 
cement du  xv<^  siècle,  mais  son  état  de  conservation  en 
est  des  plus  mauvais.  »  Sans  nous  arrêter  à  ce  qu'il  y  a 
d'étrange  dans  l'émigration  de  ce  manuscrit  d'une  paroisse 
qui  n'aurait  pas  dû  en  être  dessaisie  pour  passer  dans  des 
mains  étrangères  au  diocèse,  disons  que  le  manuscrit 
transcrit  par  M.  Sionnet  a  été  traduit  en  français  par 
M.  Le  Gonidec.  La  légende  ne  manque  pas  de  contradic- 
tion. On  fait  mourir  la  sainte  dans  la  Cornouaille  Anglaise, 
près  de  son  fils  saint  Devy,  et  on  l'enterre  à  Dirinon,  dans 
la  terre  de  Rivelen. 

«  On  y  a  élevé  pour  elle  une  maison  pieuse  où  l'on 
priera  toujours  comme  il  faut.  On  appelle  «  Dirinon  »  cette 
maison  qui  lui  a  été  consacrée.  On  en  a  fait  une  chapelle, 
une  église  complète  et  une  paroisse,  parce  qu'elle  a  été 
vaillante,  prudente  et  sainte,  enterrons  ici  le  corps  pur 
de  la  religieuse,  près  de  la  mer  Armorique,  à  la  vue  de 
tout  le  monde.  C'est  en  ce  lieu  désert  qu'elle  a  été  parta- 


—  189  ~ 

gée  en  deux  ;  son  âme  pure  est  allée  se  réunir  à  Dieu,  vrai 
roi  des  aslres,  et  son  corps  est  enterré  entre  Daoulas  et  la 
ville  de  Landerneau  »  (1). 

En  résumé,  Nonne,  fille  de  bonne  famille,  voue  sa  vir- 
ginité à  Dieu  dans  un  monastère  de  la  Cornouaille  Anglaise, 
mais  se  rendant  à  la  messe  et  traversant  un  bois  elle  est 
violentée  par  un  prince,  et  pour  cacher  sa  honte  se  retire 
en  Armorique,  et  l'on  montre-,  non  loin  de  Dirinon,  l'en- 
droit où  elle  mit  au  monde  un  fils  qui  s'appela  Devy  ou 
David  qu'elle  baptisa  avec  Teau  d'une  fontaine  qui  jaillit 
miraculeusement. 

L'annotateur  d'Ogée  nous  dit  que  Ton  conserve  les  reli- 
ques de  la  Sainte  à  Dirinon  dans  un  reliquaire  d'argent 
«  de  la  formé  d'une  chapelle  et  dans  le  goût  du  xvi®  siècle, 
portant  les  armes  des  Seigneurs  de  Lesquivit,  Lezuzan  et 
de  Kerbringal  ». 


Église  paroissiale 


Le  bourg  de  Dirinon  est  situé  sur  un  plateau  dominant 
un  vaste  horizon  ;  aussi,  dans  le  trajet  en  chemin  de  fer 
de  Quimper  à  Landerneau,  voit-on  admirablement  ce  clo- 
cher que  la  voie  ferrée  contourne  pendant  6  ou  7  kilomè- 
tres, et  qui  semble  vous  poursuivre  comme  une  obses- 
sion. 

Allez  visiter  cette  église  et  remarquez  d'abord  le  bel 
encadrement  qui  l'entoure  :  les  bouquets  d'arbres  du  cime- 


Ci)  Dirinon  e%  hanvet  dezi  ker  révérant  ha  chapel  hac  ylis  fournis  a 
parissani  dre  ma  %eo  bed  vaillant  ha  prudant  ha  santés,  enterromp  hy 
aman  corf  g!an  an  leanes  tosi  dan  mor  Armorie  public  guysuyziques 
ema  don  hanter  spes  e  place  a  es  an  désert  he  eneff  net  gant  doc  dioc 
sa  cuir  roe  ster  he  corf  so  enierret  parfet  a  condet  scier  entre  Daoulas 
a  scier  ha  ker  a  Landerneau. 


-  190  - 

tière  et  les  eDtrées  monumentales  de  TEst  et  de  TOuest, 
formées  de  pilastres  très  cossus,  surmontés  de  lanternons 
à  dômes. 

En  entrant  dans  le  cimetière,  plaçons-nous  en  face  du 
portail  Ouest.  La  porte  en  anse  de  panier  est  surmontée 
d'une  accolade  feuillagée,  dernière  trace  des  traditions 
gothiques.  Tout  le  reste  est  Renaissance  ou  plutôt  Henri  IV  : 
deux  contreforts  de  face,  deux  contreforts  d'angle,  cou- 
ronnés  par  des  colonnes  cylindriques  engagées  et  un  enta- 
blement bien  mouluré  ;  niche  centrale  à  pilastres  et  à 
coquille,  abritant  une  statue  de  la  patronne,  sainte  Nonne, 
tenant  des  deux  mains  un  livre  fermé.  Sur  le  contrefort 
Sud-Ouest  est  la  date  1588. 

Au-dessus  de  la  base  carrée  du  clocher  se  dressent  deux 
étages  de  chambres  de  cloches,  entourées  de  balustrades 
très  saillantes,  formées  de  pilastres  à  gaines  et  à  chapi- 
teaux ioniques.  Sous  la  deuxième  balustrade,  on  lit  la  date 
de  1593  et  cette  inscription  :  1  .  KZVNCV  .  Y  .  LEREST. 
La  flèche  est  élégante  et  aiguë,  mais  moins  œuvrée  que  le 
beffroi. 

Au  mois  de  Septembre  1774,  le  tonnerre  tomba  sur  la 
pyramide,  en  renversa  l'extrémité,  endommagea  la  toi- 
ture de  l'église,  brisa  plusieurs  vitres  et  brûla  la  dorure 
du  retable  des  trépassés.  Le  16  Octobre  suivant,  le  général 
décida  que  Ton  descendrait  de  dix  pieds  la  flèche,  et  qu'on 
la  reconstruirait  de  manière  qu'elle  ait  de  40  à  45  pieds 
de  hauteur  à  partir  de  la  plate-forme.  Celte  restauration 
fut  faite  sans  tenir  compte  de  l'inclinaison  donnée  par  les 
lignes  de  la  pyramide,  ce  qui  produit  une  déviation  désa- 
gréable à  l'œil.  L'ancienne  pierre  formant  pinacle  sert 
actuellement  de  piscine  près  des  fonts  baptismaux. 

Tout  le  pourtour  de  l'église  est  assez  sobre  ;  on  pourrait 
cependant  signaler  quelques  curieuses  gargouilles  au  bas 
des  frontons  des  fenêtres  ;  l'inscription  :  G.  DENIEL. 


-  191  - 

F.  1714,  sur  le  pignon  du  transept  Sud,  et  dans  le  même 
mur,  une  jolie  porte  bouchée,  couronnée  d'un  petit  fron- 
ton demi-circulaire.  Au  mur  de  la  sacristie  est  accolé  un 
cadran  solaire,  datée  de  1653,  qui  avait  autrefois  sa  place 
dans  un  encadrement  mouluré  visible  au-dessus  d'une 
des  fenêtres  Midi. 

Le  porche  Sud  est  daté  de  1618,  quoiqu'il  semble 
appartenir  encore  à  la  tradition  gothique.  Dans  la  niche 
du  fronton  est  un  groupe  de  la  Sainte-Trinité  :  le  Père 
couronné  .de  la  tiare,  tenant  devant  lui  son  Fils  crucifié. 
Dans  l'intérieur,  sur  des  culs-de-lampes  très  simples, 
sont  rangées  les  statues  en  pierre,  des  douze  Apôtres,  très 
rigides  dans  leurs  poses  et  leurs  draperies,  et  fort  pauvres 
de  facture.  Au  fond  est  une  statue  de  Notre- Seigneur  en 
robe  sans  ceinture,  tenant  la  boule  du  monde  et  bénissant. 
Adossé  au  côté  du  porche,  est  un  ossuaire  dont  les  baies 
rectangulaires  s'ouvrent  vers  l'Ouest. 

A  l'intérieur  de  l'église,  on  doit  signaler,  en  premier 
lieu,  les  peintures  qui  ornent  la  voûte.  Au  fond  de  l'abside, 
c'est  la  Sainte-Trinité  :  le  Père  et  le  Fils  assis  sur  des 
nuages,  Notre-Seigneur  tenant  sa  croix.  Au-dessus  d'eux 
plane  le  Saint-Esprit  ;  à  leurs  pieds  est  ouvert  le  livre  de 
la  Loi.  Des  deux  côtés  sont  agenouillés  les  quatre  Évangé- 
listes,  puis  deux  grands  anges  debout  sonnent  de  la  trom- 
pette et  tiennent  en  l'air  une  croix,  comme  pour  inviter 
l'univers  à  venir  adorer  la  Divinité.  Dans  l'arrière-plan, 
la  cour  céleste,  ou  plutôt  la  multitude  des  anges,  vêtus  de 
robes  blanches,  sont  en  adoration  et  en  contemplation 
devaUrt  les  trois  divines  Personnes  ;  c'est  comme  la  figu- 
ration du  texte  :  et  adorent  eum  omnea  angeîi  ejus,  ou  la 
réalisation  du  trisagion  éternel  :  sanctus,  sanctus,  sanctus 
Dominus,  Deus  sabaoth. 

Dans  les  deux  branches  du  transept  sont  les  douze  Apô- 
tres, dix  docteurs,  avec  le  roi  saint  Louis  et  l'empereur 
saint  Henri. 


—  192  - 

Dans  la  nef,  quarante  panneaux  représentent  les  Saints 
de  toutes  catégories  :  pontifes,  confesseurs,  martyrs,  vier- 
ges, saintes  veuves. 

Autour  du  maître-autel  sont  les  statues  de  sainte  Nonne 
et  sainte  Catherine,  saint  Pierre  et  saint  Paul. 

Dans  le  transept  Nord,  Notre-Dame  du  Rosaire,  avec 
les  petits  médaillons  des  quinze  mystères. 

Ce  retable  du  Rosaire  se  trouvait  autrefois  sur  le  maî- 
tre autel,  et  dans  la  chapelle  où  il  est  actuellement,  qui 
était  la  chapelle  de  la  famille  de  Lezuzan,  se  voyait  Fautel 
du  Saint-Sacrement  avec  également  un  retable.  Car  nous 
lisons  dans  les  délibérations  du  corps  politique  que  le 
26  Septembre  1724,  on  fil  marché  avec  le  sieur  Fenestre, 
sculpteur  à  Quimper,  pour  faire  un  retable  du  Saint- 
Sacrement  à  Tautel  de  la  chapelle  de  Lezuzan,  et  un  reta- 
ble du  Rosaire  au  grand  autel.  On  demandait  que  la 
dépense  pour  les  deux  retables  ne  dépassât  pas  1200  livres. 
Le  même  jour  on  décidait  l'achat  de  six  chandeliers  d'ar-, 
gent  qu'on  ferait  venir  de  Paris.  Le  16  Mars  1738,  on  fai- 
sait marché  avec  le  sieur  Mesiven,  doreur  à  Landerneau, 
pour  dorer  le  retable  du  Saint-Sacrement,  on  lui  allouait 
de  250  à  3(X)  livres,  pour  son  travail,  mais  il  devait  se  ser- 
vir de  bon  or  de  Paris  ou  «  llouilande  »  et  dorer  à  l'huile 
et  ((  mettra  premièrement  neuf  couches  de  blanc  luisant 
fond  albâtre,  puis  six  de  celles  qu'on  met  pour  recevoir 
l'or,  et  toutes  les  sculptures  seront  dorées  à  fond  et  tout 
le  reste  en  blanc.  » 

L'autel  de  la  Trinité,  dans  le  transept  Sud,  est  remar- 
quable par  deux  colonnes  torses  et  deux  autres  simple- 
ment ornementées,  et  aussi  par  ses  sculptures  d'une 
grande  richesse  et  d'une  grande  correction.  La  statue  du  I 
Père-Eternel,  tenant  son  Fils  en  croix,  est  très  digne  et 
très  noble.  Dans  les  niches  latérales,  on  voit  la  statue  de 
saint  Corentin  et  d'un  autre  saint  évoque. 


A  Tun  des  piliers  de  la  nef  sont  adossées  les  statues  en 
pierre  d'un  saint  évêque,  saint  Divy  ou  saint  David,  fils 
de  sainte  Nonne,  et  de  saint  Antoine,  ermite,  avec  cha- 
pelet, bâton  à  T  ou  à  potence,  manteau  à  capuchon  et 
calotte  à  oreillettes. 

Les  blasons  des  an&iens  enfeus  ont  été  martelés. 

Les  deux  vieilles  bannières,  restaurées  ou  presque  re- 
nouvelées, portent  la  représentation  du  Rosaire,  Noire- 
Seigneur  en  croix,  Assomption  et  saint  Divy. 

Au  bas  de  l'église,  contre  le  mur  du  clocher,  est  sus- 
pendue la  croix  en  bois  commémorative  de  la  Mission 
donnée  par  le  Vénérable  Père  Maunoir. 

Cette  croix,  à  l'apparence  massive,  haute  de  2  à  3  mètres, 
est  creuse  et  sans  Christ.  Elle  était  portée  généralement 
par  un  prêtre,  dans  les  processions  qui  clôturaient  les 
missions,  et  où  étaient  représentés  en  tableaux  vivants 
les  principaux  Mystères  et  notamment  celui  de  la  Passion 
du  Sauveur. 

Dans  le  clocher,  une  ancienne  cloche,  ayant  1  m.  12  de 
diamètre  et  1  mètre  de  hauteur,  porte  cette  inscription  : 

ESCVYER  .  G  .  DV  .  LOVET  .  SEIGNEVR  .  DE  . 
LISQVIVIT  .  &  .  C  .  PARIN  .  &  .  DAME  .  MAVRICETTE  . 
DV  .  LOVET  .  DAME  .  DE  .  COATJVNVAL  .  MARINE  . 
M  .  HIEROME  .  GAYEMANT  .  CURÉ  .  C  .  CANN  .  & .  ANTO . 
CALVEZ  .  FAB  .  1655.  — 

Plus  bas  est  un  poinçon  ou  marque  de  fabrique,  figurant 
un  renard  ;  ce  sont  les  armes  parlantes  du  fondeur,  car 
LOCARN  signifie  renard.  —  On  lit  au-dessous  ;  JAC  .  LE 
LOVARN  .  xMA  .  FAICTE. 

Les  registres  paroissiaux  relatent  plusieurs  autres  bap- 
têmes de  cloches. 

Le  premier  est  du  15  Avril  1661.  Les  parrain  et  mar- 
raine furent  le  seigneur  de  Kerdoulas  et  la  dame  du 
Rouazle  : 


-  194  — 

«  AnnoDomioi  millesimosexcentesimo  primo,  die  vero 
décima  quinta  mensis  Aprilis  fuit  facta  benedictio  unius 
campane  ia  iiac  ecclesia  de  Dyriooa  per  me  dominum 
Petrum  Ueleouet  curionem  dicte  parochie  de  Dyrinon. 
Compatres  fuerunt  nobilis  dominus  de  Kerdaulas  et  do- 
mina du  Rouazle.  )) 

«  Ce  jour,  270  d'Octobre  1666  a  esté  bénite  et  consacrée 
en  l'église  paroissiale  de  Dirinon  en  l'honneur  de  Dieu  et 
de  la  Sainte-Vierge  et  de  Madame  sainte  Nonne  une  clo- 
cle  par  Missire  Hierome  Gayement  curé,  le  parein  et  ma- 
raine  ont  esté  escuyer  Marc  Anthoine  le  Pappe,  seigneur 
de  Lezuzan,  et  dame  Françoise  Gousabatz,  dame  de  Les- 
quiffit.  On  lui  a  imposé  le  nom  de  Françoise  en  présence 
des  soubzsignants  :  Françoise  Goasabatz,  Marc-Anthoine 
le  Pappe,  Nouel  Emdivat,  prêtre,  François  André,  prêtre, 
Vincent  Goatagas,  prêtre.  Le  Louarn,  fondeur,  Hierome 
Gayement.  » 

Le  31  Octobre  suivant  fut  bénite  une  autre  cloche  par 
Dom  Noël  Emdivat,  prêtre  de  la  paroisse,  les  parrain  et 
marraine  furent  vénérable  et  discrète  personne  Missire 
Hiérosme  Gayement,  curé  de  Dirinon,  et  demoiselle  Per- 
rine  Jolif!,  dame  de  Monval.  On  lui  assigna  le  nom  de 
Perrine.  Louarn,  fondeur. 

En  1712,  le  général  demanda  à  Mgr  l'Évêque  de  démo- 
^  lir  et  reconstruire  leur  église  de  nevez  (sic)  ;  il  s'agissait 
seulement  d'une  restauration  de  la  nef  et  de  la  construc- 
tion du  sanctuaire.  Le  sanctuaire  aura  18  pieds  de  lon- 
gueur, autant  de  largeur,  autant  de  hauteur.  «  Les  cha- 
pelles de  croasade  seront  avancées  dehors  de  20  pieds  V2 
avec  18  pieds  de  largeur.  La  fenêtre  de  la  chapelle  de 
Lezuzan,  au  Levant,  sera  augmentée  d'un  pied  1/2.  La 
sacristie  aura  18  pieds  de  longueur  sur  dix  de  largeur,  la 
muraille  sera  faite  en  pierre  de  taille  de  la  chapelle  de 
Lezuzan  à  celle  de  la  Trinité.  » 


Le  10  Avril  1712,  le  général  décide  qu'on  achètera  one 
barrique  de  vin  pour  faire  le  marché  et  les  frais  qu'il 
conviendra  faire,  et  on  fera  assigner  les  Seigneurs  pour 
faire  procès-verbal  des  armoieries  et  prééminences  qu'ils 
prétendent  avoir  dans  l'église. 

Le  duc  de  Rohan  réclame  ses  armes  au  plus  haut  de  la 
grande  vitre  ;  les  paroissiens  font  observer  qu'elles  n'y 
étaient  pas  autrefois,  mais  qu  on  le  laissera  les  y  mettre 
«  à  ses  péril  et  fortune  ». 

Le  19  Juin  1712,  le  fabrique  Jan  Orcil  se  plaint  que 
non  obstant  qu'il  ait  assigné  <(  par  trois  ou  quatre  fois  des 
charrettes  pour  charroyer  les  pierres  qui  sont  en  la  grève 
de  Daoulas,  il  n'est  venu  que  deux  charrettes.  Or  les  arti- 
sans qui  doivent  venir  pour  tailler  les  pierres  demande- 
ront des  indemnités  s'ils  ne  peuvent  travailler,  en  consé- 
quence on  nomme  dans  les  cordellées  (ou  sections)  de 
Didreachoat,  du  haut,  du  milieu  et  du  bas  deia  paroisse 
des  personnes  qui  feront  le  rôle  des  charrettes  qui  devront 
faire  le  charroi  en  marquant  le  jour  où  elles  doivent 
charroyer  afin  de  savoir  les  défaillants  et  les  rappeler  à 
l'ordre.  » 

Chapelles 
fo  Sainte 'Nonne. 

Tout  à  côté  du  porche  de  l'église  est  la  chapelle  renfer- 
mant le  tombeau  de  sainte  Nonne.  Au-dessus  de  la  porte 
latérale  est  inscrite  la  date  de  1577.  Au-dessus  de  la  porte 
Ouest  est  une  niche  enfermant  la  statue  de  saint  Fiacre. 
Au  milieu  de  la  chapelle  est  le  tombeau  de  sainte  Nonne, 
en  pierre  de  kersanton.  La  Sainte,  admirablement  drapée 
et  tenant  des  deux  mains  un  livre  fermé,  foule  aux  pieds 


-  196  - 

un  dragon.  Deux  anges  tiennent  une  draperie  sur  le  cous- 
sin qui  soutient  sa  tête.  A  une  extrémité  et  au  milieu  des 
deux  côtés,  des  anges  supportent  des  écussons  frustes  ou 
martelés.  Le  reste  des  deux  côtés  est  occupé  par  les  sta- 
tuettes des  douze  Apôtres. 

Cette  tombe  semble  être  de  la  dernière  moitié  du  xv®  siè- 
cle, par  conséquent  antérieure  à  la  chapelle  qui  l'abrite 
actuellement.  11  est  à  croire  que  la  chapelle  primitive  était 
plus  petite  et  que  la  tombe  était  attenante  par  une  de  ses 
extrémités  à  la  muraille,  ce  qui  explique  Tétat  fruste  de 
cette  extrémité,  et  aussi  la  présence  à  celte  époque  d'un 
dais  protégeant  la  tête,  dais  ciselé  et  sculpté  qui  est  main- 
tenant relégué  dans  l'ossuaire. 

Les  sablières  de  cette  chapelle  sont  ornées  de  jolies 
sculptures.  Des  deux  côtés  de  Tautel  sont  deux  belles 
colonnes  torses  qui  encadrent  la  fenêtre  du  fond.  Les  sta- 
tues qui  sont  vénérées  dans  la  chapelle  sont  celles  de 
sainte  Nonne,  sainte  Anne,  sainte  Catherine  et  une  autre 
sainte  martyre  qui  porte  un  livre,  mais  dont  la  caracté- 
ristique a  disparu. 

Le  continuateur  d'Ogre  nous  dit  que,  d'après  la  tradi- 
tion populaire,  cette  chapelle  «  a  été  primitivement  l'église 
paroissiale.  On  voulait  la  bâtir  à  Gorré-Lan-Urvan,  mais 
les  murs  étaient  renversés  à  mesure  qu'on  les  élevait, 
l'architecte  reconnaissant  là  une  intervention  surnaturelle, 
fît  poser  une  des  pierres  devant  servir  à  l'édifice  sur  une 
charrette  attelée  de  bœufs,  qui  se  rendirent  d'eux-mêmes 
à  l'endroit  que  voulait  la  Sainte,  et  cette  pierre  se  montre 
encore  dans  la  chapelle.  Chaque  année,  la  veille  du  par- 
don de  Dirinon,  une  lumière  que  personne  ne  paraît  por- 
ter se  rend  de  celte  église  à  la  chapelle  de  Saint-Divy  et 
revient  presqu'aussitôt  accompagnée  d'une  autre  qui  bien- 
tôt après  retourne  seule  d'où  elle  est  venue.  On  paraît 
croire  que  ce  sont  sainte  Nonne  et  son  fils  qui  se  rendent 
visite.  » 


•  -  197  — 

Le  pardon  a  lieu  le  dernier  dimanche  d'Août,  et  avant 
la  grand'messe,  la  procession  se  rend  du  bourg  à  la  cha- 
pelle de  Saint-Divy  ;  elle  passait  autrefois  par  la  fontaine 
de  Sainte-Nonne  et  par  celle  de  Saint-Divy,  mais  le  mau- 
vais état  des  chemins  a  fait  abandonner  cet  itinéraire.  On 
porte  à  cette  procession,  et  aux  autres  processions  tradi- 
tionnelles, un  très  grand  nombre  de  bannières,  croix, 
statues,  une  soixantaine  environ,  si  bien  que  tous  les 
quatre  ans,  chacun  des  paroissiens  des  quatre  sections  de 
la  paroisse  a  eu  l'honneur  de  porter  l'une  ou  l'autre  des 
enseignes  (an  armou)  de  l'église  (1). 

La  chapelle  de  Sainte-Nonne,  sans  doute  en  mémoire  de 
sa  tendresse  pour  son  fils  saint  Divj',  fut  choisie  de  préfé- 
rence pour  l'inhumation  des  petits  enfants.  Les  registres 
de  la  fin  du  xvii«  siècle  en  fournissent  plusieurs  exem- 
ples : 

Le  17  Février  1687,  c'est  un  enfant  non  nommé,  fils 
d'Alain  Bodenez,  qui  est  décédé  tôt  après  le  baptême 
dooné  à  la  maison,  et  enterré  en  la  chapelle  Sainte-Nonne  ; 

Le  23  Février,  inhumation,  au  même  lieu,  d'Anne  Les- 
cop,  âgée  de  sept  mois. 

Le  4  Juillet  1691,  «  une  cloche  nommée  Renée  (était) 
consacrée  au  service  de  Dieu  en  l'honneur  de  S*  René  et 
bénite  en  cette  chapelle  de  S^®  Nonne,  par  Missire  Guil- 
laume Yven,  vicaire  perpétuel  de  Dirinon.  Parrain,  M.  Alain 
Morvan,  curé  de  Dirinon  ;  marraine,  demoiselle  Renée 
Criber  de  Defïortaux  ». 

C'est  sans  doute  cette  cloche  qui,  cent  ans  plus  tard,  fut 
transportée  à  la  sacristie  par  suite  de  l'ordonnance  prise 
par  le  général^  en  1784,  «  de  faire  coucher  le  bedeau, 
depuis  la  Toussaint  jusques  à  Pâques,  dans  la  chambre 
des  délibérations  où  sont  le  coiïre-fort  et  les  archives,  et 

(1)  RoDseignemeDt  dooDé  par  H.  Floc'b,  recleur. 


-  198  -' 

de  placer  au  haut  de  la  chambre  une  cloche  pour  servir  à 
appeler  au  secours  au  besoin  )>.  Une  seconde  délibération 
marque  que  Ton  prendra  pour  cet  usage  la  cloche  de 
Sainte-Nonne. 

Dans  le  cimetière  qui  entoure  Téglise  paroissiale  et  la 
chapelle  de  Sainte-Nonne,  on  remarque,  plus  que  partout 
ailleurs,  un  nombre  considérable  de  bénitiers  de  pierre 
pour  recevoir  la  pluie  du  ciel,  qui  sert  d'eau  bénite  pour 
asperger  la  tombe  des  parents  ;  un  grand  nombre  de  ces 
bénitiers  affectent  la  forme  des  mesures  de  pierre  servant 
d'étalon  pour  le  mesurage  des  blés  et  posées  autrefois 
dans  le  porche  des  églises. 

Sur  le  calvaire  voisin  du  chevet  de  l'église,  se  voient  les 
armes  des  sieurs  de  Toutenoutre  :  d'argent  à  trois  hures  de 
saumon  coupées,  d'azur. 


20  Saint-^Divy. 

L'ancienne  chapelle  du  fils  de  sainte  Nonne  tombait  en 
ruines  au  commencement  du  xix®  siècle,  et,  sur  la  de- 
mande du  conseil  de  fabrique,  Mgr  l'Evéque  de  Quimper 
autorisa,  le  4  Septembre  1809,  la  démolition  de  la  cha- 
pelle pour  en  être  les  matériaux  employés  à  réparer  la 
chapelle  de  Sainte-Nonne.  Heureusement  qu'un  peu  plus 
tard,  la  fabrique  trouva  les  fonds  nécessaires  pour  élever 
le  modeste  édifice  qui  existe  actuellement  en  Thonneur 
du  fils  de  sainte  Nonne.  # 

50  Saint- Aubin, 

Cette  chapelle,  non  loin  du  château  de  Lesquivit,  n'existe 
plus  depuis  laRévolutiou. 


-  199  - 


4*>  Pennanrun, 

Le  19  Juin  1733,  par  permission  de  M,  Raoult,  chanoine, 
vicaire  général  de  Quimper,  M.  J.  de  Kerret,  recteur  prieur 
de  Brest,  y  bénit  le  mariage  de  écuyer  Jacques  Olyman, 
sieur  de  Kernegue,  de  Plouguer-Garhaix,  avec  Mlle  Mar- 
guerite Gouin  de  Chapiseau,  de  Brest. 

Le  28  Août  1746,  mariage,  dans  la  môme  chapelle,  de 
François-Louis  Gouin  de  Chapiseau,  conseiller  du  Roi, 
commissaire  de  Marine,  fils  de  François-René  et  de  Anne- 
Charlotte  de  Toutenoutre,  avec  Marie-Véronique  de  Pen- 
fentenyo,  fille  de  Mathieu  et  de  Marie-Elène  Corgerat  de 
Beaumont. 

5°  Kerliezec. 

m 

Cette  chapelle  est  signalée  en  1805,  comme  appartenant 
à  M.  Mazurié  de  Keroualen.  On  y  portait  en  procession 
les  reliques  de  sainte  Nonne.  Elle  était  sous  le  patronage 
de  Notre-Dame  de  l'Assomption. 

L'ancienne  paroisse  de  Dirinon  possédait  deux  trêves, 
Saint-Urbain  et  Trévarn,  celle-ci  sous  le  vocable  de  Notre- 
Dame  de  l'Annonciation,  et  anciennement  sous  celui  de 
Saint-Baharn  (sancti  Bahami),  cité  dans  l'acte  de  fonda- 
tion de  l'abbaye  de  Daoulas. 

Trévarn  est  aujourd'hui  rattaché  à  Saint-Urbain. 


A  un  kilomètre  au  Sud  du  bourg,  est  la  fontaine  de 
Sainte-Nonne,  qui,  d'après  la  tradition,  jaillit  pour  lui 


—  200  — 

permettre  de  faire  baptiser  son  enfant,  saint  David.  Tout 
près  est  le  rocher  sur  lequel  elle  déposa  son  enfant  nou- 
veau né,  et  qui  s'amollit  pour  prendre  l'empreinte  de  son 
petit  corps.  Cette  marque  s'y  voit  toujours,  ainsi  que  la 
trace  des  genoux  de  la  Sainte. 

Sa  statue  se  voit  dans  la  niche  du  petit  monument  qui 
forme  la  fontaine,  sur  le  fronton  duquel  se  lit  la  date  de 
1623,  au-dessous  d'un  écusson  portant  un  chevron  accom- 
pagné de  trois  merleltes. 


RÔLE    DES    DÉCIMES,    1789 

Le  Gac  du  Quistillic,  recteur  . . . 

La  fabrice 

Le  Rosaire 

Trcve  de  Trévarn 

Trêve  de  Saint-Urbain 

Confrérie  du  S*  Nom  de  Jésus. . 
St  Guy  (lisez  S*  Yvi  ou  S^  Divy). 

Total 701    15^ 

(A  suivre,) 


281 

6» 

191 

21 

71 

81 

10s 

21 

21 

—  201  — 


CARTULAIRE 

DE    L'ÉGLISE    DE    QUIMPEB 

(Suite.) 


889. 

COHRANDEHENT  FAIT  A  DEUX  PRÊTRES  D'ÊTRE  ASSIDUS 

AU  CHŒUR  (<) 

—   11  Novembre  1884.   — 


Anno  octuagesimo  quarto,  die  veneris  ante  festum  beati 
Corentini  episcopi,  videlicet  hora  prime  etc.,  indictione 
VII»  etc.,  Ponliflcatus  etc.,  anno  VI®,  in  mei  notarii  publici 
presencia  et  thesaurarii,  venerabiles  viri  et  Capitulum 
Corisopitense  capitulantes  illa  die...  injunxerunt  Johanni 
Priolic  et  Johanni  an  Rouser  presbyteris  ecclesie  Coriso- 
pitensis  presentibus,  ut  ad  horas  continue  in  choro  Cori- 
sopitensi  dicendas  compareant  et  hoc  sub  pena  privacionis 
capellaniarum  suarum  in  dicta  ecclesia  Corisopitensi. 

Présentes  ad  hoc  fuerunt  venerabiles  viri   Magistri 

Guillermus  le  Marhec,  Daniel  de  Insula,  Gaufiridus  an 

Gall,  Johanne  Fravali,  Thoma  Episcopi,  Oliverio  Hospitis 

canonici  Corisopitenses. 

J.  Bloez. 

(1)  Cart.  81,  f  65. 


Bulletin  dk  la  Commission  DiocisAiNB.  —  7*  année.  14 


—  202  — 
890 

SERHENT  PRÊTÉ  AU  NOM  DE  GUILLAUME  KER6R0EZES 

CHANOINE  (') 

—    18  Mars  1885  {n.  •.).    - 


Anno  octuagesimo  quarto,  secundum  computacionem 
Gallicanam,  die  décima  octava  Marcii,  hora  tercie,  indic- 
tione  octava,  Pontificatus  C.  pape  septimi  anno  VII^  pre- 
sentibus  Magistris  G.  Marhec,  J.  Fravali,  D.  de  Insula, 
R.  Lestuhan,  Daniel  Danielis  procurator  Magistri  Guil- 
lermi  Kergroezes  canonici  Corisopitensis  iuravit  statuta 
ecclesie  Corisopitensis  in  animam  Domini  sui  observare. 

YVO  TURCH. 

891. 

VICAIRE  DE  LA  RUE  NEUVE  CONDAMNÉ  A  L'AMENDE  (') 

-  4  Août  1386.  - 


Anno  Domini  M^  CCC^  octuagesimo  sexto,  die  quarta 
mensis  Augusti  hora  tercie,  indictione  nona,  Pontificatus 
démentis  pape  VU  anno  octavo,  presentibus  magistris 
G.  Marhec,  t.  Episcopi,  R.  Lestuhan,  J.  Fravali,  0.  Hos- 
pitis,  D.  de  Insula  canonicis  Corisopitensibus,  Dominus 
Penguen  vicarius  de  vico  novo  in  ecclesia  Corisopitensi, 
promisit  solvere  venerabili  Capitulo  Corisopitensi  ad 
eorum  requisicionem  et  in  consciencia  eorum,  sexaginta 
solides  monete  currentis  pro  emenda  et  nomine  emende 
pro  eo  quod  celebravit  missas  ad  notam  in  capella  béate 
Marie  Madalene  pro  mortuis. 

Item  ipsi  Capitulum  inhibuerunt  eidem  Domino  ne  de 
cetero  celebret  missas  ad  notam  nec  submissa  voce  pro 
mortuis,  nisi  pro  vivis  tantum,  vel  nisi  petita  et  obtenta 
licencia  a  procuratore  Capituli  et  hoc  sub  pena  viginli 
librarum  et  privacionis.  Yvo  Turch. 

(I)  Gart.  31,  t*  31,  f*  66. 
(1)  Gart.  31,  f»  36. 


—  203  — 

DEUX  ROIS  D'ABSENCE  ACCORDÉS  PAR  FAVEUR 
A  UN  CHANOINE,  POUR  DEUX  ANS  (') 

-  18  Octobre  1886.  - 


Anno  Domîni  M^  CCC^  octuagesimo  sexto,  die  veneris 

post  festum  beati  Luce  Evangeliste,  fuit  ordinatum  in 

Capitulo  Corisopitensi  quod  Magister  Oliverius  Hospitis 

canonicus  ecclesie  Corisopitensis,  haberet  in  futurum 

duos  menses,  usque  ad  duos  annos  subsecuturos,  ultra 

alios  suos  concanonicos,  inclusive  et  de  iisdem  distribu- 

cionibus  percipiet  absens  sicut  presens,  si  contigerit  ipsum 

se  absentare  per  dictos  duos  menses,  durantibus  predic- 

lis  duobus  annis. 

R.  Penquelenneg,  pro  instrumento. 


893. 

FONDATION  D'ANNIVERSAIRE  DEVENUE  INSUFFISANTE  (') 

-  88  Octobre  1 386.  - 


Anno  Domini  M^  CCC^  octuagesimo  sexto,  die  vigesima 
tercia  mensis  Octobris,  hora  completorii  illiusdiei,  indic- 
tione  décima,  Pontificatus  S.  S.  patris  Domini  Clementis 
divina  providencia  pape  Vir  anno  octavo,  presentibus 
Domino  Daniele  Felestrec  presbytero,  Henrico  Quentrec 
clerico  dicte  sedis  Corisopitensis,  receperunt  et  habuerunt 
venerabiles  viri  Capitulum  Corisopitense  dicentes  quia 
bona  eis  obligata  pro  anniversariis  Hervei  de  Vico  novo, 
Guellozae  ejus  uxoris  et  Nycholai  eorum  filii,  de  quibus 
anniversariis  fit  mencio  in  isto  folio  (3)  non  sufiiciebant 
ad  solucionem  nonaginta  solidorum  annuorum  eis  debi- 

(1)  Cart.  81,  ^  30. 

(2)  Cart.  51,  f*  44. 

(3)  Acte  de  1351,  n*  32S. 


—  204  — 

torum  pro  dictis  anniversariis,  a  domino  Johanne  Barbuti 
milite,  summam  sexaginta  septem  francorum  auri  cum 
dimidio  unius  alterius  f ranci,  pro  eisdem  nonaginta  soli- 
dis  et  cesserunt  eidem  militi  accionem  suam  in  dictis  no- 
naginta solidis. 
Acta  fuerunt  bec  in  loco  consueto  Capitulari  in  ecclesia 

Corisopensi. 

Yvo  TuRCH.  Ita  est. 


894. 

INHIBICIO  FACTA  PER  CAPITULUH  ') 

Défense  faite  à  deux  ohanoinee  de  se  nuire. 
—   22  Décembre  1886.    — 


Anno  Domini  M^  CCC^  octuagesimo  sexto  die  veneris 
ante  festum  Nativitatis  Domini,  Capitulo  Corisopitensi 
eadem  die  capitulante  pro  certis  negociis,  fuit  inbibitum 
ex  parte  predicti  Capituli,  Magistris  Danieli  de  Insula  et 
Henrico  Tbome  ecclesie  Corisopitensis  canonicis,  sub 
pena  centum  librarum  monete  currentis  ne  unus  alteri 
forediceret  seu  malefaceret  verbo  vel  facto  in  futu^um, 
applicandum  fabrice  predicte  ecclesie  Corisopitensis,  or- 
dinacione  predicti  venerabilis  Capituli  in  toto  vel  in  parte 
levandum  et  percipiendum  ;  presentibus  in  boc  Magistris 
T.  Episcopi,  Johanne  Favrali,  R.  de  Lestuhan  et  aliis 
canonicis  predicte  ecclesie. 

Ita  est.  R.  Penquelennec  notarius  imperialis  pro  ins- 
trumente, quod  presens  fui  predicte  inhibicioni,  dum 
iisdem  presentibus,  fieret  in  predicto  Capitulo. 

(2)  Cari  31,  f*  28. 


—  205  — 
895. 

SACRiSTA  CUSTODIT  RELIQUIAS  SUPER  TRONCHO(') 

2B  sois  l'an  ay  sacristain  pour  garder  les  reliques  sur  le  trono. 

-   8  Juin  1387.    ~ 


Anno  Domini  M^  CCC^  octuagesimo  (2),  die  octava  men- 
sis  lunii  hora  tercie,  indictione  décima,  Pontificatus  Sanc- 
tissimi  in  Christo  Patris  ac  Domini  Domini  Clementis 
divina  providentia  pape  VIP  anno  nono,  venerabiles  viri 
capitulum  facientes  statuerunt  et  ordinaverunt  quod 
sacrista  ecclesie  Corisopitensis  habeat  et  habebit  de  ce- 
tero  viginti  quinque  solidos  quolibet  anno  de  troncho, 
videlicet  :  duodecim  solidos  et  sex  denarios  quolibet 
sinodo,  et  per  hoc  tenebitur  sacrista  custodire  reliquias 
appositas  super  troncho  et  hoc  promisit  venerabilis  et 
discretus  vir  Magister  Johannes  de  Tegula  canonicus  et 
sacrista  ipsius  ecclesie  Corisopitensis,  presentibus  in 
premissis,  Magistris  Herveo  Thome  cantore,  Guillermo 
le  Marhec,  Oliverio  Hospitis,  Johanne  Fravali,  Thoma 
Episcopi,  Daniele  de  Insula,  Gaufrido  le  Gall  canonicis 
ipsius  ecclesie. 

YVO  TURCH. 


896. 

AMENDE  PAYÉE  AU  CHAPITRE  <'> 

-    2  Avril  1888.    - 


Anno  octuagesimo  octavo  die  secunda  mensfis  Aprilis, 
presentibus  Magistris  Johanne  Fravali,  Oliverio  Hospitis 
canonicis  et  Richardo  comitis...  promiserunt  domini 

(1)  Cart.  66,  P  57,  et  C.  81,  ^  55. 

(2)  Le  Cartulaire  porte  la  date  de  1380,  mais  riodictioo  X*  et  la  nea- 
TÎème  année  de  Félection  de  l'antipape  français,  Robert  de  Genève,  Clé- 
ment VU,  correspondent  à  l'an  1887. 

(8)  Cart.  81,  ^  33. 


—  206  — 

Johannes  Sici  et  Eudo  Vallacon  presbyteri  solvere  Capi- 
tulo  Corisopitensi  de  eorum  acquisitis,  tredecim  libras 
monete  currentis  pro  emendacione  quarumdam  inju- 
riarum  unicuique  nuper  ab  altero  eorumdem  factarum  in 
ecclesia  Corisopitensi  ;  videlicet  dictus  Vallacon  débet 
sexaginta  solidos  de  dicta  summa  et  dictus  Sicus  débet 
decem  libras  et  juraverunt. 

YVO  TURCH. 


397. 

DÉFENSE  AUX  CLERS  DE  JOUER  EN  LIEUX  PUBLICS  (*> 

-    2  Mai  1888.    - 


Ânno  Domini  M^  CGC®  octuagesimo  octavo  die  seconda 
mensis  Maii,  presentibus  discretis  viris  Magistris  Guil- 
lermo  le  Marhec,  Rioco  de  Lestuhan,  Gauffrido  Lé  Gall, 
Johanne  Fravali,  Daniele  de  Insula  et  Johanne  de  Tegula 
cum  cantore  canonicis  Corisopitensibus  capitulantibus  et 
Capitulum  facientibus  pro  negocio  infrascripto,  procu- 
rator  dicti  Capituli  una  cum  dicto  Capitulo  inhibuerunt 
omnibus  et  singulis  ministris  ecclesie  Corisopitensis  sub 
pena  quinque  solidorum  et  privacione  et  resignacione, 
presertim  Johanni  Sech,  Judicello  Fellestreuc,  dicto 
Sorochan  et  aliis  ne  cetero  ludant  ad  aliquos  ludos  inho- 
nestos  nec  in  loco  publico,  videlicet  ad  palum  vel  ad 
taxillos  aut  alios. 

Consensit  pari  forma  J.  Corric. 

J.  CORRIG. 

(1)  Cart.  31.  f*  29. 


—  207  — 
398 

SERMENT  D'OBSERVER  LES  STATUTS  ('> 

-    30  Août  1888.    - 


Anno  Domini  M^  CCC^  octuagesimo  octavo  die  domî- 
nica  in  festo  decoUacionis  beati  Johannis  Baptiste,  Magis- 
ter  dictus  de  Scumuro  Aureli  fuit  receptus  in  canonicum 
et  in  fratrem  ecclesie  Corisopitensis,  auctoritate  Aposto- 
lica,  per  Petrum  dictum  Plichon  procuratorem  suum,  qui 
Petrus  juxta  tenorem  mandati  Apostolici,  nomine  procu- 
ratoris  ejusdem  canonici  juravit,  tactis  sacro  sanctis  Evan- 
geliis,  dictum  canonicum  tenere  et  fideliter  observare 
statuta  et  sécréta  et  consuetudines  àpprobatas  ipsius  ec- 
clesie et  fidelitatem  ecclesie  supradicte. 


399. 

RÈGLEMENT  DE  LA  PENSION  DU  PROCUREUR 

DE  LA  FABRIQUE 

—   17  Septembre  1388.   — 


Anno  Domini  M9  CCC^  octuagesimo  octavo  die  jovis 
post  octabas  Nativitatis  Béate  Marie  Virginis,  presentibus 
venerabilibus  et  discretis  viris  Magistris  Henri co  cantore 
Oliverio  Hospitis,  R.  Lestuhan,  Thoma  Episcopi,  Johanne 
Fravalli,  Jo.  de  Tegula  D.  de  Insula  et  Johanne  Corric 
canonicis  capitulantibus  pro  hujusmodi  inferrenti  nego- 
cio,  voluerunt  prenominati  canonici  capitulantes  statue- 
runt  que  et  ordinaverunt  quod  procurator  fabrice  et  Capi- 
tuli  Corisopitensis  ecclesie  habeat  de  cetero  sex  libras 
monete  currentis  pro  pansione  sua,  videlicet  vigenti  soli- 
dos  ultra  centum  solides  quos  antea  habuerat  pro  pre- 
dicta  sua  pansione,  ita  tamen  quod  idem  procurator 

(1)  Carl.  31,  ^  61. 


—  208  — 

debeat  levare  atque  levet  denarios  censuales  Sancti  Spiri- 
tus  Synodi  Sancte  Pentecostes  et  alla  proveniencia  de 
juribus  Capituli.  j^  Corric.  hoc  est  pro  pass. 

Item  voluerunt  statuerunt  et  ordinaverunt  quod  quili- 
bet  advocatus  Capituli  et  fabrice  habeat  solum  pro  Capi- 
tulo  et  fabrica  quadraginta  solidos  videlicet  ;  viginti  de 
Capitulo  et  viginti  de  fabrica. 


400. 

ETIENNE  THOMAS  CHANOINE,  PREND  POSSESSION  ('» 

—  16  IMara  1389  (n.  •.)•  — 


Anno  Mo  CCC^  octuagesimo  octavo  die  décima  quinta 
mensis  Marcii  hora  prime  illius  diei,  indictione  duode- 
cima,  Pontitîcatus  domini  démentis  pape  VIP  anno  unde- 
cimo,  presentibus  Magistris  Johanne  Fravali,  Oliverio 
Hospitis,  Henrico  Thome,  R.  Lestuhan,  Johanne  Corric, 
Dominus  Natalis  Stellan  inducit  Magistrum  Stephanum 
Thome  in  possession^m  canonicatus  et  prébende  quos 
defunctus  Magister  Gaufiridus  Fabri  obtinere  solebat  in 
ecclesia  Corisopitensi,  stallum  in  choro  et  locum  in  Capi- 
tulo eidem  Stephano  assignando,  qui  juravit  statuta  et 
consuetudines  laudabiles  dicte  ecclesie  observare. 

RUNBRAN. 

401. 

EMPRUNT  DE  LIVRES 

-  7  Août  1389.  - 


Anno  octuagesimo  nono  die  sabbati  post  festum  Sancti 
Pétri  ad  vincula,  Ego  Johannes  Corric  portavi  mecum  psal- 
terium  quod  fuit  cum  domino  J.  Currerii.      J.  Corric. 

(1)  Cart.  31,  f  46. 


—  209  — 

402 

OUOD  NULLUS  NISI  CANONICUS  PULSET 
STALLUM  CONTRA  CANONICUH  ('> 

Aucun  8'il  n'ect  ohanoine  ne  poussera  son  siège  pour  faire  bruit 
à  l'arrivée  d'un  chanoine  venant  tard,  à  heure  Indeue. 

-  13  Août  1388.  - 


Anno  Domini  M^'  CCCo  octuagesimo  nono  die  veneris 
ante  festum  Âssumptionis  B.  M.  V.  fuît  statutum  in  Capi- 
tulo  isto  quod  nullus  ministrorum  ecclesie  Corisopitensis, 
nisi  fuerit  canonicus  vel  superior,  pulset  stalla  chori 
quando  unus  canonicus  intrabit  chorum  predictum,  qua- 
licumque  hora  débita  vel  indebita,  consueta  vel  non,  in- 
trare  voluerit  chorum  supradictum  et  hoc  sub  pena  quin- 
que  solidorum  a  quolibet  ministre  contrarium  faciente, 
solveudorum  desuper  emolumentis  chori  et  reponendo- 
rum  in  troncho  dicte  ecclesie  per  manum  procuratoris  ; 
presentibus  Magistro  Herveo  cantore  et  canonico,  Guil- 
lermo  Marhec,  Oliverio  Hospitis,  Thoma  Episcopi,  Jo- 
hanne  Fravali  et  aliis.  Ego  Oliverius  Hospitis  presens  fui 
in  isto  statuto  ordinando  :  item  ego  Johannes  Corric  pre- 
sens interfui;  presentibus  Magistro  Guillermo  Marhec, 
Oliverio  Thoma,  Johanne  Fravali,  Johanne  de  Tegula  cano- 
nicis  cum  cantore.  Johanne  Corric.  Ego  Johannes  Thoma 
presens  fui. 

403. 

RÉCEPTION  D'O.  DERIEN  A  LA  PRÉBENDE  DE  S'-HATHIEU  (') 

-   20  Février  1380  (n.  s.).   - 


Anno  octuagesimo  nono  secundum  usum  ecclesie  Gal- 
licane die  vigesima  Februarii,  hora  tercie,  indictlone  dé- 
cima tercia,  Pontificatus  C.  pape  anno  duodecimo,  pre- 

(l)  Cart.  56,  ^  57. 
(3)  Cart.  31,  ^  S4, 


—  210  — 

sentibus  Magistro  G.  Marhec,  H.  Thome,  J.  de  Tegula, 
0.  Hospitis,  J.  Fravali,  R.  Lestuhan,  Conc  canonicis; 
D.  Felestrec,  P.  Longî  presbyteris,  fuit  Magister  0.  Deriani 
Archidiaconus  Corisopitensis  inductus  in  poseessionem 
prébende  de  Sancto  Matheo  et  juravit  statuta  observare. 

YVO   TURCH. 


404. 

BERNARD  DU  PERRON  REQU  CHANOINE  ('> 

—  1B  Septembre  1390.  — 


Anno  Domini  M^  CCC^  nonagesimo,  die  décima  quinta 
mensis  Septembris,  circa  horam  prime  illius  diei  indic- 
tione  décima  tercia,  Pontificatus  SS™»  in  Christo  Patris 
ac  Domini  Domini  Clementis  divina  proyidencia  pape 
septimi,  anno  duodecimo,  venerabilis  vir  Magister  Daniel 
de  Insula  canonicus  Corisopitensis,  venerabilem  virum 
dominum  Bernardum  du  Peron  presbyterum  in  personam 
venerabilis  viri  Magistri  Guillermi  le  Marhec  canonici 
Corisopitensis  procuratoris  dicti  domini  Bernardi  littera- 
torie  destinati  in  possessionem  et  soesinam  canonicatus 
et  prébende  quos  defiunctus  Magister  Gaufridus  Fabri  in 
ecclesia  Crisopitensi  solebatobtinere,locum  inCapituloet 
stallum  in  choro,  virtute  litterarum  apostolicarum  et 
gracie  Apostolice  de  dictis  canonicatu  et  prebenda  eidem 
Bernardo  facte,  quiquidem  Magister  Guillermus  nomine 
procuratorio  predicto,  juravit  constitutiones  et  statuta 
ecclesie  Corisopitensis  observare,  presentibus  venerabi- 
libus  viris  M.  Johanne  de  Tegula,  Tboma  Episcopi,  Henrico 
Thome,  Johanne  Fravali,  Johanne  Corric  et  Oliverio  Hos- 
pitis canonicis  dicte  ecclesie,  Natali  Stellan,  Nicholao 
Chonani,  Johanne  Penguen  presbyteris,  Bernardo  de 
Casiec  presbyteris  respective  in  premissis.       Runbzan. 

(1)  Cart.  31,  f«  30. 


—  211  — 

405. 

PRISE  DE  POSSESSION  DE  6.  DE  KAER  CHANOINE  0) 

—   8  Févrlop  1381  (n.  s.}.   ~ 


Anno  Domini  M<>  GCCo  nonagesimo,  secundum  usum 
ecclesie  Gallicane,  die  octava  Februarii,  hora  complète- 
rum  indictione  décima  quarta,  Pontifîcatus  Domini  C. 
pape  septimi  anno  decimo  tercio,  presentibus  Magistris 
G.  Gall,  R.  Lestuhan,  J.  Corric,  canonicis  Corisopitensi- 
bus  et  aliis  fuit  dominus  G.  de  Kaer  canonicus  Corisopi- 
tensis  inductus  per  Magistrum  G.  le  Marhec  canonicum 
Corisopitensem  in  possessione  canonicatus  et  prébende 
quos  Magister  Henricus  Quorigou  obtinere  solebat  in 
dicta  ecclesia,  in  presencia  Alani  de  Kaer,  ipsius  domini 
Guillermi  procuratoris  et  domini  procuratoris,  nomine 
quo  supra,  et  iuravit  idem  procurator  iura,  statuta  et 
consuetudines  ipsius  ecclesie  Corisopitensis  observare. 

Acta  luerunt  hec  in  ecclesia  Gorisopitensi. 

YVO  TURCH. 


406. 

HERVÉ  SUL6UEN  PRÊTE  SERMENT  (') 

-   7  Juillet  1381.   - 


Anno  Domini  M^  CCC^  nonagesimo  primo  die  septima 
Julii  circa  horam  prime,  indictione  décima  quarta  Ponti- 
ficatus  Domini  C.  pape  septimi  anno  decimo  tercio,  pre- 
sentibus Magistris  H.  Thome,  0.  Hospitis,  R.  Lestuhan, 
J.  Fravali,  G.  Trevedic,  J.  Mispiric,  H.  de  Ponte  Abbatis 
et  aliis,  Magister  Herveus  Sulguen  canonicus  Corisopi- 
tensis iuravit  statuta  ecclesie  Corisopitensis  observare. 

YvO  TURCH. 

(1)  Cart.  31,  f^  62. 

(2)  Cart.  31,  f-  24. 


—  212  — 
407 

ETIENNE  ROUSSEL  CONDAMNÉ  A  L'AMENDE  (*> 

-  11  Août  1391.  - 


Anno  Domini  Mo  CCC^  nonagesimo  primo  die  undecima 
mensis  Augusti,  hora  terciarum  vel  circa,  Pontificatus 
C.  pape  septimi  anno  decimo  tercio,  venerabiles  vin  Ma- 
gistri  Henricus  Thome  cantor,  Oliverius  Hospitis,  J.  de 
Tegula,  Herveus  Sulguen,  Johannes  Fravali,  Johannes 
Corne  canonici  ecclesie  Corisopitensis  capitulariter  dixe- 
runt  quod  dominus  Stephanus  Rouselli  presbytercuratus 
de  Colle  Eudonis  in  ecclesia  Corisopitensi  predicta,  quam- 
plures  injurias  dixerat  et  dixit  dictis  Johanni  Fravali  et 
Corric,  declaraverunt  ipsum  Stephanum  fore  a  distribu- 
cione  et  habitu  chorij  bine  ad  festum  beati  Michaelis  in 
monte  Gargano  privandum  et  ipsum  de  facto  privaverunt, 
acto  tamen  quod  intérim,  vocatis  omnibus  canonicis  dis- 
tribuciones  habentibus  et  capientibus,  poterit  idem  Ste- 
phanus reconciliari. 

Acta  f  uerunt  bec  in  Capitulo  predicto. 

A.  SCAHUNEG. 


408. 

RÉCEPTION  DE  SIMON  EN  QUALITÉ  DE  CHANOINE  H) 

—  2  Novembre  1891.  — 


Anno  Domini  M^  CCCo  nonagesimo  primo,  die  secunda 
Novembris,  Pontificatus  Clementis  pape  septimi  anno 
decimo  quinto,  venerabilis  vir  et  discretus  Magister  Jo- 
hannes Fravali  canonicus  Corisopitensis  sub  exeque.... 
(délegatus)  Apostolicus  in  bac  parte,  venerabilem  et  dis- 
cretum  virum  Magistrum  Guillermum  le  Marhec  canoni- 

(1)  Gart.  81,  f*  63. 

(1)  Cart.  ai,  f*  29.  Cet  acte  est  très  peu  lisible. 


—  213  — 

cum  Corisopitensem  et  procuratorém  venerabilis  viri 
Magistri  Symonis  (1)  in  possessionem  canonicatus  et  pré- 
bende... quos  obtinere  solebat...  Archidiaconatus  médiat... 


409. 

JEAN  LE  HAOUT  PRÊTE  SERMENT  <') 

—  2  Mars  1882  (n.  8.).  — 


Anno  Dooiini  Mo  GCCo  nonagesimo  primo»  die  secunda 
mensis  Marcii  in  exitu  matutinarum,  presentibus  Cantore, 
D.  de  Insula,  Daniele  Felestrenc,  Judicello  Felestreuc, 
J.  Cornic,  Magister  Guillermus  Marhec  procurator,  no- 
mine  Magistri  Johannis  Muntone  jura  vit  statuta  ecclesie 

Corisopitensis  observare. 

Këntreg. 

410. 

OFFICE  DU  DIACRE  f» 

~    2  Juillet  1388.    - 


Anno  Domini  M»  CGC»  nonagesimo  tercio,  die  secunda 
mensis  JuIii,bora  tercie,  indictione  prima,  Pontifîcatus  Do- 
mini démentis  pape  septimi  anno  decimo  quinto,  presen- 
tibus dominis  Daniele  Felestrec,  Stephano  Rousselli  pres- 
byteris,  dominus  Glemarhec  diaconus  ecclesie  Corisopi- 
tensis recognovit  se  tantum  racione  diaconatus  sui  esse  et 
debere  stare  in  dicta  ecclesia  tribus  horis  in  die  et  dicere 
Evangelium  solepmniter  in  omnibus  missis  solepmnibus 
que  celebrantur  in  cboro  ipsius  ecclesie  et  quod  ulterius 
non  potest  recedere  a  dicta  ecclesia  horis  predictis,  non 
petita  et  obténta  licencia  a  Capitulo  Corisopitensi,  et  hiis 

(1)  ProbablemeDt  Simoo  Gaugaer  (voir  n*  421). 

(2)  Cart.  31,  ^  27. 

(3)  Cart.  31,  ^  55. 


-  214  — 

actis,  dictum  Capitulum  capitulando  et  Capitulum  faciendo 
ad  supplicationem  dicti  diaconi  asserentis,  flde  média,  se 
fore  acturum  in  curia  Romana  racione  beneficiorum  suo- 
rum,  dederunt  eidem  diacono  licenciam  usque  ad  bien- 
nium  de  non  residendo  in  dicta  ecclesia,  dum  tamen  per 
ydoneum  capellanum  deserviatur  intérim  in  dicto  offîcio, 
injungentes  eciam  eidem  diacono  quod  si  intérim  possit 
bono  modo  redire  ad  dictam  ecclesiam,  quod  redeat.. 

YVO  TURCH. 


411. 

SERMENT  DE  GUY  DE  LA  TUILE  (') 

—   28  Février  1394  (n.  s.).    - 


Anno  Domini  M<>  CCCo  nonagesimo  tercio,  die  ultima 

mensis  Februarii,  hora  vesperarum,  presentibus  venera- 

bilibus  et  discretis  viris  Magistris  Guillermo  le  Marhec, 

Johanne  de  Tegula,  Daniele  de  Insula,  Johanne  Cornic, 

Rioco  Lestuhan,  Oliverio  Hospitis,  Johanne  de  Treanna, 

R.  de  Penquelennec  canonicis  ecclesie  Corisopitensis, 

Johanne  Lespervez  seniore,  Guillermo  Kercarf  et  aliis, 

Magister  Guido  deTegula  jura  vit  observare  statuta  ecclesie 

Corisopitensis. 

Acta  in  Capitulo  Corisopitensi  ut  supra. 

J.  Bloez. 

Et  fuit  receptus  in  canonicum  et  fratrem.  Acta  ut  supra 
indictione  secunda,  Pontificatus  Domini  nostri  Clementis 
divina  providencia  pape  septimi  anno  decimo  sexto. 

J.  Bloez. 

(1)  Cart.  31,  f-»  27. 


-  215  - 

412. 
JEAN  LE  MAOUT  PRÊTE  SERMENT  PERSONNELLEMENT  0) 

"   7  Avril  1394  (n.  8.).    - 


Anno  Domini  M^  CCC^  nonagesimo  tercio  die  octava 
meiisisAprillisiiihoraterciaruiii,indictionesecuada,ponti- 
ficatus  démentis  pape  septimi  anno  decimo  sexto,  presen- 
tibus  venerabilibus  et  discretis  viris  Magistris  Guillermo 
le  Marhec,  Daniele  de  Insula,  0.  Hospitis,  Joh.  Corric, 
Joh.  de  Treanna  canonicis  Corisopitensibus,  in  Capitulo 
Corisopitensi,  ipsis  canonicis  pro  negocio  infrascripto 
capitulantibus,  YvoneRoux,  RichardoComitis,  Guillermo 
Belost  et  aliis,  venerabills  et  discretus  vir  Magister  Jo- 
hannes  Muntone  canonicus  Corisopitensis  confirmando 
juramentum  alias  per  venerabilem  virum  et  discretum 
Magistrum  Guillermum  le  Marhec  canonicum  et  procu- 
ratorem  ejusdem  Magistri  Johannis  in  dicto  Capitulo 
alias  prestitum,  juravit  statuta,  etc.  Hujusmodi  juramen- 
tum consuetum  prestitit  et  cetera  fecit  cum  protestacione 
consueta. 

J.  Corric  presens  fui...  J.  Bloez. 


413. 

COLLACIO  UNIUS  CAPELLE  FACTE  PER  CAPITULUM  '' 

Pierre  Rossignol  nommé  chapelain. 
-  2B  Avril  1384.  - 


Anno  Domini  M^^  CCC^  nonagesimo  quarto  die  vigesima 
quinta  Aprilis,  hora  tercie,  indictione  secunda,  Pontifi- 
catus  C.  pape  septimi  anno  decimo  tercio,  presentibus 
Magistro  Petro  Militis  Rectore  de  Ploelan,  Alano  de  la 

(1)  Cart.  31,  f^  32. 

(2)  Cari.  31,  f-  28. 


—  216  — 

Bourdonnaye  scutifero  et  aliis,  ad  presentacionem  et  no- 
minacionem  Reverendissimi  Patris  Domini  I.  Episcopi 
Corisopitensis,  venerabiles  viri  Capitulum  ecclesie  Cori- 
sopitensis  capitulantes  contulerunt  Domino  Petro  Rous- 
singnol  presbytero,  cappellaniam  capelle  nove  in  dicta 
ecclesia  vacantem  per  mortem  nuper  defiuncti  Johannis 
Sici  presbyteri  et  iuravit  dictus  dominus  Petrus  statuta 
ecclesie  observare  et  reverenciam  Capitulo  et  aliis  minis- 
tris  dicte  ecclesie  exhibere  et  in  dicta  capella  desservire 
iuxta  posse. 
Acta  fuerunt  hec  in  Capitulo  predicte  ecclesie. 

A.  SCAHUNEG. 


414. 

LES  BÉNÉFICES  SERONT  PRÉSENTÉS  DANS  LA  HUITAINE 

DE  LA  VACANCE 

"  Mal  1394. - 


Anno  Domini  millesimo  CCC^  nonagesimo  quarta  die 
dominica  in  crastino  translacionis  Beati  Corentini  in 
Maio,fuit  statutum  in  Capitulo  generali  quod  quandocum- 
quecontigerit  bénéficia  aliquavacare  quorum  presenlacio 
spectat  ad  Capitulum,  possint,  infra  octo  dies  a  die  sépul- 
ture illius  per  cujus  mortem  dicta  bénéficia  vacaverunt, 
canonici  présentes,  vocatis  tamen  qui  fuerint  in  diocesi 
Corisopitensi,  providere  de  dictis  beneficiis  et  ad  ea  pre- 
sentare  et  ea  conferre  non  obstante  statuto  contrario  si 
quod  sit,  ad  ea  presentare. 

(Â  suivre.) 


-  217  — 


CORRESPONDANCE 


DK 


1.  TRËHOT  de  CLRBHOIIT,  luire  de  Pont-Grolx  (1791). 


Ce  recueil  est  extrait  de  lettres  adressées  par  M.  de 
Clermoût,  maire  de  Pont-Croix,  à  son  fils,  député  à  l'As- 
semblée Nationale.  On  se  propose,  en  l'éditant,  de  mettre 
en  relief  la  physionomie  d'un  homme  qui,  par  sa  situation 
môme  et  par  ses  relations,  suivit  très  attentivement  les 
affaires  politiques  et  religieuses  de  son  temps  et  de  son 
pays. 

Intendant  général  de  la  marquise  de  Forcalquier  pour 
ses  biens  de  Bretagne  et  de  Normandie,  M.  de  Clermont 
père  se  trouvait  à  Paris,  pour  régler  ses  comptes,  au  dé- 
but de  l'année  1789,  à  la  convocation  des  Etats  généraux. 

Au  15  Mars,  il  n'y  avait  encore  rien  de  décidé  pour  la 
Bretagne.  La  Noblesse  et  le  Haut-Clergé  demandaient 
qu'on  eût  réuni  les  Etats  selon  l'ancienne  mode,  pour  que 
chaque  Ordre  nommât  séparément  ses  députés,  et  le  Mi- 
nistre était  prêt  à  y  acquiescer;  mais  ces  Messieurs  du 
Tiers  en  ayant  été  informés  se  rendirent  à  Versailles  ;  ils 
présentèrent  un  mémoire  au  Ministre,  qui  suspendit  sa 
résolution  et,  dans  une  audience  du  Roi,  M.  de  Kervélé- 
gan  fit  valoir  ses  raisons  avec  tant  de  force  qu'il  obtînt 
gain  de  cause  ;  alors  parut  l'ordonnance  du  premier  ma- 
gistrat de  Cornouailles  qiii  convoquait,  pour  le  7  Avril,  le 

BOLLBTIN  DK  LA  COMIIISSION   DIOCÉSAINE.  —  7*  aDDÔe.  15 


—  218 


Tiers-Etat  de  la  Ville  de  Quiraper  à  l'effet  de  préparer  les 
élections  aux  Etats  généraux. 

Tout  le  monde,  à  Paris,  a  dans  cette  célèbre  Assemblée 
une  confiance  que  M.  de  Clermont  juge  un  peu  excessive. 
((  Je  ne  crois  pas,  dit-il,  que  les  Etats  généraux  produi- 
sent un  autre  effet  que  celui  de  consolider  la  dette  de 
l'Etat,  de  prendre  les  moyens  de  l'acquitter  par  des  créa- 
tions de  rentes  dont  la  Nation  sera  garante,  qu'ensuite  le 
Roi  recevra  les  cahiers  des  Ordres  dont  il  remettra  l'exa- 
men à  la  sagesse  de  son  conseil  et  chacun  aura  la  permis- 
sion de  retourner  chez  lui  ou  de  rester  à  Paris,  si  cela 
l'amuse....  »  Il  ne  pouvait  prévoir  le  serment  du  Jeu  de 
Paume  et  la  constitution  de  l'Assemblée  nationale. 

Par  ordre  de  M™»  de  Forcalquier,  son  intendant  devait 
avoir  une  conférence  avec  M.  Necker.  Enchanté  «  d'appro- 
cher de  si  près  un  homme  si  rare  )),  M.  de  Clermont  se 
proposait  de  lui  présenter,  pour  son  propre  compte,  des 
observations  démontrant  que  les  tailles,  taillons,  capita- 
tions,  pourront  être  supprimés,  quand  la  perception  du 
dixième  sera  bien  établie  ;  il  resterait  même,  selon  ses 
calculs,  de  quoi  supprimer  la  gabelle.  Mais  M.  Necker  est 
inabordable  ;  il  ne  donne  plus  d'audience  et  ne  voit  per- 
sonne que  par  rendez-vous.  En  attendant  son  tour,  l'inten- 
dant de  M°»6  la  marquise  dut  traiter  son  affaire  avec  un 
maître  de  requêtes  qui,  «  s'il  vous  plaît,  ne  reçoit  que  par 
rendez-vous  ».  Mais  c'est  le  client  qui  le  lui  donne.  Ne 
l'ayant  pas  trouvé  une  première  fois,  M.  de  Clermont  lui 
fit  dire  qu'il  aurait  l'honneur  de  le  voir  le  lendemain, 
entre  9  et  10  heures.  «  Ce  n'est  pourtant  pas  de  la  bagatelle 
qu'un  maître  des  requêtes,  mais  son  ministère  est  bien 
éloigné  de  celui  d'un  contrôleur  général.  »  Ce  qui  le 
frappe  dans  ce  monde  administratif,  c'est  le  savoir-vivre 
et  l'amabilité.  «  On  vous  m©l  à  votre  aise  tout  de  suite» 
c'est  un  fauteuil  qu'on  vous  présente,  c'est  d'un  ton  de 


—  219  — 

connaissance  et  de  confiance  qu'on  entre  en  matière  sur 
l'objet  qui  vous  amène,  tout  cela  sans  affectation  et  comme 
s'il  ne  pouvait  se  faire  autrement.  »  Cette  administration 
rendue  prévenante  n'est-elle  pas  la  justification  du  mot  de 
Talleyrand  :  «  Qui  n'a  pas  vécu  avant  1789  ne  connaît  pas 
la  douceur  de  vivre  »  ? 

Député  agrégé  de  Quimper  aux  Etats  de  Bretagne  pour 
la  session  de  Février  1789,  M.  Tréhot  de  Clermont,  fils, 
sénéchal  de  Pont-Croix,  fut  élu  second  député  suppléant 
des  sénéchaussées  réunies  de  Quimper  et  de  Concarneau 
aux  Etats  généraux.  L'un  des  titulaires,  Le  Guillou  de 
Kerincufl,  ayant  donné  sa  démission,  et  le  premier  sup- 
pléant, Souche  de  la  Brémandière,  ayant  décliné  l'honneur 
de  siéger,  Tréhot  de  Clermont  prit  séance  à  l'Assemblée 
nationale,  le  6  Novembre  1789. 

Il  y  avait  à  peine  un  mois  que  son  père  était  rentré  à 
Pont-Croix,  après  un  séjour  de  quelques  semaines  en 
Normandie. 

Alors  s'établit  entre  eux  une  correspondance  très  active 
dont  il  ne  reste  qu'une  partie,  encore  bien  incomplète 
puisqu'elle  ne  comprend  que  les  mois  de  Mars,  Avril, 
Juillet,  Août  et  Septembre  1791. 

Il  n'y  a  guère  de  courrier  qui  ne  contienne,  à  l'adresse 
de  «  M.  de  Clermont,  au  Luxembourg,  à  Paris  »,  un  carré 
de  papier  bleuté,  parcheminé,  couvert  d'une  écriture  ré- 
gulière et  paraphé  d'une  main  ferme  où  se  révèlent  les 
habitudes  d'ordre,  de  décision  qui  distinguaient  M.  l'in- 
tendant de  la  marquise  de  Forcalquier. 

Elu  maire  de  la  ville  de  Pont-Croix  pendant  que  son 
fils  ((  participait  à  la  gloire  de  donner  une  constitution  à 
la  France  »,  M.  de  Clermont  s'eflorça  de  procurer  à  ses 
concitoyens  une  bonne  administration,  à  laquelle  Cambry 
rend  hommage  lorsqu'il  dit,  en  parlant  du  District  de 
Pont-Croix  :  a  C'est  un  pays  calme,  tranquille  ;  de  sages 


—  220  — 

administrateurs  y  maiDtinrent  la  paix,  dans  le  moment 
où  le  reste  de  la  France  était  en  proie  à  tant  de  fureurs  ». 
Cependant,  là  comme  ailleurs,  la  Constitution  civile  du 
Clergé  fit  son  œuvre  de  division  funeste  et  d'irréductible 
opposition.  Cette  division,  M.  de  Clermont  la  vit  s'établir 
jusque  dans  sa  famille.  «  Vous  trouvez,  ma  chère  maman, 
écrit  à  M™e  de  Clermont,  son  gendre,  M.  Le  Roy-Desplan- 
tes,  que  nos  prêtres  ont  tort  de  se  refuser  à  prêter  le  ser- 
ment, je  ne  suis  pas  en  cela  du  même  avis  ;  jai  vu  bien 
des  écrits  pour  et  contre  et  j'ai  trouvé  le  raisonnement  des 
derniers  bien  plus  solide  que  celui  des  premiers...  » 

Aussi  bien,  les  pages  qui  vont  suivre  sont- elles  une 
modeste  contribution  à  l'Histoire  de  la  Constitution  civile 
au  pays  du  Cap.  J.-M.  P. 

«  4  Mars. 

((  La  description  que  tu  nous  donnes  du  sacre  de 
M.  Ëxpilly  nous  a  fait  un  sensible  I  Voilà  une  ailaire  en- 
tièrement consommée  et  que  je  craignais  beaucoup  qu'elle 
ne  pût  l'être  par  les  manœuvres  des  méchants.  On  a  fait 
bien  prudemment  de  devancer  le  terme  fixé  pour  cette 
cérémonie  (1).  Je  ne  doute  point  que  les  deux  évêques 
in  partibus  qui  assistaient  l'évêque  d'Autun  n'eussent  été 
intimidés  par  les  menaces  et  n'eussent  reculé  comme 
parait  l'avoir  fait  l'évêque  d'Orléans,  car  c'était  lui  qui 
devait  faire  cette  cérémonie.  Voilà  un  grand  pas  de  fait. 
Le  sacre  des  nouveaux  évoques  ira  son  train  désormais  : 
quand  ceux-ci  en  auront  consacré  quelques-uns  encore, 


(1)  Le  24  Février  1791,  dans  Tôglise  des  prôlres  de  TOratoire,  rue 
SaiDt-HoDoré,  TalleyraDd,  assisté  de  Gobei  et  de  Dubourg-Miraudot,  pré- 
sida au  sacre  de  l'abbé  Expiily  et  de  Tabbé  Marolles,  évéques  coostitu- 
tîoonels  du  Finistère  et  de  l'Aisne.  Oo  rapporte  que  l'évêque  d'Autuu  fut 
saisi  d'une  peur  étrange,  bien  qu'il  n'y  eut  pas  d'incident.  (Cf.  Talley- 
rand,  évêque  d'AïUun,  par  Bernard  de  Lacombe.) 


—  221  — 

les  autres  seront  consacrés  sans  difRculté.  Voilà  le  haut 
clergé  bien  attrapé,  car  il  comptait  beaucoup  sur  la  diffi- 
culté de  le  remplacer.  La  résistance  de  nos  pasteurs  de 
second  ordre  à  faire  le  serment  n'a  pas  d'autre  appui, 
mais  ils  verront  désormais  que,  s'il  est  aussi  facile  de 
destituer  les  évéques  et  de  les  remplacer,  il  y  aura  encore 
moins  de  difficultés  pour  eux. 

«  Nouvelle  agréable  pour  nouvelle  agréable,  qui  peut 
pourtant  n'en  être  pas  une  pour  toi,  c'est  l'élection  de 
l'abbé  Coz  du  collège  à  l'évôché  de  Rennes  (1).  Les  prê- 
tres, les  dévots  et  dévotes  fulminent  contre  cette  élection. 
La  Noblesse  n'en  fait  pas  moins.  Son  dernier  ou  plutôt 
ses  ouvrages  sur  l'organisation  civile  du  clergé,  lui  ont 
attiré  une  multitude  d'ennemis  et,  sans  cet  heureux  évé- 
nement, il  eut  été  persécuté  horriblement  ici  toute  sa  vie. 
Le  voilà  métropolitain  et  toutes  les  oreilles  tombent,  les 
nez  s'allongent,  c'est  la  chose  la  plus  drôle  du  monde. 
Quoi  !  disent  les  nobles,  le  fils  d'un  menuisier  devenir 
archevêque  !  cela  est  affreux,  le  monde  est  bouleversé,  on 
ne  s'y  reconnaît  plus.  Voilà  pourtant  le  résultat  des  opé- 
rations de  ces  douze  cents  mandrins  que  nous  avons 
envoyés  à  Paris  !  Mais  ce  qu'il  y  a  de  plaisant,  c'est  l'abbé 
P. . .  qui  tient  ces  mêmes  propos.  Voilà-t-il  pas  un  beau 
homme  pour  parler  ainsi  !  » 

<  11  Mars. 

«  J'espère  beaucoup  de  M.  Expilly.  Son  arrivée  ici  pourra 
ramener  notre  clergé  de  ses  erreurs.  Il  n'y  a  pourtant  point 
de  soulèvement  à  craindre,  mais  cette  résistance  à  la  loi 
agite  tous  les  esprits.. 

(1)  Né  le  22  Décembre  1740  aa  village  de  Roudou-Glaz,  en  Plonévez- 
Porzay,  Claude  Le  Coz  était  principal  du  Collège  de  Quimper  lorsque  les 
électeurs  d'Ille- et- Vilaine  le  nommèrent  à  l'évéché  métropolitain  du  Nord- 
Ouest. 


((  Comme  on  ne  sait  pas  le  jour  de  Tarrivée  du  nouveau 
prélat,  nous  ne  pourrons  point  envoyer  de  détachement 
de  notre  garde  nationale  au  devant  de  lui,  et  je  n'en  suis 
point  fâché,  car  elle  ne  serait  composée  que  de  gens 
capables  de  nous  déshonorer  par  leur  inconduite  et  leur 
insubordination.  Ce  qu'on  pourrait  faire,  si  on  était  certain 
du  jour,  ce  serait  d'envoyer  quelques  clercs  qui  ont  des 
habits  nationaux.  Mais  aux  frais  de  qui  ?  La  plupart  de  ce 
monde-là  n'est  pas  fort  pécunieux.  Notre  caisse  munici- 
pale est  bien  sèche,  je  crois,  et  cela  est  même  qu'elle 
contient  31  sols.  Nos  autres  gardes  nationaux  pourront 
être  détachés  pour  aller  au  devant  de  M.  Expilly,  pas  tout 
à  fait  jusqu'à  Comfort,  car  il  y  a  là  un  cabaret.  Je  pense 
bien  que  M.  Expilly  viendra  à  Pont-Croix. 

((  J'ai  reçu  réponse  de  M.  Le  Coz  à  la  lettre  de  félicita- 
tions que  je  lui  ai  écrite  sur  son  élection  ;  elle  l'arrache, 
dit-il  à  son  bonheur  et  l'expose  à  bien  du  chagrin.  Le 
pauvre  petit  I  ne  le  plains-tu  pas  ? 

«  Nos  religieuses  ont  reçu  ta  lettre  et  paquet;  elles  sont 
d'un  enchantement  et  d'une  sensibilité  étonnante  de  cette 
marque  de  souvenir  que  tu  leur  as  donnée.  Je  t'assure  que 
la  Supérieure  et  sœur  S^  Thérèse  ne  sont  brin  aristo- 
crates ni  même  bigottes  ;  il  faut  les  entendre  parler  du 
clergé  rebelle I  Leur  aumônier  n'est  pas  non  plus  trop 
bien  sur  leurs  cahiers.  J'ai  eu  occasion  d'aller  lace  matin, 
et  je  suis  très  satisfait  de  leurs  sentiments  »  (1). 

«  14  Mars. 

((  L'Evêque  de  Quimper  arriva  samedi  au  soir  pour  sou- 
per, on  avait  préparé  une  table  de  soixante  couverts.  Hier, 
dimanche,  il  officiait  assisté  de  plus  de  quarante  prêtres; 

(l)  Cf.  Les  Ursuiioes  de  Pool-Croix,  Revue  de  Bretagne,  1906. 


Z'l.i 


il  chanta  la  grand'messe,  fit  un  prône  très  attendrissant  et 
prêta  le  serment.  Tout  le  monde  fut  enchanté  :  Il  n'y  a 
point  d'homme  comme  cela  I  Enfin,  c'est  un  engouement 
qu'il  peut  mériter,  mais  qui  se  manifeste  trop  fort  et  qui 
pourrait  ne  pas  durer;  les  ennemis  de  la  Révolution  vont 
sans  doute  travailler  à  le  modérer  beaucoup,  s'ils  ne  par- 
viennent à  l'anéantir. 

«  Nous  allons  en  députation,  un  de  ces  jours,  vers  lui, 
savoir  :  la  Municipalité,  composée  de  moi,  M.  Le  Goff,  du 
procureur  de  la  commune  et  du  secrétaire  (1);  pour 
juges  :  M.  de  l'Ecluse,  président;  le  commissaire  du  Roi 
et  le  greffier;  du  district,  je  ne  sais  pas  encore. 

((  Je  t'envoie  ci-joint  le  discours  que  je  lui  ai  préparé  ; 
il  me  paraît  un  peu  long,  cependant  c'est  l'affaire  de  cinq 
minutes  à  le  débiter. 

(c  P.  S.  —  C'est  demain,  mardi,  que  nous  partons.  C'est 
Guéguen,  Béléguic  et  Cuiller  qui  vont  pour  le  district.  » 


a  Qnimper,  le  16  on  17,  je  ne  sais  trop  leqael  (sic). 

((  Je  t'écris  de  Quimper  où  je  suis  depuis  hier.  Nous 
avons  fait  notre  visite  à  un  bien  galant  homme  qui  est 
bien  honnête,  c'est  l'Evêque  de  Quimper.  Notre  députa- 
tion était  nombreuse,  composée  de  quinze,  cela  faisait  un 
étalage  à  Quimper,  et  je  crois  que  c'est  la  seule  municipa- 
lité qui  ait  déjà  été  ;  on  en  annonce  plusieurs  pour  demain 

_ 

(1)  Dans  sa  séance  da  14  Mars,  le  Conseil  général  de  la  commune  envoie 
nne  députation  pour  assurer  M.  l'Evéque  de  ses  vœux  et  de  ses  senti- 
ments très  respectueux.  La  garde  nationale,  par  l'organe  de  Chappuis, 
fils,  ayant  demandé  à  escorter  celte  députation»  il  fut  décidé  que  deux 
officiers  et  quinze  hommes,  y  compris  sergent,  caporal  et  tambour,  par- 
tiraient, mais  à  leurs  frais,  avec  les  membres  du  corps  municipal.  (Archi- 
yes  de  la  commune  de  Pont-Croix.) 


—  224  — 

et  jours  suivants.  Nous  avons  été  reçus  avec  toute  la  dis- 
tinction et  avec  tous  les  témoignages  de  satisfaction  possi- 
bles. J'ai  débité  mon  discours  tel  que  je  l'ai  envoyé  ;  cha- 
cun des  présidents  et  gens  du  Roi  des  autres  corps  ont  fait 
le  leur,  mais  toutes  les  réponses  principales  ont  été  pour 
la  Municipalité  ;  enfin,  je  suis  content  de  ma  matinée. 
Tous  les  autres  se  sont  allés  et  viennent  de  partir  ;  je  reste 
jusqu'à  vendredi  soir  ou  au  plus  tard  jusqu'à  samedi  de 
grand  matin,  parce  que  c'est  jour  de  foire  à  Pont-Croix. 
J'aurai  une  conférence  plus  particulière  avec  l'Evêque  :  il 
mange  au  collège  et  j'irai  y  diner  demain.  » 

c  Pont-Croix,  24  Mars. 

«  M.  Coz  part  incessamment  pour  Paris  ;  je  viens  de  le 
charger  dune  petite  boîte  de  sapin  où  j'ai  mis  ma  montre 
pour  que  lu  la  donnes  à  M.  Vidal  à  réparer  ;  nous  n'avons 
pas  un  bon  horloger  ici,  je  dis  à  Quiraper. 

«  Notre  Recteur  vient  de  partir  pour  voir  son  Evoque 
qui  fut  son  élève.  Je  souhaite  que  ce  prélat  puisse  à  son 
tour  en  faire  un  bon  sujet.  Cependant  je  ne  désespère  pas 
de  sa  conversion,  il  va  descendre  au  collège  où  il  trouvera 
des  apôtres  qui  pourront  le  remettre  dans  la  bonne  voie. 

«  M.  Expilly  a  fait  savoir  au  séminaire  qu'il  serait 
enchanté  de  voir  ces  messieurs  ;  il  a  demandé  quand  ils 
pourraient  le  recevoir,  lis  auraient  dû  se  transporter 
aussitôt  chez  lui  ;  ils  ne  l'ont  pas  fait.  Après  deux  ou  trois 
jours,  il  s'y  est  rendu.  Il  leur  a  dit  :  «Je  ne  viens  point  ici 
«  pour  combattre  vos  opinions  ;  je  craindrais  d'exposer  la 
«  faiblesse  de  mes  lumières  à  la  force  des  vôtres.  Je  viens 
((  en  ami  et  en  frère  vous  prier  de  bien  réfléchir  et  de 
«  vous  déterminer  le  plus  tôt  possible  parce  que  ne  pou- 
ce vant  rester  longtemps  ici,  je  désirerais  faire  un  choix 


—  â25  — 

((  de  sujets  dignes  de  vous  remplacer  ».  Aussitôt  il  chan- 
gea de  conversation  et  on  se  quitta  bons  amis.  Il  dit  à 
l'abbé  Cossoul  :  «  Te  souviens-tu  que  je  te  plaçai  au  sémi- 
«  naire  Saint-Sulpice,  en  tel  temps  ?»  —  «  Oui,  dit  le 
«  petit  abbé.  Je  ne  l'oublierai  pas,  pas  plus  que  je  n'ou- 
((  blierai  que  vous  me  chassez  de  celui-ci.  »  —  «  Ma  foi, 
((  mon  ami,  ce  n'est  que  ton  opinion  qui  t'en  chasse. 
«  Changes-en  et  je  serai  enchanté  de  te  conserver.  »  En  le 
quittant,  ces  messieurs  lui  dirent  qu'ils  ne  changeraient 
jamais.  ((  Tant  pis  I  »  dit-il,  et  l'on  se  sépara  ». 

c  25  Mars. 

«  Le  Recteur  et  l'abbé  Quillivic  sont  allés  voir  M.  Expilly 
mardi  dernier.  Cette  visite  a  eu  l'efficacité  sur  laquelle 
je  comptais  :  ils  font  aujourd'hui  le  serment  qu'exige 
la  Nation.  Nous  allons  nous  préparer  pour  le  recevoir. 
L'exemple  du  Recteur  en  entraînera  beaucoup  d'autres. 
Voilà  nos  aristocrates  atterrés  et  nos  dévotes  toutes  décon- 
certées, car  ils  n'avaient  d'espoir  que  dans  la  résistance 
du  clergé.  » 

«  27  Mars. 

((  11  y  a  eu  aux  portes  de  Carhaix,  la  semaine  dernière, 
un  soulèvement  de  vingt  et  une  paroisses  touchant  les 
préliminaires  de  l'imposition  territoriale  qui  sont  la  divi- 
sion des  paroisses  et  sections  et  le  mesurage  des  terres 
de  chaque  section.  Il  y  a  dans  la  paroisse  de  Landeleau 
un  avocat  nommé  Plassard  qui  les  a  convoquées  pour  les 
inviter  à  ne  pas  souffrir  ces  opérations.  On  a  envoyé  deux 
membres  du  Département  soutenus  de  toutes  les  briga- 
des de  maréchaussées,  et  je  ne  sais  encore  ce  qu'ils  ont 
fait  de  bon.  Je  sais  seulement  que  ce  sont  les  deux  parois- 


ses  de  Spézet  et  de  Langonnet  qui  sont  les  plus  difficiles 
à  réduire. 

«  Vendredi  dernier,  nous  reçûmes  le  serment  de  M.  le 
Recteur  et  de  l'abbé  Quillivic  (1).  Plouhinec  résista  aux 
sollicitations  que  Duverger  lui  faisait  au  lutrin  où  ils 
étaient,  lui  promettant  de  le  suivre  immédiatement,  en 
sorte  que  je  crois  que  dimanche,  ce  dernier  le  fera. 

«  Aucun  des  prêtres  de  Beuzec  ne  le  veut  faire  non 
plus.  Je  ne  sais  pas  à  quoi  ils  pensent,  car  ils  ne  sont  pas 
fortunés.  Quand  le  Recteur  voudrait  leur  conserver  leur 
place,  l'Évéque  ne  leur  donnera  jamais  de  pouvoirs  qu'ils 
n'aient  satisfait  au  vœu  de  la  Nation. 

((  Nos  dévotes  ne  vont  plus  à  la  messe  qu'à  celles  que 
disent  Duverger  et  Plouhinec,  mais  le  premier  leur  a 
annoncé  qu'il  satisferait  au  serment  incessamment  et  que 

« 

Plouhinec  était  la  cause  qu'il  ne  l'avait  pas  fait  avec  les 
autres. 

((  Aujourd'hui,  les  électeurs  sont  assemblés  pour  rem- 
placer les  recteurs  réfractaires,  mais  ils  ne  le  seront  pas 


(1)  Le  24  Mars  1791,  M.  BilIoD  écrivit  sur  les  registres  de  la  Commune  : 
c  Je  soussigné,  recteur  de  la  paroisse  de  Beuzec-Cap-Sizuo,  résidant  à 
Poot-Croix,  déclare,  conformément  au  décret  de  l'Assemblée  Nationale 
du  27  Novembre  1790.  sanclionoô  par  le  Roi  le  26  Décembre,  que  je  prê- 
terai demain,  à  l'issue  de  la  j^raod'messe,  le  serment  requis  par  le  susdit 
décret.  »  Et  le  lendemain,  fôte  de  la  Vierge,  la  granl'messe  finie,  avant 
d'entonner  vêpres,  Louis-Laurent-Marie  Billon  monte  en  chaire  et  dit  que 
d'après  l'instruction  sur  la  Constitution  civile  —  l'Assemblée  n'entendant 
nullement  rien  changer  à  tout  ce  qui  touchait  au  spirituel  de  notre  sainte 
religion  —,  il  jurait  et  a  juré  de  veiller  avec  soin  sur  les  fidèles  de  la 
paroisse  qui  lui  est  confiée,  d'être  fidèle  à  la  Nation,  à  la  Loi  et  au  Roi, 
et  de  maintenir,  de  tout  son  pouvoir,  la  Constitution  décrétée  par  l'As- 
semblée et  acceptée  par  le  Roi. 

Marc  Quillivic,  simple  prêtre  de  Pont-Croii  et  instituteur  de  la  jeunesse 
de  cette  ville,  est  monté  en  chaire  après  le  Recteur,  a  tenu  le  même  dis- 
cours et  juré  également. 

A  la  sortie  de  l'église,  le  Conseil  général  de  la  commune  s'est  rendu  en 
corps  faire  son  compliment  à  MM.  les  prêtres  sur  la  joie  qu'il  a  de  pou- 
voir toujours  les  garder  et  les  cloches  ont  sonné,  à  grande  sonnerie,  en 
signe  de  réjouissance. 


—  227  — 

tous-;  il  n'y  aura  que  ceux  des  chefs-lieux  de  canton  qui 
le  seront,  parce  qu'on  doit  procéder  bientôt  à  la  réduction 
et  à  la  circonscription  des  autres  paroisses  et  ce  n'est  pas 
la  peine  d'induire  de  nouveaux  recteurs  en  des  dépenses 
pour  s'établir  dans  des  paroisses  qui  bientôt  seront  sup- 
primées. Cela  me  paraît  sage.  » 

«  1"  Avril. 

((  Ta  lettre  à  ta  sœur  et  ta  graine  de  tabac  lui  sont  par- 
venues. Après  partage  fait  avec  Pouppon,  elle  en  a  farci 
mes  couches,  ainsi  nous  aurons  de  quoi  transplanter  et 
j'ai  justement  une  place  convenable  pour  cela,  pourvu  que 
d'ici  là  nos  bétes  de  filles  n'aillent  pas  mêler  ces  jeunes 
plantes  dans  les  herbes  qu'on  met  au  pot. 

«  Voici  le  résultat  de  l'assemblée  électorale  :  Ton  ami 
Bourbe  est  recteur  de  Ploaré,  à  3.000 **  de  rente  (1).  On 
nomme  :  CoroUer,  prêtre  natif  de  Landudec,  recteur  de 
sa  paroisse  ;  l'abbé  Quillivic,  d'Audierne,  oncle  de  Quilli- 
vic  le  nôtre,  recteur  de  Plozévet  ;  l'abbé  Salaûn,  curé  de 
PlogofI,  recteur  de  Plouhinec  —  on  doute  qu'il  accepte  ; 
l'abbé  Riou,  d'Audierne  —  saint  homme  —  recteur  de 
Primelin  ;  Le  Roux,  curé  de  Peumerit,  recteur  de  Maha- 
lon  ;  Le  Brusq,  curé  de  Tréboul,  recteur  de  Plovan.  Poul- 
lan,  Pouldergat  et  Meilars  réservés  à  huitaine.  Le  Brusq 
n'accepte  pas  (2). 

«  Le  Séminaire  est  aussi  remplacé.  L'abbé  Le  Coz,  rec- 
teur de  Châteaulin,  en  est  le  Supérieur  (3).  Ollitrault, 


(1)  L'abbé  Clet  Bourbe,  origioaire  d'Àudierae,  était  professeur  de  phy- 
sique aa  collège  de  Quimper. 

(2)  Sébastien  Le  Brusq,  né  à  Poullao,  resta  daus  le  pays  jusqu'à  fin 
Décembre  1797.  loteroé  au  Château  de  Brest,  puis  à  Ja  citadelle  de  Saint- 
Hartio  de  Ré,  il  fut  déporté  sur  la  Vaillante,  prise  par  les  Anglais,  et 
mourut  le  30  Janvier  1815. 

(3)  Jean  Le  Coz,  né  à  Briec  en  1736,  fondateur  du  Petit-Séminaire  de 
Pont-Croix,  où  il  mourut  en  1845. 


-  228  - 

Sérandour,  du  Collège,  et  un  nommé  Le  Gac,  directeur 
des  Ursulines  de  Quimper,  sont  les  autres  membres  du 
Séminaire  (1). 

((  Voilà  tout  plein  de  remplacements  à  faire  au  Collège. 
Je  pense  que  Tabbé  Guilleaume  en  va  devenir  principal  ; 
cette  place  lui  est  due,  mais  la  lui  donnera- t*on  (2)  ? 

((  L'abbé  Duvergé  est  venu  me  présenter,  aux  termes  du 
décret,  qu'il  ferait  son  serment  dimanche  prochain  ;  il 
avait  été  nommé  à  la  paroisse  de  Landudec,  mais  il  Ta 
refusée.  » 

<  5  Avril. 

«  Le  grotesque  de  ton  image  de  la  contre-Révolution 
nous  a  beaucoup  amusés  (3). 

((  J'admire  le  civisme  de  M.  de  Loménie  :  son  renvoi  du 
chapeau  au  Pape  lui  fera  honneur  dans  tous  les  siècles.  Je 
ne  désapprouve  pas  son  refus  de  sacrer  l'archevêque  de 
Paris,  comme  le  fait  Camille,  dès  qu'il  pouvait  l'être  par 
un  autre  qui  n'avait  point  les  liaisons  d'amitié  avec  M.  de 
Juigné  que  le  cardinal  avait  ;  il  eut  été  blâmé  de  s'y  refu- 
ser s'il  n'y  avait  pas  eu  d'autre  que  lui  qui  eût  pu  le  faire. 


(1)  Cf.  Notice  historique  sur  les  Séminaires  de  Quimper  et  de  Léon, 
par  M.  le  chanoine  Peyron. 

(2)  L'abbé  Jean  GaiUaume  fut,  en  effet,  nommé  principal  le  11  Avril.  Il 
mourut,  le  24  Juillet  1796,  quelques  semaines  avant  la  fermeture  du  Col- 
lège et  sa  transformation  en  Ecole  centrale.  (Cf.  HUtoire  du  Collège  de 
Quimper,  par  M.  Fierville.) 

(3)  Entre  la  capitale  et  la  provioce  s'échangeaient  caricatures  et  chan- 
sons. Un  ami  de  M.  Clermont  lui  envoyait,  en  Juin  1789,  le  couplet  sui- 
vant : 

c  Si  les  grands  se  troublent  encor, 

Que  le  diable  les  confonde  ! 

Et  puisqu'ils  aiment  tant  l'or, 

Que  dans  la  g...  il  leur  en  fonde  I 

Voilà  les  sincères  vœux 

Que  les  poissardes  font  pour  eux  I  » 


-  229  - 

«  Non,  je  n'ai  point  eu  d'entretien  particulier  avec 
M.  Expilly  ;  il  n'est  jamais  seul  ;  mais  nous  causâmes  dans 
la  cheminée  du  Collège,  l'abbé  Guilleaume  avec  nous.  La 
conversation  roula  sur  toi  et  le  pauvre  Guilleaume  n'y 
prit  pas  moins  de  plaisir  que  moi  :  il  n'est  pas  peu  fier  de 
t'avoir  eu  pour  élève  ;  il  attend  avec  ardeur  ton  arrivée. 
M.  Expilly  nous  promit  de  venir  avant  Pâques  nous  voir 
et  Guilleaume  de  l'accompagner  ;  il  se  charge  de  nous 
envoyer  la  veille  une  quantité  de  poisson. 

((  J'avais  été  à  Quimper,  bien  persuadé  de  faire  au  moins 
mille  écus  :  j'eus  de  la  peine  à  faire  les  1. 500  ^^  que  je  vous 
ai  envoyées.  Les  gens  riches^  dont  tu  me  parles,  crient 
misère  plus  haut  que  moi  :  ils  craignent  les  suites  des 
décisions  sur  le  domaine  congéable  ;  l'ouvrage  de  M.  Cha- 
pellier  et  de  M.  de  Lanjuinais  inquiète  tout  le  monde.  Ils 
disent  qu'ils  n'ont  point  d'argent,  qu'ils  ne  sont  point 
payés  de  leurs  vassaux.  Je  le  crois  à  en  juger  par  moi- 
même.  Nous  avons  au  moins  cinquante  afTaires  commen- 
cées et  rien  ne  va  pas  plus  vite  que  dans  l'Ancien  Régime. 
M.  Veller,  dé  Carhaix,  était  à  Quimper  :  il  est  du  direc- 
toire du  Département  ;  il  me  doit  300  ^^  ;  il  ne  put  me 
payer,  me  disant  qu'il  ne  recevait  rien  de  chez  lui  parce 
que  ses  vasseaux  ne  paient  point  et  que  le  Directoire  ne 
le  paie  pas  mieux. 

«  Je  ne  puis  encore  penser  à  renouveler  mon  bail  avec 
Mad.  de  Forcalquier  que  vous  n'ayez  fini,  Messieurs  les 
Législateurs,  votre  remue-ménage.  Savez-vous  bien,  mes 
B...,  que  vous  êtes  cruels  I 

«  L'abbé  Duverger  fit  son  serment  civique  bravement  (1). 
Le  Recleur  parla   ferme  sur  les  fausses  bulles  qui  se 


(1)  Le  dimaDche  3  Avril,  le  Conseil  gÔDÔral  de  la  commune  assiste  en 
corps  à  la  grand 'messe,  à  l'issue  de  laquelle  Pierre-Jérôme  Guybard 
Duverger,  directeur  des  Ursulioes,  prèle  serment  après  un  discours  ana- 
logue à  la  côrômotiio.  (Cf.  Les  Ursulines  de  Pont-Croix.) 


—  230  — 

répandent  et  dît  au  peuple  :  «  Croyez  qu'elles  sont  fausses 
(c  dès  qu'elles  ne  sont  pas  adressées  directement  à  l'As- 
«  semblée  nationale  ou  môme  au  Roi.  A  les  supposer 
«  vraies,  si  vous  saviez,  mes  chers  auditeurs,  combien, 
((  depuis  des  siècles,  il  nous  a  été  envoyé  de  choses  sem- 
((  blables  par  la  cour  de  Home  en  France,  auxquelles  on 
((  n'a  pas  eu  le  moindre  égard  I  » 

«  M.  de  Rospiec,  fils,  a  mis  au  District  sa  démission  de 
la  place  de  président  et  de  celle  d'électeur  :  il  a  eu  des 
sujets  de  mécontentement  qui  ne  me  sont  pas  parfaite- 
ment connus;  ainsi  me  voilà  électeur,  et  vendredi,  j'aide- 
rai à  faire  des  recteurs. 

«  En  échange  de  ta  caricature,  Rosalie  t'envoie  des 
chansons  de  Douarnenez  qui  ne  sont  pas  mauvaises.  » 


«  8  Avril. 

(c  On  ne  sait  encore  que  dire  des  élections  faites  de 
curés.  Les  choix,  dans  ces  cantons,  ont  été  excellemment 
faits,  mais  la  majeure  partie  a  refusé  d'accepter;  d'autres, 
après  avoir  accepté,  se  sont  rétractés.  L'embarras  est  de 
trouver  des  sujets  :  il  y  a  de  la  manœuvre  en  diable  pour 
détourner  ceux  qui  sont  bons.  Un  grand  obstacle  et  une 
des  grandes  causes  de  cette  vacillation  est  ce  sentiment 
qu'il  est  dur  de  déplacer  un  homme  qui  jouit  parce  qu'il 
a  une  opinion  différente  des  autres  et  de  celle  que  l'on  a 
soi-même  ;  opinion  que  soi-même  on  a  eue  et  dont  on  ne 
s'est  détaché  qu'à  force  de  représentation  et  par  l'excel- 
lence de  quelques  ouvrages  récents  qui  l'ont  combattue 
et  encore  auxquels  souvent  on  n'a  cédé  que  pour  se  con- 
server un  état  qu'on  ne  peut  remplacer  par  un  autre  et 
qui  est  nécessaire  quand  on  n'a  pour  toute  ressource  que 
son  titre  de  clérical  et  ses  messes.  Ho  !  par  exemple  qu'un 


—  231  — 

recteur  de  Priraelin  (1),  un  recteur  de  Mahalon  (2)  qui 
sont  des  séditieux,  qui  ont  fait  des  prônes  incendiaires, 
soient  chassés,  c'est  pain  bénit.  Mais  qu'un  recteur  de 
Lababan  (3)  et  de  Meilard  (4),  saijites  gens  et  qui  remplis- 
sent leurs  fonctions  avec  édification,  tombent  sous  la 
proscription,  cela  touche  sensiblement  ;  ils  ne  sont  point 
encore  remplacés,  mais  ils  le  seront  aujourd'hui  si  on 
trouve  des  sujets.  Si  on  n'en  trouve  pas,  il  y  a  ici  plu- 
sieurs paroisses  à  supprimer  :  Meilard  sera  divisé  entre 
Pont-Croix,  PouUan  et  Pouldergat  ;  Lababan  réuni  à 
Pouldreuzic  ;  Primelin  divisé  entre  Esquibien  et  Cléden  ; 
Landudec  joint  à  Plonéis  et  à  Pouldreuzic  ;  Lanvern,  ïré- 
méoc,  Tréogat  seront  réunis  à  d'autres. 

«  Tu  demandes  quels  sont  les  ecclésiastiques  réfractai- 
res  dans  le  District  ?  Ma  foi  I  tous  à  l'exception  de  ceux 
du  Cap,  de  trois  prêtres  à  Pont-Croix,  de  Plonéis  et  d'un 
prêtre  à  Douarnenez.  » 

a  11  Avril. 

«  L'élection  des  nouveaux  Recteurs  a  été  recommencée 
vendredi.  Ton  ancien  ami  Ollivier,  prêtre  à  Fouesnant,  a 
été  nommé  à  Pouldergat  (5)  ;  il  a  accepté  et  nous  a  fait 
dire  obligeamment  que  ce  qui  le  flattait  le  plus  était  de 


(i)  Originaire  du  Faouët,  M.  Herviant,  recteur  de  PrimeliQ,  opta  pour 
la  déportation.  Curé  de  Scaôr  au  Concordat,  il  mourut  en  1827. 

(3)  M.  Sohier,  recleur  de  Mabaloo,  avait  pris  copie,  au  Séminaire,  de 
la  protestation  de  Mgr  de  Saint-Luc  et  s'était  chargé  de  la  faire  signer 
dans  le  pays. 

{3)  M.  Riou,  recteur  de  Lababan,  guillotiné  le  16  Mars  1794.  (Cf.  Docu- 
ments pour  servir  à  VHisioire  de  la  Persécution  religieuse,  par  M.  le 
chanoine  Peyron.) 

(4)  M.  Penanec'h,  recteur  de  Meilard,  fut  arrêté  le  15  Février  1793,  par 
les  douaniers  du  poste  de  Tréfentec,  eu  Plonévez-Porzay.  (Cf.  Documents, 
II,  256.) 

(5)  Be;;ardé  par  tous  comme  un  intrus,  abandonné  par  son  vicaire,  le 
simir  OiliviiT  dut  se  démettre  de  sa  cure,  le  20  Janvier  1*792,  et  fut 
Domniô  vicaire -directeur  du  Séminaire  de  Quimper.  (Cf.  Documents, 
I,  327.) 


—  232  — 

se  rapprocher  de  nous  ;  on  en  dit  beaucoup  de  bien.  A 
cela  près,  on  ne  compte  pas  beaucoup  sur  la  dernière 
élection,  et  on  s'attend  à  en  faire  une  troisième,  après 
Pâques.  Mais  cela  ne  finira  point  si  on  ne  prend  pas  le 
parti  de  faire  vider  le  plancher  aux  recteurs  déplacés, 
avant  de  leur  nommer  des  successeurs.  Nommez-moi  à 
une  place  vacante,  à  la  bonne  heure  !  mais  pour  que  je 
me  charge  de  déplacer  un  homme  de  chez  lui,  qui  vaut 
peut-être  mieux  que  moi  et  qui  ne  pèche  que  par  trop  de 
délicatesse  de  conscience,  c'est  à  quoi  tout  homme  délicat 
se  résoudra  difficilement. 

«  Saouzanet,  du  Collège,  est  nommé  à  Mahalon,  il  n'ac- 
ceptera sûrement  pas  ;  la  sous-principalité  lui  pend  à 
l'oreille  et  cette  place  convient  mieux  à  sa  paresse  et  à 
son  indolence.  L'abbé  Duverger,  nommé  à  PouUan,  a 
remercié  ;  eiji  effet,  il  a  une  jambe  de  loup,  et,  pris  ainsi 
par  la  patte,  une  place  de  campagne  ne  lui  convient  pas. 
Le  Recteur  de  Goulien,  nommé  à  Peumerit,  a  remercié  : 
sa  paroisse  est  dans  le  cas  de  la  suppression.  «  Mon  église, 
«  dit-il,  deviendra  chapelle,  je  ne  demande  qu'à  en  être 
((  le  chapelain,  c'est  tout  ce  qu'il  me  faut.  »  L'abbé  Plou- 
hinec  assura  hier  encore  ta  maman  qu'il  ne  ferait  pas  le 
serment,  et  il  s'attend  à  n'être  plus  curé  dès  que  ses  pou- 
voirs seront  expirés. 

((  Je  suis  bien  aise  que  la  Patrie  rende  la  justice  à 

M.  de  Mirabeau  que  je  lui  ai  toujours  rendue  (1).  Je  l'ai 

toujours  regardé  comme  un  excellent  patriote.  » 

(A  suivre.) 

(1)  M"*  de  ClermoDt  écrit  en  P.  S,  :  «  Je  regrette  M.  de  Mirabeau  comme 
bon  patriote  ;  ici,  on  dit  qu'il  ne  Tétait  pas  trop  ;  pour  moi,  je  Tai  tou- 
jours cru  bon,  je  prie  Dieu  pour  lui,  il  ne  mérite  pas  d*étre  oublié  ». 
De  son  côlé,  le  District  arrête  de  prendre  le  deuil  pour  huit  jours  à  Toc- 
casion  du  décos  d'Honoré  Riquetti  Mirabeau  et  de  faire  célébrer  solennel- 
lement un  service  de  huitaine  pour  le  repos  de  l'âme  de  cet  ami  de 
l'humanité. 


-  233  — 


NOTIC 


SUR  LES 


PAROISSES  DU  DIOCÈSE  DE  QUHHPER  ET  DE  LÉON 

Par  MM.  PEYRON  et  ABORAUL. 

(Suite.) 


DIRINON 

(  Fin.) 


Mission  du  Père  Maunoir  a  Dirinon,  en  1644 

Lorsque  les  missionnaires,  sous  la  conduite  du  Père 
Maunoir,  quittèrent  Plougastel-Daoulas,  en  1644,  pour  prê- 
cher à  Dirinon,  ils  trouvèrent  une  certaine  opposition  de 
la  part  des  ecclésiastiques  des  paroisses  voisines  et  même 
de  la  part  du  recteur  de  Dirinon,  M.  Gayement  qui,  plu- 
sieurs années  plus  tard,  avoua  ses  préventions  au  Père 
Maunoir  et  lui  dit  comment  elles  cessèrent  lorsqu'il  vit 
un  ange  assistant  à  la  messe,  le  Père,  directeur  de  la  mis- 
sion (1). 

Le  Père  Maunoir  raconte  également  qu'à  cette  mission 
un  laboureur  ayant  résolu  de  s'abstenir  de  boire  et  de 
manger  jusqu'à  ce  qu'il  se  fût  déchargé  de  ses  péchés  en 
confession,  eut  la  constance  d'attendre  trois  jours  et  trois 

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(1)  Père  Maunoir:  Relation  manuscrite  des  dix  premières  aoDées  de 
ses  missions. 

Bulletin  db  la  Commission  diooSsainb  —  7*  année.  16 


-  234  - 

Duiis,  que  son  tour  vînt  de  se  confesser,  tant  était  grand 
le  nombre  des  pénitents. 

Il  serait  difficile  de  raconter,  dit  le  Père,  combien  de 
conversions  furent  dues  à  l'intervention  merveilleuse  de 
la  Sainte  Vierge,  de  saint  Michel  et  de  saint  Corentin. 

En  voici  un  exemple  :  il  y  avait  à  celte  mission  un 
jeune  homme  très  dévot  à  la  Sainte  Vierge,  qui  avait  ce- 
pendant contracté  de  mauvaises  habitudes,  dont  il  ne  se 
pressait  pas  de  se  corriger  ;  une  nuit,  pendant  son  som- 
meil, il  se  voyait  en  pèlerinage  vers  un  sanctuaire  voisin 
de  la  Sainte  Vierge,  lorsque,  sur  son  chemin,  il  remar- 
qua une  croix  élevée  au  pied  de  laquelle  reposait  un  ange 
tenant  de  la  main  droite  une  hostie  et  de  la  gauche  un 
calice.  Le  jeune  homme  le  voyant  resplendissant  de  lu- 
mière, s'écria  :  ((  Ange  de  Dieu,  comme  tu  es  beau,  qui 
t*a  envoyé  ici  ?»  —  «  C'est  la  Sainte  Vierge,  répondit 
l'ange.  »  —  «  Conduis-moi  avec  toi.  »  —  «  Je  ne  le  puis.  » 
—  «  Je  t'en  conjure.  »  —  «  Non,  cela  est  impossible.  »  — 
«  Pourquoi  donc  ?»  —  «  Si  je  te  conduisais  avec  moi, 
Dieu  te  chasserait.  »  —  «  Pourquoi  cela  ?»  —  «  Parceque, 
depuis  l'âge  de  sept  ans,  tu  as  une  mauvaise  habitude, 
dont  tu  ne  t'es  pas  débarrassé.  Voilà  la  mission  qui  s'a- 
chève, les  Pères  vont  partir,  hâte-toi  de  te  confesser,  ne 
retombe  plus  dans  ton  péché,  et  sois  sûr  alors  qu'un  jour 
je  te  conduirai  dans  la  céleste  patrie.  » 

Pendant  cette  mission  de  Dirinon,  au  mois  de  Juin 
1644,  à  côté  de  l'action  divine  sur  les  âmes,  s'exerça  l'in- 
fluence diabolique  pour  les  empêcher  de  profiter  des 
avantages  de  la  mission,  dit  le  Père  Maunoir.  Le  démon 
apparut  à  un  jeune  pâtre  sous  la  forme  d'un  chien,  vomis- 
sant des  flammes,  et  lui  défendit,  sous  peine  de  mort, 
d'aller  à  la  mission,  ni  à  la  procession,  lui  enjoignant  de 
se  débarrasser  de  son  rosaire  ;  et  en  môme  temps,  il  se 
déclara  son  maître,  venant  l'instruire  dans  les  champs 


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deux  fois  par  jour,  lui  enseignant  comment  il  devait  re- 
noncer à  la  foi  du  Christ,  et  quel  était  le  culte  qu'on 
devait  rendre  au  démon.  Ce  malheureux  jeune  homme 
n'écouta  que  trop  un  tel  maître  et  renonça  à  ses  prières 
habituelles  et  à  l'audition  des  catéchismes  et  des  prédica- 
tions. Pour  le  récompenser,  ce  maître  d'iniquité  lui  pro- 
met toutes  sortes  de  plaisirs,  et  le  pouvoir  d'opérer  des 
choses  merveilleuses,  spécialement  d'oilenser  ou  même 
de  tuer  les  hommes  ou  les  bétes  pour  se  venger  d'injures 
reçues  ;  c'est  ainsi  que  ce  jeune  homme  fut  poussé  à  tuer 
sa  mère  et  le  Père  directeur  de  la  mission. 

Ce  malheureux  vécut  dans  ce  triste  état  d'âme  depuis  la 
Saint-Jean,  24  Juin,  jusqu'au  7  Octobre,  qu'il  plut  à  Dieu 
d'avoir  pitié  de  ce  pauvre  égaré.  Comme  il  dormait,  il  lui 
sembla  voir  une  colombe  qui  lui  dit  par  trois  fois  :  «  Ré- 
veille-toi, cours  à  Irvillac  et  confesse  tes  péchés  au  direc- 
teur de  la  mission  et,  si  tu  m'obéis,  tu  me  reverras  )).  Le 
jeune  homme,  réveillé,  se  sent  tout  changé  et  vient  se 
confesser  au  Père  Maunoir. 

De  retour  chez  lui,  il  revoit,  bien  éveillé,  la  colombe 
qui  lui  était  apparue  pendant  son  sommeil,  portant  dans 
son  bec  une  croix  rouge,  et  l'exhortant  à  réciter  chaque 
jour  cinq  Pater  en  l'honneur  des  cinq  plaies  du  Sauveur, 
trois  Pater  en  l'honneur  de  saint  Corentin  et  un  Pater 
pour  l'ange  gardien.  Elle  lui  dit  encore  que  le  Père  Mau- 
noir lui  donnerait  une  image  de  saint  Corentin  qu'il  de- 
vrait tenir  près  de  son  lit  pour  être  à  jamais  préservé  des 
attaques  de  ce  maudit  chien  qui  l'avait  fait  tomber  dans 
le  péché. 

* 
•  « 

Les  registres  paroissiaux  mentionnent,  en  l'année  1675, 
une  réconciliation  solennelle  du  cimetière,  pollué  par 


-  236  - 

suite  d'une  rixe  sur  laquelle  il  n  est  pas  donné  de  détails  ; 
mais  la  date  où  elle  eut  lieu  ne  permet  guère  de  la  ratta- 
cher aux  troubles  de  la  révolte  du  papier  timbré.  Voici  la 
teneur  de  cette  pièce  : 

((  Le  soussignant,  prieur  Recteur  de  Loperhet  (prieuré 
dépendant  de  Daoulas),  certifie  que  ce  jour,  4^^  de  Mars 
1675,  je  me  suis  transporté  de  ma  paroisse  de  Loperhet, 
me  le  requérant  Missire  François  André,  prêtre  curé  de 
la  paroisse  de  Dirinon,  où  estant,  le  dit  sieur  curé  m'au- 
rait mis  entre  mains  une  requête  par  lui  présentée  à 
Monseigneur  IL  et  RR.  Évêque  de  Quimper  et  comte  de 
Cornouaille,  tendant  à  ce  qu'il  plût  à  Sa  Grandeur  décer- 
ner commission  à  luy  ou  à  quelqu'autre  prêtre  pour  récon- 
cilier le  cimetière  du  dit  Dirinon,  devenu  pollué  par  l'ef- 
fusion violente  de  sang  répandu  par  quelques  mauvais 
garnements  et  gents  de  néant  expédiée  le  21  Mars  1675  (1), 
conclusion  du  vénérable  promoteur  de  Cornouaille  et 
ordonnance  d'informer  avec  le  commissaire,  décernée  à 
moi  soussignant  de  rebénir  et  réconcilier  le  dit  cimetière 
et  de  publier  le  monitoire  pour  l'information  ;  auxquelles 
ordonnances  portant  estât  et  y  obéissant,  je  me  suis  habillé 
dans  la  dite  sacristie  pour  procéder  k  la  réconciliation  du 
dit  cimetière  après  avoir  représenté  vivement  l'impor- 
tance de  ces  sortes  d'excès  et  l'énorinité  de  ces  sacrilèges, 
par  notre  bouche  et  celle  de  vénérable  et  discret  Missire 
Jean  Even,  prêtre  bachelier  en  théologie,  prédicateur  de 
la  dite  paroisse  (2),  ay  rebéni  le  dit  cimetière  selon  les 
rubriques  et  cérémonies  portées  par  les  statuts  et  rituels 
en  présence  de  Jean  Bodénez,  fabrique  de  ladite  paroisse, 
(luillaume  Maguères,  du  sieur  curé  et  prêtre  de  la  dite 
paroisse,  de  Missire  Jan  Even  et  i)lusieurs  autres,  qui 


(1)  Ce  doit  être  une  erreur  de  transcriplioD  pour  21  Février. 

(2)  Celait,  sans  doute,  le  prédicateur  de  ia  station  du  Carême. 


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signent  :  Calvez,  recteur  de  Loperhet  ;  François  André, 
curé;  Golvin  Morvan,  prêtre;  Nicolas  Cochât,  prêtre; 
Jean  Le  Roux,  prêtre  ;  et  Vincent  Coatagas.  « 

Curés,  Vicaires  et  Recteurs  de  Dirinon 
AVANT  le  Concordat 

L'église  de  Dirinon,  donnée  comme  prébende  de  Tab- 
baye  de  Daoulas  par  Tévêque  de  Quimper,  Geoffroy,  1170- 
1185,  fut  possédée  jusqu'à  la  fin  du  xv«  siècle  par  un 
prieur  chanoine  régulier  de  Daoulas;  mais  en  vertu  d'une 
bulle  du  Pape  Alexandre  VI,  ce  prieuré  fut  uni  à  la  mense 
conventuelle  de  Daoulas,  le  7  Juin  1498,  par  l'official  de 
Cornouaille,  exécutant  la  bulle  du  Pape  (Archives  dépar- 
tementales, Daoulas).  Depuis,  la  paroisse  fut  gouvernée 
par  un  prêtre  séculier  qui  prit  successivement  le  titre  de 
curé,  de  vicaire  perpétuel,  puis  de  recteur. 

1599-1620.  Pierre  Heleouet,  curé. 

1621-1639.  Claude  Morvan. 

1639-1642.  Briz.  Sur  le  registre  paroissial,  il  écrit  au  mi- 
lieu d'une  page  : 

((  Le  premier  jour  d'Avril  1639,  j'ai  entreprins  la 
cure  des  âmes  de  Dirinon,  receu  à  ceste  fonction  par 
la  commission  de  Messieurs  les  chanoines  de  Daoulas. 
—  Briz,  curé. 

((  Deu8  optimus,  Maximus,  benigniori  vultu  vota  mea 
intueatur,  hoc  unum  quero,  preterea  nihil,  » 

1642-1671.  Hierosme  Gayement,  curé  témoin  des  missions 
du  V.  P.  Maunoir  en  1644  et  1666. 

1672-1675.  François  André,  curé. 

1687-1717.  Guillaume  Yvçn,  vicaire  perpétuel. 

1717-1751.  Alain  Bochcongar,  vicaire  perpétuel.  Il  mou- 
rut au  presbytère  le  5  Mars  1751  ;  assistaient  à  son 


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enterrement,  qui  eut  lieu  le  6  :  N.  G.  Marion,  recteur 
de  Plougastel,  qui  présidait  les  obsèques  ;  L.  Gobîn, 
curé  de  Saint-Urbain  ;  H.  Grall,  recteur  de  Daoulas  ; 
Alain  Le  Moing,  curé  de  Saint-Thomas  ;  Jean  Grignon, 
curé  de  Plougastel  ;  Malo  Le  Par,  prêtre  de  Saint- 
Thomas  ;  N.  de  Guennou,  prieur,  recteur  deLoperhiet  ; 
J.  Kervella,  prélre  ;  Mathias  Diverrès,  prêtre. 
1751-1760.  J.  Hyroe,  recteur. 
1760-1772.  G.  Brénéol,  recteur. 

1773-1792.  Ange -Christophe  Le  Gac  de  Quistillic.  Origi- 
naire de  Plounéventer,  refusa  le  serment,  ainsi  que 
son  vicaire,  M.  Cudennec;  en  Mai  1792,  il  se  retira  à 
Plounéventer,  retourna  à  Dirinon  en  Novembre  1794 
jusqu'au  mois  de  Ventôse  an  IV  (Février  1795)  ;  il  fut 
soigné  comme  paralytique  à  Thôoital  de  Landerneau, 
et  revint  à  Dirinon  pour  y  mourir  le  23  Septembre  1795 
(L.  382). 
Yves  Le  Roux,  vicaire  de  Dirinon,  signe  les  actes  pa- 
roissiaux en  1792,  en  1793  ;  il  s'intitule  vicaire  et  officier 
civil. 

Noms  de  quelques   Prêtres   et  Sous -Curés 

avant  la  révolution 
presque  tous  originaires  de  la  paroisse 

1579.  Claude  Salaun. 

1621.  G.  Golyas. 

Jean  Cochât. 

Deredec. 

Nicolas  Quentric. 

1642.  Hervé  L'André. 
G.  Goazgoal. 

1643.  H.  Paige. 
Jan  Kerneiz. 


239  — 


Jan  Ronyant. 

1644. 

Noël  Emdivat. 

1657. 

Jean  Le  Vergoz. 

Yves  Le  Pezres. 

1666. 

François  André. 

Vincent  Coatagas. 

1671. 

Golvin  Morvan. 

1675. 

Jean  Le  Roux. 

1687. 

Yves  Maillons. 

Noël  Caret. 

Nicolas  Cochât. 

Golvin  Morvan. 

1691. 

Alain  Morvan. 

1704. 

François  Diverres. 

1705. 

Alain  Ély. 

1751. 

J.  Kervella. 

1759. 

Ch.  Muzellec. 

1763. 

François  Magueres. 

1790. 

Olivier  Cudennec. 

Recteurs  depuis  le  Concordat 

1805-1809.  Charles-Marie  Cudennec,  néà  Poullan,  le  23  Jan- 
vier 1760,  ancien  vicaireen  1791,  mourut  recteur  de 
Dirinon  le  15  Juin  1809. 

1814-1858.  Nicolas  Penn,  de  Plouënan. 

1858-1862.  Charles-Dominique  Gras,  de  Roscofï. 

1862-186^  Guillaume  Guéguen,  dé  Plouguerneau. 

1865-1874.  Vincent  Le  Traon,  de  Cléder. 

1874-1894.  Paul  Bernard,  de  Bodilis. 

1894-1906.  Jean-Marie  Hameury,  de  Ploujean. 

1906.  Pierre-François  Floch,  de  Plouënan. 


—  240  - 

Vicaires 

1804.  Guillaume  Huguen. 

1820.  Mathias  Allauçon. 

1829.  Jérôme  Guiader. 

1834.  Julien-Marie  Sancéo. 

1848.  Hervé  Corre. 

1851.  Jean-Marie  Rolland. 

1858.  Jean-Marie  Rouvel. 

1862.  Gustave  Tournois. 

1863.  René  Perrot. 
1874.  Guillaume  Bodilis. 
1888.  Nicolas  Donval. 
1891.  Jean-François  Corre. 
1905.  Ursin-Marie  Kerouanton. 

* 
*  * 

La  lettre  suivante  de  M.  de  Troërin,  grand  vicaire  rési- 
dant à  Landerneau,  est  extraite  des  Archives  de  TEvéché. 

«  Landerneau,  le  21  Mars  1805. 

■s 

((  Je  vis  hier  M.  de  Marigny.  Il  est  bien  édifiant  et  zélé 
surtout  pour  sa  paroisse  de  Dirinon,  où  est  située  sa  terre. 
Il  voudrait  obtenir  pour  cette  église  quelques  reliques 
pendant  que  le  Saint-Père  est  encore  à  Paris.  Ils  en  avaient 
autrefois,  avant  la  Révolution,  pour  lesquelles  le  peuple 
de  cette  paroisse  et  circonvoisines  avaient  une  grande 
vénération.  Elles  existent  encore  ;  mais  dans  le  boulver- 
sement  de  ces  tems  malheureux,  elles  ont  souffert  au  point 
que  l'authentique  est  un  peu  vicié,  selon  que  m'en  a  écrit 
M.  Cudennec,  recteur.  C'est  un  excellent  prêtre,  dont  la 
conscience  est  et  peut-être  même  excessivement  timorée. 
Enfin,  il  a  cru,  dans  le  doute,  ne  pouvoir  les  exposer  à  la 


—  241  — 

vénération  des  fidèles.  Je  suis  fâché  de  ne  les  avoir  pas 
examinées  moi-même,  lorsque  j'ai  été  chez  M.  de  Mari- 
gny.  Les  grands  vicaires,  consultés,  ont  été  d'avis  de  ren- 
voyer, au  retour  de  Monseigneur,  le  jugement  de  cette 
affaire  ;  cependant,  si  on  avait  été  dans  le  cas  de  les  expo- 
ser, c'eût  été  d'un  grand  profit  pour  l'église,  qui  est  très 
jolie.  (Si  Sa  Sainteté  accordait  quelques  reliques),  on  en 
publierait  l'exposition  tant  dans  l'église  de  Dirinon  que 
dans  les  circonvoisines,  et,  le  jour  assigné,  on  verrait 
encore  le  môme  concours  de  monde,  et  les  offrandes  aussi 
abondantes  qu'auparavant,  et  peut-être  plus.  » 

Monuments  anciens 

Dolmen  au  village  de  Linglaz. 

Tumulus  de  14  mètres  de  diamètre  sur  1  m.  50  de  haut, 
dans  la  montagne  dite  Goré-Ménez,  à  50  mètres  de  la 
route  de  Dirinon  à  Landerneau. 

Tumulus  de  25  mètres  de  diamètre  sur  1  m.  40  de  haut, 
dans  une  parcelle  nommée  Quistillic,  sur  les  terres  dépen- 
dant de  Trébéolin. 

Camp  de  forme  irrégulière,  à  500  mètres  de  Lesquivit, 
dans  une  parcelle  dite  Goarem-ar-Castel. 

Autre  petit  camp  à  Brenat,  dit  Castellic,  à  2  kilomètres 
N.-O.  du  bourg. 

Autre  camp  retranché,  dans  un  taillis  au  Sud  du  village 
de  Kernoter. 

Motte,  à  l'angle  N.-O.  du  bois  du  Rouai. 

Lec'h  carré  entaillé,  de  2  m.  50  de  haut,  à  50  mètres  au 
Nord  de  la  maison  d'école.  (M.  du  Chatellier.) 


—  242  — 

Familles  nobles 

Boisguehenneuc,  S'  de  Kervern  :  d'argent  à  Vaigle  im- 
périale de  sable  becquée  et  membrée  de  gueules  ;  devise  : 
Carantez  ha  guirionez,  Amour  et  vérité. 

Buzic,  S^  de  Kerdaoulas  :  écartélé  aux  î  et  4  d'or  au 
léopard  de  gueules,  qui  est  Névet,  aux  2  et  B  de  gueules  à 
six  annelets  d'argent  3.  2.  /,  qui  est  Buzic  ;  devise  :  Corn- 
zit  mad,  Parlez  bien. 

Coetuempren,  S»"  du  Rouazle  :  d'argent  à  trois  tours  cré- 
nelées de  gueules  ;  devise  :  Et  abundantia  in  turribus. 

Courtois,  S^  du  Beuzidou  :  d'argent  à  trois  hures  de  san- 
glier de  sable,  alias  :  d'argent  au  chevron  de  gueules  accom- 
pagné de  trois  hures  de  sanglier  de  sable. 

Forestier,  S^*  de  Quilien  et  de  Penhep  :  de  sable  à  la 
bande  fuselée  d'argent 

Gillart,  S'  de  Kersulec  :  d'azur  au  sphinx  ailé  et  couché 
d'or,  au  chef  d'argent  chargé  de  trois  mouchetures  de  sable. 

Huoû,  S'  de  Kerliezec  :  d'or  au  chevron  de  gueules  ac- 
compagné en  pointe  d'un  corbeau  de  sable. 

Keraldanet,  S>^  du  Rouazle  :  de  gueules  au  chef  enden- 
ché  d'or  de  cinq  pièces. 

Keraudy,  S'  de  Kerhervé  :  d'argent  (alias  d'or)  à  deux 
fasces  de  sable. 

Kerguern  ou  Kervern,  S'  du  dit  lieu  :  d'argent  à  l'aulne 
de  sinople. 

Lanviliau,  S^  de  Kervern  :  de  sable  au  sautoir  d'argent 
accompagné  de  quatre  fleurs  de  lys  de  même. 

Le  Lec'h,  S^  de  Guernbihan  :  d'or  à  trois  trèfles  de  même. 

Louet,  S>^  de  Lesquivit  :  d'or  à  trois  têtes  de  loup  de  sdble 
arrachées  de  gueules;  moderne  :  fascé  de  vair  et  de  gueules. 

Névet  :  d'or  au  léopard  momé  de  gueules;  devise  :  Perag, 
Pourquoi  ? 


—  243  — 

Pappe,  S' de  Lezuzan  :  d'argent  à  la  rose  de  gueitdeê  htm- 
Umnéê  d'or  ;  devise  :  Point  généf  point  gênant 

Quiniou,  Si^  du  Rest  :  d'argent  à  trois  faecee  ondées 
d'asur. 

Rosnyvinen,  S'  de  Trébéolin  :  d'or  à  la  hure  de  san- 
glier de  sable  arrachée  de  gueules  et  défendue  d'argent  ; 
devise  :  Défends-toi,  ou  Non  ferit  nisi  lœsus. 

Rouazle,  S'  du  dit  lieu  :  d'or  à  trois  molettes  de  sable  ; 
devise  :  Selpetra  ri,  Prends  garde  à  ce  que  tu  feras. 

Silguy,  S^  de  Kerbringal  :  d'argent  à  dettx  lévriers  de 
sable  accolés  d'argent  passant  l'un  sur  l'autre  ;  devise  : 
Passe  hardiment, 

Simon,  S'  de  Kerbringal  :  de  sable  au  lion  d'argent  armé 
et  lampassé  de  gueules  ;  devise  :  C'est  mon  plaisir, 

Toutenoutre,  S'  de  Penanrun  :  d'argent  à  trois  hures  de 
saumon  coupées  d*azur  ;  devise  :  Tout  en  outre  et  Tout 
passe. 

Tréanna,  S'  de  Kervern  :  d'argent  à  la  macle  d'azur. 

Le  Vayer,  S'  du  Beuzidou  :  d'argent  à  deux  haches  d'ar- 
mes de  gueules  adossées  en  pal. 


-  244 


DOUARNENEZ 


Le  nom  de  cette  localité  apparaît  pour  la  première  fois 
dans  les  actes  en  1541  (1)  et  le  V.  Père  Maunoir,  un  siècle 
plus  tard,  nous  en  donne  l'étymologie  en  traduisant 
Douarnenez  en  latin,  par  terra  insulœ,  terre  de  l'île. 
Douar  an  enez,  étymologie  fort  naturelle,  car  le  terrain 
compris  par  cette  désignation  dépendait  du  prieuré  fondé 
dans  rile  voisine  appelée  autrefois  île  de  Saint-Tutuarn, 
et  depuis  1368,  île  Tristan,  insula  Tristani.  Cependant, 
comme  l'île  Tristan  s'appelait  primitivement  île  deSaint- 
Tutuarn,  il  nous  paraît  assez  vraisemblable  que  le  nom 
de  Douarnenez  tirerait  son  origine  du  nom  du  saint  Evo- 
que fondateur  du  prieuré,  Tutuarn  enez,  Toutouarnenez, 
île  Tutuarn.  Quoi  qu'il  en  soit,  c'est  à  cette  terre  de  Vîle 
que  nous  allons  consacrer  celte  notice,  sans  omettre  de 
mentionner  ses  rapports  avec  Ploaré  ou  Ploelre,  la 
mère  église. 

Douarnenez  a  été  certainement  un  poste  important  de 
l'occupation  romaine,*  M.  Le  Men  (Bull.  1874,  p.  66)  n'est 
pas  éloigné  d'y  voir  le  Vindana  portus  de  Ptolémée,  que 
M.  de  la  Borderie  place  à  Audierne.  Dans  le  mot  Vindana, 
dit  M.  Le  Men,  on  pourrait  voir  l'altération  du  mot  bre- 
ton Ouic  dana,  ville  ou  bourg  brûlé,  et  il  fait  remarquer 
que  le  lieu  où  a  été  construite  la  nouvelle  église,  portait 
le  nom  de  Kerlosquet,  qui  aurait  la  même  signification  en 
breton;  pour  légitimer  cette  interprétation,  on  peut  dire 

(1)  Voir,  sur  le  prieuré  de  Saiot-Tutaaro  ou  de  Tile  Tristan,  le  savant 
et  fort  intéressant  travail  de  M.  Bourde  de  la  Rogerie,  archiviste  du  dépar- 
tement {Bull.  Soc,  Arch.f  t  XXXII),  auquel  nous  faisons  de  larges  emprunta 
dans  cette  notice. 


—  243  — 

que  le  lieu  de  Kerlosquet  est  cité  en  l'aveu  de  1548,  avant 
les  ravages  de  La  Fonlenelle.  Ce  qui  est  indiscutable,  c'est 
que  les  Romains,  lorsqu'ils  s'établirent  à  Douarnenez,  y 
trouvèrent  des  traces  de  l'occupation  gauloise.  «  L'île 
Tristan,  dit  M.  Le  Men,  qui  devient  une  presqu'île  à 
marée  basse,  comme  les  oppida  gaulois  que  décrit  César 
en  parlant  de  la  guerre  des  Vénètes,  a  été  elle-même  un 
oppidum.  M.  Le  Guillou-Pénanros,  propriétaire  de  l'île,  y 
a  découvert,  en  faisant  des  défrichements,  les  substruc- 
tions  d'un  très  grand  nombre  de  petites  habitations  dis- 
posées comme  les  cases  d'un  échiquier.  C'est  exactement 
l'aspect  que  présentent  les  habitations  gauloises  dans  les 
oppida  que  j'ai  explorés.  On  y  a  découvert  des  monnaies 
gauloises  et  un  grand  nombre  de  monnaies  romaines.  » 

D'un  autre  côté,  les  ruines  romaines  abondent  dans  la 
ville  de  Douarnenez  et  aux  environs.  Voici  celles  que 
signale  M.  du  Chatellier  dans  la  nouvelle  édition  de  son 
important  travail  sur  les  monuments  anciens  du  Finistère. 

((  Tuiles  et  débris  romains,  sous  une  grande  partie  de 
la  ville,  surtout  à  l'Ouest. 

«  Substructions  romaines  au  passage  vis-à-vis  Tréboul. 

((  A  la  pointe  du  Guet,  il  a  été  trouvé,  outre  des  substruc- 
tions, des  urnes,  un  cippe  en  pierre  calcaire  avec  repré- 
sentation d'un  homme  armé  d'une  hache,  une  statuette  en 
béton  de  Déesse-Mère,  de  45  centimètres  de  haut,  portant 
un  torques  au  cou  (Musée  de  Kernuz),  une  mosaïque  et 
de  nombreuses  monnaies  romaines.  Non  loin  de  là,  en 
creusant  des  fondations,  rue  Fontenelle  conduisant  au 
Guet,  on  découvrit  le  15  Février  1884,  à  2  mètres  de  pro- 
fondeur, un  cercueil  en  plomb  très  épais,  long  de  1  m.  90, 
renfermant  un  squelette  encore  recouvert  de  lambeaux 
d'étoffe  tissée  d'or,  un  vase  en  verre,  un  vase  en  terre 
rouge,  de  longues  épingles  en  jais,  remarquables  par  le 
dessin  et  la  délicatesse  du  travail  et  un  morceau  de  fer. 


—  246  — 

((  Au  mois  d'Avril  1880,  en  creusant  les  fouilles  de  la 
maison  de  M.  Chancerelle,  les  ouvriers  ont  mis  à  jour 
une  série  de  petites  chambres  faites  en  forts  murs  de 
maçonnerie  et  revêtus  d'un  ciment  rouge  très  dur. 

«  En  Février  1889,  en  creusant  pour  la  construction 
d'une  maison,  au  coin  Nord  de  la  rue  de  Poullan  à  Port- 
Rhu,  des  ouvriers  ont  rencontré  les  restes  de  constructions 
romaines  de  six  appartements  au  milieu  desquels  ils  ont 
recueilli  une  statue  de  60  centimètres  de  haut,  en  pierre 
calcaire.  La  tête  est  entourée  d'une  sorte  de  couronne  de 
lauriers.  Le  bras  droit  manque,  il  tenait  une  massue  dont 
la  pointe  reposait  à  terre,  le  bras  gauche  posait  sur  une 
rocaille  et  était  recouvert  d'une  peau  de  lion  dans  sa  par- 
tie antérieure,  la  main  droite  manque  ;  fort  mutilée,  cette 
statuette  d'Hercule,  d'un  très  mauvais  style,  est  aujour- 
d'hui au  Musée  de  Quimper.  Les  substructions,  dont  les 
murs  étaient  enduits  d'un  beau  ciment,  se  composaient  de 
deux  groupes  parallèles  entre  eux  et  à  la  rivière,  de  trois 
pièces  de  3  mètres  carrés  chacune  avec  une  aire  de  béton. 
—  Restes  de  poterie  nombreux  et  de  débris  de  repas 
autour  des  constructions  qui  se  prolongent  sous  les  ter- 
rains voisins. 

((  Vers  1898,  d'autres  substructions  ont  été  trouvées  en 
creusant  les  fondations  d'une  maison,  près  de  la  chapelle 
Sainte-Hélène. 

«  A  l'île  Tristan,  était  un  oppidum  renfermant  un  grand 
nombre  d'habitations  ;  en  y  construisant  des  établisse- 
ments de  pèche,  M.  Pénanros  découvrit  un  poignard,  des 
fragments  d'épées,  trois  haches  à  ailerons  brisées,  deux 
racloirs,  une  statuette  et  un  bas-relief  en  bronze,  une 
petite  cuiller  en  argent,  deux  monnaies  gauloises  en  bil- 
lon  et  des  monnaies  de  la  colonie  de  Nîmes  et  des  empe- 
reurs Vespasien,  Gordien,  Maximin  et  Constantin. 

((  A  Plomarc'h,  à  1  kilomètre  à  l'Est  de  la  ville,  muraii- 


—  247  ~ 

les  romaines  de  2  m.  50  de  haut  sur  25  mètres  de  long 
avec  niches  à  plein  cintre.  En  1883,  on  recueillit  contre 
ce  mur  un  squelette  avec  des  débris  de  poteries  et  de  cui- 
sine et  quelques  monnaies  (Musée  de  Kernuz).  Quatre 
autres  squelettes  ont  été  trouvés  en  1905. 

((  Dans  la  prairie  que  domine  cette  muraille,  la  sonde 
trouve,  à  40  centimètres  sous  le  gazon,  un  épais  pavé  en 
ciment,  et  à  peu  de  distance,  au  milieu  des  ronces,  on 
voit  quantité  de  restes  de  maçonnerie. 

«  En  1863,  un  établissement  de  bains  romains  fut  décou- 
vert sur  la  grève  du  Riz  ;  les  substructions  mises  au  jour 
se  composent  d'un  premier  groupe  formé  de  trois  cham- 
bres adjacentes,  mesurant  l'une 3  m.  60  sur  3  m.  15  ;  la  se- 
conde, 4  m. 30  sur  3  m. 60  et  la  troisième,  2  m. sur 3  m.  60. 

«  A  20  mètres  de  ce  premier  groupe,  de  nouvelles  fouil- 
les mirent  au  jour  une  grande  pièce  allongée  mesurant 
17  m.  50  sur  3  m.  75,  vers  les  extrémités  de  laquelle  on 
remarquait  des  amorces  de  mur  en  retour  d'équerre. 

«  En  1895,  M.  Quiniou,  fermier  et  maître  d'hôtel  au 
Grand -Riz,  voulant  agrandir  son  établissement,  mit  à 
découvert  les  substructions  ou  caves  d'une  habitation 
gallo-romaine,  analogues  à  celles  dont  on  a  trouvé  des 
vestiges  tout  autour  de  la  baie  de  Douarnenez.  (Pour  plus 
de  détails,  voir  p.  183  du  Compte  rendu  du  Congrès  de 
l'Association  bretonne  à  Quimper  en  1895,  tome  XIV,  l'arti- 
cle de  M.  le  chanoine  Abgrall,  «  A  propos  des  découvertes 
récentes  du  Grand-Riz.)  » 

«  Camp  avec  substructions  romaines,  à  1  kilomètre 
plus  loin  sur  la  falaise. 

«  Restes  de  constructions  à  Kériellou  sur  la  falaise.  » 


* 
*  » 


La  légende  place  dans  ce  qui  forme  aujourd'hui  la  baie 


—  248  — 

de  Douarnenez,  la  fameuse  ville  d'Ys  ou  Keris,  séparée  de 
la  mer  par  une  sorte  de  chaussée  ou  de  digue  dont  les 
écluses  auraient  été  ouvertes  par  Dahut,  la  fille  du  roi 
Gradlon,  après  une  nuit  d'orgie.  Le  roi  n'eut  que  le  temps 
de  monter  à  cheval,  prenant  sa  fille  en  croupe,  et  de  courir 
vers  les  collines  voisines  ;  mais  le  flot  suivait  les  pas  du 
cheval,  et  une  voix  s'élevait  de  plus  en  plus  pressante  du 
sein  de  la  mer,  criant  :  «  Jette  le  diable  dans  la  mer  »  I 
Le  roi  comprit  enfin  le  sens  de  cette  injonction,  il  repoussa 
sa  fille  dans  la  mer,  qui  s'arrêta  aussitôt,  à  l'endroit  qui 
engloutit  Dahut,  et  qui  depuis  s'appelle  Pouldahut  ou 
Pouldavid.  Ce  qui  reste  de  cette  légende,  c'est  qu'il  sem- 
ble hors  de  doute  qu'un  cataclysme  a  dû,  vers  le  v®  ou  vi® 
siècle,  modifier  la  configuration  de  la  côte,  par  suite  d'un 
envahissement  des  eaux,  et  il  n'est  pas  rare  d'y  rencontrer 
des  troncs  d'arbres  assez  loin  du  rivage,  aux  grandes 
marées. 

Ce  qui  est  plus  certain,  c'est  qu'un  saint  évéque,  nommé 
Tutuarn,  vint  s'établir  dans  l'îlot  qui  a  porté  son  nom 
d'île  Tutuarn,  puis  d'île  Tristan  ;  mais  on  ne  sait  rien  de 
certain  sur  l'époque  de  cet  établissement,  et  Ton  connaît 
encore  moins  les  détails  de  la  vie  de  ce  saint  personnage  ; 
ce  qui  est  hors  de  doute,  c'est  qu'une  église  avec  terres  en 
dépendantes  formait  un  bénéfice  sous  le  patronage  de 
Saint-Tutuarn,  lors  de  la  donation  qu'en  fit  l'Evéque  de 
Quimper  au  monastère  de  Marmoutier,  en  1118. 

L'Evoque  de  Quimper  qui  fit  cette  donation  fut,  disent 
Albert  le  Grand  et  dom  Morice,  Robert,  qui  aurait  été 
ermite  à  Locronan  ;  mais  M.  de  la  Rogerie  fait  observer 
que  le  Cartulaire  manuscrit  de  Quimper,  qui  est  conservé 
à  la  Bibliothèque  nationale,  marque  que  ce  Robert  fut 
ermite  a  apud  Locuuan  ))  ou  Locuvan  et  non  Locrenan, 

(A  suivre,) 


—  249  — 


CARTULAIRE 

DE    L'ÉGLISE    DE    QUIMPER 

(Suite.) 


415 

'   ADMONESTATION  CAPITULAIRE  A  UN  CHANOINE  (O 

-    7  Août  1394.    - 


Anno  Domini  M^  CGC®  nonagesimo  quarto,  die  veneris 
post  festum  Beati  Pétri  ad  vincula  hora  prime  etc.  indicione 
secunda,  Pontificatus  Clementis  pape  Vir  anno  XVI*'  nos 
Capitulum  Corisopitense  Capitulum  pro  negocio  infras- 
cripto  facientes,  inhibuimus  et  tenore  présente  inhibemus 
Johanni  de  Treanna  canonico  Corisopitensi  ne  de  cetero 
injuriam  in  personam  alicujus  persone  verbo  neque  facto 
inférât  et  hoc  sub  pena  privacionis  chori  et  substractionis 
fructuum  et  emolumentorum  prébende  sue. 

Acta  ut  supra,  presentibus  magistris  Guillermo  Marhec, 

J.  de  Tegula,  Daniele  de  Insula,  0.  Hospitis,  Guidone  de 

Tegula,  Natali  Stellan  et  aliis. 

J.  Bloez. 


(1)  Cart.  31,  f  60. 


BOJLLBTIN  DE  LA  COMIIISSION  DIOCiSAINB.  —  7*  aODée.  17 


—  250  — 
416. 


RÉCEPTION  D'ALAIN  PENQUELENNEC  (') 

—   12  Septembre  1884.   — 


Annp  DomiDi  M^  CCC^  nonagesimo  quarto  die  duode- 
cima  mensis  Septembris  fuit  Magister  Alanus  Penquel- 
lennec,  virtute  collacionis  ordinarie,  receptus  in  cano- 
nicum  et  in  fratrem  in  Capitulo  Corisopitensi,  fuitque 
locus  sibi  assignatus  in  eodem  et  idem  Magister  Alanus 
juravit  statuta  potissime  contentum  in  hoc  libro  ;  et  fuit 
mandatum  domino  J.  Turnerii  ibidem  presenti  ipsum 
Magistrum  Alanum  inter  alios  canonicos  impaginare  ad 
distribuciones  cetidianas  presentibus  in  dicto  Capitulo 
Magistris.  J.  de  Tegula,  0.  Hospitis,  J.  Corric,  J.  Muntone, 
G.  de  Tegula,  J.  dé  Tréanna,  indicione  secunda  domini 
démentis  pape  VII^  anno  deeimo  sexto. 

J.  DE  MiSPERIT. 


417. 

SERMENT  DE  GUILLAUME  TRÉ6AREC  <') 

-   2  Juillet  1886.   - 


Anno  M^'  CCC^  nonagesimo  quinto,  die  secunda  mensis 
Julii,  dominus  Guillermus  Tregarec  presbyter  juravit 
statuta  et  consuetudines  ecclesie  etCapituli  Corisopitensis 
exhibereque  reverenciam  canonicis  dicte  ecclesie  et  aliis 
ministris  (qui)  presunt  ecclesie. 

G.  Treouret  prefectus  presbyter.  Ita  est. 


(1)  Cari.  31,  f*  27. 
(3)  Cart.  31,  ^  63. 


—  251  — 
418. 


PRESTATION  DE  SERMENT  (<) 

~   18  Septembre  1396.   -- 


Ânno  Domini  M?  CCC^  nonagesimo  quinto,  die  xviii* 
mensis  Septembris,  hora  prime,  indicione  tercia,  Pontifi- 
catus  domini  Benedicti  pape  tercii  decimi  anno  primo, 
presentibus  ad  hoc  magistris  J.  de  Tegula,  0.  Hospitis, 
G.  de  Tegula,  J.  Corric  canonicis  Corisopitensibus,  J.  Mu- 
tonis,  N.  Estelian  curatis  predicte  ecclesie,  dominus 
Stephanus  Rousselli  et  Judicellus  Felestreuc  presbyter 
dixeruDt  io  Capilulo  quod  juraverunt  statuta  ecclesie 
Corisopitensis  et  dicta  dicti  presentibus  supra  dictis,  dicti 
Judicellus  et  Stephanus  juraverunt  et  cetera,  presentibus 
supra  dictis.  G.  Serrelagat. 


ALAIN  JESTIN  PRÊTE  SERMENT  (') 

-    6  Avril  1386.    - 


Ego  Alanus  Jestin  presbyter  juravi  statuta  ecclesie  Cori- 
sopitensis bene  fideliter  tenere  et  contra  ea  non  venire  in 
futurum,  die  sexta  Aprilis  anno  Domini  M<'  CCC<>  nonage- 
simo sexto.  Â.  Jestin.  Ita  est. 


420 

GUILLAUME  SOUTIER  PRÊTE  SERMENT  <') 

-    6  Mal  1396.    - 


Anno  Domini  M<»CCCononagesimosexto,hora  terciarum, 
die  sexta  mensis  Maii,  indicione  quarta,PontificatusBene- 

(1)  Cart.  31,  f  66. 

(2)  Cart.  31,  f^  63. 

(3)  U)id, 


-  2S2  - 

dicti  pape  decimi  tercii  anno  secundo,  presentibus  vene- 
rabilibus  viris  et  discretis  Magistris  Johanne  Corric,  G.  de 
Tegula,  Johanne  de  Treanna  canonicis  ecclesie  Corisopi- 
tensis,  Guidone  Serelagat  clericis,  Yvone  Robert!  et  aliis, 
discretus  vir  Guillermus  Soutier  et  juravit  statuta  ecclesie 
et  Capituli  Corisopitensis. 
Acta  in  Capitule,  etc.  J.  Bloez. 


AMENDE  POUR  CAPUCE  PORTÉ  SUR  LA  TÊTE 
PENDANT  LA  PROCESSION  <<> 

-    13  Mal  1896.  - 


Anno  Domini  Mo  CCC^  nonagesimo  sexto,  die  décima 
tercia  mensis  Mail  circa  horam  terciarum,  indictione 
quarta,Pontificatus  sanctissimi  in  Christo  patris  ac  domi- 
ni domini  Benedicti  divina  providencia  pappe  tercii  deci- 
mi anno  secundo,  presentibus  ad  hoc  Magistris  de  Hospi- 
tis,  A.  Penquelennec,  J.  Corric,  J.  de  Treanna,  G.  de 
Tegula  canonicis  Corisopitensibus,  J.  Mutonis,  H.  Merca- 
torii  et  aliis  in  Capitule  Corisopitensi  constitutis,  dominus 
Johannes  Penguen  presbyter  curatus  in  ecclesia  Coriso- 
pit^isi,  emendavit  de  xx  solidis  ad  ordinacionem  Capituli 
propter  quod  die  lune  ultimatum  dum  processio  fiebat  in 
rogacionibus  in  eundo  apud  Locum  Béate  Marie  et  quod 
ipse  dominus  Johannes  deflerebat  capucium  suum  super 
caput  et  quod  fuit  requisitus  de  amovendo  capucium 
suum  et  non  fecit  ideo  promisit  emendam  hujusmodi  ad 
ordinacionem  dicti  Capituli.  G.  Serrelagat. 

(1)  Cart  31,  ^  67. 


—  253  — 

422. 

EUDE  EUE  REÇU  MACICOT  PRÊTE  SERMENT  f') 

-  16  Juin  1886.  - 


Anno  Domini  Mo  CCCo  nonagesimo  sexto,  die  veneris 
post  festum  beati  Barnabe  apostoli,  presentibus  ad  hoc 
Magistri  Matheo  de  Keranguen,  Yvone  an  Fur  et  aliis  in 
Capitulo  Corisopitensi  ibidem  predicto,  una  cum  venera- 
biliter  viris  Magistris  Y.  Corric,  Alano  de  Penquelennec, 
J.  Treanna  fuit  receptus  Eudo  Elie  in  macicotum  chori 
S^i  Chorentini  qui  quidem  macicotus  juravit  tenere  et  in- 
violabiliter  observare  statuta  ecclesie  Corisopitensis  prout 
moris  est  in  talibus  fieri  consuetum. 

G.  Serrelagat. 


428 

'  AMENDE  POUR  INJURE  FAITE  A  UN  CHANOINE  ^) 

-  30  Juin  1896.  - 


Anno  quo  supra  (3)  die  veneris  post  octabas  Sancti  Sa- 
cramenti  presentibus  Magistris  Oliverio  Hospitis,  Alano 
Penquelennec,  J.  de  Treanna,  emendavit  dominus  Natalis 
Stellan  presbyter  vicarius  ecclesie  Corisopitensis  Capitulo 
Corisopitensi  ad  sui  ordinem  usque  ad  summam  xxv  soli- 
dorum  monete  currentis  rucione  quarumdam  injuriarum 
Magistri  Johannis  Corric  per  ipsum  Stellan  allatarum  in 
choro  S^i  Chorentini,  presentibus  supra  dictis. 

G.  Serrelagat. 


(1)  Cart.  31,  ^  67. 

(2)  Ibid. 

(3)  Id  est  :  1896. 


—1254  - 

424. 

RÉCEPTION  D'UN  MACICOT 


In  eodem  die  et  anno,  presentibus  predictis  Magistris 
canonicis,  fuit  receptus  in  Capitulo  Corisopitensi  pereos- 
dem  canonicos,  Oliverius  an  Canperenc  in  macicotum 
chori  S^i  Chorentini,  qui  quidem  macicotus  juravit  tenere 
statuta  ecclesie  S^^  Chorentini  prout  in  talibus  fieri  est 
consuetum  et  eciam  juravit  recedere  extra  chorum  quum 
recédèrent,  atque  facere  reverenciam  et  honorera  cano- 
nicis ecclesie  predicte  et  antiquioribus  ipso. 

G.  Serrelagat. 


425 

YVES  LE  DANTEC  CONDAMNÉ  A  L'AMENDE  (') 

-   11  Juillet  1386.   - 


Anno  quo  supra  (2)  Martis  post  octabas  festi  Apostolo- 
rum  Pétri  et  Pauli  in  Capitulo  Corisopitensi,  presentibus 
ad  hoc  Magistris  Oliverio  Hospitis,  Johanne  Corric,  Gui- 
done  de  Tegula,  Joh*anne  delreanna,  super  injuriis  illatis 
in  choro  S^^  Chorentini,  ex  parte  domini  Stephani  Rousselli 
presbyteri,  contra  dominum  Yvonem  an  Dantec  presby- 
terum,  fuit  ordinatum  in  dicto  Capitulo  quod  dictus  Ste- 
phanus  emendaret  et  emendavit  ad  ordinacionem  Capi- 
tuli  dicto  Capitulo  et  presbytero  predicto  in  summam 
decem  librarum  monete  currentis,medietatem  dicto  Capi- 
tulo et  residuum  dicto  presbytero,  ad  ordinacionem  pre- 
dicti  Capituli  et  hoc  ex  consensu  ipsius  domini  Stephani  ; 
et  cum  hoc  fuit  inhibitum  per  dictum  Capitulum  quod 
alter  alteri  non  foredicat  amodo,  sub  pena  decem  librarum 
predicte  monete.  Datum  ut  supra.         G.  Serrelagat. 

(1)  Cari.  31,  ^  67. 

(2)  Id  est  :  1396. 


-ass- 
ise. 

YVES  TOURNIER  ET  JEAN  ROUSER  PRÊTENT  SERMENT  <<) 

-   20  Juillet  1386.    - 


Anno  Domini,  Mo  CGG^  nonagesimo  sexto  die  xx*  men- 
sis  Julii  circa  horam  prime,  indicione  quarta  Pontiâcatus 
sanctissimi  in  Qbridto  patris  ac  domini  nostri  domini 
Benedicti  divina  providencia  pape  tercii  decimi  anno 
flfioiiiïdo  presentibus  ad  hoc  domino  Johanne  Mutonis 
an  Ballacon  et  domino  Johanne  an  Rou&er  juraverunt 
coram  venerabilibus  viris  Magistris  Oliviero  Hospitis, 
Johanne  Corric,  Alano  Penquelennec,  Guidone  de  Tegula 
et  Johanne  de  Treanna  canonicis  Corisopitensibus  dicti 
domini  Yvo  Tournerii  et  Johannes  Rouser  capeliani  ma- 
jores in  ecclesia  Gorisopitensi  juraverunt  statuta  ecclesie 
Gorisopitensis  in  dicto  Gapitulo  et  hoc  ad  sancta  Dei 
Evangelia,  facere  que  reverenciam  et  honorem  canonicis 
ecclesie  Gorisopitensis  et  statuta  hujusmodi  tenere... 
Observare  secundum  exigenciam  suorum  beneficiorum. 

Datum  ut  supra. 

G.  Serrelagat» 


ALAIN  DU  BOISGUEHENEUC  REQU  CHANOINE  (') 

—   81  Décembre  1886.   — 


Anno  Domini  M^  GGG^  nonagesimo  sexto ,  die  ultima 
mensis  Decembris  circa  horam  matutinarum,  in  ecclesia 
Gorisopitensi,  secundum  usum  et  computacionem  ecclesie 
Gallicane,  indicione  quinta,  Pontificatus  sanctissimi  in 
Ghristo  Patris  ac  domini  nostri  domini  Benedicti,  divina 
providencia,  pape  decimi  tercii  anno  tercio,  in  mea  notarii 

(1)  Cari.  81,  f  63. 
(9)  Cart.  81,  ^  S8. 


-  256  — 

presentis  et  testium  infrascriptorum  presencia  persona- 
liter  constitutus  venerabilis  vir  Magister  Alanus  de  Bosco 
guehenoci  licenciatus  in  utroque  jure,  officialis  modernus 
Corisopitensis,  fuit  receptus  in  canonicum  Corîsopitensem 
in  Capitulo  Corisopitensi,  et  fuit  sibi  locus  assignatus  in 
dicto  Capitulo  per  dominum  Natalem  Stelian  presby- 
terum  commissarium  quoad  hoc  deputatum  virtute  litte- 
rarum  ipsi  Magistro  Âlano  super  hoc  confectarum ,  in 
canonicatum  et  prebendam  nunc  vacantem  per  mortem 
nuper  defluncti  Magistri  Guidonis  de  Tegula  ultimi  eorum- 
dem  detentoris  ;  et  dicta  die  et  anno,  indictione  et  Ponti- 
ficatu  predictis,  idem  Magister  Alanus  supradictus  juravit 
statuta  ecclesie  Corisopitensis,  consuetudines  laudabiles 
et  venerabiles  tenere  et  observare  et  inutilia  ecclesie  Cori- 
sopitensis evitare  et  hoc  ad  Sancta  Dei  Evangelia  tacta  ab 
eodem  Magistro. 

Acta  fuerunt  hec  in  Capitulo  supradicto  Corisopitensi, 
inibi  more  solito  capitulante  pro  negocio  huiusmodi. 
Presentibus  ad  hoc  Magistro  Oliverio  Hospitis  canonico, 
domino  Hamone  Gallici,  domino  Johanne  Penguen  près- 
byieris,  Johanne  de  Kergus  clerico  et  pluribus  aliis  inibi 
testibus  ad  hoc  vocatis  et  juratis. 

G.  Serrelagat. 


428 

GUILLAUME  PLOE  REQU  CHANOINE  0) 

-    4  Mal  1397.    - 


Anno  Domini  M^  CCC<>  nonagesimo  septimo,  die  quarta 
Maii,  hora  magne  misse,  indictione  quinta,  Pontificatus 
domini  B.  pape  tercii  decimi,  anno  tercio,  presentibus 
Magistro  Gaufirido  Quvet...  christiano  Diherit  presbytero, 

(1)  Cart.  31,  f*  64. 


-^287  - 

domino  Hamone...  sigillifero  Corisopitensi ,  massicoto 
Kerdrein...  Capitulum  Corisopitense  capitulando,  rece- 
perunt  Guillermum  Thome  clericum  procuratorem  et 
nomine  procuratorio  Guillermi  Ploe  alias  clerici  impe- 
trantis...  in  canonicum  et  fratrem,  ac  possessionem  cano- 
nicatus  et  prébende  quos  nunc  deffunctus  Magister  de 
Tegula...  de  Bosco  Guehenoci  obtinere  solebat  in  ecclesia 
Corisopitensi,  salvo  jure  cuiuslibet  et  iuravit  dictus  pro- 
curator  statuta  et  laudabiles  consuetudines,  ut  moris  est, 
et  postmodum  venerabilis  vir  Magister  H.  Sulguen  assi- 
gnavit  dicto  procuratori  locum  in  Capitulo. 
Âcta  fuerunt  bec  in  dicto  Capitulo. 

A.  SCAHUNEG. 


429. 

EMPRUNTS  DE  LIVRES  <') 

-    B  Juin  1387.   - 


Tempore  mei  Rioci,  recepit  Turnerius  unum  collecta- 
rium  quod  erat  domini  Alani  episcopi,  copertum  de  albo 
et  sunt  septem  folia  sine  scriptura,  in  predicto  anno  sep- 
tuagesimo  secundo. 

Restituit  in  Capitulo.  R. 

Riocus  de  Lestuban  babet  pênes  se  duas  partes  brevia- 
rii  cum  corio  albo,  una  pars  incipit  :  Oloria  TrinittM. 

Magister  Herveus  Sulguen  babet  pênes  se  moralia  Beati 
Gregorii  super  Job,  in  duobus  voluminibus  cum  asseribus 
ligatis,  die  martis  post  Ascensionem  Domini  anno  M^  CGC® 
nonagesimo  septimo. 

Item  babet  librum  théologie  incipientem  in  secundo 
folio  :  Manaehi  et  penultimo  Angéli. 

(1)  Cart.  31,  f  72. 


—  ass- 
oie martis  post  Penthecostes,  Ego  Riocus  portavi  de 
Capitulo  unam  partem  breviarii  cum  postibus  et  corio 
albo  et  incipit  :  Gloria  Wn  lMiMxn,'ti%!m{,  :  Sécvlorum. 

Item  ego  Riocus  de  Lestuhan  portavi  de  Capitulo  unum 
missale  parvum  quod  fuit  domini  Alani  le  Gall  et  sunt 
octo  folia... 


430. 

SIMON  6AN6UER  PRÊTE  SERMENT  PERSONNELLEMENT  (') 

-  30  Juillet  1897.  - 


Anno  Domini  M^  CCQfi  nonagesimo  septimo,  die  penul- 
tima  mensis  Julii,  hora  terciarum,  indictione  quinta, 
Pontificatus  Benedicti  pape  decimi  tercii  anno  tercio, 
presentibus  Magistris  Herveo  Sulguen,  0.  Hospitis,  Jo- 
hanne  Corric,  Johanne  Treanna  et  aliis,  venerabilis  et 
diacretus  vir  Symon  Ganguer  canonicus  Corisopitensis 
Juravit  in  propria  persona  statuta,  observancias  et  lauda- 
biles  consuetudines  ecclesie  et  Capituli  Corisopitensis. 

Acta  in  dicto  Capitulo  ut  supra.  J.  Bloez. 


431. 

SERMENT  DE  JEAN  LE  GUELLEC,  CHANOINE  w 

—  28  Août  1897.  - 


Anno  Domini  M^  CCQfi  nonagesimo  septimo  die  mercu- 
rii  in  festo  decollacionis  Beati  Johannis  Baptiste  videlicet 
XXIX*  mensis  Augusti  circa  horam  terciarum  dicte  diei, 


(1)  Cari.  81,  f^  31. 

(2)  Gart.  81,  f  44. 


bore  capitularis  in  Capitulo  ecclesie  Corlsopitensis  Ponii- 
ficatus  sanctissimi  in  Ctiristo  patris  domini  Benedicti 
divina  providencia  pape  tercii  decimi  anno  tercio  et  indic- 
tione  quinta,  venerabilis  et  discretus  vir  Magister  Johan- 
nés  Perfecti  (1)  canonicus  ecclesie  Corisopitensis ,  alias 
admissus  per  procuratorem  suum  in  canonicum  et  ad 
distribuciones  dicte  ecclesie,  juravit  statuta,  observancias 
et  consuetudines  ac  libertates  laudabiles  dicte  ecclesie 
ut  est  moris,  presentibus  in  Capitulo  predicto  tune  vene- 
rabilibus  et  discrjBtis  viris  Magistris  Herveo  Sulguen, 
Johanne  Corric  et  Âlano  de  Penquelennec  canonicis  dicte 
ecclesie  capitulantibus  nec  non  et  Natali  Stellan  et  Jo- 
hanne Mutonis  curatis  ecclesie  predicte  testibus  ad  pre- 
missa  vocatis. 

A.   RUNBRAN, 


482 

PIERRE  DU  MAS  REQU  CHANOINE  (') 

-   8  Mal  1398.   ~ 


Anno  Domini  Mo  CCC^  nonagesimo  octavo,  die  octava 
mensis  Maii,  statim  post  horam  complectorii,  indictione 
quinta,  Pontificatus  domini  Benedicti  pape  decimi  tercii 
anno  quarto,  presentibus  venerabilibus  viris  Magistro 
Johanne  Primogeniti  (3)  oiBcialis  Corisopitensis,  dominis 
Hamone  Gallici  sigillifero  curie  Corisopitensis,  Guillermo 
de  Cagia  et  pluribus  venerabilibus  viris  aliis,  Capitulum 
Corisopitense  capitulantes  receperunt  dominum  Johan- 
nem  Mutonis  presbyterum  procurato'rem  et  procuratorio 
nomine  Magistri  Pétri  du  Mas  canonici  Corisopitensis  in 


(1)  Traductioo  du  mot  breton  Guellee. 

(2)  Ctrt.  81,  t"  27. 

(3)  TradactioQ  da  breton  le  Eénaff. 


—  260  - 

cânoniciim  et  fratrem  dicte  ecclesie,  salvo  jure  cujuslibet, 
et  Magister  Guillermus  Marhec  canonicus  dicte  ecelesie 
assignavit  sibi,  nomine  quo  supra,  stallum  in  choro  et 
locuiD  in  Capitule. 
Acta  fuerunt  in  choro  et  Capitulo  predictis. 

A.  SCAHUNEG. 

(Â  suivre.) 


-  261  - 


CORRESPONDANCE 

Dl 

I.  TRËHOT  de  GIBRIOIT,  lalre  do  Pont-Croii  (1791). 

(Suite.) 


c  18  Avril. 

«  Je  suis  allé  à  Taudience  pour  entendre  le  jugement  de 
Tabbé  Rochedreux  (1),  vicaire  de  Mahalon  à  Guilair,  qui, 
au  mois  de  Janvier,  recevant  le  décret  sur  la  Constitution 
civile  du  Clergé  et  en  en  donnant  lecture  au  prône  et  Tex- 
pliquant,  dit  qu'il  ne  croyait  pas  qu*il  fût  permis  de  ven- 
dre et  d'acquérir  les  biens  du  clergé  ;  que  cela  était 
défendu  par  les  conciles,  sous  peine  d'anathème  et  d'ex- 
communication ;  qu'il  se  croyait  obligé  d'avertir  tous  ceux 
qui  en  achèteront,  de  ne  point  s'adresser  à  lui  en  confes- 
sion, sains  ou'malades,  parce  qu'il  ne  les  absoudrait  pas, 
à  moins  de  restitution,  ou  de  volonté  déclarée  de  restituer 
en  cas  d'impuissance,  et  qu'il  assurait  qu'aucun  prêtre  ne 
pouvait  pas  plus  les  absoudre  que  lui  ;  que  d'ailleurs  les 
choses  pouvaient  revenir  dans  leur  ancien  état  et  qu'il  ne 
conseillait  à  personne  de  s'exposer  à  perdre  son  argent 
dans  ces  acquisitions. 

(1)  René  RocbedreuXy  prôlre  de  CoDcaroeau»  séjourna  quatre  ans  à 
La  Rochelle  à  son  retour  de  Pezil,  puis  devint  succesaivement  instituteur 
à  PoDt-i'Abbé,  à  Pont-Croix,  à  Meylars,  recteur  de  Névei  et  de  i'Ue  Tudy, 
où  il  mourut»  en  1837. 


\ 


—  262  — 

«  On  parle,  et  il  avoue  deux  prônes  sur  cette  matière.  Il 
fut  justifié  de  Taccusation  portée  contre  lui  d'avoir  laissé 
mourir  un  de  ces  acquéreurs  de  biens  ecclésiastiques,  sans 
confession  et  sans  sacrements,  en  disant  qu'il  ignorait  que 
cet  homme  fût  malade,  lorsqu'un  dimanche,  il  avertit  son 
peuple  qu'il  était  obligé  de  s'absenter  toute  la  semaine  et 
qu'il  priait  ceux  qui  auraient  besoin  de  secours,  pendant 
ce  temps,  d'appeler  le  vicaire  de  Mahalon  ou  celui  de  Lan- 
dudec,  voisins  qu'il  en  avait  prévenu  ;  que  cet  homme 
était  mort  le  vendredi  suivant,  pendant  son  absence  et  que, 
quand  il  eût  été  chez  lui,  cet  homme  serait  mort  dans  le 
même  état,  puisqu'on  ne  vint  réclamer  de  secours,  qu'au 
moment  où  le  malade  était  tellement  mourant,  que  son 
confrère  de  Mahalon  le  trouva  mort. 

«  Sentence  donc  hier  qui  condamne  le  dit  Rochedreux 
à  venir  à  la  barre  du  Tribunal,  pour  y  être  admonesté  et 
le  condamne,  en  outre,  à  être  privé  de  tout  traitement  pen- 
dant six  mois  et  le  suspend,  pendant  ce  temps,  de  toute 
fonction. 

a  Sur  la  motion  de  Botzey,  à  la  dernière  assemblée  élec- 
torale, le  Directoire  du  District  se  propose  de  faire  vider 
les  presbytères  des  recteurs  remplacés,  de  tous  meubles  et 
même  de  personnes,  de  manière  que  les  remplaçants  et 
les  remplacés  ne  soient  pas  dans  le  cas  de  s'envisager.  Ce 
devait  être  aujourd'hui  et  demain,  mais  je  ne  vois  pas 
beaucoup  d'apparence  à  cela  ;  peut-être,  le  Directoire  ne 
se  croit-il  pas  fondé  à  cet  acte  d'autorité,  et,  au  fond,  je 
ne  le  crois  pas,  car  je  ne  vois  aucun  décret  qui  indique  le 
mode  du  remplacement,  ou  plus  tôt,  la  manière  d'expul- 
ser les  anciens. 

«  L'imposition  foncière  affecte  beaucoup  les  paysans 
d'ici  et  j'en  suis  fort  étonné,  car  c'est  le  pays  de  la  Douceur 
et  de  la  Paix. 


—  263  — 

((  Notre  jardin  sera  joli  et  promet  quant  aux  fleurs  et 
aussi  quant  aux  fruits  »  (1). 

c  18  Avril. 

«  Nous  sommes  tout  en  l*air  ici  et  dans  cette  ville. 
L'abbé  Expilly  vient  demain  mardi,  c'est  ici  qu'il  dtnera. 
Comme  il  avait  annoncé  son  arrivée  à  nos  religieuses,  elles 
nous  en  ont  fait  part,  et  nous  nous  sommes  tenus  sur  nos 
gardes  :  nous  avons  tout  ce  qu'il  nous  faut  en  poisson, 
légumes,  dessert.  Nous  avons  pour  convives  :  les  mem- 
bres du  District,  deux  des  Juges,  deux  Municipaux,  deux 
Notables,  trois  de  la  Milice  ;  au  total  :  vingt-sept  person- 
nes. Nous  dtnons  dans  mon  cabinet  qui  est  beau  et  vaste. 
On  dit  qu'il  s'en  retourne  le  même  soir  ;  j'aurais  bien 
désiré  qu'il  fût  resté  au  moins  un  soir,  pour  que  nous 
eussions  pu  causer  plus  librement  que  nous  ne  le  ferons 
avec  toute  cette  compagnie. 

«  Cy-joint  les  conclusions  du  commissaire  du  Roi  con- 
tre le  prêtre  Rochedreux,  et  la  sentence  rendue  sur  y  cel- 
les. Le  jugement  est  un  peu  trop  rigoureux  pour  un  aussi 
vieux  péché  qui  date  de  Décembre  dernier  et  de  Janvier, 
qui  n'a  produit  aucun  effet  fâcheux  et  qui  n'a  été  commis 
que  par  l'impulsion  d'un  forcené  de  Recteur  de  qui  il 
dépendait. 

(1)  Ea  Août,  Roae  écrit  à  son  frère  :  c  II  faut  que  tu  te  dépêches  de 
venir  maDger  des  abricots  de  ton  jardin  de  la  grève  :  nous  en  avons 
autant  que  de  feuilles.  Nous  avons  ici  un  jeune  homme  pour  recevoir  des 
soins  ;  Tautre  jour,  il  voulut  voler  de  nos  abricots  par  le  magasin.  Tu 
sais  qu'il  y  a  aux  fenêtres  des  barres  de  fer,  il  passa  entre  ces  barres, 
mais  il  y  laissa  sa  chemise  et  un  morceau  de  son  ventre.  Il  vint  après 
m'apporter  des  abricots,  mais  il  ne  croyait  pas  me  faire  un  cadeau  à  mes 
dépens,  car  il  ne  savait  pas  que  le  jardin  était  à  nous.  Nous  aurons  beau- 
coup de  raisin  dans  nos  nouvelles  vignes  ;  de  la  fenêtre  de  ma  chambre, 
j'en  pourrai  manger,  si  je  suis  ici.  »  Rose  avait  épousé  M.  de  Kergadio, 
qui  vient  à  Pont-Croix  c  tant  qu'il  peut,  mais  non  pas  tant  qu'il  veut  >. 
U  lui  tardait  de  rejoindre  son  mari,  subdélégué  de  ChAteaulin. 


—  264  — 

((  Il  n*7  a  pas  un  avocat  qui  vaille  ici,  ils  sont  ignares, 
sans  délicatesse  et  sans  conduite  de  même  qu'à  Quimper. 
On  a  voulu  réduire  les  procès,  et  il  s'en  fait  plus  que 
jamais  ;  les  émoluments  des  avoués  sont  de  beaucoup 
réduits,  mais  ils  en  sont  dédommagés  par  la  multitude.  » 


c  21  AvrU. 

((  M.  Expilly  vint  lundi  à  Pont-Croix,  il  s'en  retourna  le 
même  jour,  assez  tard  pour  n'arriver  qu'à  onze  heures  du 
soir  chez  lui.  Instruits  de  son  arrivée,  nous  nous  attachâ- 
mes à  lui  faire  tous  les  honneurs  qu'il  nous  était  possible. 
Nous  mîmes  la  milice  nationale  sous  les  armes,  tous  les 
corps  se  réunirent,  et  nous  allâmes  à  sa  rencontre  jusqu'à 
((  Leur-Bilard  »  et  pas  plus  loin,  pour  ne  pas  lui  donner 
trop  à  marcher.  Il  était  plus  de  midi  quand  il  nous  joi- 
gnit. Nous  nous  rendîmes  tout  de  suite  à  l'église  où  il 
donna  la  bénédiction  et  où  nous  chantâmes  un  Te  Deum. 
De  là,  nous  vînmes  mettre  le  feu  à  un  cent  de  fagots  et 
nous  nous  rendîmes  chez  nous.  Ta  maman  et  ta  sœur  vin- 
rent au  devant  de  lui,  jusqu'au  seuil  de  la  porte  ;  il  prit 
la  première  par  la  main  et  ils  n'étaient  pas  rendus  à  la 
salle  qu'ils  étaient  déjà  de  connaissance  :  il  a  un  vrai  talent 
pour  mettre  le  monde  à  son  aise.  Le  dîné  fut  servi,  il 
était  beau  et  le  dessert  le  fut  encore  plus.  Ce  qu'il  y  a  de 
charmant,  c'est  que  c'est  le  District  qui  compte  avoir 
traité  en  nous  remboursant  nos  dépenses,  ce  que  nous 
n'accepterons  pas  certainement  ;  elle  était  faite  et  desti- 
née pour  ce  à  quoi  elle  a  été  employée,  enfin  on  doit  venir 
aujourd'hui  ou  demain  nous  faire  cette  belle  offre  1 

((  L'Evéque  paraît  être  sincèrement  ton  ami,  il  le  prône 
partout  ;  il  dit  de  toi  tant  de  bien  que  je  le  crois  menteur  ; 
il  t'a,  dit-il,  toutes  les  obligations  du  monde  du  vif  inté- 


—  268  — 

rêt  que  tu  as  pris  à  son  exaltation  :  Tu  es,  dit-il,  la  princi- 
pale cause,  par  tes  instances,  qu'il  ait  accepté  cet  évéché, 
et  je  crois  foncièrement  que,  si  cela  est,  tu  as  rendu  ser- 
vice à  ta  patrie  en  lui  procurant  un  pasteur  qui  est  tout 
honnête  et,  je  crois,  très  conciliant.  Il  était  à  dîné  entre  ta 
maman  et  moi,  il  n'y  eut  de  conversation  qu'entre  eux 
deux  et  tu  t'imagines  bien  que  tu  en  fus  le  principal  objet. 
«  Nous  fûmes  au  couvent  ensuite.  Je  le  laissai  seul  avec 
la  Supérieure  et  sœur  Thérèse  ;  je  savais  qu'elles  avaient 
des  afiaires  de  conséquence  avec  lui,  dont  j'ai  connais- 
sance et  je  fus  me  promener  avec  les  autres  religieuses, 
jusqu'à  ce  qu'il  reparut.  Il  m'aborda  et  me  dit  qu'il  était 
tout  à  fait  satisfait  de  ces  Dames.  Comme  je  remarquai 
qu'elles  avaient  négligé  de  lui  faire  voir  ce  qui  pourrait 
ajouter  à  l'intérêt  qu'il  prenait  en  elles,  je  le  conduisis  au 
nouveau  pensionnat  qu'elles  ont  fait,  qui  est  charmant 
pour  la  propreté  et  l'ordre  ;  c'est  un  petit  bijou  dont  il  fut 
surpris  et  enchanté  :  il  y  a  douze  lits  dans  chaque  cham- 
bre, arrangés  avec  beaucoup  de  goût  et  de  ménagement. 
En  redescendant,  j'ouvris  une  porte  :  ce  fut  un  nouveau 
spectacle  pour  lui  :  vingt-cinq  jeunes  pensionnaires  qui 
étaient  à  souper,  auxquelles  cette  apparition  subite  du 
prélat  fit  monter  les  couleurs.  Quoiqu'on  ne  s'attendît  pas 
à  notre  entrée  en  ce  lieu,  tout  y  était  blanc,  propre  et  bien 
ordonné.  Tout  cela  acheva  de  lui  donner  tout  l'intérêt  pos- 
sible pour  cette  maison.  Il  invita  ses  habitants  à  la  joie  et 
à  égayer  leur  solitude  par  toutes  les  récréations  qu'on 
avait  eu  la  dureté  de  leur  interdire  précédemment,  com- 
me d'élever  des  oiseaux,  de  cultiver  des  fleurs,  chacune 
chez  elle,  et  d'abandonner  le  ton  nazillard  du  chœur,  d'y 
substituer  le  plain-chant,  même  la  musique,  si  elles  veu- 
lent. Il  leur  dit  de  faire  entrer  ta  maman  quand  elles  vou- 
draient, et,  à  elle,  il  lui  dit  à  son  retour  d'y  aller  quand 
cela  lui  ferait  plaisir.  Il  a  laissé  toutes  ces  pauvres  filles 

Bulletin  de  la  Commission  diocésaine.  —  7*  année.  18 


—  266  — 

dans  le  plus  grand  enchantement.  Tout  le  monde  en  a  été 
satisfait  et  il  est  parti  aussi  très  satisfait  de  tout  le  monde. 
II  a  promis  à  l'avenir  de  prendre  son  logement  chez  nous. 
Il  veut  absolument  ^administrer  le  grand  Sacrement, 
quand  tu  le  voudras  et  quelque  part  où  tu  te  maries. 
Enfin,  il  fallut  se  quitter  et  je  crois  qu*il  s'accoutumait 
bien  avec  nous.  Notre  noblesse  ne  parut  point  :  «  Mignon 
Coz  ))  s'en  fut  àLescongar  (1)  ;  Plouhinec  s'absenta  aussi, 
je  crois  qu'il  fut  à  Trévien. 

«  Le  remplacement  et  le  déplacement  des  Recteurs  se 
sont  passés  fort  tranquillement.  Il  n'y  a  que  le  Recteur  de 
Mahalon  qui  tient  bon.  On  a  nommé  deux  sujets  de  suite 
qui  ont  d'abord  accepté  et  qui  ensuite  ont  remercié.  Le 
Recteur  de  Landudec  n'entend  point  quitter  non  plus  ;  il 
a  acheté  une  tenue  dans  son  bourg  où  il  va  se  loger,  et 
celui  qui  doit  le  remplacer  n'ose  prendre  possession. 

((  M.  de  Gourcufl,  M.  de  Cheflontaine,  M.  Kerléan  sont 
tous  passés  en  Angleterre.  Madame  de  Gourcufiyestallée 
aussi.  Us  s'attendent  à  une  contre-Révolution  ou  plutôt  à 
une  guerre  civile  dont  ils  craignent  d'être  des  victimes,  ce 
qui  pourrait  bien  être,  ainsi  que  tous  les  nobles,  s'il  y 
avait  lieu  de  craindre  ce  fléau.  Mais  je  réponds  bien  que 
s'il  y  en  a  une,  ce  ne  sera  pas  dans  ce  pays-ci.  Nos  Rec- 
teurs déplacés  s'attendaient  à  être  secourus  de  leurs 
paroissiens,  mais  aucun  d'eux  ne  fait  semblant  de  ces 
changements.  Nos  vingt-sept  paroisses  du  District  en 
seront  réduites  à  quatorze,  dit-on,  et  personne  n'en  mur- 
murera. 

«  Le  Séminaire  de  Quimper  est  remplacé.  Si  je  ne  t'ai 
marqué  par  qui,  c'est  par  un  abbé  Coz,  recteur  de  Châ- 
teaulin,  l'abbé  Ollitrault,  l'abbé  Sérandour  et  un  autre  : 
ils  sont  actuellement  en  activité. 

(1)  Le  €  vieil  ami  *  n'était  autre  que  H.  de  Rospiec,  père,  châtelain  de 
Trévien.  —  Lescongar  appartenait  aux  de  la  Porte  Vézins. 


—  267  — 

«  La  Retraite  des  Dames  réformée  aussi  :  elle  sera  com- 
posée de  bourgeoises.  M^^*  Debon,  sœur  de  M^»®  du  Reste, 
en  est  une.  J'ai  entendu  nommer  les  autres,  mais  je  ne  Aie 
rappelle  pas  ;  ce  qui  me  paraît,  c'est  que  le  choix  est  bon. 

«  Les  Capucins  de  Quimper  n'ont  point  voulu  habiter  la 
maison  d'Audierne,  ils  se  sont  tous  dispersés. 

((  Les  Hospitalières  ne  veulent  pas  quitter  leur  maison  ; 
elles  ont  persif&é  TEvéque,  quand  il  a  été  leur  faire  visite, 
et  l'ont  goguenarde  comme  un  petit  garçon.  On  veut  les 
faire  aller  habiter  la  capucinière  de  Quimper  ;  elles  ne  le 
veulent  pas.  Je  crois  qu'en  cela  elles  n'ont  point  tort  :  l'air 
y  est  trop  vif  pour  des  convalescents  et  des  malades  affec- 
tés par  la  poitrine.  D'ailleurs  il  leur  manque  de  l'eau  dont 
elles  ont  continuellement  besoin  ;  elles  seraient  mieux  à 
Kerlot. 

«  M.  l'Evêque  fait  démasquer  le  chœur  de  Saint-Corentin  ; 
il  y  a  fait  apporter  la  belle  grille  qui  fermait  le  chœur  de 
Kerlot  ;  il  ferait  bien  d'en  faire  autant  tout  autour  de  ce 
chœur  :  cela  viendra  vraisemblablement  avec  le  temps.  » 

a  24  Avril. 

((  Vous  avez  donc  eu  encore  du  grabuge  à  Paris,  il  est 
fort  heureux  que  cela  se  soit  apaisé  de  cette  manière  et 
que  le  Roi  ait  eu  la  prudence  de  ne  pas  insister  sur  son 
voyage  dès  qu'il  aperçut  le  danger.  Mais  ce  ne  sera  pas  le 
dernier  que  vous  aurez. 

((  Le  Recteur  de  Primelin  est  allé  en  quittant  le  pres- 
bytère se  loger  à  Lézurec  avec  l'agrément  de  Madame  (elle 
demeure  à  Quimper)  ;  celle-ci  aussitôt  a  reçu  une  lettre 
anonyme  par  laquelle  on  l'invitait  à  renvoyer  son  hôte  si 
elle  voulait  ne  pas  avoir  la  disgrâce  de  voir  démolir  son 
château.  Elle  a  eu  peur  et  a  écrit  au  Recteur  de  quitter  au 


—  268  — 

plus  tôt  sa  maison  et  de  chercher  gîte  ailleurs.  Le  Recteur 
est  venu  dénoncer  cette  lettre  à  Taccusaleur  public  qui 
m*a  conseillé  sur  ce  qu'il  pouvait  faire  :  Rien  vraiment  ; 
mais  j'ai  conseillé  à  M.  le  Recteur,  qui  était  présent,  de 
quitter  totalement  la  paroisse  de  Primelin.  Il  a  répondu 
qu'il  n'en  ferait  rien.  Je  lui  détaillais  tous  les  griefs  qu'on 
avait  contre  lui,  comme  celui  de  célébrer  la  messe  dans  la 
chapelle  de  Lézurec,  interdite  de  droit,  d'y  confesser,  d'y 
donner  la  Pâque.  Il  est  convenu  de  tout  cela.  Il  avait 
gardé  les  clefs  de  la  chapelle  de  Saint-Ugen  où  il  exerçait 
les  fonctions  curiales  :  il  en  convint  encore.  Le  District 
eut  vent  de  tout  cela,  et  samedi  matin,  il  se  transporta  à 
Saint-Ugen  où  réellement  il  le  trouva  à  officier.  Les  mem- 
bres du  District  qui  y  étaient  allés  le  laissèrent  faire  ; 
mais  quand  il  eut  fini,  il  s'emparèrent  de  toutes  les  clefs, 
mirent  les  scellés  sur  toutes  les  armoires  où  ils  avaient 
renfermé  les  vases,  passèrent  le  Recteur  dehors,  firent 
patficher  et  cadenasser  toutes  les  portes.  De  là  ils  furent 
à  Lézurec  où  ils  firent  à  la  chapelle  tout  ce  qu'ils  avaient 
fait  à  Saint-Ugen  ;  Idem  à  une  chapelle  nommée  Saint- 
Théodore,  et  s'en  revinrent.  Ils  rendirent  la  Municipalité 
reponsable  de  toute  fraction  des  scellés,  patte  fiches,  cade- 
nas et  de  tout  événement. 

))  Ils  seront  obligés  d'en  faire  autant  à  la  Trinité,  en 
Plozévet,  où  les  prêtres  ayant  abandonné  le  nouveau  Rec- 
teur, qui  ne  remplace  pourtant  qu'un  mort,  vont  faire 
l'office.  En  sorte  que  ce  nouveau  Recteur,  oncle  de  l'abbé 
Quillivic,  a  été  obligé  d'appeler  ce  dernier  pour  l'aider* 
Cela  nous  dérange  ici,  le  recteur  Billon  étant  malade  au 
lit;  nous  sommes  réduits  à  deux  prêtres  dont  l'un  est 
aussi  malade,  c'est  Plouhinec;  en  conséquence,  nous 
n'avons  point  de  messe  du  matin,  c'est  celle  du  couvent 
qui  y  supplée.  )) 


-  269  - 

c  29  Avril. 

((  Hier,  notre  Evéque  fut  d'une  fête  très  belle  à  Douar- 
nenez  ;  il  avait  été  invité  à  venir  faire  la  bénédiction  d'un 
drapeau  ;  il  y  vint  en  effet.  Tu  te  figures  bien  que  rien 
n'avait  été  ménagé  pour  rendre  la  fête  plus  belle  ;  ils  ont 
des  moyens  à  Douarnenez  que  nous  n'avons  pas  ici. 
D'ailleurs,  belle  et  nombreuse  jeunesse  bourgeoise.  Il  fit 
un  petit  discours  français  analogue  à  l'objet  de  la  fête.  Il 
le  répéta  en  breton.  Les  paysans  et  artisans,  qui  ne  sont 
point  habitués  qu'un  évéque  leur  parle  et  leur  parle  en 
leur  idiome,  sont  tous  ravis  et  le  regardent  comme  un 
ange.  Cela  contribue  beaucoup  à  lui  gagner  tout  le  monde 
de  toutes  les  classes.  On  dit  que  l'objet  de  l'Evéque  en 
venant  à  Douarnenez  n'était  pas  tant  celui  de  la  bénédic- 
tion du  drapeau  que  l'envie  de  couper  le  col  à  un  procès 
qui  va  s'élever  entre  les  habitants  associés  dans  l'achat 
d'un  chargement  de  tabac  avarié  (1).  Ce  procès-là  n'est 
pas  fort  aisé  à  arranger.  » 


(1)  Un  navire  anglo-américain  chargé  de  tabac,  arraché  du  port  de 
Douarnenez  par  la  tempête,  vint  échouer  sur  la  grôve  du  Ria  où  il  fut 
assailli  par  les  paysans,  malgré  l'intervention  de  la  garde  nationale. 


(A  suivre.) 


-  270 


SDR   LB8 


PAROISSES  DU  DIOCÈSE  DE  QUMPËR  ET  DE  LÉON 

Par  MM.  PETRON  et  ABGRALL. 

•  « 

(Suite) 


DOUARNENEZ 

(Saile.) 


Voici  la  traduction  de  Tacte  de  donation  du  prieuré  de 
nie  Tutuarn  au  monastère  de  Marmoutiers  : 

«  Au  nom  de  la  Souveraine  et  indivisible  Trinité  le  Père 
et  le  Fils  et  le  Saint-Esprit, 

«  Moi  Robert,  par  la  grâce  de  Dieu  évêque  de  Quim- 
per,  me  souvenant  fréquemment  que  les  plaisirs  du  siècle 
que  nous  recherchons  avec  tant  d^ardeur  mais  non  sans 
péril,  peuvent  se  racheter  par  les  bonnes  œuvres  et  par 
l'aumône,  selon  ces  maximes  :  que  donner  l'aumône  c'est 
assurer  la  pureté  du  cœur  ;  que  comme  l'eau  éteint  le  feu 
ainsi  l'aumône  eilace  le  péché;  que  nous  devons  honorer 
Dieu  de  notre  substance;  sur  le  conseil  et  avec  l'assentiment 
de  tout  mon  Chapitre,  j'ai  résolu  de  donner  aux  religieux 
de  Marmoutiers  un  certain  fief  m'appartenant  à  savoir  l'île 
de  saintTutuarnévéque  et  ma  propre  maison  qui  en  breton 


-  271  - 

s'appelle  Hamoth,  avec  tous  ses  revenus  et  appartenances 
pour  les  posséder  librement  et  sans  trouble  à  perpétuité. 

((  En  conséquence,  Tan  de  Flncarnation  1118,  indiction 
onzième,  afin  d'accomplir  ce  que  j*avais  résolu,  je  me  suis 
transporté  à  Marmoutiers  et  en  présence  de  tout  le  Cha- 
pitre, j*ai  remis  entre  les  mains  de  dom  Guillaume,  abbé, 
la  donation  de  tout  ce  que  dessus. 

«  Voici  donc  ce  que  du  consentement  de  tout  mon 
clergé,  de  Conan,  duc  des  Bretons,  et  de  tous  les  barons 
de  Cornouailles,  pour  le  salut  de  mon  ftme,  celui  de  mes 
prédécesseurs  et  de  mes  successeurs,  j'ai  donné  et  concédé 
à  perpétuité  aux  moines  de  Marmoutiers,  savoir  : 

«  L'église  de  Saint-Tutuarn  avec  tous  ses  revenus  et 
dépendances  et  Hamoth  comme  il  est  dit  ci-dessus  : 

«  Deux  tiers  de  la  dime  de  la  peupla^le  de  Saint-Ergat 
qui  s'appelle  en  breton  Plodergat  ; 

«  Un  tiers  du  droit  de  sépulture  de  cette  paroisse  ; 

«  Le  tiers  des  oblations  aux  jours  du  Vendredi-Saint,  du 
dimanche  de  la  Passion  et  à  la  première  messe  de  Noël  ; 

«  Deux  tiers  des  dimes  de  Saint-Tuoc  ; 

((  Deux  tiers  des  dimes  de  Saint-Tuian  (1)  avec  deux 
tiers  du  droit  d'étole  de  ladite  chapelle  ; 

«  Deux  tiers  de  la  dime  de  Treflac  (2)  ; 

((  Deux  tiers  de  Villachaux  (3),  de  villa  Chodoem  et  de 
Lanfiat  (4)  et  de  Landuguan. 

((  Trois  ans  plus  tard  (5)  j'ajoutais  à  ces  donations  les 
deux  tiers  de  la  dime  de  Trefdujan  (6)  et  des  oblations  de 


(1)  Saiot-Thugen,  en  Primelio. 
(3)  Treflas,  en  Beuzec-Cap-Sizun. 

(3)  Kerargan  ? 

(4)  Lanfiat,  en  Mahalon,  ainsi  qae  Landagen. 

(5)  1131. 

(6)  Oq  pourrait  y  reconnaître  dans  Trefdujan  la  terre  de  Teturien  ou 
Tretarien,  en  PJoudergat,  dont  il  est  question  dans  un  acte  de  1354,  en 
observant  qu'au  Cartulaire  de  Quimperlé,  la  paroisse  de  S^-Tujani  devient 
la  paroisse  de  Saint-Tourchan,  puis  de  Saint-Thurieo. 


—  212  — 

cette  église,  donation  que  j'ai  faite  au  temps  de  dom  Au- 
goumar  et  que  j'ai  remise  entre  ses  mains  devant  plusieurs 
témoins. 

«  Pour  ratifier  cette  donation  à  jamais,  nous  avons  pris 
soin  de  confirmer  ces  présentes  lettres  de  notre  sceau  et 
de  la  subscription  des  noms  des  chanoines  qui  consentent 
à  ce  don  fait  à  Marmoutiers. 

((  Gauthier  Morguethn,  Robert  Milo,  Raoul  Judicahel, 
Daniel,  Pierre,  Geoffroy  Madiou  et  Salomon,  son  frère, 
tous  chanoines  et  témoins  ;  Audroen  et  Guethenoc,  moines 
S^-Martin,  Josne  et  Hilispou,  Jedecoêl,  Dungual  Halain 
qui  a  écrit  la  présente  charte  de  donation,  Guarin,  Der- 
guethen  et  beaucoup  d'autres. 

«  Et  moi,  Robert,  évéque  de  Quimper,  par  la  présente 
charte  revêtue  de  mon  sceau  j'ai  prescrit  de  noter  que  si 
dans  les  donations  qui  précèdent,  particulièrement  pour 
ce  qui  regarde  la  perpétuité,  j'ai  pu  sembler  outrepasser 
mon  droit  épiscopal,  comme  également  si  dans  mon 
Ëvéché  les  religieuses  ont  pu  faire  quelqu'acquisition,  je 
déclare  l'avoir  concédé  en  vertu  de  mon  autorité  épisco- 
pale  et  j'ordonne  qu'il  en  soit  ainsi  à  jamais. 

«  Les  témoins  de  ce  sont  : 

«  Israël,  archidiacre  ;  Chrestien,  ermite  ;  Hervé,  clerc  ; 
Kenmarhoc,  clerc  ;  Budhoret  ;  des  religieux  ;  Gefroy,  de 
Nantes  ;  Garnier,  notaire  ;  Donoaldus  Breton. 

«  Donné  l'an  de  l'Incarnation  1126  (1127). 

«  Signature,  de  Robert,  évéque  f. 

((  Signature,  d'IsRAHEL,  archidiacre  f .  » 

Quarante  ans  environ  plus  tard,  une  grave  dissension 
s'étant  élevée  entre  plusieurs  héritiers  à  l'occasion  du  par- 
tage d'un  héritage,  tous  s'entendirent  pour  faire  donation 
à  l'abbaye  de  Marmoutiers  des  terres  en  litige.  L'acte  en 
fut  passé  par  devant  l'Évéque  de  Quimper  en  cette  forme  : 


—  â73  — 

((  La  cupidité  est  telle  à  notre  époque,  qu*à  peine  peut- 
on  se  fier  à  la  parole  donnée  et  même  aux  conventions 
passées  ;  aussi  nous  Bernard  (de  Moêlan),  évéque  de  Quim- 
per,  prenons-nous  nous-méme  le  soin  de  notifier  à  tous 
présents  et  à  venir  que  Gourmelon  fils  de  Judicael,  ses 
frères  et  ses  fils,  à  savoir  Judicael  et  Seguin  et  leurs  con- 
sanguins, c'est-à-dire  Rivallon  et  ses  frères,  Judicael  fils 
d'Omnes,  Kanivet  fils  de  Gueguen,  Ruandelle  femme  de 
Kanivet  et  leur  fils  Alain,  Harscoet  fils  de  Glevien,  Nen- 
men  fils  de  Serho,  Urvoy  fils  d'Elispoe  et  les  autres  héri- 
tiers de  la  terre  nommée  Lanplullan  pour  le  partage  de 
laquelle  ils  étaient  divisés,  résolurent,  pour  le  salut  de 
leur  âme,  d'en  faire  donation  à  Tabbaye  de  Saint-Martin 
à  jamais  et  ils  en  ont  fait  la  remise  en  nos  mains  et  en 
celles  de  Jean  actuellement  prieur  de  Ttle  Saint-Tutuarn  ; 
et  pour  que  ce  don  demeure  par  la  suite  des  temps  ferme 
et  infrangible,  nous  l'avons  revêtu  de  notre  sceau  et  du 
témoignage  des  personnes  présentes  à  cette  donation  et 
dont  voici  les  noms  :  Haimon,  religieux  de  Marmou tiers 
Jacob,  chanoine  de  S^  Corentin  ;  Ligamon  fils  de  Rioc 
Kinmaroc  fils  de  Bernard  ;  Congar  fils  de  Donvallon 
Paris  fils  de  Rivallon  ;  Tudeguar  fils  de  Gorcun. 

«  Fait  le  vi«  des  kalendes  de  Novembre,  an  de  l'Incar- 
nation Mo  Co  LX°  IIo.  » 


En  1248,  nous  voyons  Geoffroy,  évéque  du  Mans,  jouir 
de  tous  les  fruits  du  prieuré,  et  en  1252  ce  même  évéque 
associe  à  cette  jouissance  son  clerc  Guy  Talaret,  avec 
cette  condition  qu'elle  demeurera  au  dernier  survivant  ; 
et  que  celui-ci  augmenterait  avant  cinq  ans,  les  revenus 
du  dit  prieuré  d'une  rente  de  cent  sous,  et  s'il  venait  à 
décéder  avant  ce  terme  il  léguait  pour  ce  même  objet 
40  livres  tournois. 

Peu  après,  Guy  Talaret,  devenu  chanoine  de  Quimper. 


-m- 

comme  procurateur  du  monastère  de  Marmoutiers,  dé- 
fendait les  droits  du  prieuré  par  devant  Jean  Foucaud, 
sénéchal  du  Comte  de  Cornouaille,  contre  les  prétentions 
de  Geoffroy  de  Rostrenen,  Tanguy  du  Ry,  chevaliers, 
contre  la  dame  du  Juch  et  Senguin,  écuyer,  jsyur  la  terre 
de  Lamploelan,  revendiquée  par  le  prieuré  dans  la  pa- 
roisse de  Ploêlan.  Enquête  à  ce  sujet  fut  ordonnée  par  le 
sénéchal  au  mois  de  Juillet  1254. 

Le  12  Janvier  de  Tannée  suivante,  par  devant  Tofficial 
de  Quimper,  intervenait  un  accord  entre  Guy  Talaret, 
agissant  pour  le  prieuré  de  Ttle  Tutuarn,  d'une  part,  et  le 
prêtre  Yves  Tudgual  et  son  frère  Derien,  chevalier,  d'au- 
tre part,  au  sujet  des  deux  tiers  des  dîmes  réclamés  par 
le  prieuré  sur  la  maison  (tyorent)  habitée  par  ce  prêtre 
à  Kerguélenen,  en  Ploetergat  ;  il  fut  convenu  à  l'amiable 
que  les  deux  frères  renonçaient  à  leurs  prétentions,  que 
ces  dtmes  appartiendraient  au  prieuré  à  jamais,  mais  que 
cependant  le  prêtre  Yves  les  percevrait  jusqu'à  sa  mort. 

Quelques  jours  après,  le  16  Janvier  1255,  devant  l'official 
intervenait  un  autre  accord  entre  le  même  Guy  Talaret 
et  Guillaume,  recteur  de  Pouldergat,  qui  contestait  au 
prieuré  le  droit  de  percevoir  les  deux  tiers  des  dîmes  de 
cette  paroisse,  le  tiers  du  pain  et  des  deniers  ofierts  aux 
matines  et  à  la  première  messe  de  Noël,  et  le  tiers  des 
offrandes  du  Vendredi-Saint.  Par  composition  amiable,  il 
fut  entendu  que  les  deux  tiers  des  dîmes  étaient  dus  au 
prieuré  dans  toute  la  paroisse  de  Pouldergat,  excepté  à 
Kerquantinan,  sur  la  maison  d'Hervé  Alain,  et  à  Rostur- 
nic,  où  depuis  longtemps  Hervé  Alain  touche  les  deux 
tiers  de  la  dîme,  et  le  chapelain  (recteur)  de  Pouldergat 
l'autre  tiers  ;  excepté  également  sur  la  maison  du  prêtre 
Yves  Tutgual  à  Kerguélenen,  où,  également,  Yves  Tug- 
dual  perçoit  les  deux  tiers,  et  le  chapelain  l'autre  tiers, 
.  excepté  encore  sur  la  maison  de  Morvan  fils  de  Le  Bor- 


-  278  - 

gne,  où  le  prêtre  Daniel,  frère  du  prêtre  Guillaume,  per- 
çoit les  deux  tiers  et  le  chapelain  de  Pouldergat  l'autre 
tiers,  excepté  enfin  le  terroir  de  Kerlidian,  où  Tabbaye 
de  Landévennec  perçoit  les  deux  tiers,  et  le  chapelain 
Fautre  tiers.  Le  Recteur  ajoutait  que  depuis  longtemps 
réglise  de  Pouldergat  percevait  toutes  les  dîmes  dans  les 
dépendances  de  Kerguelenen  et  à  Kerhiliguit,  Kertrem- 
zibit,  Kerten  à  Pratdinœr  et  sur  la  maison  du  fils  de  Guy 
de  Colle  (Oreach).  Mais  il  fut  convenu  que  désormais  le 
prieuré  en  percevrait  la  moitié.  Quant  au  mode  de  per- 
ception des  dîmes,  il  fut  convenu  que,  dans  deux  aires  à 
battre,  le  partage  des  dîmes  serait  fait  par  les  décima- 
teurs  du  prieuré,  mais  c'est  le  Recteur  qui  choisirait  la 
part  qui  lui  conviendrait.  Dans  la  troisième  aire,  au  con- 
traire, le  partage  serait  fait  par  le  Recteur,  et  le  choix 
appartiendrait  aux  dîmeurs  du  prieuré.  Il  fut  enfin  con- 
venu que  le  prieuré  toucherait  un  tiers  du  pain  donné  en 
offrande  depuis  le  TeDeum  de  la  fin  des  matines  de  Noël, 
jusqu'au  moment  où  le  prêtre  lit  Te  igitur  à  la  première 
messe  de  Noël,  ainsi  que  le  tiers  des  oblations  faites  le 
Vendredi-Saint. 

Le  18  Jaavier  1255  fut  terminée  la  contestation  dont 
nous  avons  parlé  plus  haut  et  portée  devant  le  sénéchal 
par  la  dame  du  Juch,  touchant  ses  prétentions  à  la  terre 
de  Lanpluelan  ;  Havoise,  dame  du  Juch,  agissant  par  Ade- 
lice,  sa  mère,  abandonna  tous  les  droits  qu'elle  pouvait 
avoir  sur  cette  terre,  à  condition  que  le  prieuré  lui  assu- 
rât un  anniversaire  solennel  le  lendemain  de  la  Made- 
leine, après  sa  mort.  Et  le  21  Janvier  suivant,  les  cheva- 
liers Guy  de  Rostrenen  et  Tanguy  du  Ry  abandonnaient 
également  leurs  prétentions,  moyennant  un  anniversaire 
pour  le  repos  de  leur  âme  qui  serait  célébré  aussi  le  len- 
demain de  la  Madeleine,  tous  les  ans. 

Dans  un  aveu  daté  du  2  Avril  1337,  Guillaume  de  Cqeta- 


--  276  — 

nezre,  se  qualifiant  «  escuier  prévost  de  la  prévosté  de  Tile 
Saint  Tutuarne  »,  déclare  tenir  sous  les  religieux  et  abbé 
de  Marmoutiers  «  une  place  de  terre  appelée  la  place  de 
la  maison  verte  (iy  glas)  sisse  jouste  le  port  appelé  le  port 
comoneuc,  moyennant  le  paiement  de  4  sous  monnaie  et 
deux  chapons  de  cens  à  chaque  fête  de  S^  Etienne  après 
Noël  ».  Ce  nom  de  Commoneuc  pourrait  se  traduire,  port 
du  Ressac,  qualificatif  qui  convient  parfaitement  au  port 
dit  aujourd'hui  Porrhu, 

En  1474,  transaction  faite  entre  frère  Jean  de  Bragde, 
prieur  de  l'île  Tristan,  et  M®  Jean  Le  Run,  prêtre  recteur 
de  la  paroisse  de  Ploelre,  par  laquelle  le  dit  Run  jouira 
de  22  sous  de  rente  sur  certains  héritages,  moyennant 
l'acquit  de  douze  messes  par  an  dans  la  dite  paroisse  et 
le  prieur  aura  le  surplus  de  la  rente  assigné  sur  «  un 
postel  et  son  courtil  au  village  de  Pengoet  ». 

L'aveu  du  15  Juin  1541,  que  M.  de  la  Rogerie  a  extrait 
des  Archives  départementales  pour  le  publier  dans  le 
BtUletin  de  la  Société  d'Archéologie  du  Finistère,  va  nous 
donner  une  idée  des  biens  revenus  et  droits  seigneuriaux 
du  prieuré  de  l'île  Tristan  : 

Aveu  de  164L 

((  C'est  la  déclaration  et  minu  que  vénérable  et  discret 
Missire  Allain  Paincoiet,  chanoine  de  Cornouaille  et 
prieur  de  l'isle  Tristan  et  Douarnenez  de  l'Ordre  de  S*  Be- 
noit en  TEvesché  de  Cornouaille  soubz  la  juridiction  de 
Quimper  Corentin,  membre  dépendant  de  l'abbaye  de 
Marmoutier  près  Tours,  faict  au  Duc  nostre  Sire,  du  tem- 
porel du  dit  prieuré,  les  issues  et  appartenances  que  le 
dit  Prieur  tient  en  fyé  amorty  soubz  le  dit  seigneur  à  foy 
et  hommage,  prières  et  oraisons  ;  la  dite  déclaration  faite 
par  la  cour  de  Kemper  Corentin  devant  nous  notaires  et 


—  277  — 

tabellions  royaux,  d'icelle  soubzscripts  à  la  requeste  et 
prière  du  dit  Prieur. 

a  Premier. 

((  La  ville  et  bourg  de  Douarnenez,  ses  issues  et  appar- 
tenances sans  rien  reserver  avecque  la  dite  isle  Tristan, 
laquelle  isle  est  cernée  et  environnée  de  mer,  située  près 
le  dit  bourg  de  Douarnenez,  contenant  soubz  maisons, 
jardins,  terres  labourables  et  frostes  environ  quarante 
journaux  de  terre  y  comprins  le  terrouer  et  village  de 
Penencoet  situé  entre  le  dit  bourg  de  Douarnenez  et  le 
bourg  paroissial  de  Plouaré. 

((  Auquel  bourg  le  dit  prieur  a  haute,  basse  et  moyenne 
justice  sur  les  habitans  et  demeurans,  exercée  par  séné- 
chal, lieutenant  ordinaire,  procureur,  greffier,  sergents, 
notaires  et  tabellions,  sceaux  de  contract  et  datte  de  courts. 

((  Aussy  a  delvoir  de  ventes  et  lots  de  tous  et  chacun 
les  contracts  d'acquisition  d'héritages  qui  se  font  au  fye 
de  la  juridiction  du  dit  prieuré. 

«  Item  prend  et  est  deub  au  dit  prieuré  moictié  de  cha- 
cun poisson  appelé  morsoy  que  les  habittans  du  dit  bourg 
peschent  et  prennent  en  la  mer,  sauf!  qu'il  est  deub  aux 
prenneurs  par  le  dit  prieur  pour  chacun  moicttié,  deux 
potz  de  vin  et  8  deniers  de  pain  blanc. 

«  Item  de  checun  batteau  soict  petit  ou  grand  aparte- 
nant  aux  habittans  et  demeurants  au  dit  bourg  de  Douar- 
nenez allant  pêcher  à  la  mer  est  deub  audit  prieur  la 
somme  de  5  soulz  monnaie  de  rentes  par  checun  batteau 
par  checun  an  à  checun  premier  dimanche  prochain  en- 
suivant la  feste  de  Monsieur  S^  Michel  en  Montegargane 
quelque  soict,  une  foy  lan. 

((  Item  la  maison  prioralle  du  dit  prieuré  avec  ses  cours, 
jardins  estant  au  dit  bourg  au  quartier  appelé  Kerlos- 
quet,  contenant  soubz  maison,  cour  et  jardin  environ 
deux  journaux* 


-  278  — 

((  Item  un  petit  fenierprèsledit  bourg  ferant  d'uncosté 
sur  terre  au  sieur  du  Juch  d'autre  costé  à  terre  au  dit 
prieur  contenant  environ  un  journeau  de  terre  quel  est 
non  arrenté  et  peut  valoir  par  commune,  estimation  par 
checun  an  la  somme  de  30  s.  monnoie. 

((  Item  un  moulin  à  vaut  estant  es  issues  du  dit  bourg  de 
Douarnenez  o  son  distroict  sur  les  habittans  demeurants 
audit  bourg  de  Douarnenez  vallent  par  commune  an  envi- 
ron la  somme  de  c  s. 

((  Item  est  deub  au  prieur  de  cheilrante  par  chacun  an 
au  dit  prochain  dimanche  après  la  feste  de  Monsieur 
S^  Michel  en  Montegargane  dessus  les  terres  estant  entre 
un  croissant  appelé  Pouldruc  et  le  dit  moulin  à  vaut,  un 
disner  pour  luy  et  deux  honnestes  personnaiges  qu'il 
appellera  pour  le  accompaigner  o  leurs  servitteurs,  au- 
quel digner  doibt  estre  fourny  un  bon  plat  de  bouilly,  une 
longe  de  bœuf!,  deux  jambons  et  choux  sauf!  poyvre  ; 
en  rost  deux  poulies  rotties,  une  touaille  ouvré  blanche 
sans  perseures,  vin  blanc  et  vin  rouge  à  suffire  et  delvent 
estre  servy  le  dict  vin  en  une  tace  d'argeant  et  un  verre 
bouclé  et  s'il  ce  lèvent  de  table  avant  avoir  digne,  ne 
doibvent  avoir  plus  à  manger  ne  à  boyre  pour  icelle  foys  ; 
pour  laquelle  che&rante  le  dit  prieur  et  ses  prédécesseurs 
a  prins  por  aucune  foys  vingt  sols  monnays. 

((  Item  est  tenu  soulz  le  dit  prieur  en  proche  fyé  a  foy 
et  obéissance  de  la  dite  court  et  delvoir  de  rachapt,  le 
manoir  de  Coetanaire  ses  issues  et  appartenances  sittué 
en  la  paroisse  de  Plouaré  appartenant  et  que  tient  à  pré- 
sent noble  homme  Jan  de  Quelen  S^^  du  Vieu  chastel  et  de 
Coatanezre  a  cause  duquel  manoir  le  d.  S^  de  Coatanaire 
est  sergent  féodé  de  la  cour  du  dit  preuré  est  tenu  y  ser- 
genter. 

«  En  outre  est  tenu  le  d.  S'  de  Coatanaire  comparoir 
la  vigille  de  la  Scention  pour  porter  les  relicques  gardées 


—  279  — 

en  réglise  de  S^  Jacques  au  bourg  de  Pouldavid  procès- 
sionnellement  à  la  dite  isle  Tristan  et  les  raporter  jusques 
à  une  croix  appelée  croix  en  quet  estant  au  dit  bourg 
de  Douarnenez  et  à  la  prinse  des  dites  reliques  est  tenu 
canpilionner  de  rendre  les  dites  reliques  au  dit  lieu. 

((  Item  une  pièce  de  terre  froyde  appelée  Lesneven  et 
ty  en  corps  estant  en  la  paroisse  de  Ploulan  que  tient  un 
nommé  Yvon  Kernevel  soubz  le  dit  prieur  pour  luy  en 
payer  la  somme  de  15  s.  monoye  et  ferante  devers  septen- 
trion sur  le  grand  chemin  qui  mesne  du  bourg  de  Poul- 
david au  bourg  paroissialle  de  Ploulan  et  devers  occidant 
sur  des  issues  du  manoir  du  Pondic  et  devers  midy  sur 
un  autre  chemin  conduisant  du  lieu  de  Pouldavid  à  une 
chapelle  appelée  Kerynec,  contenant  environ  10  jour- 
neaux  de  terre  froide. 

«  Plus  est  deub  au  d.  prieur  de  cens  et  rente  à  chacun 
pr  jour  d'aoust  sur  les  lieus  qui  ensuivent  :  Buzmol,  Ros- 
coet,  Guelen,  an  Oussoul,  GouSont,  Frejour,  Brullus,  an 
Cornguen  à  Portzdruz,  an  Toux,  an  Ros,  Savarier,  Gour- 
reban,  Caledan,  Guydallan,  Roc  en  Beuzic,  Alanou,  an 
Brein,  an  Donavec,  an  Hillis,  an  Hero,  Porzmarch,  Cle- 
mener,  PouUou,  an  Priol,  TouUanmanguer,  Penpoul,  an 
Guen,  an  Corguen,  Poulpry,  Salaun,  Gourreau,  an  Bouvic, 
Lestancou,  Portz  an  Goreet,  Carrousoner,  Poul  an  Castel- 
lie,  etc. 

«  Ces  rentes  consistent  en  quelques  sous  (8  au  maxi- 
mum) et  en  quelques  redevances  en  nature,  galines  ou 
corvées.  » 

L'acte  est  donné  à  Quimper  le  15  Juin  1541. 


* 
*  * 


—  280  - 

Les  Archives  départementales  possèdent  une  analyse 
assez  détaillée  (G.  324)  des  titres  du  prieuré,  nous  en 
donnons  ici  quelques  extraits  : 

Le  6  Septembre  1598,  transaction  entre  Yves  Toullalan, 
prieur,  et  Yves  Le  Gousigou,  recteur  de  Primelen,  et  les 
treviens  ayant  terres  et  héritages  en  la  trêve  de  S^  Ugen, 
située  en  la  dite  paroisse  «  lesquels,  pour  éviter  l'incom- 
modité qu'il  y  a  à  lever  la  trentième  gerbe  sur  chacune 
parée  de  terre,  les  dits  treviens  ont  promis  pour  eux  et 
leurs  successeurs  aux  dits  bénéflciers  pour  chacun  an,  au 
jour  de  S^  Michel,  savoir  au  S>^  prieur  trois  pipes  et  demi 
et  au  Recteur  4  pipes  et  deux  combles  tous  milillon  ou 
seigle,  et  sont  obligés  de  paier  au  dit  sieur  Prieur  en  la 
ville  de  Quimper  deux  barriques  de  vin  de  Gascoigne  des 
arrérages  du  passé.  » 

Le  3  Janvier  1606,  bail  à  ferme  «  tant  des  dimes  et  de- 
voirs de  batteaux,  que  le  pâturage  de  Tile  Tristan  et  la 
dime  nommée  Poulan  en  vignes  en  la  paroisse  de  Ploe- 
lan,  pour  deux  ans  pour  en  payer  chacun  an  78  livres. 
Le  bail  fait  à  Guillaume  Landugen  par  le  fondé  de  procu- 
ration de  M^^o  Jean  de  Berthier,  évèque  de  Rieux  et  prieur 
de  Douarnenez.  » 

Le  11  Janvier  1610,  bail  à  ferme  a  de  tous  les  fruits, 
profits  et  émoluments  de  toutes  les  dismes,  devoirs  sei- 
gneuriaux, devoir  de  batteaux,  droits  de  nerisme  et  tous 
autres  fruits  du  prieuré  pour  trois  entières  cueillettes 
commençant  au  23  May  prochain  pour  80  écus  sol  faisant 
240  livres  pour  chacun  an,  le  dit  bail  fait  par  le  fondé  de 
procuration,  du  Prieur,  à  M'®  Guillaume  Petit,  chanoine 
de  Cornouaille.  » 


—  281 


Liste  des  Prieurs  de  lIle  Tristan  (i) 

1162.  Jean. 

1248-1252.  Geoflroy  de  Loudun,  évêque  du  Mans. 

1232-1270.  Guy  Talaret,  chanoine  du  Mans  et  de  Quimper. 

1474.  Jean  de  Brayde. 

1535-1541.  Alain  de  Pencoel,  chanoine  de  Quimper. 

1573-1580.  Guillaume  Kerdiles,  recteur  de  PouUan. 

1578-1602.  Yves  Toullanlan,  chantre  chanoine  de  Quimper. 

1605-1620.  Jean  de  Bertier,  chanoine  de  Toulouse. 

1623-1636.  Louis  Odespung,  vicaire  général  de  l'arche- 
vêque de  Tours.  Signe,  le  10  Mai  1623,  le  procès-verbal 
de  la  remise  des  reliques  de  Saint-Corentin  à  Mgr  Le 
Prestre  de  Lézonnet. 

1637-1651.  Jean-François  Robinault,  S'  de  la  Haye  de 
Mordelles,  chanoine  de  Quimper. 

1654-1665.  Charles-Pierre  Blouet,  licencié  en  droit,  cha- 
noine de  Rennes.  Fut  parrain,  en  1662,  d'une  Poul- 
laouec,  de  Ploaré. 

1666-1671.  Jean  de  Monligny,  originaire  de  Rennes,  cha- 
noine de  Vannes.  Mourut  le  28  Septembre  1671,  à  Vitré, 
au  moment  où  il  se  rendait  à  Saint-Pol  de  Léon,  dont 
il  venait  d'être  nommé  évêque. 

1672-1683.  Pierre  de  Boisbaudry  de  Langan,  docteur  en 
Sorbonne,  prieur  de  Sainte-Croix  de  Vitré. 

1683-1686.  Dom  Claude-Henri  Dayneau,  pourvu  par  l'abbé 
de  Marmoutiers,  et  maintenu  dans  le  prieuré  malgré 
la  provision  surprise  à  Rome,  contre  les  droits  de 
l'abbé,  par  Charles  Taillefer  de  la  Barrière. 
1704-1709.  Dom  Jean-Charles  d'Ayneau. 
1709-1713.  Dom  Jean  Morand. 

(l)  Voir  le  travail  de  H.  de  la  Rogerie.  BulL,  t.  XXXII,  p.  233. 
Bulletin  de  la  Commission  diocésaine.  —  7*  année.  19 


—  282  — 

1714.  Le  Père  Jacques-François  Auffray. 

1717-1718.  Dom  Joseph  de  Miniac. 
1720-1735.  Dom  Pierre  Aubin. 

1736-1747.  Dom  Charles  Yvicquel,  procureur  général  de 
l'abbaye  de  Marmoutiers. 

A  la  mort  de  M.  Yvicquel,  Mgr  Farcy  de  Cuillé,  évêque 
de  Quimper»  ayant  demandé  à  M.  de  Mirepoix,  chargé  de 
la  feuille  des  bénéfices,  de  venir  en  aide  par  quelques 
secours  aux  habitants  de  Ttle  de  Seins,  privés  le  plus 
souvent  de  secours  spirituels  parce  que  les  prêtres  n'y 
avaient  pas  les  ressources  suffisantes  pour  viVre,  reçut  la 
réponse  suivante  : 

c  Versailles,  le  21  Janvier  1748. 

((  Avez -VOUS  oublié.  Monseigneur,  que  vous  m'avez 
demandé  quelques  secours  pour  faire  instruire  et  admi- 
nistrer les  habitants  d'une  île  où  aucun  prêtre  ne  peut 
aller  faute  de  pouvoir  y  vivre  ?  Nous  avons  un  bénéfice 
simple  dans  votre  diocèse  que  bien  des  gens  demandent, 
mais  que  je  réserve  pour  ces  pauvres  habitants  de  cette 
île.  Le  bénéfice  vaut  400  livres  et  peut-être  plus,  mais  la 
manière  d'assurer  ce  revenu  pour  le  prêtre  que  vous 
enverrez  dans  l'île  est  embarrassante.  Si  vous  le  mettez 
sur  la  tête  d'un  prêtre  particulier,  trois  mois  après  qu'il 
aura  pris  possession,  il  dira  que  l'air  de  l'île  ne  lui  con- 
vient pas,  et  il  s'en  ira.  L'idée  qui  me  vient  serait  que  le 
Roi  vous  donnât  ce  bénéfice,  et  que  vous  en  donnassiez  le 
revenu  à  un  prêtre  qui  irait  dans  l'île  et  qui  ne  jouirait 
de  ce  bénéfice  qu'autant  qu'il  y  resterait.  Il  faudrait  enre- 
gistrer à  votre  secrétariat  que  ce  bénéfice  n'a  été  donné 
par  le  Roy  que  pour  le  desservant  de  l'île,  qui  serait  à 
votre  nomination.  » 


—  283  — 

Le  11  Février  suivant,  Mgr  de  Farcy  de  Cuillé  fut  nommé 
prieur  de  Tlle  Tristan,  et  en  fut  titulaire  jusqu'à  sa  mort, 
28  Juin  1772.  Après  lui,  Mgr  Grossoles  de  Flamarens, 
(1772-1773),  et  Mgr  de  Saint-Luc  (1773-1790)  furent  titulai- 
res du  prieuré,  dont  ils  employèrent  le  revenu,  environ 
600  livres,  à  l'entretien  d'un  prêtre  à  l'île  de  Sein. 


(A  suivre.) 


TABLE  DES  MATIÈRES 

DU  BULLETIN  DE  LA  COMMISSION  DIOCÉSAINE 

d'Architecture  et  d'Archéologie 

pour  l'année  1007 


Gartulalre  de  Pégllse  de  Quimper» 

par  M.  le  chanoine  PEYRON 
(Suite,) 

336.  Yves  Le  Conc  et  Daniel  le  Felestreuc  s'engagent  à  payer  les 

amendes  dues  pour  leurs  manquements 5 

337.  Hugues  Hero  reçu  chanoine 6 

338.  Jean  de  Pont-Croix  reçu  chanoine 6 

339.  Le  duc  deCFend  à  ses  juges  d'exercer  sa  juridiction  en  la  ville 

et  terre  de  l'église  de  Cornouaille  sans  le  consentement  de 

rÉvéque 7 

340.  Contestation  touchant  les  prébendes  de  Beuzec-Cap-Sizun  et 

Spéret 9 

341.  Olivier  le  Hénaff  reçu  chanoine 9 

342.  Témoignage  touchant  les  dignités  du  Chapitre 10 

343.  Lettre  du  Pape  Grégoire  XI,  touchant  la  vacance  des  prébendes .  10 

344.  Jean  Brient  prête  serment  comme  chanoine  expectant 12 

345.  Hugues  de  Keroulas  reçu  chanoine 12 

346.  Geoffroy  Fabri  reçu  chanoine 13 

347.  Guillaume  de  Cagia  reçu  diacre  de  chœur 13 

348.  Comptes  rendus  par  Raoul  Gallon,  procureur 14 

349.  Olivier  le  Puisné  reçu  chapelain 15 

350.  Jean  Fraval,  chanoine  expectant 16 

351.  Eude  Guillemot  reçu  chapelain 16 


—  28Ô  — 

Pages 

428.  Guillaume  Ploe  reçu  chanoine 256 

429.  Emprunts  de  livres 257 

430.  Simon  Ganguer,  chanoine,  prôte  serment. 258 

431 .  Jean  le  Guellec,  chanoine,  prête  serment 258 

432.  Pierre  du  Mas  reçu  chanoine 259 

Correspondance  de  N.  Tréhot  de  Clermont, 

maire  de  Pont-Croix,  1791 217 

Notices  sur  les  Paroisses  du  diocèse  de  Quimper, 

par  MM.  PEYRON  et  ABGRALL 
(Suite.) 

Le  Conquet 18 

Coray 34 

Crozon 58 

Cuzon 103 

Daoulas 123 

Dincault 171 

Dirînon 187 

Douarncnez 241 


Cartulaire. 

TABLE   ALPHABl^QUE   DES   NOMS   DES   PERSONNES 

(Le  cliifTrc  indique  le  numéro  de  l'acte  du  Cartulaire  dans  lequel  le  nom  est  elle.) 


N"* 


Abbas  de  Daoulas 366 

Abbas  de  Langonet 343 

Abbas  de  Pontpecii 348 

Alanus  de  Alneto 355 

Alanus  Aufredus 357 

Alanus  de  la  Bourdonnaye  . .     413 

Alanus  de  Croezval 350 

Alanus  Crozgual 357 

Alanus  Frello 357 

Alanus  le  Gall,  Ep 342-429 

Alanus  Henrici 338-348 


Alanus  Jestin. , 419 

Alanus  Kermaroc 350 

Alanus  Moren 357 

Alanus  de  Palude 345 

Alanus  de  Ponte  ligni 350 

Alanus  Raolini . .     336-351-353-356 

357-359-371 

Alanus  Rouselli 356-358 

Alanus  le  Roux 356 

Alanus  Runbran 356-357 

Alanus  Schahunec 382 

Alanus  de  Villa  coUis 336 

Albus  Guydo 348 


—  289  — 


Aliietus 355 

Aufredus  Alani 357 

Aurelius  Scumuro 398 


Ballacon  Yvo 426 

Barbuti  Johanncs 393 

Bcgna  J 383 

Beleiigier 339 

Benedictus  XIII 418  etc. 

Bernardus  du  Péron 404 

Bernardus  de  Caslcc 404 

Bloc  Johanncs 373 

Bloez  J. .     389-411-412416-420-430 
Boscoguehenoci  (Alanus  de)  427-428 

Bourdonnaye  Alauus 413 

Brechir 358 

Brchus 338 

Briac  J.  (de) 383 

Brientii  Johannes . .     344-359-360- 

361-364-365 
Bucanonc  Georgius 388 


Cagia  (de)  Guillernius 346 

Caradeuc  Hadulphus. . . .     365-386 

Caslec  Bernardus 404 

Campereuc  Oliverius. 424 

Charles  duc  de  Bret 339 

Chonani  Nicholans 404 

Ghristianus  Diherit 428 

Ckïment  VII  pape. .     359-365,  etc. 

Clerici  Petrus 356-359 

Coetlech  Robertus 346 

Gomitis  Richardus 396-412 

Gonc 403 

GoncYvo 336-352 

Gonche  Yvo  (de) 368 

Gorrc  Oliverius 355 


N- 
Gorric  Johannes.     363-364-366-373 
374-375-381-397-400-409-411 
411-416-421-431-432,  etc. 

Gurrcrii  Yvo 379-406 

Gustellarii  Gleman 359 


Daniel 371 

Daniel  Felestrec .     336-356-358,etc. 
Daniel  de  Insula ....     364-373-385 

404-415 

Daniel  de  Landevennec 336 

Derîani  Oliverius 363-403 

Dervei  Johannes 368 

Diherit  Ghristianus 428 

Donerzius  de  Kergonou 340 

Dyonisius  de  Lannédern.     369-373 


£ 


ElieEudo 422 

Episcopi  G 351 

Episcopi  Thomas. . .     336-339-345 

349-351-354-356-360-364-367 

370-382,  etc. 

Eudo  Elie 422 

Eudo  Guillermoci 351 

Eudo  de  Ker 365 

Eudo  Meancie 359 

Eudo  Tecnour 386 

Eudo  Tremcnt 359 

Eudo  Turch 357  vide  Yvo. 

Eudo  Vallocon 396 


Fabri  G 372 

Fabri 339 

Fabri  Gaufridus 346-404 

Favc  RodeniB 367 


—  m  — 


N" 

Fclestrec  Daniel .     336-356-359-363 

377 

Felestrec  Judicellus..     378-387-397 

418 

Foresta  Gauffridus  (de) 347 

Fravali . .     338-358-360-362-367-372 

382  etc. 

Frcllo  Alanus 357 


G.  Archidione  de  Poher 342 

Gai  Alanus  £p 342-429 

Galli  G 345^9-356-360-405 

Gallici  Hamon 427-432 

Gallou  Gallotus. .  340-344-348-349 
Gauffridus  Ëp...     355-357-359-361 

Gauffridus  Fabri 346-400 

Gauffridus  de  Foresta 349 

Gauffridus  le  Gai .  340-356-371-374 
Gauffridus  Gallici  . . .     353-359-367 

Gauffridus  le  Marhec 356-357 

Gauffridus  le  Marhec  archid. 

junior 353-359 

Gauffridus  le  Marhec  archid. 

Poher 361-362-367 

Ganguer  Simon 430 

Georgius  Bucanone 388 

Glas  Guillermus.    336-340-344-356 

357 

Gleman  Custellarii 359 

Glemarec  diaconus 410 

Gourcuff 359 

Grégoire  XI  pape. . . .     343-354-356 

Guemarpin  Yvo 359 

Guido  Albi 348 

Guido  Prepositi 368 

Guido  de  Tegula..     411-415-418- 

421-425-427,  etc. 
Guidomarus  Savary 356 


Guil 
Guil 
Guil 
Guil 
Guil 
Guil 
GuU 
Guil 
Guil 
Guil 

Guil 
Guil 
Guil 
Guil 
Guil 
Guil 
Guil 
Guil 
Guil 
Guil 
Guil 


•N- 

ermus  de  Cagia 347 

ermus  Glas 336-356 

crmus  le  Ham 339 

ermus  Heuriou 359 

ermus  de  Kemperele.  348-357 

crmus  Kergrœzez 390 

ermus  Kylliouch 357 

ermus  Morla  canon.     380-382 

ermus  le  Marhec  ofiBcial.    353 

crmus  le  Marhec     338-353- 

356-359-362-369-402,  etc. 

ermus  Militis 361 

ermus  Nani 359 

ermus  Oliverii 356-372 

ermus  de  Pemerit 357 

crmus  Periou 355 

ermus  de  Plocneiz..     338-357 

ermus  de  Pontpren 357 

ermus  de  Ponteligni ....     347 

ermus  Seznoc 338 

moci  Eudo 351 

otiYvo 358 


Ham 339 

Hamon  SoUici 427-432 

Helevarn  Nicolaus 372 

Henauff 341 

Henrici  Alanus 338 

Henricus  Cantor 399 

Heuricus  Kcntrec 393 

Henricus  Quorigou 405 

Henricus  Thome ....     388-391-407 
Henricus  de  Veterilanda  ....     339 

Hero  Hugonis 337 

Herveus  Cantor 402 

Herveus  Oudrecen 352 

Herveus  de  Jugo 360 

Herveus  Pape 357-359 


—  291  - 


No. 

Herveus  Pelrus 380 

Herveus  de  Stagno  Parvo . . .     364 

Herveus  Sulguen 406 

Herveus  de  Viconovo 393 

Heuriou  Guillermus 359 

Hospitis  Oliverius..     371-381-415- 
421-425  427-430,  etc. 

Hugonîs  Hero 337 

Hugo  de  Keroullac 345 

I  J 

Insula  (Daniel  de)..     361-373-381- 

385-389,  etc. 

Johanncs  Barbuti 393 

Jeslin 419 

Johaunes  Bloc 373 

Johaiines  Brehus 338 

Johanues  Briantii 314-359 

Johannes  Corric 363-364 

Johannes  Dervei 368 

Johannes  Fravali . . .     338-358-362 

Johannes  de  Lespervez 411 

Johannes  Lupi 356-358  361 

Johannes  Moreu 359 

Johannes  Mutonis 378 

Johannes  Perfecti 431 

Johannes  Prcjencii 388 

Johannes  Priolic 389 

Johannes  Prioric 387 

Johannes  Pengucn 356 

Johannes  Penruzic 359 

Johannes  de  Pontecruce 338 

Johannes  de  Quocttanoizre . .     365 
Johannes  Raolini ....    345-354-36 1 

Johannes  an  Rouser 389 

Johannes  Scch 307 

Johannes  Sici 396 

Judicellus  Felestrec.    378-387-397 


No. 

Jugo  (Herveus  de) 361 

Jugo  (Margareta  de) 361 


K 


Kemperle  (Guillermus  de) .  348-357 

Kenmaroc  Hervé 338 

Kentrec  Henricus 393-409 

Ker  Eudo  (de) .S61 

Ker  Petrus  (de) 363 

Ker  Alanus  (de) 405 

Kaer  G 405 

Keraliou 366 

Keranguen  Petrus 374 

Keranguen  Matheus 432 

Kercaff  Guillermus 411 

Kergonou 340 

Kergorlé 368 

Kergroezez  Guillermus 390 

Kergus  Johannes 427 

Kermaroc  Alanus 350 

Keroullac  Hugo 345 

Kersanteuc  Yvo 359 

Kylliouch 3.57 


Landeguennec  (de) 336 

Lannedern  Dyonisius  (de).  369-373 

Lanros  R.  (de) 350 

Lanros  Yvo  (de) 359 

Lespervez 411 

Lestuhan  Rioc  (de). .     340-348  353 

357-360-363-367-373  399-403 

411,  elc  ,  429. 

Lisquoet  D 387 

Long!  Petrus 403 

Luce  RoUandus 355 

Lupi  Johannes  . .     356-358-361-365 


—  292  — 


N- 


Margareta  de  Jugo 861 

Margarela  de  Nevet 348 

Margareta  Premer 357 

Marhec.     337-339-314-353-365,  etc., 

415-452 

Marhec  Gauffiridus 356 

Mas  Pclnis  (du) 432 

Matheus  de  villa  alba .......     388 

Mauritius  de  Monte 376 

Meancie  Eudo 359 

Mercatoris  J 421 

Milbrcten  Rîchardus  ....     372-371 

Militis  Petrus 413 

Mispcrit  J.  (de) 386-406-416 

Militis  Guillermus ...     3 10-367-376 

Monte  de  Maurilius 376 

Moren  Alanus 357 

Moren  Johannes 359 

Mulonis  Johannes. . .     378-409-412 

416-421-432,  etc. 


N 


Nani  Guillermus 359 

Natalis  Tanguidus 360 

Natalis  StcUan. . .     356-359  369-415 

423-431 

Neveto  Margareta  (de) 348 

Nicolaus 393 

Nicolaus  Chonani 401 

Nicolaus  Coharn 386 

Nicolaus  Helcvam 372 


Oliverius  archidiaconus 370 

Oliverius  Corre 355 

Oliverius  Derrien 363 


Oliverius  le  Henanff 341 

Oliverius  Hospitis 371-392 

vide  Hospitis. 

Oliverius  Primogeniti 387 

Olivcrii  Guillermus 356-305 

Oudrcccn  Herveus 352 


Palude  Alanus  (de) 315 

Pape  Herveus 357-359 

Pemerit  Guillermus  (de).     357-359 

Pengucn  vicarius 391 

Penguen  Johannes  . .     356  359-360 

401-421-427 
Pcnqucllenec  Alanus. .  416-422-420 

431 
Penquellennec  Rivallo  (de). .     359 

392-394-411 

Pennizic  Johannes 359 

Periou  Guillermus 355 

Perfecti  Johannes 431 

Peron  Bernardus  (du) 404 

Petrus  Clcrici 356 

Petrus  Hervei 380 

Petrus  de  Ker 363 

Petrus  de  Kergorle 3^8 

Petrus  de  Kerongar. 374 

Petrus  Militis 413 

Petrus  Plichon 398 

Petrus  de  Ponte  medardi. . . .     357 

Petrus  Premer 357 

Petrus  de  Roma 368 

Petrus  Roussignol 413 

Plichon  Petrus 398 

Ploc  Guillermus 428 

Ploeneiz  Guillermus .     338-357-359 

Ponte  abbatis  H.  (de) 406 

Ponte  cruce  Johannes  (de). . .  338 
Ponte  ligni  Alanus  (de) 350 


—  293  — 


Ponte  ligni  Guillermus  (de) . .  350 
Ponte ligniGuillermus (de).  347-359 

Ponte  medardi  Petrus  (de) . . .  357 

Pontpren  Guillermus. 357 

Postgeniti  Oliverius 349 

Prejencîi  Johannes 388 

Primogeniti  Oliverius 387 

Primogcuiti  Johannes 432 

Priolic  Johannes 389 

Prioric  Johannes 387 


N 


oa 


Quentrcc  Henricus 357 

Quoedic 357 

Quoettanaizre, 365 

Quorigou  Henricus 405 


Radulphus  Caradoc 365-386 

Radulphus  Gallon 340-318 

Raolini  Alanus  . .     336-354-356-359 

Raolini  Johannes 345-347-354 

357-361-376-383 

Richardus  Fabri 339 

Richardus  Milbreten 372 

Rioc  369-429 

Rioc  de  Rosmadeuc 359 

Rioc  de  Lestuhau 340-344  357- 

429,  etc. 

Rivallon 352 

Rivallon  de  Penquelennec. . .     359 

Rivallonus  Salon 337 

Robertus  Coetlech 346 

Roderus  Favé 367 

Rollaiidus 355 

Roma  Petrus  (de) 368 

Rouselli  Alanus 356-358-359 

Roselli^Stephanus.  379-407-418-425 


Rosmadeuc  Rioc  (de)  .......     359 

Rouazle 366 

Rouser  Johannes 389-426 

Roussignol  Petrus 413 

Roux  Alanus 356 

Roux  Yvo 412 

Royenyeuc 348 

Runbran  Alanus 356-357-359 

Runbian  ou  Runbran  . . .     388-404 


S 


Salou 337 

Savary 856 

Schahunec  Alanuç . .    365-369-382- 

407-413 

Scumuro  Aureli 398 

Sech 397 

ScUarii  G 358 

Serrelagat  Guido  . . .     418-420-423- 

425-427,  etc. 

Sici  Johannes 396-413 

Sorochan 397 

Stellan  Natalis..    356-359-369-378- 

400,  etc.  415-423-431 
Stagno  Parvo  (de) . .     337-344-347- 

850  354-357-364,  etc. 

Stephanus  Roselli 379 

Stephanus  Thancul 377 

Stephanus  Thome 400 

Sulgron 406  407 

Symon. 408 


Tanguidi  Natalis 361 

Tanguidi  Yvo 376 

Tecnour  Eudo 386 

Tegula  Guido  (de)..     411-415-416- 

420-425-427 


-  294  - 


Tcgula  Johannes  (de). . .     383^995- 
402-401,  etc.,  415-416-418 

Thaneul 377 

Thomas  Episcopi. . .     336-339-356< 

358-367,  etc. 

Thomas  Herveus 395 

Thome  Henricus ....     388-394-404 

Thome  Guillermus 428 

Thome  Stephanus 400 . 

Treanna  de  Johannes.   411-415-420 

422-425-426,  etc. 

Tregarec  GuiUermus 417 

Trement  Eudo 359 

Treouret  G 417 

Trevedic  G. 406 

Turch  Eudo-Yvo. . . .     357-364-366 

370  390-405,  etc. 
Turneru  Yvo 356-359-426 

U 
Urbain  VI,  pape 3L8 


N' 


V^alancc  Johannes  (de)   348 

VnlloconEud 396 

Vcteri  lauda  Henricus  (de)  . .  339 

Vico  novo  Herveus  (de) 392 

Villa  Alba  Matheua  (de) 388 

Villa  collis,  Alanus  (de) 336 


Yvo  an  Conc 336-352 

Yvo  de  Conche 368 

Yvo  Currerii 379 

Yvo  de  Guernarpin 359 

Yvo  de  Kersanteuc 359 

Yvo  de  Lanros 359 

YvoGuiUoli 358 

Yvo  Roux 412 

Yvo  Treziguidi 376 

Yvo  Turnerii 356 


Cartulaire* 

TABLE   ALPHABÉnQtJE   DES   NOMS   DE   LIEUX 


Beu2ec-Gap-Siznn 340 

Combrit 383 

Daoulas 366 

Kemper-Corentini 339-357 

Kemperele 348-357 

Kerfenten 359 

Kermeurzin 359 

Kernevez 359 

Lannédem 373 

Lennon 348 

Locus  Marie 359-421 

Parcus  an  Roe 359 

Pemerit 357 


Ploegoff 359 

Ploelan 413 

Ploemodiern 359 

Ploeneiz 338-357 

Ponte  crucis  (de) 338 

Ponte  medardi  (de) 357 

Pontpecii 348 

Pontusguen 359 

Pontustum 359 

Spezet 340 

Tuon  heir 359 

Vicus  novus 393 

Vicus  vinec 359 


Qoimper,  typ.  de  Kerangal,  impr.  de  l'ËTêcbé. 


DIOCÈSE   DE  QUIMPER  ET   DE  LÉON 


BULLETIN 

DE      LA     COMMISSION      DIOCÉSAINE 
D'ARCUITECTUHE  &  D'ARGHÉOLOGIB 


BOLLBTIIf  DE  LA  COMMISSION  DIOCÉSAINE.  —  8«  aDD^e. 


I>IOO£BSH2    DS    QUIMPJB2R    Ab    DS    USION 


BULLETIN 


DE    LA 


COMMISSION    DIOGËSAINË 


d'Architecture  &  d'Archéologie. 


ville  Année 


PRIX  de  fAbonneniMt  ênnuûl  : 

5  Francs. 


"W 


QUIMPER 

TYP.  DE   KERAN6AL,   II<PR.   DE   L'ÉVÊGHÉ 

1908 


CARTULAIRE 

DE    L'ÉGLISE    DE    QUIMPER 

(Suite.) 
483. 

PIERRE  DU  MAS  PRÊTE  SERMENT  PERSONNELLEMENT  («' 

-    81  Août  1888.    - 


Anno  Domini  M?  CCCo  nonagesimo  octavo,  die  ultima 

mensis  Augusti,  hora  terciarum  vel  circa,  indictione  sexta, 

Pontificatus  Benedicti  pape  decimi  tercii  anno  quarto,  pre- 

sentibus  venerabilibus  et  discretisvirisdominisMagistris 

Joh.  de  Tegula,  0.  Hospitis,  Joh.  de  Alta  villa  (2),  Daniele 

de  Insula;  et  Joh.  Treanna  canonicis  ecclesie  Corisopiten- 

sis  capitulantibus,  venerabilis  et  discretus  vir  Magister 

Petrus  du  Mas  canonicus  ecclesie  Corisopitensis  iuravit  in 

propria  persona  statuta,  observancias  et  laudabiles  con- 

suetudines  ecclesie  Corisopitensis. 

Acta  in  Capitule  ut  supra. 

J.  Bloez. 


484. 

PIERRE  BEGUT,  CHANOINE,  PREND  POSSESSION  (» 

-    8  Avril  1888.    - 


Anno  Domini  M^  CCC^  nonagesimo  nono,  die  nona 
mensis  Apprilis,  circa  horam  prime  dicte  diei,  indictione 

(1)  Cart.  31,  f  31. 

(2)  ÀUa  vUla,  Kerhuel. 

(3)  Cart.  31,  ^  80. 


—  6  — 

octava,  ab  electione  domini  B.  decimi  tercii  ultimi  in 
papam  electi  anno  sexto,  venerabilis  vir  Petrus  du  Mas 
canonicus  Corisopitensis,  vigore  mandati  Reverendissimi 
in  Christo  Patris  ac  domini  domini  T.  permissione  divina 
Episcopi  Corisopitensis,  induxit  venerabilem  etdiscretum 
Magistrum  Petrum  Beguti  in  possessionem  corporalem  et 
realem  canonicatus  et  prébende...  quos  venerabilis  vir 
Magister  Johannes  Beguti  obtinere  solebat...  quem  in 
canonicum  et  fratrem  recepimus,  et  juravit  statuta  et 
observancias  dicte  ecclesie  tenere  et  observare,  presenti- 
bus...  Militis,  Âlano  Penquelennec  canonicis...  (Acte peu 
lisible.)  

485. 

MACICOT  REÇU  PRÊTE  SERMENT (0 

-   21   Mal  1899.   - 


Anno  Domini  M9  CGC»  nonagesimo  nono,  die  vigesima 
prima  mensis  Maii  fuit  Johannes  Filas  receptus  in  maci- 
cotum  et  juravit  statuta  ecclesie,  presentibus  Magistris 
Guillermo  Militis,  0.  Hospitis,  H.  Sulguen,  Daniele  de 
Insula.  J.  Corric,  Yvone  de  Kaer  et  Alano  de  Penque- 
lennec.   

486. 

RACHAT  D'UNE  RENTE  POUR  L'ANNIVERSAIRE 
DE  GUILLAUME  DE  LOCHARIA(') 

-    80  Mal  1399.    - 


Anno  Domini  Mp  CCC^  nonagesimo  nono,  die  veneris 
ante  festum  Ronani,  redemit  Marcus  Crom  viginti  solidos 
annuos  super  descriptos  (3)  pro  anniversario  Guillermi 

(1)  Cart.  81,  ^  67. 

(2)  Cart.  61,  f  87. 

(3)  En  1336,  o*  943. 


—  7  — 

de  Locomarie  quondam  Archidiaconi  de  Pocher,  pro  qui- 
bus  solvit  quindecim  irancos  auri. 

Datum  ut  supra,  presentibus  in  Capitulo  Magistris 
Herveo  Sulguen,  Petro  Dulias,  Guillermo  Militis,  Daaiele 
de  Insula,  0.  Hospitis.  Jo.  Coriic,  A.  Penquelennec. 

J.  Bloez. 

437. 

GUILLAUIIE  YNISAN  PAIE  AMENDE  AU  CHAPITRE  <«> 

-    4  Juin  1398.    ~ 


Anno  Domini  M»  CCC<>  nonagesimo  nono,  die  quarta 
mensis  Junii,  indicione  septima,  ab  electione  Benedicti 
in  papam  ultimo  electi  anno  quinto,  presentibus  Richardo 
Comitis,  Gaufïrido  Sellarii  et  aliis,  Guillermus  Ynisan 
Pelliperius,  in  Capitulo  Corisopitensi  presens,  eisdem 
venerabilibus  viris  Capitulo  Corisopitensi,  in  dicto  Capi- 
tulo propter  negocium  infrascriptum  capitulantibus, 
emendare  se  obtulit  et  de  facto  emendavit  tam...  bono- 
rum  quam  pecuniarum,  videlicet  usquead  centum  solidbs 
monete  currentis,  eisdem  venerabilibus  viris  ad  eorum 
moderacionem...  ab  eodem  Guillermo  solvendos  non 
obstante  lapsu...  diei  et  anni,  eo  quod  auctoritate  sua  pro- 
pria executionem  fecerit  in  subditos  et  in  lerritorio 
eorumdem  venerabilium  virorum  Capituli  predicti,   ut 

idem  Guillermus  hoc  recognovit. 

J.  Bloez,  transcripsit. 


488. 

GUILLAUIIE  DE  KER  ARCHIDIACRE  PRÊTE  SERIIENT  (') 

-    6  Août  1889.    - 


Anno  Domini  M®  CGC*  nonagesimo  nono,  die  martis 
post  festum  B.  Pétri  ad  vincula,  indictione  septima,  ab 

(1)  Cart  81,  ^  64. 

(2)  Cart.  31,  f^  26. 


—  8  — 

electione  domini  Benedicli  in  papam  ultimo  electi  anno 

quinto,  presentibus  ad  hoc  venerabilibus  et  discretis  viris 

Magistris  Herveo  Sulguen,  Guillermo  Marhec,  Oliverio 

Hospitis,  Jobanne  Corric,  Yvone  de  Ker  canoDicis  Coriso- 

pitensibus,  venerabilis  vir  Magister  Guillermus  de  Ker 

Archidiaconus  et  canonicus  Corisopitensis  in  dicto  Capi- 

tulo  presens,  juravit  statuta  ecclesie  Corisopitensis,  con- 

suetudines  et  observaciones  bene  et  fideliter  observare, 

antiquioribus  ejusdem,  reverenciam  et  obedienciam  exhi- 

bere,  franchisias  et  libertates  ecclesie  Corisopitensis  ser- 

vare. 

Âcta  ut  supra. 

J.  Blobz. 

489. 

THÉBAUT  DE  LA  BOURDONAYE  PRÊTE  SERIENT  (O 

-   18  Août  1389.   - 


Anno  Domini  M»  CCCo  nonagesimo  nono,  die  décima 
nona  mensis  Augusti  hora  vesperorum,  indictione  septima 
et  ab  electione  domini  Benedicti  in  papam  ultimo  electi 
anno  quinto,  presentibus  Magistris  Jobanne  de  Tegula, 
Herveo  Sulguen,  Oliverio  Hospitis,  Jobanne  Corric,  Alano 
Penquelennec  canonicis,  Petro  Boustouer,  Jobanne  Pre- 
gencii  et  pluribus  aliis,  Magister  Theobaldus  de  la  Bour- 
donaye  canonicus  Corisopitensis  juravit  tenere  et  ob- 
servare statuta  et  consuetudines  laudabiliter  observatas 
Capituli  Corisopitensis. 

Acta  fuerunt  bec  in  Capitule  supra  dicto. 

A.  Sgahunbg. 

(1)  Gart.  81,  f^  53. 


—  9  — 

440. 

JEAN  DE  HALESTROIT  PREND  POSSESSION  PAR  PROCUREUR  ') 

-18  Octobre  1388.   ~ 


Die  décima  tercia  mensis  Octobris,  anno  M»  CCC<>  nona- 
gesimo  nono,  circa  horam  compleclorii  illius  diei,  Petrus 
Rouxuel  procurator  et  procuratoris  nomine  Magistri  Jo- 
bannis  de  Malestricto  canonici  ecclesie  Corisopitensis , 
fuit  inductus  in  possessionem  canonicatus  et  prébende 
ecclesie  Corisopitensis,  per  venerabiiem  virum  Magistrum 
Guillermum  Militis  canonicum  dicte  ecclesie  et  fuit  stal- 
lum  assignatum  in  coro  et  locus  in  Capitulo,  et  juravit 
idem  procurator,  nomine  quo  supra,  observare  statuta 
ecclesie  Corisopitensis.  Datum  die  et  anno  quibus  supra, 
presentibus  Magistro  Herveo  Sulguen,  et  Magistro  Petro 
du  Mas  testibus.       j^  Ancipitris  faciet  instrumentum. 


441. 

GLAZRAN  DE  PENDREFF  REQU  CHANOINE  (') 

-   28  Janvier  1400  (n.  t.).    - 


Anno  Domini  M9  CCC^  nonagesimo  nono  die  vigesima 
nona  mensis  Januarii  hora  prime  etc.  indicione  octava 
ab  electione  Benedicti  XIII  ^  in  papam  ultimo  electi  anno 
VIo  presentibus  et  capitulantibus  venerabilibus  dominis 
Guillermo  de  Ker  archidiacono  Corisopitensi,  Guillermo 
Marhec,  Johanne  Corric,  0.  Hospitis,  A.  de  Penquelennec, 
Petro  Dumas  canonicis,  dominis  Johanne  Mutonis,  Natali 
Stellan  curatis  et  aliis,  fuit  Magister  Glazrenus  de  Pen- 
dreQ  in  personam  massicoti  de  Kerdrain  procuratoris  sui 
receptus  in  canonicum  in  Capitulo  Corisopitensi  et  juravit 
procurator  statuta  etc.  j^  ^^^^^  6,  Serrelagat. 

(1)  Gart.  81,  f*  26. 
(S)  Gart.  31,  f>  58. 


—  10  — 
442 

PIERRE  ROSSIGNOL  REQU  CHANOINE  «) 

—  30  Janvier  1400  (n.  s.)*   — 

Anno  quo  supra  (1399)  die  penultima  dictî  mensis  hora 
terciarum  indictione  et  electione  supra  dictis  presentibus 
et  capitulantibus  prefatis  canonicis  dempto  tamen  Magis- 
tro  Guillermo  Marhec,  Guillermo  de  Cagia  magistro  Jo- 
hanne  de  Misperit  et  aliis  fuit  Petrus  Philomene  (2)  près- 
byter  receptus  in  Capitulo  Corisopitensi  in  canonicum  et 
juravit  statuta  etc. 

Item  ipsi  venerabiles  viri  mandaverunt  Johannem  Mu- 
tonis  ipsum  in  papirarium  ad  distribuciones  cotidianas 

®^c-  J.  Bloez,  g.  Serrelagat. 


448. 

JEAN  DE  MALESTROIT 

PREND  POSSESSION  PERSONNELLEMENT  (») 

-   11  Mars  1400  (n.  t.).   - 


Anno  Domini  Mo  CCCo  nonagesimo  nono  die  xi^  mensis 
Marcii  hora  terciarum,  indicione  vin*,  ab  electione  Bene- 
dicti  Xill  in  papam  ultime  electi  anno  \i^,  presentibus 
Reverendo  in  Christo  pâtre  et  domino  domino  T.  Coriso- 
pitensi episcopo,  Guillermo  Marhec,  Alano  de  Penque- 
lennec,  Johanne  Corric,  Petro  Dumas,  Petro  Philomene 
canonicis  Corisopitensibus,  Magistris  Johanne  de  Misperit, 
Johanne  de  Kerban  et  aliis,  fuit  venerabilis  vir  Magister 
Johannes  de  Malestroit  receptus  in  Capitulo  Corisopitensi 
in  canonicum  illius  ecclesie  et  juravit  statuta  illius  eccle- 
s»®  etc.  j,  Bloez. 


(1)  Gart.  31,  ^  53. 

(3)  Philomene,  traduction  du  français  ou  du  breton  VEosUk, 

(3)  Cart.  31,  ^  46. 


-  n  - 

444 

HOSPITALE  SANCTE  CATHERINE^O 

Nomination  d'un  administrateur. 
-  13  Mal  1400    - 


Aqdo  Domini  M9  quadricentesimo  die  jovis  post  festum 
beati  Michaelis  io  monte  Garganti  presentibus  domiDis 
Johanne  Kouser,  Guillermo  Tregonec,  Yvone  Ballacon, 
Johanne  de  Castrolini  et  aliis,  venerabile  Capitulum  Cori- 
sopitense  capitulans,  elegerunt  et  presentaVerunt  domi- 
num  Yvonem  Turnerii  presbyterum  in  administratorem 
et  procuratorem  hospitalis  béate  Katedne  vacantem  per 
mortem  Yvonis  Quoetpont  videlicet  Magistro  Âlano  Pen- 
quelennec  vicario  generali  in  spiritualibus  domini  Epis- 
copi  Corisopitensis,  qui  quidem  vicarius  hujusmodi  elec- 
tionem  et  presentacionem  recepit  et  protestacione  facta 
pro  parte  dicti  Turrier  de  non  renunciando  cure  sue  nisi 
in  quantum  haberet  jus  ad  dictum  hospitale,  juravit  sta- 
tuta  ipsius  hospitalis. 

Âcta  ut  supra  indiccione  octava  ab  electione  Benedicti 
XIII  in  papam  ultimo  electi  anno  sexto,  presentibus  et 
capitulantibus  Magistro  Guillermo  Marhec,  Johanne  Cor- 
ric,  Herveo  Sulguen,  Âlano  de  Penquelennec,  Petro 
Dumas,  Guillermo  de  Ker,  Johanne  Treanna  canonicis. 

J.  Bloez,  transcripsit. 


445. 

LES  VICAIRES  DE  S.  CORENTIN  PRÊTENT  SERMENT  f') 

-    7  Mal  1400.    ~ 


Anno  Domini  M9  CCCo  die  vu''  mensis  Maii  indicione 
viu''  ab  electione  Benedicti  XIII^  in  papam  ultimo  electi 
anno  vP  presentibus  Magistro  Johanne  de  Misperit,  Daniele 
Madiov  et  aliis,  Natalis  Stellan,  Herveus  Dineult,  Johan- 
nes  Mutonis,  Guillermus  Tregonnec,  Stephanus  Rouselli, 

(1)  Cart.  31,  ^  44. 

(2)  Cart.  81,  ^  47. 


-  12  — 

Johannes  an  Rouser,  Yvo  Ballacon,  Johannes  Corfiet, 
Guido  Keruegant,  Johannes  Hurgoez,  Yvo  Tuanant,  Johan- 
nes an  Marhec,  Yvo  Salie,  Oliverius  Gantperent  et  Yvo 
Glemarhee  Curati  et  ministri  respective  ecclesie  Coriso- 
pitensis  in  Capitulo  Corisopitensi  per  procuratorem  Capi- 
tuli  in  presencia  venerabilium  dominorum  de  dicto  Capi- 
tulo capitulantium,  requisiti  juraverunt  statuta  ecclesie 
et  chori  Corisopitensis  bene  et  fideliter  tenere  et  observare 
presentibus  et  capitulantibus  pro  dicto  négocie  venera- 
bilibus  viris  Magistris  Herveo  Sulguen,  Guillermo  Marhec, 
Petro  Dumas,  Johanne  Corric,  A.  Penquelennec  etO.  Hos- 
pitis  canonicis  Corisopitensibus.  J.  Bloez. 


446. 

OLIVIER  GANTPERENT  NOMIIIÉ  AVOCAT  DU  CHAPITRE  («) 

-   23  Juin  1400.    - 


Anno  Domini  Moquadragintesimo,  die  mercurii  in  vigi- 
lia  festi  nativitatis  Beati  Johannis  Baptiste,  fuit  Olivarius 
Gantperent  creatus  inclientem  Gapituli  etjuravitoiliciura 
bene  et  fideliter  exercere  presentibus  et  capitulantibus 
Magistris  Herveo  Sulguen,  Guillermo  Marhec,  0.  Hos- 
pitis,  Petro  Philomene,  Johanne  Corric,  Johanne  Treanna 
canonicis.  J.  Bloez. 

447. 

GUILLAUME  BOURHIS  REÇU  MACICOT  (') 

-    B  Mal  1400.   - 


Anno  Domini  M^  quadragintesimo,  die  mercurii  post 
Misericordia  Domini  (3),  fuit  Guillermus  Burgensis  cle- 
ricus  receptus  in  mancicotum  ecclesie  Corisopitensis  et 
juravit  statuta  consuetudines  et  observaciones. 

(1)  Cart.  81,  f>  81. 

(S)  Cart.  81,  ^  40. 

(8)  SecoDd  dimanobe  après  Pâqaes,  le  9  Mai,  en  1400.! 


-  13  - 

DIACRE  ET  SOUS-DIACRE  DOIVENT  PERSONNELLEIENT 

REIPLIR  LEUR  OFFICE  («) 

-   27  Juillet  1400.   - 


Anno  Domini  M9  quadragentesimo,  die  martis  post  fes- 
tum  sancti  Jacobi  (2),  presentibus  et  capitulantibus  vene- 
rabilibus  viris  Magistris  Guillermo  Marhec,  Herveo  Sul- 
guen,  0.  Hospitis  et  Petro  Dumas  canonicis,  fuit  in  Capitulo 
Corisopitensi  inhibitum  sub  privacionis  chori  pena,  Guil- 
lermo scribe  Yvoni  Bellacon  presbyteris  ne  per  alium 
quam  per  ipsosmet  exerceant  officia  sua  in  ecclesia  Cori- 
sopitensi videlicet  dyaconatus  et  subdiaconatus  et  ut 
intersint  eisdem  officiis,  jejuniis  stomacis,  in  suis  propriis 
personis. 

Acta  in  Capitulo  Corisopitensi  die  et  anno  predictis, 

indictione  viii*  ab  electione  Benedicti  XIIU  in  papam 

ultimo  electi,  anno  sexto. 

J.  Bloez  transcripsit. 


449. 

JEAN  DE  MALESTROrr  REÇU  CHANOINE  (') 

-    6  Août  1400.    - 


Anno  Mo  quadragentesimo  die  quinta  mensis  Augusti 
hora  terciarum  vel  circa,  indiccione  octava,  et  ab  electione 
B.  in  papam  ultimo  electi  anno  vP,  presentibus  dominis 
Natali  Stellan,  Yvone  Dantec,  Oliverio  Quoetperec  pres- 
byteris fuit  Guillermus  Presart  clericus  procurator  et 
procuratorio  nomine  litteratorie  destinatus  Magistri  Jo- 
hannis  de  Malestricto  canonici  Corisopitensis  receptus  in 
canonicum  et  fratrem  dicte  ecclesie  in  canonicatu  et  pre- 
benda  quos  nunc  deflunctus  dominus  Petrus  Roussignol 

(1)  Ctrt.  31,  ^  52. 

(2)  Dimtnche  25  Jaillet. 

(3)  Cart.  31,  ^  53. 


—  14  - 

presbyter  obtinere  solebat  in  dicta  ecclesia,  per  assigna- 
cionem  loci  in  Capitulo  et  stalli  in  choro  qui  quidem 
procurator  juravit  statuta  ecclesie  observare. 
Actum  fuit  in  dicta...  (Hc). 


450. 

YVES  LE  PENNEC  REÇU  IIIACICOT(') 

—   22  Septembre  1400.   — 


Anno  que  supra  (1400)  die  mercurii  post  festum  Beati 

Mathei  Apostoli,  fuit  Yvo  an  Pennée  receptus,  per  Capi- 

tulum  capitulando,  in  mancicotum  ecclesie  Gorisopitensis, 

et  juravit  statuta  dicte  ecclesie,  presentibus  et  capitulan- 

tibus  venerabiiibus  viris  dominis  et  Magistrîs.  Jo.  de 

Tegula,  Herveo  Sulguen,  A.  de  Penquelennec,  0.  Hospitis, 

Guillermo  Marhec,  Petro  du  Mas,  Jo.  Corric  et  Guillermo 

de  Ker  Archidiacono. 

J.  Bloez  transcripsit. 


451. 

LE  PRIEUR  DE  L'HOPITAL  MIS  A  L'AMENDE  (') 

—   27  Septembre  1400.   — 


Die  et  anno  quibus  supra  (27  Septembre  1400)  et  eis- 

dem  supra  nominatis  canonicis  in  Capitulo  capitulantibus, 

fuit  statutum  et  ordinatum  contra  Yvonem  Quoetpont 

priorem  Hospitalis  Sancte  Katerine  et  Stephanum  Rou- 

selli  presbyteros,  absentes  tamen,  quod  mendarent  quili- 

bet  ad  centura  solidos,  eo  quod,  contra  statuta  fuerunt  in 

delacione  cuiusdam  cadaveris  consanguinee  dicti  prioris 

de  eodem  hospitali  ad  domum  fratrum  minorum  civitatis 

Gorisopitensis. 

J.  Bloez. 

(1)  Ctrt.  31,  f  28. 

(2)  Gart.  31,  ^  40. 


—  15  — 

452. 


HENRI  OLIVIER  REÇU  MACICOT  («) 

—   26  Novembre  1400.   — 


Aûno  Domini  M^  quadragintesimo,  die  veneris  post 
festum  béate  Katerine  virginis  fuit  Yvo  filius  Henrici  Oli- 
verii  textoris  receptus  in  macicotum  chori  ecclesie  Cori- 
sopitensis  et  juravit  statuta  ecclesie  Corisopitensis,  pre- 
sentibus  et  capitulantibus  venerabilibus  viris  Magistris 
Johanne  de  Teguia,  Herveo  Sulguen,  0.  Hospitis,  A.  de 
Penquelennec  canonicis. 


458. 

RÈGLEMENT  TOUCHANT  LES  OBITS  (') 

—   Sans  date  (vera  1400).   — 


Ad  evitandum  obmissionem  dampnosam  contingere 
valentem  circa  obitus  faciendos  in  ecclesia  Corisopitensi 
annuatim  etamissionem  eorumdem  ne  negligencia  pereant 
ministrancium  nec  receptorum  in  futurum,  diligenti 
consilio  et  tractatu  super  hoc  habite  extitit  unacum  con- 
sensu  ordinatum  quod  de  cetero  quicumque  obitus  reci- 
piendus  aut  tradendus  in  dicta  ecclesia  inscribetur  per 
manum  procuratoris  et  eciam  alicujus  contrarotulatoris 
instituti  vel  instituendi  a  Capitulo  in  duobus  katernis  pro 
utroque.  

454. 

PIERRE  LE  MARHEC  REÇU  CHANOINE  <') 

-   31  Mars  1401  (n.  a.).   - 


Anno  Domini  M^  quadragintesimo,  hora  prime  vel  circa, 
dies  ultime  mensis  Marcii,  indicione  nona,  ab^lectione 


(1)  Cart.  31,  ^  61. 

(2)  Cart.  31,  f  52. 

(3)  Cart.  31,  f  21. 


—  16  — 

Benedicti  decimi  tercii  in  papatum  ultimo  electi  anno 

septimo,   presentibus   Oliverio   Gantperent,    Guillermo 

Cronc  presbyteris  et  aliis  fuit  Magister  Petrus  Militis  in 

Capitulo  ecclesie  Corisopitensis  receptus  In  canonicum  et 

locus  sibi  in  dicto  Capitulo  assignatus,  et  iuravit  statuta 

ecclesie  et  hoc  per  Magistrum  Guillermum  Marhec  ca* 

nonicum. 

J.  Bloez. 

455. 

YVES  TAILLECOT  REÇU  CHANOINE  TRÉSORIER  (') 

-   6  Juillet  1401.    - 


Anno  Domini  M^  quadragintesimo  primo,  die  mercurii 
in  octobas  festi  Âpostolorum  Pétri  et  Pauli,  presentibus 
discretis  viris  Magistris  Herveo  Sulven,  Oliverio  Hospitis, 
Johanne  Corric,  Guillermo  de  Kaer  Archidiacono  ejusdem 
ecclesie,  Petro  Militis  canonicis  ejusdem  ecclesie  et  plu- 
ribus  aliis,  Bertrandus  Simonis  presbyter  procurator  et 
procuratorio  nomine  discreti  viri  Magistri  Yvonis  Tail- 
lecot  thesaurarii  et  canonici  ejusdem  ecclesie  fuit  recep- 
tus et  in  possessionem  ductus  eorumdem  thesaurarie  et 
canonicatus  per  assignacionem  stalli  in  choro  et  loci  in 
Capitulo  juravitque  statuta  dicte  ecclesie  prout  in  isto 
libro  continetur,  bene  et  fideliter  observare. 

DE  Kervatoux. 

(1)  Cart.  31,  f»  32. 

(A  suivre,) 


-  17  - 


CORRESPONDANCE 
I.  TRÊHOT  de  GLEBMOIIT,  MUre  de  Pont-Croli  (1791). 

(Suite.) 


Les  deux  mois  de  Mai  et  de  Juin  furent  une  période  rela- 
tivement tranquille  ;  le  Conseil  municipal  occupa  ses 
loisirs  à  la  police  des  églises  et  à  Torganisation  de  la  Fête- 
Dieu,  qui  avait  occasionné,  Tannée  précédente,  un  vérita- 
ble scandale  :  les  jeunes  gens  ayant  enlevé  le  dais  aux 
quatre  porteurs  désignés  par  le  marguillier.  Cette  fois,  il 
est  bien  établi  que  les  notables  choisiront  quatre  d'entre 
eux  pour  porter  le  dais  à  chaque  procession.  Tout  parti- 
culier sera  tenu  de  tendre  décemment  devant  sa  maison, 
de  nettoyer  la  rue  et  d'enlever  les  immondices.  Le  com- 
mandant fera  prendre  les  armes  par  la  garde  nationale  ; 
il  n'admettra  pas  de  soldats  au-dessous  de  dix-huit  ans  et 
leur  commandera  la  plus  grande  décence. 

Il  n'y  a  guère  d'autre  incident  local  à  signaler  que 
l'affaire  Le  Gac,  prêtre  non  conformiste,  ancien  profes- 
seiir  au  collège  de  Quimper,  retiré  depuis  peu  de  temps  à 
Pont-Croix  où  il  s'occupe  de  l'éducation  des  enfants  de  la 
dame  d'Esclabissac.  Dénoncé  par  un  notable,  il  dut  com- 
paraître devant  la  Municipalité  pour  répondre  de  «  propos 
incendiaires  »  qu'il  aurait  tenus. 

Le  6  Juin,  vers  8  heures  du  soir,  l'abbé  Le  Gac,  reve- 
nant de  la  promenade  avec  ses  élèves,  rencontra  dans  le 

Bulletin  db  là  Commission  diocjîsainb.  —  8*  anDée*  2 


—  18  - 

faubourg,  vis-à-vis  des  Ursulines,  un  homme  entouré  de 
plusieurs  femmes  et  filles  et  leur  lisant  un  papier.  L*air 
original  de  cet  homme  attira  son  attention.  Il  le  prit 
d'abord  pour  un  vendeur  de  chansons  revenant  de  la 
foire  de  Pouldavid.  Il  passait  son  chemin,  quand  cet 
homme  Tapostropha,  disant  qu'il  lisait  des  papiers  contre 
les  «  faux  bulles  de  pape  )),  car  il  parle  fort  mal  le  fran- 
çais. Détestant  par  caractère  et  par  principe  toute  espèce 
de  calomnie,  Le  Gac  se  crut  obligé,  comme  chrétien  et 
comme  prêtre,  de  répondre  à  cet  homme  que  les  bulles 
n'étaient  peut-être  pas  si  fausses  qu'il  les  croyait,  puisque 
l'Assemblée  elle-même  ne  disconvenait  pas  qu'elles  ne 
vinssent  pas  du  Pape  —  à  preuve,  l'ouvrage  de  M.  Le 
Camus,  membre  de  la  dite  Assemblée  —,  mais  soutenait 
qu'elles  n'avaient  pas  de  force  en  France  parce  qu'elles 
n'ont  pas  été  acceptées  ni  enregistrées  suivant  la  forme. 
Si  on  le  poursuit,  qu'on  poursuive  aussi  le  Journal  ecclé- 
iiastiquBt  le  Journal  général f  le  Courrier  d'Avignon,  etc., 
qui  n'ont  pas  été  démentis  par  aucun  autre  folliculaire. 
Des  gens  qui  entendent  mal  le  français,  ont  confondu  : 
((  accepter  et  reconnaître  vrai  )),  et  s'ils  ont  dit  la  même 
chose,  c'est  que  les  témoins,  quand  ils  doivent  rendre 
témoignage,  se  demandent  les  uns  aux  autres,  ce  qu'ils 
ont  entendu.  ((  D'ailleurs,  ajoute  Le  Gac,  je  suis  trop  au 
courant  de  la  question  pour  avoir  pu  dire  que  l'Assemblée 
avait  accepté  les  bulles  et,  si  j'avais  voulu  tromper,  j'au- 
rais mieux  choisi  mon  monde  et  mon  lieu.  J'ai  dit  que  les 
bulles  étaient  vraies  en  ce  sens  qu'elles  veuaient  de  Rome 
et  je  suis  prêt  à  le  répéter  devant  tous  les  tribunaux  pos- 
sibles )).  Cette  défense  habile  et  courageuse  valut  à  Le  Gac, 
pour  le  moment,  une  simple  admonestation  de  la  part  du 
Conseil  municipal.  Il  fut  prévenu  d'être,  à  l'avenir,  plus 
circonspect  dans  ses  propos.  Mais  le  District  de  Pont- 
Croix,  dans  sa  séance  du  9  Décembre  1791,  observe  au 


—  19  — 

Département  qu'en  exécution  de  son  arrêté  du  29  Novem- 
bre, il  a  fait  mettre  en  état  d'arrestation  le  sieur  Le  Gac, 
pour  s'être  depuis  longtemps  rendu  suspect  :  !<>  par  son 
refus  de  prêter  serment  ;  2^  par  des  altercations  avec  de 
bons  citoyens  et  avec  la  Municipalité  même  de  Pont-Croix, 
pour  la  manifestation  de  ses  principes  anti  civiques  sur 
les  bulles  ;  3»  enfin,  par  son  entrée  au  service  d'une  mai- 
son connue  par  sa  haine  pour  la  Constitution  (1). 

Le  24  Juin,  le  Conseil  général,  extraordinairement 
assemblé,  se  rend  au  Directoire — où  se  trouvent  déjà  réunis 
les  membres  du  District  et  du  Tribunal  —,  pour  y  recevoir 
communication  d'un  décret  de  TAssemblée  Nationale,  en 
date  du  21  de  ce  mois,  qui  annonce  l'enlèvement  du  Roi 
et  de  la  famille  royale.  Lecture  en  est  donnée  par  la  fenê- 
tre à  la  foule  assemblée  sur  la  place,  et  l'on  décide  qu'une 
garde  de  quinze  hommes  se  tiendra  cette  nuit  sous  les 
halles  et  fera  des  patrouilles  d'heure  en  heure,  pour  arrê- 
ter toutes  personnes  suspectes  ainsi  que  voitures,  che- 
vaux, bagages.  Cette  nuit  même,  le  Roi  rentrait  à  Paris... 

Le  lendemain,  suivant  l'arrêté  du  District  de  tenir  les 
armes  en  état,  la  Municipalité  fait  venir  Jean  Ânsquer, 
armurier,  et  lui  enjoint  de  travailler,  même  le  dimanche, 
aux  réparations  nécessaires.  On  prendra  vingt  livres  de 
poudre,  chez  Guézenncc,  distributeur,  deux  cents  pierres 
à  fusil,  et,  comme  il  n'y  a  pas  de  balles  en  ville,  on  en 
fera  avec  du  plomb  mat,  puis  des  cartouches.  Tous  les 
hommes  sans  distinction,  de  vingt  à  soixante  ans,  seront 
tenus  de  monter  la  garde,  et  ceux  qui  ne  le  pourraient 
pas,  au  jour  indiqué,  paieront  douze  sols  pour  celui  qui 
les  remplacera.  Défense  est  réitérée  aux  cabaretiers  de 
donner  à  boire,  après  9  heures  du  soir,  excepté  aux  étran- 
gers, et  tous  ceux  qui  ont  des  voyageurs  à  loger,  devront 


(1)  Cr.  DoeumenU,  U,  76. 


--  20  — 

en  faire  la  déclaration  au  Maire  à  peine  de  dix  livres 
d'amende,  au  profit  du  corps  de  garde.  La  Municipalité 
sera  permanente  et  s*assemblera  provisoirement  deux 
fois  par  jour  pour  régler  tout  ce  qui  pourrait  survenir  de 
nouveau. 

Ce  qui  survint,  l'histoire  locale  ne  le  dit  pas,  car  le 
registre  des  Délibérations  municipales  manque  de  Juillet 
à  Décembre,  et  la  correspondance  du  Maire  en  est  d'autant 
plus  précieuse.  Il  est  vrai  que  les  affaires  générales  :  la 
fuite  du  Roi,  le  vote  de  la  Constitution,  prennent  une 
place  de  plus  en  plus  grande  dans  ces  lettres  qui  se  ter- 
minent par  le  compte-rendu  des  élections  à  l'Assemblée 
législative. 


* 
#  * 


<  !•'  Juillet  1791. 

«  La  fuite  du  Roi  est  inexcusable.  Il  a  compromis  sa 
dignité  royale  et  avili  sa  personne  par  les  moyens  qu'il  a 
employés  :  c'est  une  faute  basse,  grossière,  gauche  et 
irréfléchie  dont  l'Histoire  ne  présente  point  d'exemple. 
Quelqu'impardonnable  qu'elle  soit  pourtant,  l'Assemblée 
Nationale  doit  user  de  beaucoup  de  prudence  vis-à-vis  de 
lui.  Il  me  semble  que  les  mesures  qu'elle  se  propose  de 
prendre  sont  trop  violentes  et  trop  rigoureuses.  Toutes 
les  puissances  voisines  sont  armées,  leurs  troupes  bor- 
dent nos  frontières.  Depuis  longtemps,  elles  sont  en 
vedette  sur  ce  que  deviendra  le  Roi  et  sur  la  manière  dont 
on  en  usera  envers  lui.  Si  on  le  traite  rigoureusement,  si 
on  le  dégrade  trop,  si  enfin  on  le  veut  annuler,  il  est  à 
craindre  qu'elles  prennent  sa  défense.  Ce  ne  sera  certai- 
nement pas,  surtout  dans  les  circonstances  présentes,  par 
rapport  à  la  personne  individuelle  du  Roi,  mais  pour  la 
cause  commune  des  fois  en  général.  Autant  de  rois  voi- 


-  âi  - 

sins,  autant  d'ennemis  cachés  de  la  Nation  française  qui 
peuvent  se  montrer  aussitôt  qu*on  aura  déposé  le  Roi,  ou 
qu'on  aura  pris  contre  lui  des  moyens  équivalents.  Le 
Royaume  porte  encore  dans  son  sein  plus  de  citoyens 
ennemis  de  la  Constitution  que  de  vrais  patriotes.  Tous 
veulent  avoir  ce  titre  honorable,  tous  le  prennent  avec 
enthousiasme,  mais  les  lois  les  touchent-ils  ?  Le  patrio- 
tisme, qui  chez  eux  n'est  qu'un  masque,  tombe  et  laisse 
voir  l'homme  au  naturel,  c'est-à-dire,  attaché  à  ses  jouis- 
sances, à  ses  propriétés,  au  bien-être  dans  lequel  il  était 
né,  ou  qu'il  s'était  procuré  par  ses  travaux  —  c'est  celui 
qui  est  le  plus  précieux  —,  que  les  lois  lui  arrachent  pour 
le  mettre  dans  la  gène  et  souvent  dans  la  misère  qu'il 
n  avait  point  connue  jusqu'alors  ou  dont  il  s'était  délivré 
par  ses  sueurs.  Je  suis  dans  un  bien  petit  coin  du  monde 
et  j'y  vois  plus  des  deux  tiers  des  habitants  qui  ont  pris 
successivement  ces  sentiments  !  Je  juge  par  ceux-ci  du 
reste  des  habitants  du  royaume.  » 

c  4  Jaillet. 

((  Les  nouvelles  que  tu  nous  donnes  et  celles  contenues 
dans  les  feuilles  sont  d'autant  plus  aflligeantes  qu'on 
n*entend  parler  par  ailleurs  que  d'incendies  et  de  meur- 
tres. J'en  reviens  toujours  à  dire  que,  dans  la  circons- 
tance, l'Assemblée  doit  agir  avec  beaucoup  de  prudence 
et  de  modération  vis-à-vis  de  la  famille  royale  et  du  Roi. 
Je  conviendrai  toujours  que  celui-ci  a  fait  la  plus  grande 
balourdise  qu'on  puisse  imaginer,  mais  il  aurait  pu  se 
justifier  de  cette  fausse  démarche,  de  manière  à  la  faire 
croire  utile  et  faite  dans  les  vues  du  bien  de  son  royaume. 
Item,  il  n'est  pas  sorti  du  royaume,  il  avait  le  droit  comme 
tout  autre  citoyen  de  le  parcourir,  il  pouvait  justifier  son 
incognito.  Enfin,  il  se  défend,  par  Déclaration,  en  esclave 


-  22  - 

et  non  en  Roi,  comme  il  le  pouvait  faire.  Nous  avons 
néanmoins  hier  fait  chanter  un  Te  Deum  solennel,  fait 
brûler  un  feu  de  joie  de  cent  soixante  fagots  en  son  hon- 
neur et  gloire;  et,  ce  matin,  pour  récompense,  j'ai  été 
assailli  de  plaintes  de  quantités  de  petits  désordres  arri- 
vés à  la  suite  de  cette  fête  civique,  car  nous  avons  fait 
illuminer  partout  :  tous  les  corps  étaient  invités  à  y  assis- 
ter :  clergé,  garde  nationale,  district,  tribunal  et  munici- 
palité. Depuis  le  départ  du  Roi,  nous  faisons  monter  la 
garde  et  faire  patrouille  toutes  les  nuits,  par  tous  les  habi- 
tants quels  qu'ils  soient  :  clergé  et  autres  ;  ceux  qui  ne  veu- 
lent pas  la  monter  paient  douze  livres  pour  le  faire. 

((  Le  désordre  est  grand  partout.  Il  y  a  eu  un  soulève- 
ment à  Concarneau  :  les  citoyens  ont  été  obligés  de  se 
réfugier  dans  la  ville  et  de  couper  le  pont  de  communica- 
tion, mais  cela  fut  pourtant  terminé  en  trois  ou  quatre 
jours  sans  effusion  de  sang.  A  Quimper,  on  est  assez  tran- 
quille :  un  régimentcitoyen  s'est  uni  à  la  garde  nationale 
et  cette  union  fait  un  merveilleux  effet .  » 

c  8  JaUlet. 

«  La  lettre  de  M.  de  Bouille  est  bien  insolente.  Il  paraît 
pourtant  vrai  qu'il  est  l'auteur  ou  le  machinateur  de  la 
fuite  du  Roi.  Il  a,  je^crois,  bien  fait  de  passer  en  pays 
étranger.  C'était  un  homme  à  qui  il  aurait  fallu  faire  le 
procès  et  dont  il  aurait  fallu  faire  un  exemple.  L'Assem- 
blée Nationale,  dans  cette  circonstance,  s'est  supérieure- 
ment comportée.  Elle  doit  avoir  quelque  obligation  au  Roi 
de  cette  fuite  :  sans  elle,  elle  n'eut  jamais  aussi  bien  connu 
le  point  de  confiance  que  la  Nation  avait  en  elle.  Il  est 
vrai  que  cette  éclipse  nous  a  exposés  à  de  graves  dangers, 
ainsi  que  la  Nation,  à  des  guerres  intestines  et  extérieu- 
res. Mais  le  Roi  est  rentré,  et  tout  me  semble  devoir  être 


—  23  — 

effacé.  Je  trouve  même  qu'on  a  déjà  trop  fait  contre  lui, 
car  enfin,  il  n'a  pas  sorti  du  royaume  ;  il  n'est  pas 
prouvé  qu'il  eut  dessein  d'en  sortir  mais  il  n'a  fait  que  ce 
que  tout  citoyen  a  droit  de  faire,  celui  de  parcourir  le 
royaume,  comme  il  veut  et  quand  il  veut,  et  s'il  se  défen- 
dait mieux  qu'il  ne  le  fait,  il  fermerait  la  bouche  à  tout  le 
monde.  Il  y  avait  beaucoup  de  choses  qu'il  eût  pu  dire  en 
parlant  même  en  Roi,  sans  blesser  l'Assemblée  Nationale. 
Mais  il  est  trop  tard  :  il  s'est  rendu  trop  petit,  par  son 
premier  manifeste  et  par  sa  déclaration  qu'il  ne  peut  plus  ^ 
désavouer.  J'attends  avec  impatience  le  dénouement  de 
tout  cela,  car  jusqu'à  présent,  on  ne  voit  pas  trop  ce  que 
deviendra  ce  Prince.  » 

«  11  Juillet. 

«  Je  suis  bien  charmé  que  tout  soit  tranquille  à  Paris 
et  l'on  peut  dire  que  cela  est  fort  heureux  dans  la  circons- 
tance présente.  Le  parti  à  prendre  vis-à-vis  du  Roi  est  de 
le  laisser  reprendre  ses  fonctions  royales  comme  au  passé 
et  reprendre  le  travail  avec  lui  comme  devant.  Je  serais 
même  d'avis  de  retirer  cette  double  et  triple  garde  qu'on 
lui  a  mis.  Où  veut-on  qu'il  aille  ou  qu'on  l'emmène  ?  11 
ne  sera  pas  tenté  de  retomber  en  pareille  faute  ;  tous 
efforts  seraient  vainement  tentés  de  sortir  du  royaume 
désormais,  comme  aussi  de  beaucoup  s'éloigner  de  la 
capitale;  il  sera  surveillé  dans  toutes  ses  démarches.  Au 
demeurant,  sa  fausse  démarche  a  produit  un  grand  bien. 
Tous  les  projets  des  aristocrates  sont  déconcertés,  ils  ont 
connu  par  ce  moyen  quelles  forces  on  avait  à  leur  oppo- 
ser. Monsieur  et  M.  de  Condé  devraient  rentrer  dans  le 
royaume.  Que  feront-ils  désormais  chez  l'étranger  ?  Que 
M.  d'Artois  par  exemple  y  reste  :  à  la  bonne  heure  !  C'est 
un  turbulent  dont  on  se  passera  bien  et  qui,  au  loin,  ne 


—  24  — 

pourra  pas  faire  le  mal  qu'il  ferait  plus  près.  Voilà  pour- 
tant bien  des  apparences  de  paix  et  de  calme  dont  la  per- 
sévérance pourrait  opérer  votre  prompt  retour,  mais  vous 
avez  encore  bien  de  la  besogne  à  faire.  » 

c  15  JnlUet. 

«  On  ne  paye  encore  d*impôt  nulle  part,  pas  plus  en 
Bretagne  qu'ailleurs  parce  qu'on  ne  sait  que  payer  ni  quel 
sera  le  taux  de  la  propriété  foncière.  Je  suis  étonné  et 
même  inquiet  de  savoir  comment  on  peut  se  passer  au- 
jourd'hui de  ces  impositions  qui  ne  sont  encore  suppléées 
par  rien,  et  comment  on  peut  suffire  sans  cela  à  tout  ce 
qu'on  paye  et  ce  qu'on  a  à  payer  et  aux  dépenses  énormes 
qu'on  fait.  Je  n'y  conçois  rien. 

((  Quant  aux  patentes,  elles  ne  produisent  presque  rien. 
Personne  n'en  prend.  Je  ne  crois  pas  que  cela  aille  mieux 
à  Quimper,  et  suivant  ce  que  j'ai  lu  il  y  a  quelque  temps, 
cet  impôt  ne  prend  pas  beaucoup  mieux  à  Paris  ;  cepen- 
dant, il  me  parait  modéré  et  ne  devoir  pas  être  pesant  ; 
il  devrait  être  mieux  accueilli  par  les  villes  qui  avaient 
des  maîtrises  et  jurandes,  que  par  les  autres  ;  surtout  les 
sommes  payées  pour  les  maîtrises  étant  remboursées. 

«  Je  vois  que  les  réclamations  des  deux  cent  quatre- 
vingt-dix  protestants  n'ont  d'objet  que  l'espèce  de  gouver- 
nement qu'on  tend  à  établir  en  République  ;  ils  s'y  opposent 
et,  en  cela,  je  ne  puis  les  désapprouver  ;  il  y  a  un  grand 
nombre  des  vôtres  qui  sont  de  leur  sentiment  :  c'est  en 
général  celui  de  toute  la  France.  Nous  voyons  que,  dans 
beaucoup  de  clubs,  toutes  les  motions  qui  ont  été  faites 
en  faveur  de  la  République  ont  été  sévèrement  repoussées 
et  rejetées. 

«  A  propos  du  15  Juillet,  nous  renouvelâmes  hier  le 
serment  fédératif,  mais  à  bien  moins  de  frais  qu'à  Brest 


-  28  - 

et  qu*à  Quimper.  Cette  fête  coûtera  à  cette  première  ville 
plus  de  cinquante  mille  livres  et  à  celle  de  Quimper,  au 
moins  deux  mille  écus.  Voilà  comment  on  fouette  l'argent 
dans  un  temps  où  on  n'en  a  pas  trop.  Nous  y  avions  cinq 
de  nos  gardes  nationaux  ;  ils  sont  allés  à  leurs  frais.  » 

c  18  JaUlet. 

((  Quoi  I  sur  douze  cents  que  vous  êtes,  tu  veux  qu'il  y 
en  ait  neuf  cents  de  vendus  à  la  liste  civile  I  Cela  n*est  pas 
facile  à  concevoir.  On  concevra  plutôt  qu'ils  sont  les  plus 
raisonnables  et  je  me  rangerais  plutôt  de  leur  côté  que 
du  vôtre,  non  pour  le  Roi  individuellement,  car  il  a  fait 
la  plus  lourde  faute  qu'un  Roi  puisse  faire  surtout  vis-à-vis 
de  son  peuple,  faute  d'autant  moins  pardonnable  qu'il 
avait  les  moyens  de  se  faire  rendre  justice  sans  la  faire. 
Mais  il  faut  la  faire  dans  l'intérieur  du  royaume,  et  sans  le 
parti  de  la  douceur  que  prennent  les  neuf  cents,  vous 
auriez  une  guerre  intestine,  car  il  faudrait  s'attendre,  en 
agissant  autrement,  à  voir  deux  partis  en  France,  celui 
du  père  et  celui  du  fils  qui  s'armeront  bientôt,  et  les  puis- 
sances du  dehors  auraient  beau  jeu  ensuite.  Rétablissez  le 
Roi  dans  ses  fonctions,  donnez-lui  un  conseil  royal  dont 
vous  nommerez  les  membres  et  tout  rentrera  dans  Tordre  : 
c'est,  je  crois,  le  parti  le  plus  sage  dans  les  circonstances 
présentes. 

((  Ne  comptez  pas  trop  sur  vos  forces  militaires,  j'entends 
sur  la  garde  nationale  ;  elle  n'est  pas  souvent  telle  que 
vous  la  voyez  à  Paris  et  dans  quelques  grandes  villes  ; 
mettez  toutes  les  autres  en  face  de  l'ennemi  et  vous  verrez 
'la  belle  bouchée  qui  en  sera  faite.  D'ailleurs,  elles  sont 
sans  chef,  car  on  ne  peut  appeler  de  ce  nom  ceux  qui  les 
commandent,  qui  ne  sont  pas  plus  aguerris  qu'eux  ;  où  en 
trouver  qui  le  soient  ? 


—  26  — 

u  Samedi,  il  arriva  ici  un  guidon  dont  le  Département 
a  fait  présent  au  District  ;  il  fut  apporté,  je  dis  escorté, 
vendredi,  par  vingt  hommes  de  Quimper  à  Douarnenez; 
ensuite,  escorté  de  Douarnenez  à  Pont-Croix  par  trente. 
Nous  en  envoyâmes  vingt-cinq  au-devant,  jusqu'à  Gom- 
fort  (1).  Nous  fûmes  en  costume  et  en  corps,  au-devant, 
jusqu'à  Langroaz;  les  Juges  vinrent  nous  y  joindre;  le 
District  vint  aussi,  après.  Cela  fut  ainsi  à  bâton  rompu, 
par  un  quiproquo.  Mais  enfin  on  fut  tous  rassemblés,  deux 
deux  heures  avant  l'arrivée  du  a  petit  mouchoir  »,  comme 
dit  Rosalie.  » 

c  23  JuUlet. 

((  Ne  te  déchaîne  pas  tant  contre  le  décret  qui  décide  du 
sort  du  Roi  :  il  était  nécessaire  qu'il  fut  tel  pour  le  repos 
intérieur  et  tu  as  beau  dire,  pour  celui  extérieur  du 
royaume.  J'ai  lu  avec  beaucoup  de  plaisir  et  d'intérêt 
toutes  les  discussions  sur  cette  affaire  qui  sont  contenues 
dans  les  gazettes.  Tout  y  est  supérieurement  traité  :  il  y 
en  a  de  très  sages,  il  y  en  a  de  très  exaltées  et  folles 
même  ;  ces  dernières  n'ont  point  prévalu  et  c'est  un  grand 
bien.  Vous  allez  désormais  travailler  tranquillement,  et  je 
me  flatte  que  le  calme  va  renaître.  J'ai  trouvé  dans  les 
gazettes  une  opinion  qui  était  à  moi  :  celle  que  la  fuite 
du  Roi,  à  laquelle  a  succédé  son  arrestation,  devait  opérer 
le  retour  du  calme  dans  le  royaume,  parce  que  les  enne- 
mis du  repos  public  allaient  voir  leurs  projets  déjoués  et 
toutes  leurs  espérances  évanouies.  En  effet,  dans  notre 
coin,  nous  avons  vu  un  changement  subit  dans  la  con- 
duite des  prêtres  et  du  peuple  :  les  églises  de  campagne 
sont  pleines,  les  fêtes  et  dimanches,  de  désertes  qu'elles 

(1)  a  «  u  Yie  municipale  à  Pont-Croix  (1790-1791)  ».  Bulletin  de  la 
Sociétë  Arehéologique  du  FitUttère,  1906. 


—  27  — 

étaient  (i)  ;  les  enfants  qu'on  avait  privés  des  cérémonies 
du  Baptême  et  de  l'enregistrement  de  leur  naissance  ont 
été  rétablis  dans  tous  leurs  droits  ;  beaucoup  de  prêtres 
qui  résistaient  à  s'éloigner  de  quatre  lieues,  du  lieu  où  ils 
étaient  fonctionnaires,  ont  obéi.  Je  .viens  même,  dans  le 
moment,  d'expédier  à  Tun  d'eux  un  passeport  pour  Ros- 
trenen  ;  il  va  chez  l'abbé  Boulain  qui  y  est  recteur,  cela 
en  qualité  de  curé  ;  il  y  fera  le  serment  dimanche  ;  il  est, 
de  Plouhinec,  c'est  un  nommé  Kerdréac'h  :  il  a  fait  le 
diable  dans  cette  paroisse,  a  détourné  les  autres  prêtres 
de  se  soumettre  à  la  loi.  Depuis  le  jour  du  Sacre,  je  le 
cherche  pour  le  faire  ramasser.  Figure-toi  que  ce  jour-là, 
où  la  procession  de  Plouhinec  vient  à  Keridreux»  lui  et 
les  autres  prêtres  étaient  au  cabaret,  vis-à-vis  de  la  cha- 
pelle ;  le  Recteur  vint  tout  seul  en  procession,  soulagé  de 
deux  employés  qui  lui  servaient  de  chantres.  Il  faut  pour- 
tant dire  que  l'abbé  Billiec  (2)  n'était  pas  du  nombre, 
mais  toutefois,  il  ne  prêtait  aucune  assistance  au  Recteur 
et  allait  dire  sa  messe  dans  les  chapelles  qui  sont  dans 
cette  paroisse,  et  voilà  de  bonnes  messes  I 

«  L'abbé  Liscoat,  ancien  supérieur  du  Séminaire,  après 
avoir  soulevé  tout  le  clergé  du  diocèse,  aussitôt  l'arresta- 
tion du  Roi,  a  écrit  à  tous  les  prêtres  non  conformistes  de 
communiquer  avec  ceux  qui  l'étaient.  Mais  le  Départe- 
ment ayant  remarqué  que,  malgré  cela,  il  détenait  des 
assemblées  de  prêtres  qu'il  présidait  chez  sa  cousine,  lui 
a  ordonné  de  se  rendre  à  Brest  dans  vingt-quatre  heures 

(1)  De  Rosalie,  le  12  Septembre  :  c  Je  fus  hier  à  Ploiôvet  avec  Mad. 
Durest  et  quelques  autres  perscooes.  U  y  avait  fort  longtemps  que  M.  Quil- 
livic  nous  y  engageait;  il  voulait  même  que  nous  y  fussions  un  dimanche 
pour  donner  l'exemple  à  ses  paroissiens  qui  commencent  h  revenir  de 
leur  erreur  :  il  y  a  cependant  encore  quelques  villages  qui  ne  vont  pas  à 
la  messe....  » 

(2)  René  Rilliec,  vicaire  k  Plouhinec  depuis  1770,  se  rendit  volontaire- 
ment à  Pont-Croix,  en  Décembre  1792,  et  fut  détenu  aux  Capucins  de 
Landerneau. 


—  28  — 

et  d'y  garder  la  ville  pour  prison  (1).  Le  petit  abbé  Cos- 
soûl  y  est  aussi  depuis  quelque  temps  ;  il  était  à  dîner 
chez  sa  mère,  quand  il  reçut  ordre  de  s'y  rendre  sur 
l'heure  ou  qu'il  allait  y  être  conduit  par  un  piquet  tout 
prêt  à  marcher.  C'est  là  qu'on  envoie  tous  nos  prêtres 
séditieux.  L'abbé  Mauduit  (2),  grand  vicaire,  fuit  au- 
devant  d'un  décret  de  prise  de  corps  ;  on  dit  qu'il  a  été 
arrêté  à  Nantes.  » 

€  25  Juillet. 

((  Nous  avons  su  la  scène  du  Champ  de  Mars,  samedi 
dernier,  par  une  lettre  de  M.  Expilly  au  Département, 
dont  M.  Guéguen  envoya  un  exprès  prendre  une  copie, 
afin  de  calmer  son  inquiétude  et  les  nôtres  que  nous  cau- 
saient des  bruits  bien  plus  funestes  qui  se  répandaient. 
Par  la  lettre  de  ce  prélat  et  la  tienne  il  ne  s'agit  que  de 
((  cela  ))  et  ce  «  cela  »  est  beaucoup  trop  encore. 

((  Les  nouvelles  ici  sont  qu'un  sieur  abbé  Jacquerie, 
l'abbé  Kermorvan,  son  frère  ex-capucin,  et  le  recteur 
Coroller  ont  été  arrêtés  à  Concarneau  vendredi,  déguisés 
en  habit  de  couleur  :  les  Kermorvan  avec  une  perruque  à 
queue  et  Coroller,  une  perruque  à  boucles.  La  Municipa- 
lité les  fit  mettre  dans  une  charrette  et  conduire  au  Dépar- 
tement qui  les  déposa  au  Séminaire.  Je  pense  qu'ils  sont 
partis  pour  Brest.  On  dit  et  on  assure  que  la  famille  Ker- 
salaûn  a  décampé,  même  le  bonhomme;  cela  demande 
confirmation. 

((  Informe-toi  donc  de  M.  Santerre,  s'il  n'a  point  d'ar- 
gent à  remettre  au  Chapitre  à  Pont-Croix.  » 


(1)  Cf.  NoUce  hiitorique,  91. 

(3)  ÀDtoine-AdrieQ  de  Mauduit,  vicaire  général,  recteur  de  Plovan, 
chaise  de  sa  paroisse  le  19  Avril  1791,  se  retire  dans  sa  famille,  puis  eo 
Espagne. 


-  29  - 

c  29  JaiUet. 

((  Tu  as  procuré  à  Audierne  une  école  d'hydrographie, 
c'est  un  grand  bien  pour  cette  petite  ville,'  mais  le  vérita- 
ble militaire  Jouan,  aujourd'hui  gendarme,  dit  que  les 
s....  n'en  auront  pas  plus  de  reconnaissance;  je  répondis 
que  je  croyais  bien  que  tu  ne  t'y  attendais  et  que  tu  ne 
l'avais  sûrement  fait  que  pour  le  bien  du  pays. 

((  Avant-hier,  on  a  expédié  un  prêtre  réfractaire  pour 
le  Séminaire  de  Quimper,  doxi  hier  il  a  dû  partir  pour 
Brest;  c'est  un  de  tes  contemporains  du  Collège,  nommé 
Raguénès,  cy-devant  vicaire  de  Landudec  remplacé,  et  à 
qui  l'arrêté  du  Département  portant  ordre  à  tous  les  ecclé- 
siastiques remplacés  de  se  tenir  éloignés  de  quatre  lieues 
de  la  place  qu'ils  occupaient  a  été  intimé.  Il  y  avait  obéi 
et  s'était  retiré  chez  sa  mère  à  Crozon,  mais  n'a  pu  s'y 
tenir  tranquille.  Le  Département  lui  a  fait  donner  la 
chasse,  en  le  poursuivant,  pour  le  transférer  à  Brest.  Il 
venait  ici,  pour  ensuite  coucher  à  Audierne  et  y  joindre 
deux  autres  prêtres  qui  l'y  avaient  précédé  de  quelques 
heures.  Je  pense  que  leur  projet  était  de  s'embarquer 
pour  se  rendre  à  Jersey.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  vint  ici  me 
porter  des  plaintes  d'un  homme  qui  Tavait  attaqué  dans 
le  grand  chemin  et  me  prier  de  lui  faire  rendre  son  che- 
val. Je  lui  demande  à  faire  voir  son  passeport  ;  il  me 
répondit  qu'il  n'en  avait  pas.  Alors  I  bon  voyage,  M.  l'abbé  I 
La  Municipalité  d'Audierne  a  aussi  arrêté  les  deux  autres 
prêtres  sur  le  compte  de  Tun  desquels  il  n'y  a  point  de 
reproche  que  celui  de  n'avoir  point  sermenté,  mais  il 
communique  avec  les  conformistes.  Savina,  ton  camarade 
de  classe,  recteur  de  Crozon,  le  garde  pour  son  vicaire, 
ce  qui  est  un  témoignage  de  sagesse,  mais  l'autre  va  par- 
tir dans  le  moment  pour  aller  au  Département,  par  qui  il 
est  réclamé.  »  (A  suivre,) 


—  30  — 


SUR  LES 


PAROISSES  DU  DIOCÈSE  DE  QUIMPER  ET  DE  LÉON 

Par  MM.  PEYRON  et  ABQRALL. 

(Suite.) 


DOUARNENEZ 

(Suite.) 


Avant  d'exposer  les  événements  qui  se  passèrent  au 
temps  de  la  Ligue  à  Douarnenez,  nous  allons  raconter, 
d'après  le  récit  qu'en  a  fait  le  Père  Maunoir,  dans  la  Vie 
manuscrite  de  Catherine  Daniélou,  un  effet  merveilleux 
de  la  protection  de  saint  Corentin  sur  un  jeune  homme 
de  Quimper  qui  avait  une  dévotion  particulière  pour  ce 
saint  Patron.  La  légende  a  sans  doute  brodé  un  peu  sur 
l'histoire,  mais  elle  doit  avoir  cependant  son  fondement 
sur  un  fait  qui  se  serait  passé  au  commencement  du 
XV®  siècle,  sous  l'épiscopat  de  Mgr  Bertrand  de  Rosmadec. 

Ce  récit,  le  Père  Maunoir  nous  dit  l'avoir  entendu,  en 
1642,  d'un  ancien  homme  de  Plogonnec  qui,  vers  l'an 
1580,  était  écolier,  à  Locronan,  de  M.  Noï,  prêtre,  et  «  qui 
passait  dans  ce  temps  pour  le  plus  habile  homme  de  Cor- 
nouaille  ».  Or,  M.  Noï  avait  lu  à  ses  écoliers  cette  his- 
toire extraordinaire  ((  écrite  dans  un  ancien  manuscrit  ». 
Le  Père  Maunoir  entendit  aussi  raconter  cette  histoire 
par  Marie  Thomas,  également  de  Plogonnec,  qui  disait 
l'avoir  apprise  de  son  père  a  qui  vivait  du  temps  que  la 


—  31  — 

mémoire  des  aventures  de  ce  jeune  homme  était  encore 
fraîche».  Ce  qui  acheva  de  frapper  le  Père  Maunoir,  c'est 
que  ces  mêmes  aventures  lui  furent  rapportées  par  Cathe- 
rine Daniélou,  qui  disait  les  avoir  entendu  r conter  par 
un  de  ses  protecteurs  mystérieux,  qui  lui  apparaissaient 
si  souvent  lorsqu'elle  passait  la  nuit  dans  la  cathédrale  de 
Quimper. 

Quoi  qu'il  en  soit,  voici  le  récit  consigné  par  le  Père 
Maunoir-  dans  la  Vie  écrite  par  lui  de  cette  voyante. 

«  Environ  la  fête  de  S^  Corentin,  1642,  un  jeune  enfant 
que  Catherine  appelait  son  petit  maître  lui  raconta  cet 
exemple  de  charité  que  montra  S^  Corentin  à  l'endroit 
d'un  jeune  gentilhomme  qui  l'avait  pris  pour  père. 

«  Près  la  ville  de  Quimper  il  y  avait  un  gentilhomme 
qui  avait  trois  enfants  mâles,  mais  il  avait  une  antipathie 
étrange  contre  l'aîné  appelé  Joseph -Corentin  de  Coeta- 
nezre  (1),  ne  cessant  de  le  crier  et  maltraiter.  Sa  mau- 
vaise humeur  le  porta  à  un  tel  point  qu'il  se  résolut  de  le 
chasser  hors  de  sa  maison.  Dans  ce  dessein  il  va  trouver 
sa  femme  et  lui  dit  :  «  Mon  cœur,  je  ne  saurais  durer  avec 
((  Joseph-Corentin,  je  suis  en  dessein  de  l'envoyer  hors 
«  d'ici,  afin  que  je  ne  le  vois  plus  ».  Elle  y  consent  et  on 
lui  donne  trente  écus  avec  ordre  d'aller  bien  loin,  de  ne 
retourner  plus  au  logis  et  de  ne  point  dire  de  quelle  famille 
il  était. 

«  Ce  jeune  gentilhomme,  qui  était  fort  pieux  et  qui  avait 
fort  bien  étudié  ses  humanités  et  en  philosophie,  fut  bien 
étonné  de  ce  procédé  si  sévère  ;  il  se  rend  à  l'église 
S^  Corentin,  se  jette  aux  pieds  de  son  immage,  disant  les 
larmes  aux  yeux  :  «  Glorieux  S*  Corentin,  vous  voyez  que 
«  mon  père  et  ma  mère  m'ont  jeté  hors  de  leur  maison. 


(1)  Coetaoezre,  sieur  de  Pral maria,  à  Locmaria,  portant  pour  armes  : 
de  gueules  à  trois  épées  d'argent  garnies  d'or,  les  pointes  en  bas  ran- 
gées en  bande. 


-  32- 

((  je  vous  prends  pour  père,  servez-moi  de  conducteur.  » 

«  Ayant  achevé  sa  prière,  il  tire  vers  Douarnenez  et 
étant  à  demi  lieue  de  la  ville  (1)  il  se  tourna  de  rechef 
vers  S*  Corentin  et  lui  fit  cette  prière  :  «  Oh  mon  cher 
((  père  !  ne  m'abandonnez  pas,  gardez-moi  et  m'accom- 
«  pagnez  dans  mon  chemin.  » 

((  Au  bout  de  deux  lieues  et  demi,  il  rencontra  une 
croix  ;  d'un  côté  était  peinte  l'image  de  Jésus  crucifié,  de 
l'autre,  celle  de  la  Vierge  ;  il  se  jette  aux  pieds  de  Jésus 
et  lui  dit  :  «  Mon  doux  Jésus,  mon  père  m'a  jeté  hors  de 
((  la  maison,  servez- moi  de  père  et  ayez  pitié  de  votre 
((  pauvre  fils  »,  puis  s'agenouillant  de  l'autre  côté  il  dit  : 
«  Vierge  Marie,  refuge  des  orphelins,  ma  mère  m'a  aban- 
«  donné,  je  vous  prends  pour  mère  et  me  jette  entre  vos 
((  bras,  mère  de  miséricorde  !  ))  Oh  que  cette  confiance 
lui  vaudra  d'avoir  pris  S^  Corentin  pour  père  et  la  Sainte 
Vierge  pour  mère  I 

«  Tournant  son  chemin  à  côté  droit,  il  rencontra  dans 
un  village  de  la  paroisse  dePlogonnec  une  pauvre  femme 
qui  se  lamentait  et  criait  en  pleine  tète.  Il  lui  demande 
ce  qu'elle  a  :  «  Hélas  I  dit-elle,  il  y  a  trois  jours  que  mon 
((  mari  est  mort,  je  suis  chargé  d'une  bande  d'orphelins, 
«  je  n'ai  rien,  je  ne  puis  payer  les  frais  d'inhumations,  je 
«  suis  réduite  à  l'enterrer  dans  mon  jardin  où  je  lui  ai 
«  fait  une  fosse.  » 

«  Le  jeune  homme  ne  put  contenir  ses  larmes  en  voyant 
cette  misère,  il  recommanda  à  la  femme  de  mettre  sa 
confiance  en  Dieu  qui  ne  délaisse  point  ceux  qui  espèrent 
en  lui,  et  lui  donna  ses  trente  écus,  ne  se  réservant  que 
vingt  sols.  ((  Faites  enterrer  votre  mari,  ajouta-t-il,  faites 
((  dire  des  messes  pour  lui  et  consacrez  le  reste  au  soula- 
«  gement  de  vos  enfants.  »  Oh  qu'il  fait  beau  assister  les 

(1)  Du  haut  de  l'aDcienoe  route  de  Douaroeoez,  il  y  a  une  vue  superbe 
de  la  cathédrale  et  de  toute  la  ville. 


—  33  — 

misérables  en  leur  grande  extrémité!  Ce  jeune  homme 
verra  un  jour  combien  une  œuvre  de  miséricorde  est 
agréable  à  Dieu. 

«  Étant  sorti  de  ce  lieu  il  s'en  va  sans  savoir  où  ;  il 
entre  dans  un  bois  d*où  il  aperçoit  une  maison  de  no- 
blesse (1).  Il  n*ose  y  aller  de  peur  de  faire  déshonneur  à 
son  père,  il  se  couche  dans  un  fossé  sans  souper,  priant 
Dieu  et  S^  Corentin.  Le  matin,  comme  il  se  lève,  il  aper- 
çoit une  dame  se  promenant  dans  le  jardin  qui  lui  dit  : 
«  Aimez- vous  Dieu  ?»  —  «  Hélas,  Madame,  dit-il,  ce  n'est 
«  pas  le  désir  de  mal  faire  qui  m'a  mené  ici,  je  suis  un 
((  pauvre  jeune  homme  que  mon  père  et  ma  mère  ont 
«  chassé  de  leur  maison  ;  je  n'ai  pas  osé  aller  en  cette 
((  maison  de  noblesse  de  peur  de  faire  déshonneur  à  mes 
«  parents.  »  —  «  Aimez-vous  la  Vierge  ?»  —  «  C'est  ma 
«  mère.  »  —  «  Qui  aimez-vous  encore  ?»  —  «  S* Coren- 
«  tin,  que  j'ai  pris  pour  père  et  pour  conducteur.  »  — 
((  Cela  va  bien.  »  Cette  dame  était  la  Sainte  Vierge,  qui 
avait  pris  la  forme  de  la  tante  du  gentilhomme  à  qui 
appartenait  la  maison  de  noblesse,  et  comme  cette  dame 
parlait  à  ce  jeune  homme  survint  un  évoque  ;  c'était 
S^  Corentin,  qui  avait  pris  la  forme  de  Bertrand  de  Ros- 
madec,  pour  lors  évéque  de  Cornouaille.  La  dame  et  le 
prélat  s'étant  entresalués,  ce  dernier  s'enquiert  de  ce 
jeune  homme,  qui  il  était  ?  Celui-ci  répondit  qu'il  était 
chassé  de  la  maison  de  son  père  et  de  sa  mère  et  qu'il 
n'avait  plus  d'espérance  qu'en  Dieu,  la  Vierge  et  S^  Coren- 
tin. L'Évèque  lui  ayant  recommandé  de  tenir  bon  à  cette 
dévotion,  lui  demanda  s'il  ne  pouvait  pas  servir  dans 
cette  maison  de  noblesse.  Il  répondit  qu'il  était  gentil- 
homme, qu'il  craignait  que  si  son  père  le  savait,  il  ne 
s'en  fâchât.  Le  prélat  lui  demanda  :  «  Savez-vous  écrire  ?  » 


(1)  C'était  le  château  de  Leshascoêt,  près  de  Kerlaz. 
Bulletin  de  la  Commission  diocjîsaine.  —  8*  année. 


—  34  — 

—  ((  Oui,  ))  répondit-il.  Alors  la  Dame  et  TÉvèque,  accom- 
pagaés  du  jeune  homme,  entrèrent  dans  la  maison. 

<(  Le  gentilhomme,  propriétaire  du  château,  fut  fort 
ravi  de  la  visite  de  Monseigneur  TÉvêque  et  de  sa  tante 
qui  avait  demeuré  quelque  temps  à  Paris,  mais  il  ne 
savait  pas  le  bonheur  qu'il  possédait. 

«  Après  s^être  complimenté  ils  dirent  au  gentilhomme 
qu'ils  lui  menaient  un  honnête  jeune  homme  qui  savait 
fort  bien  écrire  et  que  puisque  leur  fille  ne  savait  pas 
écrire  c'était  une  grande  commodité  pour  eux  de  l'accep- 
ter comme  maître. 

((  C'est  ainsi  que  ce  jeune  homme  demeura  dans  cette 
maison  durant  un  an,  donnant  des  marques  de  piété, 
d'honnêteté  et  de  toutes  sortes  de  vertus.  Un  jour,  la 
dame  trouvant  son  mari  seul,  lui  dit  :  «  Il  faut,  mon  mari, 
((  que  je  vous  décharge  mon  cœur,  j'aurais  un  grand  désir 
«  que  nous  marions  notre  fille  à  son  maître  qui  paraît 
«  être  issu  d'une  noble  famille  ;  sa  piété  et  vertu  me  ra- 
«  vissent  le  cœur;  il  est  bien  difficile  de  trouver  un  parti 
((  aussi  assorti  des  vertus  chrétiennes  nécessaires  au  sa- 
«  lut;  au  reste,  nous  n'avons  qu'une  fille  et  nous  avons 
«  assez  de  bien  pour  elle  et  pour  notre  gendre  ».  Le  mari 
fut  aussitôt  de  l'avis  de  sa  femme,  il  n'y  eut  qu'un  oncle 
de  la  jeune  demoiselle  qui  n'y  voulut  pas  consentir;  mais 
on  passa  outre,  le  mariage  eut  lieu  et  au  bout  d'un  an  les 
jeunes  époux  eurent  un  fils,  auquel  temps  l'oncle  mécon- 
tent forma  le  dessein  de  tuer  son  neveu. 

«  Pour  mieux  réussir  dans  son  méchant  dessein,  il 
mena  le  jeune  marié  chasser  près  du  rivage  de  la  mer  où 
l'ayant  jeté  dans  un  lieu  très  profond,  il  prit  la  fuite  et 
retourna  en  sa  maison.  Le  jeune  gentilhomme,  se  voyant 
de  tout  côté  investi  des  vagues  de  la  mer  et  dans  un  dan- 
ger évident  de  sa  vie,  invoqua  l'assistance  de  la  bien- 
heureuse Vierge  et  de  S^  Corentin.  Au  même  instant,  il 


—  35  — 

sent  une  force  invisible  qui  Tempéche  d'aller  au  fond,  et 
les  flots  de  la  mer  qui  se  retirait  le  portèrent  sur  un 
rocher  nommé  Tévinec  (1).  Ayant  abordé,  celui  qui  Tavait 
soutenu  lui  apparut  sous  la  forme  d'une  colombe  blanche. 
Cependant,  abandonné  de  tout  secours  humain,  il  réclama 
l'assistance  de  la  Vierge  et  de  S^  Corentin,  puis  demeura 
dans  ce  lieu  cinq  ans  entiers.  Toutes  les  nuits,  il  voyait 
près  de  lui  un  beau  cierge  blanc  allumé  ;  c'était  le  secours 
de  la  Vierge.  Deux  fois  le  jour,  il  était  assisté  et  visité 
d*un  ecclésiastique,  c'était  S^  Corentin  qui  lui  apportait 
sa  nourriture.  Au  bout  de  cinq  ans,  ce  prêtre  lui  dit 
adieu  et  l'avertit  quil  ne  retournerait  plus,  que  du  reste 
le  jeune  homme  irait  souper  à  son  propre  logis,  qu'il  ne 
se  mit  pas  en  peine  de  son  oncle,  qu'il  était  dans  l'impuis- 
sance de  lui  nuire,  Dieu  l'ayant  rappelé  à  lui. 

«  Ce  charitable  ecclésiastique  étant  disparu,  voici  qu'un 
vieillard  chenu,  nageant,  aborda  ce  rocher  et  dit  au  jeune 
homme  que,  sachant  bien  nager,  il  le  mettrait  bien  à 
terre  s'il  voulait  bien  lui  donner  quelque  chose  en  retour. 
((  Que  vous  donnerais-je,  repartit  le  jeune  homme,  pour 
((  ce  bienfait  ?  )>  —  a  Je  suis  content  de  vous  donner  tout 
«  mon  bien.  »  —  «  C'est  trop,  repartit  le  vieillard,  je  me 
((  contenterai  de  la  moitié.  »  Là  dessus,  le  vieillard  prend 
le  jeune  homme  sur  son  dos  et  le  porte  sur  le  rivage  d'où 
son  oncle  l'avait  précipité  dans  la  mer. 

«  Ayant  abordé,  le  vieillard  dit  :  ((  Il  n'y  a  rien  qui 
((  presse,  je  reviendrai  dans  quelque  temps  recevoir  mon 
((  salaire  »  et,  s'étant  dit  adieu  l'un  à  l'autre,  voici  qu'à  la 
nuit  tombante,  se  présentent  au  jeune  homme  deux  pages 
de  la  maison  de  Leshascoêt.  C'étaient  deux  anges,  qui  le 
conduisirent  à  la  porte  de  sa  maison,  où,  l'ayant  rendu, 

(1)  n  y  a  uoe  roche  dite  Tevenec  à  la  sortie  de  la  baie  de  DouarDeoez; 
mais  la  tradition  populaire  a  toujours  recODOU  dans  Ttlot  du  Flumlou  le 
lieu  où  a  vécu  celui  qu'oa  a  appelé  c  rermite  du  Flumiou  i. 


-  36  - 

ils  disparurent  en  un  instant.  Et  le  jeune  homme,  recon- 
naissant sa  maison,  rend  mille  grâces  à  Dieu  son  Sauveur, 
à  la  Sainte  Vierge  et  à  S^  Corentin. 

((  11  frappe  à  la  porte  ;  madame  sa  compagne,  entendant 
le  coup  de  marteau,  dit  :  «  C'est  assurément  mon  mari  1  » 
Madame  sa  mère  se  moquant  d'elle,  disait  :  a  Votre  mari 
((  vous  a  abandonnée,  il  est  bien  loin  d'ici  )).  Non  obstant, 
elle  vole  à  la  porte,  elle  ouvre  et,  reconnaissant  son  mari, 
elle  s'écrie  :  «  C'est  mon  mari  »  I  Tout  le  monde  accourt, 
son  petit  enfant,  âgé  environ  de  quatre  ans  et  demi,  saute 
au  col  de  son  père.  Celui-ci  raconte  alors  à  son  épouse,  à 
son  beau-père  et  à  madame  sa  belle-mère  les  embûches 
de  son  oncle,  les  aventures  qui  lui  sont  arrivées  et  les 
assistances  de  la  grâce  de  Dieu.  Le  lendemain,  toute  la 
noblesse  du  canton  vint  le  féliciter  de  son  heureux  retour. 

((  Un  an  après,  comme  ce  gentilhomme  était  en  un  ban- 
quet avec  ses  amis,  un  pauvre  vieillard  frappe  à  la  porte 
et  demande  à  parler  à  M.  de  Leshascoêl;  il  était  tout 
éguenillé,  portait  un  long  bâton,  on  lui  voyait  les  bras 
nus  par  îes  trous  de  sa  chemise.  Un  des  laquais,  le  voyant 
si  malotru,  le  renvoya  durement  disant  :  a  C'est  bien  un 
«  tel  homme  comme  vous  de  parler  à  Monsieur;  retire- 
((  toi,  autrement,  je  te  donnerai  des  coups  de  bâtons  ».  Le 
pauvre  homme  répondit  :  «  Quand  je  devrais  demeurer 
((  ici  jusqu'à  dix  ans,  j'y  demeurerai,  j'ai  une  allaire  de 
«  conséquence  à  communiquer  à  Monsieur  ».  Un  serviteur 
plus  humain  que  l'autre  se  trouva  sur  la  place,  qui  alla 
avertir  le  seigneur  de  la  maison  que,  dans  la  cour,  se 
tenait  un  pauvre  mendiant  qui  avait  une  affaire  d'impor- 
tance à  lui  communiquer.  M.  de  Leshascoêt  descend,  le 
bonhomme  lui  dit  :  a  Me  reconnaissez- vous*.''  »  7-  «Nenni,  » 
répondit  le  gentilhomme.  —  «  C'est  moi  qui  vous  passais, 
((  il  y  a  un  an,  d'un  rocher  au  milieu  de  la  mer  en  terre 
((  ferme.  »  —  «  Pardonnez-moi,  mon  frère,  montez  s'il 


-  37  - 

«  vous  plaît.  ))  Les  serviteurs  étaient  bien  étonnés  de  voir 
ce  gentilhomme  traiter  avec  tant  de  respect  ce  pauvre 
mendiant  ;  mais  celui-ci  refusa  de  monter,  prenant  pour 
prétexte  qu'il  était  pressé;  il  pria  seulement  le  gentil- 
homme de  faire  le  dénombrement  et  partage  de  ses  biens, 
comme  il  l'avait  promis.  M.  de  Leshascoêt  monta  donc  à 
sa  chambre,  où  il  raconta  le  tout  à  sa  femme,  qui  se  mon- 
tra contente  de  donner  la  moitié  de  son  bien  ;  puis,  des- 
cendant, il  bâilla  au  pauvre  le  compte  de  tous  ses  biens 
meubles  et  immeubles,  lequel,  ayant  tout  examiné  dit  : 
((  Tout  n'est  pas  ici  )).  Le  gentilhomme  assura  qu'il  n'avait 
rien  omis.  Mais  le  mendiant  répliqua  :  a  Venez  à  la  cha- 
((  pelle  qui  est  dans  le  bois,  je  vous  dirai  ce  qui  manque  )). 
Rendus  à  la  chapelle,  le  mendiant  lui  dit  :  «  N'avez-vous 
«  pas  un  petit  enfant  ))?  —  ((  Oui.  »  —  «  Eh  bien,  je  vous 
«  conjure  de  l'amener  ici.  » 

«  Lorsque  le  gentilhomme  eut  amené  son  enfant,  le 
pauvre  lui  dit  :  a  Vous  m'avez  promis  la  moitié  de  vos 
«  biens,  il  faut  que  cette  promesse  se  réalise».  Ce  qu'ayant 
dit,  il  tire  un  grand  couteau,  disant  :  «  Il  faut  que  j'aie  la 
((  moitié  de  votre  enfant  ».  —  «  Laissez  mon  enfant  en  vie, 
«  dit  le  père,  ou  prenez-le  tout.  »  Comme  le  mendiant 
levait  le  bras  pour  faire  cette  funeste  division,  voici  entrer 
en  la  chapelle  une  dame  qui  arrête  son  bras.  «  Tout  beau, 
((  dit-elle,  ne  passez  pas  outre.  Dieu  est  content  de  la 
((  bonne  volonté  du  père.  »  En  même  temps,  entre  au  même 
lieu  l'Évoque  de  Cornouaille.  «  Me  connaissez -vous  ?  » 
dit  la  dame  au  gentilhomme.  —  «  Je  n'ai  pas  ce  bon- 
((  heur.  »  —  «  Vous  souvenez-vous  que,  lorsque  vous  fûtes 
«  chassé  de  la  maison  de  votre  mère,  vous  prîtes  la  Mère 
«  de  Dieu  pour  mère  ?  C'est  moi.  Je  vous  mènerai  au  jour- 
ce  d'hui  avec  moi  au  royaume  des  cieux.  »  L'Évéque  lui 
demanda  également  :  «  Me  connaissez-vous  »?  —  «  Hélas, 
«  nenny.  »  —  «  C'est  moi  qui  suis  S*  Corentin,  je  viens 


—  38  — 

«  pour  vous  accompagner  au  royaume  des  cieux.»  Le  men- 
diant, prenant  aussi  la  parole,  lui  dit  :  «  Le  jour  que  vous 
((  sortîtes  de  la  maison  de  votre  père,  vous  fîtes  la  rencon- 
«  tre  d*une  femme  désolée  à  qui  vous  donnâtes  trente 
«  écus  moins  vingt  sols  pour  enterrer  son  mari  :  c'était 
«  moi  son  mari,  c'est  moi  qui  vous  ai  soutenu  sur  la  mer, 
((  qui  vous  ai  transporté  du  rocher  au  rivage  ;  je  suis  venu 
«  pour  avoir  la  moitié  du  plus  précieux  de  vos  biens,  le 
((  ciel  aura  votre  âme  et  celle  de  votre  fils,  la  terre  sainte 
«  aura  votre  corps  o.  Au  même  instant,  ce  gentilhomme, 
adorant  à  genoux  les  ordres  du  Ciel  et  se  sentant  frappé 
d'un  trait  secret  de  l'amour  de  Dieu,  rendit  son  esprit  à 
Dieu  ainsi  que  son  petit  enfant. 

«  La  jeune  dame,  inquiète  de  l'absence  de  son  mari  et 
de  son  enfant,  se  rend  à  la  chapelle  et  tomba  pâmée  en 
voyant  son  mari  et  son  cher  fils  étendus  à  terre  sans  vie. 
Étant  revenue  à  elle,  après  avoir  rendu  les  derniers  de- 
voirs à  ses  chers  défunts,  elle  se  fit  religieuse.  » 

Le  Père  Maunoir,  pour  bien  montrer  que  le  protégé  de 
S^  Corentin  n'était  pas  un  personnage  imaginaire,  ajoute 
que  ((  ce  jeune  gentilhomme  était  aîné  de  la  maison  de 
Pratmaria  (Coatanezre)  et  avait  deux  frères  ;  son  père  le 
chassa  pour  faire  de  son  frère  cadet  l'aîné,  ce  que  Dieu 
ne  permit  pas,  car  cet  enfant  qu'on  destinait  au  droit 
d'aînesse  mourut  sans  femme  ni  enfants.  Le  père  d'Anne 
de  Coetanaire,  dame  de  Carné  et  mère  de  monsieur  le 
Marquis  de  la  Roche,  devint  aîné  de  cette  maison  et  vécut 
jusqu'à  l'âge  de  cent  ans,  et  en  cet  âge  il  était  encore  si 
dispos,  qu'il  emporta  le  prix  à  Quimper  en  y  courant  la 
bague,  ainsi  que  je  l'ai  entendu  de  Madame  sa  fille,  envi- 
ron l'an  1643.  » 

Ce  récit  merveilleux,  que  le  Père  Maunoir  avait  recueilli 
à  des  sources  si  diverses,  l'avait  tellement  frappé,  qu'il  en 
composa  en  breton  un  cantique  qui  ne  contribua  pas  peu 


—  39  — 

à  maintenir,  dans  le  peuple  de  Douarnenez  surtout,  le 
souvenir  de  a  Termite  du  Flumiou  ». 

La  Ligue  a  Douarnenez 

L'histoire  de  la  Ligue  en  Bretagne  a  été  faite,  dans  une 
suite  de  récits  pittoresques  et  inimitables,  par  un  bon  cha- 
noine de  Quimper,  Jean  Moreau,  prébende  de  Beuzec- 
Cap-Sizun,  contemporain  des  événements,  et  auquel  nous 
empruntons  en  grande  partie  les  lignes  qui  vont  suivre. 

«  Dès  le  commencement  de  la  guerre,  écrit  le  chroni- 
queur, le  S'  de  Guengat,  qui  avait  nom  Jacques  de  Guen- 
gat,  s'étant  retiré  à  Brest,  qui  était  la  plus  prochaine 
retraite  de  ceux  qui  suivaient  le  parti  appelé  le  parti  du 
Roi,  était  en  ce  temps  un  hérétique.  Le  dit  S' de  Guengat 
ayant  donc  demeuré  quelque  temps  en  cette  retraite,  ne 
faisant  peur  ni  mal  à  personne,  ambitieux  cependant  que 
le  comte  de  Moignane  avait  fait  de  bonnes  rafiEles  dans  le 
pays  Armorique,  eut  aussi  envie  d'y  faire  quelqu'exploit, 
sans  beaucoup  se  risquer  et  dans  le  dessein  de  s'acquérir 
parmi  les  autres  quelque  réputation,  quoiqu'il  n'y  eût 
aucune  guerre  commencée. 

((  Il  se  met  en  imagination  que  Douarnenez  pouvait 
aisément  être  surpris  par  mer,  d'autant  qu'on  y  pouvait 
aisément  mettre  pied  à  terre  en  plusieurs  endroits.  11 
demanda,  pour  venir  à  bout  de  son  dessein,  certain  nom- 
bre des  gens  de  guerre  du  S^^  de  Sourdéac,  gouverneur 
dudit  Brest,  et  des  barques  et  pataches  pour  les  porter. 
Avec  ces  nombres  de  soldats,  il  y  eut  plusieurs  réfugiés 
volontaires  qui  se  mirent  de  la  partie,  à  dessein  de  bien 
faire  leurs  orgies,  comme  ils  l'eussent  fait  s'ils  avaient 
été  prévoyants  et  sur  leurs  gardes,  car  Douarnenez  était 
lors  habité  par  des  gens  riches  et  plein  de  réfugiés  qui  y 
avaient  apporté  leurs  moyens. 


—  40  — 

«  Cette  belle  flotte  de  dix  à  douze  barques,  faisant  bien 
3  à  400  hommes,  sous  la  conduite  du  S' de  Guengat,  arriva 
au  port  de  Douarnenez,  environ  deux  heures  avant  le 
jour,  et  y  trouvèrent  une  si  .'pauvre  garde  qu*ils  mirent  le 
pied  à  terre  avant  d'être  découverts,  et  ayant  cantonné 
tout  le  bourg  à  ce  que  personne  des  habitants  n*eût  bougé, 
ils  se  jettent  au  pillage  et  à  faire  bonne  chère. 

((  Cependant,  Talarme  se  donnait  aux  champs  dans  les 
prochaines  paroisses,  où  Ton  sonna  le  tocsin,  et  où  il  se 
trouva  en  moins  de  deux  heures  un  grand  nombre  de 
populace  que  le  Comte  n'avait  pas  encore  désarmée,  et  se 
jette  en  foule  dedans  le  bourg,  où  était  Tennemi,  qui  ne 
craignait  rien,  et  le  charge  si  brusquement  qu'ils  les 
obligent  en  confusion  de  courir  à  leurs  barquerolles  plus 
vites  qu'ils  n'étaient  venus.  Malheureusement  pour  eux, 
ils  avaient  abordé  en  pleine  mer,  et  ils  ne  furent  pas  assez 
prudents  pour  y  laisser  des  gens  dedans  pour  les  tenir 
toujours  à  flot  à  mesure  que  la  mer  se  retirait,  si  bien  que 
se  voulant  sauver,  poursuivis  par  la  commune  et  les  habi- 
tants, qui  avaient  pris  courage,  ils  trouvèrent  partie  de 
leurs  vaisseaux  sur  le  sec,  entr'autres  les  plus  petits,  et 
les  plus  grands  étaient  plus  avant  dans  la  mer,  où  ils  ne 
pouvaient  atteindre  sans  péril  de  se  noyer,  et  ayant  l'en- 
nemi  assez  farouche  en  queue,  et  la  mer  élément  sans 
miséricorde  de  l'autre,  de  quelque  part  qu'ils  se  tournas- 
sent, ils  ne  voyaient  que  l'image  de  la  mort,  et  fuyant  se 
jetaient  à  corps  perdu  à  la  nage,  pensant  gagner  quelques- 
unes  de  leurs  chaloupes  ;  les  uns,  ayant  plus  d'horreur  de 
la  mer  que  du  fer,  attendaient  le  coup  et  étaient  massa- 
crés sur  la  grève. 

«  Le  S'  de  Guengat  avec  plusieurs  autres  attrapèrent  de 
bonheure  l'une  des  barques,  où  il  se  sauva  ;  en  une  autre 
il  y  entra  tant  de  soldats  en  foule  qu'elle  enfonça  et  furent 
tous  noyés.  Ceux  qui  se  sauvèrent  de  cette  entreprise  s'en 


—  41  — 

retournèrent  avec  leur  capitaine  à  Brest,  plus  chargés  de 
confusion  que  d'honneur.  » 

Quelque  temps  plus  tard,  certainement  après  le  départ 
de  La  Fontenelle,  qui  occupait  Tîle  Tristan  en  Février 
1594,  le  sieur  de  Guengat  retourna  à  Douarnenez  et,  cette 
fois  plus  heureux,  réussit  à  s'établir  dans  Ttle  qu'il  forti- 
fia de  son  mieux  ;  mais  il  n'y  demeura  pas  longtemps 
tranquille. 

«  Sur  la  fin  de  Mai  1595,  de  Créménec  (1)  (La  Fontenelle), 
vint  avec  ses  gens,  passe  à  Locrenan  au  point  du  jour, 
donne  dans  Douarnenez  et  par  même  en  l'île  Tristan  et 
se  saisit  de  tous  les  deux  non  sans  quelqu'efiusion  de 
sang  des  habitants,  ravagea  le  tout  et  envoya  tous  ceux 
qui  avaient  quelques  moyens  prisonniers  à  Créménec.  Le 
S'  de  Guengat,  nommé  Jacques  de  Guengat,  se  portant 
capitaine  de  l'tle  et  du  bourg  pour  le  parti  du  Roi,  s'étant 
quelque  temps  auparavant  mis  avec  quelque  nombre  de 
soldats  en  garnison,  et  logeait  en  l'île  même  pour  plus 
grande  sûreté,  comme  il  lui  paraissait,  de  sa  personne. 
Mais  ayant  été  aussi  négligent  que  ceux  du  bourg,  dor- 
mant à  la  française,  fut  pris  prisonnier  dedans  son  lit, 
car  en  même  temps  l'île  et  le  bourg  furent  pris,  ce  qui 
trompa  le  S^  de  Guengat,  qui  faisait  son  compte  que,  en  cas 
de  danger,  le  bourg  devait  être  le  premier  attaqué,  et  que 
le  bruit  qu'on  y  eût  fait  eût  mis  ceux  de  l'île  sur  leurs  gar- 
des ;  mais  La  Fontenelle,  qui  avait  bien  prévu  cela,  y  pro- 
céda comme  nous  avons  dit,  qui  fut  un  trait  d'homme  de 
guerre.  Car  si  le  S^^  de  Guengat  eût  eu  ouï  le  moindre 
bruit,  ou  il  se  fût  assuré  à  la  défense  de  l'île  ou  il  se  fût 
sauvé  au  plus  tôt  par  mer,  comme  il  l'avait  fait  une  autre 
fois. 

((  La  Fontenelle;  après  avoir  fait  curée  de  Douarnenez 

(l)  Château,  près  du  Faou6t. 


-  42  — 

et  de  rtle,  où  il  trouva  un  grand  butin,  d^autant  quil 
y  avait  nombre  de  riches  marchands,  et  que  ceux  du  plat 
pays,  noblesse  et  autres,  y  avaient  rendu  tout  leur  plus 
beau  pour  plus  grande  sûreté,  comme  leur  semblait. 

«  Ayant  aussi  remarqué  la  dite  île  de  situation  très 
forte,  commença  à  penser  à  sa  retraite,  chargé  de  dépouil* 
les  et  de  prisonniers  en  grand  nombre,  prenant  le  che- 
min de  Créménec,  à  la  counaissance  de  toute  la  garnison 
de  Quimper  et  de  leur  capitaine  Prez  (ou  du  Pré)  et  du 
S'  de  Kermoguer,  gouverneur  de  ladite  ville,  qui  ne  s*en 
remuèrent  non  plus  que  des  souches.  C'est  pourquoi  le 
Roi,  de  ce  averti,  et  le  dit  Prez  étant  peu  après  à  Paris, 
commanda  à  son  prévôt  de  le  pendre  sans  autre  forme 
de  procès.  Toutefois,  à  la  prière  de  quelques  grands,  il 
eut  la  vie  sauve,  par  la  promesse  qu'il  fit  au  Roi  de 
remettre  ladite  île  en  son  obéissance  ou  y  mourir.  Nous 
en  pourrons  parler  ci-après. 

((  Les  prisonniers  de  Douarnenez,  rendus  à  Créménec, 
furent  traités  à  la  turque  et  même  plus  barbarement,  par 
tourments  et  toute  sorte  de  pauvreté  et  de  disette,  pour 
tirer  plus  grande  rançon  d'eux  que  ne  montait  tout  leur 
bien,  et  ainsi  les  mettant  à  l'impossible,  mourraient  mi- 
sérablement dans  les  cachots  et  cloaques.  Ceux  qui,  pour 
éviter  les  tourments,  avaient,  au  moyen  de  leurs  amis  et 
parents,  pu  trouver  promptement  leur  rançon,  sortirent 
demi-morts,  semblant  plutôt  à  des  anatomies  ou  spectres 
hideux,  n'ayant  que  la  peau  et  les  os,  chargés  de  puan- 
teur et  de  vermine,  lesquels,  sitôt  qu'ils  étaient  à  changer 
d'air  etde  viandes,  mouraient  pauvrement  d'une  enflure...» 

((  La  Fontenelle  (1),  après  qu'il  eut  reconnu  l'Ile  Tristan 
pour  une  bonne  place  de  retraite  et  qu'il  y  avait  moyen, 
en  y  ajoutant  un  peu  d^œuvre  de  mains,  de  la  rendre  im- 

(1)  Chao.  Moreau,  808. 


—  43  — 

prenable,  rendu  qu'il  eut  ses  prisonniers  et  son  butin  à 
Créménec,  s'en  retourna  quatre  ou  cinq  jours  après  à 
Douarnenez  avec  forces  bagages  et  appareils  et  se  va  loger 
dans  l'île,  laissant  partie  de  ses  gens  au  bourg,  le  tout  au 
vu  et  au  su  de  la  garnison  de  Quimper,  de  Concarneau,  de 
Pont-l'Abbé  et  de  Brest,  sans  qu'aucun  se  remuât.  Ce 
logement  de  La  Fontenelle  à  Douarnenez  fut  au  com- 
mencement de  Juin  1595. 

«  La  commune  (c'eit-à-diré  leê  paysans),  voyant  quelle 
importance  était  cette  place  au  pays,  si  l'ennemi  s'y  for- 
tifiait, et  que  les  garnisons  n'en  faisaient  aucun  semblant, 
se  mit  sous  les  armes  de  toutes  parts  et  se  prépare  pour 
les  venir  assiéger,  lis  font  leur  gros  à  Saint-Germain- 
Plougastel.  La  Fontenelle,  averti,  les  vint  rencontrer  avec 
une  bonne  partie  de  la  garnison,  sachant  que  la  populace 
n'est  rien  contre  des  gens  de  guerre,  et  entre  des  haies 
fait  marcher  ses  gens  à  couvert,  fors  dix  ou  douze  qu'il 
envoie  pour  attirer  les  paysans  à  jeu  en  la  lande  qui  était 
près.  Sitôt  que  ses  cavaliers  parurent,  la  commune,  sans 
ordre  ni  discrétion,  confusément  se  débande  après,  avec 
ses  hurlements  horribles  et  accoutumés,  sans  songer  qu'il 
pouvait  y  en  avoir  d'autres.  Ces  cavaliers,  se  voyant  suivis, 
font  semblant  d'avoir  peur  et  se  retirent  à  grands  pas. 

Les  autres  suivent  et  étant  au  milieu  de  la  lande,  voilà 
trois  ou  quatre  cents  chevaux  qui  viennent  fondre  sur 
eux  et  sans  aucune  résistance  en  font  tel  carnage  qu'ils 
veulent  et  prennent  le  S'  du  Granec  (fils  du  sieur  Coata- 
nezre  de  Pratmaria),  l'un  de  leurs  conducteurs,  qu'ils 
mènent  à  Douarnenez.  » 

Vers  la  fin  de  1595  ou  le  commencement  de  1596,  M.  le 

commandant  Faty,  dans  ses  «  Comptes  du  miseur  ))  (1), 

mentionne  une  tentative  dirigée  contre  Douarnenez  par 

■  -  '  '  .■■,■,,..  -    ■       ■         ■  .  1.^       ■  .  ■  > — « 

(1)  Bulletin  de  la  SocUié  Àrehéologique,  XU,  p.  178. 


le  S'  de  Coatedrez  :  «  A  Jan  Longet  de  Penmarc^h,  3  écus 
pour  avoir  conduit  en  la  ville  de  Quimper  les  poudres, 
balles  et  mèches,  au  lëvement  du  siège  de  Douarnenez 
posé  par  le  S'  de  Coatedrez  ».  La  quittance  est  du  28  Jan- 
vier 1596.  A  la  même  époque,  il  est  dit,  dans  le  même 
compte,  que  Kermoguer,  gouverneur  de  Quimper,  envoya 
le  messager  OUivier  Floch,  à  Douarnenez,  trouver  le  capi- 
taine La  Boulle,  commandant  en  Tabsence  de  La  Fonte- 
nelle,  pour  savoir  si  ce  dernier  voulait  bien  observer  la 
trêve  et  empêcher  les  courses  de  ses  soldats  sur  le  pays, 
((  à  la  grande  oppression  et  foule  du  pauvre  peuple  »  ; 
puis  un  autre  courrier  fut  dépêché  à  M.  de  Saint-Luc,  à 
Rennes,  pour  lui  dire  que  le  dit  La  Boulle  ne  faisait 
«  aucun  état  d'entretenir  la  dite  trêve  ». 

Vers  cette  époque,  La  Fontenelle  fut  pris  et  livré  au 
S>^  de  Saint-Luc,  qui  le  rel&cha  peu  après,  moyennant 
14.000  écus  de  rançon,  malgré  les  réclamations  des  habi- 
tants de  Quimper,  qui  voulaient  sa  mort.  Mais  La  Fonte- 
nelle ayant  continué  ses  pillages,  le  capitaine  du  Pré,  qui 
commandait  alors  à  Quimper,  et  se  trouvait  à  Paris,  reçut 
Tordre  du  Roi  de  s'emparer  de  l'île  Tristan.  Voici  com- 
ment le  chanoine  Moreau  raconte  cette  tentative  mal- 
heureuse. 

Au  mois  de  Février  1597,  le  S'  du  Pré,  «  étant  de  retour 
de  Paris  et  désireux  avoir  envie  d'effectuer  la  promesse 
qu'il  avait  faite  au  Roi,  assembla  quelques  garnisons  avec 
celle  de  Quimper,  jusques  à  800  ou  1.000  hommes,  et  s'en 
va,  ayec  cette  ridicule  poignée  de  gens,  témérairement  se 
présenter  devant  ladite  île,  autrement  nommé  le  fort  de 
Douarnenez,  où  la  mer  était  lors,  si  bien  qu'on  ne  pou- 
vait approcher  par  terre,  s'avança  le  premier  sur  le  sablon 
qui  est  entre  l'tle  et  la  terre  ferme,  quand  la  mer  s'est 
retirée,  faisant  voltiger  son  cheval,  provoquant  l'ennemi 
de  sortir  à  l'escarmouche.  Des  premiers  coups  de  mous- 


—  45  — 

quel,  le  capitaine  Prez  est  renversé  par  terre  mort  sur  la 
place.  Ainsi  s'acquitta  de  la  promesse  qu'il  avait  faite  au 
Roi,  à  Paris,  de  reconquérir  Tlle  ou  de  mourir.  Ses  gens 
se  contentèrent  de  perdre  leur  capitaine  et  s'en  retour- 
nèrent sans  iiasarder  davantage  )). 

La  date  de  cette  malheureuse  expédition  nous  est  donnée 
par  M.  Faty,  dans  sa  notice  sur  le  «  Compte  du  miseur,  de 
Quimper,  de  1595  à  1598  »  (1). 

«  C'est  le  16  Février  1597,  que  les  contingents  de  la 
petite  armée  de  du  Pré  se  mirent  en  marche  sur  Douar- 
nenez.  Pour  les  diriger,  on  leur  donna  trois  guides,  qui 
reçurent  2  écus.  Suivait  un  convoi  de  12  charrettes,  pour 
debvoir  être  employées  à  mener  le  canon  et  autres  muni- 
tions de  guerre.  L'artillerie  de  siège  ne  se  composait  que 
d'un  seul  canon  remisé  au  Guéodet  et  qui  fut  prêté  par 
les  bourgeois  ;  venait  encore  une  voiture  spécialement 
destinée  à  transporter  les  engins  de  destruction  préparés 
pour  brusler  le  grand  vaisseau  et  le  manoir  de  La  Fonte- 
nelle.  »  D'après  le  Compte  du  miseur  Chevillart,  voici  les 
matières  qui  entraient  dans  leur  composition  :  un  baril 
de  goudron,  50  livres  de  braie  de  Flandre,  25  livres  d'é- 
toupes,  une  certaine  quantité  de  soufre  et  de  fascines, 
dont  le  montant  s'éleva  à  4  écus  10  sols. 

Du  Pré  arriva  le  môme  jour  devant  l'île  Tristan  pour 
éprouver  le  triste  sort  que  lui  mérita  sa  bravade. 

La  Fontenelle  essaya,  le  5  Mai  de  la  même  année,  à 
surprendre  Quimper  ;  mais  après  une  perte  de  150  hom- 
mes mis  hors  de  combat,  il  battit  en  retraite  sur  son  île. 

M.  de  Sourdéac,  gouverneur  de  Brest,  averti  de  cet 
insuccès,  trouva  le  moment  favorable  pour  s'emparer  de 
La  Fontenelle,  et  se  présenta,  le  25  Mai  1597,  avec  des 
forces  respectables  pour  entreprendre  le  siège  en  règle  de 


(1)  Bulletin  Archéologique,  Xn,  page  193. 


-  46  ~ 

rile  Tristan.  Mais  le  chanoine  Moreau  nous  apprend 
comment  La  Fontenelle  (1)  «  fortifia  tellement  cette  place, 
très  forte  de  nature,  qu'il  la  rendit  imprenable,  fit  bâtir 
force  maison,  dedans  Ttle,  qu'il  semblait,  à  voir  de  loin, 
que  ce  fût  une  ville,  ce  qui  fut  fait  en  moins  de  7  ou 
8  mois,  se  servant  des  matériaux  du  bourg  de  Douar- 
nenez,  qu'ils  démolirent  pour  la  plupart,  et  les  transpor- 
tèrent par  bateaux  et  charrettes  dedans  Tile,  ce  qui  leur 
fut  aisé  de  faire,  d'autant  qu'ils  contraignaient  les  habi- 
tants du  pays  de  venir  avec  leurs  attirails,  sans  rien  dé- 
bourser ;  et  n'y  avait  capitaine,  lieutenant  ou  homme  de 
guerre  qui  n'eût  son  logement  en  cette  île. 

«  La  Fontenelle  étant  ainsi  bien  logé,  il  devint  plus 
audacieux  qu'auparavant,  et  fit  appeler  l'île  de  son  nom, 
la  faisant  nommer  l'île  Guyon,  qui  s'appelait  ci-devant 
l'île  Tristan,  se  faisait  aussi  nommer  Monseigneur,  ne  re- 
doutait aucune  force  qui  le  pût  déloger,  que  la  famine  ei 
la  trahison;  et  l'une  ou  l'autre  était  bien  difficile,  car  pour 
clore  le  passage  aux  vivres,  il  convenait  avoir  armée  sur 
terre  et  sur  mer,  qui,  n'ayant  havre  ni  abri  que  dans  la 
rivière  de  Pouldavid,  ne  peut  demeurer  longtemps  ailleurs 
sans  péril  de  naufrage,  tourmente  advenant.  Quant  à  la 
trahison  ou  surprise,  aussi  peu,  car  on  ne  pouvait,  par 
terre  ni  par  mer,  aborder  que  par  un  seul  endroit,  très 
fort  et  bien  gardé,  environné  d'eau  la  plupart  du  temps, 
et  de  plus  il  y  avait  grosse  garde,  et  l'on  voyait  ceux  qui 
s'en  approchaient  de  plus  de  six  à  sept  cents  pas. 

((  Cette  forteresse  le  rendit  si  insolent  qu'il  ne  voulut 
dépendre  de  personne,  et  faisait  fort  peu  de  cas  de  man- 
dements du  duc  de  Mercœur... 

«  Il  arma  quelques  vaisseaux  de  nombre  de  voleurs,  et 
battant  la  mer,  firent  rencontre  de  certains  vaisseaux 

(1)  Moreatt,  page  321. 


—  47  — 

anglais  qu'ils  prirent,  jetèrent  tous  les  matelots  à  fond, 
et  s'en  retournèrent  chargés  de  dépouilles  de  grande 
valeur,  toiles  et  autres  marchandises  de  prix.  )) 

Ce  fut  à  cette  époque  du  25  Mai,  à  la  fin  d'Août,  qu'eut 
lieu  le  siège  de  l'île  par  M.  de  Sourdéac,  comme  l'a  établi 
M.  Faty  dans  son  savant  travail  sur  les  Comptes  des  mi- 
seurs  de  Quimper  à  cette  époque  (1). 

M.  de  Sourdéac,  après  s'être  emparé  du  château  de 
Kerousi,  à  Penmarc'h,  où  tenaient  garnison  des  soldats  de 
La  Fontenelle,  vint,  en  1597,  mettre  le  siège  devant  l'ile 
Tristan  avec  M.  le  baron  de  Mollac,  S<^  de  Kergourna- 
dec'h  (2). 

((  Ayant  appelé  les  garnisons  des  places  de  la  Basse- 
Bretagne  qui  tenaient  leur  parti,  comme  de  Quimper,  de 
Dinan,  de  Morlaix,  de  Tonquedec,  de  Guingamp  avec  un 
régiment  de  Suisses  sous  la  conduite  du  capitaine  Erlac, 
aussi  Suisse,  de  Corlay,  de  Quintin,  de  Concarneau,  du 
Pont  et  de  toutes  les  autres  places  dans  lesquelles  il  y 
avait  garnison. 

«  Ce  beau  siège,  aussi  témérairement  entrepris  que  mal 
poursuivi,  dura  un  mois  ou  six  semaines  (3)  avec  aussi 
peu  d'avancement  le  dernier  jour  que  le  premier,  étant 
l'ennemi  dans  une  place  ravitaillée  de  toutes  provisions. 

«  Or,  quand  il  eût  eu  devant  30.000  hommes,  qu'ils  eus- 
sent été  soutenus,  ils  n'y  eussent  rien  fait  et  n'y  avaient  à 
craindre  que  la  famine  ou  trahison,  chose  à  quoi  on  avait 
fort  bien  pourvu. 

«  Le  S'  de  Sourdéac,  voyant  que  c'était  temps  perdu 
que  de  prolonger  le  siège,  honteux  toutefois  de  le  lever, 
s'absente  feignant  aller  quérir  nouvelles  forces  en  Léon, 
et  sous  ce  prétexte  se  retire  du  camp  à  Brest  en  sa  garni- 
Ci)  Bulletin  Archéologique,  XII,  page  SOS. 

(2)  GhaDoine  Moreau,  p.  358. 

(3)  Un  peu  plus,  comme  le  coDsUte  M.  le  commandant  Faty  (1.  cit.). 


-  48  — 

son,  laissant  le  baron  de  Mollac  pour  commander  en  son 
absence.  On  Tattendait  de  jour  à  autre  au  dit  siège,  mais 
en  vain  ;  on  lui  écrivait  chaque  jour  ce  qui  se  passait,  à 
quoi  il  ne  répondait  ;  finalement,  on  l'avertit  que  secours 
venait  à  l'ennemi,  comme  il  était  vrai.  Lors,  il  écrivit 
qu'il  était  d'avis  que  le  siège  fût  levé,  et  que  le  canon 
qu'il  avait  fait  rendre  là  de  Brest  fût  rendu  en  sûreté  à 
Quimper. 

((  Le  baron  de  Mollac  ayant  communiqué  ses  lettres  aux 
capitaines,  ils  furent  de  même  avis,  se  souvenant  néan- 
moins de  ce  que  dit  l'un  d'eux  quand  le  dit  Sourdéac  par- 
tit du  camp,  qu'il  s'en  allait  mais  que  ce  n'était  pas  pour 
retourner. 

((  Pendant  le  siège,  il  y  avait  escarmouche  tous  les  jours. 
Ceux  du  fort  sortaient  bravement  sur  le  sablon  qui  est 
entre  le  fort  et  la  terre,  quand  la  mer  est  basse,  avec  peu 
d'efiet  toutefois  de  part  et  d'autre. 

«  Une  certaine  nuit  assez  obscure,  en  pleine  marée,  et 
lorsque  les  assiégeants  se  doutaient  le  moins,  les  assiégés 
firent  une  sortie  de  quelque  100  ou  200  hommes  qui  se 
vont  ruer  sur  le  quartier  du  capitaine  Magence,  du  côté  de 
Tréboul,  qu'ils  attaquèrent  dedans  leurs  retranchements 
et  en  tuèrent  quelque  nombre  au  commencement,  avant 
qu'ils  aient  pu  être  secourus,  d'autant  qu'ils  avaient  été 
surpris.  Entre  autres,  y  mourut  des  premiers  le  capitaine 
Magence  en  bien  faisant,  comme  il  avait  toujours  de  cou- 
tume, et  quelque  douzaine  des  siens  avec  quelques-uns 
des  assaillants.  Ce  capitaine  fut  fort  regretté  des  siens  et, 
à  la  vérité,  il  était  regrettable  pour  sa  valeur,  honnêteté, 
modestie,  aussi  lui  fit-on  à  Quimper  obsèques  fort  hono- 
rables, raémorant  de  son  assistance  contre  La  Fontenelle.  )) 

(A  suivre.) 


CARTULAIRE 

DE    L'ÉGLISE    DE    QUIMPER 

(Suite.) 


i56. 

RÉCEPTION  DE  HACICOTS  (*' 

~   14  Ootobro  1401.    - 


Anno  Domini  M^  quadrigintesimo  primo,  die  veneris 

post  festum  beati  Dyonisii  martiris,  iuerunt  Eveaus  Ber- 

nardi,  Elias  passe  mestre  et  Elias  Oliverii  in  Capitulo  Cori- 

sopiteosi  capitulando,  i  a  macicotos  ecclesie  Corisopitensis 

recepti  et  juraverunt  statuta  etc. 

J.  Bloez. 


457. 

EMPRUNT  DE  LIVRES  (') 
—  18  Novembre  1401.  — 


Anno  Domini  M^  quadrigintesimo  primo  die  mercurii 
ante  festum  beati  Martini  hyemalis  magister  Herveus 
Sulguen  canonicus  Corisopitensis  cepit  secum  et  aspor- 
tavit  de  Capitulo  Corisopitensi  unum  librum  Ezechielis  et 
Danielis  glosatum  in  uno  volumine  incipiens  in  folio... 
9ui$  iuburbanU  et  in  penultimo  Sathas... 


(1)  Cart.  31,  ^  57. 

(2)  Cart.  31,  t"  63. 


3qLLETIIf  DE  hA  CONMISSION  PI0Cl$8A|If|I.  —  9*  aDO^, 


—  80  — 

458. 

VICAIRES  REÇUS  PRÊTENT  SERMENT  (') 

—   18  Novembre  1401.   ~ 


Anno  Domini  M®  quadrigintesimo  primo,  die  veneris 
ante  festum  béate  Katerioe  virginis,  Yvo  Kenmarhec, 
rector  ecclesie  de  Dîneul  et  GuillermusTregonec,  in  cura- 
tos  ecclesie  Corisopitensis  recepti,  juraverunt  statuta  et 
laudabiles  observancias  ecclesie  Corisopitensis  bene  et 
fideliter  observare.  J.  Bloez  transcripsit. 


459. 

FORMA  INSTITUTIONIS  CAPELLANORUM  HAJORUH 

AD  PORTIONES  CURE  ECCLESIE 

CORISOPITENSIS 

Un  des  7  Chapelains  ou  vioaires  de  8*  Oorentin  (faisant  défaut), 
le  Chapitre  en  Institue  et  pourvoit  un  autre  destituable  €  ad  nu- 
tum  »,  qui  Jure  porter  honneur  et  révérenoe  aux  chanoines. 


Anno  Domini  M<>  quadrigentesimo  primo,  die  veneris 
ante  festum  béate  Katerine  virginis,  nos  Capitulum  facien- 
tes  et  propterea  capltulanter  congregati,  ad  quos  rectoria 
ecclesie  Corisopitensis  et  ipsius  civitatis  ac  populi  et  par- 
rochianorum  ejusdem  cura  parochialis  et  animarum 
spectare  noscitur  ab  antiquo,  cujus  cure  regimen  in  sep- 
tem  particulas  civitatis  Corisopitensis  et  suorum  subur- 
biorum  citra  fluvium  de  Teyr  divisim  inter  septem 
capellanos  majores  ecclesie  nostre  qui  ad  oilicia  et  servi- 
cia  ejusdem  ecclesie  horis  singulis  facienda  assidue,  sunt 
per  Nos  constituti  et  tenentur  pariter  ex  commissione 
nostra,  ipsique  prout  et  quando  nobis  placet  ad  hoc  per 
Nos  in  solidum  institui  et  eciam  destitui  seu  eciam  ad 

(1)  Cart.  31,  ^  37. 


-  51  — 

nutum  nosirum  removeri  et  alterum  loco  ipsius  substitut 
et  preiici,  fuit  et  est  hactenus  consuetum,  attendentes 
alterum  de  septem  capellanis  eisdem,  videlicet  dominum 
Herveum  Marchazant  presbyterum  qui  curam  septime 
particule  dicte  cure  que  vulgariter  nuncupatur  Euan 
Mélinou  (1)  ex  commissione  nostra  exercebat,  noviter 
decessisse,  propterea  Gualterum  Tregonnec  presbyterum 
alterum  de  septem  capellanis  supradictis,  a  regimine 
cure  quam  seu  quod  regebat  in  altéra  particula  ejusdem, 
que  in  vulgo  nuncupatur  Kenechetusen  revocantes,  ipsum 
exinde  duximus  removendum  et  dominum  Yvonem  Kaer- 
marec  presbyterum  in  nostrum  et  ecclesie  nostre  capel- 
lanum  majorem,  loco  dicti  deffuncti  quoad  hoc  substi- 
tuentes,  curam  predicte  porcionis  seu  particule  de  Kene- 
cTietÂzen  eidem  Kaermarhec  présent!  et  hoc  coram  nobis 
acceptant!  commisimus,  una  cum  suis  solitis  juribus  et 
pertinenciis,  amore  De!  et  intuitu  pietatis,  qui  juravit  ad 
sancta  De!  Evangelia  curam  hujusmod!  bene  et  fideliter 
gerere,  statuta  que  et  consuetudines  laudabiles  dicte  eccle- 
sie observare  et  singulis  canonicis  ipsius  ecclesie  presen- 
t!bus  et  futuris  impendere  reverenciam  et  honorem  et  alia 
que  ad  capellanum  majorem  ipsius  ecclesie  incumbere  et 
pertinere  noscuntur  debere  exercere  et  deinde  curam 
hujusmodi,  quoad  particulam  que  dicitur  Ru  MeHnou 
supra  dictam,  prefato  Guillermo  de  Tregonnec  présent!  et 
acceptant!  cum  suis  oneribus  et  emolumentis  consuetis 
duximus  commitendam,  qui  eciam  prestltit  super  hoc 
consimile  juramentum. 

Datum  ut  supra,  presentibus  et  capitulantibus  ibi  magis- 
tris  Herveo  Sulguen,  Oliverio  Hospitis,  A.  de  Penquelen- 
nec,  domino  Johanne  de  Tegula,  Johanne  Corne,  Guil- 
lermo de  Kaer,  Yvone  de  Kaer  et  Johanne  Treanna,Magis- 

(1)  Rue  des  Mouliot,  ancienne  dénomination  de  la  paroine  de  Laniron. 


—  52  — 

tro  Petro  Militis  et  Theobaldo delà  Bourdonaye,  canonicis 
ecclesie  Corisopitensis  supradicte. 
J.  Bloez  transcripsit. 


460. 

VICAIRE  DE  SPÉZET  REÇU  HASSICOT  (') 

—   8  Janvier  1402  (n.  8.)>  — 


Anno  Dotnini  M^quadrigentesimo  primo,  die  dominica 
post  Epiphaniam,  dominus  Herveus  Bris  presbyter  vica- 
rius  de  Spezet  fuit  creatus  et  receptus  in  macicotum  chori 
ecclesie  Corisopitensis  et  juravit  statuta,  etc. 

J.  Bloez. 


461. 

INSTALLATION  DU  GRAND  CHANTRE  (') 

-    2B  M«P8  1402  (n.  8.).    - 


Anno  Doroini  M^  quadrigentesimo  primo  secundum 
computacionem  Gallicanam,  die  xxv^  Marcii  (3)  hora 
magne  misse,  indictione  décima  et  ab  electione  domîni 
Benedicti  anno  octavo,  presentibus  dominis  Oliverio 
Quoetperec,  Covfïec...  prespyteris  macicotis  et  aliis,  vene- 
rabiles  viri  magistri  G.  de  Ker,  G.  Militis,  0.  Hospitis, 
J.  Corric,  P.  de  Ker  canonici  induxerunt  Guillermum 
Clerici  cantorem  ecclesie  Corisopitensis  in  cantoriam  et 
canonicatum  dicte  ecclesie  in  possessionem  corporalem 
et  realem  earumdem  juriumque  ipsarum  per  assignacio- 
nem  stalli  in  choro  et  loci  in  Capitulo  dicte  ecclesie. 

A.    SCAHUNEC. 


(1)  Cart.  31,  f  30. 

(2)  Cart.  31,  (•  62. 

(3)  Pâque  tombait,  cette  aooée,  le  26  Mars. 


—  53  — 

462. 


CHRESTIEN  DABRIC  REQU  HACICOT  <') 

-   1B  Avril  1402.    - 


Anno  Domini  M»  quadrigentesimo  secundo,  die  sabbati 
post  diem  dominicain  qua  cantatum  fuit  sancta  Dei  eccle- 
sia,  misericordia  Domini  (2)  luit  receptus  in  macicotum 
ecclesie  Corisopitensis,  dominus  Christianus  Dabric  près- 
byter  et  juravit  statuta  et  consuetudines  ejusdem  ecclesie 
observare  etc.,  presentibus  M.  G.  h.  Sul...  G.  Marhec, 
P.  Militis,  0.  Hospitis...  A.  Penquelennec,  J.  Corric,  Sca- 
honec  et  aliis. 

BONVALLON. 

463. 

ALAIN  DE  LA  RUE  REÇU  CHANOINE  ('^ 

-   21  Avril  1402.    - 


Anno  Domini  M^  quadrigentesimo  secundo,  die  xxi* 
mensis  Aprilis  circa  horam  completori  ;  fuit  receptus 
dominus  Alanus  de  Yico  legum  doctor  in  Capitule  Cori- 
sopitensi,  in  canonicum  et  in  fratrem  ecclesie  Corisopi- 
tensis  et  ad  canonicatum  et  prebendam  quos  in  ea  obti- 
nebat  MagisterTheobaldus  de  la  Bourdonae  dum  vivebat, 
in  personam  videlicet  domini  Guillermi  an  Yvineuc  pro- 
curatoris  et  procuratorio  nomine  ipsius  domini  Alani 
inductus  in  possessionem  per  assignacionem  stalli  in 
choro  et  loci  in  Capitulo  et  juravit  ipse  procurator  statuta 
in  hoc  libro  contenta  et  alia  laudabilia  ecclesie  predicte, 
presentibus  in  Capitulo  Magistris  G.  de  Eaer  archidiacono 
et  canonico,  0.  Hospitis,  G.  Marhec,  H.  Sulguen,  J.  Corric, 
A.  Penquellennec  et  P.  Militis  canonicis. 

G.  Serrelagat. 

(1)  Cart.  31,  ^  37. 

(3)  Second  dimioche  après  Pâques,  dimanche  8  Avril. 

(8)  Cart.  81,  ^  46. 


—  84  — 

464. 

RAOUL  PENQUELENNEC  REQU  CHANOINE  (') 

->   6  Juin  1402.   - 


Anno  Domiûi  M^  quadrigentesimo  secundo,  quinta  die 
mensis  Junii  hora  vesperorum  indîctione  décima  ab  elec- 
cionedomini  B.  ultimo  in  papam  electi  anno  YIIIo,  Radul- 
phus  filius  Alani  Albi  alias  de  Penquelenec  fuit  receptus 
in  canonicum  ecclesie  Gorisopitensis  et  fuit  sibi  assigna- 
tus  locus  in  Capitulo  et  eciam  extitit  sibi  assignatum  stal- 
lum  in  choro  et  juravit  statuta  et  consuetudines  laudabiies 
ecclesie  observare  etc.  presentibus  Magistris  G.  Marhec, 
0.  Hospitis,  Jo.  Corric,  A.  de  Penquelenec  canonicis. 

G. Signardi  notario,  Henrici  Rectore... de  Duault  et simi- 
libus  aliis  testibus.  Bonvallon. 


465 

RÉCEPTION  DE  MACICOTS(') 

-    8  Juin  1402.   - 


Anno  Domini  M^  quadrigentesimo  secundo,  die  vene- 
ris  nona  mensis  Junii  fuerunt  in  Capitulo  Corisopitensi 
Radulphus  rector  de  Gruscry,  Guiliermus  Thome  rector 
de  Ploeguen,  Guidomarus  rector  Dargoll  presbyteri  et 
Perrotus  Maùricii  clericus  recepti  et  creati  in  macicotos 
ecclesie  Gorisopitensis  et  juraverunt  tenere  statuta  pre- 

^*^*®-  J.  Bloez  transcripsit. 

(1)  Cart.  31,  ^  47. 

(2)  Cart.  31,  f»  52. 


—  85  — 
MAURICE  BARON  REÇU  HACICOT  (*) 

-    14  Août  1408.    - 


Anno  Domini  U^  quadrigentesimo  tercio,  xiiii^  die  Âu- 
gusti  Mauricius  Baronis  fuit  receptus  in  macicotum  per 
Capitulum  et  juravit  statuta  ecclesie. 

J.   MUTONIS. 


487 

6UILLAUIE  DE  FAVIERS  REQU  lACICOT  (>> 

-   18  84pt4inbre  1402.   - 


Anno  Domini  M^  quadragintesimo  secundo,  die  lune 
antefestum  beati  Mathei  apostoli  fuit  GuillermusdeFave- 
riis  alias  de  Ghuun  (Hc)  receptus  in  mancicotum  ecclesie 
et  chori  Corisopitensis  et  juravit  statuta.  J.  Bloez. 


468 

JEAN  LE  HARHEC  PAIE  L'AMENDE  W 

—  87  8ept6fnbre  1402.   — 


Anno  Domini  M9  quadrigentesimo  secundo,  die  mercu- 
rii  post  festum  beati  Mathei  apostoli  et  evangeliste,  amen- 
davit  dominus  Johannes  Militis  presbyter  Petro  Treoret 
clerico  in  Capitule  Corisopitensi  de  sexaginta  solidis  ad 
ordinacionem  Capituli,  presentibus  discretis  viris.  G.  Mili- 
tis, 0.  Hospitis,  H.  Sulven,  P.  Militis,  A.  Penquelennec  et 
P.Treanna  canonicis  racione  injuriarium  quarumdem,  etc. 

J.   CORRIG. 

(1)  Cart.  81,  f  53. 

(2)  Cart.  31,  ^  67. 

(3)  Cart.  31,  f  71. 


# 


—  56  — 
469. 

YVES  DE  KERCARV  REQU  lACICOT  H) 

—  6  Saptambpa  1408.   — 


Anno  (M9)  quadrigentesimo  tercio,  die  jovis  ante  festum 
Beati  Egidii  abbatis,  fuit  Yvo  de  Kercarv  clericus  créatus 
in  mancicotum,  et  juravit  statuta;  etc.  J.  Bloëz. 


470. 

RECTEUR  DE  SAINT-EVARZEC  REÇU  lACICOT  (') 

-  19  Déoembra  1404.   - 


Anno  M®  quadrigentesimo  quarto  die  veneris  post  fes- 
tum beati  Chorentini  hyemalis  fuit  receptus  Jotiannes 
Gallici  rector  de  Sainteflredec  in  macicotum  et  juravit 
statuta. 

471 

HERVÉ  LE  CbZ  REÇU  MACICOT  ('> 

-    8  Mai  1406.    - 


Anno  Domini  M^  quadrigentesimo  quinto,  die  veneris 
in  festo  beati  Micbaelis  in  monte  tuba,  presentibus  ad  boc 
dominis  canonicis  Magistris  Guillermo  de  Kaer  archidia- 
cono,  Guillermo  Le  Marhec,  Oliverio  Hospitis,  Herveo 
Sulguenn  in  sacra  pagina  professore,  Alano  Penquelennec, 
Johanoe  Corric,  Johannes  de  Treanna,  fuit  receptus 
Magister  Herveus  Senis  in  macicotum  etc.,  et  juravit  sta- 
tuta laudabilia  loci  etc. 

G.  Serrelagàt. 

(1)  Cart.  81,  ^  46. 

(2)  Cart.  31,  ^  70. 

(3)  Gtrt.  31,  ^  61. 


—  57  — 

472. 


YVES  KER60NNYEC  REQU  MACICOT  («> 

-   11  Juillet  1406.   - 


Anno  Domini  M^  CGCC®  quinto,  die  xi*  Julii  fuit  Yvo 
Kergonnyec  clericus  receptus  per  Capitulum  capitulando 
ad  roacicotum  chori  ecclesie  Corisopitensis  juravit  sta- 
tuta  etc. 


473. 

JEAN  TROUSSEL  REQU  CHANOINE  W 

-   18  FèYPl«r  1406  (n.  t.).   - 


Anno  Domini  M^  que^rigentesimo  quinto,  die  veneris 
décima  nona  Februarii  juravit  Johannes  Teroussel  pres- 
byter  tenere  statuta  ecclesie  Corisopitensis  et  fuit  receptus 
in  canonicatum  chori  dicte  ecclesie,  presentibus  dominis 
Archidiacono,  Oliverio  Hospitis,  Johanne  Corric,  Herveo 
Sulguen,  Alano  Penquelennec,  Johanne  Treanna,  Rodulpho 
Penquelennec,  Johanne  Misperic  canonicis. 

.   J.  MUTONIS. 

(1)  Cart.  31,  ^  81. 
(S)  Cart.  31,  ^  66. 


CORRESPONDANCE 


DB 


I.  TRÊHOT  de  CLERIOIT,  Maire  de  Pont-Croli  (1791). 

(FiD.) 


€  !•»  Août. 

«  Tu  badines  toi  avec  les  «  fiers  Anglais  »  1  Voudrais-tu 
que  les  Français  devinssent  les  imitateurs  de  ce  peuple 
monstre,  assassin  de  ses  Rois  ?  La  fin  tragique  de  Char- 
les I«'  le  fait  regarder  en  horreur,  quand  on  se  le  rappelle. 
N'accusons  pourtant  pas  le  peuple  anglais  coupable,  en 
général,  de  ce  crime  :  le  plus  grand  nombre  s*y  opposa 
et,  s*il  ne  prévalut  pas,  ce  fut  parce  qu'il  fut  surpris  par 
les  artifices  de  trois  conspirateurs  dont  l'un  fit  lui-même 
l'office  de  bourreau.  N'imitons  point  un  pareil  exemple. 
Nos  mœurs  s'y  opposent,  et  si  nos  Rois  méritent  la  dé- 
chéance, nos  constitutions  nous  donnent  les  moyens  de 
leur  en  faire  supporter  la  peine,  sans  répandre  leur  sang. 
Louis  16  n'est  que  fauteur  et  il  n'est  encore  point  rendu 
criminel  ;  les  sages  de  parmi  vous  l'ont  parfaitement  dé- 
montré et  le  parti  sage  a  été  adopté,  donc  il  faut  conclure 
que  la  Providence  veille  sur  le  salut  de  la  France.  Ha  I  le 
beau  carnage  qu'il  y  eût  eu  dans  peu  si  l'on  en  eût  pris 
un  autre  I  » 

c  5  Août. 

((  Il  n'y  avait  point  de  lettre  de  toi  dans  ton  paquet. 
S'il  n'y  avait  point  que  moi,  un  courrier  manqué,  même 


-  89  — 

deux,  ne  m 'étonneraient  point;  mais  nous  sommes  deux, 
et  mon  camarade  n*a  pas  toute  la  raison  qu^elIe  devrait 
avoir,  ou  plutôt  n*écoute  pas  celle  qu'elle  a. 

((  Nous  n'avons  rien  de  neuf  ici  que  vingt  de  nos  jeunes 
gens  qui  furent  faire  les  gueux,  même  les  bandits  au  Cap, 
dimanche  dernier,  sous  prétexte  d'aller  effacer  des  armoi- 
ries dans  les  châteaux  et  manoirs  qui  y  sont,  et  où  ils 
voulaient,  avec  menaces,  se  faire  payer  de  leur  peine. 
Nous  sommes  très  persuadés  qu'ils  y  ont  été  poussés  par 
le  District,  et  nos  soupçons  se  confirment  par  deux  pots 
de  vin  que  G...  donna  à  leur  retour  de  cette  expédition 
aux  quatre  chefs  de  la  bande.  Nous  avons  rendu  une 
ordonnance  de  police  contre  les  attroupements.  » 

c  8  Août. 

«  M.  Billette  vient  de  recevoir  une  commission  de  rece- 
veur du  timbre  à  Quimper.  Ce  poste  est  gracieux  :  1.500 
livres,  peu  de  chose  à  faire.  M.  du  Feignat,  autrement 
Keranforét,  est  envoyé  à  Guéret,  ville  à  70  lieues  au  Midi 
de  Paris  et  à  95  de  Guéméné,  sa  patrie  ;  il  a  dû  t'écrire 
pour  voir  ses  patrons  et  les  déterminer  à  le  rapprocher 
de  chez  lui  :  c'est  encore  un  de  ces  hommes  dont  on 
regrette  de  s'éloigner. 

«  Quant  à  l'enrôlement  des  volontaires,  je  n'ai  engagé 
que  deux  jeunes  gens  :  l'un  fils  de  Boutouic  ;  l'autre  un 
garçon  perruquier  ;  ce  dernier  bon  sujet  tout  à  fait.  Je 
croyais  le  premier  de  cette  classe,  mais  il  était  du  brigan- 
dage dont  je  t'ai  parlé  par  ma  dernière  et  j'ai  beaucoup 
rabattu  de  mon  estime  pour  lui,  d'autant  qu'au  moment 
de  partir,  je  lui  défendis  de  suivre  les  autres.  Beaucoup 
d'autres  se  seraient  enrôlés  si  on  leur  eût  donné  une 
somme  pour  engagement.  Pourquoi  faire  les  B.  ?  pour 
boire  !  Non,  mon  ami,  dans  notre  peuple,  nous  n'avons 


-  60  — 

pas  un,  non  pas  un  qui  soit  citoyen,  qui  soit  bon  sujet  et, 
au  contraire,  ils  sont  capables  de  tout  le  mal  qu'on  puisse 
imaginer,  pour  le  vin  ;  il  n'y  a  aucunement  à  compter  sur 
eux.  Quant  à  vos  bourgeois,  le  meilleur  ne  vaut  rien  I  » 

c  12  Août. 

«  C'est  sans  doute  une  bonne  nouvelle  que  de  m'ap- 
prendre  que  la  constitution  est  achevée,  mais  ce  n'est 
encore  qu'un  projet  dont  la  discussion  pourra  être  ora- 
geuse avant  qu'elle  soit  décrétée.  Je  la  trouve  trop  simple 
et  trop  unie  —  et,  en  cela  bien  bonne,  —  pour  ne  pas 
craindre  que  chacun  voulant  y  mettre  du  sien  ne  l'em- 
barbouille  de  manière  à  en  rendre  l'acceptation  difficile 
et  à  retarder  ton  retour  que  je  désire  autant  que  le  peut 
faire  ta  maman  et  ce  n'est  pas  peu  dire  (1). 

«  Le  Roi  est,  en  général,  méprisé,  mais  j'espère  qu'il 
fera  changer  de  façon  de  penser  à  ceux  qui  le  méprisent, 
quand  il  sera  libre.  Il  faudra  de  grandes  choses  pour 
effacer  une  grande  faute  ;  mais  puisqu'il  l'a  sentie,  je  ne 
doute  pas  qu'il  fasse  tout  ce  qui  convient  pour  la  réparer, 
ne  serait-ce  que  de  gouverner  son  royaume,  sans  porter 
atteinte  à  la  constitution  nouvelle. 

«  De  la  part  de  maman,  il  vous  est  enjoint.  Monsieur, 
de  faire  visiter  votre  voiture,  de  la  faire  bien  réparer  de 
manière  qu'il  ne  vous  arrive  rien  en  route  qui  puisse 
vous  blesser,  ni  retarder  votre  marche  ;  elle  demande  un 
compte  exact  de  l'état  de  cette  pièce  pour  le  prochain 
courrier,  parce  qu'elle  craint  que  vous  n'attendiez  au 
dernier  moment,  qu'alors  les  réparations  seront  mal  fai- 
tes. Mais  l'as-tu  encore  ?  en  cas  que  oui ,  elle  doit  avoir 


(1)  M"*  de  Glermont  fut  assez  sérieusement  indisposée,  cet  été,  mais  grftce 
aux  c  gouttes  amères  »  elle  était  infiniment  mieux  et  n'attendait  que  le 
retour  de  son  fils  pour  se  porter  c  oomme  la  défunte  Baatille,  en  son 
vivant  ». 


—  61  - 

grand  besoin  d'un  radoub  et  il  est  réellement  à  propos  de 
s*y  prendre  de  bonne  heure.  )) 

<  15  Août. 

«  Rien  de  neuf  :  l'éloignement  des  prêtres  réfractaires 
a  mis  le  calme  partout  ici. 

((  Je  lus  attentivement  le  projet  de  constitution  que  tu 
m'as  envoyée  :  il  m'a  paru  simple,  uni  et  dans  Tordre 
où  doivent  être  les  choses.  Je  ne  crois  pas  que  le  Roi 
refuse  de  l'accepter  en  cet  état,  à  moins  que,  par  la  dis- 
cussion, on  ne  soit  dans  le  cas  de  la  défigurer  et  d'y  ajou- 
ter quelque  chose  qui  autorise  le  Roi  à  ne  pas  l'accepter. 
Il  faut  se  méfier  des  motions  de  républicistes  et  de  ceux 
qui  désireraient  une  longue  continuation  de  votre  légis- 
lature; il  en  est  beaucoup  parmi  vous  que  leur  propre 
intérêt  porte  à  désirer  la  plus  grande  prolongation  pos- 
sible. » 

c  22  Août. 

((  Il  est  encore  arrivé  quelque  dismêganB  à  la  poste  ou 
à  Paris,  car  je  n'ai  reçu  aucune  nouvelle  de  toi  ni  les 
«  points  du  jour  )>  ;  en  conséquence,  mauvaise  nuit  ici  : 
ta  maman  voit  le  feu  aux  quatre  coins  de  Paris  et  à  son 
centre.  Le  bruit  court  que  la  famille  Kerstrat,  Trohanet 
et  Keranével,  vingt  personnes  embarquées  à  Roscoff  pour 
Jersey  se  sont  noyées  dans  la  Manche.  » 

c  29  Août. 

«  Quand  tu  n'auras  pas  le  temps  de  nous  écrire  longue- 
ment, fais-le  en  bref  et  fais-le  toujours  I 

((  M.  Pourhier  de  Keribron  a  été  tué  vendredi  par  un 
de  ses  fermiers.  Si  le  Directoire  de  Quimper  ne  fait  pas 
bâtir  de  nouvelles  prisons,  nous  ne  saurons  où  mettre  les 
malfaiteurs.  » 


—  62  — 

c  2  Septembre. 

((  Au  sujet  de  rinsurrection  dans  la  Saxe,  il  semblerait 
que  nous  eussions  grand  intérêt  à  la  diversion  que  ce 
trouble  apportera  aux  projets  insensés  de  TAllemagne. 
11  fut  un  temps  où  je  craignais  la  guerre,  mais  achevez 
seulement  ce  chef-d*œuvre  (notre  constitution)  sans  le 
gâter  par  des  additions  au  projet  qui  fassent  évanouir  les 
flatteuses  espérances  qu'il  présente  et  tout  rentrera  dans 
un  ordre  satisfaisant.  Un  coup  de  ciseau  de  trop  à  un 
marbre  défigure  Tobjet  qu'il  traite. 

«  Nous  nous  assemblons  dimanche  à  Quimper  pour 
vous  nommer  des  successeurs  (1).  Brest,  dit-on,  fera  le 
diable  pour  transférer  le  Département  à  Landerneau.  » 

c  Quimper,  10  Septembre. 

«  Nous  n'avançons  pas  beaucoup  dans  nos  élections.. 
Nous  n'avons  encore  qu'un  député  de  nommé  :  c'est  un 
sieur  Bouestard  de  la  Touche,  de  Morlaix,  médecin  au  dit 
lieu  (2)  ;  c*est  un  homme  d'environ  soixante  à  soixante- 
cinq  ans,  conséquemment  mûr  ;  mais  est-il  éligible  selon 
la  loi  du  marc  d'argent,  c'est  ce  qu'on  saura  tantôt  ? 

«  Le  District  de  Brest  travaille  en  diable  pour  se  pro- 
curer tous  les  députés,  sinon  de  Brest,  de  ses  environs. 
Nous  avons  travaillé  toute  la  matinée  pour  partager,  si 
cela  se  peut.  Quimper,  Pont-Croix,  Châteaulin,  Carhaix 
se  sont  entendus  pour  nommer  Botzey,  ensuite  Goazre,  et 
nous  verrons  encore  qui,  après.  Ce  qu'il  y  a  de  malheu- 

(1)  Les  électeurs  de  Pool-Croix  étaient  :  Fidèle  Guéguen,  administra- 
teur du  District  ;  G**  Herpee,  juge  du  tribunal  ;  Louis>F*'*  Trébot  Cter- 
mont»  maire  ;  Raimood- Charles  Le  Bris,  procureur  de  la  commune  ; 
Vincent  Guiller,  juge  suppléant  ;  Yves  Daniélou,  greffier  ;  Pierre  Cuden- 
nec,  avoué. 

(S)  Jean-Jacques  Bouestard,  administrateur  du  Département,  prési- 
dent de  TAssemblée  électorale,  fut  nommé  député  par  S62  voix  sur  415 
votants. 


—  63  — 

reux,  c*est  que  led  Léonards  ne  quittent  pas  rassemblée  : 
ils  sont  toujours  complets  et  que  des  nôtres,  il  y  a  tou- 
jours beaucoup  d'absents  et  qui  ne  viennent  aue  quand  il 
n'est  plus  temps  de  voter. 

((  Les  électeurs  des  campagnes  firent  hier  une  motion 
pour  demander  payement  à  un  écu  par  jour  ;  on  les  ren- 
voya au  club,  pour  rédiger  leur  pétition  et  députer  vers 
le  Département  pour  la  présenter.  Beaucoup  menaçaient 
de  s'en  aller  :  quelques-uns  sont  partis.  Il  y  a  un  boucan 
du  diable  présentement  :  la  députation  des  électeurs  a  été 
mal  reçue  au  Département.  On  a  crié  :  a  Les  Électeurs  au 
club  !  »  Le  paysan  veut  être  assuré  de  3  livres  par  jour, 
ou  il  s'en  va.  Je  finis,  pour  me  rendre  au  club.  » 

c  Qaimper,  12  Septembre. 

((  Nous  faisons  tous  nos  eSorts  pour  placer  Botzey  et 
ces  efforts  font  que  nous  perdons  nos  voix  que  nous  pour- 
rions employer  avec  plus  de  succès  pour  Le  Goazre  qui 
mérite  beaucoup  par  toutes  les  peines  qu'il  se  donne  pour 
le  bien  de  la  ville  et  pour  le  maintien  de  la  paix.  Il  y  au- 
rait longtemps  que  Botzey  serait  élu,  s'il  n'avait  pas  fait 
la  plus  haute  sottise  dans  le  moment  même  où  il  allait 
l'être.  Je  t'ai  marqué  que  les  paysans  s'étaient  soulevés  à 
notre  assemblée  pour  demander  un  traitement  de  3  livres 
par  jour,  pendant  leur  séjour  ici.  Comme  cela  s'échauf- 
fait au  point  qu'on  en  serait  venu  aux  mains,  je  dis  à 
Le  Goazre  d'aller  dire  au  président  de  lever  la  séance,  ce 
qui  fut  fait.  Il  cria  ensuite  :  «  Mes  amis  I  allons  au  club 
((  qui  se  tient  dans  la  grande  rhéthorique  ».  Là,  on  déba- 
tit  beaucoup,  et  le  débat  se  termina  par  proposer  de  faire 
une  adresse  au  Département  pour  lui  demander  d'arrêter 
que  les  électeurs  auraient  3  livres  par  jour  et  d'indiquer 
où  les  prendre.  Cette  adresse  tombait  justement  au  bureau 


~Ô4  — 

dont  Botzey  est  le  chef.  A  la  vue  de  toutes  ces  Signatures, 
il  dît  qu'elles  étaient  faites  par  autant  de  sots  —  il  y  en 
avait  plus  de  trois  cents  !  —  Les  députés  vers  le  Départe- 
ment vinrent  faire  le  rapport  de  cette  unique  réponse.  On 
cria  avec  beaucoup  de  chaleur  :  «  A  la  lanterne  !  »  On  se 
disposait  à  aller  Tassaillir.  On  apaisa  ce  premier  feu  pour- 
tant. Un  autre  se  ralluma  :  ce  fut  d'aller  le  chercher  et  de 
lui  faire  demander  excuse.  Ce  parti  était  encore  fort  dan- 
gereux pour  lui.  Mais  M.  Le  Goazre,  avec  beaucoup  de 
modération  et  de  prudence,  Téteignit  en  proposant  d'en- 
voyer une  seconde  députation.  Le  Département  s'assembla 
et  répondit  que,  dimanche,  il  espérait  recevoir  des  nou- 
velles qui  l'autoriseraient  peut-être  à  faire  ce  qu'on  lui 
demandait.  Les  paysans  s'apaisèrent  et  il  n'a  plus  été 
question  de  rien.  «  Hier  était  ce  dimanche,  beaucoup  sont 
retournés  chez  eux,  voyant  que  la  poste  n'avait  rien  ap- 
porté qui  concernait  leur  pétition.  Mais  ce  qui  reste  ne 
veut  plus  entendre  parler  de  Botzey.  Ils  sont  en  nombre 
supérieur  aux  bourgeois  et  ils  se  sont  coalisés  pour  ne 
nommer  que  des  gens  d'entre  eux.  Nous  avons  déjà  deux 
électeurs  paysans  :  un  qui.  est  du  District  de  Landerneau, 
qui  me  paraît  bon  ;  l'autre  est  de  Briec  ;  on  m'a  assuré 
que  c'était  un  ivrogne  et  bègue.  Le  sixième  député  sera 
vraisemblablement  M.  Malassis,  libraire  de  Brest  ;  c'est 
ce  que  nous  allons  savoir  bientôt. 

«  Je  fus  hier  dîner  à  Loc-Maria  (chez  M.  de  la  Hubau- 
dière)  Le  Goazre  et  moi,  à  l'effet  de  travailler  à  des  mémoires 
et  des  pétitions  que  l'on  va  vous  envoyer  aujourd'hui  tou- 
chant rétablissement  des  corps  administratifs  à  Sainte- 
Catherine,  des  Hospitalières  à  la  Retraite  et  de  la  Retraite 
aux  Capucins.  Tout  cela  me  paraît  bien  entendu  :  mais, 
de  votre  côté,  Messieurs,  travaillez  sans  relâche  pour  tâcher 
de  faire  décréter  ces  projets,  pendant  que  vous  êtes  là, 
car,  une  fois  les  nouveaux  députés  arrivés  à  Paris  —  ils 


—  65  - 

seroot,  selon  toute  apparence,  de  Léon,  et  presque  tous 
Brestois  —,  vous  trouverez  des  contradicteurs  et  notre 
Département  nous  sera  arraché  ;  ils  croient  même  le  tenir 
et  le  disent  tout  haut. 

«  Si  nous  ne  pouvons  pas  placer  Botzey,  nous  croyons 
que  nous  pourrons  le  fourrer  au  Département,  mais  il  ne 
dépendra  pas  de  nous  de  le  faire  rentrer  au  Directoire.  Ce 
garçon  a  un  caractère  bien  prononcé,  mais  il  est  gâté  par 
les  éloges  qu'il  mérite  et  qu*on  lui  a  un  peu  trop  prodigués, 
ce  qui  lui  a  fait  prendre  un  ton  de  hauteur  qui  ne  plaît 
pas  même  à  ses  collègues.  » 

«  Qaimper,  16  Septembre. 

((  Il  s'en  faut  beaucoup  que  je  sois  content  de  l'assemblée 
électorale.  Je  trouve  la  conduite  de  son  président  et  des 
membres  de  son  bureau,  non  seulement  irrégulière  mais 
mémerépréhensible(l).Leschefs  sont  entièrement  dévoués 
et  d'une  manière  marquée  aux  Brestois,  qui  ont  pris  un 
ton  absolu  dans  l'assemblée.  Nous  avons  demandé  à  établir 
un  bureau  composé  de  deux  membres  de  chaque  District 
pour  vérifier  l'éligibilité  à  l'Assemblée  Nationale.  On  l'a 
refusé  par  des  ((  non  I  non!  »  absolus  et  impératifs  approu- 
vés par  le  bureau.  En  sera-t-il  de  môme  devant  l'Assem- 
blée Nationale?  J'en  doute,  mais  si  cela  est,  il  faut  dire 
qu'il  est  inutile  de  faire  des  décrets.  » 

c  Qaimper,  18  Septembre  1791. 

«  Notre  assemblée  électorale  vient  de  finir  à  l'instant. 
Nous  n'avons  pas  pu  envoyer  Botzey  à  l'Assemblée  Natio- 
nale, ni  Le  Goazre,  par  rapport  à  lui.  On  s'est  entêté  à  le 

(1)  Le  bureau  compreoait  :  Bouestard,  présideot  ;  Cavellier,  becrétaire  ; 
Roujouz,  Halassis  et  loizao,  scrutateurs,  tous  de  Léon. 

Bulletin  de  la  Commission  oiocisAiNE.  —  8*  année.  5 


—  66  — 

nommer  à  chaque  scrutin  :  cela  a  divisé  nos  faibles  voix 
dominées  déjà  par  celles  de  Brest  et  de  Léon.  Mais  nous 
avons  réussi  à  le  faire  rentrer  dans  le  Département  et 
nous  sommes  comme  assurés  qu'il  rentrera  au  Directoire. 
Je  suis  outré  que  Le  Goazre  n*ait  pas  été  nommé. 

((  Hier,  il  arriva  un  courrier  extraordinaire  au  Dépar- 
tement, qui  apporta  la  nouvelle  de  l'acceptation  par  le 
Roi  de  la  Constitution.  Le  Département  s'empressa  de 
nous  venir  annoncer  cette  nouvelle  à  notre  salle  (église 
du  Collège).  Quelque  temps  après  son  départ,  nous  fûmes 
députés,  Le  Goazre,  moi  et  trois  ou  quatre  autres,  pour 
aller  remercier  le  Département  de  son  attention.  On  nous 
communiqua  les  lettres  du  Roi.  Aussitôt,  toutes  les  clo- 
ches en  branle,  illumination  générale  ;  aujourd'hui  : 
Te  Deum,  les  troupes  sous  les  armes,  feu  de  joie  et,  dans 
ce  moment,  danses  partout,  mais  cela  fait  de  la  comédie. 

((  J'ai  envoyé  de  bonne  heure,  ce  matin,  la  lettre  du 
Roi  à  ta  maman,  ainsi  que  a  la  Gazette  »  (1).  Dimanche 
prochain,  nous  ferons  aussi  les  mêmes  cérémonies  à  Pont- 
Croix.  J'ai  pourtant  envie  de  ne  les  faire  qu'un  jour  d'œu- 
vre,  à  cause  des  danses. 

«  Voici  donc  définitivement  les  députés  que  nous  vous 
envoyons  :  le  président  Bouêstard  de  la  Touche,  médecin 
de  Morlaix,  homme  que  l'on  dit  avoir  cy-devant  fait  de 
grandes  entreprises  desquelles  il  a  sorti  banqueroutier. 
Cet  homme,  déjà  sur  l'âge,  portant  à  peu  près  de  soixante 
à  soixante-dix  ans,  m'a  l'air  d'avoir  été  un  intrigant  prêt 
à  se  tourner  du  côté  le  plus  fort.  —  Un  nommé  Cavellier, 


(l)  De  Rosalie,  le  18  Septembre  :  <  Quel  rôveille-matio  nous  eûmes 
hier  :  oq  vint  dous  annoncer  l'acceptation  du  Roi  ;  que  nous  étions  con- 
tents I  Lr  preoDiëre  fois  que  tu  verras  notre  bon  Roi,  dis-lui  que  je  l'aime 
bien  ;  je  ne  suis  pas  comme  toi,  je  ne  me  métie  pas  de  lui  ;  il  m'étonne 
même  que  toi,  qui  es  si  bon,  tu  craignes  la  trahison  !  Ah  1  mon  ami,  prends 
garde  que  le  mauvais  air  de  Paris  te  fasse  perdre  cette  bonté  que  j'aimais 
tant  en  toi  !  » 


-  67  - 

commis  de  la  Marine,  jeune  homme  fort  ardent,  qu*à 
raison  de  ce,  on  a  fait  procureur  de  la  Commune  pour 
tenir  tête  aux  officiers  de  la  Marine,  à  Brest.  —  Du  Rou- 
joux  du  Buzeuil,  gendre  du  feu  bonhomme  Kerbirio 
Gobard,  porteur  d'un  brevet  d'aristocratie  et  l'étant  en 
effet  beaucoup  ;  il  fut  subdélégué  de  M.  de  la  Baune  ; 
depuis,  employé  aux  vivres  à  Paris  ;  ensuite,  commis- 
saire du  Roi  à  Landerneau.  —  Un  paysan  nommé  Inizan, 
Léonard  de  nation  :  il  parait  avoir  de  l'esprit  et  être 
patriote,  il  parle  trè&  bon  français.  —  Pierre  Briant, 
maître  ivrogne  de  Briec,  cependant  juge  de  paix  de  cette 
paroisse.  —  Launay  AUain  l'aîné,  comme  tu  sais  peut- 
être,  la  judiciaire  la  plus  fausse  et  la  plus  factieuse  du 
monde  (1).  —  Malassis,  libraire,  de  Brest,  qui  parait  brave 
homme  de  toutes  les  manières  (2).  —  Bohan,  jadis  abbé, 
depuis  praticien  ;  ensuite,  avocat  à  Rennes,  où  il  avait 
commencé  à  se  faire  un  nom  quand  il  a  été  nommé  juge 
à  Châteaulin.  Kergadio  le  dit  un  bon  juge. 

«  Nous  sommes  désormais  libres  de  nous  en  aller,  quand 
nous  voudrons.  Je  crois  fort  que  les  paysans  ne  reparaî- 
tront plus  aux  élections. 

((  M.  Expilly,  l'abbé  Gomer,  son  grand  vicaire,  sont 
nommés  administrateurs  du  Département  ;  je  crois  bien 
qu'ils  ne  seront  que  du  Conseil  :  l'administration  ne  con- 
vient pas,  surtout  à  M.  Expilly.  » 

<  Pont-Crobr,  23  Septembre. 

«  Ta  lettre  du  16  courant,  m'apprend  que  vous  vous 
disposez  à  partir,  le  3  ou  le  4  prochain.  Ainsi,  je  t'attends 


(1)  François-Marie  AUaio,  homme  de  loi,  procureur  syndic  du  District 
de  Carhaix. 

(3)  Romain-Nicolas  Malassis,  imprimeur  de  la  Marine,  officier  municipal 
de  la  ville  de  Brest. 


-  68  — 

pour  le  10  ou  le  12.  Je  serai  biea  aise  que  tu  viennes  avec 
M.  Expilly. 

((  Notre  assemblée  électorale  finit  dimanche  dernier. 
Le  lundi,  je  restai  à  Quimper,  à  faire  les  affaires  que  j'y 
avais.  Le  mardi,  je  fus  diner  au  Pont-l'Abbé,  où  je  remis 
l'électeur  Verry  (1)  à  sa  chère  épouse,  et  je  revins  le  soir  cou- 
cher à  Quimper.  Enfin,  mercredi,  j'arrivai  ici,  où  me  voilà. 

((  Dimanche,  nos  municipaux  célébrèrent  la  fête  de  la 
Constitution,  quoique  du  Reste  et  moi  nous  n'y  fussions 
pas  :  ils  firent  très  bien.  On  fit  un  feu  de  joie  et  illumi- 
nation. Apporte  des  billes  avec  toi.  )) 

«  25  Septembre. 

«  Je  n*ai  qu'un  mol  à  te  dire,  car  l'ouverture  de  notre 
assemblée  électorale  de  District  sonne.  Je  crois,  sans 
t'assurer,  que  la  présidence  du  District  t'attend.  Je  t'aime- 
rais mieux  vice-président...  » 


* 
*  * 


Rentré  au  pays  dans  les  premiers  jours  d'Octobre,  M.  de 
Clermont  fils  fut  choisi  comme  agent  national  près  le 
District  de  Pont-Croix,  ce  qui  ne  l'empêcha  pas  d'être 
détenu,  pendant  quelque  temps,  à  Landerneau,  comme 
suspect  de  modérantisme  ou  de  fédéralisme.  Un  avis  du 
Comité  de  Sûreté  générale  le  fit  mettre  en  liberté.  Il  donna 
sa  démission  parce  que  la  loi  interdisait,  même  aux  cou- 
sins, d'occuper  simultanément  des  fonctions  administra- 
tives, et  que  son  père  était  receveur  ;  mais  il  ne  tarda  pas 
à  reprendre  ses  fonctions,  à  la  réorganisation  de  l'Admi- 
nistration. 

(1)  Verry,  homme  de  loi,  procureur  de  la  Commune. 


-69- 

Eû  Décembre  1792,  M.  de  Clermont  père  fut  remplacé 
dans  ses  fonctions  municipales  par  un  aubergiste  qui 
traitait  ses  collègues  de  ((  macros  »  et  qui  fut  jugé  indi- 
gne, tant  par  son  ignorance  que  par  son  inconduite, 
d'inculquer  aux  jeunes  patriotes  d*Ësquibien  les  princi- 
pes d'un  bon  républicain. 

Et  ce  fut  le  désordre,  Tanarchie.  Des  bandes  de  vauriens 
parcourent  le  pays,  démolissant  les  châteaux  et  les  cha- 
pelles, ce  pendant  qu'à  Pont-Croix  même,  un  volontaire, 
le  citoyen  Cabestan,  monté  sur  une  échelle,  s'occupe  à 
briser  les  armoiries  et  les  écussons  des  vitraux  de  Téglise 
paroissiale.  Les  calvaires  sont  descendus  et  les  pierres 
des  croix  employées  à*réparer  les  grands  chemins.  Tous 
les  signes  de  l'antique  fanatisme  ayant  disparu,  on  célé- 
bra le  triomphe  de  la  Raison,  le  second  décadi  de  Pluviôse 
an  II  (Février  1794). 

Ce  jour-là,  vers  10  heures  du  matin,  le  District,  la 
Municipalité,  le  Tribunal,  le  Comité  de  surveillance  et  la 
majeure  partie  des  sans-culottes  se  réunissent  à  la  maison 
commune.  Escorté  d'un  détachement  du  bataillon  de 
l'Hérault,  le  cortège  fait  le  tour  de  la  grande  place  et 
s'arrête  près  de  l'arbre  de  la  liberté  pour  entendre  ce 
discours  de  M.  le  Maire  :  «  ...La  Raison  nous  a  ouvert  les 
yeux  et  fait  disparaître  les  erreurs  attachées  au  culte 
simple  et  pur  d'une  divinité  dont  la  grandeur  nous  impose 
le  devoir  de  l'adorer  seule  et  non  les  attributs  de  quelques 
hommes  dont  nous  ne  connaissons  la  vie  que  par  des 
relations  si  éloignées  qu'elles  peuvent  être  ou  exagérées 
ou  mensongères.  Peuple  !  adorer  la  Raison,  c'est  adorer 
l'Etre  suprême,  le  seul  digne  de  notre  hommage  parce 
qu'il  est  la  raison  innée  I  Allons  dans  son  temple  enten- 
dre sa  voix  par  l'organe  d'un  citoyen  qui  a  vu  la  supers- 
tition et  l'a  abjurée  ;  il  vous  dira  M.  F.  :  adorer  la  Raison, 
c'est  adorer  Dieu  I  Vive  la  Raison  I  Vive  la  Montagne  1 


-  70- 

Vive  la  République  qu'elle  a  fondée  !  »  Puis  il  exhorte 
.  le  peuple  à  abjurer  les  anciennes  superstitions  qui  exi- 
geaient Textérieur  d'un  culte  matériel,  indigne  de  TEtre 
suprême  qui  est  la  Raison  éternelle.  Et  le  cortège  se  rend 
à  la  ci-devant  église  des  Ursulines,  aujourd'hui  Temple  de 
la  Raison. 

Le  citoyen  Bois,  autrefois  prêtre,  aujourd'hui  militaire 
marié,  monte  à  la  tribune  et  prononce  un  discours  sublime 
dicté  par  le  plus  pur  patriotisme,  vraiment  digne  de  la 
Raison,  dont  il  fait  l'éloge,  et  propre  à  détruire  le  fana- 
tisme. L'orateur  a  été  souvent  interrompu  par  les  plus 
vifs  applaudissements,  qui  sortaient  du  fond  des  cœurs. 

Les  militaires  ont  ensuite  chanté,  quelques  strophes  de 
l'hymne  des  Marseillais  et  des  couplets  qui  sont  un  éloge, 
touchant  de  l'égalité,  de  la  fraternité,  de  la  liberté. 

Pour  terminer  la  fête,  un  feu  de  joie  fut  allumé  sur  la 
place,  et  tandis  qu'il  consumait,  citoyens  et  citoyennes  de 
tout  âge  ont  dansé  la  farandole,  au  son  des  tambours, 
autour  de  l'arbre  et  du  bonnet  de  la  liberté.  Les  musettes 
champêtres  remplacèrent  les  tambours  et  la  danse  con- 
tinua jusqu'à  10  heures  du  soir. 

Tout  s'est  passé  dans  le  meilleur  ordre  et  dans  cette 
vive  allégresse  que  la  Liberté  seule  peut  inspirer  à  des 
hommes  qui  connaissent  leurs  droits  et  qui  chérissent  la 
République.  Vive  la  Raison  I 

Elle  ne  vécut  pas  longtemps.  Quatre  mois  plus  tard, 
l'emblème  mis  au  frontispice  du  temple  cy-devant  de  la 
Raison  fut  remplacé  par  celui  de  l'Etre  suprême,  et  le 
peuple  y  fut  convoqué  pour  cette  cérémonie,  sans  contre- 
dit la  plus  auguste,  puisqu'elle  nous  rappelle  l'auteur  de 
nous-mêmes  qui  veille  sur  toutes  nos  destinées. 

Après  la  lecture  du  sublime  rapport  du  sage  Maximi- 
lien  Robespierre,  citoyens  et  citoyennes  ont  entonné 
l'hymne  religieux  et  patriotique,  commençant  par  ces 


-  71  - 

mots  :  «  Etre  infini  que  Thomme  adore...  »  Cette  hymne 
chantée,  différentes  autres  ont  suivi.  On  s'est  rendu 
ensuite  près  de  l'arbre  et  du  bonnet  de  la  Liberté  ;  on  y 
a  chanté  l'hymne  des  Marseillais  et  dansé  une  carma- 
gnole. Puis  la  garde  nationale,  drapeau  déployé,  a  recon- 
duit les  corps  constitués  à  la  maison  commune. 

Les  chants  civiques  du  décadi  ne  remplacent  pas  les 
offices  religieux  du  dimanche,  et  les  fidèles  continuent  à 
recourir  au  ministère  des  prêtres  cachés  dans  les  chau- 
mières perdues  au  fond  des  landes  ou  dans  les  anfrac- 
tuosités  de  la  côte. 

Spectateurs  attristés  de  cette  Révolution  libérale  et 
bourgeoise  qui  dégénérait  en  Terreur,  MM.  de  Clermont 
firent  tous  leurs  efforts  pour  qu'elle  n'ensanglantât  point 
ce  coin  de  terre,  en  multipliant  les  certificats  de  rési- 
dence et  de  civisme. 

Procureur  à  Châteaulin,  sous  TEmpire,  l'ancien  député 
à  l'Assemblée  Nationale  revint  mourir  à  Pont-Croix,  le 
23  Avril  1823. 

J.-M.   PiLVEN. 


72  — 


SDR  LES 


PAROISSES  DU  DIOCÈSE  DE  QVIMPER  ET  DE.  LÉON 

Par  MM.  PEYRON  et  ABGRALL. 

(Suite) 


DOUARNENEZ 

(Suite.) 


Ainsi,  après  trois  échecs  consécutifs,  les  Royaux  n'a- 
vaient  pu  forcer  le  repaire  du  fameux  Brigand,  aban- 
donné cependant  par  ceux  de  son  parti,  car  le  duc  de 
Mercœur  ne  voulut  pas  le  comprendre  dans  le  traité  qu'il 
passa  avec  Henri  IV.  Mais  La  Fontenelle,  fort  de  sa  posi- 
tion imprenable,  traita  directement  avec  le  Roi  qui,  par 
lettres  du  20  Mars  1598,  le  continua  dans  le  commande- 
ment de  Douarnenez,  et,  le  26  Avril  suivant,  le  créa  capi- 
taine de  50  hommes  d'armes  (1).  Ce  qui  n'empécba  pas 
que,  dès  qu'on  put  mettre  la  main  sur  lui,  il  fut  jugé  et 
exécuté,  en  Septembre  1602,  à  Paris. 

Par  ordre  du  Roy,  les  fortifications  de  l'île  Tristan 
furent  démolies  en  Septembre  1600  (2),  mais  reconstrui- 
tes en  1615  par  le  sieur  de  Névet.  Les  habitants  de  Quim- 
per  en  demandent  de  nouveau  la  démolition,  par  la  requête 
suivante  : 

(1)  Anuotateur  du  chaDoioe  Moreau,  page  357. 
{2)  Bulletin  Archéologique,  XV,  360. 


-  73- 

«  Humbles  Remontrances  que  le  clergé  de  Cornouaille, 
le  gentz  tenans  le  siège  présidial  estably  par  le  Roy  en  la 
ville  de  Quimper^^"  et  la  communauté  de  la  dite  ville  et 
paîs  circonvoisin  présantent  à  M.  Baîlleul,  conseiller  du 
Roy  et  ses  conseil  d'Etat  et  privé  et  Maitre  des  requestes 
ordinaires  de  son  hôtel,  Comissaire  de  Sa  Majesté  pour 
visitter  les  nouvelles  fortifications  faictes  en  Bretagne. 

«  A  ce  qu'il  luy  plaise  représanter  à  Sa  Majesté,  à  nos 
Seigneurs  de  son  Conseil,  les  faicts  cy  après,  pour  parve- 
nir à  la  démolition  des  nouvelles  fortifications  faictes  en 
risle  Tristan  de  Douarnenez  à  la  foule  et  pression  de  la 
province  et  de  ses  subjects  soubz  prétexte  d'une  commis- 
sion obtenue  par  le  feu  sieur  de  Névet  de  Sa  dite  Majesté, 
non  présentée  aux  états,  ny  veriffiée  et  soubz  prétextes 
simulés  et  faincts. 

((  Et  premier  : 

((  Suplient  le  dit  sieur  Comissaire  remémorer  Sa  Majesté 
et  nos  seigneurs  du  Conseil,  que  pendant  le  malheur  des 
guerres  dernières  TEvesché  de  Cornouaille  et  le  pais  cir- 
convoisin néanmoins  les  armées  quy  auraint  descendus, 
se  maintint,  jusques  au  moys  dé  May  en  l'an  1595,  que  le 
S^  de  La  Fontenelle  aiant  occupé  et  fortiflié  la  dite  islé  en 
deux  ans  1/2  qu'il  y  demeura,  reduict  tout  le  dit  païs  en 
une  misère  si  extrême  que  Henry  le  Grand,  nostre  Roy  de 
très  heureuse  mémoire,  sur  les  informations  solennelle- 
ment faictes  à  la  requête  du  clergé  de  France  et  receveurs 
des  fouages  par  comissaires  à  la  dite  fin  députés  et  délé- 
gués par  Sa  Majesté,  remist,  aiant  esgard  aux  dites  cala- 
mités, à  ses  subjets,  les  taillées,  décimes,  subsides  et  sub- 
ventions luy  debvues,  tant  pour  le  passé  que  pour  plu- 
sieurs années  advenir. 

«  Que  les  ruines  faictes  en  sy  peu  de  temps  par  l'entrée 
du  dit  La  Fontenelle  en  la  dite  isle,  se  remarquent  encore 


-  74  - 

à  présaot  en  tout  TEvesché,  aiant  en  checune  paroisse 
d'icelluy  et  païs  circonvoisin  plusieurs  tenues  tiabitées 
d*estrangers  et  grand  nombre  d'aultres  vagues,  inutiles 
et  en  f  rische. 

«  Que  ceste  ruine  procéda  du  grand  nombre  des  gens 
de  guerre  qu'il  estoit  requis  et  nécessaire  au  dit  La  Fonte- 
nelle  davoir  pour  la  eonservation  de  la  dite  isle  qui  est  de 
grande  garde,  pour  Tentretenement  desquelz  ne  pouvant 
recouvrir  l'appointement  convenable  sans  (grever)  gran- 
dement la  finance  de  son  prince,  fut  force  faire  levée  et 
grands  deniers  sur  le  peuple,  quy  ne  pouvant  suffire, 
lycentia  ses  soldat z  de  vivre  a  discrétion  exposant  le  païs 
au  pillage. 

«  Qu'en  l'année  1599,  deffunt  Henry  le  Grand,  notre  Roi 
de  très  heureuse  mémoire,  aiant  receu  les  justes  plaintes 
et  doléances  des  trois  ordres  de  la  dite  province,  les  dites 
doléances  ambien  quoy,  que  la  dite  isle  fust  battie  et  for- 
tifiée et  qu'à  presant  elle  ne  se  pourraict  remettre  en  pareil 
estât  pour  300.000  escus,  plus  la  jugeant  inutile  pour  son 
service  et  de  surcharge  au  païs,  en  ordonna  avecq  grande 
cognaissance  de  cause  la  démolition  qui  fust  faicte  et  exac- 
tement exécutée  non  sans  grands  fraiz  qui  furent  suppor- 
tez par  la  dite  province. 

((  Que  pendant  le  cours  des  derniers  mouvements,  en 
1614,  la  dite  isle  aiant  esté  occupée  par  le  dit  feu  sieur 
de  Nevet,  leurs  Majestés  descendans  en  la  province,  debue- 
ment  informées  que  la  dite  place  estait  inutile  à  leur  ser- 
vice et  onéreuse  au  païs,  auraint  à  la  requête  des  trois 
ordres  de  la  province,  convoqués  aux  Etats  tenus  soubz 
leur  authorité  en  la  ville  de  Nantes,  au  moys  de  Septembre 
au  dit  an,  ordonné  par  concordat  que  les  nouvelles  forti- 
fications de  recheil  faictes  à  la  dite  isle  seraient  desmolies, 
ce  qui  aurait  esté  exécuté  pareillement  aux  frais  de  la 
province. 


-  75  - 

«  Qu'en  l'année  1615,  lorsque  les  subjects  de  S.  M.  en 
la  dite  province  jouissaient  pleinement  du  bénéfice  de  la 
paix  leur  acquise,  ny  aiant  auchune  aparence  d'esmeute, 
le  dit  feu  S'  de  Nevet  par  l'occupation  qu'il  a  faite  de  la 
dite  isle.amas  et  munitions  et  de  soldats,  donna  seul  telle 
apréheusion  de  guerre  au  lieux  circonvoisins,  que  l'exer- 
cice de  la  dite  justice  n'y  estait  plus  libre,  le  commerce 
troublé  et  les  laboureurs  prêts  à  quitter  et  délaisser  leur 
tenue  de  crainte  de  tomber  en  pareilles  calamités  qu'au 
passé. 

«  Qu'en  la  dite  année  1615,  le  dit  S'  de  Nevet  s'estant 
soubz  prétexte  de  la  commission  de  Sa  dite  Majesté  jette 
dans  la  dite  isle  ;  plusieurs  prévenus  de  meurtres  et  assa- 
zinats  commis  avant  et  depuis  le  dit  temps,  y  ont  faict 
leur  retraicte  pour  éviter  la  punission  de  leurs  crimes. 

«  Que  les  gentz  ramassés  et  forains  appelés  par  le  dit 
sieur  de  Nevet,  faisant  chemin  pour  se  rendre  en  la  dite 
isle,  firent  plusieurs  ravages  sur  le  pais,  desquels  il  y  a 
plainctes  et  informations. 

«  Que  Ton  n'a  peu  représenter  à  Sa  Majesté  auchune 
considération  véritable  ny  sufizante  pour  l'esmouvoir  et 
induire  d'octroyer  au  S' de  Nevet,  commission  pour  entrer 
en  la  dite  isle  quy  n'a  jamais  esté  affectée  par  auchun 
estranger  ;  ny  aiant  port,  havre,  ny  radde  ou  lieu  asseuré 
pour  la  retraite  des  vaisseaux,  ny  moyen  d'y  en  faire  ny 
posséder  que  par  ceulx  du  quanton,  qui  préférans  leur 
profTitt  particulier  au  bien  du  publicq  et  repos  de  la  pro- 
vince, ont  espéré  et  se  sont  efforcés  d'y  battir  quelque  for- 
tune. 

«  Que  le  dit  feu  S'  de  Nevet,  jugeant  de  soy  mesme  sa 
commission,  qui  avait  esté  subreptissement  et  sur  faulx 
donné  à  entendre,  obtenue,  n'aurait  au  terme  du  dit  con- 
cordat de  Nantes  osé  icelle  représanter  à  la  Cour  pour  la 
vérifier,  aux  Estats  pour  la  recepvoir,  ny  prester  le  serment 


—  76  - 

de  fidélité  entre  les  mains  d'aulchuns  lieutenants  du  Roy, 
ains  de  son  propre  mouvement  et  autorité  privée  contre 
toute  forme,  occupa  ladite  isle  où,  puis  Tarrest  de  la  Cour 
du  17  Octobre  1615  portant  défense  d*y  faire  auchune  for- 
tification, ny  amas  de  gentz  de  guerre,  continua  par  un 
longtemps  de  fortifier  ladite  isle  à  la  foule  et  oppression 
du  peuple  qu*il  contraignait  de  cesser  leur  labeur  très 
nécessaire  en  la  dite  saison  pour  y  travailler,  ramassant 
le  plus  qu'il  pouvaict  des  gens  incongneus  et  forains  avec 
armes,  ce  que  rendaict  son  dessain  suspect  et  douteux  à 
la  dite  province. 

((  Et  sy  chacun  particulier  se  licentierait  d'authorité 
privée  de  s'emparer  et  fortiffier  tous  les  endroits  estans 
en  la  cotte  de  la  mer,  s'en  trouverait  en  ladite  province 
plus  de  200  plus  à  propos  et  à  moindre  frais  que  la 
dite  isle,  qui  n'est  sur  auchun  passage  de  rivière,  port, 
ny  havre. 

((  Que  puis  le  décès  dudit  feu  S^  de  Nevet  quy  advint 
aux  Estats  de  la  province  en  1616,  les  gents  de  guerre  qui 
ont  continué  et  continuent  encore  à  présent  l'occupation 
de  la  dite  isle  de  Douarnenez,  ont  par  force  et  violence 
contrainct  les  subjets  de  Sa  Majesté  aller  travailler  aux 
fortifications  y  commencées  et  vivent  si  licentieusement 
que  la  plupart  des  sujets  de  Sa  Majesté  ont  entièrement 
quicté  le  trafiicq  et  commerce  qui  se  faisait  audit  Douar- 
nenez, tant  par  la  pesche  de  la  sardine  que  autrement  ; 
mesmes  les  laboureurs  des  lieux  circonvoisins  ont  dé- 
guerpi leurs  tenues  pour  aller  vivre  ailleurs  en  repos,  et 
ceulx  quy  y  sont  demeurés,  c'est  soubz  espérance  de  faire 
en  brief!  pareille  retraicte,  sy  Sa  Majesté  n'a  agréable 
de  pourvoir  à  la  démolition  des  dites  fortifications  nou- 
velles faites  en  la  dite  isle  pour  acquérir  repos  à  ses 
subjects. 

«  Fait  et  leu  en  la  maison  de  ville  de  Quimper"°,  le 


—  77  - 

25  Septembre  1617  et  le  même  jour  présenté  à  M.  le 
Commissaire. 

«  Signatures  : 

«  J.  Brient,  archidiacre  de  Cornouaille  ;  R.  Mocam, 
magistrat  criminel  ;  Charles  Lhonoré,  lieute- 
nant particulier  ;  M.  Rouillé,  syndic  du  clergé 
de  Cornouaille  ;  Le  Baud  ;  du  Stangier  ;  Furic  ; 
Lhonoré.  » 


Michel  Le  Nobletz.  —  Le  Père  Maunoir 


Une  notice  sur  Douarnenez,  quelque  courte  qu'elle  soit, 
ne  peut  manquer  de  faire  mention  de  ces  deux  hommes 
de  Dieu,  qui  eurent  une  si  heureuse  inQuence  sur  le  re- 
nouvellement de  Tesprlt  chrétien  dans  ce  canton  ;  mais 
nous  ne  pouvons  répéter  ici  ce  qui  a  été  si  bien  raconté 
de  leurs  travaux  apostoliques  à  Douarnenez  par  M.  Le 
Gouvello  de  la  Porte  pour  le  V.  Michel  Le  Nobletz,  et 
par  le  Père  Séjourné  pour  le  V.  Père  Maunoir. 

Des  œuvres  de  Michel  Le  Nobletz  nous  retiendrons  seu- 
lement celle  qui,  en  quelque  sorte,  a  caractérisé  son  apos- 
tolat de  22  ans  (1617-1639)  à  Douarnenez,  et  dans  laquelle 
il  a  voulu  comme  se  survivre  à  lui-même  ;  c'est  l'œuvre 
de  cartes  peintes  pour  TiDstruction  chrétienne  par  les 
femmes  de  ce  pays,  œuvre  qu'il  poursuivit  malgré  les 
contradictions  les  moins  justifiées.  Nous  renvoyons  aux 
historiens  pour  le  récit  des  attaques  dont  elle  fut  l'objet 
et  des  réponses  péremptoires  de  leur  zélé  défenseur,  nous 
contentant  de  publier  les  documents  originaux  qui  prou- 
vent comment  cette  œuvre  a  été  conçue  pour  le  bien  spi- 
rituel des  habitants  de  Douarnenez  tout  spécialement. 

C'est  d'abord  le  u  contrat  de  donaison  des  cartes  aux 


-  78  — 

habitants  de  Douarnenez  »  dont  nous  avons  sous  les  yeux 
l'original  sur  parchemin. 

«  Je  qui  soubsigne,  Michel  Nobletz  prestre,  déclare  que 
je  laisse  les  cartes  de  la  doctrine  chrestienne,  faites  aux 
dépants  de  quelques  â'mes  dévotes  du  bourg  de  Douar- 
nenez, desquelles  je  avaicts  la  charge  de  les  conserver, 
entre  les  mains  de  ses  amis  et  honorables  marchands 
Bernard  Poullauec  et  Guillaume  Coulloch  son  beau  frère 
et  honorables  femmes  Claude  le  Beliec  veudve  de  Jan 
le  Moan  et  Dom  Math  Rolland  femme  de  Tudec  Jouin, 
leur  vie  durante,  lesquelles  appres  leur  decoix  choisiront 
quelques  aultres  en  leur  place  quy  seront  propres  à  faire 
le  mesme  otlice  et  fonction  et  Qdelles  conservateurs  d1cel~ 
les.  Et  en  cas  que  lesdites  cartes  soient  mal  conservées, 
ou  qu'il  en  vienne  quelque  dispute  pour  elles,  je  laisse  la 
charge  à  Henry  Pobeur  mon  disciple,  pour  le  bon  service 
qu'il  ma  faict,  de  mettre  ordre  à  tout  cela,  comme  si  j'es- 
tais présent  en  ma  personne  ;  sans  toulesfois  les  pouvoir 
porter  ailleurs,  ne  prester,  ne  les  mettre  entre  les  mains 
de  personnes  inhabiles  à  faire  le  bien  publicq,  ne  contre 
le  gré  des  personnes  susdites,  lesquelles  je  prie  de  les 
faire  renouveller  peu  à  peu,  sellon  qu'il  sera  expédiant 
pour  le  profit  spirituel  de  la  jeunesse,  affin  qu'elle  puisse 
parvenir  à  la  cognoissance  de  la  doctrine  chrestienne  et 
du  chemin  de  la  vérité.  Et  auront  les  mesmes  personnes 
le  soing  de  conserver  les  cahiers  manuscripts  ausquels 
est  contenue  la  déclaration  des  dictes  cartes  assës  ample- 
ment, par  la  grâce  de  Dieu,  auquel  soict  honneur  et  gloire 
et  à  son  fils  Jésus,  pour  la  gloire  duquel  nous  faisons  la 
présente. 

((  Ainsy  faict  et  escript,  ce  jour  vingt  unième  du  mois 
de  Janvier  Tan  1624. 

«  Nous  susdits  nommés  cognoissous  avoir  receu  du  dit 
Nobletz  les  dites  cartes,  et  le  remercions  humblement  du 


—  79  — 

soing  qu*il  a  de  nostr-e  salut  et  ont  les  dits  Pobeur  et 
Poullauec  sigQé  ;  les  autres  confessent  ne  sçavoir  signer. 

«  En  oultre  le  dit  Missire  Michel  le  Nobletz  veut  qu'en 
absence  du  dit  Henry  Pobeur,  les  susdites  personnes  choi- 
siront un  aultre  habitant  du  dit  bourg  en  son  lieu,  lequel 
prendra  le  mesme  soing  et  aura  le  mesme  pouvoir. 

((  £t  par  mesme  le  dit  Nobletz  supplie  les  susdites  per- 
sonnes et  tous  autres  confrères  de  la  doctrine  chrestienne 
de  solliciter  les  habitants  du  bourg  de  donner  chasque 
année  ou  laisser  par  leur  testament  quelque  chose  entre 
les  mains  du  procureur  des  frères,  pour  faire  autres  car- 
tes, affiD  de  conserver  la  mesme  facilité  à  ceux  qui  vien- 
dront après  eux.  Aussy  il  désire  qu'après  sa  mort,  on  dira 
une  messe  à  chant,  chasque  année  à  son  intention,  tandis 
que  les  dictes  carthes  dureront  et  ce,  à  tel  jour  que  les 
confrères  députeront.  Et  n'entend  le  dict  Nobletz  s'obli- 
ger par  cest  acte  sa  vie  durante,  ne  en  rien  se  priver  du 
droict  qu'il  avaict  cy  devant,  qu'en  cas  qu'il  y  arrive  de 
mourir  sans  faire  autre  disposition.  Et  promectent  les 
dictes  personnes  par  leurs  serments  ne  prester  les  cartes 
hors  leurs  maisons,  à  auchune  personne  de  quelque  qual- 
lité  que  ce  soict  ;  et  pour  ce,  celiuy  qui  les  gardera  aura 
un  coffre  député,  à  deux  serrures,  affin  que  les  auttres 
confrères  gardent  un  des  dites  cleifs. 

«  Oultre,  ce  qui  est  dict  des  cartes,  s'entend  de  tous 
tableaux,  livres  de  dévotion  et  autres  peintures  qui  seront 
mises  entre  les  mains  des  dites  personnes.  Ce  que  les 
dites  personnes  promectent  garder  sellon  leur  possible,  à 
quoy  ils  consentent  par  devant  les  soussignés  nottaires  de 
la  court  de  l'isle  Tristan,  après  que  se  sont  soubzmis  au 
pouvoir  et  authoritté  d'icelle  et  qu'ils  y  ont  prorogé  de 
jurisdiction  à  leurs  personnes  et  biens  meubles  et  immeu- 
bles. Et  ont  les  dicts  Pober  et  Poullauec  signé;  et  pour  ce 
que  les  dicts  Coulloch  et  Bellec  et  Rolland  affirment  ne 


-  80  - 

scavoir  signer,  ont  prié  signer  à  leur  requeste  scavoir 
Le  dict  Coullocli,  Dum  Guillaume  Brélivet  prestre;  la 
dicte  Bellec,  Dum  Anthoine  Pennée  prestre  ;  et  la  dicte 
Rolland  Dum  Charles  Sanson  soudiacre,  présants  à  ce  que 
dessus  0  les  noltaires. 

«  Faict  et  le  gré  prins  au  bourg  de  Douarnenez,  paroisse 
de  Plouarre  les  dicts  jour  et  an  que  devant. 

((  Michel  Le  Nobletz,  prbre. 

((  Anthoine  Le  Fennec,  prbre  ;  G.  Brélivet,  prbre  ; 
Sanson  ;  Henry  Pober  ;  Bernard  Poullaueg  ; 
Lymynic,  notr«  royal  ;  Kersaudy,  not'«.  » 

Les  explications  des  cartes  étaient  données  par  les  fem- 
mes, soit  en  public  dans  le  cimetière,  avant  les  vêpres, 
soit  en  particulier  dans  les  maisons  des  personnes  qui  en 
avaient  la  garde,  et  où  Ton  venait  passer  quelquefois 
plusieurs  jours  pour  suivre  les  enseignements  du  saint 
missionnaire,  et  faire  comme  une  sorte  de  retraite  selon 
sa  méthode,  même  après  son  départ  du  pays  ;  c'est  dans 
ce  but  qu'il  traça  aux  femmes  dépositaires  des  cartes 
peintes  la  règle  suivante  pour  les  expliquer  selon  la  con- 
dition des  personnes. 

c  Vordre  qu'on  doit  observer  en  monstrant  les  caïers 
aux  particuliers,  soit  dedans  la  maison  ou  dehors. 

«  Article  1.  —  Communément  11  ne  faut  monstrer  que 
les  cartes  plus  familières  à  ceux  qui  ne  font  qu'une 
passade. 

«  Art.  2.  —  Aux  hommes  masles  qui  ne  sont  pas  reli- 
gieux; rien  que  les  cartes,  parce  que  vous  auriez  trop 
d'affaires. 

«  Art.  3.  —  Aux  filles  dévotes  qui  viennent  expressé- 
ment demeurer  un  mois  ou  plus,  on  monstrera  les  caïers, 
selon  que  jugerez  expédiant,  suivant  leur  esprit  et  voca- 


—  81  — 

tion  et  persévérance  ;  mais  non  pas  monstrer  le  gros,  ains 
un  à  un,  aflQn  qu'elles  ne  sachent  votre  secret,  et  tout  par 
tel  ordre. 

«  Art.  4.  —  Après  les  caiers  des  cartes,  il  faut  monstrer 
le  pacquet  qui  est  chez  J.  Cor,  marqué  de  ceste  lettre  B  et 
et  puis  le  pacquet  qui  est  chez  M.  D.  marqué  de  ceste 
lettre  D. 

«  Art.  5.  —  Se  quelques  amys,  auxquels  vous  montrerez 
ce  qu'ils  voudront,  voire  peu  à  peu,  à  mesure  qu'ils  auront 
temps  pour  le  lire,  si  vous  les  voyez  affectionnés  à  la 
vertu  ;  lesquels  vous  recognoissez  bien. 

«  Art.  6.  —  Si  se  presante  quelque  prestre  simple,  dévot 
et  humble  qui  désire  de  voir  les  cahiers  ;  spécialement 
s'il  fait  sa  demeure  hors  la  paroisse,  je  ne  sçay  si  ferez 
bien  de  les  luy  monstrer,  parce  qu'il  les  publierait  ou  les 
demanderait  en  prest,  dont  vous  ouvririez  la  porte  à 
beaucoup  de  fâcherie  ;  et  seriez  en  danger  de  les  perdre. 
Si  les  cachez  aussy,  ils  demeureroient  inutiles,  si  vos  en- 
fants n'estudient  ;  c'est  pourquoy  il  faudra  prendre  garde 
de  ne  monstrer  jamais  aucun  pacquet,  mais  quelques 
caîers  de  chaque  pacquet,  par  ordre,  selon  la  capacité, 
disposition  et  vertu  des  personnes  ;  commançant  par  l'or- 
dre monstre  en  l'article  4«,  ne  laissant  aucun  caïer  que 
pour  24  heures. 

«  Art.  7.  —  Les  instructions  du  mépris  du  monde 
seront  monstrées  aux  filles  qui  font  profession  du  mespris 
du  monde,  après  qu'aurez  cogneu  leur  vertu  et  esprit  ;  à 
plus  forte  raison  les  autres  caîers,  pour  deux  jours  chacun 
caïer,  en  leur  chambre  secrette. 

«  Art.  8.  —  Que  si  vous  autres  venant  à  mourir,  vous 
mettrez  les  caîers  entre  les  mains  de  quelque  une  de  vous 
autres,  prenant  garde  de  ne  les  prester  que  à  deux  nom- 
mées de  celles  que  j'ai  députées,  qui  sont  les  honnestes 
veuflves. 

Bulletin  de  la  Commission  diocésaine.  —  8*  année.  6 


—  82  — 

«  Quand  ceux  qui  garderont  quelques  livres  ou  caîers, 
seront  persécutés  par  l'importunîté  des  personnes  de  qua- 
lité à  leur  prester,  il  les  rendront  au  couvent  des  Capucins 
pour  garder,  ou  les  rendront  chez  mes  nepveux  Lapart  ou 
ils  voudront. 

«  Ainsin  signé  ce  16«  jour  d*Aoust  1631. 

«  Michel  LE  NOBLETZ.  » 

La  pièce  suivante  nous  montre  bien  le  soin  jaloux  du 
vénérable  missionnaire  pour  conserver  à  ses  chers  habi- 
tants de  Douarnenez,  Tœuvre  d'enseignement  imaginé 
pour  eux. 

€  Réponêé  à  plu9ieur8  qui  ont  demandé  de$  femmes  de 
Douarnenez  pour  leur  montrer  la  déclaration  des  cartes 
peintes.  Ce  12  Janvier  1637. 

((  Il  faut  remarquer  en  ceste  affaire  plusieurs  points 
dignes  de  considération,  pour  rendre  leurs  excuses  per- 
tinantes. 

((  Le  premier,  c'est  que  les  conservateurs  des  dittes 
cartes  sont  obligés  par  promesse  et  par  contract  formel 
de  ne  porter  les  cartes  hors  le  terrouer,  ne  les  monstrer 
qu*au  lieu  et  au  temps  destiné  à  cela.  Mais  du  depuis,  on 
a  composé  trois  ou  quatre  cartes  pour  contenter  telles 
personnes  ;  lesquelles  cartes  peuvent  être  portées  par 
tout,  mais  non  pas  qu'on  les  laisserait  porter  par  pays,  à 
la  discrétion  des  jeunes  hommes  fils  ou  filles,  parceque 
ce  serait  les  gaster  en  les  pliant  et  repliant  si  souvens  : 
ains  seulement  seront  portées  par  les  personnes  ancien- 
nes qui  les  sçavent  conserver. 

«  Second  point  :  c'est  autre  chose  les  monstrer  une  fois 
pour  contenter  ceux  qui  les  désirent  voir,  et  autre  chose 
faire  estât  de  les  monstrer  souvent  pour  enseigner  ceux 


-  83  - 

qui  les  désirent  entendre  ;  car  ce  dernier  point  ne  se  peut 
faire  hors  de  Doua  menez. 

«  Troisième  point  :  lorsqu'il  sera  question  de  choisir 
des  personnes  pour  apprendre  ces  cartes,  il  faudra  pren- 
dre des  gens  de  basse  qualité  et  d*un  esprit  relevé,  parce- 
que  les  personnes  de  qualité  relevée  ne  voudront  de  honte 
enseigner  les  autres. 

«  Quatriesmement,  c'est  chose  rare  trouver  des  per- 
sonnes qui  puissent  estre  instruites  devers  icelles,  parce 
que  le  pauvre  n'a  ne  le  loisir,  ne  les  moyens,  et  les  riches 
ne  veulent  despendre  pour  apprendre,  ne  se  l'umilier. 

((  De  votre  frère  et  serviteur  en  Jésus-Christ. 

«  M.  LE  NoBLETz,  prbrc.  » 

Enfin,  par  un  dernier  acte  daté  du  bourg  de  Saint-Mahé, 
le  10  Décembre  1637,  Dom  Michel  désigne  d'une  manière 
plus  précise  les  femmes  qui  avaient  été  jugées  propres  à 
conserver  ses  cartes  et  caîers,  et  le  mieux  capables  de  les 
expliquer. 

«  Moy  Michel  Nobletz  pbre  du  diocèse  de  Léon,  ay 
trouvé  expédiant  avant  mon  départ  de  ceste  vie  de  laisser 
par  escrit  une  déclaration  des  honorables  femmes  de 
Douarnenez  lesquelles  je  trouve  cappables  et  propres  pour 
déclarer  les  cartes  peintes,  avec  la  permission  de  nos 
supérieurs,  afïin  qu'on  ne  pense  pas  que  je  approuve 
touttes  sortes  des  femmes  du  Bourg,  lesquelles,  encore 
qu'elles  les  entendent,  ne  sont  pas  touttes  propres  pour 
déclarer  ces  cartes.  Or  entre  autres  femmes  qui  les  enten- 
dent et  pourraient  les  expliquer,  les  plus  spéciales  sont 
celles-cy  :  honorables  femmes  Demmat  Rolland  veu&ve 
de  feu  Thudec  Jouin,  Claude  le  Belec  veuflve  de  feu  Jan 
Le  Moan  (que  Dieu  les  absolve),  Jeanne  Cabellic,  femme 
de  Yvon  Cever  et  sa  fille  Marie  et  Anne  Keranpran  jeune 


-  84  — 

fille  laquelle  a  esté  à  S^  Paol  de  Léon  déclarer  une  carte 
devant  Messieurs  nos  supérieurs  ecclésiastiques,  laquelle 
a  esté  trouvée  idoine  pour  les  enseigner  et  permise  moyen- 
nant observer  quelques  circonstances  et  conditions  par 
eux  p rescriptes. 

«  De  plus  je  supplye  les  femmes  susdites  de  laisser  leur 
déclaration  semblable  à  autres,  avant  leur  mort  et  une 
attestation  des  femmes  propres  pour  faire  la  mesme  fonc- 
tion, autrement  je  déclare  par  le  présent  escrit,  ne  leur 
laisser  mes  cartes  peintes  que  à  telles  conditions  ;  et  laisse 
des  à  présent  une  supplication  à  Monsieur  leur  Recteur 
de  ne  permettre  auchune  personne  les  expliquer,  ne  en 
secret,  ne  en  puplic,  ne  sub  nominêpietatis  error  et  impietas 
disêiminetur, 

a  C'est  pourquoy  il  faut  faire  grande  diligence  à  ensei- 
gner autres,  autrement  elles  perdront  ce  grand  privilège 
et  faveur  spéciale  ;  c'est  tout  ce  que  je  leur  recommande. 
En  témoignage  de  quoy  je  soubsigne  la  présente  ce 
10  Décembre  l'an  1637. 

«  Au  bourg  de  S^  Mahé. 

((  Michel  LE  NoBLETz  pbre.  » 

Les  femmes  désignées  par  le  serviteur  de  Dieu  furent 
fidèles  à  leur  mission  ;  mais  probablement  que  celles 
qu'elles  désignèrent  pour  les  remplacer  ne  montrèrent 
pas  toujours  le  même  zèle,  car  vingt  ans  plus  tard,  le 
pieux  Evéque  de  Cornouaille  demande  instamment  que 
cette  bonne  coutume  d'expliquer  les  cartes  soit  reprise. 

«  Nous  René  du  Louet  par  la  grâce  de  D.  et  du  S.  Siège 
Evesque  et  comte  de  Cornouaille. 

((  Avons  apris  que  les  habitants  de  Douarnenez  avaient 
interrompu  la  louable  coustume  qu'ils  avaient  tous  les 
dimanches  devant  vêpres  de  lire  et  voir  dans  le  cimetière 


—  88  - 

ou  autres  places  diverses,  les  instructions  spirituelles  que 
feu  M.  Michel  le  Nobletz  avait  laissé  dans  les  énigmes  et 
peinctures  spirituelles  pour  imprimer  la  crainte  et  amour 
de  Dieu  dans  l'esprit  des  fidelles,  Exhortons  les  mesmes 
habitants  de  Douarnenez,  les  paroissiens  de  Plouaré,  et 
autres  de  reprandre  leur  ancienne  coustume  selon  les 
ordres  que  feu  M.  Michel  le  Nobletz  nous  avait  proposés 
et  que  nous  approuvons.  Et  à  ce  que  chacun  y  assiste  avec 
plus  ferveur  nous  donnons  40  jours  d'indulgence  a  chacun 
des  fidelles  de  l'un  et  de  l'autre  sexe  touttefois  et  quante 
qu'ils  seront  présans  à  ce  saint  exercice,  avec  défense  à  tou- 
tes personnes  de  les  troubler  sous  peine  de  désobéissance. 
((  Donné  dans  nostre  palais  Episcopal  de  Lanniron  ce 
23  d'Aoust  1660. 

«  René  du  Louet,  Evea.  de  Comouaille.  )) 

Il  faut  croire  que  cette  exhortation  pressante  de  l'Eve- 

que  de  Quimper  eut  un  heureux  effet;  nous  ne  saurions 

dire  jusqu'à  quelle  époque  ce  pieux  usage  a  été  conservé, 

mais  nous  devons  croire  qu'il  a  duré  assez  longtemps, 

autrement  nous  aurions  peine  à  nous  expliquer  comment 

nous  serait  parvenu,  après  un  laps  de  près  de  trois  cents 

ans,  un  nombre  relativement  important  des  cartes  et 

caîers  du  Vénérable  Dom  Michel,  et  vraisemblablement 

dans  la  caisse  elle-même  où  ils  étaient  renfermés  au 

xvii®  siècle. 

* 
*  # 

Du  Père  Maunoir  et  de  ses  nombreuses  missions  à 
Douarnenez  (1)  nous  mentionnerons  seulement  ce  don  de 
seconde  vue,  on  dirait  aujourd'hui  de  télépathie,  par 


(1)  Voir  sa  VU,  par  le  Père  Séjourné. 


-86  - 

lequel,  préchant  dans  Téglise  de  Saint-Michel,  le  7  Juin, 
il  parla  de  la  bataille  navale  qui  se  livrait  au  même 
moment  à  Tembouchure  de  la  Tamise.  On  trouve,  aux 
Archives  départementales  (E.  344),  un  récit  détaillé  de 
cette  bataille.  Voici  Hntitulé  de  ce  manuscrit  :  «  Jour- 
nal contenant  la  route  et  la  relation  du  combat  que  les 
vaisseaux  de  France  et  ceux  d'Angleterre  ont  rendu  con- 
tre les  Hollandais  dans  la  campagne  1672;  lequel  a  été 
faict,  dans  le  vaisseau  du  Roy  nommé  Le  Brave  com- 
mandé par  M.  de  Vallbelle,  par  le  sieur  le  Moyne  ». 

Une  œuvre  qu'on  peut  attribuer  à  la  vénération  du  Père 
Maunoir  pour  son  saint  mattre,  Monsieur  Le  Nobletz,  c'est 
la  construction  de  la  chapelle  de  Saint-Michel  à  Douar- 
nenez. 

•Voici  comment  le  Vénérable  Père  Maunoir  raconte 
l'érection  de  cette  chapelle  de  Saint-Michel,  dans  une  vie 
manuscrite  qu'il  a  laissée  d'une  femme  de  Quimper, 
Catherine  Daniélou,  qui  éprouva  elle-même,  en  plusieurs 
occasions,  une  protection  singulière  de  la  parb  de  l'Ar- 
change saint  Michel  : 

«  Catherine  Daniélou  a  coopéré  à  l'érection  de  la  cha- 
pelle de  Douarnenez,  au  lieu  où  le  Père  Michel  Le  Nobletz, 
renommé  pour  ses  vertus  et  miracles,  avait  demeuré  l'es- 
pace de  vingt-trois  ans  à  diverses  reprises. 

((  Notre-Dame  révéla  à  Catherine,  trois  ans  devant  qu'on 
bâtit  cette  église,  qu'un  jour  il  y  aurait  à  Douarnenez  une 
chapelle  autant  fréquentée  que  Sainte-Anne  d'Auray. 
(C'est  le  plus  insigne  pèlerinage  de  Bretagne)  (1). 

«  Dès  que  le  Père  Maunoir  —  que  le  Père  Michel  élut 
pour  son  successeur  vingt-deux  ans  devant  sa  mort  — 
conçut  le  désir  de  faire  bâtir  ce  lieu  de  dévotion,  cette 
servante  de  la  Vierge  l'encouragea  dans  son  dessein.  Le 

(1)  Le  vénérable  Père  MAUooir  écrit  vers  l'an  1670. 


-  87  - 

recteur  de  Ploaré  (1)  et  les  babîtants  de  Douarnenez  n*y 
avaient  aucune  inclination,  ce  simple  peuple  se  formait 
mille  chimères,  s'imaginant  que  si  cette  chapelle  était 
une  fois  bâtie,  ce  serait  la  perte  de  toute  cette  république. 

((  Enfin,  par  le  conseil  de  Catherine,  Madame  de  Prat- 
glas,  ayant  acheté  la  maison  où  avait  demeuré  Thomme 
de  Dieu,  gagna  Monsieur  TEvéque  pour  ce  pieux  dessein. 

«  On  avait  déjà  entendu  par  neuf  fois  sonner  diverses 
sortes  de  cloches  dans  ce  lieu,  encore  qu'on  n*en  eût  vu 
aucune.  On  a  fait  information  juridique  de  cette  merveille. 

«  Monseigneur  de  Cornouaille  (2),  qui  n'avait  pu  mar- 
cher depuis  six  mois,  se  fit  porter  en  cette  maison  de 
l'homme  de  Dieu  en  compagnie  de  M.  Amice,  son  pro- 
moteur, de  MM.  les  Recteurs  de  Ploaré  et  de  Ploulan 
(PouUan),  des  Révérends  Pères  Alain  de  Launay  et  Julien 
Maunoir,  et  d'un  grand  peuple  de  la  paroisse  de  Ploaré  et 
de  la  ville  de  Douarnenez. 

«  En  ce  même  jour  il  appuya  sur  ses  pieds,  commença 
à  marcher,  le  lendemain  il  entendit  la  messe  à  genoux  ; 
depuis  six  ou  sept  mois  il  n'avait  pu  fléchir  les  genoux  ni 
faire  un  pas,  ni  appuyer  sur  ses  pieds.  Ensuite  de  ce 
voyage,  il  se  porta  de  mieux  en  mieux,  dit  la  messe,  con- 
féra les  ordres,  fit  sa  visite,  prêcha  dans  sa  cathédrale, 
chanta  les  trois  messes  de  Noël  en  Téglise  Saint-Corentin, 
à  l'âge  de  quatre-vingt-trois  ans.  En  conséquence,  Mon- 
seigneur ordonna  qu'on  bâtit  une  chapelle  en  l'honneur 
de  saint  Michel  Archange  dans  le  lieu  où  avait  demeuré 
M.  Le  Nobletz  près  de  vingt-trois  ans. 

«  Le  12«  d'Août  1663,  fut  posée  la  première  pierre  de 
l'église  de  Saint-Michel  ;  et  depuis,  plusieurs  pèlerins 
abondent  tous  les  jours  en  ce  lieu  des  Evéchés  de  Léon, 


(1)  Paroisse  qui  oom prenait  alors  la  ville  de  Douaroeoex. 
(3)  Mgr  Reoô  du  Lonet,  é?éque  de  Quimper,  1649-1668. 


—  88  - 

de  Cornouaille,  de  Tréguier  et  de  Vannes.  Mgr  de  Cor- 
nouaiile  a  donné  quarante  jours  d'indulgence  à  ceux  qui 
visiteront  cette  chapelle  le  mardi,  chaque  jour  du  mois  de 
Mai,  à  ceux  qui  communieront  et  y  feront  dire  la  messe. 
N.  S.  Père  le  Pape  Alexandre  VII  a  donné  indulgence 
plénière  à  ceux  qui  se  confesseront,  communieront  et 
visiteront  ce  lieu  le  1®'  dimanche  d'après  Saint-Michel. 

((  Catherine  Daniélou  fit  de  grandes  prières  pour  attirer 
les  bénédictions  du  ciel  sur  ce  lieu  ;  sa  bonne  maîtresse 
(la  Sainte*Vierge)  lui  communiqua  le  plan  et  la  forme  de 
la  chapelle  comme  elle  est  à  présent,  il  n'y  avait  que  7  1. 
d'assurées  pour  commencer  cet  ouvrage,  qu'on  avait  reçues 
lorsqu'on  planta  la  première  croix  devant  le  lieu  destiné 
au  saint  édifice.  Elle  lui  ordonna  de  dire  à  son  directeur 
(au  P.  Maunoir)  de  prendre  courage,  que  rien  ne  man- 
querait, et  que  quand  il  faudrait  couvrir  la  chapelle  d'ar- 
gent, il  y  en  aurait  aôsez.  L'effet  fit  voir  la  vérité  de  la 
prophétie  :  en  trois  jours  on  reçut  1.100  1.,  et  la  première 
année  7.000  1.  ;  de  plus,  cette  surintendante  de  ce  bâtiment 
(la  Sainte-Vierge)  donna  charge  de  faire  le  mois  de  Mai, 
les  premières  années,  la  mission,  ce  qui  fut  fait  ;  on  peut 
dire  sans  hyperbole  que  dans  chaque  mission  plus  de 
quatre-vingt  mille  personnes  y  assistèrent  chaque  année 
avec  des  conversions  extraordinaires. 

((  Depuis  le  commencement  de  la  bâtisse  jusqu'à  pré- 
sent, on  fréquente  presque  tous  les  jours  cette  place  dévote. 
Les  miracles  qui  ont  été  faits  en  faveur  de  ceux  qui  s'y 
sont  voués  sont  sans  nombre,  bien  avérés.  On  peut  voir 
une  partie  de  ces  grâces  dans  le  recueil  des  miracles  que 
Mgr  de  Cornouaille  a  approuvé  »  (1). 

Un  cantique  breton,  composé  par  le  P.  Maunoir,  con- 
serve encore  la  mémoire  de  toutes  ces  merveilles. 


(1)  Extraits  des  vies  de  M,  Le  Nohlet%  et  de  Catherine  Daniélou,  par 
le  R.  P.  MiuifOiR,  s.  J. 


-  89- 

Monsienr  de  Gornonaille  a  oidonné 

Qa'à  Dooamenez,  an  liea  où  a  demeuré  M.  Le  Nobletz, 

A  Porzra  près  de  la  mer  fat  élevé  nne  chapelle  * 

A  la  gloire  de  Dieu  et  en  Thomieiir  de  Monsieiir  saint  Michel. 

Nenf  fois  les  anges  du  ciel  ont  fait  entendre  le  son 
D'une  cloche  invisible  an  lien  où  il  a  demeuré  : 
Prenez  courage,  et  hàtez-vous,  chrétiens, 
Neuf  sons  ont  scmné,  il  est  temps  de  venir  à  la  messe. 

Beaucoup  de  pèlerins  sont  venus  de  bien  loin 
Pour  visiter  cette  chapelle,  et  bien  sûr 
Que  les  seuils,  seroient-ils  de  fer,  en  seront  usés 
Par  les  pèlerins  que  Dieu  y  envoie. 

Voici  les  premiers  couplets  de  ce  cantique  breton  qui 
se  trouve  dans  l'ancien  recueil  des  cantiques  du  Père 
Maunoir. 

Micael  Noblet,  guir  mignon  dar  Rouanes  ar  bet, 
G'hui  so  bet  en  ho  puez  tensor  bras  cuset, 
Hoguen  gant  ar  Bretonnet  e  viot  disoloet, 
Goude  an  oU  poaniou  bras  oc'heus  bet  anduret. 

Ebars  en  ho  ti  santel  ar  Groas  oc'heus  dougnet, 
0  clasq  distrei  oc*h  Doue  ar  bec'herien  dallet, 
Quiteet  oc'heus  ho  preodeur  querent  ha  mignonet 
Evit  ma  halsac'h  liproc'h  catec'hisa  ar  bed. 

Bon  tat  lenn  a  drugarez  petra  livirit-hu  ? 
Bac  e  viot  er  Barados  leun  a  gloar  e  peb-tu, 
Pidi  a  ran  evidoc'h  ma  vizacli  pardonnât, 
Evit  ma  teuziac'h  em  zi  eleac'h  émeus  chomet. 

Ebars  e  Douamenes  ezoa  va  demeuranç, 
Ne  falle  quet  din  neuse  frecanti  an  Noblanç, 
Nemet  gant  tut  paour  a  simpl  ezoan  neuse  hantet, 
Dezo  e  roen  va  bennos  ha  dar  re  af fliget. 

Tivit  va  Douamenezis  mar  émeus  o  quiteet. 
Ne  doc'h  quet  dirac  Doue  gneneme  ancounecliet 
Gant  un  dévotion  bras  donet  a  reot  em  zi, 
Da  bresanti  ho  calon  da  Jésus  ha  Mari, 


-90- 

An  Antroii  Qnenie  en  d'ans  guit  e  ch'raç  ordrenet, 
Ma  yifle  e  Douamenee  e  leac'h  m'émeus  chomet, 
E  Porzu  tostic  d'ar  mor  batisset  ar  Ghapel, 
Da  c'hloar  Doae  hac  enor  Antioa  Sant  Michel» 

An  Mlez  ar  Barados  o  d'eus  nao  gueich  sonnet, 

Ur  c'hloc'h  invisibl,  e  leac*h  m'emeos  gaeicbal  chommet, 

Qaemerit  cooraich  eta,  d^;)echet  Ghristemen, 

Nao  son  so  bet,  prêt  eo  monet  dan  Offeren 

Cals  a  Belerinerien  a  sui  a  peL  bro, 
Da  visita  or  Ghapel  savet  a  neves-so, 
An  traison  pa  ve  a  aour  a  vexo  sur  nset» 
Gant  ar  Pelerinet,  a  vezo  inspirât. 

Er  Ghapelic  Sant  Michel  graçon  a  vezo  roet, 
Ha  re  va  Mœstres  paissant  pidi  Salvet  ar  bet, 
Ar  re  mat  a  bresego,  ar  re  dall  a  veio» 
Ar  re  mut  a  bresego,  ar  re  dall  a  vélo. 

Ar  re  bousar  a  glevo,  ar  re  cam  a  gaerso, 
Ar  re  boasar  a  glevo,  ar  re  cam  a  gaerso, 
Hac  ar  re  so  afiiget,  soalaich  o  deveso, 
Hac  ar  re  so  afliget,  soalaich  o  deveso. 

Les  Peintures  de  la  Chapelle  SAmi-MiCHEL 

Au-dessus  de  la  porte  principale,  sous  le  clocher,  on  lit 
cette  inscription  : 

Mre  .  HIE  :  PAILLART  :  REGT  :  DE  :  PLOVARE  : 
MICHEL  :  POVLLAOVEC  :  FABRIQVE  ;  1664. 

Sur  le  petit  clocher  à  dômes  superposés  se  trouve  la 
date  de  1665. 

L'édifice  affecte  la  forme  d'une  croix,  avec  Tabside  et 
les  deux  branches  du  transept  terminées  en  hémicycle. 

L'autel  est  surmonté  d'un  retable  à  colonnes  torses 
contenant  les  statues  de  saint  Michel  terrassant  le  dra- 
gon, la  Sainte-Vierge,  sainte  Anne  et,  en  haut,  la  Sainte- 
Trinité. 


-  91  ~ 

Au  fond  du  transept  Sud  est  un  tableau  sur  toile  repré- 
sentant une  apparition  de  la  Sainte-Vierge  à  Michel  Le 
Nobletz  :  TEnfant-Jésus  lui  présente  trois  couronnes  ;  le 
vénéré  missionnaire  est  à  genoux  et  un  lys  à  ses  pieds. 
Une  inscription  porte  ce  texte  :  Le  révérend  Père  Michel 
Le  Nobletz  mourut  en  1652,  âgé  de  76  ans. 

Ce  qui  fait  Vintérét  de  cette  chapelle  ce  sont  les  pein- 
tures historiques  et  symboliques  qui  ornent  et  recouvrent 
entièrement  le  lambris  ou  plafond  en  bois,  et  qui  ont  été 
exécutées  dans  la  période  de  1667  à  1675,  comme  nous 
rapprendront  les  inscriptions  et  dates  dont  nous  nous 
occuperons  à  la  fin. 

Dans  l'abside  sont  représentés  les  quatre  évangélistes  : 
saint  Marc,  saint  Mazé,  saint  Luc,  saint  Jean,  puis  les 
quatre  grands  docteurs  d'Occident  :  saint  Hiérosme,  saint 
Ambroise,  saint  Augustin  et  saint  Grégoire. 

Ensuite  viennent  des  scènes  de  la  vie  de  la  Sainte- 
Vierge  et  de  Notre-Seigneur  ou  des  représentations  figu- 
ratives ayant  trait  aux  différents  ministères  des  anges 
auprès  des  hommes;  nous  les  citerons  dans  Tordre  où 
nous  les  trouvons  pour  suivre  tout  du  long  la  série,  quoi- 
que ce  ne  soit  pas  toujours  la  suite  logique  et  chronolo- 
gique, particulièrement  dans  Thistoire  de  Notre-Seigneur. 
Au  bas  de  chaque  tableau  est  un  texte  que  nous  donne- 
rons, avec  la  description  du  sujet,  quand  il  y  aura  lieu. 

1.  Auprès  de  saint  Marc,  du  côté  de  l'Evangile  :  la  con- 
ceptioa  de  la  Sainte-Vierge  ;  —  sainte  Anne  et  saint  Joa- 
chim  sont  en  vénération  et  en  contemplation  devant  la 
Vierge  Immaculée  apparaissant  dans  les  nuages,  cou- 
ronnée de  douze  étoiles.  Au-dessus  plane  le  Père-Eternel 
bénissant,  la  main  gauche  posée  sur  le  globe  du  monde,  la 
tète  parée  du  nimbe  triangulaire. 

2.  Nativité  de  la  Sainte-Vierge;  —  une  femme  porte 
des  gâteaux  dans  un  plat. 


—  92  — 

3.  Présentation  de  la  Sainte- Vierge. 

4.  L'Annonciation  ;  —  ou  plutôt  la  moitié  de  cette  scène, 
car  il  n*y  a  ici  que  Fange  Gabriel  ;  et  la  Sainte-Vierge, 
qui  est  le  complément  du  tableau,  se  trouve  en  face  de 
l'autre  côté. 

5.  Dans  le  transept  Nord  :  Lange  nous  arme  ;  —  un  ange 
donne  une  croix  à  un  enfant  que  le  diable  menace  de  sa 
fourche. 

6.  Lange  nous  anseigne;  —  un  petit  enfant  écrivant, 
l'ange  lui  montre  un  livre. 

7.  Lange  qui  nous  esclaire  ;  —  il  tient  un  flambeau 
allumé. 

8.  Lange  de  dévotion  ;  —  il  tieut  un  gros  chapelet. 

9.  Lange  de  paix;  —  il  tient  une  couronne  et  une 
palme. 

10.  Lange  chef  de  larmée  de  léternel;  —  tenant  un 
glaive. 

11.  Lange  gardien  ;  — -  conduisant  un  enfant. 

12.  Lange  tient  Satan  enchaisné. 

13.  Lange  envoie  pour  nous  défendre  ;  —  il  tient  un 
bftton  et  un  glaive. 

14.  Lange  porte  cierge  bénist  ;  —  il  tient  un  cierge  et 
une  couronné. 

15.  Lange  qui  donne  Lo  contre  le  diable  ;  —  il  tient  un 
bénitier  et  un  goupillon. 

16.  Lange  nous  mène  à  la  pénitence  ;  —  il  conduit  un 
enfant  dans  un  confessionnal. 

17.  Lange  nous  mène  à  la  sainte  communion. 

18.  Lange  nous  assiste  à  la  mort  ;  —  il  exhorte  un  mori- 
bond et  le  démon  s'enfuit. 

19.  La  salutation  de  lange  ;  —  la  Sainte-Vierge  faisant 
pendant  à  l'ange  Gabriel  dans  la  scène  de  l'Annonciation. 

20.  La  résurrection  de  Nostre  Seigneur. 

21.  Lascension  de  Nostre  Seigneur. 


—  93  — 

22.  La  descente  du  S.  Esprit  sur  les  apostres. 

23.  Le  mariage  de  la  sainte  Vierge. 

24.  Saint  Michel  chassant  Lucifer  du  Paradis. 

25.  La  mort  du  juste. 

26.  Passant  du  côté  de  TEpitre,  au  bas  :  Les  anges  mon- 
tent et  descendent  dans  léchel  de  Jacob. 

27.  Lapparition  de  saint  Michel  ;  —  c*est  la  manifesta- 
tion du  mont  Gargan  ;  on  voit  le  bouvier  lançant  sa  flèche 
vers  la  caverne. 

28.  Le  Sauveur  Jésu  crucifié. 

29.  Jésu  portant  sa  croix. 

30.  Jésu  est  couronné  d*épines. 

31.  La  flagellation  du  Sauveur. 

32.  La  prière  au  jardin. 

33.  Dans  le  transept  Sud  :  Nostre  Seigneur  disputant  ; 
—  au  milieu  des  docteurs. 

34.  Nostre  Seigneur  est  adoré  de  trois  rois. 

35.  Nostre  Seigneur  est  né  en  Betlem. 

36.  Prends  la  f  de  Jésus -Christ  ;  —  ange  tenant  une 
croix. 

37.  Saint  Paul. 

38.  Dom  Michel  le  Nobletz,  prestre  ;  —  il  est  représenté 
en  surplis  et  en  étole,  les  mains  jointes. 

39.  Mère  de  Dieu  P.  P.  N.  (priez  pour  nous)  ;  —  la  sainte 
Vierge  les  mains  jointes. 

40.  Sauveur  du  monde  A.  P.  D.  N.  (ayez  pitié  de  nous). 

41.  Saint  Michel. 

42.  Saint  Pierre. 

43.  Si  tu  veux  une  couronne  de  gloire  ;  —  ange  portant 
une  couronne  de  roses.  (Le  panneau  est  le  complément 
dun<»36.) 

44.  La  Vierge  est  couronné  reyne  des  anges  et  des 
hommes. 

45.  La  Vierge  est  ensevelie  par  les  apostres. 


-  94  — 

46.  Le  trépassement  de  la  Vierge  ;  —  la  sainte  Vierge 
est  sur  son  séant»  entourée  des  apôtres,  dont  Tun  porte  la 
croix  et  un  autre  un  cierge  allumé. 

47.  Au  chevet  ou  abside  :  La  Visitation  de  la  Vierge. 

48.  La  purification  de  la  Vierge. 

49.  Lassoroption  de  la  Vierge. 

Autour  de  la  clef  sculptée  qui  est  à  la  croisée  des  tran- 
septs se  trouvent  les  inscriptions  suivantes  : 

N .  H .  LANLARCH .  GOUVERNEUR .  1674. 
M'«.  GVILLAVME .  PAILLART.  RECTEVR  .  1675. 
PEINCT .  PAR .  LE .  SIE VR .  DE .  PRATANBARS .  1673. 
M'.  MICHEL  .  CONAN  .  POVLLAOVEC .  CVRE. 
V.  ET .  DISCRET .  G  .PAILLART . DOCTEVR .  1692. 
H .  H .  ALAIN .  SAVIDAN  .  GOVVERNEVR .  1675. 
MESSIRE .  JAN .  COVLLOCH .  CVRE .  1673. 
MESSIRE .  HIEROSME .  PAILLART .  1667. 

Les  comptes  de  la  chapelle  Saint-Michel  qui  sont  con- 
servés aux  Archives  départementales  nous  donnent  quel- 
ques détails  intéressants  sur  sa  fondation,  sur  les  orne- 
ments dont  elle  était  pourvue  et  sur  quelques  marchés 
conclus  pour  son  embellissement  ;  nous  donnons  ici  un 
extrait  du  compte  de  1672-1673  rendu  par  Guillaume 
Coulloc*h,  gouverneur  et  trésorier  : 

«  Se  charge  le  dit  comptable  de  deux  contrats  sur  velin 
concernant  le  fondement  de  la  dite  chapelle,  Tun  tou- 
chant Tapplacement  de  la  mesme  chapelle  du  bout  devers 
rOccident  acquis  du  temps  de  la  charge  du  sieur  Michel 
Poullaouec,  premier  gouverneur  d*icelle  d'avecq  hono- 
rable femme  Marguerite  le  Gludic,  veuffve  de  Jean  Lozeach, 
daté  du  trantieme  jour  d'Octobre  1663  et  l'autre  pour  Tap- 
placement  du  cloistre  acquis  d'avecq  André  Bretivet  et 
aultres  par  Missire  Louys  Grivart  aussy  gouverneur,  le 
29°^^  Juillet  1668,  au  rapport  de  Lyminic,  notaire* 


—  98  — 

«  Se  charge  de  quatre  calices  dont  deux  grands  dorés 
et  deux  plus  petits  d'argent,  de  quatre  missels,  deux 
orceaux  d'argent,  dix  chasubles  de  diverses  couleurs, 
quatorze  nappes  garnyes  de  dentelles,  deux  aubes  gar- 
nyes  de  belle  dentelle  et  sept  autres  de  petite  dentelle,  etc., 
sept  devant  d'autels.  » 

On  y  voit  figurer  une  chape  et  deux  tuniques  de  satin  ; 
en  ex-voto  :  «  Trois  cœurs  d'argent,  un  double  cœur  d'ar- 
gent, trois  chapelets  de  cristal  où  il  y  a  des  croix  et  mar- 
ques d'argent,  un  chapelet  de  coral  avec  croix  d'argent  )>. 

Au  mois  de  Juin,  le  comptable  a  reçu  en  offrande  138 
livres,  «  comprins  les  foires  de  la  Pentecôte  et  le  dimanche 
de  la  Trinité  ».  La  somme  totale  des  offrandes  pour  l'année 
est  de  450  livres  environ. 

A  l'article  de  la  décharge,  nous  relevons  ce  qui  suit  : 

«  Payé  en  deux  tunicques,  fanons  et  estole  de  satin  à 
fleur  blancq  pour  décorer  et  orner  la  chape  de  mesme 
étoffe,  50  livres  10  sols. 

((  A  MM.  le  recteur,  curé  et  prestres  pour  leur  assis- 
tance à  l'ofBce  divin  tant  le  jour  de  la  feste  de  Monsieur 
S^  Michel  que  le  dimanche  ensuyvant  jour  du  pardon, 
13  livres  10  sols. 

«  Pour  ayder  à  la  dépense  faite  par  les  Révérends  Pères 
Jésuites  pendant  la  huitaine  du  pardon,  4  livres  10  sols. 

«  Le  jour  que  Monsieur  de  Plouere,  les  sieurs  Lozeac'h 
etPouilaouec  furent  pourdebvoir  traiter  avec  maître  Paul 
au  sujet  de  la  sculpture  des  deux  imaiges  de  S^  Joseph  et 
S^  Joachim  avec  leurs  custodes,  payé  en  la  collation  :  50  sols. 

«  Plus  le  jour  qu'il  fut  accordé  en  la  maison  de  l'église 
à  Plouere  avec  le  dit  Maurice  Paul  et  Jan  Paul  son  fils, 
tant  pour  la  sculpture  que  pour  la  peincture  et  dorure  des 
dites  imaiges,  payé  en  collation  28  sols. 

((  Pierre  Larroue  quy  avoit  fourny  les  ferailles  qui  atta- 
chent les  dites  imaiges  et  custodes,  payé  9  livres. 


—  96  - 

«  Au  désire  du  marché  passé  avec  les  dits  Maurice  et  Jaa 
Paul  le  24«  Octobre  dernier  a  payé  le  sept  Janvier  (1673) 
340  livres  pour  la  sculpture,  peinture  et  dorure  des  dites 
imaiges. 

«  Pour  les  frais  de  la  mission  faicte  jusqu'à  ce  jour 
16  May,  payé,  sans  compter  le  vin  payé  par  Monsieur  de 
Ploueré,  18  Jivres. 

«  A  M.  le  recteur  de  Plouere  pour  son  tiers  des  ofiran- 
des  tombées  dans  la  dite  chapelle  pendant  Tannée  de  la 
charge  du  comptable  :  151  ^  12^  3"*.  )) 

Ce  compte  fut  présenté  à  Gourlizon  le  17  Mai  1673  et 
approuvé  par  M.  Louys  Deshayeux,  officiai  de  Cornouaille, 
et  Guillaume  Cariou,  promoteur. 

(A  suivre.) 


CARTULÂIRE 

DE    L'ÉGLISE    DE    QUIMPER 

(Suite.) 


474. 

JEAN  RIOU  REQU  MA6ICOT  <•) 


 


23  Avril  1406.    - 


Aano  Domioi  M^  quadrigentesimo  sexto,  die  xxiu*  men- 
sis  Aprilis  circa  horam  tercîarum  in  ecclesia  Corisopitensi 
indicione  XIIII,  pontificatus  domini  Benedicti  pape  XIII 
anno  XII<>,  presentibus  ad  hoc,  Magistris  et  dominis  J.  de 
Kaer  archidiacono  Cornubie,  O.Hospitis,  J.Corric,  A.  Pen- 
quelennec,  J.  de  Misperic,  R.  Penquelennec,  J.  de  Treanna, 
H.  de  lûsula,  Sulguen,  G.  Marhec  canonicis  et  aliis,  fuit 
receptus  dominus  Johannes  Rioci  presbyter,  in  macico- 
tus  (aie)  et  corista  ecclesie  Corisopitensis  et  juravit  tenere 
statuta  laudabilia  dicte  ecclesie,  etc.  et  fuit  institutus  in 
cappellania  de  Plumalunc  (?)  etc.  q  Serrelagat. 


475. 

GUILLAUME  DE  KERAUDiERN  REQU  CHANOINE  ^) 

-    13  Août  1406.    - 


Anno  Domini  M9  quadrigentesimo  sexto  die  xiii''  Augusti 
fuit  admissus  Magister  A.  Penquelennec  procura tor  et 

(1)  Cart.  31,  t*  69. 

(2)  Cart.  31 ,  f  60. 

BULLBTIN  DE  LA  Ck)llllI88ION  DIOCiSAINB.  —  8*  aDDéO.  7 


—  98  - 

procuratorio  nomine  domini  Guiilermi  de  Kaer  Âudierae 
in  canonicum  et  in  fratrem  ecclesie  Corisopitensis,  adep- 
tus  est  possessionem  et  statuta  juravit,  etc.,  presentibus 
domiûis  canonîcis  Magistris  Oliverio  Hospitis,  Johanne 
Corric,  Guillermo  Militis,  Herveo  Sulguen,  Johanne 
Treanna,  Petro  Militis,  Johanne  Misperit,  Rodulpho  Pen- 
quelennec.  Kehcarf. 


476. 

JEAN  LE  MAOUT  PAIE  L'AMENDE  (<' 

—   3  Janvier  1407  (n.  8.}.    — 


Anno  Doraîni  M»  quadringentesimo  sexto,  die  tercia 
mensis  Januarii  hora  matutinarum  illius  diei,  indictione 
XV*  pontificatus  Sanctissimi  in  Christo  Patris  ac  domini 
domini  Benedicti  divina  providencia  pape  XlIIianno  XIII^ 
in  mei  puplici  notarii  et  testium  infra  scriptorum  pré- 
sencia  personaliter  constitutus  dominus  Johannes  Muto- 
nis  presbyter,  unus  de  septem  curatis  ecclesie  Corisopi- 
tensis, emendavit  Capitulo  Corisopitensi  capitulanti  in 
suo  Capitulo,  propternonnullos  excessus,  ad  viginti  libras 
monete  currentis  dequibus  débet  solvere  centum  solidos 
ad  ordinacionem  Capituli  predicti,  residuum  autem  sibi 
remisit  predictum  Capituluin  misericordia  et  pielale  duc- 
tum,  presentibus  dominis  Guidomaro  Guezenec,  Yvone 
Heleiz  presbyleris. 

Datum  ut  supra. 

Kercauf,  pro  instrumento. 

(l)  Carl.  31,  f-  50. 


—  99  — 
477. 

GEOFFROY  KEROUERN  REQU  MACICOT^*) 

-    15  Août  1407.    - 


Addo  Douiini  M^  CCCC<>  sexto  die  veneris  post  festum 
purificatioûis  béate  Marie  Virginis,  presentibus  in  Capi- 
tulo  dominis  et  magistris  Herveo  Sulguen,  Oliverio  Hospi- 
tis,  Guillermo  Le  Marhec,  Johanne  Corric,  Alano  Penque- 
lennec,  Johanne  Treanna,  Petro  Militis,  Johane  Misperit 
canonicis  et  aliis,fuit  Gauffridus  Kerouern  clericus  recep- 
tus  iamacicotum  ecclesie  Corisopitensis  et  juravit  statuta 
laudabilia  ecclesie  observare.  q    Serrelagat. 


478 

YVES  TORZELLEC  REQU  M&CICOT  (') 

-  16  Avril  1407.  - 


Anno  Domini  M^  quadrigentesimo  septimo,  die  veneris 
XV'  Aprilis,  juravit  Yvo  Torzellec  clericus  tenere  statuta 
et  consuetudines  laudabiles  ecclesie  Corisopitensis  et  fuit 
procreatus  in  mancicautum. 


479 

PRESTATION  DE  SERMENT  ('' 

-  10  Juin  1407.   - 


Anno  Domini  Mo  quadrigentesimo  septimo,  di& décima 
mensis  Junii  ego  Yvo  Kerconnyn  juravi  statuta,  etc. 
In  eadem  die  juravit  Guillermus  an  Moinn. 


(1)  Cart.  31,  f«  66. 

(2)  Cart.  31,  ^  64. 

(3)  Cart.  31,  f*  42. 


—  100  — 

480. 


GUY  MOEL  PRÊTE  SERMENT  (*) 

-  11  Juin  1407.   - 


Ego  Guido  Moêl  jure  statuta  consuetudines  et  obser- 
vancias  laudabiles  ecclesie  Corisopitensis  et  reverenciam 
exhibere  antiquioribus  me  in  dicta  ecclesia. 

Datum  die  sabbat!  in  festo  beati  Barnabe  apostoli. 

Anne  Domini  M^  quadrigentesiuio  septimo. 

G.  MoEL,  ita  est. 


481. 

RÉCEPTION  DE  MACICOTS(') 

-  6  Février  1407.  - 


Anne  Domini  M**  quadrigentesimo  septimo,  die  lune 
post  festum  purificatiônis  Béate  Marie  Virginis,  fuerunt 
recepti  in  macicotos  per  dominos  de  Capitulo,  Johannes 
Poulpic,  Johannes  Andrée  et  Natalis  Potdu  qui  jurave- 
runt  statuta  et  consuetudines  ecclesie  servare. 

Penquelennec. 


CLEFS  DE  L'ÉVËCHÉ  REHISES  AU  CHAPITRE, 

LE  SIÈGE  VACANT  <') 

-  3  Mal  1408.   - 


Anno  Domini  M<^  quadrigentesimo  octavo  die  tercia 
Maii,  indictione  prima  pontificatus  Benedicti  pape  XllI 
anno  XIII^  presentibus  dominis  Johanne  Mutonis,  Hen- 
rico  Locquilec  et  aliis,  sede  vacante  per  mortem  defluncti 

(1)  Cari.  31,  f  67. 
(1)  Cart.  31,  f^  20. 
(3)  Cart.  31,  f*  50. 


—  101  — 

T.  Corisopitensis  (episcopi)  Guillermus  Moilland  reddidit 
in  Capitulo  Corisopitensi  claves  domus  épiscopalis  Cori- 


i4oe  -  1-iie 


483 

BERTRAND  DE  ROSMftDEC  REQU  CHANOINE  ('> 

-   2  Juin  1408.    ~ 


Anno  Domini  M^  CCCC^  VIII^  die  secunda  mensis  JuDii 
hora  prime  vel  circa,  indictione  prima  pontificatus  domini 
Benedicti,  annoXIIIIo,  presentibus  domino  Oliverio  Quoet- 
perec  presbytero  magistro  Johaûne  Quoetanezre,  domino 
Yvone  Kercarfl  rectore  de  Loco  Petroci  et  aliis,  venera- 
biles  viri  Capitulum  Corisopitense  receperunt  venerabilem 
virum  Magistrum  Bertrandum  de  Rosmadec  in  canoni- 
cum  et  in  fratrem  hujus  ecclesie  et  in  possessionem  pré- 
bende quam  obtinere  solebat  defiunctus  Magister  Guiller- 
mus Marhec  in  ista  ecclesia,quiquidem  Magister  Bertran- 
dus  juravit  ad  SanctaDei  Evangelia,  statuta  hujus  ecclesie 
et  consuetudines  laudabiles  observare  ut  moris  est. 

Acta  fuerunt  hec  in  Capitulo  seu  loco  capitulari  con- 
sueto  in  ecclesia  Corisopitensi.  ^j^  Scahunec. 


HERVÉ  BÉ6UEC  REQU  MACICOT  (') 

-    6  Juillet  1408.    - 


Anno  Domini  M9  quadrigentesimo  octavo,  die  veneris 

(1)  Cart.  31,  f*  51. 

(2)  Cart.  31,  ^  46. 


—  102  — 

post  octabas  festi  beatorum  Pétri  et  Pauli  Apostolorum, 
dominus  Herveus  Begueuc  presbyter  fuit  receptus  in  ma- 
cicotum  ecclesie  Corisopitensis  et  juravit  statuta  et  con- 
suetudines  laudabiles  ecclesie  observare,  presentibus  do- 
mino Herveo  Mathei  presbytero  et  Yvone  Buhulian,  etc. 

G.   BONVALLON. 


485. 

SACRISTE  PRÊTE  SERMENT  (') 

—  2  Novembre  1408.  — 


Anno  Domini  M^  quadrigentesimo  octavo,  die  secunda 
mensis  Novembris,  indicione  secunda  et  ab  eleccione  do- 
mini Pétri  de  Luna  vocati  alias  Benedicti  de  Luna  XIIlî 
in  papam  electi,  anno  XW^,  fuit  receptus  Magister  Thomas 
de  Lesmouez  in  sacristam  ecclesie  Corisopitensis;  qui  qui- 
dem  Magister  Thomas  juravit  statuta  laudabilia  et  con- 
sueta  dicte  ecclesie  servare  et  inutilia  evitare  pro  posse. 

Datum  ut  supra,  presentibus  ad  hoc  domino  Johanne 
Mutonis  procuratore  S^iChorentini,YvoneMesanlez  cliente 
domini  Episcopi  Corisopitensis  in  suis  Rekaeriis,  Karolo 
Anschieri  Darcelli,  Yvone  an  Prodomme  clericis  et  aliis. 

G.  Serrelagat. 


486. 

ALAIN  DE  TREANNA  REÇU  MAGICOT^') 

—  28  Décembre  1408.  — 


Anno  Domini  M^  quadrigentesimo  octavo  die  sabbati 
post  festum  nativitatis  domini,  fuit  Alanus  de  Treanna 
clericus  creatus  in  macicotum  ecclesie  Corisopitensis  in 


(1)  Cart.  31,  f^  32. 

(2)  Cart.  31,  ^  57. 


—  103  — 

Capitulo,  qui  quidem  Âlanus  juravit,  ad  sancta  dei  Evan- 
gelia,  statuta  ecclesie  observare  et  alia  facere,  etc.. 

An  Scahunec. 


487 

EMPRUNT  DE  LIVRES  (') 

-  22  Juin  1409.  - 


Anno  Mo  quadrigentesimo  nono,  die  sabbati,  vigesima 
secunda  mensis  Junii,  Ego  Johannes  Perfecti  canonicus 
Corisopitensis  recepi  decretales  Capituli  incipientes  in 
secundo  folio  textus  ipsius. 

Item,  recepi  decretum,  —  item,  psalterium  glossatum. 

Anno  Mp  quadrigentesimo  vigesimo  tercio,  die  décima 
Marcii  predictus  Magister  restituit  in  Capitulo  predictum 
librum  et  eciam  coliecionem  divinorum  ofiBciorum. 

Johannes  Hasgoet. 


488. 

VERSEMENT 
FAIT  PAR  LE  GOUVERNEUR  DE  NOTRE-DAME  DU  6UEAUDET 

AU  CHAPITRE  (') 

—  13  Février  1410  (n.  s.}.  - 


Anno  Domini  M^  quadrigentesimo  nono  secundum  com~ 
putacionem  ecclesie  Gallicane,  tercia  décima  die  mensis 
Februarii,  Pontiûcatus  domini  Alexandri  pape  quinti, 
anno  primo,  me  notario  publico  et  testibus  infrascriptis 
presentibus,  solvit  in  Capitulo  ecclesie  Guillermus  Jacudon 
yconomus  seu  procurator  capelle  Béate  Marie  de  civilate 
in  villa  Corisopitensi,Magistro  Oliverio  Hospitis  canonico 
dicte  ecclesie  Corisopitensis  receptori  anniversariorum 

(1)  Cart.  31,  f*  22. 

(2)  Cari.  31,  f-  43. 


—  104  — 

ejusdem  ecclesie,  quadraginta  solidos  monete  qsualis 
annui  redditus  debiti  dicto  Capitulo  de  et  super  troncho 
dicte  capelle  et  hoc  pro  anno  presenti  de  et  super  anni- 
versario  Johannis  Veritatis  de  quibus  ipse  procurator 
Capituli  quittavit  dictum  yconomum,  presentibus  Guil- 
lermo  Ruffi  et  Johanne  Kerléuc  juniore  testibus. 

G.  Bon  VALLON  Y.* 


489. 

DE  ANNIVERSARIO  PRO  CADAVERE  INTRANTE  CHORUH  <«) 

-   28  Octobre  1410.   - 


Die  jovis  xxiii*  meusis  Octobris.  Anno  Domini  M<>  qua- 
drigentesimo  decimo,  in  crastino  Synodi  S^^  Lucœ  Evan- 
geliste  in  Capitulo  generali,  fuit  per  Capitulum  hujus 
ecclesie  Corisopitensis  statutum  et  ordinatum  morem  et 
observantiam  antiquam  observando,  quod  nullum  cada- 
ver  admittatur  intra  chorum  ipsius  ecclesie  ad  suum 
servicium  pro  mortuis  ibidem  faciendum,  nisi  prius  fun- 
daverit,  seu  pro  ipso  defuncto  fundatum  fuerit  unum 
anniversarium  annuatim  perpetuo  in  ipsa  ecclesia  facien- 
dum, tantum  pro  ipso  introitu  et  admissione  in  ipsum 
chorum  pro  suo  hujusmodi  servicio  faciendo  assignatum 
fuerit,  quantum  datur  pro  anniversario  faciendo  in  ipsa 
ecclesia,  aliter  non  admittatur,  exceptis  in  premissis, 
principibus,  Episcopis  et  notabilibus  prselatis,  ac  militi- 
bus  et  canonicis  ipsius  ecclesie,  nec  non  illis  qui  capel- 
lanias  perpétuas  per  se  personaliter,  non  per  predeces- 
sores,  vel  alios  in  ipsa  ecclesia  fundaverunt. 

De  non  eircuUndo  chorum  eum  cadavere. 
Item  fuit  statutum  et  ordinatum  quod  nullum  cadaver 

(1)  Cart.  56,  f  57. 


—  lOS  — 

portetur  per  circuitum  chori  ipsius  ecclesie  ab  extra 
ipsum  chorum  quasi  processionaliter,  vel  aliter  ipsum 
chorum  circuiendo,  nisi  cuilibet  canonico  residenti  ad 
ipsius  canonici  (electionem)  detur  una  oblata  vim  boni, 
vel  duo  solidi  et  decem  deoarii,  et  capellanis  majoribus 
et  ministris  ipsius  ecclesie  quatuor  oblata  vini,  vel  simili 
modo  duo  solidi  et  octo  denarii  pro  qualibet  oblata  ad 
ipsorum  capellanorum  et  ministrorum  electionem. 

De  non  accommodando  ceratn* 

Item,  observando  antiquas  consuetudines  et  morem  ab 
antiquo  servari  solitum,et  aliter  in  ipsa  ecclesia  juratum, 
innovando  fuit  ordinatum  cum  juramento,  quod  cera  et 
faces  et  intortitia  post  servitium  deffunctorum  ad  ipsum 
Capitulum  spectantia  et  proveniencia  non  tradantur, 
accommodentur,  vel  mutuentur,  seu  quovis  qui  sit  colore 
assignentur  pro  servitio  seu  officio  pro  aliquo  cadavere 
seu  deiluncto  in  ipsa  ecclesia  seu  alibi  fiendo. 

De  servitio  cadàveris  cum  cadavere  cum  cera. 

Item  quod  parentes  et  consanguinei  dedunctorum  et 
alii  quorum  interest,  teneantur  intra  qulndecim  dies,  a 
die  sépulture  cadàveris  vel  deffuncti  hujusmodi  imme- 
diata  sequenti,  facere  fieri  suum  servitium  in  ipsa  ecclesia 
vel  alibi  ubi  fuerit  fiendum,  alioquin  cera,  faces,  intors- 
ticia  quse  in  sepultura  etoflicio  ipsius  fuerant  et  ad  ipsum 
Capitulum  et  canonicos  devenire  debent,  dividantur,  lapsis 
dictis  quindecim  diebus,  inter  canonicos  qui  servitio 
ipsius  sepultursB  interfuerunt,  gratia  canonicorum  ipso- 
rum, si  quali  more  capitulari  facere  noluerint,  in  pree- 
missis  salva. 

De  cera  famUiarum  canonicorum. 
Item,  eciam,  innovando  antiquam  consuetudinem  ipsius 


—  106  - 

ecclesie  diutius  observatam,  ut  de  ea  in  posterum  non 
hesitetur,  sed  de  ea  in  libro  statutorum  hujusmodi  appa- 
reat,  fuit  ordinatum  quod  cera,  faces  et  intorsticia,  sive 
faces  qudB  esse  contigerit  in  servitio  alicujus  deffuncti 
familiaris,  domestici,  commensalis  canonicorum  dicte 
ecclesie  cédant  et  pertineant  penitus  illi  canonico  cujus 
hujusmodi  defiunctus  extiterit  sic  familiaris. 


490. 

RÉCEPTION  DE  MACICOTSO) 

-    1411.    - 


Ânno  Domini  M*'  undecimo,  die  veneris  quinta  mensis 
Junii,  f  uerunt  creati  in  macicotos  presentis  ecclesie,  domini 
Guillermus  Rioc  presbyter,  Johannes  Lathomi,  et  Marcus 

^*^^^*  Jo.  Perfecti. 

Anno  quo  supra,  die  lune  vigesima  secunda  mensis 
Junii,  dominus  Alanus  an  Goezgoez  presbyter  fuit  recep- 
tus  in  macicotum  ecclesie,  qui  juravit  statuta. 

Anno  quo  supra,  die  sexta  mensis  Augusti,  Daniel  de 
Porta  fuit  creatus  in  macicotum  presentis  ecclesie. 

Jo.  Perfecti. 

Anno  supra  dicto,  die  veneris  septima  Augusti,  domi- 
nus Henricus  Floc'h  fuit  receptus  in  macicotum  ecclesie 
et  juravit  servare  statuta.  jq    Perfecti. 

(A  suivre.) 

(1)  Cart.  31,  f  42,  43,  46  et  63. 


-  107  — 


NOTIGÊ 


'l  ^1 


SUR   LES 


PAROISSES  DU  DIOCÈSE  DE  QUIMPËR  ET  DE  LÉON 

Par  MM.  PETRON  et  ABGRALL. 

(Saite.) 


DOUARNENEZ 

(Fin.) 


Sainte-Hélène 

Cette  chapelle  était  celle  où  se  desservait  le  prieuré  de 
rtle  Tristan,  au  moins  depuis  la  disparition  de  la  chapelle 
Saint-Tutuarn  dans  l'île. 

L'édifice  actuel,  dont  l'ensemble  remonte  jusqu'à  la  fin 
du  xv<»  siècle,  a  été  réparé  à  diverses  époques,  notamment 
vers  le  milieu  du  xviii»  siècle,  car  il  tombait  en  ruines, 
et  c'est  à  cette  circonstance  que  nous  devons  de  posséder 
un  relevé  des  armoiries  et  prééminences  de  la  chapelle 
avant  sa  restauration. 

Le  procès-verbal  est  dressé,  le  17  Janvier  1732,  par 
«  M^  Jan  Bernard  Bourriquen,  sieur  de  Quenerdu,  advo- 
cat  à  la  Cour,  sénéchal  et  seul  juge  de  la  juridiction  du 
prieuré  de  l'île  Tristan,  en  présence  de  M<)  Joseph  Bernard 
Demezit,  advocat  à  la  Cour  et  substitut  du  sieur  procu- 
reur d'oiBce  de  cette  juridiction  ». 


—  108  — 

Après  avoir  constaté  que  les  murs  sont  lézardés,  ils 
déclarent  a  que  dans  la  maîtresse  vitre,  il  y  a  un  grand 
écusson  en  supériorité  parti  de  France  et  de  Bretagne  ; 
que  plus  bas  et  au  côté  de  TEvangile  est  un  écusson  : 
d'aeur  au  léopard  rampant  d'argent  armé  et  lampasaé  de 
guetUe,  chargé  au  poitrail  d'un  lozange  d'or  ;  qu'au  vis-à- 
vis,  côté  de  TEpitre,  est  un  autre  écusson  :  d'azur  à  Vélé- 
phant  d'argent  chargé  d'une  tour  d'or. 

«  Au  bas  de  la  dite  vitre,  côté  de  TÉpître,  est  un  écusson 
portant  :  d'azur  à  la  tour  d'or. 

«  Dans  la  vitre  à  gauche  de  la  précédente,  au-dessous 
des  armes  de  France  et  Bretagne,  est  un  écusson,  côté  de 
FËvangile  :  d'azur  au  sautoir  d'or  cantonné  de  quatre  croix 
d'or,  et  un  autre  au  côté  de  l'Epître  :  d'azur  à  la  tour  d'or. 
Ces  deux  mêmes  écussons  sont  dans  la  vitre  au-dessus  de 
la  sacristie.  Ce  sont  les  seuls  écussons  trouvés  dans  la 
chapelle.  » 

Dans  cette  chapelle,  on  trouve  encore  des  restes  de 
vitraux  dans  deux  fenêtres  au  bas  des  collatéraux. 

Fenêtre  Nord  :  Baiser  de  Judas.  —  N.  S.  devant  Pilate. 

—  Crucifiement.  —  Résurrection. 

Fenêtre  Sud  :  Agonie  au  jardin.  —  Portement  de  croix. 

—  Jugement  dernier.  —  Donateurs  avec  inscriptions. 
Ces  sujets  ont  dû  former  un  ensemble  dans  une  fenêtre 

plus  ancienne  comprenant  trois  baies. 

Les  Archives  départementales  possèdent  plusieurs  comp- 
tes de  fabrique  de  cette  chapelle.  Nous  y  relevons  : 

En  1637,  un  inventaire  des  ornements,  qui  montre 
qu'elle  était  convenablement  pourvue  :  deux  calices  en 
argent  et  deux  en  étain,  cinq  ornements,  une  chasuble  et 
deux  tuniques  en  velours. 

On  y  reçoit  du  sel  «  pour  droit  de  mesure  »,  c'est-à-dire 
que  dans  la 'chapelle  devait  se  trouver  une  sorte  de  réci- 
pient étalon  pour  la  mesure  du  sel,  et  ce  récipient  qui,  à 


—  109  — 

raison  de  son  prix,  devait  être  en  bois,  était  fourni  aux 
frais  de  la  chapelle  ;  car  au  compte  de  1644,  le  comptable 
marque  :  «  Pour  faire  deux  mesures  à  mesurer  le  sel, 
7  s.  60  d.  M  Le  revenu  de  ce  droit  n*était  pas  considérable 
et  se  montait  pour  Tannée  1637,  à  5  1.  13  s.  6  d. 

Nous  remarquons  que  la  dédicace  de  l'église  se  célé- 
brait au  jour  de  l'Ascension,  que  saint  Philibert  était  tout 
particulièrement  honoré  à  Sainte-Hélène,  ainsi  que  saint 
Cadou,  et  que  l'on  paya  à  Noël  Le  Gofî,  peintre,  en  1643, 
41  1.  5  s.  pour  peindre  son  image. 

A  l'occasion  des  prédications  de  Carême,  on  offrait  au 
prédicateur  un  tourteau  de  pain  et  une  écuellée  de  beurre, 
plus  18  livres  d'honoraires. 

En  1637,  les  Hyrlandais  furent  à  Douarnenez,  ce  qui 
occasionna  sans  doute  un  surcroît  de  dépenses  pour  les 
habitants,  car  le  compte  porte  :  «Avoir  preste  aux  parois- 
siens tant  des  champs  que  de  la  ville,  lorsque  les  Hyrlan- 
dais furent  en  ceste  ville,  42  livres  ». 

En  1639,  des  réparations  assez  considérables  sont  faites 
sur  l'église,  des  bois  sont  achetés  pour  cela  à  Saint- 
Alouarn,  en  Guengat,  et  20  sols  sont  dépensés  a  en  cinq 
aulnes  de  ruban  de  soy  aux  charpentiers  pour  leurs 
faveurs  ». 

En  1640,  les  vitres  sont  réparées  par  Mathieu  Bernard, 
peintre  (18  1.). 

En  1645,  Yves  Guenea,  peintre,  reçoit  40  1.  15  s.  pour 
peindre  le  dais  sur  le  grand  autel,  et  en  1650,  M^  Alain 
Madec,  peintre,  en  reçoit  145  livres  a  pour  avoir  fait  les 
deux  retableaux  des  autels  de  S^  Antoine  et  de  S^  Anne». 


* 
*  # 


—  110  — 

M.  du  Beautiez,  nous  apprend  que  Douamenez  envoyait 
un  député  aux  Etats  en  1613,  mais  que  ce  droit  à  la  dépu- 
tation  lui  fut  enlevé  vers  1666. 

En  1722,  un  député  de  Douamenez  se  présente  aux 
Etats,  mais  Tordre  du  tiers  prétend  qu'il  n*a  pas  le  droit 
d'y  assister  ;  les  Etats  chargent  une  commission  d'exami- 
ner les  titres  de  cette  ville,  et  concluent  au  rejet  des  pré- 
tentions de  Douamenez,  parce  que  dans  cette  localité  il 
n'y  a  eu  aucune  érection  de  communauté;  et  ce  ne  fut  que 
vers  1835  qu'une  commune  fut  créée  à  Douamenez,  fai- 
sant cesser  ainsi  les  conditions  anormales  dans  lesquelles 
s'administrait  jusqu'alors  une  paroisse  composée  de  deux 
groupes  de  personnes  :  les  paysans  et  les  marins  et  négo- 
ciants, dont  les  intérêts  étaient  absolument  divers  et  sou- 
vent contraires. 

Cet  état  de  chose  avait  été  de  tout  temps  l'occasion  de 
démêlés  pénibles  entre  Douamenez  et  Ploaré,  particuliè- 
rement lorsqu'il  s'agissait  d'établir  l'assiette  des  contri- 
butions. C'est  ainsi  qu'en  1737,  il  est  question  de  répartir 
entre  les  habitants  de  la  paroisse  600  1.  d'imposition.  Les 
délibérants  de  la  section  de  Ploaré  demandaient  que  la 
ville  prit  la  moitié  de  la  charge,  et  la  campagne  aurait 
pris  l'autre;  mais  les  délibérants  de  Douamenez  préten- 
daient au  contraire  que  cette  imposition  devait  s'établir 
sur  l'étendue  de  la  propriété  foncière,  et  ainsi  les  gens  de 
la  campagne  étaient  plus  grevés  que  ceux  de  la  ville.  Les 
paysans  répondaient  que  ce  n'était  pas  à  raison  de  l'éten- 
due du  terrain  qu'il  fallait  apprécier  le  revenu,  et  que  les 
quelques  mètres  de  terre  possédés  par  les  gens  de  Douar- 
nenez  avaient  plus  de  valeur  que  des  hectares  de  terre  à 
la  campagne.  Les  marins  répliquaient  que  leurs  revenus 
étaient  fort  aléatoires  et,  dans  le  mémoire  de  1737,  ils 
disaient  notamment  : 


—  m  — 

«  La  pêche  de  sardine  ayant  manqué  depuis  sept  à 
huit  ans,  les  a  réduits  dans  une  si  fâcheuse  extrémité 
qu'à  peine  peuvent-ils  subvenir  à  la  nourriture  de  leur 
famille  ;  à  joindre,  qu'étant  tous  classés  et  obligés  de  ser- 
vir Sa  Majesté  sur  ses  vaisseaux  à  sa  volonté  et  d'aban- 
donner à  cet  effet  leur  famille,  il  est  évident  qu'il  n'y  a 
aucun  parallèle  à  faire  de  gens  comme  eux  avec  ceux  de 
la  campagne,  qui  sont  tous  gens  riches  et  aisés  et  ont  sans 
contredit  plus  de  faculté  que  tous  ces  misérables  matelots 
et  autres  habitants  de  Douarnenez.  )) 

Quarante  ans  plus  tard,  la  différence  d'intérêts  entre 
Ploaré  et  Douarnenez  ne  faisant  que  s'accentuer,  le  «  géné- 
ral »  de  Douarnenez  s'adressa  au  Parlement  pour  obtenir 
d'avoir  au  moins  un  registre  spécial  et  des  séances  par- 
ticulières à  Sainte -Hélène  pour  débattre  ses  intérêts  ; 
nous  donnons  ici  cette  requête,  que  nous  ferons  suivre 
d'une  lettre  du  Curé  de  Ploaré,  rectifiant  au  besoin  les 
motifs  allégués  dans  la  requête. 

€  A  nos  Seigneurs  de  Parlement 

«  Supplie  humblement  le  général  de  Tisle  Tristan  et 
Douarnenez  sous  le  seing  de  M®  Daniel  Madezo,  notaire 
et  procureur  de  plusieurs  juridictions,  et  noble  homme 
Louis -Jean -Marie  Guillier  du  Marnay,  représentant  le 
dit  général  et  pour  cet  effet  nommé  par  délibération  du 
9  Décembre  1781,  demandeurs, 

((  Disant  que  le  prieuré  de  Douarnenez  et  l'isle  Tristan, 
est  un  prieuré  cure  et  à  charge  d'ûmes.  Le  Prieur  est  sei- 
gneur spirituel  et  temporel  dans  l'étendue  du  prieuré,  il 
est  gros  décimateur  à  la  12®  gerbe  non  seulement  des 
différentes  espèces  de  bled,  mais  encore  de  toutes  filasses 
qui  se  cueillent  dans  le  prieuré.  Ce  bénéfice  jouit  encore 
des  deux  tiers  de  la  dixme  de  la  paroisse  de  Pouldergat, 


—  H2  — 

des  deux  tiers  de  la  dixme  de  la  parcelle  de  Tretut  (Trelas) 
en  la  paroisse  de  Beuzec-Cap-Sizuo,  des  deux  tiers  de  la 
dixme  de  la  trêve  de  S<^  Eugen  en  la  paroisse  de  Primelin, 
le  tout  situé  en  rÉvéché  de  Quimper  ou  de  Cornouaille. 

«  Sans  entrer  ici  dans  Tarticulement  des  autres  revenus 
de  ce  prieuré,  Ton  voit  déjà  qu'il  équivault  aux  meilleures 
paroisses  du  diocèse,  en  ne  considérant  même  que  Tobjet 
lucratif,  cependant  le  général  ose  assurer  que  c*est  peut- 
être  le  bénéfice  le  plus  mal  desservi  de  toute  la  province. 

«  La  Cour  sera  sans  doute  étonnée  que  les  habitans  du 
prieuré  de  risle  Tristan  et  Douarnenez  ne  reçoivent  aucun 
secours  spirituel  de  leur  prieur,  il  n'entretient  ici  ni 
vicaire  ni  curé  dans  le  prieuré.  On  n'y  baptise  et  Ton 
n'enterre  point.  L'église  de  S^  Helaine  qui  en  est  la  prin- 
cipale église,  celle  de  S^  Michel  qui  en  est  dépendante, 
ainsi  que  la  chapelle  de  l'Hôpital  sont  regardés  comme  de 
simples  succursales  de  la  paroisse  de  Ploaré,  et  à  peine  se 
célèbre-t-il  une  messe  basse  les  dimanches  et  fesles  en 
l'église  de  S' Helaine  qui  est  encore  desservie  par  les  prê- 
tres de  la  paroisse  de  Ploaré,  à  des  heures  non  limitées  et 
cela  à  la  commodité  des  desservants,  tantôt  à  6  heures, 
tantôt  à  7,  et  souvent  à  8  heures.  Les  autres  secours  spi- 
rituels se  rendent  en  la  paroisse  de  Ploaré  où  les  habitans 
du  prieuré  sont  obligés  d'avoir  recours. 

«  Ces  mêmes  habitans  sont  cependant  exacts  à  payer  au 
prieur  ou  à  son  receveur  les  droits  qu'ils  doivent  à  ce 
bénéfice  tels  que  dixmes,  lods  et  rentes  et  autres  rede- 
vances, il  est  donc  injuste  de  leur  refuser  les  droits  spi- 
rituels attachés  à  ces  redevances  suivant  la  maxime  cons- 
tante :  nullum  beneflcium  nisi  propter  offlcium. 

((  Pour  expliquer  ce  fait  extraordinaire  voici  ce  qu'ap- 
prend l'ancienne  tradition  :  un  prieur  de  Douarnenez  fut 
nommé  à  la  paroisse  de  Ploaré  ;  il  était  aimé  de  ses  pre- 
mières ouailles,  il  les  engagea  à  consentir  à  une  union 


—  113  — 

tacite  à  la  paroisse  de  Ploaré,  union  qui  n*a  jamais  été 
formalisée  ni  légale,  union  contre  laquelle  le  public  est 
toujours  en  droit  de  réclamer  par  la  raison  qu'on  ne  peut 
prescrire  contre  lui,  union  enfin  par  laquelle  la  paroisse 
de  Ploaré  a  envahi  le  prieuré  de  Vile  Tristan  de  Douarne- 
nez  quant  aux  secours  spirituels  seulement  et  le  prieur, 
à' qui  cette  union  était  avantageuse,  a  continué  de  jouir 
dans  la  suite  de  la  partie  lucrative  du  bénéfice,  sans  en 
faire  la  desserte.  Telle  est  la  conclusion  naturelle  que  Ton 
a  tirée  de  la  tradition.  Mais  le  général,  qui  a  toujours  ses 
droits  entiers  et  imprescriptibles,  réserve  expressément 
de  se  pourvoir  contre  ces  abus  et  d'intéresser  en  sa  faveur 
la  bienveillance  de  la  Cour.  Le  seul  objet  qu'il  réclame 
aujourd'hui  est  de  demander  que  conformément  à  l'usage 
établi,  seule  prérogative  qu'on  lui  ait  laissée,  il  lui  soit 
accordé  d'avoir  un  registre  séparé  des  délibérations  pour 
le  prieuré  de  Douarnenez. 

((  Malgré  la  prétendue  union  du  prieuré  à  la  paroisse 
de  Ploaré,  les  habitants  de  Douarnenez  ont  toujours  joui 
de  la  faculté  d'avoir  un  corps  séparé  de  délibération  com- 
posé de  12  délibérants  choisis  et  nommés  parmi  les  habi- 
tants du  prieuré  pour  toutes  les  affaires  concernant  le  dit 
prieuré,  telles  que  pour  la  nomination  des  collecteurs  des 
rôles  des  capitations,  vingtième  et  fouages,  rôles  d'indus- 
trie, etc.,  nomination  de  sindic  tant  de  la  ville  que  des 
grands  chemins  et  tous  autres  objets  publics,  le  tout  par 
délibération  séparée  et  distincte  de  la  paroisse  de  Ploaré. 

«  Il  était  absolument  nécessaire  que  Tisle  de  Tristant  et 
Douarnenez  eut  son  corps  politique  distinct  de  celui  de 
Ploaré,  leurs  intérêts  sont  très  différents,  les  délibérations 
du  général  de  Douarnenez  roulent  souvent  sur  la  pèche, 
le  commerce  et  autres  matières  de  cette  espèce  qui  inté- 
ressent le  sort  et  le  bien-être  des  habitans.  Au  contraire, 
le  général  de  Ploaré,  composé  de  laboureurs,  ne  délibère 

BULLBTIN  DK  LA  COMMISSION  DIOCÏSAINB.  —  8*  aODée.  8 


—  114  — 

point  sur  de  semblables  objets.  C'est  donc  cette  diversité 
d'intérêt  qui  a  donné  lieu  d'établir  deux  corps  politiques 
pour  ces  deux  endroits  et  qui  a  fait  conserver  depuis  un 
temps  immémorial  cet  usage  utile. 

«  L'utilité  de  cet  établissement  sera  encore  plus  grande 
quand  les  suppliants  auront  leur  registre  particulier. 
Dans  rétat  actuel,  leurs  délibérations  se  tiennent  avec 
beaucoup  de  fatigue  et  de  peine.  Tous  les  membres  de 
leur  général  sont  choisis  parmi  les  habitants  de  Douarne- 
nez  et  ils  y  ont  leur  résidence;  cependant,  au  lieu  de 
s'assembler  à  S^  Hélaine,  qui  est  la  principale  chapelle 
de  Douarnenez  et  qui  est  située  dans  le  centre,  ils  sont 
contraints  de  se  rendre  à  Ploaré,  distant  d'un  quart  de 
lieue  de  Douarnenez;  si  le  même  jour  les  deux  corps  poli- 
tiques ont  des  délibérations  à  prendre,  alors  il  naît  de 
nouveaux  embarras,  de  nouvelles  entraves  et  souvent  des 
disputes  très  vives. 

((  Mais  par  une  continuation  de  l'abus  primordial  de  la 
prétendue  union  dont  on  se  plaint,  toutes  les  délibérations 
tant  du  prieuré  que  de  là  paroisse  de  Ploaré  ont  été  ins- 
crites sur  un  même  registre  d'où  sont  résultés  les  incon- 
vénients les  plus  essentiels  : 

«  \9  Une  désunion  constante  entre  le  général  du  prieuré 
et  la  paroisse  de  Ploaré  ; 

«  2<}  Une  confusion  embarrassante  pour  la  formation  du 
corps  politique  de  la  paroisse  de  Ploaré  ; 

((  30  Des  dissentions  fréquentes  dans  les  délibérations 
résultant  des  partis  opposés  que  formaient  les  habitants 
de  la  paroisse  et  ceux  du  prieuré. 

«  L'on  pourrait  ici  entrer  dans  le  détail  de  cette  espèce 
de  guerre  intestine,  et  articuler  les  faits  particuliers  qui 
ont  déjà  été  soumis  à  la  décision  des  tribunaux,  mais  on 
croirait  abuser  des  moments  précieux  de  la  Cour  en  fai- 
sant cette  analyse.  On  croit  avoir  suffisamment  prouvé 


—  115  — 

l'utilité  et  même  la  nécessité  d'accorder  au  général  du 
prieuré  un  registre  séparé  pour  ses  délibérations...» 

Par  arrêt  du  7  Juin  1782,  le  Parlement  avait  fait  droit  à 
cette  demande  moyennant  que  Ton  consultât  le  général 
de  Ploaré,  qu'on  obtint  son  agrément  pour  le  registre 
séparé  et  la  tenue  des  séances  du  prieuré,  en  l'église 
Sainte-Hélène. 

Lettre  à  ce  sujet,  du  24  Juin  1782,  du  recteur  de  Ploaré, 
M.  Clerc,  à  M.  de  la  Tour  : 

«  Mon  Révérend  Père,  les  bourgeois  de  Douarnenez  ont 
présenté  une  requête  pour  demander  au  Parlement  d'avoir 
un  registre  séparé  à  S^  Hélène  pour  inscrire  les  délibé- 
rations qu'ils  tiennent  pour  la  ville.  Pour  comprendre 
ceci,  il  faut  savoir  : 

«  1®  Qu'il  y  a  à  Ploaré  le  premier  et  grand  corps  politi- 
que pour  nommer  les  fabriques,  veiller  aux  affaires  des 
églises,  composé  de  six  paysans  et  six  Douarnenistes, 
dont  trois  bourgeois  et  trois  poissonniers,  voilà  ce  qui 
constitue  le  vrai  général  de  Ploaré  ; 

((  2o  Que  pour  les  affaires  particulières  de  la  campagne, 
comme  pour  imposer  la  capitation,  nommer  des  collec- 
teurs, des  députés  des  grands  chemins,  les  six  délibérants 
paysans  ont  en  outre  six  autres  paysans  qui  leur  sont 
adjoints,  ce  qui  forme  le  général  de  la  campagne  ;  et 
quand  il  est  question  des  mêmes  affaires  pour  Douarne- 
nez, les  six  délibérans  du  grand  corps  politique  s'adjoi- 
gnent six  Douarnenistes,  ce  qui  forme  le  général  de 
Douarnenez  ; 

«  3^  Ces  six  adjoints  soit  pour  la  campagne,  soit  pour 
Douarnenez,  sont  ordinairement  nommés  par  les  douze 
principaux  délibérants  du  grand  corps  politique.  Jus- 
qu'ici, les  affaires  particulières  soit  de  la  campagne,  soit 
de  Douarnenez  étaient  décidées  par  ces  douze  délibérants 


—  116  - 

du  second  ordre  respectivement  et  leurs  délibérations 
étaient  inscrites  sur  le  même  cahier  et  se  tenaient  à  la 
sacristie  de  Ploaré,  comme  les  délibérations  du  général 
de  Ploaré. 

((  Les  bourgeois  ne  veulent  plus  venir  pour  leurs  affai- 
res particulières  à  notre  sacristie,  ils  veulent  avoir  un 
cahier  séparé  et  tenir  leurs  délibérations  à  part  à  Douar- 
nenez,  voilà  l'objet  de  la  requête  qu'ils  ont  présentée  et 
qu'ils  ont  été  surpris  de  voir  suspendre  par  l'ordre  de  la 
communiquer  au  Recteur  et  au  général  de  la  paroisse  afln 
d'y  répondre.  Je  vois  que  les  paysans  ne  s'y  opposeront 
pas  probablement,  mais  qu'ils  demanderont  qu'il  ne  leur 
(Douarnenistes)  soit  permis  d'avoir  ce  cahier  que  pour  ce 
qui  concerne  la  ville,  c'est-à-dire  qu'ils  n'auront  aucunes 
archives  à  Douarnenez  autres  que  celles  qui  sont  à  la 
sacristie  de  Ploaré,  que  pour  ce  qui  concerne  les  affaires 
des  chapelles  de  S^  Hélène  et  S^  Michel,  la  nomination 
des  fabriques  d'icelles,  ils  seront  obligés  de  venir  se  join- 
dre comme  par  le  passé  aux  délibérations  des  paysans, 
qu'à  l'avenir  comme  par  le  passé,  ils  seront  fabriques  de 
Ploaré,  du  Rosaire  ô  leurs  années,  c'est-à-dire  :  cette  année 
un  bourgeois,  la  suivante  un  paysan,  l'autre  un  poisson- 
nier et  ensuite  un  bourgeois  pour  recommencer  le  rang, 
car  voilà  l'ordre  qui  se  garde  depuis  un  temps  immémo- 
rial. 

((  Vous  verrez  (dans  leur  requête)  qu'ils  tendent  à  faire 
une  trêve  à  Douarnenez,  à  obliger  Monseigneur  à  y  entre- 
tenir un  vicaire,  qu'ils  traitent  ce  prieuré  de  prieuré  cure, 
pendant  qu'il  n'y  a  jamais  été  fait  de  baptêmes,  que  c'est 
M.  Deceuille  qui  a  transféré  à  S^  Hélène  le  S*  Sacrement 
qui,  avant  que  S^  Hélène  fût  rebâtie,  était  à  S'^  Michel. 

«  J'ignore  où  ils  ont  été  pêcher  la  tradition  qu'un  rec- 
teur de  Ploaré  eut  le  prieuré,  jamais  je  n'ai  entendu  dire 
cette  anecdote.  )) 


117  — 


Là  Sardine 

Nous  ne  ferons  pas  l'histoire  de  la  pêche  de  la  sardine 
à  Douarnenez,  mais  nous  publierons  ici  deux  ou  trois  piè- 
ces qui  pourront  être  utiles  à  ceux  qui  entreprendraient 
ce  travail  intéressant. 

C'est  d'abord  une  délibération  du  général  du  mois  de 
Juin  1772,  par  laquelle  on  veut  obvier  aux  inconvénients 
que  l'on  a  remarqués  à  cet  usage  qu'ont  quelques-uns 
d'aller  coucher  sur  le  lieu  de  pêche,  afin  d'être  les  pre- 
miers à  prendre  la  sardine. 

((  Sur  la  demande  du  sieur  Louis -Guillaume  Cuiller 
Dumarnay,  acte  lui  est  donné  d'avoir  lait  publier  l'ordon- 
nance du  Roi  du  16  Août  1727,  aux  messes  matines  de 
Douarnenez  et  Tréboul,  qui  fait  défense  aux  maîtres,  com- 
pagnons et  pêcheurs  de  sardines,  de  mouiller  pendant  la 
nuit  dans  les  rades  où  se  fait  la  pêche,  leur  ordonne  de 
s'en  éloigner  au  moins  d'une  lieue,  à  peine  de  trente 
livres  d'amende  pour  la  première  fois,  et  de  punition 
corporelle  au  cas  de  récidive  ;  les  notables  et  délibérants 
de  Douarnenez  s'assembleront  pour  nommer  entre  eux  le 
nombre  de  maîtres  de  chaloupes  nécessaires  pour  veiller 
à  ce  que  aucune  chaloupe  n'y  contrevienne,  lesquels  maî- 
tres feront  leur  rapport  à  leur  tour  de  ceux  qu'ils  auront 
trouvés  mouillés,  et  ils  nommeront  six  petits  bateaux 
passagers  pour  desservir  les  chaloupes,  qui  seront  en  bon 
état,  et  bien  entretenues  et  auront  un  homme  capable  de 
les  conduire  en  tout  temps  où  besoin  sera,  et  tiendra  à 
flot,  et  seront  payés  par  chaloupe,  à  l'usage  que  les  nota- 
bles et  délibérants  régleront.  )) 

En  conséquence  de  cette  première  délibération,  «  le 
dimanche  26  Juillet  1772,  réunion  des  notables,  nobles 


—  118  — 

gens  :  Jérôme-Joachîm  Grivart,  S'  de  Kerstral,  Jacques- 
Vincent  Larcher,  Alain  Guillou,  François  L'Haridon, 
M«  Louis-Guillaume  Guillier  et  noble  homme  Jean  Ray- 
mon,  Guillaume  Tutor,  absent,  Bernard  Hascoet,  Jean  Le 
Moen,  Pierre  Le  Garrec,  Jacques  Urien,  Vincent  Urvoas, 
tous  délibérants,  assistés  de  M®  François  Porihel,  sieur  de 
Kerilis,  avocat  au  Parlement,  sénéchal  de  plusieurs  juri- 
dictions et  de  celle  du  prieuré  de  Tisle  Tristan,  lesquels, 
sur  la  remonstrance  du  S'  Dumarnay,  sont  d'avis  que  le 
nombre  des  petits  bateaux  passagers  soit  réduit  à^ix  des 
meilleurs,  savoir  :  ceux  de  Jeanne  Urien,  Marguerite 
Cloarec,  Catherine  Pocquet,  Marguerite  Poriel,  et  Jean 
Le  Gall  fils,  lesquels  seront  payés  à  raison  de  un  millier 
de  sardines  par  chaque  bateau,  chaque  année...  Seront 
au  service  du  public  et  tiendront  leurs  agrées  en  état.  » 
Pour  veiller  au  mouillage,  on  nomme  «  Jean  Goulaire, 
Daniel  Puziat,  Louis  Banalec,  Joseph  Quinquis,  Pierre 
Belbéoch,  Christophe  Cagean  et  Mathurin  Calédec.  » 

Mais  une  question  plus  grave  pour  la  pèche  était  celle 
de  remploi  de  la  drague,  que  les  Douarnenistes  voulaient 
empêcher,  mais  surtout  défendre  absolument  à  tout 
étranger. 

((  Le  30  Décembre  1742,  remontre  le  S'  Jean-François 
Hélias,  sindic  de  Douarnenez,  que  M«  Guy  Ricou,  procu- 
reur du  général  à  Quimper,  lui  a  envoyé  une  copie  de 
requête  que  Pierre  Larrour,  de  Brest,  a  mis  devant  les 
juges  de  l'admirauté  de  Quimper,  pour  avoir  permission 
de  draguer  dans  la  baie  de  Douarnenez,  et  pour  faire 
condamner  les  dits  habitants  pour  Tavoir  indiqué  contre- 
venant aux  déclarations  du  Roi,  au  sujet  de  la  dite  pêche. 

((  Les  délibérants  sont  d'avis  qu'on  consulte  trois  avo- 
cats à  la  Cour  pour  suivre  leurs  avis  contre  l'assignation 
donnée  par  Pierre  Larrour,  de  Brest,  au  général  de  Douar- 


—  119  — 

nenez,  au  sujet  de  la  pèche  de  la  drague  faite  dans  la  baye 
de  Doua  menez  par  le  dit  Larrour,  au  mois  de  Janvier,  et 
en  attendant  le  résultat  de  la  consulte  on  présentera 
requête  à  M^'  le  comte  de  Maurepas,  dans  laquelle  on  lui 
déduira  les  raisons  que  les  habitants  ont  de  s'opposer  à 
la  dite  pèche  et  le  tort  quelle  leur  fait  et  à  tout  le  pays.  » 

La  remontrance  suivante  du  S'  Grivart  au  District  de 
Pont-Croix,  le  26  Août  1790,  expose  d'une  manière  fort 
instructive  les  inconvénients  de  la  drague  à  DCfuarnenez  : 

((  La  pèche  est  une  des  branches  essentielles  du  com- 
merce maritime  de  la  France.  Celle  de  la  sardine  est  la 
plus  considérable  et  presque  la  seule  qui  se  fasse  sur  les 
côtes  de  Bretagne,  et  Tune  des  plus  importantes  de  tout 
le  royaume.  C'est  une  pépinière  d'excellents  marins  et  un 
moyen  bien  puissant  de  prévenir  ou  réparer  les  suites 
funestes  de  l'inaction  de  l'industrie  et  l'infécondité  du 
sol  que  nous  habitons. 

((  Une  ressource  aussi  intéressante  mérite  donc  l'atten- 
tion la  plus  sérieuse  et  toute  la  faveur  d'une  bonne  admi- 
nistration. Le  Gouvernement  est  toujours  frappé  de  cette 
vérité,  et,  adoptant  avec  empressement  toutes  les  vues 
d'amélioration  qui  lui  ont  été  présentées,  il  a  fait  pros- 
pérer ce  commerce  sous  la  protection  la  plus  spéciale  ;  il 
était  soumis  à  un  régime  général,  mais  des  raisons  de  loca- 
lité ayant  fait  sentir  l'inutilité  de  quelques  dispositions 
particulières,  il  en  a  été  fait  en  faveur  de  Douarnenez, 
qui  en  paraissait  seul  ou  du  moins  le  plus  susceptible. 

«  La  sardine,  fixée  pendant  l'hiver  dans  des  climats 
plus  doux,  aborde  ordinairement  nos  côtes  vers  la  fm  du 
printemps,  et  parcourant  dans  son  extrême  inconstance 
une  grande  latitude,  elle  prolonge  ou  précipite  ses  petits 
séjours  dans  les  havres  qui  la  reçoivent,  suivant  qu'elle  y 
trouve  aussi  plus  ou  moins  d'abri  ou  de  subsistance. 


—  120  — 

«  On  croit  généralement,  et  c'est  un  préjugé  fondé  sur 
la  raison  et  confirmé  par  Texpérience,  qu'un  fond  couvert 
de  gouesmon  et  autres  végétaux  et  comme  d'une  espèce 
de  gazon  maritime  est  aussi  plus  propre  à  fixer  ce  pois- 
son volage  dans  sa  course  vagabonde.  Cette  raison,  beau- 
coup moins  appréciée  dans  les  autres  ports,  dans  les  baies 
ouvertes  à  tous  les  hazards  de  la  mer  et  des  tems,qui  sont 
à  la  merci  de  fréquentes  tempêtes  qui  les  désolent,  a  été 
vivement  sentie  par  les  habitants  de  Douarnenez,  qui  ont 
l'avantage  d'avoir  une  baie  close,  à  l'abri  de  tous  les  tems 
et  une  des  plus  belles  qu'il  y  ait  au  monde,  comblée  par 
son  site  heureux  de  tous  les  dons  de  la  nature.  Il  ne  fallait 
plus  qu'apprendre  à  en  profiter  et  à  les  respecter. 

((  Les  marins  de  cette  ville,  égarés  par  une  mauvaise 
combinaison  ou  plutôt  entraînés  par  l'intérêt  du  moment, 
qui  est  presque  toujours  incapable  de  calculer,  s'étaient 
accoutumés  à  draguer  aussi  dans  leur  baie,  comme  c'en 
est  l'usage  ailleurs.  Bientôt,  une  funeste  expérience,  une 
disette  totale  de  pêche  pendant  plusieurs  années  leur 
apprit  enfin,  quoiqu'un  peu  tard,  les  suites  de  leur  mal- 
heureuse imprudence;  dès  lors,  ils  prirent  le  parti  d'y 
renoncer  à  l'avenir,  sollicitèrent  et  obtinrent  un  règle- 
ment bien  sage  qui  défend  de  draguer  dans  la  baie  de 
Douarnenez,  à  peine  de  fortes  amendes  et  de  punitions 
exemplaires  en  cas  de  récidive. 

((  Jusqu'ici,  on  avait  peu  d'exemples  de  contravention 
à  cette  loi,  deux  ou  trois  saisies  seulement  avaient  signalé 
la  surveillance  de  nos  marins.  Une  satisfaction  plus  écla- 
tante que  rigoureuse  semblait  avoir  suflisamment  vengé 
l'intérêt  public  dans  un  tems  où  la  loi  n'osait  punir  les 
fautes  quand  un  homme  en  place  l'avait  commise  ou 
suggérée.  La  même  habitude  a  été  continuée;  si  les  preu- 
ves ont  été  plus  difficiles  à  acquérir,  elles  n'ont  du  moins 
point  été  impossibles.  Les  citoyens  de  Crozon,  cultivateurs 


—  121  — 

et  marins,  voyaient  avec  douleur,  depuis  longtems,  plu- 
sieurs batteaux  de  Brest  draguer  sur  leur  côte,  qui  est 
aussi  dans  la  baie  de  Douarnenez,  et  résolurent  enfin  de 
s'opposer  avec  vigueur  à  ces  odieux  brigandages.  Le 
20  Mai  dernier,  témoins  encore  de  deux  ou  trois  cha- 
loupes qui  draguaient  sous  leurs  yeux,  ils  convinrent  de 
s'armer  sous  l'autorité  du  chef  des  gardes  nationales,  dont 
ils  étaient  tous  membres  et  de  les  chasser  de  suite  pour 
s'en  emparer.  Le  commandant  leur  donne  des  fusils  et 
des  cartouches,  et  déjà  ils  sont  à  la  voile,  sous  le  com- 
mandement d'un  lieutenant  de  leur  compagnie  et  dans 
deux  chaloupes  qui  faisaient  route  ensemble.  Le  premier 
bateau  dragueur  qu'ils  atteignirent  se  rendit  sans  résis- 
tance; le  second,  au  contraire,  fuyait  à  toutes  voiles, 
malgré  les  interpellations  des  gardes  nationales.  Ces  gar- 
des, qui  avaient  une  mission  à  remplir  et  charge  expresse 
de  s'en  emparer  pour  constater  leurs  faits  et  pouvoir  les 
reconnaître,  tirèrent  enfin,  d'abord  à  poudre,  puis  à 
balles,  sur  le  refus  le  plus  obstiné  d'obtempérer.  La  balle, 
dirigée  sur  la  coque  du  batteau,  portant  plus  haut  soit 
par  fausse  direction  ou  par  l'ondulation  de  l'eau,  frappa 
à  l'épaule  un  homme  de  l'équipage,  qui  se  rendit  alors,  et 
ces  deux  chaloupes  furent  conduites  à  Morgat  et  les  équi- 
pages à  Crozon,  où  la  Municipalité,  spécialement  chargée 
de  veiller  aux  intérêts  de  la  commune,  refusa  absolument 
de  prendre  connaissance  de  cette  affaire.  Cette  contraven- 
tion n'a  eu  aucune  suite  quoiqu'elle  soit  des  plus  punis- 
sables, et  ces  gardes  nationales  sont,  au  contraire,  tra- 
duites en  justice  pour  avoir  fait  leur  devoir  et  obéi  en 
punissant  de  mauvais  citoyens. 

«  Je  requiers  que  vous  invitiez  MM.  du  Département  à 
prendre  dans  la  plus  sérieuse  considération  l'affaire  dont 
il  s'agit,  et  à  faire  exécuter  avec  la  plus  rigoureuse  exac- 
titude la  loi  qui  deffend  de  draguer  dans  la  baie  de  Douar- 
nenez.  Jérôme  Grivart.  » 


—  122  — 

Une  autre  question  préoccupait  encore  les  pécheurs  de 
la  côte,  et  depuis  plus  d'un  siècle,  elle  attend  toujours 
une  solution,  c'était  la  question  de  la  sardine  espagnole. 
Le  District  de  Pont-Croix  en  parlait  en  ces  termes  dans 
sa  séance  du  17  Septembre  1790  : 

((  L'assemblée,  doublement  ailectée  des  pertes  considé- 
rables et  fréquentes  que  font  les  armateurs  dans  les  ports 
maritimes  et  surtout  dans  ceux  de  ce  district,  par  la  con- 
currence des  poissons  étrangers  avec  ceux  de  pèche  natio- 
nale, par  la  facilité  qu'ont  les  uns  d'importer  des  morues, 
et  les  autres  la  facilité  meurtrière  d'introduire  frauduleu- 
sement des  sardines  espagnoles  en  France  à  l'aide  de  la 
franchise  de  Bayonne,  a  arrêté  d'inviter  MM.  du  Départe- 
ment à  solliciter  de  l'Assemblée  nationale  un  décret  qui 
porte  :  i^  la  suppression  de  tous  les  droits  d'entrée  dans 
les  places  de  consommation  sur  les  poissons  de  pêche 
nationale,  notamment  sur  les  sardines  ;  2»  la  prohibition 
la  plus  absolue  de  tous  poissons  de  pèche  étrangère  qui  ne 
sont  pas  nécessaires  à  l'approvisionnement  du  royaume.  » 

Le  sieur  Grivart,  procureur  du  District,  avait,  peu  aupa- 
ravant, proposé  une  autre  mesure  de  répression  pour  un 
abus  encore  plus  funeste,  la  distribution  de  l'eau-de-vie 
à  bon  marché.  S'adressant  aux  membres  du  District, 
assemblés  le  2  Août  1790,  il  leur  disait  : 

((  J'ai  l'honneur  de  déférer  à  votre  bienfaisante  sur- 
veillance un  abus  destructeur  de  l'humanité  et  qui  fait  de 
jour  en  jour,  dans  la  municipalité  de  Douarnenez,  des 
progrès  effrayants.  Avant  l'ouverture  de  la  pèche,  on  ne 
connaissait  point  dans  toute  son  étendue  le  malheur  d'a- 
voir des  eaux-de-vie  à  bas  prix  ;  mais  à  peine  les  arme- 
ments ont-ils  été  commencés,  que,  malgré  les  succès  peu 
favorables  de  la  pèche,  le  peuple,  excité  par  l'incroyable 
facilité  de  s'ennivrer,  a  abondé  dans  le  bureau  de  distri- 


—  123  — 

bution  pour  satisfaire  le  besoin  de  son  intempérance.  Un 
usage  constant  et  plus  religieusement  observé  jusqu'ici, 
défendant  toute  distribution  le  jour  des  dimanches,  parce 
que  la  sagesse  prescrivant,  sans  doute,  de  consacrer  ce 
jour  à  s'acquitter  des  devoirs  d'une  pieuse  reconnais- 
sance, la  régie  s'abstient,  en  effet,  de  toute  distribution  ; 
mais  l'abus  n'en  subsista  pas  moins  dans  son  entier. 

((  Les  débitants  s'approvisionnent  par  pièces  énormes, 
distribuent  tous  les  jours  indistinctement  à  30  sols  la 
pinte,  et  en  font  une  immense  consommation.  Il  en  ré- 
sulte que,  tous  les  jours  de  fêtes  et  dimanches,  Douarne- 
nez  est  plein  de  furieux,  capables  de  se  livrer  à  tous  les 
excès  des  passions  incitées  par  l'intempérance.  Lundi,  un 
homme  yvre  de  la  ville  est  tombé  à  la  mer  en  manœuvrant 
et  se  noya  ;  le  même  malheur  vient  d'arriver  ce  matin. 
Pour  peu  que  la  pèche  devienne  favorable,  ce  sera  celui 
de  tous  les  jours.  Je  requiers  donc  que  vous  sollicitiez 
sur-le-champ  de  MM.  les  Administrateurs  du  Départe- 
ment la  défense  expresse  tant  à  la  régie  qu'à  tout  débi- 
tant de  débiter  des  eaux -de -vie  les  jours  de  fêtes  et 
dimanches,  à  Douarnenez  principalement,  et  dans  l'éten- 
due du  District,  à  peine  de  200  livres  d'amende.  ))  Adopté. 


Les  débuts  de  la  Révolution 
A  Douarnenez 

La  Constitution  civile  du  clergé  et  le  remplacement  des 
pasteurs  légitimes  par  des  assermentés  ne  furent  pas 
accueillis  favorablement  par  les  habitants  de  Douarnenez. 
On  en  jugera  par  les  documents  qui  vont  suivre,  extraits 
des  Archives  départementales.  Le  sieur  Guiller,  dans  une 
lettre  au  Département,  datée  du  16  Mai  1791,  rend  ainsi 
compte  de  l'état  des  esprits  : 


—  124  — 

«  Je  crois  devoir  vous  donner  avis  que  les  réfractaires 
ecclésiastiques,  loin  de  renoncer  à  leurs  manœuvres  per- 
fides, redoublent  lourdement  leurs  eflorts  pour  porter  le 
trouble  et  Tinsurrection  dans  les  paroisses. 

((  Des  lettres  circulaires  se  répandent  avec  profusion, 
les  assemblées  se  multiplient,  les  discours  incendiaires  se 
prêchent  sans  retenue,  l'on  court  les  villages  pour  s'y  faire 
des  partisans. 

((  Samedi  dernier,  M.  Le  Normand,  vicaire  de  cette 
paroisse,  reçut  une  lettre  très  étendue  remplie  d'invec- 
tives et  d'atrocités  contre  M.  Expilly  fce  loup  cervier  qui 
se  présente  sous  la  peau  d'un  berger  pour  égorger  le  trou- 
peau de  Jésus-Christ)  pleine  d'horreurs,  d'abominations 
contre  la  Constitution,  d'ana thèmes  contre  les  assermen- 
tés, et  de  prières,  de  caresses,  de  promesses  pour  ceux 
qui  auraient  encore  le  courage  de  se  rétracter  ;  on  les 
conjure,  au  nom  de  l'amitié  de  la  religion,  au  nom  de 
tant  d'âmes  malheureuses  que  les  jureurs  précipitent  avec 
eux  dans  les  enfers,  etc.  Cette  lettre  est  anonyme  ;  mais 
comme  il  y  en  a  beaucoup  de  semblables,  on  y  a  reconnu 
le  style  de  Cossoul  et  l'écriture  de  Silguy,  petit  docteur 
de  Paris,  vieille  cohue  au  bout  de  laquelle  est  son  nom. 

«  Ils  n'écrivent  plus  en  maîtres,  ils  tutoient,  ils  em- 
brassent :  toi,  le  meilleur  de  nos  amis,,.,  le  plus  cher  de 
mes  condisciples,.,  toi,  le  plus  sage,  le  plus  pieux,  le  plus 
achevé  des  ecclésiastiques,  etc. 

«  Notre  ci-devant  recteur,  M.  Clerc'h,  parti  mardi  pour 
Quimper,  est  depuis  mercredi  avec  son  curé,  Gloaguen,  à 
Poullan.  La  pâque  s'y  est  donnée  hier  aux  enfants  de  cette 
paroisse.  Notre  recteur  avait  préparé  de  loin  ses  batteries, 
il  y  a  attiré  quantité  d'enfants  de  Ploaré  et  de  Douarnenez. 
M.  La  Rufie  n'était  resté  ici  après  les  deux  autres  que 
pour  courir  les  villages  et  exhorter  les  parents  à  mener 
les  enfants  à  cette  pftque;  aussi  le  nombre  des  commu- 


-  125  — 

niants  y  fut-il  considérable.  L'office  y  fut  des  plus  bril- 
lants par  le  nombre  prodigieux  de  réfractaires  qui  y 
étaient  et  de  nos  Douarnenistes,  qui  n'approchent  plus  de 
nos  églises  et  n'ont  plus  les  offices  qu'à  PouUan  et  Tré- 
boni,  où  on  leur  donna  hier  l'assurance  qu'on  retarderait 
la  messe  et  les  vêpres  pour  les  attendre...  » 

Les  anciens  pasteurs  n'ayant  plus  la  libre  disposition 
de  leurs  chaires  pour  instruire  les  fidèles,  devaient  s'in- 
génier pour  les  prémunir  contre  les  fausses  doctrines  des 
intrus.  Le  moyen  le  plus  naturel  et  le  mieux  approprié  au 
caractère  breton  et  à  l'absence  presque  totale  de  publica- 
tions périodiques,  à  cette  époque,  était  de  faire  chanter, 
par  des  chanteurs  ambulants,  des  chansons  composées 
pour  jeter  de  la  déconsidération  sur  la  Constitution  et 
pour  donner  aux  fidèles  une  règle  de  conduite  à  tenir 
vis-à-vis  des  prêtres  schismatiques  par  rapport,  tout  spé- 
cialement, à  la  réception  des  sacrements. 

A  Douarnenez,  une  fille  courageuse  avait  bien  voulu 
accepter  la  mission  de  chanter  dans  la  ville  et  aux  envi- 
rons des  chansons  composées  dans  ce  but. 

Les  délibérations  qui  suivent,  du  District  de  Pont-Croix 
et  de  la  Municipalité  de  Douarnenez,  témoignent  assez  du 
dévouement  de  cette  humble  fille  dans  l'accomplissement 
de  cette  tâche  périlleuse. 

€  District  de  Pont-Oroix,  —  Séance  du  5  Septembre  Î79I. 

«  Vu  l'arrêté  de  la  Municipalité  de  Douarnenez,  du 
27  Août,  et  les  copies  des  quatre  chansons,  trois  en  fran- 
çais, une  en  breton,  qu'elle  a  saisies  dans  les  mains  de  la 
fille  Coublanc. 

((  Considérant  qu'il  n'est  rien  de  plus  important  et  de 
plus  digne  de  fixer  la  vigilance  de  l'administration  que 


—  126  -- 

toutes  les  manœuvres  dirigées  par  les  eanemis  du  bien 
public  pour  entretenir  la  fermentation  et  troubler  même 
le  bon  ordre  ; 

((  Considérant  que  cette  chanson  bretonne  ne  tend  qu'à 
avilir  les  autorités  constitutionnelles,  et  celle  surtout  dont 
le  discrédit  est  à  la  fois  le  but  et  l'espérance  de  tous  les 
mauvais  citoyens, 

((  Arrête  que  les  pièces  saisies  seront  adressées  au 
Département  pour  qu'il  juge  si  on  doit  dénoncer  les  chan- 
sons à  l'accusateur  public  ou  au  simple  tribunal  de  cor- 
rection. Les  principes  contenus  dans  la  chanson  bretonne 
ont  paru  au  Directoire  très  criminels.  » 

Voici  l'extrait  de  la  délibération  du  27  Août  prise  par 
la  Municipalité  de  Douarnenez  à  cette  occasion  : 

(i  ...S'est  présenté  Jacques  Olivier,  marin  chez  M°>«  Ca- 
p'elle  et  cordier,  lequel  dépose  avoir  entendu  Marie- 
Jeanne  Coublanc  chanter  une  chanson  incendiaire  contre 
les  ecclésiastiques  assermentés,  à  Kerlosquet  et  dans  la 
maison  de  Marie-Jeanne  Guyader,  samedi,  vers  les  10  heu- 
res du  soir.  Mandée  à  la  Municipalité,  Marie-Jeanne  Cou- 
blanc,  priée  de  livrer  les  chansons  chantées,  déclare  ne 
les  avoir  pas  ;  mais,  sur  la  menace  d'être  fouillée  par  des 
femmes,  elle  a  laissé  tomber  à  terre  quatre  chansons, 
qu^elle  a  déclaré  avoir  trouvées  sur  la  rue.  » 

La  chanson  bretonne  n'a  pas  de  titre;  elle  compte  trente 
et  un  couplets,  dont  nous  donnons  ici  quelques-uns  des 
plus  caractéristiques. 


-  127  - 


Ma.  breudeur  quer  a  Francisien, 
Chetu  c'hui  oll  da  virviquen 
Frivet  eus  a  bep  avantaj 
Evit  beza  en  esclavaj. 

Tud  temerer  hag  impudant, 
Servicherien  d'an  arraoïiant, 
A  vers  hirio  ann  ilisou 
Hac  a  sispen  an  auteriou. 

Pevar  Eskop  louerien 
  gante  certen  beleyen 
Ëp  fee,  nac  enor,  na  raison, 
  drahis  ar  relijion. 

Ann  darn  vras  eus  ar  veleyen, 
Ferm  en  o  relijion  christen, 
Eleac'h  ober  al  le  criminel, 
A  so  bet  d'an  Ilis  fidel. 

Clevet  o  heus,  ep  mar  ebet, 
O  deiis  tregont  Escop  scrifet 
Da  consulti  an  Tad  Santel 
Ar  Pab,  eus  a  Jésus  viqucl. 

Ar  Pap,  gant  ar  Salver  laquet, 
Ar  henta  eus  a  bastorel. 
Eus  an  Ilis  ar  pen  visibl. 
D'or  malheuriou  a  so  sensibl. 

E  Rom  uguent  eus  Cardinalet, 
A  vezo  gantba  asserablet, 
O  deuz  cxaniinet  pis 
Constitution  an  Ilis. 

N'o  devcuz  remcrquet  enni 
Nemet  traou  control  d'ar  fei, 
Nemet  peb  sort  erroliou 
Capabl  da  gol  an  eneou. 

Goudrons  a  ra  sur  punissa 
Ar  re  refus  en  em  rcnta 
Dn  dislavaret  ho  sermant 
Hac  heb  dale  publicamant. 


Chers  frères  et  Français, 
Vous  voici  tous  à  jamais 
Privés  de  tout  avantage 
Et  tombés  en  esclavage. 

Des  gens  téméraires  et  impudents. 
Suppôts  du  démon. 
Mettent  les  églises  à  l'encan 
Et  renversent  les  autels. 

Quatre  Evéques  assermentés, 

El  avec  eux  certains  prêtres 

Sans  foi,  sans  honneur,  sans  bon  sens, 

Ont  trahi  la  religion. 

La  plupart  des  prêtres. 

Fermes  en  leur  religion. 

Au  lieu  de  faire  le  serment  criminel 

Sont  demeurés  fidèles  à  l'Eglise. 

Vous  avez  sans  doute  appris 

Que  trente  Evéques  ont  écrit 

Pour  consulter  Notre  St-Père  le  Pape, 

Vicaire  de  Jésus -Christ. 

Le  Pape,  chef  visible  de 
L'Eglise,  a  été  fort  sensible 
A  nos  malheurs. 


A  Rome,  vingt  cardinaux  ont  été 
Par  lui  assemblés 
Pour  examiner  la  Constitution 
Civile  du  Clergé. 

Ils  n'y  ont  noté  que  des 
Erreurs  et  des  hérésies  capables 
De  perdre  les  âmes. 

Le  Pape  a  menacé  de  punir 
Ceux  qui  refusent  de  lui  obéir 
En  rétractant  publiquement 
EU  promptement  leur  serment. 


128  — 


Daou-ugent  de  eo  an  termen 
Accordet  d'an  ol  touerien  ; 
Ha  goudese,  heh  gras  ebet, 
O  vecint  ol  excommuniet. 

Recevet  o  deus  o  fartach. 
Collet  o  deus  o  heritig  ; 
Guechal  ministret  Jesus-Christ, 
Hirio  er  int  d'an  Antéchrist. 

llis  Doue  no  anav  mui 
Evit  pastoret,  mes  blelsî. 
Père,  dre  ardou  criminel, 
A  fel  daonin  ar  bobl  fidcl. 

Laquet  evcs,  ma  breudeur  quer, 
Mar  querit  o  silvidiguez, 
Diwalit  eta  pis  oute 
Pe  e  colit  sur  oc'h  ene. 

Malheur  deoc'h  m'ar  heuliet 
Ar  veleyen-se  milliguet, 
M'ar  assistet  en  o  offisou, 
A  mêmes  en  o  offerennou. 

Chomet  quentoch  eb  oferen, 
Eb  confessi  gant  touerien, 
Rac  convers  gant  tud  criminel 
A  vct  certen  pehct  marvel. 


40  jours  sont  accordés  à  tous  les  jureurs 
Comme  terme  extrême. 
Lequel  expiré,  ils  seront  tous 
Excommuniés  sans  rémission. 

Us  auront,  dés  lors,  reçu  la  part 
Qui  leur  revient,  leur  héritage 
Sera  perdu  ;  autrefois  ministres  de  J.-C . , 
Us  le  seront  maintenant  de  l'Antéchrist. 

L'Eglise  de  Dieu  ne  les  reconnaît  plus 
Pour  pasteurs,  mais  pour  des  loups 
Qui,  dans  leur  ardeur  criminelle. 
Veulent  damner  le  peuple  fidèle. 

Faites  attention,  mes  chers  frères. 
Si  vous  voulez  vous  sauver 
Soyez  en  garde  contre  eux 
Ou  vous  perdrez  votre  Ame. 

Malheur  à  vous  si  vous  suivez 
Ces  prêtres  maudits,  si  vous 
Assistez  à  leurs  offices 
Ou  même  à  leurs  messes. 

Restez  plutôt  sans  messe. 
Sans  vous  confesser  avec  les  jureurs. 
Car  converser  avec  cette  gent  criminelle 
Est  certainement  un  péché  mortel. 


Les  citoyens  patriotes  de  Douarnenez,  ou  les  citoyens 
constitutionnels  comme  ils  se  nommaient  eux-mêmes, 
étaient  fort  peu  rassurés  en  se  voyant  si  peu  nombreux  au 
milieu  d'une  population  de  marins  si  attachée  aux  vieilles 
croyances.  Le  11  Septembre  1791  (1),  ils  en  écrivirent  au 
Département  pour  lui  faire  part  de  leurs  inquiétudes  : 

((  Il  est  sans  doute  désolant  pour  de  bons  citoyens,  amis 
du  bien  public  et  sincèrement  attachés  à  leurs  concitoyens, 


(1)  L.  U6. 


—  129  — 

de  dévoiler  Tingratitude  dont  ces  derniers  payent  les 
égards  et  les  services  continuels  que  leur  rendent  les  pre- 
miers, de  dénoncer  des  intentions  suspectes,  des  com- 
plots, des  menaces  qu'ils  manifestent  journellement  con- 
tre les  patriotes.  Mais  il  est  des  circonstances  où  l'intérêt 
général  et  le  salut,  peut-être,  d'une  ville  ne  permettent 
plus  de  temporiser. 

((  Jamais,  Messieurs,  nos  marins  en  général  n'ont  été 
partisans  de  la  Révolution.  Esclaves  en  naissant,  élevés 
de  même,  courbés  de  tout  temps  sous  le  poids  de  leurs 
chaînes,  naturellement  brutaux,  incapables  de  réflexion 
sur  l'ignominie  de  leur  avilissement,  les  nobles  et  les 
prêtres  sont  les  seules  divinités  devant  lesquelles  ils  flé- 
chissent par  terreur  et  qu'ils  encensent  par  ignorance  ; 
aussi,  maîtres  de  cette  classe  d'hommes  qui  forme. les  sept 
huitièmes  de  la  population,  les  nobles  et  les  prêtres  l'ont 
d'abord  égarée,  séduite,  et  si  par  eux-mêmes  ils  n'osent 
mettre  la  dernière  main  à  leur  corruption  et  semer  ouver- 
tement le  trouble  et  la  sédition,  des  agents  secrets  redou- 
blent d'eflorts. 

«  Tant  que  nos  marins  ne  se  sont  aflectés  qu'à  plaisan- 
ter les  couleurs  nationales  ;  qu'ils  ne  se  sont  portés  qu'à 
refuser  la  cocarde  ;  tant  qu'ils  ne  se  sont  opposés  qu'à 
concourir  aux  gardes  établis  les  dimanches  et  fêtes,  en 
temps  de  pêche,  pour  le  maintien  de  Tordre  ;  tant  qu'au 
mépris  de  notre  religion  sainte  ils  n'ont  fait  qu'abandon- 
ner l'office  paroissial  pour  courir  furtivement  à  la  suite 
du  clergé  réfractaire,  paisibles  observateurs  de  leurs 
mouvements,  nous  avons  couvert  leur  égarement,  leur 
sottise^du  plus  scrupuleux  silence  ;  réduits  à  un  très  petit 
nombre,  nous  avons  fourni  au  service  requis  de  la  totalité 
des  habitants. 

«  Mais,  aujourd'hui  que,  se  jouant  de  notre  complai- 
sance, ils  ridiculisent  notre  attachement  à  la  Constitution, 

Bdllbtin  db  la  Commission  diocMsainb.  —  8*  année.  9 


—  130  — 

ils  interdisent,  par  la  coalition  la  plus  contraire  à  Tordre, 
le  droit  de  voter,  rentrée  même  des  assemblées  primaires 
au  reste  des  citoyens  actifs  ;  qu'ils  se  déclarent  ne  rece- 
voir à  ces  assemblées  que  les  partisans  du  vieux  régime  ; 
qu'ils  menacent  jusqu'aux  Officiers  municipaux  qui  por- 
tent la  cocarde  nationale,  nous  requérons,  Messieurs, 
qu'ayant  égard  au  danger  que  courent  une  quarantaine 
de  citoyens  constitutionnels,  seuls  dans  Douarnenez  et 
entourés  de  cinq  à  six  cents  marins  ennemis  de  la  Révo- 
lution, vous  ayez  à  statuer  sur  le  parti  le  plus  efficace 
pour  rétablir  l'ordre  dans  Douarnenez.  » 

Le  27  Septembre  1791,  un  nouveau  grief  contre  les  prê- 
tres réfractaires  était  porté  à  la  connaissance  de  la  Muni- 
cipalité de  Douarnenez  : 

«  . . .Entré,  le  sieur  Guiller  a  dit  que  dimanche  25  cou- 
rant, lors  du  dernier  son  de  la  seconde  messe  à  Sainte- 
Hélène,  des  personnes  de  l'ancien  régime  croyant  avoir 
la  messe  de  M.  La  Rufie,  prêtre  non  conformiste,  venu 
pour  y  dire  la  messe,  s'étaient  tous  rendus  avec  le  peuple 
dans  la  dite  chapelle,  ainsi  que  le  sieur  La  Rufie  ;  mais, 
lorsqu'ils  virent  M.  Auffret  (1),  l'un  des  prêtres  constitu- 
tionnels, l'aller  dire,  le  sieur  La  Rufie,  sortant  avec  pré- 
cipitation de  l'église,  fut  suivi  de  ces  personnes  dont 
l'exemple  entraîna  dehors  une  foule  de  citoyens  des  deux 
sexes,  et  notamment  on  vit  sortir  des  premiers  le  sieur 
Halna,  sa  dame  et  toute  sa  maisonnée.  Cette  démarche 
scandaleuse  indigna  beaucoup  de  citoyens  présents,  mais 
fut  imitée  par  beaucoup  d'autres  qui  affectèrent  de  rester 
près  de  l'église  pour  attendre  que,  la  messe  du  sieur  Auf- 
fret finie;  M.  La  Rulic  commençât  la  sienne  ;  et  ils  ren- 


(1)  Julien  AuITret,  oé  au  Faouet  le  7  Mars  1759,  mourut  à  Douarnenez 
le  25  Février  18S5. 


—  131  ~ 

trèrent  alors  en  foule  dans  Téglise.  Que  ce  scandale  cesse.  » 
Le  Conseil  municipal,  vu  cette  pétition  du  sieur  Cuiller, 
ordonne  qu'on  la  communiquera  au  District  de  Pont- 
Croix. 

Recteurs  de  Ploaré 

1512.  Hervé  de  Lézongar  ;  était  également  recteur  de 

Fouesnant,  Penhars  et  Pleyben. 

1538.  Décès  de  Chateautio  ;  recteur  également  de 

Moêlan. 

1544.  Décès  de  Louis  de  La  Jaille,  recteur. 

1580.  Alain  Le  Joncourt. 

1596.  Hervé  Kergonan. 

1602.  Guillaume  Petit. 

1615.  Décès  de  Hervé  Guéguen. 

1615-1639.  Jean  Capitaine. 

1640-1656.  Henri  Guéguennou. 

1657-1675.  Jérôme  Paillarl. 

1676-1706.  Guillaume  Paillart. 

1708-1722.  François-Hyacinthe  de  la  Fruglaye  ;  était  éga- 
lement recteur  de  Crozon,  de  1717  à  1722,  puis  seule- 
ment recleur  de  Crozon,  d*où  il  fut  nommé  évéque  de 
Tréguier  en  1731.  Mourut  en  1745. 

1722-1724.  Guillaume -Corentin  de  la  Boissière  ;  devint 
chanoine  de  Quimper. 

1725-1726.  Charles-Pierre  Huchet. 

1742-1747.  Bernetz. 

1748-1758.  Jean -François -Joseph  Kersauzon  de  Penan- 
drefï. 

1759-1770.  Le  Brun,  vicaire,  devient  recteur. 

1771-1776.  Du  Parc. 

1776-1791.  Charles -César  Le  Clec'h  ;  déporté  en  rade  de 
d'île  d'Aix,  il  y  mourut  en  1794. 


—  132  — 

Pendant  la  Révolution,  Ploaré  eut  pour  curé  consti- 
tutionnel Clet  Bourbe,  d'Audierne,  qui  était  professeur 
de  physique  au  collège  de  Quimper,  lorsqu'il  fut  élu 
curé  de  Ploaré,  où  il  fut  maintenu  au  Concordat,  et  y 
mourut  le  18  Juin  1809. 

1809-1839.  Jean  Guezengar,  de  Plogolï. 
1839-1869.  Charles  Boga,  de  Plouézoc'h. 
1869-1875.  Yves-Marie  Pouliquen,  de  Guiclan. 


Curés  de  Douarnenez 

La  cure  fut  transférée  de  Ploaré  à  Douarnenez  le  27  Juin 
1875,  et  la  consécration  de  la  nouvelle  église,  dédiée  au 
Sacré-Cœur,  eut  lieu  le  16  Septembre  1877. 

1875-1881.  Jean-Marie  Pouliquen,  ancien  Curé  de  Ploaré. 
1881-1891.  Jean-Louis  Le  Duc,  de  Plougoulm. 
1891-1895.  Victor  Bourlé,  de  Quimper. 
1894.  Paul-Marie  Aulïret,  de  Plougoulm. 

VicAmEs  DE  Douarnenez 


1875. 

Jean-Claude  Coat,  ancien  \ 

icaii 

1873. 

Alain-Marie  Le  Meur, 

id. 

1875. 

François  Billant, 

id. 

1875. 

Jacques  Colin, 

id. 

1876. 

Louis  Le  Roux. 

1879. 

François  Tanguy. 

1884. 

Jérôme  Trévien. 

1887. 

Jean  Michel. 

1888. 

Vincent  Pédel. 

1888. 

,  Auguste  Kerbaol. 

—  133  - 

1890.  Jean-Louis  Baron. 

1894.  Mathieu  Pondaven. 

1895.  Alain-Marie  Le  Pape. 
1901.  Corentin  Le  Treut. 
1901.  Yves-Marie  Lohéac. 
1903.  Yves  Le  Roux. 
1907.  Ernest  Keramoal. 
1907.  René  Hénaff. 


DRENNEC 


Cette  paroisse,  qui  appartenait  à  l'archidiaconé  de 
Quemenedilly,  au  diocèse  de  Léon,  s'appelait  en  latin 
de  Spineto,  et  au  synode  de  1613,  son  Recteur  est  dit  para- 
chu8  de  Spineto  (R.  G.  133).  L'église  paroissiale  est  dédiée 
à  la  Sainte-Vierge  et  à  saint  Drien,  ou  Derrien,  abbé,  dont 
la  statue  en  bois  porte  la  crosse  et  la  mitre. 

L'autel  du  Rosaire  semble  un  travail  du  commence- 
ment du  xviiio  siècle.  Le  retable  sculpté  représente  en 
haut  relief  les  statues  de  la  Vierge,  de  saint  Dominique  et 
de  sainte  Catherine  de  Sienne,  le  tout  entouré  de  médail- 
lons sculptés  figurant  les  mystères  du  Rosaire. 

On  remarque  dans  l'église  deux  Vierges  :  l'une  assise, 
portant  l'Enfant-Jésus  auquel  elle  présente  un  fruit;  l'au- 
tre, qui  offre  les  caractères  du  xvii®  siècle,  rappelle  la 
vision  de  saint  Jean  dans  l'Apocalypse,  la  Vierge  portant 


—  134  — 

son  enfant,  et  ayant  sous  les  pieds  le  croissant  et  le  ser- 
pent. 

Une  sculpture  représente  aussi  deux  anges  à  genoux 
adorant  le  Sacré-Cœur  entouré  d'une  couronne  d'épines. 

Dans  réglise  se  trouvent  également  les  statues  de  saint 
Michel,  saint  Goulven,  saint  Roch,  sainte  Barbe,  saint 
Joseph  couronné  et  portant  TEnfant-Jésus,  et  enfin  celle 
de  sainte  Guentrec,  patronne  de  l'ancienne  paroisse  de 
Breventec. 

Dans  réglise  paroissiale,  se  desservaient  deux  chapel- 
lenies.  L'une  fondée  en  1603,  par  Marguerite  du  Boys, 
veuve  de  Jean  Le  Ny  de  Coetélès,  dont  furent  présenta^ 
teurs  les  seigneurs  du  Stivel,  puis  les  Moelien  de  Gouan- 
dour  :  26  livres  pour  26  messes  par  an. 

L'autre,  fondée  en  1668,  par  Jacquette  Anne  de  Keran- 
guen,  dame  de  Kerguiabo  :  310  livres  de  rente  pour  trois 
messes  par  semaine.  La  fondatrice  fut  enterrée  dans 
réglise. 

M.  Cosquer,  recteur,  écrivait,  en  1856,  «  que,  de  temps 
immémorial,  la  paroisse  du  Drennec  va  tous  les  ans  en 
procession  à  N.-D.  du  Folgoêt,  qui  est  à  une  lieue  du 
bourg,  le  premier  dimanche  du  mois  d'Août.  Les  femmes 
portent  les  reliques  de  sainte  Lucide  (1),  et  les  jeunes 
filles,  habillées  de  blanc,  deux  statues  de  la  Sainte-Vierge. 
Quant  aux  jeunes  gens,  ils  portent  les  reliques  de  saint 
Mathias  et  de  saint  Victor,  et  mettent  un  rochet  sur  leurs 
habits  quasi  bourgeois,  ils  ont  la  tète  découverte  ;  mais 
avant  mon  arrivée  dans  cette  paroisse  ils  avaient  des  bon- 
nets de  coton  de  difiérentes  couleurs  et  d'une  forme  tant 
soit  peu  bizarre,  du  moins  pour  la  circonstance.  » 

En  1786,  lors  de  l'enquête  qui  se  fit  dans  le  Léon  pour 
le  remaniement  des  circonscriptions  des  paroisses  et  la 


(1)  Ne  seroit-ce  pas  plutôt  celles  de  sainte  Gueolrec  ou  Veniroc  ? 


—  135  — 

suppression  de  quelques  bénéfices  simples  pour  les  unir 
soit  aux  paroisses  soit  aux  séminaires,  M.  Mathieu  Masson, 
recteur,  expose  comme  il  suit  Tétat  de  son  bénéfice,  et 
formule  ses  desiderata, 

((  lo  La  valeur  de  la  dime  du  Drenec  et  Landouzan  ne 
monte  en  tout  pour  le  Recteur  qu'à  700  livres.  Les  fabri- 
ques en  touchent  autant. 

«  2o  Ayant  une  trêve  dans  la  paroisse,  je  pourrais  être 
obligé  à  payer  un  curé,  il  ne  me  resterait  plus  que  350 
livres. 

((  30  Le  bourg  du  Drenec  étant  situé  sur  une  grande 
route  au  centre  du  diocèse,  par  où  passent  tous  ceux  du 
bas  Léon  qui  ont  affaire  à  la  métropole,  et  tous  ceux  qui, 
du  haut  Léon,  ont  affaire  sur  Brest,  le  Recteur  est  très 
souvent  dans  le  cas  de  recevoir  et  des  amis  et  des  person- 
nes peu  connues  mais  qu'un  orage,  une  incommodité  ou 
la  nuit  obligent  de  relâcher  chez  lui,  ce  qui  le  constitue 
nécessairement  en  beaucoup  de  dépenses  utiles  à  la 
société. 

«  40  Une  paroisse  sur  la  grande  route,  à  une  lieue  de 
Plabennec  et  une  lieue  de  Lesneven,  ne  peut  être  suppri- 
mée, parce  que  sa  vue  donne  la  confiance  aux  honnêtes 
voyageurs  et  la  terreur  aux  malfaiteurs. 

((  Il  supplie,  en  conséquence,  les  députés  de  la  Cham- 
bre ecclésiastique  d'arrondir  sa  paroisse,  et  demande  : 
en  Ploudaniel,  les  villages  de  Lesgall  Roudaut,  Lesgall 
an  Taro,  Lesgall  ar  Choadic,  Kerniguès,  Kervénéour  an 
Dour,  Kergo  Martinel,  Kerinaf,  Kervaronou,  Kervénéour 
ar  Parzquou,  Kervilou,  Le  Leuré,  Trémoguer,  Ar  Ghoel 
Goz  ou  manoir  de  Trémoguer  ;  2^  en  Kersaint,  le  moulin 
Rioualin,  Lestanet  Izela,  Lestanet  Creiz,  Lestanet  liuela, 
maison  à  Pentreiz  ;  3»  en  Plabennec,  Kerbiriou,  An  Ties 
Mean,  moulin  du  Luant,  moulin  de  Coatélèsou  de  Goues- 
nou,  Keraeret,  moulin  de  Pentref.  » 


—  136  - 

En  réponse  à  cette  demande,  la  Chambre  ecdésiaêtique 
décidait  «  que  la  paroisse  du  Drennec  est  à  conserver  et  à 
augmenter:  l'' par  la  réunion  de  la  paroisse  de  Bréventec, 
qui  ne  peut  subsister  ;  2»  par  la  réunion  de  plusieurs  fer- 
mes de  Ploudaniel  ;  3»  en  faisant  jouir  le  Curé  de  la  tota- 
lité des  dîmes,  et  en  dotant  les  fabriques  du  Drennec  et 
de  Landouzan  aux  dépens  du  prieuré  de  Bréventec  ». 

Le  même  recteur,  M.  Masson,  nous  a  laissé  un  rapport 
intéressant  sur  Tétat  de  la  mendicité  dans  sa  paroisse,  en 
réponse  à  la  demande  d'enquête  faite  en  1774,  par  TEvê- 
que  de  Léon,  sur  Tinitiative  du  pouvoir  royal  : 

((  11  y  a,  en  la  paroisse,  iO  familles  mendiantes,  dont 
4  vieillards,  1  infirme  et  enfants  dont  les  parents  sont 
journaliers  ou  tisserands,  ils  ne  manquent  pas  d'ouvrage 
et  travaillent,  mais  les  5  sols  par  jour  ou  6  livres  par 
15  jours  que  le  plus  diligent  tisserand  peut  gagner  n*est 
pas  suffisant  pour  nourrir  et  entretenir  5  ou  6  enfants, 
quand  surtout  le  père  ou  la  mère  dépensent  7  à  8  sols  par 
semaine  en  tabac. 

((  8  familles  qui  ne  mendient  pas,  mais  qui  peuvent 
avoir  besoin  en  certaines  circonstances. 

((  18  familles  qui  peuvent  vivre,  sans  cependant  être  en 
état  de  faire  une  aumône  sur  laquelle  on  puisse  compter. 

((  26  familles  en  état  de  faire  une  aumône  raisonnable. 

((  Si  on  excepte  cette  mauvaise  habitude  de  faire  usage 
de  tabac  que  les  pères  et  mères  ont  souvent  contractée 
étant  jeunes  gens  lorsqu'ils  gagnèrent  de  bons  gages,  je 
ne  vois  pas  qu'il  y  ait  grand  abus  à  ce  sujet  en  cette  pa- 
roisse, attendu  qu'il  n'y  a  que  les  enfants  qui  mendient 
jusqu'à  l'âge  de  13  ou  14  ans,  et  qu'alors  on  a  soin  de  leur 
procurer  une  condition  pour  servir. 

«  11  me  parait  que  toute  la  sagesse  humaine  ne  peut 
empêcher  qu'il  n'y  ait  des  pauvres  de  cette  espèce  et  qu'on 


—  137  — 

ne  peut  les  empêcher  de  mendier,  au  moins  dans  réten- 
due de  leur  paroisse,  attendu  le  refroidissement  de  la 
charité  de  plusieurs  riches  qui,  bien  loin  de  chercher  à 
découvrir  l'indigent  pour  le  soulager,  par  leur  attache- 
ment aux  biens  de  la  terre,  se  persuadent  facilement  que 
son  prochain  est  à  son  aise  et  ne  manque  de  rien. 

((  On  m*objectera  que  c'est  au  pasteur  à  s'informer  du 
besoin  de  ses  paroissiens  ;  mais  il  faudrait  qu1l  fût  aussi 
en  état  de  les  secourir,  ou  qu'il  puisse  recueillir  l'aumône 
des  riches  de  sa  paroisse  pour  la  distribuer  aux  pauvres  ; 
mais  ces  riches  à  qui  leur  avarice  fournit  toujours  des 
difTuges,  ne  diront-iis  pas  qu'ils  font  eux-mêmes  leurs 
aumônes,  et  qu'ils  n'ont  pas  besoin  pour  cela  du  minis- 
tère du  pasteur. 

«  Il  n'y  a,  au  Drennec,  ni  hôpital  ni  aucun  fond  pour 
les  pauvres  ;  ils  sont  cependant  soulagés  passablement 
par  l'aumône  qu'ils  reçoivent  dans  les  environs.  » 


Bréventec 

Nous  avons  déjà  parlé  de  ce  prieuré  cure,  dépendant  de 
l'abbaye  de  Saint-Mathieu,  nous  en  dirons  un  mot  ici, 
comme  chapelle  comprise  dans  les  limites  de  la  paroisse 
du  Drennec  au  Concordat. 

L'église  avait  pour  patron  saint  Mathieu,  et  Bréventec 
est  appelé  quelquefois  Loc-Maeé;  mais  l'ancien  titulaire 
de  l'église  devait  être  sainte  Guentrec  ou  Ventroc,  encore 
honorée  dans  la  paroisse.  En  1856,  le  Recteur  nous  dit 
((  qu'il  s'y  trouvait  un  tableau  très  ancien,  peint  sur  bois, 
représentant  Notre-Dame  de  la  Merci  ». 


—  138  — 


Landouzan 

Chapelle  appartenant  au  Drennec,  dont  le  patron  est  un 
saint  Ursin,  évéque,  dont  le  nom  devait  être  primitive- 
ment Eude,  Eudon,  Eozen,  ou  Yvon  ;  toujours  est-il,  que 
le  manoir  voisin  était  celui  des  seigneurs  de  Coeteozen  ou 
de  Boisyvon,  qui  avaient  fondé  une  chapellenie  à  Lan^ 
douzan  consistant  en  une  rente  de  87  livres  pour  dix 
messes  à  chant  par  an. 

L'édifice  a  des  parties  du  xv<^  siècle,  notamment  le  joli 
ossuaire  voisin  du  porche.  Sur  un  contrefort  extérieur  du 
chœur  on  lit  la  date  MIL.  V°XXV.  A  l'entrée  du  cimetière 
est  une  sorte  d*arc  triomphal  reposant  sur  trois  piliers 
massifs  ;  il  est  surmonté  d'un  fût  de  colonne  portant  la 
date  1598.  Le  sommet  de  la  croix  et  le  groupe  de  statues 
qui  l'entourait  ont  été  transportés  au  bourg. 

Dans  le  cimetière  se  remarque  un  lec'h  ou  une  ancienne 
borne  romaine  ;  c'est  un  cône  tronqué,  émergeant  du  sol 
de  0  m.  70  c;  il  est  à  huit  pans  crénelés,  chaque  pan 
mesurant  au  sommet  0  m.  08  c.,  la  section  ayant  0  m.  35c. 
de  diamètre;  à  la  moitié  de  sa  hauteur,  le  cône  est  coupé 
d'une  entaille  s'étendant  à  quatre  de  ces  faces  ;  on  pour- 
rait croire  qu'on  a  essayé  de  le  scier  en  y  passant  et  repas- 
sant une  chaîne  de  fer,  ce  qui  fait  dire  que  cette  échan- 
crure  est  due  aux  efforts  du  diable,  que  saint  Ursin 
avait  enchaîné  à  ce  bloc. 

Dans  l'intérieur  de  la  chapelle,  on  voit  une  pierre  tom- 
bale portant  un  écusson  fascé,  qui  devait  appartenir  soit 
aux  Barbier,  seigneurs  de  Landouzan,  soit  aux  seigneurs 
du  Drennec. 

Outre  la  statue  du  Patron,  saint  Ursin,  représenté  en 
évéque,  la  chapelle  possède  les  3tatues  de  saint  Pierre  et 


—  139  — 

saint  Paul,  et  une  très  jolie  statue  en  bois  de  la  Vierge 
offrant  une  fleur  de  palme  à  TEnfant-Jésus,  qu'elle  porte 
sur  le  bras. 

COETELEZ 


Le  manoir  de  Coetelez  possède  une  chapelle  dédiée  à 
saintTanguy;  car  c'est  là,  nous  dit  Albert  le  Grand,  «que  le 
saint  abbé  Tanguy,  voulant  aller  à  Occismor,  voir  son  maî- 
tre et  père  s^  Paul,  le  rencontra  en  la  paroisse  de  Drenec, 
es  rabines  d'une  maison  noble  ;  après  s'être  salués,  ils  se 
retirèrent  tous  deux  seuls  dans  le  bois  de  cette  noblesse, 
ayant  laissé  leurs  compagnons,  quelque  peu  à  quartier; 
et  après  une  longue  conférence,  s'etant  mis  en  oraison, 
ils  furent  récréés  d'un  concert  mélodieux  de  voix  angéli- 
ques,  et  à  même  temps,  un  ange  leur  apparut,  leur  don- 
nant avis  que,  dans  peu  de  jours,  ils  sortiraient  de  cette 
vallée  de  larmes,  et  iraient  jouir  de  la  couronne  préparée 
à  leurs  mérites.  Les  Saints  se  réjouirent  extrêmement  de 
cette  bonne  nouvelle,  et  à  cause  de  cette  apparition  angé- 
lique  cette  maison  noble  fut  nommée  Coat-Elez,  c'est-à- 
dire  Bois  aux  Anges,  nom  qu'elle  retient  encore  à  pré- 
sent. » 

M.  de  Kerdanet  nous  dit  que  l'ancienne  chapelle  de 
Coatelez  était  dédiée  non  à  saint  Tanguy  mais  à  saint 
Paul,  et  il  cite  un  aveu  de  1607  où  il  est  question  de 
reconstruire  la  chapelle  de  a  M>^  S^  Paul  ». 

Recteurs  du  Drennec 


1399-1624.  Christophe  Floch,  recteur,  maître  es  arts. 
1663-1664.  Jean  Gonezou. 


—  140  — 

1670-1681.  Guillaume  Jeslin. 
1685-1688.  Marc  Guenegant. 

1688-1698.  Joseph  Guillaume,  interdit,  obligé  de  se  dé- 
mettre. 
1698-1725.  Philippe  Uguen. 
1725-1728.  Jean  Billon,  du  diocèse  de  Quimper. 
1728-1732.  Guillaume  Le  Men. 
1732-1733.  Claude-Marie  du  Beaudiez. 
1733-1756.  Ursin  Baz. 
1756-1771.  Prigent  Kerouanton. 
1771-1804.  Mathieu  Masson. 
1804-1826.  Sébastien  Cloarec. 

1826.  François-Marie  Gall,  de  Saint-Thégonnec. 

1830.  Alain-Marie  Galliou,  de  Trégarantec. 

1838-1854.  Pierre  Bernard,  de  Plougoulm. 
1854-1859.  Jean-Marie  Cosquer,  de  Saint-Goazec. 
1859-1865.  Guillaume  Moal,  de  l'île  de  Batz. 
1865-1881.  Camille  Banabès,  de  Saint-Pol  de  Léon. 
1881-1895.  Jean-Marie  Jacob,  de  Porspoder. 
1895.  Jean-Marie  Trévidic. 

Vicaires 

1879.  François  Pasquier. 

1881.  Joseph-Marie  Guéguen. 

1885.  Paul  Lormier. 

1889.  Jean-Marie  Le  Breton. 

1893.  Etienne  Corre. 

1898.  Guillaume  Sioc'hen. 

1903.  Louis-Marie  Nicol. 


141  — 


Maisons  nobles 

Barbier,  S^  de  Landouzan  :  d'argent  à  deux  fasces  de 
sable  ;  devise  :  Var  ma  huez. 

Du  Bois,  S^  de  Coateozen  :  d'or  à  un  arbre  d'azur, 

Coetelez,  S'  du  dit  lieu  :  de  gueules  à  la  tète  de  lièvre 
d'or,  alias  :  accompagné  de  trois  quintefeuilles  de  même. 

Dernec,  S^  du  dit  lieu  ;  pour  armes  antiques  :  d'azur  à 
un  barbeau  d'argent  en  pal  ;  devise  :  Ne  zeuz  pesq  heb  he 
zrean;  armes  modernes  :  fascé  d'argent  et  d'azur,  au  chef 
d'argent, 

Kerouartz,  S""  de  Coateozen  :  d'argent  à  la  roxie  de  sable 
accompagnée  de  trois  croissettes  de  même  ;  devise  :  tout  en 
V honneur  de  Dieu,  et  tout  avec  le  temps. 

Kerbrat,  S'  du  dit  lieu,  Plabennec,  fondu  en  Coetelez. 

Le  Ny,  S*"  de  Coetelez  :  écartelé  aux  2,  et  4.  d'argent  à 
Vécu  en  abyme  accompagné  de  6  annelets  de  gueules  en  orle, 
3.  2,  1.  aux  2.  et  3.  de  Coetelez  ;  devise  :  Humble  et  loyal. 


DUAULT 


Ancienne  paroisse  du  diocèse  de  Cornouaille,  aujour- 
d'hui au  diocèse  de  Saint-Brieuc.  C'était  une  paroisse 
considérable  comprenant  avec  ses  trêves  une  population 
de  3.700  âmes  se  divisant  ainsi  :  Duault,  1.000  ;  Saint- 
Nicodème,  300  ;  Locarn,  l.oOO  ;  et  Burlhulet,  900  âmes. 

Duault.  —  Patron  saint  Maudé. 


—  142  — 

Recteur,  de  1762  à  1790,  M.  François  Corbel,  né  à 
Duault  en  1725.  «  Excellent  sujet  pour  tout,  »  marque 
M^f  de  Saint-Luc  dans  son  cahier  de  visite  ;  cependant,  il 
devait  être  un  peu  regardant,  au  moins  pour  le  fourrage, 
car  Monseigneur  note,  en  1784  :  «  Les  chevaux  n'ont  eu 
que  du  son  pourri  ;  il  a  fallu  achepter  de  Therbe  pour  un 
écu  ». 

Vicaire  :  Charles  André,  né  à  Burthulet  en  1738  ;  à 
Duault  de  1768  à  1790.  «  Bon  sujet  pour  tout.  » 

Saint- Nicodème.  —  Curé,  Jacques  Riou,  né  à  Saint- 
Mahieux  en  1747.  A  été  curé  à  Beuzec-Cap-Caval  de  1774 
à  1778.  A  Duault,  de  1778  à  1790. 

Locam.  —  Curé,  Jean-Sébastien  Rolland,  né  à  Trébri- 
vant  en  1746.  A  été  à  Plouyé  en  1779,  à  Locam  de  1780  à 
1786,  puis  recteur  de  Trébrivan.  Remplacé  par  Laurent 
Bercot,  né  à  Duault  en  1757.  ((  Bon  sujet,  très  gai.  » 

Burthulet.  —  Patron,  saint  Jean-Baptiste.  Curé,  Fran- 
çois Le  Mognerou,  né  à  Burthulet  en  1697,  prêtre  en 
1723,  à  Burthulet  depuis  1723  ;  en  1780  il  est  aveugle  ; 
décédé  en  1783.  Remplacé  en  1780  par  François  Le  Coenl, 
né  à  Spézet  en  1749,  prêtre  en  1774,  chapelain  à  Sainl- 
Servais,  chapelle  en  Burthulet.  «  Ses  cahiers  sont  supé- 
rieurement bien  tenus.  » 

En  Duault,  outre  les  trêves  ci -dessus,  se  trouvait  le 
prieuré  de  Landugen,  dépendant  du  monastère  de  Sainte- 
Croix  de  Quimperlé.  11  était  desservi  par  Claude  Gourlay, 
né  à  Landugen  en  1708,  décédé  en  1780,  puis  par  Guil- 
laume Hervé,  né  à  Mael-Pestivien  en  1750,  prêtre.  En 
1776,  «  il  reçoit  200  livres  des  religieux  de  Quimperlé  et 
doit  deux  messes  par  semaine.  L'église  est  très  indigente 
de  réparation.  Joue  à  la  boule  :  pourrait  faire  mieux.  » 


—  143  — 

Saint-Servais 

Chapelle  en  Burthulet,  consacrée  par  Louis  du  Combout, 
dit  évêque  d'Avennes,  c'est-à-dire  sufiragant  ou  auxiliaire 
de  Vannes  et  de  Quimper.  L*acte  suivant  est  extrait  d'une 
généalogie  de  la  maison  de  Quélen  (1624-1637). 

((  ...  Du  temps  de  François  de  Quélen,  de  son  consente- 
ment et  en  présance  de  Reverand  Père  en  Dieu  Louis  du 
Combout  episcopus  a  Vennetensis  par  la  permission  de 
rillustrissime  Cardinal  de  Bouloigne,  administrateur  per- 
pétuel de  Tevesché  de  Cornouaille,  dédia  la  chappelle  de 
Sainct  Gervais  (sic)  size  en  la  parrouesse  de  Duault  Qué- 
len dans  le  fief!  dud.  sieur  et  y  consacra  cinq  autels  et 
benist  le  cimetière  a  lentour  d'icelle  chappelle  comme  il 
se  void  par  les  lettres  suivantes  : 

((  Ludovicus  de  Combout  Dei  gratia  et  sanctas  sedis 
apostolicœ  gratia  episcopus  a  Venetensis  de  licentia  et 
permissione  Reverendissimi  in  Christo  patris  et  Domini 
Domini  Fhilippi  Cardinalis  de  Bolonia  Corisopilensis  epis- 
copatus  administratoris  perpetui  seu  eius  in  spiritualibus 
vicariusgeneralis,  capellam  sancti  Gervasii  et  cymiterium 
eiusdem  ei  contiguum  infra  metas  parrochiee  de  Duault 
Quélen  Corisopitenis  diocesis  sitam  in  territorio  et  juris- 
diclione  Potentis  et  Illustrissimi  Franscisci  de  Quélen, 
Domini  temporalis  dicti  loci  de  Quélen  ad  infra  scripta 
prœseûtis  et  consentientis,  ac  altaria  ejusdem  ecclesise 
numéro  quinquededicavit,consecravit  et  benedixit.Datum 
die  secunda  Decembris,  anno  Domini  milesimo  quingen- 
tesimoquadragesimonono,  de  mandato  prœsentis  Domini 
episcopi,  et  Refferente  Marco  le  Floch  ad  prœsentia  depu- 
tato,  Garchambaut.  » 


144 


RÔLE  DES   DÉCIMES   EN   1783 

M.  Corbel,  recteur 87 

La  fabrice 10 

Le  Rosaire '. 1 

Trêve  de  Locarn 10 

Le  Sacre 1 

Trêve  de  S'  Nicodème 8 

Le  Sacre 1 

Confrérie  du  S^  Nom  de  Jésus 1 

Saint-Servais 17 

Trêve  de  Burtulet 7 

StYves 1 

S*  Gonery 1 

N.-D.  de  Pleuvin 1 

La  Trinité 1 

St  Michel 1 


10»  6-» 

15» 

lo« 

15» 

15» 
15» 
2»  6** 
10» 
15» 
15» 
15» 
15» 
IJi» 


Total 1561  158 


■ 'a-#«ac»*si>-'îr»,^>- 


CARTULAIRE 

DE    L'ÉGLISE    DE    QUIMPER 

(Suite.) 


491. 

JEAN  BOURSIER,  REÇU  CHANOINE  ET  TRÉSORIER  <'> 

-  10  Mars  1412  (n.  s.).  - 


Anno  Domini  M^  quadrigentesimo  undecimo,  die  dé- 
cima Marcii,  Magisler  Johannes  Bursarii  ville  Parisien- 
sis  fuit  receptus  et  admissus  in  quantum  debeat  de 
jure  admitti  in  personam  Magistri  Hervei  Sulguen  pro- 
curatoris  sui  ad  thesaurariam  et  canonicatum  ecclesie 
Corisopitensis  vacantes  per  mortem  Johannis  de  Alta  villa 
et  ad  distribuciones  cotidianas  racione  prébende  dum- 
taxat  admissus,  et  dictus  procurator  juravit  statuta  etc., 
presentibus  ad  hoc  Guidone  Dongualloni,  Guidone  Kaer- 
guegant  presbyteris  et  aliis.  Y.  Bloez. 


492. 

GUILLAUME  LE  SOUTIER,  REQU  CHANOINE  (') 

-    22  Avril  1414.    - 


Anno  Domini  M^  quadrigentesimo  decimo  tercio,  die 
sabbati  in  vigiliam  Sancti  Pasche  fuit  discretus  vir  Ma- 
gister  Guillermus  Le  Soutier  Archidyaconus  Corisopi- 

(1)  Cari.  31,  i*  32. 

(2)  Cart.  31,  f^  51. 

Bulletin  db  là  Commission  diocésaine.  —  8*  anDée.  10 


-  146  — 

tensis  receptus  in  canonicum,  virtule  litterarum  Aposto- 
licarum  per  sentencias  diflinitivas  pro  eo  latas  in  curia 
Romana,  in  presencia  Guidonis  Serrelagat  clerici,  sui 
procuratorîs  legîtimi  ad  lioc  constituti,  qui  quidem  pro- 
curator  nomine  quo  supra  et  dictum  Magistrum  Guiller- 
mum  fuit  admissus  in  cononicum  et  fratrem  ecclesie 
Corisopitensis  per  dominos  canonicos  ejusdem  et  idem 
procurator  juravit  statuta  laudabilia  dicte  ecclesie  nomine 
magistri  sui  observare,  etc. 


493. 

PIERRE  DU  gUENgUIS  REÇU  CHANOINE  (d 

—   20  Janvier  1 41 6  (n.  s.)    — 


Anno  Domini  M^  quadrigenlesimo quinto,  die  xx™"  men- 
sis  Januarii  presentibus  ad  hoc  magistro  Johanne  Gle- 
marhec  in  legibus  licenciato,  GuillermoBastardi  advocato 
curie  Corisopitensis,  Johanne  Mutonis  curato  ecclesie  Cori- 
sopitensis et  pluribus  aliis,  fuit  Magister  Petrus  du  Quen- 
quis  receptus  in  canonicum  ecclesie  Corisopitensis  et  fuit 
assignatum  sibi  stallum  in  choro  et  locus  in  Capitulo  per 
magistrum  Johannem  Militis  canonicum  ecclesie  predicte, 
commissarium  ad  hoc  auctoritate  apostolica  nemine  con- 
tradicente  fuit  receptus  in  locis  predictis  eciam  de  con- 
sensu  dominorum  de  Capitulo,  etc. 

Item  die  sequente  juravit  dictus  Magister  Petrus  statuta 

laudabilia  dicte  ecclesie. 

G.  Serrelagat. 

(l)  C;*rl.  31,  (•  50. 


—  147  — 


494. 

ŒUVRES  ET  FONDATIONS  DE  L'EVESQUE  GAGIANUS  DE  MON- 
CELLIS  :  12  OBIT  POUR  13  LIVRES  DE  RENTE,  LE  FOND  PAYÉ 
PAR  SES  HERITIERS,  SÇAVOIR  34  FRANCS  ET  7  FRANCS.  («> 

-  10  Juin  1417.  - 


Item  anno  Domini  M^  quadrigeDtesimo  decimo  sep- 
timo,  die  décima  mensis  Junii,  facto  et  peracto  in  hac 
ecclesia  Corisopitensi  solempni  servicio  dicti  Béate  memo- 
rie  domini  Gaciani  nuper  ultimi  Episcopi  Corisopitensis, 
nobiles  viri  dominus  Egidius  Delbiest  miles,  dominus  de 
Thatreyo  Nannetensis  diocœsis,  Tritannus  de  Landa  Armi- 
ger,  venerabilis  vir  Magister  Johannes  Merven  scolasticus 
et  canonicus  Nannetensisac  provîdus  vir  Johannes  Thome 
burgensis  Nannetensis  executores  testamenti  seucodicilli 
et  ultime  voluntatis  dicti  domini  Episcopi  defuncti,  nec 
non  Magister  Guillermus  Maillardi  filius  unicus  Eonnete 
de  Moncellis  domicelle  sororis  dicti  de! uncti  domini  Epis- 
copi ac  Magister  Michael  Bruneau  filius  defuncte  Joanne 
de  Moncellis  alterius  sororis  dicti  defuncti  domini  Epis- 
copi fundaverunt  juxta  voluntatem  et  ordinacionem  dicti 
domini  Episcopi  in  suo  testamento  seu  ultima  voluntate 
predicta  contentas  et  enarratas,  et  dolaverunt  pro  reme- 
dio  et  salute  animarum  dicti  defuncti  domini  Episcopi 
parentumque,  amicorum  et  predecessorum  et  successo- 
rum  suorum  anniversaria  et  alia  divina  officia  de  quibus 
inferius  fit  mencio  videlicet  :  unum  anniversarium  de 
quadraginta  solidis  faciendum  et  celebrandum  in  pre- 

(l)  Cart.  56,  f'  59. 


—  148  — 

senti  ecclesia  Corisopitensi  die  xvr  mensis  cujuslibet  Octo- 
bris,  qua  die  decessit  idem  defunctus  et  que  dies  anno 
illo  incidit  die  veneris,  et  undecim  alia  anniversaria,  vide- 
licet  quolibet  de  viginti  solidis,  facieoda  et  celebranda  de 
cetero  perpetuis  temporibus,  in  dicta  presenti  ecclesia 
videlicet  :  unum  qualibet  prima  die  veneris  cujuslit)et 
aliorum  mensium,  pro  quorum  duodecim  anniversario- 
rum  fundacione  et  dotacione  et  ut  ultra  ea  que  in  ecclesia 
presenti  pro  ipso  domino  defuncto  Episcopo,  diebus  domi- 
nicis  ad  stationem  processionis  dicte  ecclesie  dici  et  fleri 
consueverunt,  quilibet  sacerdos  qui  majorem  missam  ad 
majus  altare  hujus  ecclesie  cotidie  de  cetero  celebrabit, 
perpetuis  temporibus,  decantato  per  ipsum  presbyterum 
Pater  noster  et  ante  fractionem  eucharistie  sacramenti, 
dicat  et  dicere  teneatur  flexis  genibus  ante  dictum  majus 
altare  submissa  voce,  corespondentibus  sibi  dyacono  et 
subdyacono,  totum  psalmum  Letatus  sum,  cum   Gloria 
Patri  et  cetera,  sicut  erat  et  cetera,  et  antipbonam  da 
pacem  Domine  et  versus  fiât  pax  in  virtute  tua,  etc.  et 
orationem  Deus  a  quo  sancta  desideria,  nec  non  psalmis 
De  profundis  cum  totis  suis  versibus  ac  orationes  JDeuê 
qui  inter  apostolicos  sacerdotes  et  fidelium,  Deus  omnium, 
quodque  quamdiu  sacerdos  psalmos,  versus  et  orationes 
hujusmodi  dicendo  flexis  genibus  steterit,  pulsetur  major 
campana  dicte  ecclesie  ictualim,  sicut  pulsatur  per  antea 
in  consecratione  Corporis  Chrisli.  Dederunt  et  realiter  in 
Capitulo  hujus  ecclesie  solverunt  dicti  executores  et  here- 
des  pro  diclo  anniversario  de  quadraginta  solidis,    tri- 
ginta  quatuor  francos  in  solucione  scutorum  auri  et  ad 
coronam  et  pro  quolibet  dictorum  undecim  anniversario- 
rum  septem  decim  francos  in  consimili  solutione  scuto- 
rum. 

Item  tradiderunt  et  assignaverunt  et  livraverunt  Capi- 
tulo hujus  ecclesie  unum  librum  novum  vocatum  catholi- 


—  149  — 

con  per  dictum  dominum  defunctum  Episcopum  in  suis 
testamento  seu  ultima  voluntate  huic  ecclesie  datum  et 
locatum  in  dicta  ecclesia  loco  eminenti  et  patenti  in  cra- 
ticula  ferrea  recludendum  et  servandum. 


495. 

ALAIN  LE  MEN  REÇU  CHANOINE  (') 

-  23  Août  1420.  - 


Anno  Domini  M9  quadrigentesimo  vicesimo,  die  vice- 
sima  tercia  mensis  Augusti,  fuit  Alanus  Pétri  canonicus 
Corisopitensis  receptus  in  canonicum  predicte  ecclesie 
Corisopitensis  in  personam  Magistri  Guillermi  Oliverii 
rectoris  de  Treuoltre  et  assignatum  sibi  staiium  in  choro 
et  locum  in  Capitule  et  juravit  statu  ta  predicte  ecclesie, 
et  fuit  notarius  Johannes  Bloez  junior. 


496. 

PIERRE  LE  MEN  PRÊTE  SERMENT  (') 

—  23  Novembre  1420.  — 


Anno  Domini  M»  quadrigentesimo  vicesimo,  die  xxiii* 
mensis  Novembris,  presentibus  ad  hoc  dominis  Johanne 
an  Sur,  Guillermo  Guen  presbyteris  et  aliis,  Venerabilis 
vir  Magister  Alanus  Pétri  canonicus  ecclesie  Corisopiten- 
sis juravit  statuta  et  observaciones  ejusdem  ecclesie  tenere, 
inutilia  que  ejusdem  evitare  etc. 

Actum  in  CapituloCorisopitensi  presentibus  Canonicis, 
juramentum  hujusmodi  recipiente  Magistro  Johanne  Pér- 


il) Cari.  31,  f  42. 
(2)  Carfc.  81,  ^  3â. 


—  150  — 

fecti  coDcanonico  de  consensu  aliorum  canonicorum.  Da- 

tum  ut  supra,  etc. 

J.  Riou  pro  instrumento. 


497. 

GUILLAUME  MAUCOUSU  REÇU  CHANOINE  <') 

-   19  Janvier  1423  (n.  8.)   - 


Anno  Domini  M®  CCCO  XXIl®  secundum  usum  ecclesie 
Gallicane  et  die  ix  mensis  Januarii  fuit  receptus  Guiller- 
mus  Maucousu  ad  canonicatum  et  prebendani  vacantes 
per  mortem  magistri  Alani  Penquelennec  cujus  anima 
requiescat  in  pace. 


498. 

LES  TOURS  DE  SAINT-CORENTIN  COMMENCÉES  <') 

-    26  Juillet  1424  - 


Anno  Domini,  quadrigentesimo  vigesimo  quarto  die 
XXVI''  mensis  Julii  qua  die  erat  festum  béate  Anne  matris 
Marie,  fuit  inceptum  novum  opus  pinaculi  occidentalîs 
ecclesie  Corisopitensis  et  turrium  ibidem  inchoatarum  ; 
in  cujus  fundamento  collocaveruut  insimul  primum  iapi- 
dem  Reverendissimus  m  Christo  pater  et  dominus  dominus 
Bertrandus  dictus  de  Rosmadec  Dei  gracia  Corisopitensis 
Ëpiscopus,  ornamentis  pontifîcalibus  indutus  et  dominus 
Johannes  de  Languevoez  miles  ad  hoc  ex  parte  illustris- 
simi  principis  domiui  Johannis  ducis  Britannie  destina- 
tus,  presenlibus  et  assisteutibus  ibidem  venerabilibus 
viris  Magistris  Johanne  Militis  thesaurario,  Oliverio 
Hospitis,  Johanne  de  Treanna,  Rodulpho  Albi  alias  Pen- 


(1)  Cart.  31,  f  43. 

(2)  Cart.  56,  f  65. 


—  151  — 

quelennec,  [Petro  du  Quinquis,  Bertrando  Symonis,  Jo- 
hanne  Hascoedi  fabrice  dicte  ecclesie  et  operis  predicti 
procuratore  et  gubernatore,  et  Guillermo  Maucousu  dicte 
ecclesie  Concanonicis,  nec  non  et  populi  atque  plebis 
copiosa  multitudine  et  cetera... 


499. 

ÉTABLISSEMENT  D'UN  TRONC  POUR  L'ŒUVRE 
DE  LA  CATHÉDRALE  0) 

-  18  Map«  1426.  - 


Anno  Domini  millesimo  quadringentesimo  vicesimo 
quarto  die  décima  nona  mensis  Marcii,  indicione  tercia, 
pontificatus  Sanctissimi  in  Christo  patris  et  domini  Nostri 
Domini  Martini  divina  providentia  pape  quinti,  anno 
octavo,.venerabiles  viri  Cappitulum  ecclesie  Corisopitensis 
in  loco  eorum  capitulantes  eciam  propter  boc  ut  dicebant 
congregati,  voluerunt  et  consenserunt  quod  in  dicta  eccle- 
sia  fieret  et  erigeretur  de  novo  unus  troncus  firmandus 
seu  claudendus  duabus  clavibus  quarum  unam  custodiet 
procurator  operis  in  parte  inferiori  et  occidentali  dicte 
ecclesie  ab  anno  citra  inchoati  et  aliam  vero  custodiet 
unus  de  canonicis  dicte  ecclesie,  ad  hoc  per  Capitulum 
predictum  deputandus  ;  quodque  procurator  operis  pre- 
dictus  levaret  reciperet  et  haberet  oblationes  omnes  et 
singulas  in  dicto  tronco  faciendas,  ad  opus  ipsum  expo- 
nendas,  exceptis  oblationibus  que  fient  duobus  tempo- 
ribus  anni  videlicet,  temporibus  peregrinationis  septem 
sanctorum  Britannie,  quas  dicti  venerabiles  viri  in  soli- 
dum  percipient  prout  hactenus  consueverunt,  unde  inci- 
piente  pérégrination  hujusmodi  status,   poterit  procu- 

(1)  Gart.  56,  litt.  D. 


—  i52  — 

rator  operis  prefati,  oblationes  tune  in  hujusmodi  tronco 
factas  ab  ipso  extrahere,  recipere  et  habere  ad  finem  pre- 
dictum  convertendas  et  iînitis  ipsis  peregrinationibus, 
dicti  venerabiles  viri  statim  extrahent  récipient  et  babe- 
bunt  oblationes  durante  peregrinatione  predicta  in  ipso 
tronco  factas  et  de  ipsis  ad  ipsorum  libitum  disponere  et 
protestati  que  fuerunt  dicti  venerabiles  viri,  quod  dictum 
troncum  quando  ipsis  videbitur  expediens  omnino  tôl- 
ière et  annullare  possent  et  poterunt,  premissis  que  omni- 
bus et  singulis  consensum  et  assensum  illico  prebuerunt 
reverendus  in  Cbristo  pater  et  domious  dominus  Bertran- 
dus  Dei  gratia  episcopus  Corisopitensis  et  venerabiles 
viri  magister  Johannes  Hascoedi  in  legibus  licenciatus 
procurator  faciende  dicte  ecclesie  et  operis  predicti  in 
dicto  loco  capitulantes,  una  cum  dictis  venerabilibus  vins 
tune  presentibus  eaque  laudaverunt  et  approbaverunt.  Acta 
fuerunt  bec  in  loco  capitulari  dicte  ecclesie  presentibus 
ad   boc  dominis  Yvone  Kersulgen   et  Johanne   Kanlan 

presbyteriis  et  aliis. 

Kersulgen  pro  instrumente. 


500. 

CHANOINES  INFIRMES,  SANS  FICTION,  ESTANT  EN  VILLE, 

SONT  TENUS  POUR  PRÉSENTS  ^ 

—   19  Février  1434  (n.  8.)    — 


Anno  Domini  M^'  CCG^  tricesimo  tercio  die  xix*  nona 
Februarii  in  loco  capitulari  ecclesie  Corisopitensis  cano- 
nici  dicte  ecclesie  tune  résidentes  in  civitate  Corîsopi- 
tensi,  capitulantes  congregati,  voluerunt,  statuerunt  et 
ordinaverunt  inter  se,  quod  si  aliquis  seu  aliqui  eanoni- 

(1)  Cari.  56,  f  62. 


-  153  — 

corum  dicte  ecclesie  presencium  in  dicta  civitate  impedi- 
tus  vel  impediti,  pretextu  infirmitatis  corporalis  eorum- 
dem,  non  possit  aut  possint,  cessante  fictîone  quacumque, 
personaliter  interesse  missis  que  celebrantur  extra  cho- 
rum  dicte  ecclesie,  quarum  occasione  distributiones 
obveniunt  et  sunt  eisdem  canonicîs  ordinale,  nec  non 
magnis  missis  celebrandis  infra  cliorum  ejusdem  ecclesie 
diebus  festorum  S^^  Chorentini,  Nativitatis  Dominî,  Pas- 
che,  Penthecostes  Domini  et  omnium  Sanctorum,  perci- 
piant  et  habeant  ac  percipiat  et  habeat  distribuciones 
suas  in  et  propter  hoc  ordinatas,  ad  modum  ceterorum 
canonicorum  eisdem  missis  iateressencium. 


501 

RECONNAISSANCE  PAR  LE  DUC  DU  DROIT  DE  JURIDICTION 
DE  L'ÉVÊgUE  DANS  LA  VILLE  CLOSE  DE  QUIMPER  (') 

—   18  Décembre  1461.    — 


Copia.  —  Charles,  duc  de  Bretagne,  vicomte  de  Lymo- 
ges,  à  nostre  capitaine  de  Kempercorentin,  anozsenechal 
baillif  et  recepveur  dou  lieu  et  a  noz  autres  justiciers  et 
officiers  salut. 

Révèrent  père  en  Dieu  nostre  amé  conseillé  levesque  de 
Cornoaille  nous  a  donne  entendre  que  comme  la  juridic- 
tion de  Kempercorentin  et  ailleurs  en  la  terre  de  Téglise 
li  appartient,  aucuns  de  nos  officiers  se  sont  eslanciez  de 
lait  de  congnoestre  et  exercer  la  dicte  juridicion  tant  a 
congnoestre  de  contractenantz  faiz  entre  personnes|en  son 
terrouer  et  en  la  terre  de  Téglise  que  de  injures  de  per- 
sonnes, que  de  vouloir  contraindre  ses  hommes  et  soub- 
giez  à  cause  de  l'imposicion  en  sa  dicte  ville  en  la  terre 

(1)  Cart.  31,  ^  53. 


—  154  — 

de  leglise,  de  laquelle  chose  est  en  son  grand  grief,  domage 
et  préjudice  et  de  son  église  comme  il  dit  et  sur  ce,  nous 
a  requis  de  li  pourvoir  de  remède.  Si  vous  mandons  et 
commandons  et  a  chacun  de  vous  que  desorenavant  vous 
ne  vous  entremestez  de  cognoestre  ne  exercer  juridicion 
en  la  dicte  ville  es  cas  desus  diz  en  aucune  manière,  en 
préjudice  dudit  Révèrent  père  en  Dieu  et  de  la  dicte 
église  ;  et  si  aucune  chose  a  esté  faite  ou  temps  passé  au 
contraire,  nous  voulons  que  ce  ne  li  porte  préjudice  et 
pour  ce  que  à  cause  de  guerre  lan  ne  peut  bonement 
exercer  juridiction  sur  nos  hommes  et  soubgiez  ou  terri- 
toire de  Cornoaille  hors  de  forteresce,  et  pour  cause  de 
ce  et  le  saubvement  de  noz  soubgiez  lan  a  exercé  nostre 
juridicion  en  la  dicte  cité  et  en  la  terre  de  leglise,  faiz 
bannies,  prins  prisoniers  et  arrestez,  nous  voulons  que 
ces  choses  tant  pour  le  temps  passé  que  pour  le  temps 
avenir  ne  portent  préjudice  audict  Révèrent  père  en  Dieu 
ne  a  sa  dicte  église  et  ausi  voulons  que  quant  vous  et  noz 
autres  oiTiciez  aurez  mestier  de  exercer  juridicion  sur  nos 
hommes,  bannies  faire,  arrester  ou  emprisoner  ou  autre- 
ment justicier  en  la  dicte  cité  ou  ailleurs  ou  lerrouer  de 
leglise,  vous  demandez  licence  doudit  Révèrent  père  ou 
de  ses  giens  et  que  sauz  congé  vous  ne  faciez  les  choses 
susdicles  en  la  terre  de  l'église  en  auchune  manière  car 
ensi  le  voulons,  nonobstant  choses  que  len  ait  fait  ne  usé 
ou  temps  passé  au  contraire,  lesquelles  nous  voulons  que 
ne  li  portent  aucun  préjudice  ne  a  la  dicte  église.  Sauvez 
noz  droitures  et  gouvernement  encien  paravant  les  guerres. 
Donné  a  Guigamp  le  xviii«  jour  de  décembre  lan  mil 
111^  sexante  et  un. 


Par  Monseigneur  le  Duc  en  son  conseil. 


G.  Belengier. 


—  155  — 

Et  ego  Henricus  de  Veteri  landa  Corisopîtensis  diocesis 
publicus  apostolica  auctoritate  et  impérial!  notarius,  pre- 
dictam  copiam  de  litteris  predictis  feci  et  manu  propria 
scripsi,  easque  litteras  vidi,  tenui  et  palpavi  sanas  et  inté- 
gras et  sigiilo  domini  Ducis  sigillatas,  et  quia  collacione 
facta  per  me  Guillermum  Nani  clericum,  presentibus  et 
audientibus  magistro  Thoma  Episcopi,  Richardo  Fabri  et 
Guillermo  Marhec  de  dictis  litteris  cum  presenti  copia, 
eos  concordare  inveni,  hic  me  subscripsi  et  signum 
meum  consuetum  posui,  die  mercurii  post  festum  inven- 
cionis....  (sic). 


502. 

APPROBATION  DU  PRÉCÉDENT  STATUT  ^') 

(Voir  n^BOO.) 
-    8  Mal  1470.    - 


Anno  Domini  M^  CGCCo  LXX»  die  octava  mensis  Maii, 
Capitule  generali  festi  estivalis  Beati  Corentini  durante, 
Domini  Capitulum  ecclesie  Corisopitensis,  viso  supra- 
scripli  proxime  slatuti  per  ipsostenore,  ipsumqueequum 
et  juri  consonum  censentes,  matura  deliberatione  habita, 
illud  laudarunt  et  approbarunt  et  statutum  laudant  et 
approbant  et  in  futurum  observari  voluerunt  et  consen- 
serunt. 

Actum  ut  supra  presentibus  tune  Dominis  et  Magistris 
Johanne  Cochet,  Johanne  Baillivi,  Salomone  Dagorn, 
Francisco  de  Hospicio,  Alano  Penguelennec,  Alano  de 
Rosmadec,  Kernyvinem,  et  Guillermo  Ruflî  canonicis 
residentibus  et  capitulantibus  per  Capitulum. 

Franciscus  de  HOSPICIO. 


(1)  Cart.  56,  f*  62. 


—  456  — 

508. 


STATUTS  CAPITULAIRES  (') 

—  6  Novembre  1488.  — 


Chanoine  nouTcau  pour  participer  aux  distributions  payera  chape 

ou  18  escus  d'or  Tienx. 

Anno  Mo  CCCCLXXXVIII  die  sexta  Novembris,  domini 
Capitulum  capitulantes,  pensantes  necessitatem  caparum 
servicio  divino  ecclesie,  que  vetustate  fere  consumpte  sunt 
et  quod  de  novis  providendum  foret  necessarie,  unani- 
miter  statuerunt  quod  amodo,  quilibet  novus  canonicus 
in  receptione  sua  et  ut  ad  distribuciones  assequatur,  unam 
capam  honestam  dare  ecclesie,  seu  loco  cape,  decem  et 
octo  scuta  auri  antiqua  soivere  teneatur. 

Chacun  vicaire  dans  3  mois  aura  un  psautier  bien  noté  à  ses 

frais  ou  payera  8  escus  vieux. 

Item  considérantes  librorum  psalteriorum  choristis 
psallencium  in  choro  deffectum,  statuerunt  et  ordinarunt 
quod  quilibet  vicariorum  ecclesie  sue,  teneatur  unum 
psalterium  feriale  débite  notatum,  suis  sumptibus  infra 
très  menses,  pro  se  habere  vel  octo  antiqua  scuta  auri 
pro  querendo  illud  psalterium,  in  Capitulo  soivere. 

Que  le  serment  des  chanoines  pour  le  secret  du  Chapitre  se 
reitérera  à  tous  chapitres  généraux. 

Item  voluerunt  quod  juramenta  canonicorum  de  obser- 
vandis  et  non  revelandis  secretis  rerum  et  tractatuum 
Capitularium,  possit  et  debeat  quolibet  Capitulo  generali 
repeti  et  prestari. 

(1)  Cart.  56,  f-  62. 

(A  suivre.) 


—  157  — 


NOTICE 


^  (c*^\ 


SDR   LES 


PAROISSES  DU  DIOCESE  DE  QUIIHPER  ET  DE  LÉON 

Par  MM.  PEYRON  et  ABGRALL. 

(Suite.) 


ÉDERN 


Cette  paroisse  est  mentionnée  au  Cartulaire  de  Lande- 
vennec  comme  ayant  été  donnée,  au  x^  siècle,  à  l'abbaye 
de  Landévennec,  par  Budic,  comte  de  Cornouaille.  Cette 
localité  devait  son  importance  au  séjour  passager  de  saint 
Edern,  qui  y  avait  établi  un  ermitage.  Voici  comment 
Dom  Plaine  résume  la  vie  de  ce  saint  personnagei,  d'après 
un  cantique  composé  à  la  fin  du  xviii<^  siocle,  sur  une  vie 
latine  du  Saint,  actuellement  perdue  mais  qui  existait 
alors  dans  les  archives  de  Plouédern.  Edern,  né  dans  Tile 
de  Bretagne,  renonçant  au  monde,  traversa  la  mer  pour 
venir  aborder  à  Douarnenez,  d'où  il  gagna  le  Juch,  puis 
Edern,  où  il  se  retira  dans  la  forêt  de  Quistinic. 

En  eal  lec*h  var  aod  Keme 
A  dem  doBt  da  Zouamene 
Anvet  ar  Juk  brema  c*hoaz 
Gat  he  lestrig  e  touaraz. 

Da  glask  eal  lec^h  euz  a  sioul 
Vid  tec'hed  pell  dionz  ar  fonl 
He  loj  en  eur  c'hoad,  a  gemer 
Eun  diou  pe  deir  leo  dionz  Kemper. 


—  158  — 

A  Quistinic,  les  gens  du  pays  reconnurent  bientôt  les 
vertus  de  saint  Edern  et,  se  groupant  autour  de  son  ermi- 
tage, formèrent  un  centre  religieux  qui  était  appelé 
vtcatrte  quand  il  fut  donnéà  Landévennec,  un  demi-siècle 
plus  tard.  Cependant,  dit  le  cantique,  le  seigneur  de 
Quistinic  ou  de  la  Chateigneraye,  mécontent  probable- 
ment de  cette  affluence.  prit  prétexte  de  ce  que  la  vache 
du  saint  ermite  était  mal  gardée  et  venait  sur  ses  terres, 
la  tua,  et  ce  procédé  fut  si  pénible  pour  le  saint  homme, 
qu'il  se  retira  à  Plouédern. 

An  autroa  eus  a  Gislinit 
A  fachaz  ouz  he  vioc'hik  ; 
Ha  laoskaz  varnezi  he  chas 
Ha  chom  al  loen  var  ar  plas. 

Edern  dont  ;  ha  var  a  gounter, 
Ar  vioc'h  senti  var  ar  ger, 
Sevel  ac'hano  ha  mont  koit 
Euz  a  bark  aotrou  Kistinit. 

A  Lannédern,  où,  dit  le  cantique,  Edern  éleva  une  cha- 
pelle en  l'honneur  de  la  Sainte  Vierge,  le  Saint  continua 
ses  œuvres  de  pénitence  et  d'édification;  c'est  là  qu'il 
sauva  la  vie  à  un  cerf  qui,  poursuivi  par  les  chasseurs, 
vint  se  réfugier  dans  les  plis  de  sa  robe.  Là  aussi,  raconte 
le  cantique,  étant  un  jour  en  prière,  le  valet  du  Duc  de 
Bretagne,  qui  se  rendait  à  Léon,  vint  lui  demander  la 
route  à  suivre.  Le  Saint,  se  trouvant  en  une  sorte  d'extase, 
ne  répondit  pas,  et  le  valet,  impatienté,  lui  donna  un 
soufflet  ;  aussitôt,  le  Duc  et  les  gens  de  sa  suite  devinrent 
aveugles;  mais  ayant  demandé  pardon  à  saint  Edern  de 
l'offense  qui  lui  avait  été  faite,  celui-ci  leur  dit  de  conti- 
nuer leur  route,  mais  qu'ils  ne  tarderaient  pas  à  recouvrer 
la  vue  ;  alors,  le  Duc  fit  vœu  de  construire  une  église  au 
lieu  où  s'opérerait  la  guérison,  ce  qui  arriva  lorsqu'entrés 


—  189  — 

au  pays  de  Léon,  ils  s'arrêtèrent  au  lieu  où  est  aujourd'hui 
Plouédern,  et  où  le  Duc  fit  construire  une  église  dédiée  au 
saint  ermite  de  Lannédern. 

Saint  Edern  mourut  à  Lannédern,  où  se  voit  son  tombeau. 

L'histoire  du  cerf  protégé  par  saint  Edern,  qui  ressemble 
à  s'y  méprendre  à  l'histoire' de  la  biche  de  saint  Gilles, 
expliquerait  assez  pourquoi  le  cerf  a  été  pris  comme 
caractéristique  de  sainl  Edern  ;  mais  on  ne  comprend  pas 
pourquoi  le  Saint  serait  représenté  à  cheval  sur  le  cerf. 
Aussi  a-t-on  eu  recours  à  une  autre  légende  qui,  cette 
fois,  est  empruntée  à  celle  de  saint  Théleau,  avec  de  légères 
variantes.  Voici  comme  elle  est  racontée  par  le  comman- 
dant Faty  (Vie  des  Saints,  manuscrit).  Lorsque  le  Saint 
vint  de  l'île  ,de  Bretagne  à  Quistinic,  a  il  s'adressa  au 
seigneur  du  pays  pour  obtenir  des  terres  afln  de  s'y  éta- 
blir. Celui-ci  lui  accorda  tout  le  territoire  qu'il  pourrait 
parcourir  jusqu'au  chant  du  coq.  En  sortant  de  chez  le 
seigneur,  notre  Saint  ayant  aperçu  un  cerf,  l'enfourcha  et 
se  mit  à  parcourir  le  pays.  Mais  sa  sœur,  craignant  qu'une 
pareille  course  ne  nuisît  à  la  santé  de  son  frère,  partit 
au-devant  de  lui,  dissimulant  un  coq  sous  son  tablier,  et 
dès  qu'elle  aperçut  Edern,  elle  découvrit  la  tête  du  coq 
qui,  ébloui  par  l'auréole  lumineuse  qui  entourait  le  Saint, 
prit  cette  clarté  pour  le  jour  et  se  mit  à  chanter.  Le  Saint, 
fidèle  à  son  engagement,  s'arrêta,  et  c'est  pourquoi  la 
paroisse  d'Edern  se  trouve  enclavée  dans  celle  de  Briec.  » 

Saint  Edern  est  donc,  comme  saint  Théleau,  représenté, 
monté  sur  un  cerf;  il  n'y  a  que  cette  différence,  c'est  que 
saint  Edern  est  représenté  en  simple  ermite,  tandis  que 
saint  Théleau,  en  sa  qualité  d'évêque,  est  crosse  et  mitre. 


-  160  — 

RÔLE  DES  DÉCIMES,    1783 

M.  Le  Roy,  recteur 20^ 

Fabrice 8i  12»  6* 

Trêve  de  Guillevain 8^  12»  6* 

N.-D.  de  Lannien 9^  17»  6* 

S^-Maudez 2i    5» 

N.-D.  du  Hellan li  15» 

S^Symphorien 1^  15* 

S«-Guénolé V  15» 


Total •541  12»  6** 

Extrait  des  Registres  de  Véglise  paroissiale  VEdern  et  de 
r église  tréviale  de  Guellevaiu  (ou  Galven),  de  Î608  à 
1908  (0. 

Recteurs 

1531-1533.  Louis  de  Tréanna. 

1608-1650.  Pierre  Le  Grand. 

1650-1659.  Hervé  Le  Roux. 

1668-1673.  Pierre  Jégouic. 

1673-1677.  Marc  Tanguy. 

1678.  Charles  de  la  Houssaye,  sieur  prieur  du  Pon- 

thou  et  recteur  d'Edern,  décédé  en  1681. 
1683-1716.  Guillaume  Tanguy,  abbé  de  Landévennec. 
1716-1720.  Guillaume  Cornée. 
1720-1724.  Gabriel  de  Rospiec,    recteur  d'Edern  et   de 

Laz  en  1723,  et  recteur  de  Laz  en  1724. 
1724-1758.  Charles  Toulancoat. 
1760-1788.  Augustin  Le  Roy. 


(1)  Noas  devoDS  ces  extraits  aux  patientes  recherches  du  Recteur  et 
des  Vicaires  d'Edern. 


-  161  — 

1789-1829.  Joseph  Le  Pennée,  né  à  Briec  en  1746. 

1829-1845.  M.  Séven. 

1845-1846.  F.  Croissant. 

1846-1854.  J.  Kerrest. 

1854-1860.  M.  Yvenat. 

1860-1878.  F.  Arhan. 

1878-1900.  J.-M.  Normant. 

1900-1901.  F.  Le  Sann. 

1901-1906.  A.  Moënner. 

1906.  Henri  Thomas. 


Prêtres,  Curés,  Vicaires  d'Édern 

1608.  Dom  Guill.  Lieubin. 

Hémery,  prêtre. 
Dom  Pezron,  prêtre. 
Dom  Yves  Le  Floch,  prêtre. 
Alain  Le  GofT,  prêtre. 

1613.  Jean  Littre,  prêtre  et  curé. 

1614.  Jean  Le  Louet,  prêtre. 
1622.  Guill.  Gloëgun,  prêtre. 
1630.           Y^ves  Le  Grand,  prêtre. 
1636.           Jean  Botorel,  prêtre. 

1640.  Gilles  Guiriec,   prêtre  en  1640,  curé  d'office 

en  1650,  et  curé  de  1659  à  1644. 
1640.  Jean  Le  Grand,  curé. 

1646.  Pierre  Labbé,  prêtre. 

1649.  Jean  Nicolas,  prêtre. 

1656..  Jean  Briand,  prêtre. 

1656.  Alain  Le  Guillou,  prêtre  en  1656  et  curé  en  1662. 

1660.  Petrus  Talbot,  prêtre. 

1664.  A.  Nédélec,  sous  diacre  en  1663,  prêtre  en  1664, 

curé  en  1664. 

Bulletin  de  la  Commission  diocésaine.  —  8'  année.  11 


1664.  J.  LaDDuzel,  sous-diacre  en  1664,  prêtre  de 

1668  à  1680. 

1664.  Gilles  Le  Foll,  sous-diacre  en  1660,  prêtre  en 
1665,  curé  en  1671,  annataire  en  1677, 

1665.  Guill.  Caugant,  diacre  en  1660,  prêtre  en  1663, 
annataire  en  1677,  curé  jusqu'en  1716. 

1668.  Alain  Le  Guillou,  prêtre  et  cuté. 

1670.  François  Jac,  prêtre. 

1670.  Noël  Bureau,  prêtre  en  1662,  annataire  en  1670. 
1682.           Alain  Caugant,  prêtre. 

1671.  Yves  Poher,  prêtre  de  1671  à  1704. 

1672.  Yves  Coz,  curé. 

1704.  Jacques  Cornée,  prêtre  en  1704,  curé  de  1719 

à  1734. 
1704.  Jean  Le  Grand,  prêtre  de  1704  à  1726. 

1724.  Joseph  Le  Floch,  curé  d'office  de  1724  à  1723 

et  curé  en  1725. 
1721.  René  de  Penandref,  prêtre. 

1728.  Michel  Le  Grand,  prêtre  en  1728,  curé  de  1734 

à  1737. 

1728.  J.  Arhan,  curé  eu  1728,  curé  d'office  en  1730. 

1729.  A.  Dréau,  prêtre. 

1732.  F.  Cloarec,  prêtre  de  1732  à  1733. 

1732.  Alain  Hemery,  prêtre  de  1731  à  1737. 

1750.  F.-J.  Le  Foll,  prêtre  de  1750  à  1773. 

1758.  J.  Guéguen,  prêtre. 

1759.  A.-C.  Guillou,  prêtre  de  1759  à  1762. 
1761.  G.  Le  Foll,  prêtre  de  1761  à  1768. 
1765.           Ch.  Le  Ru,  prêtre  de  1767  à  1784. 
1767.           J.  Le  D'hervé,  prêtre. 

1773.  Math.  Gouézec,  prêtre,  curé  de  1773  à  1792. 

1779.  A.  Kerdanet,  prêtre. 

1780.  (i.  Labbé,  prêtre. 
1783.  P.-J.  Le  Floch,  prêtre. 


—  163  - 

1787.  G.  Henry,  prêtre. 

1791-1793.  J.-P.  Rohou,  prêtre. 
1808.  J.  Liziard,  prêtre. 


1825. 

Cariou,           vicaire. 

1825. 

Séven, 

id. 

1830. 

Kerrest, 

id. 

1845. 

Fagot, 

id. 

1847. 

Glévarec, 

id. 

1857. 

V.  Guéguen, 

id. 

1875. 

S.  Guéguen, 

id. 

1878. 

H.  Salaun, 

id. 

1880. 

A.  Jçoueo, 

id. 

1883. 

Kerbrat, 

id. 

1884. 

Bacon, 

id. 

1885. 

Pichon, 

id. 

1885. 

Colin, 

id. 

1889. 

Le  Bras, 

id. 

1893. 

Keruzec, 

id. 

1893. 

P.  Jaouen, 

id. 

1894. 

Betrom, 

id. 

1896. 

Saillour, 

id. 

1896. 

Baron, 

id. 

1905. 

J.-L.  Lharidon, 

id. 

1906. 

J.-M.  Danzé, 

id. 

BÉNÉDICTION   DE   ClOGHES 

((  Ce  jour  21«  de  Septembre  1627,  a  été  faite  la  cérémo- 
nie et  bénédiction  de  deux  cloches  en  Téglise  paroissiale 
d'Edern,  par  noble  et  discret  messire  Guillaume  Tanguy, 
recteur  de  la  dite  paroisse,  et  ont  été  parrains  et  marrai- 
nes scavoir  :  de  celle  de  Téglise  paroissiale,  Escuier  Fran- 
çois Hyacinthe  de  la  Fruglaye,  chevalier  seigneur  de 


-  16i  — 

Kersner,  de  Bohineau  et  autres  lieux,  et  haute  et  puis- 
sante Marie  Magdalaine  Guillaume,  dame  de  Pennandreff 
et  autres  lieux  ;  et  celle  de  Saint-Symphorien  par  Escuier 
Pierre  Tanguy,  sieur  de  Yobezan,  et  Anne  Henriette 
Françoise  de  Rougeart,  dame  de  Kerguellen,  Keranroch, 
etc.  Celle  de  l'église  paroissiale  nommée  MaHe-Renée,  et 
celle  de  Saint-Symphorien,  Marie- FrançoUe,  El  ont  signé, 
les  dits  jour  et  an  que  devant  : 

((  Marie  Magdalaine  Guillaume  ;  Anne  Henriette  de 
Rougeart  ;  Katherine  Kerguellen  ;  Jean  Baptiste  de  Pen- 
nandreO  ;  Hyacinthe  de  la  Fruglaye  ;  René  de  Pennan- 
drefî  ;  François  de  Keroudault  ;  Kerguellen  ;  F.  Tanguy  ; 
Pierre  Coz.  » 

«  Le  l®*"  jour  de  May  1650,  je  soussigné  recteur  de  la 
paroisse  d'Edern,  certifie  avoir  bénict  la  cloche  Rohine 
Françoise  d'Edern,  nommée  par  Messire  François  de  Ker- 
guellen, seigneur  de  Dréverz,  le  Mez,  Kervern,  etc.,  et 
dame  Robine  de  Kernezne,  dame  de  Kerlean,  etc.  ;  et  a 
assisté  le  seigneur  de  Kerlean,  etc.  Fait  le  dit  jour  et  an 
que  devant. 

«  Hervé  Le  Roux,  recteur  ;  F.  Kergadalen  ;  René  de 
Kerlean  ;  Guiriec,  prêtre.  » 

« 

((  Le  15«  Aoust  1735,  a  été  faicte  la  cérémonie  de  la  bé- 
nédiction de  la  cloche  de  N.-D.  de  Lannien,  par  Noble 
Messire  François  Hyacinthe  de  la  Haye,  archidiacre,  cha- 
noine officiai  et  grand  vicaire  du  diocèse  de  Quimper, 
laquelle  a  été  nommée  Marin  Hyacinthe  par  Escuier  Joseph 
Marie  de  la  Fruglaye  et  seigneur  de  Kerzèvet,  dame  Marie 
Hyacinthe  de  Robily,  femme  de  escuier  Joseph  Louis  de 
Tréouret,  seigneur  de  Kerstrat.  (Et  ont  signé.)  » 


-  165  - 

((  Je  qui  soussigné  certifie  que  ce  jour  2^  de  Juillet, 
l'an  1674,  a  été  bénite  Marie  et  Renée  de  8^  Ouenolé  en 
réglise  treviale  de  Guellevain  paroisse  d*Edérn,  et  a  été 
nomé  par  Escuyer  René  de  Penandref,  Seigneur  de  Kerans- 
troet,  Kermados,  Labouziëre,  Kerdern  et  autres,  et  par 
Haute  et  puissante  dame  Marie  de  Penancoat,  dame  et 
vicomtesse  de  la  Gabtière,  proprietairesse  de  Herrez  et 
seigneries  de  Trohanet,  Keramote  la  Tour  et  S^  Laurens 
et  autres  lieux,  compagne  de  Messire  Jean  Trossier,  sei- 
gneur chevalier  vicomte  de  la  Gabtière,  Saint  Brieux,  le 
Pommerays  et  autres  lieux. 

((  Ont  signé  :  Marie  de  Penandref  ;  René  de  Penandref  ; 
Jean  Troussier  ;  Louise  Troussier  ;  Robine  de  Kerrou- 
dault  ;  François  de  Kerroudault  ;  Jac  prêtre  ;  Claude  Le 
Saux  ;  Hyac.  de  la  Haye,  chanoine  arch.,  ofHcial  et  vicaire 
général  ;  Hyacinthe  de  Robian  de  Kerstrat  ;  Le  Borgne  de 
Kergus  ;  Joseph  Marie  de  la  Fruglaye  de  Kerrest  ;  Maurice 
de  Trémarec  ;  Marie  de  Kerzevez  ;  du  Treoufent  de  la 
Boixière  ;  Thérèse  de  Livec  ;  Ch.  L.  de  PennandrefI 
Keranstroet;  Ch.  de  Pennandreff  ;  J.  L.  de  Treouret  de 
Pennandref!  ;  Kerguellen  Trémarec  ;  Toulancoat,  recteur.  » 

((  Le  onzième  d'Aoust  1710,  a  été  bénie  en  l'église  tre- 
viale de  Guelevin  une  cloche  pour  servir  à  la  dite  église, 
par  Yves  Poher,  vicaire  d'Edern,  laquelle  cloche  a  été 
nommée  Anne.  Parrain  haut  et  puissant  messire  Jean 
Baptiste  de  Penandref,  seigneur  de  Keranstraet,  de  la 
Bossière,  de  Kerdiren  et  de  Kermadau  et  de  plusieurs 
autres  lieux,  et  marraine  dame  Anne  de  Kervivart  ;  et  ont 
signé  ceux  qui  savaient  signer  : 

((  Anne  de  la  Roche  ;  Anne  Josephe  de  Tréanna  ;  Kerans- 
troet de  Penandref  ;  M.  M.  Moricette  de  Penandref  ;  Marie 
Anne  Thérèse  Gellot  ;  de  Keranstroet  le  fils  ;  V.  de  Kera- 
doré  ;  Y.  Poher,  prêtre.  » 


—  166 


Église  paroissiale 


Cette  église  a  été  reconstruite,  presque  en  totalité,  dans 
les  années  1887-1888.  On  n*a  conservé  de  l'ancien  édifice 
que  les  parties  qui  étaient  de  bon  style  et  qui  offraient 
des  garanties  de  solidité;  savoir  :  la  façade  Ouest  avec* 
quelques  mètres  du  mur  du  bas-côté  Sud  ;  Tabside  et  la 
sacristie,  qui  a  été  surélevée  d*un  étage  (1). 

Le  portail  Ouest  est  franchement  gothique,  des  pre- 
mières années  du  xvi^  siècle,  avec  porte  à  profond  ébra- 
sèment  composé  de  nombreuses  moulures,  le  tout  cou- 
ronné par  une  contre-courbe  à  crosses  végétales  ;  contre- 
forts entourés  de  bandeaux-larmiers  et  surmontés  de 
pinacles  maintenant  découronnés;  lesrempants  du  pignon 
sont  également  hérissés  de  crossettes  végétales  et  ont  pour 
amortissement  dans  le  bas  un  chien  et  un  lion  faisant 
office  de  gargouilles. 

Sur  le  haut  de  cette  façade  se  dresse  un  clocher  du 
XVII®  ou  du  XVIII®  siècle,  entouré  d'une  galerie  saillante  à 
balustres,  portée  sur  des  corbeaux  en  doucine  ou  grands 
modillons.  Au-dessus  est  un  double  étage  de  chambres 
de  cloches,  et,  pour  couronner  le  tout,  un  dôme  un  peu 
écrasé,  accosté  de  quatre  pinacles  octogonaux  et  sur- 
monté d*un  lanternon.  Ce  couronnement  appartient  à  la 
famille  des  clochers  de  Laz,  Châteauneuf,  et  ancienne 
chapelle  de  N.-D.  des  Portes,  etc. 

L'abside  a  ses  angles  appuyés  par  des  contreforts  dont 


(1)  Le  samedi  22  Février  1812,  le  tooDerre  tomba  sur  l'ôglise,  emporta 
reiirémité  du  clocher,  une  des  graoies  vitres  fut  brisée  et  jetée  de 
l'autre  c6lé  do  Tégiise,  le  toit  de  la  sacristie  euleTé. 


—  167  - 

les  bandeaux,  les  moulures  et  les  couronnements  accu- 
sent le  XVII®  siècle  ou  le  xviii«. 

Sur  la  partie  inférieure  de  la  sacristie  on  lit  cette  ins- 
cripUon  :  M  :  G  :  CAVGAN  .  CVRE  .  1711 

A  :  NEDELEC  .  FAB  . 
Nf:  Y:  POHER:  VICAIRE 

Au  porche,  la  porte  d'entrée  a  tous  les  caractères  de  la 
fin  du  XV»  siècle  ;  elle  a  été  prise  au  portail  Ouest  de  la 
chapelle  de  Saint-Maudet,  qui  se  trouvait  en  ruine  lors 
de  cette  construction.  L'ébrasement  et  Tare  des  voussures 
sont  composés  de  quatre  colonnettes  et  nervures,  entre 
lesquelles  montent  deux  guirlandes  de  feuilles  de  vigne 
et  de  chardon.  Cette  entrée  est  encadrée  de  deux  pilastres 
prismatiques  et  d'une  contre-courbe  saillante  à  feuillage. 
Les  crossettes  qui  ornent  le  gable,  ainsi  que  celles  des 
rampants  des  fenêtres  et  du  transept,  proviennent  égale- 
ment de  la  vieille  chapelle  de  Saint-Maudet. 

A  l'intérieur  de  l'église,  aux  côtés  du  maître-autel,  sont 
deux  statues  anciennes  remarquables  : 

1.  —  Saint  Edern,  le  Patron,  représenté  à  cheval  sur 
un  cerf,  vêtu  d'une  robe  d'ermite  et  d'un  manteau  à  capu- 
chon, tenant  de  la  main  gauche  un  livre  ouvert  et  de  la 
droite  un  bâton  à  potence.  Il  est  ainsi  figuré  à  cause  de 
l'épisode  du  cerf  poursuivi  par  un  chasseur,  qui  se  réfu- 
gia à  ses  pieds  pour  se  mettre  sous  sa  protection,  dans 
son  ermitage  de  Lannédern.  La  môme  représentation  se 
trouve  dans  ses  églises  de  Lannédern  et  de  Plouédern,  et 
dans  un  vitrail  de  l'église  de  Plqgonnec. 

2.  —  Saint  Maudet,  statue  venant  de  son  ancienne  cha- 
pelle. Il  est  vêtu  de  la  chape,  avec  mitre  et  crosse  ;  les 
orfrois  de  la  chape  et  les  bandeaux  de  la  mitre  ornés  de 
grands  et  petits  cabochons. 

Dans  le  transept  Nord  est  un  grand  tableau  du  Rosaire, 
ayant  les  quinze  médaillons  des  mystères  entourés  de 


—  168  — 

guirlandes  de  roses.  C'est  un  tableau  votif  qui  se  trouvait 
précédemment  à  la  chapelle  de  Lannien,  voisine  du  châ- 
teau de  la  Boixière,  et  qui  fut  donné  par  un  seigneur  de 
ce  château.  C'est  ce  qu'explique  une  légende  inscrite  dans 
le  bas  : 

VŒVfait  par  Messirejean  baptitte  de  pennandref  chevalier 
Seigneur  de  Keranstret  en  reconnaissance  du  bienfait  qu'U 
avait  reçu  en  passant  le  passage  de  Brest  à  Lanvéau  au  U 
tomba,  ayant  invoqué  la  Sainte  Vierge  qu'on  invoque  dans 
ce  Saint-lieu  il  sentit  comme  une  planche  ferme  sous  les 
pieds,  les  mariniers  après  une  lieu  de  route  retournèrent  le 
chercher,  layant  trouvés  crièrent  MIRACLE  en  1706. 

Philippe  pxii  1706. 

L'événement  qui  a  donné  lieu  à  ce  vœu  est  représenté 
dans  la  partie  inférieure  du  tableau,  entre  saint  Dominique 
et  sainte  Catherine  de  Sienne  :  Sur  la  mer,  une  barque 
avec  voile,  dans  laquelle  sont  deux  seigneurs  ou  gen- 
tilshommes portant  costume  rouge  du  temps  de  Louis  XIV, 
un  marinier  qui  est  à  la  barre  du  gouvernail,  un  autre 
qui  fait  la  manœuvre  et  un  troisième  penché  sur  le  bord 
pour  retirer  de  Teau  qn  troisième  gentilhomme,  costumé 
de  la  même  façon  que  les  autres,  lequel  est  sur  le  dos 
surnageant  sur  la  mer  et  tenant  son  chapeau  de  la  main 
gauche.  Dans  le  fond,  à  droite,  on  voit  le  château  de  Brest, 
avec  ses  tours  à  terrasses  crénelées,  mais  dépourvues  de 
leurs  toits  à  poivrières,  qui  avaient  été  déjà  enlevés  par 
Vauban.  En  face,  à  gauche,  est  une  autre  sorte  de  forte- 
resse, Bastille  de  Quilbignon  ou  Tour  de  la  Motte- Tanguy, 
A  Tarrière-plan  est  un  amas  de  maisons  avec  une  église 
à  clocher  gothique  :  église  des  Sept-Saints. 

Entre  les  deux  panneaux  de  l'inscription  votive  se 
trouve  un  cartouche  surmonté  d'une  couronne  comtale  et 
encadrant  quatre  blasons,  mais  dont  l'un  est  répété  : 


—  169  — 

1  et  3.  D'argent  à  2  étoiles  de  gueules  en  chef  sur  crois-' 
sant  de  même  en  pointe.  —  Armes  des  Penendrefl. 
2.  D'argent  à  la  tour  de  gueules. 
4.  D'azur  à  3  bandes  d'argent. 


Extrait  des  délibérations  d'Edern 

pendant  la  période  révolutionnaire. 

L*aQ  1793  an  II  de  la  République  française,  le  20  Jan- 
vier. Nous  Officiers  municipaux  et  notables  de  la  com- 
mune d'Edern,  réunis  au  lieu  ordinaire  de  notre  séance, 
le  procureur  de  la  commune  se  leva  et  nous  dit  que  plu- 
sieurs des  citoyens  l'avaient  prévenu  que  c'était  inter- 
rompre la  loi  de  rester  sans  prêtre  et  sans  fréquenter  le 
très  saint  sacrement,  par  conséquent  nous  vous  prions, 
Messieurs  les  Administrateurs  du  département  du  Finis- 
tère d'avoir  la  bonté  de  nous  faire  avoir  au  moins  deux 
prêtres,  un  pour  la  paroisse  et  l'autre  pour  servir  à  la 
trêve  de  Gulvein.  Et  nous  nous  contenterons  de  ces  deux 
jusqu'à  ce  qu'il  vous  soit  plus  facile  de  nous  accorder 

d'autres. 

Louis  Le  Grand,  maire. 

Le  27  Pluviôse  l'an  II  de  la  République  une  et  indivisi- 
ble. Nous  Officiers  municipauxd'Edern  réunis...  pour  fixer 
la  descente  et  le  transport  de  12  cloches  que  nous  avons 
fait  transporter  au  district  de  Ville  sur  Aulne,  avons  fixé 
transport  des  dites  cloches  à  la  somme  de  45  livres  ;  pour 
la  descente  à  la  somme  de  35  livres. 

Le  14  Pluviôse  l'an  II  de  la  République  française,  une 
et  indivisible.  Nous,  Maire  et  Officiers  municipaux  d'Edern 
assemblés,.,  pour  procéder  à  l'inventaire  de  l'argenterie 
de  nos  églises  nous  avons  trouvé  à  l'église  paroissiale 


—  170  — 

rendus  par  les  fabriques  des  autres  chapelles  :  une  croix 
d'argent  pesant  12  livres  ;  une  autre  croix  de  pommettes 
d'argent  pesant  5  livres  ;  4  chandeliers  en  argent  pesant 
9  livres,  2  calices  avec  2  patelles,  une  assiette  avec  2  bu- 
rettes pesant  ensemble  9  livres,  lesquels  nous  avons  ren- 
dus au  directoire  de  Ville  sur  Aulne  ci  devant  Chateulln 
suivant  la  loi  et  les  ordres  du  dit  directoire  par  lesquels 
nous  avons  été  forcés. 


Chapelles 
70  Notre-Dama  de  Lannien. 

Cette  chapelle,  située  à  1  kilomètre  au  Sud  du  bourg, 
devait  dépendre  du  château  de  la  Boixière  dont  elle  est 
voisine.  Elle  a  presque  les  proportions  de  Téglise  parois- 
siale, mesurant  29  mètres  de  longueur  totale  à  Textérieur, 
et  entièrement  bâtie  en  pierres  de  taille. 

La  façade  Ouest  semble  être  du  xvii«oudu  xvin®  siècle, 
ayant  une  porte  à  plein  cintre  encadrée  de  pilastres  et 
d'un  entablement  doriques,  et  surmontée  d'une  niche  de 
même  style  au-dessus  de  laquelle  est  un  écusson  fruste 
puis  une  croix.  Le  clocher  esl  une  reproduction  exacte 
de  celui  de  Téglise  paroissiale,  comme  disposition  et 
comme  dimension. 

La  façade  Midi,  qui  n'a  pas  de  bas-côté,  et  le  transept 
qui  y  fait  suite,  ont  une  ordonnance  assez  magistrale  et 
appartiennent  à  la  fin  de  la  période  ogivale.  Le  mur  Sud 
est  percé  de  deux  portes,  dont  une  assez  singulièrement 
moulurée,  puis  d'une  petite  baie  trilobée  et  d'une  fenêtre 
flamboyante  à  un  meneau.  La  porte  Ouest  du  bras  de 
transept  a  dans  son  ébrasement  quatre  colonnettes  à 
chapiteaux  feuillages,  continuées  par  des  tores  formant 


^  ili  - 

Togive,  le  tout  encadré  par  des  pilastres  prismatiques 
portant  pinacles  aigus  et  contre -courbe  à  crossettes  et 
chou  de  couronnement. 

La  fenêtre  du  pignon  de  ce  transept  compte  trois  baies 
et  trois  soufflets  à  redents,  celle  de  Tabside  quatre  baies 
et  cinq  soufflets  simples.  Cette  fenêtre  contenait  autrefois 
une  belle  verrière  qui  a  maintenant  disparu. 

À  rintérieur,  on  trouve  une  belle  nef,  avec  bas-côté  au 
Nord  et  un  assez  vaste  transept  au  Sud.  Les  piles  qui 
séparent  la  nef  du  collatéral  ont  une  section  en  forme  de 
losange  et  ont  leurs  faces  découpées  de  sortes  de  canne- 
lures qui  se  continuent  dans  les  arcades.  Cette  moulura- 
tion  est  très  fine  et  très  soignée.  Vers  le  milieu  est  une 
pile  beaucoup  plus  forte,  portant  un  arc  triomphal,  sur 
lequel  a  dû  exister  un  campanile  central,  avant  que  fût 
bâti  le  clocher  actuel. 

Dans  l'abside,  le  bas-côté  Nord  et  le  transept  Sud,  sont 
trois  autels  en  pierre  dont  les  tables  en  granit  reposent 
sur  des  massifs  en  simple  maçonnerie  de  moellon.  Près 
de  ces  autels  sont  trois  piscines,  dont  deux  ornementées 
de  crossettes  et  de  feuillages.  Au  bout  du  maître-autel, 
côté  de  TEvangile,  est  une  armoire-tabernacle. 

Statues  en  vénération.  —  A  l'abside  :  Notre-Dame  de 
Lannien  (N-D.  de  Pitié),  assise,  tenant  sur  ses  genoux  le 
corps  inanimé  du  Sauveur.  —  Sainte  Aune,  debout,  ayant 
devant  elle  la  petite  Sainte-Vierge,  tenant  un  livre  ouvert. 

A  l'autel  Nord  :  Saint  Sébastien,  percé  de  flèches  ;  sta- 
tue en  pierre  blanche  de  0  m.  90. 

Au  transept  :  Saint  Fiacre,  en  pierre  blanche,  avec 
bêche  et  livre. 

Sainte  Claire  (?)  tenant  maintenant  à  la  main  une  petite 
branche  de  vigne,  mais  devait  porter  autrefois  un  ciboire 
ou  un  ostensoir. 

Dans  le  pavé  de  la  nef,  près  du  chœur,  est  une  pierre 


—  1^2  — 

tombale  portant  deux  blasons  frustes  accolés,  puis  une 
inscription  en  grande  partie  usée  : 

lANNE  DE 

PENANDREF 

DECED  ,.,.^ 


Au  côté  Midi  de  la  chapelle,  sur  le  placltre  planté  de 
beaux  arbres,  est  une  croix  de  granit  portée  sur  un  mas- 
sif  triangulaire,  mesurant  2  m.  10  de  côté,  entouré  d'un 
banc  en  pierre  et  d'un  soubassement  à  moulures  du 
XY^  siècle,  et  surmonté  d'un  larmier  et  glacis  de  même 
style.  Sur  le  croisillon  sont  Notre-Dame  et  saint  Jean  ; 
sur  Tautre  face,  Notre-Seigneur  assis,  montrant  ses  plaies, 
accompagné  de  deux  anges  portant  les  instruments  de  la 
Passion  :  colonne,  fouet,  croix  et  clous. 

((  Le  9  Novembre  1784,  a  été  inhumée  à.Lannien,  damé 
Radegonde  de  Penandreff,  veuve  de  Messire  René  Bail- 
lard  Descours,  chevalier  seigneur  d'Arguemont,  ancien 
lieutenant  des  vaisseaux  du  Roy  et  chevalier  de  Tordre 
royal  et  militaire  de  Saint-Louis. 

((  Signé  :  Chevalier,  recteur  de  Briec  ; 
MmRiEL,  prêtre  ;  Rolland,  prêtre  ; 
A.  Le  Roy,  recteur  d'Édern.  » 

20  Notre-Dame  du  Niver. 

Cette  chapelle  est  le  centre  d'une  grande  dévotion,  et 
son  pardon,  qui  se  célèbre  le  jour  de  la  Pentecôte,  est  fré- 
quenté par  un  chiffre  moyen  de  6.000  pèlerins.  Dans  les 
temps  anciens,  c'est  Notre-Dame  de  Lannien  qui  était  le 
pèlerinage  en  vogue  ;  mais  pour  des  causes  que  nous  igno- 
rons, le  concours  des  fidèles  diminua  ou  cessa  presque 


—  173  — 

complètement,  pour  se  porter  à  Notre-Dame  du  Niver. 
C'est  pour  cette  raison,  sans  doute,  que  la  chapelle  primi- 
tive, trop  petite,  fut  remplacée  à  la  fin  du  xviii*  siècle  par 
la  chapelle  actuelle,  assez  vaste,  mais  encore  insuffisante 
pour  recevoir  la  foule  immense  qui  accourt  au  pardon,  et 
force  a  été  de  construire  un  abri  ou  oratoire  pour  chanter 
la  grand'messe,  au^bord  d'un  vaste  champ  où  toute  cette 
multitude  peut  se  masser  pour  assister  à  l'office. 

La  date  de  1788,  sculptée  au-dessus  de  la  porte  Ouest 
de  la  chapelle,  doit-elle  nous  renseigner  sur  l'époque  de 
la  construction  du  clocher  de  l'église  et  de  celui  de  Notre- 
Dame  de  Lannien  ?  Le  clocher  du  Niver,  en  effet,  est 
absolument  dans  la  même  donnée,  un  peu  moins  impor- 
tant, il  est  vrai,  n'ayant  qu'un  seul  étage  de  chambres  de 
cloches,  mais  offrant  dans  le  dôme  de  couronnement  plus 
d'élancement  et  d'élégance. 

La  porte  principale,  qui  se  trouve  sous  ce  clocher,  est 
assez  richement  ornementée  ;  elle  est  encadrée  de  deux 
pilastres  carrés  portant  un  entablement  et  un  fronton  à 
volutes,  au  milieu  duquel  se  trouve,  sur  un  cartouche 
rond,  la  date  de  1788.  Plus  haut,  est  une  niche  à  coquille 
dont  le  dais  en  lanternon  est  surmonté  d'un  petit  Christ 
ressuscité,  à  manteau  très  flottant. 

La  chapelle  se  compose  d'une  nef,  de  deux  branches  de 
transept  assez  saillantes  et  d'une  abside  à  pans  coupés. 
Les  murs  sont  en  belles  pierres  de  taille  et  offrent  bien  le 
caractère  sobre  et  un  peu  froid  de  l'époque  :  pour  toute 
ornementation,  une  petite  saillie  formant  pilastres  sur  les 
angles  et  bandeaux  d'encadrement  autour  des  portes  et 
fenêtres. 

A  l'intérieur,  même  sobriété  :  murs  nus,  lambris  en 
bois  formant  berceau,  en  tout  quatre  fenêtres,  deux  aux 
bouts  du  transept  et  deux  à  l'abside.  La  longueur  totale  est 
de  16  m.  23,  la  largeur  de  la  nef,  6  m.  45,  et  celle  du 
transept,  14  m.  25. 


-  174  - 

Nous  y  trouvons  seulement  quatre  statues  : 

1.  —  Notre-Dame  du  Ni  ver,  retouchée  et  repeinte  très 
richement,  genre  Munich.  L'Enfant-Jésus,  vêtu  d'une 
robe  longue,  cherche  le  sein  de  sa  Mère. 

2.  —  Du  côté  de  l'Epttre,  une  sainte  toute  maigre,  tète 
découverte  et  tenant  un  livre,  que  l'inscription  récente 
peinte  sur  le  socle  désigne  sous  le  nom  de  sainte  Margue- 
rite,  mais  qui  porte  sur  sa  base  l'inscription  ancienne  : 
NTRE  .  DME  .  DE  .  REGORH,  N.-D.  de  recours  (?)  de 
réconfort  (?). 

3.  —  Saint  Sébastien,  percé  de  flèches. 

4.  —  Sainte  Apolline,  tenant  livre  et  tenailles. 
Au-dessus  du  maitre-autel,  est  un  tableau  représentant 

l'Assomption  :  la  Sainte  Vierge  comme  soutenue  par  deux 
anges. 

Notre-Dame  du  Niver  est  invoquée  particulièrement 
par  les  mères  de  famille,  pour  avoir  une  bonne  délivrance, 
et  aussi  par  les  malades  qui  souffrent  de  plaies  et  de 
rhumatismes.  Voilà  pourquoi  on  voit  dans  la  chapelle, 
comme  ex-voto,  des  enfants  et  des  membres  en  cire,  et 
aussi  bon  nombre  de  béquilles. 

Au  pignon  d'une  maison  voisine,  est  fixée  sur  une  con- 
sole une  statue  en  pierre  de  Notre-Dame,  ayant  le  carac- 
tère du  xvi«  siècle  ;  c'est  l'image  qui  était  en  vénération 
avant  celle  qui  se  trouve  maintenant  dans  le  sanctuaire. 


3^  Saint- Jean  Bot- Lan. 

Sant  Yann-bodlan  (buisson  d^ajoncs)  est  située  sur  le 
plus  haut  plateau  de  la  paroisse  d'Edera,  à  la  cote  226 
mètres  d'altitude,  et  du  vaste  placitre  qui  Tentoure  oa 
jouit  d'un  panorama  superbe.  Cette  chapelle  appartenait 
aux  Hospitaliers  de  Saint-Jean  de  Jérusalem,  et  d'elle 


—  175  — 

dépendait  le  moulin  du  Temple,  qui  se  trouve  dans  le 
vallon,  au  pied  de  la  montagne,  sur  le  bord  Nord  de  la 
route  de  Châteauneuf,  ainsi  que  la  petite  chapelle  de 
Itroun- Varia-an- Templ,  qui  l'avoisinait  et  dont  il  ne  reste 
plus  trace,  sinon  la  fontaine,  Feunteun  Varia,  existant 
toujours,  mais  dépourvue  de  tout  édicule  et  de  tout 
ouvrage  de  maçonnerie. 

La  chapelle  de  Saint-Jean  est  un  important  édifice, 
mesurant  23  mètres  de  longueur  extérieure,  presque  entiè- 
rement construit  en  pierres  de  taille,  sauf  le  bas-côté 
Nord,  où  Ton  trouve  du  moellon  de  schiste  disposé  en 
assises  assez  régulières.  Le  caractère  général  indique  le 
commencement  du  xvi®  siècle. 

La  porte  principale  du  portail  Ouest,  de  style  gothique, 
est  entourée  de  moulures  prismatiques,  et  accompagnée 
de  deux  pilastres  ronds  ornés  de  losanges  en  creux,  se 
continuant  au-dessus  des  chapiteaux  en  pinacles  et  en 
contrecourbe  de  couronnement  avec  crossettes  et  chou. 
Le  clocher  qui  surmonte  cette  façade  est  très  élégant,  se 
composant  d'une  chambre  de  cloche  et  d'une  flèche  élan- 
cée, ornée  à  sa  base  de  gables  aigus  et  de  pinacles. 

Les  deux  portes  du  côté  Midi  et  du  transept  sont  dans 
le  môme  genre  que  celle  du  portail,  mais  un  peu  plus 
petites,  et  ayant  leurs  pilastres  de  forme  prismatique. 

Celle  du  transept  a  de  petits  chapiteaux  feuillages.  Au 
delà  du  transept,  est  une  sacristie  octogonale,  avec  foyer 
et  cheminée.  Près  de  la  façade  Midi  se  dresse  une  tige  de 
croix  toute  hérissée  de  bosses,  mais  il  ne  reste  plus  au 
haut  qu'une  Notre-Dame  de  Pitié  très  fruste  ;  les  autres 
débris  se  voient  à  l'intérieur  de  la  chapelle  :  Christ,  Notre- 
Dame  et  Saint- Jean,  Ecce-Homo,  la  Madeleine  et  une 
autre  Sainte-Femme. 

Intérieurement,  la  chapelle  se  compose  d'une  nef,  large 
de  5  mètres,  qu'un  rang  de  piles  octogonales  formant 


-  176  - 

quatre  travées  sépare  d'un  unique  bas-côté  Nord,  large 
de  2  m.  38.  Plus  loin,  sont  deux  branches  de  transept  et 
une  abside  droite,  enfoncée  seulement  de  1  m.  50.  La 
longueur  totale  de  l'intérieur  est  de  21  mètres. 

Dans  le  sanctuaire  et  les  bras  de  transept,  sont  trois 
autels  en  pierre  ;  deux  autres,  plus  petits  sont  adossés  à 
la  pile  et  au  pilastre  qui  terminent  la  nef  ;  sur  l'un  de  ces 
petits  autels,  côté  Midi,  sont  déposés  des  ex-voto  assez 
étranges,  une  soixantaine  de  galets  roulés,  galets  de  mer 
ou  de  rivière,  ou  provenant  de  monuments  mégalithiques, 
cailloux  de  toutes  dimensions,  de  tous  grains  et  de  toutes 
couleurs,  et  avec  lesquels  les  pèlerins  se  frottent  les  yeux, 
tout  comme  à  Saint-Jean-du-Doigt  ils  se  font  imposer  le 
Doigt  du  saint  Précurseur,  et  comme  à  Saint-Jean  de 
Plougastel-Daoulas  ils  s'appliquent  sur  les  yeux  le  fac- 
similé  d'œil  en  cristal,  enchâssé  dans  de  l'argent  et  fixé 
par  une  chaînette  à  la  statue  du  saint  Patron.  A  la  cha- 
pelle de  Saint-Symphorien  de  la  même  paroisse  d'Edern, 
on  trouve  aussi  une  dizaine  de  galets  analogues,  mais 
leur  attribue-t-on  également  des  vertus  curatives  ? 

Le  maître-autel  est  couvert  d'un  revêtement  en  bois 
assez  bien  travaillé  ;  les  gradins,  le  retable  et  le  taberna- 
cle sont  ornés  d'arabesques,  colonnettes,  niches,  et  sta- 
tuettes du  xviP  siècle,  fort  bien  sculptées.  Dans  un  pan- 
neau du  retable  on  voit  un  petit  blason  portant  d'argent  à 
2  étoiles  de  gueules  en  chef  et  1  croissant  de  même  en  pointe, 
qui  est  de  Penendreff. 

Aux  côtés  de  cet  autel,  dans  des  niches  ressemblant  à 
de  petites  armoires  d'horloges,  sont  les  statues  de  : 

Notre-Dame  d'Espérance,  Vierge-Mère  couronnée  ; 

Saint  Jean,  à  chevelure  et  barbe  longues,  tenant  un 
disque  surmonté  d  un  agneau,  qu'il  montre  de  la  main 
droite.  Il  est  vêtu  d'une  peau  de  bête,  dont  on  voit  la  tête 
et  les  pattes. 


^  177  - 

Les  autres  statues  de  la  chapelle  sont  :  rEcce-Homo;  — 
Saint  Edern,  à  cheval  sur  un  cerf  ;  —  Saint  Hervé,  tenant 
un  livre,  et  ayant  h  ses  pieds  un  loup  bridé. 

Dans  le  petit  réduit  du  bas  du  collatéral,  sont  relégués 
un  Ecce-Homo  et  un  saint  Sébastien. 

La  maîtresse  vître,  au-dessus  du  maître-autel,  conserve 
encore  une  partie  de  son  ancienne  verrière.  Le  bas  des 
panneaux  a  disparu,  mais  on  peut  reconnaître  les  trois 
scènes  représentées  : 

1.  —  Saint  Jean  baptisant  le  Sauveur. 

2.  —  Le  bourreau  décapitant  saint  Jean  et  remettant  sa 
tête  à  Salomé. 

3.  —  Hérodiade  perçant  la  langue  du  Précurseur  avec 
un  stylet. 

Le  couronnement  de  ces  panneaux  se  compose  de  dais 
et  pinacles  gothiques.  Dans  les  soufflets,  les  blasons  sont 
frustes  et  méconnaissables,  mais  on  lit  encore  sur  deux 
banderoles  latérales  cette  inscription  :  Ecce  Agnus... 

Dans  les  soufflets  de  la  fenêtre  du  transept  Sud,  sont 
conservés  deux  écussons  composés  : 

Ecartelé  aux  1  et  4  d'or  à  3  croissants  de  gueules,  qui 
est  Liziard,  aux  2  et  3  d'azur  à  la  quintefeuille  d'argent, 
qui  est  de  la  Lande. 

Parti  d'un  coupé  d'or  aux  3  croissants  de  gueules,  et  d'azur 
à  la  quintefeuille  d'argent  ;  d'azur  aux  losanges  d'argent. 

Dans  le  soufflet  de  la  petite  fenêtre  Sud  de  la  nef,  est 
un  agneau  pascal  surmonté  d'une  croix  à  banderole* 


4^  Saint-Symphorien. 

Cette  chapelle  est  dédiée  à  saint  Symphorien,  soldat 
martyr,  le  même  qui  est  honoré  à  Saint-Yvi,  près  Ros- 
porden,  et  à  Paule,  près  Rostrenen.  Elle  est  distante  de 

Bulletin  de  la  Commission  diocésaine.  —  8*  année.  12 


-  178  - 

2  kilomètres  et  demi  du  bourg,  dans  la  direction  du 
Nord,  tout  contre  le  village  de  Laudivigen.  C^est  un  édi- 
fice assez  modeste  de  15  mètres  de  longueur  intérieure, 
sur  5  m.  60  de  largeur. 

La  façade  Ouest  a  une  petite  avancée  en  pierres  de 
taille,  servant  de  base  à  un  petit  clocher  à  dôme  et  lan- 
ternon,  inspiré  de  ceux  plus  importants  du  boui^  de 
Lannien  et  du  Niver.  A  l'intérieur,  il  n'y  a  que  deux  sta- 
tues anciennes  : 

1.  —  Saint  Symphorien,  soldat  martyr,  vêtu  de  l'ar- 
mure en  fer,  cuirasse,  cuissards  et  brassards,  avec  épée 
suspendue  à  son  ceinturon.  La  tête  est  découverte,  et  ses 
cheveux  longs  tombent  sur  ses  épaules. 

2.  —  Sainte  Catherine,  vêtue  d'un  manteau  et  d'une 
robe  à  collerette,  qui  monte  à  toucher  son  menton.  Elle  a 
couronne  en  tête,  longue  chevelure  et  tient  son  épée  et  sa 
roue. 

50  Noire-Dame  de  Hellen. 

Elle  se  trouve  à  4  kilomètres  au  Nord  du  bourg,  dans 
la  direction  de  Gouézec.  Les  statues  anciennes  sont  : 
Notre-Dame,  -  un  beau  groupe  triple  de  sainte  Anne,  la 
Sainte  Vierge  et  l'Enfant-Jésus,  —  puis  un  saint  Barthé- 
lémy écorché  vivant. 

6^  Saint'Maudet. 

En  ruine,  à  1  kilomètre  au  Nord  du  bourg.  La  porte 
principale  et  les  pierres  ouvragées  ont  été  transportées 
pour  être  employées  dans  la  reconstruction  de  l'église 
paroissiale.  Après  1  abandon  de  la  chapelle,  on  a  continué, 
selon  la  vieille  tradition,  à  prendre  de  la  terre  sous  le 
maître-autel  en  granit,  pour  conjurer  les  afiections  de 
jambes,  abcès,  humeurs  froides  et  tumeurs  blanches, 


-  179  — 

qu'on  dénomma  mol  de  êaint  Maudet  (drouk  sant  Vodet). 
On  en  a  tellement  pris  que  Tautel  a  été  complètement 
déchaussé  et  a  fini  par  s'ébouler. 

Il  reste  encore,  près  de  l'emplacement  de  la  chapelle, 
le  soubassement  triangulaire  d'un  vieux  calvaire,  qui 
devait  avoir  une  certaine  importance. 

70  Chapelle  de  Ouîven  (Ghtellvain),  Saint-Ouénolé, 

Cette  chapelle  a  été  entièrement  rebâtie  en  1880,  sur  les 
plans  de  M.  Boyer,  architecte  de  la  ville  de  Quimper  ; 
mais  on  a  conservé  l'ancien  clocher  gothique,  très  élégant 
de  forme,  et  la  fenêtre  à  trois  baies  de  l'abside.  Les  mesures 
intérieures  sont  :  longueur,  13  m.  50;  largeur,  5  m.  60. 
Au  pignon  Nord  de  la  sacristie,  on  a  incrusté  un  vieil 
écusson  timbré  d'une  mitre  et  d'une  crosse  et  qui  porte  : 
écartelé  aux  1  et. 4,  d*azur  à  l'aigle  d*or  accompagné  de 
trois  étoiles  de  même  ;  aux  2  et  3  se  voit  une  colombe  d'argent 
portant  un  rameau  d'olivier.  Ce  sont  les  armes  des  deux 
abbés  Pierre  et  Jacques  Tanguy,  qui  ont  gouverné  l'abbaye 
de  Landévennec  de  1627  à  1695. 

Les  vieilles  statues  conservées  sont  : 

1.  •—  Un  saint  évéque  ou  abbé,  en  pierre,  haut  de 
2  mètres,  en  chape,  mitre  et  crosse,  la  mitre  et  les  orf rois 
ornés  de  nombreux  cabochons.  L'inscription  assez  récente, 
gravée  sur  le  socle,  le  désigne  comme  étant  saint  Guénolé, 
patron  ;  ne  serait-ce  pas  originairement  saint  Goulven  ? 

2.  —  Un  saint  prêtre,  barbu,  en  chasuble,  tenant  un 
livre  ouvert.  Le  cul-de-lampe  qui  le  porte  est  soutenu  par 
un  buste  de  femme  tenant  une  pomme  dans  sa  main,  et 
terminé  en  queue  de  serpent. 

3.  —  Vierge-Mère,  xv«  siècle,  en  pierre  blanche,  hau- 
teur, 0  m.  95,  à  couronne  ornée  de  hauts  fleurons  très 


-^  180  — 

découpés  ;  elle  est  un  peu  hanchée  comme  les  Vierges  de 
cette  époque.  Elle  porte  sur  son  bras  gauche  TEnfant- Jésus 
velu  d'une  robe  et  tenant  des  deux  mains  une  banderole 
déroulée.  Dans  la  main  droite  elle  a  le  pied  d*un  lis  dont 
la  fleur  a  disparu. 

4.  —  Saint  évoque,  xv«  siècle,  vêtu  d'une  chape  très 
drapée  par  devant  ;  il  tient  un  livre,  et  sa  crosse,  qui  a 
perdu  sa  hampe,  avait  une  volute  feuillagée. 

5.  —  Abbé  en  chape,  portant  crosse  et  tenant  un  livre 
fermé  sur  sa  poitrine. 

6.  —  Autre  statue  de  Vierge-Mère,  en  granit,  de  facture 
inférieure,  portant  sur  son  socle  :  ROLAND.  F.  F.,  Roland 
fit  faire. 

Au  bas  de  la  chapelle,  est  un  bénitier  portant  cette  ins- 
cription :  1657  :  MI  :  POVLIQUEN 

Dans  le  pavé,  sont  quelques  pierres  tombales  de  1766- 
1768.  On  continue  à  enterrer  dans  le  cimetière  les  gens 
de  cette  trêve,  fort  éloignée  du  bourg.  Dans  ce  cimetière, 
une  vieille  croix  de  pierre,  mais  découronnée,  repose  sur 
un  socle  carré,  de  2  mètres  de  côté,  entouré  d'un  banc  et 
d'une  plinthe  moulurée  et  surmonté  d'un  glacis-larmier, 
style  XV®  ou  xvi®  siècle. 

En  dehors  de  cette  enceinte,  du  côlé  Sud-Est,  est  la 
fontaine  de  dévotion,  recouverte  d'une  voûte  ogivale,  en 
pierres  de  taille. 

Curés  de  Glellevain 

1621.  Philibert  Pezron. 

1633-1652.  T.  Pennanech. 

1652-1633.  J.  Nicolas. 

1653-1659.  J.  Jac. 

1659-1661.  G.  Le  Page. 


—  181  - 

1668.  A.  Le  Guillou. 

1661-1663.  J.  Capitaine. 

1673-1686.  Gilles  Le  Foll. 

1686-1716.  Yves  Coz. 

1716-1719.  A.  Dreau. 

1720.  L.  Benoist. 

1720-1722.  Pierre  Douérin. 

1722-1723.  Henri  Jan. 

1724-1734.  Vincent  Caugant  ou  Gueguen.  —  Vers  1730 
(B.  230)  une  procédure  fut  engagée  contre  le  S^  Meslou 
de  Trégoin  pour  avoir  frappé  de  son  épée  M'®  Vincent 
Gueguen,  curé  de  Guellevain. 

1740-1761.  François  Cloarec. 

1761-1770.  A.  C.  Le  Guillou. 

1770-1786.  Ch.  Le  Reï. 

1784-1786.  Guill.  Bernard. 

1786-1792.  Kerdanet. 

Guelvain  dépendait  autrefois  de  Tabbaye  de  Landéven- 
nec.  On  y  faisait  les  baptêmes,  les  mariages  et  les  enter- 
rements. 

On  y  chante  la  messe  quatre  fois  par  an  :  le  dimanche 
qui  suit  la  fête  de  saint  Guenolé,  patron  de  la  chapelle  ; 
le  jour  de  l'Ascension  ;  la  fête  de  sainte  Anne  et  le  diman- 
che qui  suit  la  fête  dea  Morts. 

Le  8  Février  1636,  Messire  Pierre  Tanguy,  abbé  com-» 
mandataire  de  Landévennec,  conseiller  du  Roy,  aumô- 
nier ordinaire  du  seigneur  du  Guellevain,  est  parrain  de 
Jan  de  Kergradiou. 

Le  1«'  Nivôse  an  XII  (1804)  les  tréviens  de  Guellevain, 
demandent  un  prêtre,  car  la  trêve  n'est  plus  desservie 
depuis  la  mort  de  M.  Yves  Kerdanet.  Cette  demande  d'un 
prêtre  desservant  ce  quartier  fut  vainement  renouvelée 
en  1846  et  1854. 


—  482  — 

A  500  ou  600  mètres  de  Gulven  est  UBe  petite  chapelle 
où  Ton  vénère  iant  Véguen, 
Est-ce  saint  Guénégan  ou  Conog»  ? 

On  nous  signale  une  chapelle  en  ruine  dite  de  Lanarnec, 
probablement  sous  le  vocable  de  Saint-Arnec,  le  fonda- 
teur légendaire  de  Landternec  ou  Landerneau. 

* 

On  lit  sur  le  registre  paroissial  à  la  date  de  1638,  cette 
mention  faite  par  M.  Le  Grand,  prêtre  d^Édem,  de  la 
prophétie  suivante  qui  rappelle  celle  de  NûêtradamuÊ  : 

Le  8«  jour  de  Décembre  1627,  une  pierre  tomba  dessus 
le  clocher  de  Saint-Mathieu,  à  Morlaix,  à  la  veue  de  pla- 
sieurs  personnes  auquel  il  estait  escript  ce  qui  s'ensuit  : 

Un  peu  avant  seize-cent- trente, 
Les  vouga  à  la  barbe  jausne  payront  la  rante, 
Un  beaa  Gaston  moult  besoignera, 
Et  la  croix  ronge  de  conteur  changera. 

Gonde  glao  bras  amou  noas  a  dra  sur 
Meur  a  vonga  varvel  a  dmiUon, 
Hac  en  on  bro  a  changée  stil 
Rac  mny  e  quit  cant  mil  a  vresillo. 

Ces  vers  bretons  pourraient  se  traduire  : 

Après  la  grande  pluie,  orage  dévastateur  suivra. 
Plnsienrs  seront  étouffés,  on  mourra  en  masse 

Et  le  pays  changera  de  face 
Car  pins  de  cent  mille  quitteront  poar  gneneyer. 

Maisons  nobles 

Bouexiere,  S'  du  dit  lieu  :  d'argent  à  la  croix  patiée 
d'aeur, 
PenendrefI,  S'  de  Keranstret  et  de  la  Bouexiere  :  d'ar- 


-  483  - 

gent  au  croissant  de  gueules  surmonté  de  deux  étoiles  de 
même;  devise  :  qu'aucun  querelleur  n'y  entre. 

Thominec,  S'  de  la  Boixiere  :  d'azur  à  une  croix  d'ar- 
gent chargée  de  cinq  pigeons  d'azur,  becqués  et  membres  de 
gueules. 

Monuments  anciens  <*) 

Menhir  de  2  mètres  dans  le  cimetière  de  Landivigen 
ou  Saint-Symphorien. 

Restes  d'un  dolmen  à  50  mètres  de  la  chapelle. 

Pierres  amoncelées  affectant  la  forme  d'un  tumulus  à 
100  mètres  à  TEst  de  Landivigen. 

Tumulus  de  12  mètres  de  diamètre  à  900  mètres  à 
rOuest  de  Landivigen. 

Tumulus  sur  le  flanc  de  la  montagne,  à  gauche  de  la 
route  allant  à  Châteauneuf . 

Tuiles  et  restes  romains  à  la  Boixiere. 

Motte  dite  Ar  Santinellou,  à  Ty-Flean. 


(1)  Voir  M.  do  Chatellier,  p.  131. 


—  184  — 


GUILLAUME    PERRON 

Évèque  de  Léon  <  1489-1472) 


1 

Guillaume  Ferron,  dont  la  famille  était  originaire  des 
diocèses  de  Saint-Malo  et  de  Dol,  portait  pour  armes, 
nous  dit  M.  de  Courcy  :  d^azur  à  la  bande  d'argent  chargée 
de  quatre  hermines  de  sable,  le  champ  semé  de  billettes  d'ar- 
gent sans  nombre.  Ces  armes  ont  été  reproduites  par  les 
soins  de  M.  de  Courcy,  dans  le  porche  méridional  de  la 
cathédrale  de  Saint-Pol  ;  mais  si  ces  armes  sont  celles  de 
la  famille  Perron,  ce  n'étaient  pas  celles  que  portait  le 
Prélat,  car  son  sceau,  dans  les  nombreux  actes  que  possè- 
dent les  Archives  départementales,  dressés  au  nom  de  cet 
Evêque,  figure  constamment  une  fasce  accompagnée  de 
trois  grelots,  et  ces  armes  se  voient  également  aux  voûtes 
de  la  cathédrale  et  au  porche  dont  nous  parlions  plus  haut. 

N'étant  encore  que  dans  les  ordres  mineurs,  Guillaume 
Ferron  fut  nommé  archidiacre  de  La  Mée,  autrefois  du 
diocèse  de  Nantes,  puis  ensuite  du  diocèse  de  Rennes. 

Elu  Evoque  de  Léon  le  20  Mars  1439  (N.  S.)  il  se  rendit 
en  Italie  où  il  assista  aux  dernières  sessions  du  Concile 
de  Florence  et  son  nom  figure  parmi  les  évéques  qui,  le 
6  Juillet  1439,  signèrent  le  décret  d'union  avec  les  Orecs, 
mais  en  ce  moment  il  n'était  encore  qu'Evéque  élu  et  sa 
signature  est  ainsi  rédigée  : 

Ego  Gulielmus  electus  Leonensis  suscripsi. 

Il  dut,  vers  la  fin  de  cette  année  1439,  revenir  prendre 


-  18S  - 

possession  du  siège  de  Léon  qu'il  occupa  pendant  33  ans, 
d'un  épiscopat  rempli  de  contradictions  de  toutes  sortes, 
comme  on  pourra  s'en  convaincre  par  les  quelques  docu- 
ments qui  vont  suivre  et  que  nous  avons  extraits  des 
Archives  vaticanes. 

Vers  1450-1451,  de  graves  dissentiments  surgirent  au 
sujet  de  l'étendue  de  la  juridiction  de  l'Archidiaconé, 
entre  l'Évoque  Guillaume  et  l'archidiacre  de  Kemenedily, 
Bertrand  de  Rosmadec,  qui  porta  l'affaire  au  pape  Nico- 
las V  ;  un  procès  s'en  suivit  et  il  eût  été  désirable  que  les 
parties,  demeurant  en  paix,  laissent  au  juge  suprême  le 
soin  de  décider  la  question,  mais  l'archidiacre  prétendant 
que  l'Evéque  lui  en  voulait,  ainsi  qu'à  ses  ofBciaux,  fami- 
liers et  serviteurs,  et  qu'il  ne  manquait  aucune  occasion 
de  les  molester,  demanda  au  Pape  de  les  soustraire  à  la 
juridiction  de  l'Évêque  pour  les  prendre  sous  sa  protec- 
tion immédiate,  si  bien  que  l'Évêque  ne  pourrait  procéder 
contre  eux  ni  les  frapper  de  censures. 

Nicolas  V,  croyant  mettre  fin  à  ce  déplorable  conflit, 
écouta  la  supplique  de  Bertrand  de  Rosmadec,  et  lui 
accorda  Texemption  qu'il  demandait  par  ses  lettres  du 
5  des  nones  de  Mai  1452,  mais  cette  mesure,  loin  de  cal- 
mer les  esprits,  ne  fit  que  les  exciter  et  de  graves  abus 
s'en  suivirent  ;  en  effet,  dès  que  quelqu'un  était  mécon- 
tent de  l'Evêque  ou  de  ses  officiers,  sous  prétexte  de 
montrer  leur  empressement  vis-à-vis  de  l'Archidiacre,  il 
se  faisait  admettre  comme  employé  ou  clerc  de  son  offi- 
cialité  et  ainsi  il  échappait  à  la  juridiction  de  TÉvêque  et 
à  la  répression  de  délits  commis.  L'Évêque  ne  manqua 
pas  de  fdire  observer  combien  cet  état  de  chose  portait 
un  grave  préjudice  à  son  autorité  et  à  son  administra- 
tion, et  il  finit  par  obtenir  du  pape  Callixte  III  des  lettres 


-  186  - 

abolissant  l'exemption  accordée  par  son  prédécesseur  aax 
employés  et  familiers  de  l'archidiacre  de  Kemenedily. 
Les  lettres  de  Callixte  III  sont  du  4  des  ides  d'Octobre 
1456,  seconde  année  de  son  Pontificat. 

Bertrand  de  Rosmadec  ne  dut  pas  être  satisfait  de  cette 
décision,  mais  il  ne  put  longtemps  soutenir  la  lutte,  car  il 
mourut  en  1459.  Malheureusement  pourl'Evéque,  mourait 
aussi  Callixte  III  qui  lui  avait  été  favorable. 

Le  nouveau  pape  Pie  II,  fut,  dès  son  élévation,  prévenu 
contre  l'Evéque  de  Léon,  par  des  rapports  calomnieux  sur 
sa  conduite,  si  bien  que  le  Souverain  Pontife  chargea  d'une 
enquête  à  ce  sujet,  Tabbé  de  Saint-Mathieu  fin  de  terre, 
l'Archidiacre  de  Quemenedilly  qui  n'était  plus  Bertrand 
de  Rosmadec  et  Bizien  Mériadec,  chanoine  de  Tréguier 
(9  Juillet  1359).  Sur  les  entrefaites,  Christophe  de  Coëtivy, 
frère  du  cardinal  Alain,  titulaire  de  Sainte-Praxède,  obte- 
nait du  Pape,  comme  l'avait  obtenu  Bertrand  de  Rosmadec, 
l'exemption  de  la  juridiction  de  Tévêque  de  Léon  sur  lui 
ses  ofiiciers,  familiers,  prétendant  que  l'Evêque  lui  en 
voulait  et  vexait  ses  serviteurs  de  toute  manière. 

En  1460,  sur  une  nouvelle  accusation,  par  laquelle  on 
dénonçait  au  Pape  la  nomination  faite  par  l'évêque  de 
Léon  comme  archidiacre  de  Quemenedilly  d'un  Jean 
Drouet,  de  Nantes,  son  neveu,  qu'il  aurait  ainsi  nommé 
(Camali  affectione),  le  Pape  donnait  l'archidiaconé  de 
Quemenedilly  à  Alain,  de  Penmarch,  clerc  de  Léon. 

A  toutes  ces  tribulations,  vint  s'ajouter  contre  l'évêque 
Guillaume  une  entreprise  si  injuste  et  si  odieuse  que  le 
Pape,  non  encore  revenu  de  ses  préventions,  n'hésita  pas 
à  la  réprouver  de  la  manière  la  plus  sévère.  Voici  à  quelle 
occasion  : 

Au  mois  de  Février  1451,  une  baleine  vint  s'échouer  sur 
le  rivage  de  Léon,  dépendant  du  temporel  de  l'Evêque. 


-  i8l  - 

Comine  de  cootume,  elle  lui  fut  adjugée  ;  elle  fut  dépecée, 
et  la  graisse  qu*on  en  retira  fut  mise  dans  huit  tonneaux 
que  Ton  déposa  provisoirement  dans  la  cathédrale  de 
Saint-Pol,  mais  le  Duc  apprend  la  chose  et  immédiatement 
il  expédie  à  Saint-Pol  des  cavaliers,  des  fantassins  et  des 
archers,  chargés  de  s'emparer  de  la  dite  baleine  comme 
aubaine  appartenant  au  Duc.  Ces  gens  armés  envahissent 
donc  la  ville,  se  rendent  au  palais  épiscopal  et  dans  Tin- 
tention  de  s*emparer  de  TEvéque,  défonoBUt  les  portes,  et 
sans  rien  respecter,  ils  s'emparent,  non  seulement  des 
meubles  et  ustensiles,  mais  encore  des  papiers,  contrats 
et  registres  de  Tévèché  ;  ils  ne  respectent  pas  l'église 
cathédrale  où  ils  vont  saisir  les  tonneaux  de  graisse  qu*on 
y  avait  déposés,  puis  revenant  à  l'évèché,  ils  profèrent  les 
plus  horribles  propos  contre  l'Evéque,  défoncent  les  portes 
de  la  prison,  où  un  clerc  était  détenu  pour  ses  forfaits  et 
lui  donnent  la  liberté  ;  mais  ils  en  veulent  surtout  à  la 
personne  de  l'Evéque.  Le  concierge  ne  voulant  pas  dire  où 
il  est  caché,  est  littéralement  torturé,  puis  le  concierge  et 
les  chapelains  de  l'Evéque  et  ses  serviteurs,  au  nombre  de 
vingt,  sont  enchaînés  et  conduits  prisonniers  jusqu'à 
Nantes  où  ils  ne  recouvrèrent  leur  liberté  qu'après  avoir 
payé  rançon.  De  plus  avant  de  quitter  la  ville  épiscopale, 
ils  font  publier  au  nom  du  Duc,  que  nul  ne  pourrait  désor- 
mais recourir  à  la  Curie  épiscopale,  que  pour  les  causes 
concernant  les  mariages,  les  testaments  et  la  séparation 
des  lépreux,  et  comme  un  notaire  avait  voulu  dresser 
procès-verbal  contre  cette  promulgation  attentatoire  aux 
droits  de  TEvéque,  ces  soudards  le  rouèrent  de  coups  et 
le  forcèrent  à  manger  et  à  avaler  l'acte  qu'il  venait  d'écrire 
ainsi  que  le  sceau  qui  y  était  attaché,  disant  bien  haut 
qu'ils  n'hésiteraient  pas  à  appréhender  l'Evéque,  alors 
même  qu'il  serait  à  l'autel  ;  enfin,  en  repartant  pour  Nantes, 
ils  laissèrent  des  gardes  armés  chargés  de  saisir  le  tem- 


—  188  — 

porel  de  TEvéque  et  de  le  remettre  entre  les  mains  du  Duc. 

Cependant  TEvéque  qui  s'était  caché,  profita  des  ténèbres 
de  la  nuit  pour  s'échapper  de  la  ville  et  éviter  la  fureur 
et  la  cruauté  de  ces  forcenés  qui  mettaient  sa  vie  môme 
en  danger. 

Il  put  se  retirer  à  Angers,  où  avec  Tautorisation  de  TEvè- 
que,  il  intenta  une  action  contre  le  Duc  et  ses  principaux 
complices  dans  cet  acte  de  violence,  à  savoir  :  Guillaume 
Chanum  (Chonan  ?),  Olivier  Dubreil,  Jean  Loret,  Pierre  Le 
Cozic,  Merien  Le  Cozic,  Guy  du  Faou,  Jean  Blouet,  Thomas 
de  Kerasret,  Prigent  Kerouzeré,  Prigenl  de  Kermellec, 
Jean  du  Faou,  Bertrand  de  Mareil,  enfin  TEvéque  informa 
le  Pape  de  ces  violences  inqualifiables. 

Pie  II  répondit  à  cette  plainte  par  une  lettre  datée  du 
2  Juin  1461,  et  adressée  à  TArchevéque  de  Tours  et  à 
TEvéque  de  Nantes,  par  laquelle  il  flétrissait,  comme  ils  le 
méritaient,  de  tels  excès,  et  chargeait  ces  prélats  d'appeler 
devant  eux  les  délinquants,  de  s'assurer  de  la  véracité  des 
faits,  et  de  les  frapper  des  sentences  et  des  censures  qu'ils 
avaient  encourues  ;  mais  le  Pape  prévoyant  qu'il  ne  serait 
ni  facile  ni  prudent  pour  les  juges  d'envoyer  des  citations 
régulières  et  personnelles  à  ces  accusés,  déclarait  que  ces 
citations  seraient  suffisamment  valables  si  on  se  contentait 
de  les  afficher  dans  des  lieux  publics  voisins  le  plus  possi- 
ble, des  limites  du  duché  de  Bretagne. 

Le  Duc  de  Bretagne  s'aperçut,  sans  doute,  qu'il  était  allé 
trop  loin;  satisfaction  fut  donnée  dans  une  certaine  mesure 
à  TEvéque  qui  revint  à  Saint-Pol,  mais  pour  y  être  exposé, 
l'année  suivante,  à  un  attentat  du  même  genre. 

Le  dimanche  17  Octobre  1462,  une  troupe  de  forcenés 
ayant  à  leur  tête,  Guy  Olivier,  Alain  Kermelec,  Jean 
Keraudi,  Guillaume  Jacopin,  Jean  Moinart,  Alain  Bozec, 
résolus  de  tuer  l'Evêque  ou  du  moins  de  s'en  emparer, 
vinrent  mettre  le  siège  devant  le  palais  épiscopal,  au  son 


—  189  - 

des  trompettes,  armés  d'épées  et  d'instruments  propres  à 
réussir  dans  leur  entreprise,  ils  brisèrent  les  portes  et  les 
fenêtres,  mais  comme  malgré  cela,  ils  ne  pouvaient  péné- 
trer dans  le  palais,  ils  escaladèrent  le  verger  de  Tévéché 
voisin  du  couvent  des  Carmes,  et  démolissant  murs  et 
portes,  ils  envahirent  Tévéché  où  ils  demeurèrent  plusieurs 
jours  et  plusieurs  nuits,  cherchant  inutilement  TEvêque, 
et  s'en  vengeant,  en  détruisant  ou  pillant  ses  meubles. 
Mais  les  plus  coupables  étaient  les  seigneurs  qui  les  avaient 
envoyés  ou  dii  moins  encouragés  dans  une  pareille  entre- 
prise de  brigandage,  qu'ils  avaient  poussée  au  point  de 
chavirer  des  barques  remplies  de  poissons,  comme  appar-' 
tenant  à  l'Evêque,  au  risque  de  faire  périr  les  pécheurs 
avec  leur  chargement. 

Cette  fois  encore  l'Evêque  réclama  près  du  Saint-Siège 
contre  cet  attentat,  et  par  ses  lettres  datées  du  1®'  Mai  1465, 
Pie  II  donna  commission  d'en  informer,  à  l'abbé  du  Relecq 
et  aux  chanoines  de  Tours,  Guillaume  Ansquer  et  Olivier 
Goazspern,  leur  donnant  mandat  de  publier  dans  les 
églises  et  lieux  publics,  où  ils  le  jugeraient  opportun,  les 
sentences  d'excommunication  encourues  non  seulement 
par  les  auteurs  de  ces  actes  odieux,  mais  contre  tous  ceux 
qui  les  auraient  favorisés  par  leurs  conseils  ou  leur  pro- 
tection, ordonnant  de  les  éviter  jusqu'à  ce  qu'ils  aient 
pleinement  satisfait  à  l'Evêque  et  réparé  les  dommages 
causés,  notamment  aux  pêcheurs  dont  ils  ont  submergé 
les  barques  ;  que  s'ils  ne  veulent  pas  se  soumettre,  il  ne 
faut  pas  hésiter  à  jeter  l'interdit  sur  les  lieux,  villes  ou 
châteaux  qu'ils  habitent,  les  dépouillant  eux  et  leurs  en- 
fants, jusqu'à  la  seconde  génération,  de  toutes  les  dignités, 
honneurs  et  privilèges  dont  ils  jouissaient. 

Les  coupables  au  lieu  de  reconnaître  leurs  torts,  voulu- 
rent donner  le  change  au  Souverain  Pontife,  en  déposant 
à  Rome  une  nouvelle  plainte  basée  sur  les  accusations  les 


—  190  — 

plus  calomnieuses  contre  TEvèque  de  Léon,  si  bien  que 
le  1»'  Mai  1463,  date  de  la  lettre  contre  les  attentats  commis 
dans  révéché  de  Léon,  le  Pape  donnait  mandat  à  Tabbé 
de  N.-D.  de  Begar  d'informer  de  la  conduite  de  Guillaume 
Perron  et  d'examiner  si  les  faits  incriminés  avaient  quelque 
fondement.  Mais  déjà  l'Archevêque  de  Tours  avait  rendu 
une  sentence  favorable  à  l'Evèque  de  Léon,  qui  provoqua 
une  sentence  définitive  du  Pape,  du  7  Janvier  1464  (N.  S.) 
absolvant  Guillaume  Ferron  de  toutes  les  accusations 
calomnieuses  portées  contre  lui,  proclamant  que  ce  prélat 
pendant  les  vingt-deux  ans  et  plus  qu'il  a  gouverné  le 
'diocèse  de  Léon,  non  seulement  a  été  exempt  de  blâme 
mais  au  contraire  a  été  digne  d'éloge  et  bien  méritant  de 
la  sainte  Eglise. 

Cette  sentence  du  Pape  Pie  II  ne  dut  pas  arrêter  la  rage 
des  calomniateurs  contre  Guillaume  Ferron,  ils  essayè- 
rent encore  près  de  Paul  II  de  faire  condamner  l'Evèque 
de  Léon,  mais  ce  fut  en  vain,  et  par  une  bulle  du  29  Sep- 
tembre 1469  (1)  qui  résume  dans  plus  de  vingt  pages  de 
texte  toute  la  procédure  instruite  contre  l'Évéque,  le  Pape 
confirme  la  sentence  de  réhabilitation  rendue  au  profit 
de  Guillaume  Ferron,  par  son  prédécesseur  Pie  II. 

11  n'est  cependant  pas  certain  que  de  nouvelles  affaires 
n'aient  été  suscitées  contre  l'Evéque,  après  cette  justifica* 
tion  solennelle  de  sa  conduite,  car  nous  le  voyons  trois  ou 
quatre  ans  après,  entreprendre  le  voyage  de  Rome,  proba- 
blement pour  soutenir  la  justice  de  sa  cause  ;  toujours  est- 
il  que  c'est  à  Rome  même  que  Guillaume  Ferron  trouva 
le  repos,  en  passant  à  une  vie  meilleure,  l'an  1472,  après 
un  épiscopat  plein  de  contradictions  et  de  luttes  pénibles 
et  qui  n'avait  pas  duré  moins  de  trente-trois  ans. 

(l)  Arch.  Vat.  Paul  H   An  VI.  Vol.  533. 


191 


RELEVE  DE  QUELQUES  BREFS  D'INDULGENCES 

accordées  par  la  Cour  de  Rome 

à  Voccasion  de  la  construction  ou  réparation  dé  quelques 
églises  ou  chapelles  dans  les  diocèses  de  Quimper  et  de 
Léon  au  XIII^  et  XIV^  siècles. 

Au  diocèse  de  Léon  : 

1371.  Réparation  de  THôpital  Saint-Julien  de  Lander- 
neau.  «  Reparacionem  HospUalis  Sancti-Juliani  siti  in 
capite  pontis  de  Landerneau.  » 

1371.  Construction  de  Téglise  Saint-Goulven.  <  Ad  fabri- 
cam  ecclesie.  > 

1371.  Construction  de  l'église  Notre-Dame  de  Lesneven. 
«  Ad  fabricant  ecclesie.  » 

1373.  Construction  de  l'église  de  Guiclan  (Ploelan). 
«  Ad  fàMcam  ecclesie.  » 

1376.  Réparation  de  l'église  de  Notre-Dame  du  Mont- 
Carmel  en  dehors  des  murs  de  Léon.  «  Ad  reparationem 
ecclesie.  > 

1381.  Indulgences  pour  ceux  qui  visiteront  la  chapelle 
de  Notre-Dame  de  Brelès,  dans  la  paroisse  de  Plourin. 

1381.  Construction  (fabrica)  de  la  chapelle  de  Notre- 
Dame  de  Porspoder. 

1382.  Construction  (fabrica)  de  l'église  paroissiale  de 
Plourin-Léon. 

Au  diocèse  de  Quimper  : 

1290.  Indulgences  à  ceux  qui  visiteront  l'église  du  mo- 
nastère de  Quimperlé  dédiée  à  la  Sainte-Croix. 

1291.  Indulgences  à  ceux  qui  visiteront  l'église  de  Saint- 
Tudi.  «  Sancti  Tudini  de  Capcavallo.  » 


-    102  — 

1367.  Réparation  de  Téglise  de  Quimper. 

1371.  Indulgeoces  à  ceux  qui  visiteroat  la  chapelle  de 
Notre-Dame  de  Roc-Amadour  située  dans  la  paroisse  de 
Melenac  au  diocèse  de  Quimper.  c  Capellam  B.  M,  de  Rupe 
amatoris  sitam  ititra  limites  ecclesie  de  Melenac,  Corisop. 
dioces.  » 

1371.  Indulgences  à  ceux  qui  visiteront  Téglise  de  la 
Sainte-Trinité  et  de  Saint-Tudy  à  Pont-rAbbé.  «  Eccle- 
siam  Sancte-Trinitatis  et  Sancti-Tudini  de  Ponte  (ibbatis.  » 

1371.  Construction  (fabrica)  de  Téglise  de  Saint-Tremeur 
de  Carhaix. 

1371.  Restauration  de  1  église  de  Quimper. 

1371.  Construction  (fabrica)  de  la  chapelle  de  Saial- 
Tudi,  en  Tile,  paroisse  de  Combrit.  «  Capellam  Beati 
Tudini  de  instda.  > 

1372.  Réparation  de  la  chapelle  Saint- Yves  en  Ploban- 
nalec. 

1374.  Indulgences  pour  la  réparation  de  l'église  parois- 
siale de  Saint-Primael  de  Quimper.  «  Ecclesiam  parochia- 
lem  Sancti  Primaelis  corisopitensis.  » 

1374.  Réparation  de  l'église  de  Saint-Vinoc,  de  Ploezinec. 

1382.  Indulgences  à  ceux  qui  visiteront  l'église  parois- 
siale de  Saint-Primel  du  diocèse  de  Quimper. 

1383.  Réparation  de  la  chapelle  de  Notre-Dame  sur  la 
place  Saint-Michel  de  Quimperlé.  «  Capellam  Béate  Marie 
in  platea  Sancti- Michaelis.  » 

1383.  Indulgences  à  ceux  qui  visiteront  la  chapelle  de 
Notre-Dame  de  Treferin  dans  la  paroisse  de  Plouguer. 

Chanoine  Peyrox. 


CAUTULAIRE 

DE    L'ÉGLISE    DE    QUIMPER 

(Fin.) 


504. 

LITTERA  LICENCIE  ARCHIEPISCOPI  DE  ELIZENDO 

EPISCOPUM  (') 

Jeudi -Saint  1290  (n.  s.) 


Buchardus  Dei  gracia  Archiepiscopus  Turonensis, 
venerabilibus  viris  et  discretis  nobis  in  Christo  carissi- 
mis  Capitulo  Corisopitensi  salutem  et  sinceram  in  DomiDo 
caritatem. 

Denuntiala  Nobis  ex  parte  vestra,  per  venerabilem 
virura  Magistrum  Herveum  de  Donlas  Archidyaconum 
de  Pocher  in  ecclesia  Corisopitensi  vestri  et  Corisopi- 
tensis  ecclesie  procuratorem  litteratorem  destinatum 
morte  bone  memorie  Eveni  nuper  ecclesie  Corisopitensis 
episcopi  et  petita  ut  convenit  à  Nobis  licencia  elizendi. 

Nos  eamdem  licenciam  tenore  presentium  Vobis  con- 
cedimus  rogantes  vos  in  Domino  exhortantes  quod  Deum 
habentes  pre  oculis  providere  salubriter  studeatis  magis 
ecclesie  quam  persone. 

Valete  in  Domino  Ihesu  Christo. 

Datum  die  jovis  apud  Larcayum,  die  jovis  ante  diem 
ressurectionis  dominice,anno  Domini  M«CC°LXXX  nono. 


(1)  Gart.  56,  ^  86.  Cette  pièce  a  sa  place  naturelle  à  la  suite  du  n*  143 
de  la  présente  édition  du  Cartulaire. 


Bulletin  db  la  Gommission  DiocisAiifB.  —  8*  année.  13 


—  194 


LE  PETIT  SEMINAIRE  DE  PONT^CROIX 


I 

Vkm  Rocbedreox  :  Pont-rAbbé  et  Pont-Croix  (1806-1809). 

Au  début  de  la  Révolution,  il  y  avait,  à  Pont-Croix, 
une  petite  école  tenue  par  l'abbé  Marc  Quillivic,  avec  un 
dévouement  tel  que,  par  ses  soins,  plusieurs  élèves  se 
trouvaient  à  même,  chaque  année,  de  rentrer  dans  les 
hautes  classes  du  collège  de  Quimper  (1).  Cette  école  dis- 
parut, comme  les  autres,  faute  d'élèves  et  faute  de  maître, 
car  on  sait  que  la  Révolution,  pour  mieux  aviver  les 
lumières,  commença  par  les  éteindre  toutes. 

Dans  son  œuvre  de  reconstruction,  le  Premier  Consul 
n'eut  garde  d'oublier  l'instruction  publique,  à  ses  diffé- 
rents degrés.  La  loi  du  11  Floréal  an  IV  établit  que  l'ins- 
truction sera  donnée,  non  seulement  dans  les  écoles  pri- 
maires, mais  dans  les  écoles  secondaires,  et  l'on  entend 
par  là  des  établissements  fondés  par  les  communes  et  les 
particuliers,  où  l'on  enseigne  les  langues  latine  et  fran- 
çaise. Le  gouvernement  encourageait  l'établissement  de 
ces  écoles,  soit  par  la  concession  d'un  local,  soit  par  la 
distribution  de  places  gratuites  dans  Jes  lycées,  à  ceux 
des  élèves  de  chaque  département  qui  s'étaient  le  plus 
distingués. 

D'autre  part,  les  évêques  firent  tous  leurs  efforts  pour 
rouvrir  les  sources  depuis  longtemps  taries  des  vocations 


(1)  €  Vis  Huoicipale  à  Pont-Croix.  »  Bulletin  de  la  Société  Archëolo^ 
gique,  1906. 


—  195  - 

sacerdotales.  Dans  ce  mandement  célèbre  du  10  Janvier 
1807,  qui  est  comme  la  charte  de  fondation  du  Séminaire, 
Mgr  Dombideau  de  Crouseilhes  rappelait  qu'il  ne  saurait 
y  avoir  des  prêtres  instruits  et  vertueux,  s'ils  ne  se  for- 
ment pas,  dès  la  plus  tendre  jeunesse,  dans  des  écoles  où 
ils  puissent  faire  de  bonnes  études  et  puiser  une  piété 
éclairée.  «  Le  Séminaire,  disait-il,  ne  doit  servir  qu'à  déve- 
lopper leurs  talents,  en  les  appliquant  à  toutes  les  bran- 
ches de  la  science  ecclésiastique  et  à  affermir  leur  piété. 
Aussi  l'Église  de  France,  dans  les  jours  de  sa  prospérité, 
avait  multiplié  les  petits  séminaires.  C'était  dans  ces 
utiles  établissements  que  se  formèrent  d'abord  ces  prê- 
tres respectables  qui  se  montrèrent  ensuite  avec  tant  de 
distinction  dans  leur  cours  de  théologie  et  avec  tant  de 
succès  dans  l'exercice  du  saint  ministère....  » 

Le  bienfaiteur  du  Séminaire,  M.  Le  Coz,  curé  de  Car- 
haix,  songea,  un  moment,  à  établir,  dans  sa  bonne  ville 
deQuimper,  une  petite  école  semblable,  s'il  était  possible, 
à  celle  de  Plouguernével.  Il  fut  relativement  facile  de  lui 
démontrer  que  le  Séminaire  était  l'établissement  qu'il 
importait  d'abord  de  bien,constituer;  l'Évêque  n'en  favo- 
risa pas  moins  la  création  de  petites  écoles,  en  différents 
centres  de  son  vaste  diocèse.  Celle  de  Pont-l'Abbé  fut  une 
des  premières  à  fonctionner,  sftus  la  direction  de  l'abbé 
Rochedreux. 


*  * 


Originaire  de  Concarneau,  René  Rochedreux  était  vi- 
caire de  Mahalon,  en  résidence  à  Guilers,  lorsqu'éclata  la 
Révolution.  Il  refusa  de  prêter  le  serment  du  26  Décembre 
1790  et  fut  traduit,  une  première  fois,  devant  le  tribunal 
du  District  de  Pont-Croix,  pour  avoir  déclaré,  au  prône, 
que  les  acquéreurs  de  biens  nationaux  étaient  tenus  à 


—  196  — 

restitution  (1).  Mis  en  état  d'arrestation  au  château  de 
Brest,  le  1^'  Décembre  1791,  il  opta,  le  4  Août  1792,  pour  la 
déportation  et  lorsque  les  expatriés  du  Jean-Jacques  se 
dispersèrent,  il  se  retira  à  Compostelle. 

Pendant  son  séjour  en  Espagne,  l'abbé  Rochedreux  re- 
cueillit quelques  bribes  de  la  langue  indigène  dont  il 
agrémentait  ses  lettres  aux  amis, 'mais  surtout  il  dut  y 
contracter  des  amitiés  qui,  à  son  retour  de  l'exil,  le  retin- 
rent à  la  Rochelle,  où  il  gagna  la  confiance  de  l'évéque 
concordataire,  Mgr  de  Mandolx,  qui  le  fit  entrer  dans 
l'administration  diocésaine  et  lui  confia  la  surveillance  de 
huit  communes.  Aussi,  loin  de  céder  aux  instances  de 
Mgr  André,  qui  voulait  le  faire  revenir  à  Quimper,  se  fît-il 
incorporer  au  diocèse  de  la  Rochelle. 

Il  dut  pourtant  quitter  le  pays  et  rentrer  momentané- 
ment en  Bretagne,  sous  la  menace  du  poignard  des  pa- 
triotes de  nie  de  Ré,  d'où  il  avait  fait  sortir  deux  desser- 
vants constitutionnels  ;  l'un  pour  cause  d'ignorance  et 
l'autre  pour  raison  d'inconduite. 

Son  ami  de  Coatpont,  nommé  curé  d'Elliant,  à  la  réor- 
ganisation des  paroisses,  lui  reprocha  vivement  de  n'être 
pas  accouru  à  l'appel  de  Mgr  André.  Après  avoir  vaine- 
ment sollicité  la  faveur  de  retourner  au  milieu  de  ses 
chers  paroissiens  de  Poullan,  il  avait,  en  effet,  obtenu  qu'on 
y  nommât  l'ancien  vicaire  de  Guilers.  a  Malheureux  ami, 
lui  dit-il,  tu  es  cause  que  mes  chers  paroissiens  gémissent 
et  gémiront  peut-être  longtemps,  sous  le  gouvernement 
d'un  intrus  I  »  M.  Rochedreux  s'excusa  en  disant  qu'il 
ignorait  ces  négociations  et  qu'il  avait  dû  céder  aux  pres- 
santes sollicitations  de  Mgr  de  Mandolx.  u  Lorsque  j'entrai 
dans  sa  chambre,  pour  lui  communiquer  l'ordre  de  me 
rendre  dans  mon  diocèse,  ce  saint  et  savant  prélat  me 

(1)  c  CorrespoDdaDce  de  M.  Trôhot  de  ClermoDt.  »  Bulletin,  1907. 


—  197  — 

prit  la  main,  en  me  priant  de  ne  pas  me  séparer  de  lui.  » 
A  peine  était-il  de  retour  à  la  Rochelle,que  Mgr  de  Mandolx 
fut  transféré  à  Tévéché  d'Amiens,  en  Décembre  1804. 
Sans  doute,  le  nouvel  évéque,  Mgr  Paillon,  lui  témoigna 
]e  désir  de  le  garder  près  de  lui  ;  mais  un  des  grands 
vicaires,  «  dont  le  principal  mérite  est  d'être  membre  de 
l'Académie  de  la  Rochelle»,  ayant  manifesté  l'intention  de 
réhabiliter  le  sujet  interdit  pour  cause  d'ignorance  par 
l'abbé  Rochedreux,  celui-ci  résolut  de  rentrer  dans  son 
diocèse  d'origine,  croyant  ne  devoir  rencontrer  aucun 
obstacle  à  se  rendre  à  Poullan. 

Quelle  ne  fut  pas  sa  surprise,  lorsque  M.  Frollo,  vicaire 
général,  lui  déclara  que  M.  Dimizit  resterait  à  Poullan, 
parce  qu'il  avait  promis  de  léguer  le  presbytère  à  la  pa- 
roisse. M.  Rochedreux  comprit,  dès  lors,  qu'on  attachait 
peu  d'importance  à  son  retour  dans  le  diocèse. 

On  le  chargea  pourtant,  en  1806,  de  prêcher  le  Carême 
à  Pont-l'Abbé  et  de  suppléer  à  l'insuffisance  du  clergé  de 
la  ville  et  des  environs,  a  C'est  un  fait  constant,  écrit-il  à 
M.  Clanche,  secrétaire  de  l'Ëvêché,  que  le  peuple  de  cette 
commune  vit  dans  une  ignorance  crasse  de  la  morale  et 
de  ses  obligations.  Le  peuple  était  privé,  avant  la  Révolu- 
tion, des  instructions  de  ses  pasteurs  respectifs,  à  raison 
de  la  distance  fatigante  qui  les  séparait.  Les  Carmes 
étaient  ses  ressources  pour  l'audition  de  la  messe  et  pour 
les  sacrements.  Aujourd'huy  qu'il  a  le  bonheur  d'avoir 
un  pasteur  résidant  au  milieu  de  lui,  il  n'est  pas  plus 
avantagé  du  côté  des  instructions.  Il  est  de  fait  que  son 
pasteur,  sans  doute  à  raison  de  sa  faible  santé,  et  son 
vicaire,  à  raison  de  ses  années  et  de  son  peu  de  pratique  . 
dans  le  ministère  ecclésiastique,  ne  peuvent  pas  se  livrer 
à  un  devoir  aussi  essentiel.  J'ai  eu  la  présomption  de 
croire  que  je  pouvais  y  suppléer...  »  En  effet,  pour  une 
mission  si  délicate,  il  fallait  plus  de  tact  que  n'en  avait 


-  198  — 

naturellement  le  pauvre  vicaire  de  Guilers,  déjà  bien  bal- 
lotté par  les  événements. 

Dès  le  dimanche  de  Pâques, on  lui  refuse  la  satisfaction 
d'expliquer  au  peuple  le  mystère  de  ce  grand  jour.  Il  a 
beau  multiplier  ses  offres  de  services,  on  ne  juge  même 
pas  à  propos  de  les  agréer  pour  les  premières  commu- 
nions  française  et  bretonne.  Le  dernier  dimanche  d'Août, 
M.  Le  Moêl  et  son  vicaire  convinrent,  dans  la  sacristie,  de 
l'ignorance  du  peuple  et  des  enfants,  et  le  prièrent  de 
faire  une  instruction,  sous  forme  de  catéchisme,  à  la 
première  messe.  On  lui  permit  de  l'annoncer  et,  le 
dimanche  suivant,  à  la  suite  du  prône,  il  s'étendit  sur 
l'excellence  du  catéchisme,  sur  les  avantages  qui  en 
reviennent  à  ceux  qui  y  assistent  et  au  catéchiste  lui- 
même.  Hélas  I  trois  jours  après,  M.  le  Curé  avait  changé 
d'avis  et  le  malheureux  catéchiste  s'écrie  tristement  :  «  Je 
me  sens  accablé  de  douleur;  ]e  sommeil  se  retire  de  mes 
yeux,  les  inquiétudes  me  décharnent  entièrement  ».  Et  il 
demande,  avec  le  prophète  Jonas,  qu'on  le  jette  à  la  mer. 

Cependant,  la  petite  école  qu'il  a  fondée,  entre  temps, 
est  assez  prospère.  En  Janvier  1807,  elle  compte  quatorze 
élèves,  dont  trois  paraissent  devoir  être  de  brillants  sujets, 
faisant  des  thèmes  et  des  versions  d'un  bon  troisième. 

Nommé  conseiller  municipal,  il  se  propose  de  détruire, 
dans  sa  source,  l'oisiveté  qui  règne  dans  la  ville,  en  enga- 
geant les  maisons  qui  font  l'aumône  tous  les  vendredis,  à 
mettre,  en  masse,  le  montant  des  aumônes,  pour  acheter 
du  chanvre,  le  faire  filer,  en  salariant  les  pauvres  à  qui 
on  le  confiera  et  en  faire  de  la  toile  dont  on  habillera  les 
mêmes  pauvres  et  leurs  enfants.  Il  désire  que  la  munici- 
palité s'occupe  aussi  des  moyens  d'arrêter  les  suites  incal- 
culables et  déplorables  de  l'ivrognerie,,  en  condamnant  à 
une  amende  les  aubergistes  qui  foulent'^ux  pieds  les  lois 
divines  et  humaines  I 


-  499  - 

L'Administration  diocésaine  ne  lui  laissa  pas  le  temps 
de  réaliser  ces  beaux  projets  ;  elle  songeait  à  le  pourvoir 
d'une  succursale,  lorsque  M.  Kerloc'h,  desservant  de  Pen- 
marc'h,  émit  le  vœu  qu'on  établît  une  école  dans  le  canton 
de  Pont-Croix,  qui  fut  toujours  très  fertile  en  sujets,  pro- 
mettant de  doter  le  pensionnat  d'une  rente  de  six  bois- 
seaux de  froment  et  ne  doutant  pas  que  la  municipalité 
de  cette  ville  ne  fît  un  sort  honnête  à  l'instituteur. 

# 
#  # 

Les  démarches  n'aboutissent  pas.  M.  Magon,  receveur 
à  cheval  dans  les  Droits  réunis,  consent  à  céder  sa  maison, 
mais  à  condition  que  son  propriétaire,  M.  Cbappuis,  le 
dégage  de  son  loyer,  et  que  la  municipalité  lui  procure 
un  autre  logement.  De  son  côté,  M.  le  Préfet  déclare  que 
les  communes  environnantes  ne  pourront  contribuer  aux 
frais  du  nouvel  établissement  que  sous  forme  de  collecte. 
Les  conseillers  municipaux  de  Pont-Croix,  connaissant 
leurs  compatriotes,  savent  qu'elle  ne  produira  rien.  Ils 
préfèrent  voir  doubler  l'octroi  de  la  commune,  qui  était 
aOermé  1.150  livres,  et  sont  disposés  à  en  référer  au  Mi- 
nistre de  l'Intérieur. 

En  attendant  une  solution  administrative^  le  5  Mai  1807, 
six  habitants  se  cotisèrent  pour  faire  à  M.  Rochedreuxun 
traitement  provisoire  de  900  livres  par  an,  pour  le  loger 
et  le  nourrir,  lui  et  les  élèves  qui  le  suivraient  de  Pont- 
l'Abbé,  jusqu'à  la  Saint-Michel.  A  cette  époque,  M.  Hignard, 
ayant  acquis  la  terre  de  Tréfrest,  qui  appartenait  à  M.  du 
Marhalla,  leur  céda  sa  maison,  moyennant  un  loyer  de 
300  livres. 

Pont-Croix  se  vit  ainsi  doté  d'un  établissement  bientôt 
prospère,  au  point  qu'en  Mars  1808,  le  directeur  réclame 
à  Monseigneur  les  6  livres  convenus  a  pour  prix  de  la 


—  200  — 

victoire  grammaticale  »,  et  demande  à  Sa  Grandeur  de 
lui  donner  un  aide.  Il  désigne  M.  Le  Nir,  du  collège  de 
.Quimperlé,  qui  fournira  à  peine  six  sujets  au  diocèse, 
tandis  que  le  collège  naissant  de  Pont-Croix  en  compte 
déjà  vingt-quatre  sur  quarante-cinq.  Au  reste,  la  Munici- 
palité étant  incapable  d'assurer  un  traitement  quelconque 
à  son  aide,  M.  Rochedreux  s'offre  à  lui  donner  sa  pension 
et  un  logement  à  son  choix,  dans  la  maison  qu'il  occupe. 
Il  n'y  avait  guère  à  choisir  dans  cette  maison  déjà  insuffi- 
sante et  le.  propriétaire  ne  veut  pas  y  faire  le  moindre 
changement  pour  séparer  les  classes. 

Le  Directeur  jette  un  regard  d'envie  sur  la  communauté 
des  Ursulines,  qui  appartenait  à  M.  de  Clermont  et  dont 
la  partie  principale  était  occupée  par  les  gendarmes  et 
par  les  quelques  religieuses  restées  à  Pont-Croix,  depuis 
la  Révolution.  Mais  le  propriétaire  en  demandait  un  prix 
trop  élevé  pour  les  ressources  de  M.  Rochedreux,  et  bien 
qu'il  parut  vouloir  «  s'humaniser  »  —  son  petit-fils  étant  à 
l'école,  depuis  quinze  jours,  et  sa  dame  ayant  promis 
d'user  de  toute  son  influence  — ,  le  directeur  songe  plutôt 
à  occuper  la  capucinière  d'Audierne,  local  plus  commode 
et  plus  agréable,  encore  qu'il  y  fallût  au  moins  3.000  livres 
de  réparations,  .et  que  la  Municipalité  de  cette  ville  ne 
pût  assurer  la  moindre  pension,  même  à  un  seul  pro- 
fesseur. 

Mais  M.  Lécluse  ne  consent  point  à  louer  la  capuci- 
nière. D'autre  part,  M.  de  Clermont  ne  sait  quand  il 
pourra  disposer  de  la  communauté,  et  M.  Hignard  mani- 
feste l'intention  d'occuper  son  château.  Le  pauvre  direc- 
teur est  d'autant  plus  découragé,  que  Monseigneur,  en  lui 
refusant  M.  Le  Nir,  lui  proposait  un  autre  collègue  qu'il 
ne  pouvait  accepter.  «  J'aurais  besoin,  écrit-il,  de  quel- 
ques jours  de  repos  pour  rétablir  ma  santé  languissante, 
à  défaut  du  bon  vin  de  Porto.  »  Souvenir  d'Espagne  î 


—  201  — 

Par  un  revirement  subit,  voici  qu'Audierne  et  Pont- 
Croix  se  disputent  l'honneur  et  le  profit  d'offrir  un  asile 
à  M.  Rochedreux.  Le  maire  d'Audierne,  M.  Guezno, 
jaloux  de  procurer  à  ses  administrés  l'avantage  inappré- 
ciable d'un  collège  ou  d'un  petit  séminaire,  suggère  un 
moyen  très  simple  d'acquérir  la  capucinière  :  il  s'agirait 
d'être  autorisé  par  M.  le  Préfet  à  percevoir  le  sou  par 
livre  sur  tous  les  contribuables  de  l'arrondissement  :  on 
réaliserait,  par  an,  environ  6.000  livres,  et  l'acquisition, 
l'ameublement  et  l'entretien  de  la  dite  capucinière  ne 
seraient  point  onéreux.  M.  de  Clermont  propo3e  le  même 
moyen  d'acquérir  la  communauté  des  Ursulines,  dont  il 
demande  30.000  livres. 

Aucun  de  ces  projets  n'aboutit,  pour  le  moment,  et  la 
situation  devient  de  plus  en  plus  critique. 

Sommé  par  son  propriétaire  de  déloger  dans  trois  mois, 
cité  devant  le  juge  de  paix,  en  paiement  d'arrérages  dus 
à  son  aide,  le  directeur  se  voit  encore  menacé  de  perdre 
ses  modestes  émoluments,  a  La  Municipalité  de  cette  ville, 
écrit-il  h  Monseigneur,  le  12  Juin  1809,  considérant  que, 
dans  le  nouveau  collège,  le  nombre  des  étrangers  excède 
celui  des  enfants  de  la  commune,  vient  de  prononcer, 
dans  sa  sagesse,  qu'elle  ne  doit  pas  me  continuer  le  même 
traitement,  à  moins  de  borner  mes  soins  aux  élèves  de  la 
ville.  J'ai  répondu  que  je  ne  pouvais  ni  ne  devais  acquies- 
cer à  une  condition  diamétralement  opposée  à  la  fin  que 
Votre  Grandeur  s'était  proposée  en  me  chargeant  de  cet 
établissement.  Prononcez,  Monseigneur,  sur  ma  destina- 
tion  I  »  Il  n'en  voit  pas  d'autre  que  de  devenir  «  pension- 
naire du  séminaire  »  ;  le  diocèse  prenant  à  sa  charge 
l'écolage  et  l'entretien  des  enfants  qui  se  destinent  à  l'état 
ecclésiastique. 

A  ce  moment,  dix  élèves  seulement  devaient  aller  au 
Grand  Séminaire,  mais  le  maître  comptait  en  avoir  bien- 


-  202  — 

tôt  vingt,  et  se  flattait  de  les  rendre  aptes,  en  deux  ans,  à 
faire  leur  philosophie. 

L'abbé  Rochedreux  ne  demandait  pas  mieux  que  d*ôtre 
débarrassé  des  enfants  de  la  ville,  qui  sont  «  d'indompta- 
bles lutins  ».  Il  songea  même  à  s'établir  au  presbytère  de 
Plouhinec,  que  l'on  pourrait  aménager  et  réparer,  grâce  au 
généreux  concours  de  la  famille  de  la  Porte  Vézins.  Aussi, 
est-ce  avec  un  véritable  soulagement  qu'il  écrit  de  Pont- 
Croix,  le  30  I>écembre  1809  :  «  Je  touche  enfin  au  moment 
si  désiré  de  quitter  cette  commune,  pour  aller  à  Meilars. 
Dans  cette  agréable  solitude,  mon  cœur  ne  forme  que 
deux  vœux  :  le  premier,  d'y  fonder,  sous  de  plus  heureux 
auspices,  un  établissement  propre  à  former  des  sujets 
pour  le  diocèse  ;  le  second,  de  marcher  sur  les  traces  de 
mon  prédécesseur  et  de  mériter,  comme  lui,  la  confiance 
et  les  regrets  du  meilleur  des  prélats.  »  Et,  le  15  Janvier 
1810,  secouant  la  poussière  de  ses  souliers  sur  le  peuple 
ingrat  de  Pont-Croix,  il  partit,  avec  sa  petite  bande,  pour 
la  solitude  de  Meilars.  (A  suivre.) 


—  203  — 


NOTICE 


^1  C^l 


8Un    LES 


PAROISSES  DU  DIOCÈSE  DE  QCINPËR  ET  DE  LÉON 

Par  MM.  PETRON  ai  AB6RALL. 

(Suite.) 


ELE8TREC 


Ancien  nom  de  la  paroisse  actuelle  du  Folgoët.  L'église 
d'Elestrec  était  dédiée  à  saint  Jagu  ;  mais  ayant  été  abat- 
tue par  la  foudre,  les  paroissiens  s'établirent,  vers  le 
milieu  du  xvii«  siècle,  dans  l'église  de  Saint-Vellé,  à  Guic- 
quelleau,  qui  servit  désormais  d'église  paroissiale,  jusqu'au 
moment  où,  au  commencement  du  xix»  siècle,  la  paroisse 
s'établit  au  Folgoët.  (Voir  Folgoët) 


ELLIANT 

(ELQENT,    ELJENT,   ELYANT) 


La  plus  ancienne  forme  du  nom  de  cette  paroisse,  Elgent, 
nous  est  donnée  dans  le  Cartulaire  de  Quimperlé,  d'abord 
dans  la  donation  de  Bos  amand,  à  la  fin  du  xi«  siècle,  par 
le  comte  Alain,  où  il  est  noté  que  cette  terre  est  située  sur 
les  limites  de  deux  plous  :  Duarum  Plébium,  Elgent  vide- 


—  204  — 

licet  et  Fuenant;  en  effet,  Locmaria-an-Hent,  ancienne 
trêve  d'Elliant,  aujourd'hui  en  Saint-Yvi,  se  trouve  près 
de  Logamand,  et  le  même  Alain,  comte  de  Bretagne,  le 
12  Avril  1107,  donnait  au  monastère  de  Sainte-Croix  de 
Quimperlé  la  terre  de  Killicaduc,  aujourd'hui  Quilligadec, 
en  Locmaria-an-Hent,  in  Elgent  Cette  terre  valait  quatre 
mesures  ou  chopines  de  miel,  quatuor  ciathos  idest  Jiana- 
fat  mellis. 

En  1210  (Cart.  Quimper,  n^  19),  le  comte  de  Thouars, 
en  réparation  de  ses  entreprises  sur  le  domaine  de  rÉvô- 
que  de  Quimper,  promit  60  sous  de  rente  dans  la  paroisse 
d'Elgent. 

Recteurs  d'Elliant,  avant  le  Concordat 

1350.  Yves  Penboul  ;  mentionné  au  Cartulaire  de 
Quimper  comme  ayant  fondé  son  anniversaire  à  la 
cathédrale. 

1390.  Jean  de  Carvan  (Archives  vaticanes). 

1394.  Alain  de  Penquelennec  ;  devient  chanoine 
de  Quimper  à  la  mort  de  Rioc  de  Lestuhan  (Arch. 
vat.). 

1405.  Jean  de  Tréanna,  recteur  et  chanoine  de  Quim- 
per. 

Le  23  Décembre  1433.  Lettres  du  duc  Jean  V  (2.130), 
par  lesquelles,  a  pour  les  loyaux  services  que  Yvon 
de  Tréanna  et  Jean  de  Tréanna,  son  fils,  ont  laicts 
depuis  longtemps,  en  plusieurs  manières,  il  affranchit 
et  exempte  en  perpétuel,  de  tous  louages  et  subsides, 
dix  estagers  des  villages  de  Tréanna,  Roch  et  Penno- 
f  guerner,  en  Elliant.  » 

1496.  Les  archives  départementales  possèdent  un 
rôle  des  dîmes  d'Elliant  avec  le  nom  des  laboureurs 
qui  y  sont  sujets  (6.  319). 


—  205  — 

Le  dimanche  18  Septembre  1502,  au  prône  de  la 
grand'messe,  se  présenta  noble  homme  Jean  Keredec, 
seigneur  temporel  de  Keredec,  de  la  paroisse  d'Elyent, 
qui  représenta  aux  paroissiens  assemblés,  que,  depuis 
longtemps,  et  du  consentement  des  dits  paroissiens,  il 
avait  fait  poser  ses  armes  en  signé  de  noblesse,  «  armo- 
rum  intsrsignia  in  êignum  nofiilitatis,  »  dans  la  fenêtre 
de  la  chapelle  de  Sainte-Catherine,  au'  côté  septen- 
trional de  réglise  paroissiale  ;  or,  depuis  peu  de  jours, 
il  a  appris  que  des  malveillants,  ^màlefactoresM,  avaient 
menacé  de  briser  ses  armes  ;  aussitôt,  il  avait  obtenu 
un  mandement  de  l'Official  de  Quimper,  défendant  de 
commettre  cet  attentat  ;  «  mais  comme  vendredi  dernier, 
à  Taudience  de  Tofficial,  Christophe  Mahaut,  au  nom 
de  Philibert  et  dTvon  Le  Gall,  procureurs  de  la  fabri- 
que, avait  essayé,  sans  le  consentement  des  parois- 
siens, d'arrêter  l'effet  de  la  défense  portée  par  l'Offi- 
cial, Jean  Keredec  vint  lui-même  demander  aux 
paroissiens  s'ils  retirent  le  consentement  qu'il  leur  a 
donné  d'avoir  ses  armes  en  leur  église  comme  par  ie 
passé  ;  sur  quoi  les  paroissiens  déclarèrent  le  trouver 
bon,  et  défendirent  à  Yves  Le  Gall  et  Philibert  Le  Gall, 
procureurs  de  la  fabrique,  d'inquiéter  le  S^  Keredec 
dans  le  maintien  de  ses  armes,  comme  elles  l'étaient 
par  le  passé  ».  (Extrait  de  l'original  latin  se  trouvant 
aux  Archives  départementales.) 

1529.  Louis  de  Kergoêt  ;  recteur  d'Elliant  au  com- 
mencement du  xvi«  siècle,  résigna  en  faveur  d'Olivier 
Kermahec,  après  avoir  fondé  une  chapellenie  à  élre 
desservie  sur  le  maître-autel  de  la  paroisse  par  un 
collège  de  sept  chapelains  ;  tous  les  jours,  un  des  cha- 
pelains devait  chanter  une  messe  répondue  et  servie 
par  les  six  autres. 
1529-1544.  Olivier  Kermahec,  qui  était  également  recteur 


—  206  — 

de  Laz,  Langonet,  Châteauneuf  et  Saint-Hernin;  il 

mourut  le  23  Octobre  1544. 
1544-1549.  Jean  Chesvin,  qui  résigna  en  1549. 
1573.  Décès  d'Olivier  Rivelen. 

1573.  Jean  Toulialan,  chanoine  de  Quimper. 

1574.  Septembre.  Tanguy  de  Bodigneau,  archidiacre 
de  Quimper,  recteur  dJElliant. 

1580.  Yves  Le  Pennée. 

1596.  Jean  Gauvain. 

1601.  Louis  Le  Madec. 

1602-1605.  Jean  Séguin,  né  à  Billom,  en  Auvergne,  doc- 
teur en  théologie  de  la  faculté  de  Paris;  Mgr  de  Liscoat, 
évêque  de  Quimper,  layant  choisi  comme  théologal 
lui  donna,  en  1602,  la  chapellenie  de  Saint-Gilles,  qui 
se  desservait,  à  la  cathédrale,  sur  l'autel  de  la  Chan- 
deleur, aujourd'hui  autel  des  Trépassés.  Il  fut  pourvu 
également  de  la  paroisse  d'Elliant,  qu'il  résigna  le 
23  Janvier  1605,  avec  réservation  d'une  pension  de 
100  écus  sur  les  revenus  de  la  paroisse. 

M.  Ropartz,  dans  ses  Etudes  sur  quelques  ouvrages 
rares  de  Bretons,  nous  dit  que  Jean  Séguin  est  Tauleur 
d'un  ouvrage  intitulé  En  attendant  mieux,  imprimé  à 
Nantes,  en  1609,  par  Luc  Robert,  et  d'un  livre  de  con- 
troverse contre  Calvin. 

Dans  l'épître  dédicatoire  d'un  de  ses  ouvrages,  il  dit 
à  l'Evéque  de  Quimper  :  «  Bien  que,  pour  l'occasion 
que  vous  scavez,  je  me  sois,  non  sans  regret,  déchargé 
de  cette  charge  (de  théologal),  si  ne  me  suis-je  pas 
pourtant  retiré  de  votre  service  et  diocèse,  que  non 
obstant  mon  absence,  je  n'y  aie  perpétuellement  le 
cœur  ».  11  devint,  en  1605,  oflicial  et  prévôt  de  l'église 
de  Guérande. 

1606-1621.  Hené  Hader,  recteur,  qui,  le  4  Mars  1607,  sur 
le  registre  des  baptêmes,  après  un  acte  rédigé  en  latin, 


—  207  — 

trouve  bon  de  traduire  son  nom  breton  et  signe  Her- 
veus  Seminatar  ;  Hader,  le  semeur. 

En  1612,  Textrait  suivant  des  registres  ou  grefle  de 
la  Cour  et  juridiction  royale  de  Conq,  Fouenant  et 
Rosporden  (Arch.  dép.),  nous  apprend  que  la  famille 
de  Plœuc  était  chargée,  à  raison,  sans  doute,  de  son 
alliance  avec  les  Tréanna  (Jeanne  de  Plœuc  ayant 
épousé,  en  1476,  Charles  de  Tréanna)  de  payer  la  rente 
de  60  livres  tournois  due  aux  sept  chapelains  de  la 
chapellenie  fondée  en  1529  par  le  recteur  Louis  de 
Kergoet. 

Extrait  des  registres  du  greff  de  la  Cour  et  Juridiction  rogalle 
de  Concq,  Fouesnant  et  Rospreden,  1612. 

((  Faisant  droict  au  procès  pendant  en  la  Cour  de 
Concq  Foenant  et  Rospreden  entre  Missires  Hervé 
Le  Hader,  Pierre  Colliou,  Sébastien  Penglaou,  Yves 
Jaouhen,  Alain  Le  Bleiz,  Jean  Kerrum  et  Christophe 
Le  Gai,  prestres  demandeurs,  d*une  part  ; 

((  Et  Anne-Mauricelte  de  Goullayne,  curatrice  de 
H*  et  puissant  Sébastien  de  Plœuc,  son  fils,  seig'  du  dit 
lieu,  du  Tymeur,  de  Kervegant,  etc.,  deffenderesse, 
d'autre  part  ; 

((  La  demande  des  demandeurs  du  10  Janvier  der- 
nier par  laquelle,  comme  chapelains  de  la  chapellenie 
fondée  en  Téglise  paroissiale  Dellyant  par  feu  noble  et 
vénérable  missire  Louis  de  Kergouet,  vivant  recteur 
du  dit  Delliant,  ils  concluent  a  ce  que  la  deflenderesse 
soit  condenpnée  leur  payer  les  arrérages  ou  restaux  de 
la  somme  de  20  escus  faisant  60  livres  tournoys  par  an 
pour  treize  ans  et  continuer  à  Tadvenir  le  payement  de 
la  dite  rente  annuellement.  » 
1621-1654.  Henri  Guilloroux,  recteur  ;  c'était,  sans  doute. 


-  208  — 

le  parent  du  J.  Guilloroux,  S^  de  Penannech,  fabri- 
que, dont  le  nom  est  inscrit,  avec  la  date  de  1660,  à  la 
partie  supérieure,  côté  Sud,  du  porche  qui  est  sous  le 
clocher. 

Il  y  a,  dans  les  registres  paroissiaux,  une  lacune,  de 
Tannée  1618  à  1632,  ce  qui  ne  nous  permet  pas  de  dire 
au  juste  quel  fut  le  recteur  qui,  de  fait,  prit  posses- 
sion de  la.  paroisse  à  la  mort  de  Hervé  Hader  ;  il  y  eut 
deux  compétiteurs  qui  se  disputèrent  la  paroisse.  Ce- 
pendant, dès  1632,  avant  la  conclusion  du  différend, 
nous  trouvons  la  signature  de  Henry  Guilloroux,  rec- 
teur d'Elliant,  ce  qui  nous  fait  présumer  que,  dès  le 
début,  il  avait  pris  possession.  Voici  à  quelle  occasion 
s'était  élevé  ce  conflit. 

La  paroisse  d'EIliant  ayant  vaqué,  le24  Janvier  1621, 
par  la  mort  de  Hervé  Hader,  la  nomination  du  succes- 
seur revenait  au  Pape,  qui  avait  en  Bretagne  le  droit 
de  nommer  aux  bénéfîces,  neuf  mois  sur  douze,  dans 
le  principe,  puis,  par  concession,  six  mois  sur  six  à 
l'alternative,  c'est-à-dire  que  si  le  bénéficier  mourait 
en  Janvier,  le  Pape  désignait  le  successeur;  s'il  mou- 
rait en  Février,  la  nomination  appartenait  à  l'Evêque 
et  ainsi  de  suite  à  Talternative  des  mois.  Dans  la  cir- 
constance donc,  la  nomination  du  Recteur  d'EIliant 
appartenait  au  Saint-Siège  ;  mais  il  arriva  que  Gré- 
goire XV  mourut  quatre  jours  après  le  Recteur  d'EI- 
liant, c'est-à-dire  le  28  Janvier,  et  son  successeur, 
Paul  V,  élu  le  10  Février  et  couronné  le  14  Février,  ne 
donna  la  paroisse  d'EIliant  à  Henri  Guilloroux  que 
le  7  Mars  1621. 

Malheureusement,  dans  l'intervalle,  l'Evéque  de 
Quimper,  pensant  que  le  droit  de  nomination  du  pape 
avait  péri  par  le  décès  de  Grégoire  XV,  et  n'était  pas 
transmissible  à  son  successeur,  Paul  V,  désigna,  pour 


—  209  — 

recteurd'Elliant,  un  chanoine  de  la  cathédrale  de  Quim- 
per,  Messire  Alain-Gilles  du  Perron,  grand  chantre, 
par  provisions  datées  du  24  Février  1621.  De  là,  un 
procès  qui  dura  près  de  quatorze  ans,  et  qui  se  termina, 
sans  doute,  par  un  arrêt  du  Grand  Conseil,  du  8  Octobre 
1634,  déboutant  Gilles  du  Perron  de  ses  prétentions, 
d'autant  plus  que,  lors  de  sa  nomination,  il  n'était  pas 
prêtre,  «  qu'il  a  d'aultres  bénéfices  et  n'entend  l'idiome 
,  de  la  basse  Bretagne  où  est  assis  le  dit  bénéfice  )>  (1). 
Toujours  est-il  que  Henri  Guilloroux  conserva  la  pa- 
roisse d'Elliant  jusqu'en  1654,  qu'elle  passa  à  son  neveu 
Pierre  Guilloroux,  originaire,  comme  son  oncle,  du 
pays  même. 
1654-1674.  Pierre  Guilloroux,  neveu  du  précédent  rec- 
teur, lui  succéda  sans  contestation.  Nous  trouvons  sur 
les  registres  la  note  suivante,  qui  nous  montre  en 
vigueur,  au  xvii«  siècle,  l'institution  des  conférences 
ecclésiastiques. 

«  Ce  jour,  sixiesme  Juin  1669,  j'ai,  recteur  d'Elyant, 
tenu  la  conférence  de  mes  prêtres  : 

«  Dom  Jean  Laouênan,  excusé  ; 

((  Dom  Jean  Aouel,  excusé  ; 

«  Les  prêtres  de  S^  Ivy,  deffaut. 

((  Arresté  suivant  les  statuts  de  Monseigneur  de 
Cornouaille  que  deffense  est  faicte  à  tout  prestre  d'ab- 
soudre les  cas  réservés  dans  la  bulle  des  quinze  vingt 
aveucles  et  Hôtel-Dieu,  sans  pouvoir  exprès.  » 

Pierre  Guilloroux  mourut  le  3  Décembre  1674. 
1674-1678.  Guillaume  Bocou;  il  était  chanoine  de  Quim- 
per,  et  pourvu  de  la  prébende  de  Beuzec-Cap-Sizun, 


(1)  Les  arrêts  touchant  ce  procès,  extraits  par  copie  collatioDoée  des 
Archives  nationales,  nous  ont  été  obligeamment  communiqués  par  M.  de 
Yilliers  du  Terrage  de  Kerminy,  auquel  nous  empruntons  isolément  les 
extraits  âei  registres  paroissiaux  d'Elliant. 

Bulletin  de  la  Comhission  niocisAiNB.  —  8*  année.  14 


—  210  — 

qu'il  résigna,  en  1674,  pour  devenir  recteur  d'EUianl 
et  chanoine  honoraire. 

1678-1688.  Nicolas  Gourvinnec. 

Le  16  Février  1688,  le  registre  rapporte  l'acle  de 
mariage  de  Guillaume  Laurans  et  de  Catherine  David, 
célébré  par  a  Noble  et  puissant  Maurice  de  Tinténiac, 
chevalier  seigneur  de  Tréanna,  de  Kervatous  et  autres 
lieux,  premier  juveigneurdes  bannerets  de  Tinténiac, 
Kenmerch,  premier  prééminencier  de  cette  paroisse, 
lieutenant  de  cavalerie,  de  l'arrière  ban  du  ressort  de 
Conq,  Fouesnant  et  Rosporden  )).  Il  signe  au  registre: 
«  Maurice  de  Tinténiac,  prêtre  ». 

1688-1708.  Jean-Louis  de  Kervenozaël. 

((  Ce  jour  premier  de  Septembre  1710,  ont  été  béni- 
tes et  nommées  deux  cloches,  l'une,  pesante  de  615 
livres,  nommée  par  Messire  Sébastien  Mahé,  chevalier 
seigneur  de  Kermorvan,  et  dame  Anne  de  la  Roche, 
dame  de  Kerstrat,  parrain  et  marraine  ;  et  Tautre,  qui 
pèse  272  livres,  nommée  par  Messire  Louis-René 
de  la  Marche,  chef  de  nom  et  d'armes,  et  dame  Anne 
Marie  Le  Livec,  dame  de  Kerminy  ;  la  première  pour 
servir  à  la  chapelle  du  Rosaire,  nommée  Marie  Anm 
Sébastienne,  et  la  seconde,  pour  servir  à  la  chapelle  de 
S^  Guennel,  nommée  Anne  Louise  Guennel,  La  béné- 
diction faite  par  Missire  Germain  Floc'h,  prêtre,  par 
permission  de  l'Evêque,  en  présence  de  N.  et  V.  Mis- 
sire Jean  Louis  de  Kervenozaël,  S^  recteur  d'Elliant, 
et  des  soubsignés  : 

((  Anne  de  la  Roche  ;  Anne  Marie  Le  Live«  du  Ker- 
miny; Louis  René  de  la  Marche;  Sébastien  Maurice 
Mahé  de  Kermorvan  ;  de  Kerguern  Kermorvan  ;  Anne 
Josephe  de  Tréanna  ;  Suzanne  Mahé  ;  Joseph  de 
Treouret  ;  Kermorvan  Mahé  le  vieux;  de  LandaDet; 
Dulezlo  Le  Pappe  ;  Guillaume  Cuhuillic,  recteur  de 


—  2H  — 

Tourch  ;  René  Le  Flao,  curé  d*Elliant;  Barbé  Philippe, 
curé  de  Rosporden  ;  Le  Roux,  Francès  ;  Kervenozaêl, 
recteur  d'Ellyant  ;  Germain  Floc'h,  prêtre.  » 
17i2-1726.  Goulvin  Pervez. 

((  Ce  jour,  l®r  de  May  1712,  a  esté  bénite,  par  le  soub- 
signé  Floch,  curé  d'office  par  commission  de  M^^i'Ëvê- 
que  de  Quimper,  une  cloche  pour  servir  à  la  confrérie 
du  Rosaire  située  dans  l'église  paroissiale  d'Ellyant, 
pesante  709  livres,  laquelle  a  esté  nommée  Marie  Rose 
Jan  Marguerite,  par  Jean  Madec,  du  village  du  Cos- 
quer,  fabrique  de  la  dite  confrérie,  et  par  Marguerite 
Quéméré,  femme  et  espouse  d'honorable  homme  Chris- 
thophe  Le  Flao  de  Keryannic,  par  commission  d'es- 
cuyer  Gilles  Harquin,  S^  de  Kerourien,  et  de  Dame 
Marie  Rose  de  Tinteniac,  son  épouse,  dame  foncière 
de  Treanna. 

«  Germain  Floch,  curé  d'office  ;  René  Le  Flao,  prê- 
tre ;  Jean  Baptiste  de  Landanet,  prêtre  ;  Jean  Le  Bor- 
gne, prêtre  ;  Augustin  Le  Masson,  prêtre  ;  Alain 
Laurans,  prêtre  ;  Alain  Le  Messager,  prêtre  ;  Guil- 
laume Bourbigou,  prêtre  ;  Christophe  Le  Flao  ;  Raou- 
lin.  )) 

27  Septembre  1726,  funérailles  de  Golven  Pervez, 
recteur,  présidées  par  François-Hyacinthe  de  la  Hays, 
docteur  de  Sorbonne,  vicaire  général  de  Cornouaille, 
recteur  du  Grand-Ergué,  archidiacre  de  Poher.  Assis- 
tent :  Péan,  recteur  de  Melgven  ;  Philippe,  curé  de  Ros- 
porden ;  Louis  Michelet,  curé  de  Saint-Yvi  ;  Le  Brigant 
de  Kergalet,  prêtre;  Laurans,  curé  d'Elliant. 
1727-1731.  Jacques  Pathelin  ;  ne  prit  possession  que  le 
17  Août  1727,  quoique  nommé  dès  l'année  précédente; 
il  était  originaire  de  Port-Louis,  et  fut  pourvu  en  Cour 
de  Rome  ;  au  mois  d'Avril,  il  permuta  Elliant  pour  la 
l^^  paroisse  de  Marzan,  au  diocèse  de  Vannes,  dont  était 


l.i: 


l'^ 


—  212  — 

titulaire  Yves  Le  Roux,  originaire  de  Sizun,  évêché 
de  Léon,  qui  devint  recteur  d'EUiant. 

1731-1740.  Yves  Le  Roux  ;  avait  été  pendant  vingt-deux 
ans,  recteur  de  Marzan,  au  diocèse  de  Vannes  ;  il 
mourut  à  Ëlliant,  âgé  de  62  ans,  et  fut  inliumé  le 
30  Juin  1740. 

1740-1754.  Louis  de  la  Marche  ;  de  la  famille  des  de  la 
Marche  de  Kerfort  de  Lezergué  ;  il  avait  été  recteur 
d'Esquibien. 

Le  25  Avril  1741,  on  inhumait  les  restes  de  Margue- 
rite David,  brûlée  dans  un  incendie  à  Kerenarc'haït. 

Le  16  Mai  de  la  même  année  1741,  en  Tabsence  du 
Recteur,  les  prêtres  de  la  paroisse  consignent  au 
registre  un  acte  de  rébellion  à  l'arrêté  défendant  les 
inhumations  dans  les  églises. 

((  L'an  1741,  le  15  May,  est  décédé,  au  bourg  parois- 
sial d'Elyant,  Jean  Le  Masson,  âgé  d'environ  35  ans, 
après  avoir  reçu  les  sacrements,  et  le  lendemain  16, 
son  corps  a  été  porté  dans  cette  église  par  Gilles  Viol, 
Germain  Martin,  Thomas  HénafI  et  Jean  Buis,  tous 
habitants  de  ce  bourg,  suivis  de  plusieurs  autres  per- 
sonnes. Eu  l'église  arrivés,  et  les  prières  accoutumées 
commencées  pour  le  repos  de  l'âme  du  dit  feu  Jean 
Le  Masson,  un  nommé  François  Le  Masson,  frère  du 
défunt,  a  percé  dans  l'église  et  au  chœur  du  Rosaire 
pour  y  enterrer  le  cadavre,  par  rébellion  aux  arrêtés 
de  la  Cour,  non  obstante  toute  opposition  à  luy  faite 
par  moi  signé  Curé,  et  ensuite  par  Jean  Le  Hars,  géné- 
ral et  d'armes,  de  la  part  du  Roy  et  autorisé  de  justice, 
sans  qu'il  ait  voulu  discontinuer,  ce  qui  nous  a  obligé 
d'interrompre  les  prières  de  l'église  et  de  nous  retirer, 
ce  qu'a  fait  la  plupart  du  convoi,  et  le  dit  François 
Le  Masson,  aidé  de  Marie  Le  Mercier,  femme  du  défunt, 
a  enterré  le  corps  dans  l'église  ;  dont  acte. 


—  213  — 

«  Signé  :  P.  F.  Jaouen,  prêtre  ;  Abiven,  prêtre  ; 
Daniel  ;  Kermoalic  ;  Le  Moign,  prêtre,  curé.  )) 

Le  24  Septembre  1754,  vers  les  3  heures  de  l'après- 
midi,  a  été  inhumé  dans  le  cimetière  d'Ellîant  le  corps 
de  N.  et  D.  missire  Louis- Joseph  delà  Marche,  licencié 
en  Sorbonne  et  recteur  d*Elliant  depuis  environ  15  ans, 
décédé  le  jour  précédent,  environ  deux  heures  après 
midi,  dans  son  presbytère,  d'une  révolution  dégoutte, 
après  4  jours  de  maladie,  envi-ron  la  soixantième  année 
de  son  âge  ;  les  funérailles  ont  été  célébrées  par  N.  et 
D.  missire  Dugua,  recteur  du  Grand  Ergué,  Conanou, 
curé  de  Cadol,  Le  Roy,  curé,  et  Rigallou,  prêtre  de 
Rosporden,  Coquil,  curé  de  Saint-Yvi,  Créofl,  curé  de 
Locmaria,  Jaouen,  curé,  Le  Gall,  Quéré,  Garec  et 
Tessier,  prêtres,  d'EUiant.  Signé  :  Le  Roy,  curé.  » 

1756-1773.  P.  A.  Kervégan  de  Suasse  ;  avait  été  recteur 
d'Ergué-Gabéric,  dont  il  conserva,  croyons-nous,  la 
direction,  en  1765.  Le  Bureau  ecclésiastique  du  dio- 
cèse le  députa  à  l'assemblée  paroissiale  de  Tours,  et 
lui  alloua  à  cet  effet  une  somme  de  300  livres. 

1773-1780.  Yves  Le  Guillou;  avait  été  pendant  dix  ans 
secrétaire  de  l'Evêché,  sous  Tépiscopat  de  M^^"  Farcy 
de  Cuillé,  puis  promoteur  du  diocèse  durant  le  court 
épiscopat  de  M^^  Grrossoles  de  Flamarence;  aussi,  lors 
de  la  nomination  de  M^^  de  Saint-Luc  à  l'Evêché  de 
Quimper,  se  crut-il  autorisé  à  lui  écrire  pour  le  mettre 
au  courant  des  affaires  du  diocèse,  le  séminaire,  la 
direction  des  retraites,  les  nominations  à  faire.  Ses 
lettres,  fort  intéressantes,  sont  conservées  aux  archi- 
ves départementales  ;  elles  entrent  dans  beaucoup  de 
détails  sur  les  objets  que  Sa  Grandeur  trouvera  à 
TEvêché,  et  ceux  qu'il  devra  se  procurer  avant  d'arri- 
ver à  Quimper;  c'est  ainsi  que,  le  31  Juillet  1773,  il 
écrit  :  «  Vous  devriez  acheter,  chez  M.  Chomel,  à  Paris, 


—  214  — 

ou  demander  à  M^>^  le  cardinal  de  la  Roche  Aimon,  des 
pastilles  de  Languent  divin  pour  les  pauvres  de  vôtre 
diocèse  ;  j'ai  vu  plus  d'une  fois  que  feu  M^^  de  Caillé 
en  recevait  de  la  part  du  Roy,  par  les  mains  de 
M"  d'Orléans.  » 

La  paroisse  de  Crozon  est  vacante,  et  le  Curé  d'EUiant 
se  croit  autorisé  à  donner  son  avis  sur  le  choix  du 
nouveau  recteur  :  a  J'ai  appris  que  Monseigneur  a 
demandé  à  MM.  ses  grands  vicaires  les  noms  des  trois 
meilleurs  sujets  de  son  diocèse  pour  la  cure  de  Crozon, 
et  qu'ils  ont  nommé  cinq  gentilshommes,  et  témoigné 
qu'ils  donnaient  la  préférence  à  M.  l'abbé  d'Oixant  ; 
effectivement,  il  la  mérite  sur  les  quatre  autres  sans 
contestation  ;  c'est  un  excellent  ecclésiastique  et  un 
des  plus  capables  qui  soit  dans  votre  diocèse  » 
(Février  1774). 

Le  Curé  d'Elliant  semble  engager  le  nouvel  Evêque 
à  résider  plutôt  dans  sa  maison  de  campagne  de  Lan- 
niron  qu'au  palais  épiscopal  de  Quimper.  «  M»'  de 
Cuillé,  écrit-il,  depuis  bien  des  années,  habitait  pres- 
que toute  l'année  le  château  de  Lanniron,  parce  qu'il 
y  avait  à  lui  tout  son  temps  pour  vaquer  au  gouverne- 
ment de  son  diocèse,  au  lieu  qu'en  ville  il  était  impor- 
tuné par  des  visites  inutiles  dès  &ept  heures  du  matin.  » 

Le  ton  de  ces  lettres,  d'un  caractère  si  intime,  ne 
pouvait  faire  prévoir  que,  peu  d'années  après,  dès 
1776,  les  rapports  entre  le  nouvel  Evêque  et  le  Curé 
d'Elliant  se  seraient  tendus  au  point  d'avoir  recours 
aux  tribunaux  pour  trancher  le  différend  qui  les  divi- 
sait. 

A  l'occasion  des  visites  pastorales,  l'Evéque  préle- 
vait un  certain  droit  en  argent,  dit  droit  de  procura- 
tion et  de  cens,  sur  toutes  les  paroisses  visitées  et 
celles  qui  étaient  convoquées  au  lieu  de  la  visite,  car 


-  215  — 

alors  surtout  l'état  des  roules  rendait  bien  des  parois- 
ses inaccessibles  au  carrosse  épiscopal.  Or,  le  Curé 
d'Elliant,  qui  se  piquait  d'être  versé  dans  le  droit 
canonique,  se  permit  de  faire  observer  à  l'Evoque  que 
cette  perception  ne  lui  paraissait  pas  justifiée;  car  le 
droit  de  procuration  est  un  droit  dit  de  Pastum,  c'est- 
à-dire  le  droit  pour  l'Evéque  d'être  hébergé  lui  et  sa 
suite  aux  frais  de  la  paroisse  qu'il  visite  ;  mais  il  ne 
peut  exiger  ces  fçais  des  paroisses  convoquées  et  où  il 
ne  se  rend  pas  de  fait. 

Dans   un   long   mémoire,   conservé   aux   Archives 
départementales,  l'Evêque  fait  d'abord  observer,  que, 

■ 

moins  que  tout  autre,  le  Curé  d'Elliant  devrait  protes- 
ter contre  l'usage  établi  à  Quimper  de  percevoir  ce 
droit  de  procuration  sur  toutes  les  paroisses  du  diocèse 
môme  simplement  convoquées  à  la  visite,  car  pendant 
dix  ans  qu'il  a  été  secrétaire  de  l'Evèché,  il  ne  s'est 
fait  aucun  scrupule  de  le  percevoir  pour  son  Evéque  ; 
de  plus,  il  devrait  savoir  que  le  droit  perçu  sur  les 
paroisses  visitées  et  convoquées  à  la  visite  n'est  pas, 
dans  le  diocèse,  un  droit  à  proprement  parler  de  pro- 
curation et  de  pastum,  qui  n'a  jamais  été  contesté  par 
les  recteurs  visités,   mais  un   droit  de  cens  ou  droit 
cathédratique  perçu  à  Y  occasion  de  la  visite  ;  or,  ce 
droit,  l'Evêque  peut  le  percevoir  sur  tous  les  bénéfices 
de  son  diocèse,  pour  l'honneur  de  son  siège,  sans  en 
faire  la  visite;  seulement,  à  Quimper,  on  a  trouvé  tou- 
jours plus  commode  de  le  percevoir  à  Yoccasion  de  la 
visite,  ce  qui  a  donné  lieu  de  confondre  ces  deux 
droits  distincts  de  procuration  et  de  cens, 

La  question  s'envenima  si  bien  que,  lors  de  la  visite 
de  Monseigneur  à  Elliant  en  1776,  le  Curé  ne  vint  pas 
au-devant  de  lui  pour  le  prendre  sous  le  dais;  sous 
l'apprenons  d'une  consultation  du  sieur  Drouin,  don- 


—  216  - 

Dée  le  16  Avril  1777,  dont  voici  un  extrait  (G.  196)  : 
((  Les  Evéques  ont,  en  France,  lorsqu'ils  sont  en 
visite,  l'honneur  du  poêle.  Par  arrêt  du  Conseil  d  Etat 
du  19  Janvier  1651,  il  est  ordonné  que  tous  les  Evêques 
du  Royaume  sont  reçus,  aux  entrées  et  visites  dans  les 
villes  de  leur  diocèse,  conformément  au  pontifical  et 
cérémonial  des  Evéques,  et  est  enjoint  aux  consuls  et 
magistrats  de  les  recevoir  avec  leurs  robes,  chaperons 
et  livrées  consulaires  et  de  leur  porter  le  poêle  partout 
où  il  conviendra.  Le  clergé  se  rendra  au-devant  de 
l'Evêque  avec  la  croix  et  le  poêle,  à  l'entrée  du  bourg 
paroissial,  dont  il  va  visiter  l'église.  La  contestation  de 
ce  droit  à  Monsieur  l'Evéque  de  Quimper  de  la  part 
du  Recteur  d'Elliant,  lors  de  la  dernière  visite  de  la 
paroisse,  est  blâmable;  le  droit  ne  dépend  pas  du  lieu 
où  le  prélat  descend,  pourvu  qu'il  ne  soit  pas  trop 
éloigné  de  l'église,  auquel  cas  le  clergé  serait  tenu  de 
l'attendre  à  l'entrée  du  bourg.  » 
1780-1788.  Michel-Jean-Alexandre  Laênnec,  de  Penti- 
corre  ;  avait  été  recteur  de  Loctudy  ;  il  était  docteur  en 
Sorbonne  et  fils  «  de  Maître  Michel  Marie  Alexandre 
Laênnec,  avocat  en  Parlement,  conseiller  du  Roy, 
maire  été  de  Quimper,  receveur  des  décimes  du  dio- 
cèse, veuf  en  l^es  noces  de  Jeanne  Catherine  Huchet 
de  Kerourein,  et  époux  en  secondes  noces  de  Hyacinthe 
des  Landes  »,  qui  mourut,  à  l'âge  de  68  ans,  en  son 
hôtel,  à  Quimper,  le  31  Octobre  1782,  et  inhumé,  le 
1"  Novembre,  dans  l'enfeu  dépendant  de  la  terre  de 
Kerlouarnec,  dans  l'église  de  Ploaré,  le  corps  étant 
présenté  par  son  fils,  D.  et  V.  M.  Michel  Jean  Alexandre 
Laênnec,  recteur  d'Elliant  (actes  de  Ploaré). 

En  1788,  le  Recteur  d'Elliant  permuta  la  cure  pour 
un  canonicat  à  Tréguier,  que  possédait  l'abbé  Guino, 
qui  devint  recteur  d'Elliant.  M.  Laênnec  fut  déporté 


-  217  - 

en  Angleterre,  et  mourut,  en  1802,  d'une  chute  de 
voiture,  comme  il  se  mettait  en  route  pour  revenir  en 
France. 
1788.  Jacques-Louis  Guino,  né  à  Guingamp  en  1734, 

chanoine  de  ïréguier  depuis  1761,    devint   recteur 
d'Ëlliant.  La  pièce  suivante  nous  donne  tous  ses  titres: 

«  Le  26  Octobre  1788,  je  soussigné,  Jacques-Louis 
Le  Guino,  recteur  dElliant,  licencié  en  droit  civil  et 
canon,  chanoine  honoraire  et  ancien  officiai  du  diocèse 
de  Tréguier,  chanoine  honoraire  et  ancien  vicaire  gé- 
néral de  celui  de  Cahors,  ai  fait,  par  la  permission  de 
Mgr  l'Evêque  de  Quimper,  la  bénédiction  solennelle 
d'une  cloche  nouvellement  fondue  par  ordre  du  général 
de  la  paroisse  d'Elliant,  représenté  par  Henri  Le 
Guiader  et  Laurent  Costiou,  fabriques  en  charge,  à 
la  quelle  Messire  François  de  Kerjean,  comte  de  Ker- 
jean,  chevalier  des  ordres  du  Roy,  ancien  capitaine 
de  ses  vaisseaux,  et  demoiselle  de  la  Lande,  dame 
de  Calan,  à  la  prière  du  dit  S^  Recteur  et  du  général 
de  la  paroisse,  ont  imposé  le  nom  de  Françoise  Marie, 
ainsi  que  leurs  armes,  de  tout  quoi  ils  ont  signé  le 
présent  registre  avec  MM.  les  prêtres,  fabriques  et 
autres  personnes  respectables  qui  ont  assisté  à  la  céré- 
monie. 

((  S.  de  la  Lande  de  Calan  ;  de  Kerjean  ;  Papin 
de  Calan  des  Landes  ;  Jallais  ;  Délioux  ;  de  la  Lande 
de  Calan  ;  Le  Guillou  Penanros  ;  Marie  Josephe  Le  Bon- 
niec  du  Creyou  ;  Bataille  ;  J.  Codu,  curé  d'Elliant  ; 
G.  Le  Guellec^  curé  de  S*-Yvi  ;  J.  J.  Guillo,  curé  de 
Rosporden  ;  P.  Diquélou,  prêtre  ;  Brisson,  prêtre  ; 
H,  A.  Le  Meur,  prêtre  ;  Henri  Le  Guyader,  fabrique  ; 
François  Le  Meur  ;  Laurent  Costiou,  fabrique  ;  Guino, 
recteur  d'Elliant.  » 

Guino,  nommé  député  à  la  Constituante,  en  1789, 


-  218  - 

«  émit  des  principes  téméraires,  aussi  opposés  au  gou- 
vernement qu'à  la  religion  catholique  »  (Arch.Evêché). 
Il  prêta  serment  à  la  Constitution,  quitta  sa  paroisse 
d'Elliant  pour  devenir,  à  la  mort  d'Expilly,  président 
du  presbytère;  il  se  rendit,  à  Paris,  au  Concile  national 
de  1798,  où  il  se  donna  le  titre  fïarchiprètre;  il  figure 
au  synode  d*Audren,  en  1800,  en  qualité  de  secrétaire. 
Au  Concordat,  il  fut  nommé  curé  de  Recouvrance, 
mais  malgré  ses  talents  extérieurs,  il  n^inspirait  pas 
grande  confiance  à  ses  confrères,  et  Tun  d'eux,  M.  Ber- 
nicot,  écrit  à  l'Evéché,  en  1805  :  «  Ce  curé  n'admet 
point  la  tradition  ;  je  Tai  entendu  dire  qu'il  n'admet- 
tait que  l'ancien  et  le  nouveau  Testament,  et  que  tout 
ce  qu'on  débitait  de  plus  était  des  rêveries  ».  Il  mou- 
rut subitement,  le  27  Septembre  1807,  à  8  heures  du 
soir.  «  Je  n'ai  rien  vu  de  si  prompt,  »  écrit  son  vicaire, 
annonçant  cette  triste  mort. 


* 
*  * 


M.  Jean  Codu  ;  né  à  Plozévet  en  1754,  prêtre  en  1780, 
était  vicaire  d'Elliant  au  moment  de  la  Révolution  ;  il 
n'imita  pas  l'exemple  de  son  recteur,  et  rendit  les  plus 
grands  services  dans  sa  paroisse  en  se  tenant  caché 
jusqu'à  ce  qu'il  dût  se  soumettre  à  la  déportation  en 
partant  de  Lorient  pour  l'Espagne,  le  3  Octobre  1797 
(du  Chatellier),  en  compagnie  de  l'abbé  Alain  Le  Floc'h, 
né  à  Plonévez-Porzay,  le  l®^  Novembre  1765,  et  qui, 
ordonné  prêtre  à  la  veille  de  la  persécution,  le  21  Sep- 
tembre 1790,  put  rendre  service  dans  le  pays  en  se 
cachant  pendant  quatre  ans  ;  mais  arrêté  en  1794,  il 
fut  déporté  en  rade  de  l'île  d'Aix,  sur  le  Wasington,  et 
libéré  à  Saintes  en  1795,  il  vint  se  joindre  à  M.  Codu 
pour  donner  les  secours  spirituels  à  la  paroisse  d'El- 


-  219  — 

liant,  jusqu'au  moment  où  tous  deux  devront  s'embar- 
quer à  Lorient  pour  l'Espagne,  le  3  Octobre  1797. 
En  résidence  à  Palencia,  M.  Le  Floc'h  écrit,  le  14  Jan- 
vier 1798,  à  M.  Boissière,  exilé  également  en  Espagne, 
pour  le  tenir  au  courant  de  ce  qui  s'est  passé  sous 
leurs  yeux  à  Quimper,  pendant  la  Terreur  ;  après  avoir 
raconté  la  mort  de  MM.  Riou,  recteur  de  Lababan, 
Le  Coz,  recteur  de  Poullaouen,  Rolland,  recteur  de 
Trébivan,  et  Raguénès,  curé  de  Landudec,  ils  font  un 
récit  de  leurs  travaux  à  EUiant,  en  1796-1797.  «  Il  y 
aura  deux  ans,  au  Carême,  nous  passâmes,  mon  com- 
pagnon (M.  Codu)  et  moi,  quatorze  nuits  de  suite  à 
confesser,  ne  nous  couchant  qu'à  5  heures  du  matin. 
Nous  avions  auparavant  passé  et  passâmes  depuis  bien 
d'autres  nuits,  mais  pas  autant  de  suite.  Dans  les  temps 
qui  semblaient  annoncer  le  calme,  on  était  plus  hardi, 
sans  cependant  se  fier  ;  quelquefois,  alors,  on  allait  de 
jour  aux  malades  et  on  confessait  les  bien  portants, 
mais  avec  de  telles  précautions  que  les  pauvres  et 
autres  qui  venaient  dans  les  villages  ne  pouvaient  s'en 
apercevoir  :  on  y  venait  à  la  dérobée  et  on  se  cachait 
quand  on  était  arrivé. 

«  L'année  dernière  (1797),  nous  fîmes,  M.  Codu  et 
moi,  le  tour  de  la  paroisse  d'Elliant,  pendant  six 
semaines,  confessant  de  jour  ceux  qui  voulaient.  Tous 
furent  prévenus.  A  Pâques,  nous  vîmes  les  anciens 
aristocrates  et  les  bien  revenus.  Pendant  l'octave  du 
Sacre,  nous  fîmes  encore  une  petite  tournée  ;  nous  ne 
confessâmes  pas  tant  alors,  car,  chaque  jour,  nous 
changions  de  parage  afin  de  donner  la  messe,  pen- 
dant la  huitaine,  à  tous  les  quartiers  de  la  paroisse. 

((  Nous  avons  été  ainsi,  pendant  six  mois,  disant  la 
messe,  faisant  une  petite  instruction  tous  les  diman- 
ches et  fêtes,  l'un  d'un  côté,  l'autre  de  l'autre,  et  cela 


—  220  — 

presque  toujours  dans  les  chapelles,  mais  toujours  de 
nuit,  de  manière  que  le  peuple  pût  être  de  retour  chez 
lui  avant  le  jour.  Quand  nous  allions  aux  malades, 
que  nous  baptisions  ou  mariions,  nous  ne  manquâmes 
jamais  d^instruire  les  présents  des  erreurs  du  temps, 
du  triste  état  de  ceux  qui  suivaient  et  avaient  suivi 
les  intrus  ou  jureurs,  sans  s*étre  reconnus,  et  de 
l'abîme  dans  lequel  ils  se  précipitaient.  Ces  petites 
instructions  familières  avaient  du  succès  et  conver- 
tissaient plusieurs  personnes.  Aussi,  les  endroits  où  il 
y  a  eu  des  prêtres  catholiques  sont  infiniment  meil- 
leurs que  les  autres  ;  l'expérience  le  prouve.  (Arch. 
Evéché.) 

Après  le  Concordat,  M.  Codu  demeura  vicaire  d'El- 
liant,  et  mourut  avec  ce  titre,  en  1827,  à  Tàge  de 
73  ans.  M.  Floc'h,  après  avoir  été  recteur  de  Saint-Yvi, 
devint  curé  de  Briec,  où  il  mourut  en  1831. 

Recteurs  d'Elliant,  depuis  le  Concordat 

1803-1809.  Rolland-Michel-Marie  Le  Bescond  de  Coatponl; 
né  à  Rosporden,  le  27  Mai  1756,  prêtre  en  1780,  il  fut 
auxiliaire  de  son  oncle,  l'abbé  Raoulin,  recteur  de 
Poullan,  qui  lui  résigna  la  paroisse  en  1787;  partit 
pour  l'Espagne  en  Juillet  1792  ;  résidait  à  Bilbao  en 
1793  ;  de  retour  en  France,  il  fut  incarcéré  au  château 
de  Brest,  d'où  il  fut  transféré  à  la  citadelle  de  Saint- 
Martin  de  Ré,  le  29  Juin  1798,  et  libéré  le  11  Mars  1800. 
Nommé  curé  d'Elliant  au  Concordat,  voici  l'état  qu'il 
donne  de  sa  paroisse,  le  10  Février  1804,  répondant 
aux  questions  posées  par  les  Vicaires  généraux  : 

((  Ad  P'".  Le  patron  de  l'église  paroissiale  d'Elliant 
est  S*  Gilles,  abbé.  1«'  Septembre. 
((  Ad  2'^'".  Cette  commune  contient,  d'après  les  notes 


—  221  — 

de  mes  prédécesseurs,  3.200  âmes  et  2.100  commu- 
niants. 

«  Âd  3"f",  Pour  desservir  cette  paroisse,  quatre  ecclé- 
siastiques sont. absolument  nécessaires.  Jamais  il  n'y 
en  eut  moins  que  cinq.  Je  suis  le  premier  Curé  réduit 
à  trois,  et  je  ne  vois  pas,  en  cas  de  maladie,  la  possi- 
bilité de  suffir,  vu  les  chemins  affreux  et  Téloignement 
des  villages. 

((  Ad  4*"".  Je  n'ai  aucun  vicaire  désigné  ni  par 
M.  l'Evêque  ni  par  ceux  qui  le  représentent. 

((  Ad  5"'".  J'ai  pourcoopérateurs,  MM.  Codu  et  Floch, 
qui  agissent  et  travaillent  en  vertu  des  pouvoirs  qui 
leur  ont  été  confiés  avant  et  pendant  la  Révolution. 

((  Ad  ô""*.  Je  désire  bien  sincèrement  conserver 
ces  deux  ecclésiastiques;  leur  vertu  et  leur  conduite 
me  les  rendent  chers,  et  je  vous  prie  instamment  de 
m'en  accorder  un  3^^  dès  que  la  chose  sera  possible. 

((  Ad  7*"".  Nos  noms  : 

((  Rolland-Michel-Marie  Le  Bescond  Coatpont,  curé, 
né  à  Rosporden  le  27  Mai  1756,  prêtre  le  21  Septem- 
bre 1780  ; 

«  Jean  Codu,  né  à  Plozévet  le  3  Août  1754,  prêtre 
le  11  Mars  1780; 

((  Alain  Le  Floch,  né  à  Plonévez-Porzay  le  l®""  No- 
vembre 1765,  prêtre  le  21  Septembre  1790. 

«  Les  chapelles  nécessaires  pour  faciliter  l'instruc- 
tion des  enfants  et  l'administration  des  malades  sont  : 

((  i^  Celle  dédiée  à  S^®  Marguerite,  éloignée  du 
bourg  de  une  lieue  et  quart,  et  réunissant  dans  ses 
alentours  ou  moins  600  communiants  ; 

((.  2«  Celle  dédiée  à  S^  Anne,  distante  d'une  lieue, 
réunissant  dans  ses  environs  400  communiants  ; 

((  30  Celle  de  S*  Cloud,  à  la  porte  du  bourg,  qui  peut 
servir,  comme  elle  Ta  déjà  fait,  lorsque  des  événe- 


—  222  — 

ments  nécessitent  de  quitter  l'église  paroissiale  pour 
y  faire  des  réparations  ;  la  foudre  a  déjà  écrasé  deux 
fois  réglise  d'Elliant  ; 

((  40  Enfin,  celle  dédiée  à  N.-D.  de  Lorette;  cet  ora- 
toire a  été  construit  depuis  peu  d'années  par  la  piété 
des  fidèles  de  cette  commune,  ils  désirent  ardamment 
pouvoir  la  conserver. 

«  Aucune  de  ces  chapelles  n  a  été  aliénée  ;  de  temps 
immémorial,  elles  servent  à  la  commune  et  jamais  on 
n'a  demandé  aucune  permission  des  Evéques  pour  y 
célébrer  les  divins  mystères. 

«  Les  chapelles  domestiques  sont  celle  de  Kerver- 
niou  et  celle  de  Kermini  ;  je  crois  qu'il  serait  inutile 
d'en  demander  l'établissement,  parce  qu'il  serait  im- 
possible d'y  envoyer  aucun  prêtre. 

((  Les  autres  chapelles,  telles  que  S^  Guénal  et 
S^  Adrien  s'écroulent  et  tombent  en  ruine. 

((  Le  Bescond  Coatpont,  curé. 

((  Ici,  on  ne  manque  pas  d'occupation;  si  même  la 
maladie  augmente,  il  faudra  y  succomber  ou  aban- 
donner le  poste.  Vous  savez  qu'Elliant  a  toujours  été 
regardé  comme  le  tombeau  des  prêtres,  vu  la  diffi- 
culté de  la  desserte.  » 

M.  de  Coatpont  fut  nomuié  curé  de  Saint-Louis  de 
Brest,  en  1809,  où  il  mourut  le  2  Décembre  1817. 

1809-18:22.  François  Guinemeot  ;  né  à  Bolazec,  le  15  Octo- 
bre 1756,  prêtre  en  1781,  recteur  de  Gouézec  en  1803, 
il  fut  nommé  curé  d'Elliant  en  1809. 

Il  tint,  dans  son  presbytère,  une  école  de  jeunes 
gens  se  destinant  à  l'état  ecclésiastique,  et  écrivait,  le 
8  Janvier  1813,  au  Secrétaire  de  l'Evêché  : 

((  Jean-Louis  Tandé  arriva  ici,  le  l®^  de  ce  mois; 
d'après  l'examen  de  ses  compositions  élémentaires,  je 


—  223  — 

connais  qu'elles  sont  beaucoup  inférieures  à  celles  de 
mes  écoliers.  Il  me  proteste  qu'il  a  un  grand  désir  de 
parvenir.  Je  m'aperçois  qu'il  ne  manque  pas  de  dispo- 
sitions ;  moyennant  des  écoles  privées  et  une  double 
peine;  j'epère  en  tirer  bon  parti.  S'il  m'était  venu  au 
mois  de  Juillet,  j'aurais  eu  plus  de  temps  ;  bientôt,  les 
travaux  indispensables  de  mon  ministère  absorberont 
presque  tous  mes  moments.  Je  le  garde,  la  pension,  le 
logement  et  le  blanchissage  me  paraissent  devoir 
monter  au  moins  à  180  fr.  par  an  ;  je  serai  bien  aise 
d'avoir  pour  lui  cette  somme.  Je  ne  calcule  pas  ma 
peine,  vu  le, dessein  qu'il  a  d'embrasser  l'état  ecclé- 
siastique. )) 

M.  Guinement  quitta  Elliant,  en  1822,  pour  devenir 
aumônier  de  la  Retraite  à  Quimperlé;  il  mourut  le 
3  Décembre  1825. 

1822-1843.  Yves  Le  Bihan  ;  né  à  Briec,  le  8  Avril  1790, 
prêtre  en  1814,  il  mourut  le  7  Décembre  1843. 

1844-1870.  Pierre-Marie  Guizouarn  ;  né  à  Plonévez-Porzay 
le  22  Septembre  1795,  prêtre  en  1819,  vicaire  à  Brest, 
puis  recteur  de  Cast  en  1824,  il  fut  nommé  curé  d'El- 
liant  le  12  Février  1844  ;  mais  ce  ne  fut  pas  sans  quel- 
que difficulté,  car,  le  12  Janvier  1844,  le  garde  des 
sceaux  écrivait  à  M^^  Graveran,  qui  venait  de  proposer 
M.  Guizouarn  à  l'approbation  royale  : 

«  M.  Guizouarn,  d'après  les  informations  que  j'ai 
prises,  n'observe  pas  toujours  en  chaire  la  convenance 
et  la  modération  convenable.  Il  professe  des  doctrines 
qui  vont  jusqu'à  Tultramontanisme.  Son  caractère  altier 
a  amené  des  discussions  assez  vives  entre  lui  et  les 
autorités,  et  M.  le  Préfet  du  Finistère  a  été  même  dans 
la  nécessité  d'appeler  votre  attention  sur  cet  ecclésias- 
tique, au  sujet  d'une  correspondance  dans  laquelle 
l'oubli  des  convenances  se  faisait  trop  remarquer. 


—  224  — 

((  Ses  dispositions  à  Tégard  du  Gouvernement  cods- 
titutionnel  sont  d'ailleurs  assez  peu  bienveillantes.  » 

Ce  portrait  de  M.  Guizouarn  tracé  par  le  ministre 
était  assez  ressemblant  ;  mais  les  défauts  signalés  pou- 
vaient bien  être  pour  TEvéque  une  raison  de  plus  pour 
insister  sur  le  choix  d'un  curé  qui  n'avait  guère  que 
les  défauts  de  qualités  excellentes;  car,  avec  une  forte 
teinture  d'originalité,  M.  Guizouarn  était  un  homme 
éminemment  instruit,  doué  de  beaucoup  d'esprit  et 
d'une  fermeté  à  toute  épreuve. 

Il  continuera  l'œuvre  de  M.  Guinement  pour  l'ins- 
truction des  jeunes  gens  dans  le  but  de  les  voir  em- 
brasser la  carrière  ecclésiastique,  et  non  sans  quelque 
succès. 

Comme  spécimen  de  son  esprit  caustique,  nous 
citerons  les  deux  lettres  suivantes,  qu'il  adressa  à 
Mgr  Graveran,  à  l'occasion  du  bréviaire  Corisopitain, 
dont  l'adoption  éphémère  n'avait  pas  été  sans  jeter 
quelque  perturbation  dans  le  diocèse. 

■  Ellianl,  \\^  26  Déceoibre  1845. 

((  Monseigneur, 

«  Puisse  Votre  Grandeur  voir  disparaître  bientôt 
cette  funeste  opposition  qui  lui  a  été,  à  coup  sûr,  si 
pénible  pendant  l'année  qui  s'achève,  et  qui  navre 
encore,  aujourd'hui,  plusieurs  de  ses  prêtres.  Puisse 
l'année  qui  va  commencer  voir  l'Evêque  et  son  Cha- 
pitre, ses  séminaristes  et  leurs  directeurs,  tout  le 
sacerdoce  du  diocèse,  en  un  mot,  unanime  dans  la 
prière  commune  et  publique  unius  labii  et  serfnonum 
eorumdem  !  Il  sera  salué  avec  bonheur,  le  jour  où 
Voi'do  Romain  deviendra  la  règle  exclusive  de  l'autel 
et  du  chœur.  Ce  qui  n'empêcherait  pas  les  amateurs 


—  225  — 

du  diocésain  de  le  dire  en  leur  particulier.  Personne 
n'aurait  à  se  plaindre;  au  lieu  que,  maintenant,  cet 
amalgame  de  Romain  et  de  Parisien  pour  Toffice  public 
et  même  pour  les  messes  privées  fatigue  tout  le  monde, 
et  entraîne  des  erreurs  et  des  omissions  dont  TeRet,  à 
la  longue,  deviendra  plus  sérieux  qu'on  ne  semble  le 
penser.  Cette  faculté  du  Romain  une  fois  accordée,  des 
prêtres  que  le  diocèse  était  habitué  à  respecter  n*au- 
ront  plus  aucun  prétexte  d'opposition,  et  tout  votre 
clergé,  réuni  dans  les  mômes  vœux,  rendra  votre  far- 
deau plus  léger,  si  toutefois  la  charge  épiscopale  peut 
jamais  être  légère.  )) 

<  EUiaot,  29  Août  1849. 

((  Monseigneur, 

((  Le  Bref  de  cette  année  est,  depuis  son  apparition, 
la  fable,  la  risée  et,  très  souvent,  le  dépit  de  votre 
clergé.  Ni  Romain,  ni  Corisopitain,  ni  Parisien,  c'est 
un  tohu-bohu  de  translations  sans  cause,  d'usurpa- 
tions révolutionnaires,  d'agio  communisme,  de  dou- 
bles et  de  triples  ad  libitum,  fort  peu  amusantes,  mal- 
gré les  digressions  ingénues  qui  les  rehaussent  ;  c'est 
tout  juste  Le  Dru  et  ses  commissaires.  Heureusement, 
que  ce  curieux  branle -bas  n'atteint  des  anciens  et 
nouveaux  titulaires  que  les  noms  et  les  fêtes.  Cepen- 
dant, si  le  bréviaire  de  l'an  prochain  n'est  qu'une  nou- 
velle édition  revue,  corrigée  et  notablement  augmen- 
tée, si  Vordo  brevis,  en  un  mot,  n'est  désormais  que 
Vordo  longus,  intricatissimus  et  toediosissimua,  je  m'en 
passerai  et  me  contenterai  purement  et  simplement  de 
ïordo  perpetuus.  Bien  certainement,  Votre  Grandeur 
n'avait  pas  lu  le  maudit  bref  de  1849,  autrement,  après 
le  préambule,  et  avant  de  signer,  elle  eût  tout  effacé  et 
écrit  en  grosses  lettres  :  pascha  occurente.,.  etc.  omnia 

Bulletin  pb  la  Commission  diociSsainb.  —  8*  anoée.  15 


—  226  — 

ofUda  tom  pttMtea  quam  privata  ad  libitum.  Chacun 
eut  suivi  sa  conscience,  et  tout  était  dit,  les  uns  eussent 
suivi  le  bréviaire  de  M.  Quillien,  le  plus  grand  nom- 
bre ïordo  Romain,  en  attendant  que  Rome  eut  donné, 
à  nos  saints  Bretons  et  à  leurs  offices  une  petite  place 
ad  calcem.  » 

M.  Guizouarn,  nommé  chanoine  honoraire,  le 29  Avril 
1849,  mourut  le  7  Septembre  1870. 

1870-1872.  Yves  Kerjean,  de  Plabennec. 

1872-1884.  Yves  Hingant,  de  Scaêr. 

1884-1889.  Alain-Raymond  Jaouen,  d*Audierne. 

1889-1906.  Yves  Godec,  de  Plougoulm. 

1906.  Clet-Yves-Marie  Cariou,  de  Cléden-Cap-Sizun. 

Vicaires  d'Elliant,  depuis  le  Concordat 

1804.  Jean  Codu,  né  à  Plozévet  en  1754. 

1804.  Alain  Le  Floc'h,  né  à  Plonévez-Porzay  en  1765. 

1807.  Guellec,  de  la  Boissière. 

1817.  Alain-Luc  Martin,  de  Lanriec,  1790. 

1825.  Jean-Marie  Le  Grand,  de  Riec,  1796. 

1827.  Hervé  Goasguen,  de  Lopérec,  1788. 

1829.  René-Louis  Nihouarn,  de  Plogonnec. 

1831.  Vincent-Marie  Richard,  de  Quimperlé. 

1831.  Jean  Kermarec,  de  Henvic,  1787. 

1832.  Jacques  Mescam,  de  Garantec,  1806. 

1845.  Alain-Marie  Robic,  de  Coray. 

1847.  Guillaume  Le  Breton,  de  Pleyber-Christ,  1805. 

1847.  Jean  Joncourt,  de  Ploujean,  1822. 

1846.  Yves-PierreGonan,deTreogan(S^Brieuc),1810. 
1854.  Jean-Marie  Le  GofI,  de  Plouvorn,  1828. 

1854.  François-Hervé  Manchec,  de  Plouigneau,  1827*. 


—  227  — 

1855.  Joseph-Ferdinand  Tanguy,  de  Lampol-Plouar- 
zei,  1822. 

1856.  Hervé  Norrant,  de  Ploaré,  1830. 

1868.  Yves  Cléach,  de  Loctudy,  1842. 

1869.  Victor  Le  Bihan,  de  Guipavas,  1838. 
1871.  Claude-Marie  Moal,  de  Plouénan,  1843. 
1878.  Léonce  Boulain,  de  Plogaslel-S^Germain,  1851 
1880.  Stanislas  Guéguen,  de  Locronan,  1849. 
1886.  Jean-Toussaint  Laurent,  de  Cast,  1852. 
1889.  Alexis  Le  Borgne,  de  Plouguerneau,  1861. 
1892.  François  Berlivet,  de  Plouénan,  1868. 

1895.  Pierre  Le  Page. 

1898.  François  Kerouanton. 

1899.  Jean-Nicolas  More. 

1903.  Yves-François  Gargadennec. 

1903.  Guillaume-Marie  Cadiou. 

1906.  Jacques  Broc'h. 

RÔLE  DES   DÉCIMES  EN   1783 


M.  Laënnec,  recteur 167 

La  fabrice 10 

Le  Rosaire 4 

Trêve  de  Rosporden 8 

Le  Rosaire 

Trêve  de  Locmaria 

Trêve  de  Saint- Yvi 

Le  Rosaire 

Saint-Eloy '. 

Sainte-Croix 

Saint-Guénolé 

Saint-Cloud 

Saint-Adrien 


Total 


212 


15» 

17»  6^ 
5» 
15» 

12»  6<» 
15» 
15» 
15» 
15» 
15» 
15» 
15» 

10» 


—  228  — 


« 
*  * 


Division  de  la  paroisse  d'EUiant  en  frairies,  pour  la 
perception  des  impositions  en  1734  :  Goré  Elliant,  Guel- 
levron,  Le  Quelennec,  Le  Moustoir,  Tréanna,  Penvern, 
Botteniel,  Pensorn,  Trevannec,  Sterven. 

Église  paroissiale 

Cet  édifice  est  vaste,  comme  il  convient  à  une  paroisse 
de  cette  importance.  L'ensemble  offre  le  caractère  du 
xviii<)  siècle,  mais  la  façade  Ouest  et  le  clocher  sont  d^une 
plus  grande  richesse  et  appartiennent  à  une  époque  anté- 
rieure. 

En  effet,  au  haut  de  la  clef  de  voûte  de  la  porte  qui 
donne  accès  dans  Téglise,  au  fond  du  porche  sous  le  clo- 
cher, on  voit  la  date  de  1660.  De  plus,  à  la  partie  supé- 
rieure du  côté  Sud  de  ce  même  porche,  est  cette  inscription 
L  :  1660  :  M  ;  lEAN  :  GVILLOROVX  :  S  :  DEPENANECH 
G VILLAIME  :  QVEMERE  :  FABRIQS  :  LAN  :  1661  MICHEL 
COZDEN  :  ALAIN  :  MEVR  :  F. 

La  grande  arcade,  au  pied  du  clocher,  est  encadrée  de 
pilastres  cannelés  qui  supportent  un  fronton  courbe  ;  aux 
angles  montent  deux  contreforts  percés  de  niches  et  re- 
coupés de  corniches  bien  moulurées.  Chacune  des  faces 
de  ]a  tour  est  percée  de  deux  baies  à  plein  cintre,  puis 
vient  une  balustrade  portée  sur  une  corniche  très  sail- 
lante et  qui  contourne  la  chambre  des  cloches  à  deux 
larges  baies.  Au-dessus  de  cette  chambre,  une  seconde 
galerie  à  baluslres  entoure  la  base  de  la  flèche  et  présente 
à  ses  angles  les  quatre  animaux  des  Evangélistes. 

A  l'intérieur  de  l'église,  nous  trouvons  une  nef,  séparée 
des  bas-côtés  par  des  piles  octogonales  et  des  arcades  à 


—  229—  . 

plein  cintre  ;  un  transept,  puis  encore  deux  travées  et 
l'abside  terminée  par  un  mur  droit.  Au  fond  de  cette 
abside,  sont  deux  grandes  belles  statues  du  xvii»  siècle. 

1.  —  Saint  Gilles,  le  patron,  en  robe  et  coule  de  béné- 
dictin, tenant  la  crosse  de  la  main  droite  et  ayant  sa  mitre 
à  ses  pieds.  Derrière,  est  la  biche  qui  est  sa  caractéristique. 
Cette  statue,  très  savamment  posée  et  drapée,  est  absolu- 
ment de  même  facture  que  celle  de  saint  Winoc,  à.Plou- 
hinec,  et  une  autre  plus  petite  à  Sainte-Anne  la  Palue. 

Dans  la  Vie  manuscrite  de  Catherine  Daniélou  compo- 
sée par  le  père  Maunoir,  il  est  raconté  que.  Tan  1643, 
Catherine  revenant  de  l'église  paroissiale  d'Elyant  consa- 
crée à  S^  Gilles,  en  la  compagnie  de  Madame  de  Kermeno, 
cette  dame,  ayant  avancé  quelques  pas  devant  elle,  Cathe- 
rine aperçut  deux  bétes.  Elle  voit  un  loup  extraordinaire 
sur  une  haie  ;  en  même  temps  elle  sent  une  biche  qui  lui 
saute  au  col  avec  ses  deux  pattes.  Elle  eut  envie  d'appeler 
Madame  de  Kerméno,  mais  elle  ne  put  ;  cette  biche  lui 
dit  :  ((  Vous  avez  envie  d'appeler  M°»«  de  Kerméno  pour 
((  vous  deflendre  de  moi  ;  si  j'avais  voulu  vous  étrangler 
«  ce  serait  déjà  fait,  S^  Gilles  a  impétré  de  Dieu  que  je 
«  vinsse  vous  délivrer  de  ce  loup  à  cause  que  vous  êtes 
«  dévote  à  S^  Gilles;  vous  avez  voulu  vous  retirer  en  un 
«  ermitage,  n'y  songez  plus,  ce  n'est  pas  la  volonté  de 
((  Dieu,  si  vous  l'eussiez  fait,  je  vous  aurrais  nourrie  de 
«  mon  lait  ;  recommandez  aux  bergers  de  prier  S^  Gilles 
«  pour  préserver  leur  bétail  de  la  morsure  des  loups,  et 
«  à  ceux  qui  vont  par  pays,  afin  qu'ils  ne  reçoivent  aucun 
((  dommage  des  bétes  sauvages.  )) 

2.  ■—  Saint  Maurille,  d'Angers,  second  patron.  Il  porte 
chape,  mitre  et  crosse,  ayant  à  ses  pieds  le  buste  d'un 
petit  enfant  qui  tient  les  mains  jointes. 

Ce  petit  enfant  rappelle  le  miracle  opéré  par  saint  Mau- 
rille à  Angers;  d'abord,  l'enfant  naquit  d'une  femme 


—  230  — 

longtemps  stérile,  par  rintercession  du  Saint  ;  puis,  l'en- 
fant étant  tombé  très  dangereusement  malade,  fut  porté 
mourant  par  la  mère  à  saint  Maurille,  pour  qu'il  lui  don- 
nât le  sacrement  de  Confirmation.  Le  saint  Evéque  disait 
la  messe  ;  peut-être  prolongea-t-il  un  peu  son  action  de 
grâces,  toujours  est-il  que  lorsqu'il  arriva  près  de  Tenfant 
celui-ci  était  mort.  Le  bon  Evéque,  désespéré  de  voir  cet 
enfant  privé  de  la  grâce  de  ce  grand  sacrement,  un  peu 
par  sa  faute,  voulut  faire  pénitence  et  renoncer  à  la  charge 
épiscopale  ;  il  s'enfuit  en  cachette  et  s'embarqua  pour  la 
Grande-Bretagne,  dans  un  port  de  la  Bretagne  Armorique, 
mais  ses  diocésains  finirent  par  découvrir  sa  retraite  et  le 
ramenèrent  à  Angers,  où  sa  première  visite  fut  pour  le 
tombeau  de  l'enfant  mort  ;  il  le  ressuscita,  lui  donna  la 
confirmation  en  l'appelant  René,  et  cest  ce  petit  enfant 
qui  devint  saint  René,  evéque  d'Angers. 

3.  —  Dans  le  retable  du  maître-autel,  rangées  dans  des 
niches,  sont  de  très  remarquables  statuettes  assises  des 
quatre  Evangélistes. 

4.  —  Saint  Adrien,  armé  en  guerrier  et  tenant  une 
épée  ;  provenant  de  sa  chapelle  détruite. 

5.  —  Saint  Michel,  tenant  le  dragon  par  une  chaîne. 

6.  —  Saint  Pierre. 

7.  —  Saint  Corentin,  reconnaissable  à  son  poisson. 

8.  —  Au-dessus  de  la  porte  Midi  :  sainte  Catherine, 
gothique,  couronne  en  tête,  tenant  son  épée  et  un  livre 
ouvert  ;  foulant  aux  pieds  la  tète  couronnée  du  tyran 
Maxime  ;  à  ses  pieds,  est  aussi  sa  roue  brisée. 

9.  —  Au-dessus  de  la  porte  Nord  :  Notre-Dame-de-Pitié, 
également  gothique. 

Sur  un  bénitier  du  bas-côté  Nord,  est  un  écusson  por- 
tant la  macle  des  Tréanna. 

Au  Nord  du  bourg,  dans  un  petit  creux  de  vallon,  se 
trouve  la  fontaine  de  saint  Gilles,  abritée  par  une  petite 


—  231  — 

voûte  en  pierres  de  taille,  en  forme  de  plein  cintre. 

En  Elliant,  est  un  lieu  appelé  Sant-Neiz,  qui  pourrait 
bien  être  le  vocable  de  Saint-Gilles,  car  le  latin  Egidius 
a  bien  pu  donner  la  forme  bretonne  Eie,  et  Vn  qui  précède 
serait  une  consonne  euphonique.  Cette  observation  est  à 
rapprocher  du  nom  de  la  paroisse  de  Ploneiz,  également 
dédiée  à  saint  Gilles,  et  dont  Tétymologie  serait  Plehs 
Egidii  ou  Plou  an  Eiz. 

Dans  la  nuit  du  25  au  26  Décembre  1821,  le  tonnerre 
tomba  sur  Téglise.  «  Il  a  ruiné  la  tour,  assolé  la  majeure 
partie  du  bas  de  Téglise,  et  les  pierres  lancées  de  la  tour 
ont  criblé  le  toit,  des  deux  côtés,  jusqu^au-dessus  du 
chœur;  les  autels  n'ont  souffert  aucune  atteinte  ;  les  fonts 
baptismaux  ont  été  brisés.  »  M.  Guinement  demande  à 
Monseigneur  la  permission  de  bénir  d'autre  eau  bap- 
tismale. 

Prééminences  des  Tréanna  dans  Véglise  paroissiale  d'Elliant. 

Aveu  de  1680.  (1) 

((  Une  grande  tombe  enlevée  de  pierre  de  taille  joignant 
le  parquet  du  grand  autel  et  qui  sépare  le  dit  parquet  du 
costé  de  TEvangile,  de  la  chapelle  du  dit  Tréanna,  estant 
sous  Tarcade  du  costé  du  Nort  du  dit  parquet,  la  dite 
tombe  chargée  en  divers  endroits  d'une  macle  qui  est  les 
armes  du  dit  manoir  de  Tréanna  ;  avec  un  benétier  au  bas 
du  pilier  de  la  dite  arcade,  vis  à  visd'icelletombe,  auquel 
benétier  il  y  a. une  pareille  macle  en  bosse,  et  aussi  dans 
les  bois  de  la  dite  chapelle. 

«  Pareillement,  plusieurs  autres  tombes  à  raz  de  terre, 
dans  la  dite  chapelle  de  Tréanna,  les  dites  tombes  armoi- 
riées  de  checun  une  macle. 

(1)  ArchivdB  de  la  Loire-lDfôrieore.  Pièce  commaDîqaéd  par  M.  de  Vii- 
lieri  da  Terrage. 


—  232  — 

((  D'avantage,  un  grand  bancq  et  un  accoudouere  voûté, 
joignant  le  pillîer  quy  est  vis  à  vis  de  Tautel  de  N.  D.  de 
Pitié  en  la  dite  église,  auquel  banc  il  y  a  des  niacles  en 
divers  endroits,  et  autres  armes  du  dit  seigneur  de  Tréanna 
Tinteniac,  le  quel  banc  et  accoudouere  sont  uniques  dans 
la  dite  église. 

((  Dans  la  mattresse  vitre  sont  les  armes  de  Treanna, 
qui  est  une  macle  d'azur  à  fond  d* argent,  avec  autres  armes 
en  alliance,  immédiatement  sous  les  armes  du  Roy,  et  au 
bas  de  la  dite  grande  vitre  les  représentations  des  seigneur 
et  dame  de  Treanna  avec  leurs  armes  sur  leurs  babits. 

«  Plus,  dans  la  chapelle  estant  au  Nort  du  maître  autel, 
nommée  la  chapelle  de  Treanna,  sont  les  dites  armes  de 
Treanna  ainsi  que  dans  les  autres  vitres  de  la  dite  église, 
au  pignon  oriental,  et  sur  la  tour  au  pignon  occidental, 
en  dehors  de  l'église. 

«  Droit  de  liziere  dedans  et  dehors  de  Téglise.  Armoie- 
ries  sur  le  presbytère.  » 

En  raison  de  la  terre  de  Treanna,  le  seigneur  a  droit  de 
haute,  moyenne  et  basse  justice  qui  s'exerce  sur  les  vas- 
saux du  bourg  d'ElIiant  par  sénéchal,  bailli,  procureur 
fiscal,  droit  de  fief,  lots,  ventes  et  rachats  ;  droit  de  déshé- 
rence faute  d'hoires  ;  patibulaire  à  quatre  piliers,  situé 
dans  la  terre  de  Treanna,  proche  le  grand  chemin  qui 
conduit  du  bourg  de  Coray  à  la  ville  de  Quimper,  avec 
cept,  pilory  et  collier  au  bourg  d'Elliant. 

Chapelles 
io  Prieuré  de  LocmikaeL 

Ce  prieuré,  situé  dans  la  paroisse  d'Elliant,  canton  de 
Rosporden,  fut  donné,  dès  le  principe,  à  Tabbaye  du 
Monl-Saint-Michel,  et  lui  demeura  uni  jusqu'à  Tépoque 


—  233  — 

de  la  Révolution  ;  car  nous  voyons,  en  .1782,  le  chartrier 
de  Tabbaye  communiquer  à  Tavant-dernier  des  prieurs 
commandataires  de  Locmikael  les  pièces  dont  il  a  besoin 
pour  soutenir  divers  procès  touchant  les  droits  de  son 
prieuré. 

Nous  n'avons  pas  le  titre  primordial  de  fondation  de 
ce  prieuré,  mais  dom  Morice,  dans  ses  Preuves  (1),  nous 
donne  la  confirmation  de  la  fondation  primitive  par  le 
duc  Conan  IV,  en  l'an  1170  de  l'incarnation.  Voici  la  tra- 
duction de  cette  pièce  : 

«  Sachent  tous  ceux  qui  verront  le  présent  écrit,  que 
moi  Conan,  duc  de  Bretagne  et  comte  de  Richemont,  je 
corrobore  la  donation  de  Treveruer  que  mes  prédécesseurs 
ont  faite  à  l'église  de  Saint-Michel  et  aux  religieux  qui 
s'y  consacrent  au  service  de  Dieu,  et  je  déclare  que  cette 
concession  en  forme  d'aumdne  de  Treveruer,  est  libre, 
absolue  et  afiranchie  de  tout  trouble  et  exaction,  avec 
toutes  ses  dépendances,  les  îles  qui  lui  sont  adjacentes, 
les  terres  cultivées  et  incultes,  eaux  et  prateaux  ainsi  que 
deux  parties  de  la  dtme,  à  l'exception  seulement  :  i^  du 
corps  du  Larron  jugé  dans  la  curie  de  Saint -Michel  ; 
2o  d'un  contingent  d'hommes  de  guerre  conduit  par  un 
religieux  ;  excepté  enfin  le  septième  denier  de  l'amende 
pour  vol,  meurtre,  et  injuste  occupation  d'une  terre  par 
déplacement  frauduleux  des  bornes.  Cet  acte  fut  donné 
l'an  1170  de  l'incarnation  (c'est-à-dire  en  l'an  1171  de  la 
nativité  du  Sauveur)  par-devant  Gaudeiïroy,  évêque  de 
Cornouaille  ;  Hamon,  évéque  de  Léon  ;  Ruallendou  Rival- 
Ion,  abbé  de  Quimperlé  ;  Simon,  archidiacre  ;  ^ven,  maî- 
tre de  l'Hôpital,  et  Guillaume  Ferron,  maître  du  Temple.  » 

En  1782  (2),  M.  Le  Guillou,  recteur  d'Elliant  et  prieur 


(1)  T.  I,  col.  66S. 

(2)  Archives  départementales  du  Finistère,  série  6,  liasse  391. 


—  234  — 

de  Locmikaei,  dans  un  mémoire  au  soutien  des  droits  de 
son  prieuré,  démontre  que  ce  lieu  de  Treveruer,  dont  il 
est  mention  dans  l'acte  de  confirmation  de  1170,  est  bien 
le  même  qui  s'appelle  aujourd'hui  Locmikaei  ou  le  Mous- 
toir  ;  car,  dit-il,  a  la  cinquième  pièce  dûment  coUationnée 
qui  a  été  extraite  des  archives  de  Tabbaye  du  Mont-Saint- 
Michel  porte  que,  Tan  1318,  un  particulier  vendit  au 
prieuré  de  Treverer  pour  étendre  la  chaussée  de  son  mou- 
lin un  terrain  nommé  Kerdilès,  sur  la  paroisse  de  Lan- 
golen,  qui  confine  avec  les  terres  du  prieuré  ;  dans  la  hui- 
tième pièce,  on  mentionne  et  le  prieuré  de  Treverer  et 
la  cour  ou  juridiction  de  Rosporden.  Or,  on  ne  connaît, 
ajoute  le  mémoire,  et  il  n'y  a,  à  la  proximité  de  Langolen 
et  dans  le  ressort  de  Rosporden,  aucun  autre  prieuré  que 
celui  de  Locmikaei  du  Moustoir.  ))  L'auteur  du  mémoire 
aurait  pu  également  apporter  à  l'appui  de  cette  assimila- 
tion une  autre  pièce  tirée  du  chartrier  du  Mont-Saint- 
Michel  (1)  et  portant  la  date  de  1214;  c'est  une  donation 
faite  par-devant  Guillaume,  évéque  de  Quimper,  à  l'ab- 
baye de  Saint-Michel,  d'une  terre  au  village  de  Kerrun, 
en  la  trefve  de  Kernevel,  voisine  du  Moustoir,  «  pièce  par 
laquelle  les  donateurs  Robert  fils  d'Allain  et  Adeline,  son 
épouse,  spécifient  qu'ils  recevront  en  retour  annuellement 
une  livre  de  poivre  de  la  main  du  prieur  de  Treverguer». 
Il  est  donc  bien  établi  que  le  prieuré  originairement 
appelé  Treveruer,  Treverguer  ou  Treverer  est  le  même 
que  celui  qui  fut  appelé  ensuite  prieuré  de  Locmikaei,  de 
Saint-Michel  ou  du  Moustoir,  dans  la  paroisse  d'EUiant. 
Le  mémoire  de  1782,  cité  plus  haut,  déduit  de  lacté  de 
1170,  que  les  religieux  de  ce  prieuré  avaient  droit  de 
juridiction  «  puisque  le  duc  Conan  IV  reconnaît  qu'ils 
avaient  une  cour,  in  curiâS^^  MicJiaelis,  et  cette  cour  em- 

(1)  6.  331,  Archives  départemeoUleB. 


—  238  — 

portait,  suivant  les  titres  de  Qet  âge,  tous  les  degrés  de 
juridiction,  même  de  la  Haute  (1)  ;  la  justice  et  le  fief 
étant  intimement  unis  en  Bretagne.  Cette  cour  ne  peut 
être,  du  reste,  celle  de  l'abbaye  du  Mont-Saint-Michel  ;  il 
serait  absurde  de  prétendre  que  des  subsides  temporels, 
levés  en  Basse-Bretagne,  dans  les  états  d'un  souverain, 
fussent  du  ressort  d'une  juridiction  située  en  Normandie, 
dans  les  états  d'un  autre  souverain.  » 

Cette  juridiction  «  du  prieuré  de  Locmikael  s'exerçait 
encore  au  xvi°*®  siècle»,  mais  en  l'auditoire  de  Rospor- 
den,  comme  nous  le  démontre  l'aveu  rendu  au  roi  en 
1551  par  celui  qui  fut,  sans  doute,  le  dernier  prieur  régu- 
lier de  Locmikael.  Voici  un  extrait  de  cet  aveu,  daté  du 
15  Novembre. 

«  Aveu  que  rend  noble,  vénérable  et  dévot  religieux 
maître  Regnault  de  Vitré,  de  l'ordre  de  Saint-Benott, 
recteur  de  Persay,  près  Rille,  en  Anjou,  et  prieur  du 
prieuré  du  Moustaer,  autrement  Locmikael  Rocquillas, 
situé  en  la  paroisse  d'OEliant  (Elliant)  qu'il  tient  en  pro- 
chaine seigneurie  de  ligence  à  foy  et  hommage  soubs  le 
Roy,  nostre  sire,  duc  de  Bretagne,  à  cause  du  dit  duché, 
soubs  la  court  et  juridiction  de  Conqfouesnant  et  Rospor- 
den  »  (2). 

Après  avoir  énuméré  tous  les  villages  sur  lesquels  il 
prend  la  dîme  à  la  onzième  gerbe,  soit  diverses  chefren- 
tes  telles  que  quartron  de  froment  ou  une  ou  deux  eêcueU 
léêê  de  froment,  l'avouant  ajoute  : 

((  Cognoist  le  dit  prieur  avoir  levé  et  encore  lève  par 
chacun  an  par  lui  ou  ses  receveurs  les  oblations,  dons  et 
esmolumens  que  le  populaire  par  charité  et  dévotion  donne 


(1)  La  Haute  Justice,  c'est-à-dire  le  pouYoir  de  juger  et  de  condamner 
ou  criminel. 
(9)  6.  831.  Àrehivet  dépariemenial9$. 


—  236  — 

et  distribue  à  la  chapelle  du  dit  prieuré,  qui  eulx  doit  le 
dit  prieur  par  lui  ou  ses  commis  employer  pour  célébrer 
et  dire  en  la  dite  chapelle  une  messe  à  basse  voix  par 
chacune  sepraaine  à  jour  de  lundy  ;  et  par  chacun  an  au 
jour  et  feste  de  Monsieur  Saint  Michel  mont  de  Gargane, 
une  grande  messe  à  diacre  et  soubs-diacre,  et  pour  entre- 
tenir la  dite  chapelle  de  coupverture,  ornements,  lumi- 
naires et  austres  choses  requises  jouxte  la  fondation  en 
faicte  par  les  dits  seigneurs,  roys,  ducs  et  princes  prédé- 
cesseurs de  nostre  dict  sire  et  duc  de  Bretagne. 

((  Aussi  a  le  dit  prieur  à  cause  de  son  dit  prieuré  juri- 
diction subalterne  en  l'auditoire  et  tribunal  de  la  cour  de 
Rosporden  qui  s'expédie  par  ses  officiers,  savoir  :  Séné- 
chal, procureur  et  greffier  en  l'endroit  des  mesnées  d'icelle 
cour  de  Rosporden.  » 

Voici  les  noms  des  prieurs  dont  nous  trouvons  mention 
jusqu'au  moment  de  la  Révolution  : 

1638.  Guillaume  Le  Prestre  de  Lezonnet,  évéque  de 

Quimper  (1614-1640),  prieur  de  Locmikael. 
1660.  Gilles  Rousselot,  prêtre. 

1681-1687.  François Converset,  docteur  de  Sorbonne,archi- 

diacre  de  Veslay,  aumônier  de  Madame  la  Dauphine. 
1692.  Gabriel  Richer,  S'  du  dit  lieu  et  de  Queriou, 

clerc  tonsuré  «  titulaire  du  prieuré  de  Roquillas  Tre- 
verer,  autrement  Saint-Michel  du  Moustoir,  paroisse 
d'Elliant.  )) 
N.  Janripot. 
N.  Janripot. 
M.  l'abbé  de  Keremor. 
1698.  M.  le  Recteur  d'Elliant  (  M.  Goulven  Le  Pervez) . 

M.  l'abbé  de  Kerever,  qui  résigna  le  prieuré  en  deve- 
nant recteur  de  Bothoa. 
M.  le  Prieur  de  Carhaix. 


—  237  — 

1717-1722.  M.  Alain  Le  Staguer,  recteur  de  Plomodiern. 

Nous  connaissons  ces  derniers  prieurs  de  Locmikael 
par  la  lettre  suivante  de  M.  Le  Borgne  de  Kermorvan, 
chanoine  à  Quiroper,  datée  du  4  Octobre  1722. 

Après  nous  avoir  dit  que  le  prieuré  du  Moustoir  était  à 
la  nomination  de  Tabbé  des  Bénédictins  de  Sainte-Croix 
de  Quimperlé,  il  ajoute  : 

((  Les  deux  messieurs  Janripots,  qui  sont  aujourd'hui 
employés  dans  les  affaires,  ont  joui  successivement  de  ce 
bénéfice,  du  temps  qu'ils  étaient  au  collège  ;  mais  comme 
aucun  d'eux  n'a  suivi  le  parti  de  l'Eglise,  le  dernier  qui 
le  posséda  le  résigna  à  M.  l'abbé  Keremor,  qui  était  leur 
précepteur.  Le  défunt  recteur  d'Elliant  l'eut  ensuite  de 
M.  Keremor,  et  feu  M.  l'abbé  de  Kerver,  recteur  de 
Bothoa,  l'eut  par  dévolu  sur  le  recteur  d'Elliant  ;  mais 
pourvu  de  Bothoa,  il  résigna  le  prieuré  du  Moustoir  au 
prieur  de  Carhaix,  qui  était  parent  du  feu  recteur  d'Elliant. 
Ce  prieur  de  Carhaix,  qui  est  encore  vivant,  mais  très 
singulier  dans  sa  façon  de  vivre  et  embarrassé  de  ce  prieuré 
dont  on  lui  refusait  la  dîme  faute  de  faire  faire  les  répa- 
rations à  la  chapelle,  vint  trouver  l'évéque  pour  le  prier 
de  lui  désigner  quelqu'honnéte  homme  à  qui  il  pourrait 
donner  son  bénéfice;  l'évéque  lui  a  désigné  un  prêtre 
d'Elliant  qui  jouit  présentement  de  ce  bénéfice.  » 

Ce  prêtre,  AUain  Staguer,  devint  prieur  en  1717,  mais 
non  sans  opposition  de  «Messire  Henry  Albert  de  Cezy  de 
Kerampuil,  chevalier  S'  duditlieu,  conseiller  au  Parle- 
ment de  Bretagne,  qui  remontre  au  Présidial  de  Quimper 
que,  comme  héritier  delà  feu  dame  comtesse  de  Kermeno 
au  maternel,  il  est  seigneur  propriétaire  delà  terre  etsei- 
gneurerie  de  l'estang  à  laquelle  est  attaché  le  droit  de 
patronage  et  de  nomination  au  prieuré  du  Moustoir  sous 
le  titre  de  de  Saint-Michel,  et  comme  il  a  su  que  M.  Alain 
Le  Staguer  s'arroge  le  titre  de  prieur  et  il  en  touche  le 


—  238  — 

revenu,  vous  plaise  le  condamner  comme  intrus...» 
M.  Le  Stagner  répliquait  qu'il  était  canoniquement 
pourvu  du  dit  prieuré,  et  que  c'était  à  M.  de  Cezy  de 
prouver  son  prétendu  droit  patronage  et  de  nomiDa- 
tion. 

De  fait,  nous  voyons  M.  Le  Stagner  en  possession 
du  prieuré  cinq  ans  plus  tard,  en  1722,  et  il  eut  vrai- 
semblablement pour  successeur  immédiat  M.  Claude 
Elier,  prélre,  docteur  en  Sorbonne,  un  des  directeurs 
du  Séminaire  de  Quimper,  que  nous  trouvons  men- 
tionné comme  prieur  du  Moustoir  en  Août  1729  et 
Octobre  1733. 

1743-1766.  M.  Jean-Louis  Pic  de  La  Mirandoi ,  chanoine 
de  la  cathédrale  de  Saint-Pol  de  Léon  ;  on  l'accusait,  en 
1782,  d'avoir  laissé  Téglise  priorale  tomber  en  ruines. 

1766-1775.  Il  eut  pour  successeur  M.  Etienne  Landot  de 
Crète,  dont  voici  tous  les  titres  :  «  Prêtre  du  diocèse  de 
Die,  maître  ès-arts  de  l'Université  de  Valence,  en  Dau- 
phiné;  docteur  en  l'Université  du  collège  Romain, 
titulaire  des  chapelles  ou  chapellenies  foraines  sous  le 
titre  de  Notre-Dame,  dans  l'église  de  la  ville  de  Guer- 
chin  ;  de  Saint-Nicolas,  fondée  dans  l'église  parois- 
siale de  Bouchin,  diocèse  d'Arras;  de  Saint-Nicolas, 
fondée  dans  l'église  du  lieu  de  Saint-Amand,  diocèse 
de  Cambray,  secrétaire  de  son  Altesse  Royale  Ëminen- 
tissime  et  Révérendissime  Mgr  le  cardinal  duc  d'York, 
évéque  de  Frascati,  vice-chancelier  de  la  Sainte  Eglise 
romaine,  pourvu  en  commande  du  prieur  simple  et 
régulier  de  Locmikel  du  moustoir,  de  l'Ordre  de 
Saint-Benoît,  demeurant  à  Rome,  au  Palais  de  la 
Chancellerie  apostolique,  paroisse  de  Saint-Laurent 
in  Damaso.  » 

1775-1787.  Yves  de  Guillou,  recteur  d'Elliant,  puis  rec- 
teur de  Loctudy. 


—  239  — 

1787-1790.  Henri-Alexandre  Boissière,  prêtre  originaire 
de  Rennes,  secrétaire  de  TEvêché  de  Quimper,  vice- 
promoteur  du  diocèse. 

Etat  de  la  chapelle  de  Locmikel,  en  1775  (1). 

((  Cette  chapelle  a  55  pieds  de  long  sur  17  pieds  de  large 
dans  la  nef  et  20  pieds  aux  bras  de  la  croix.  Outre  la  porte 
d'entrée,  il  y  a  portique  au  côté  Midi,  et  deux  petites 
portes  dans  les  bras  de  la  croix.  »  Trois  vitres,  Tune  au 
pignon  du  Levant,  au-dessus  du  mattre-autel,  deux  autres 
à  chaque  bout  des  bras  de  la  croix.  La  charpente  est 
tombée,  et  le  pignon  Levant  est  à  moitié  ruiné.  Le  maître- 
autel  est  en  pierres  de  taille,  les  deux  autres  en  moellon. 
L'église  est  sans  pavé.  Au-dessus  de  la  tour,  au  haut  du 
pilier  du  Midi  et  Levant  soutenant  le  couronnement  de  la 
tour  du  clocher,  et  au  pied  de  la  croix,  près  la  chapelle, 
se  voit  un  écusson  portant  trois  têtes  nues  d*hommes  au 
profil  de  droite  à  gauche  2.  t. 

((  11  ne  reste  aucun  des  vitraux,  et  il  n'y  a  plus  de 
vestige  de  la  maison  priorale.  )) 

Etat  actuel  de  la  chapelle  Saint-Michel  du  Moustoir. 

Cette  chapelle  est  actuellement  bien  modeste  dans  ses 
dimensions  et  dans  son  architecture.  Les  deux  portes 
Ouest  et  Midi  sont  entourées  de  moulures  de  la  fin  de  la 
période  gothique,  mais  le  petit  clocher  porte  la  date  de 
1605  et  est  bien  dans  la  note  de  xvii»  siècle.  La  maçonnerie 
extérieure  présente  des  rangs  de  pierre  de  taille  alternant 
avec  des  bandes  composées  de  plusieurs  assises  de  moel- 

(1)  B.  Liasse  484. 


—  240  - 

Ions  schisteux.  Les  deux  fenêtres  des  pans  coupés  de 
Tabside  sont  à  deux  baies  et  ont  des  soufflets  flamboyants. 

Au-dessus  de  la  porte  Midi  et  près  de  la  fenêtre  Nord- 
Est  de  Tabside,  sont  deux  écus  portant  :  trois  têtes  nues 
d'hommes,  ce  qui  fait  penser  que  cet  écusson  a  dû  être  pris 
du  pied  de  la  croix  où  il  était  en  1775,  pour  être  placé 
au-dessus  de  cette  porte. 

Quoique  le  village  voisin  de  cette  chapelle  porte  le  nom 
de  Moustoir,  on  n'y  trouve  pas  d'indices  caractéristiques 
de  constructions  dépendant  d*un  monastère. 

En  1782,  on  ne  disait  point  la  messe  dans  cette  chapelle. 

(A  suivre  ) 


CARTILAIRE 

DE    L'ÉGLISE    DE    QUIMPEB 


INTRODUCTION 


La  bibliothèque  de  la  ville  de  Quimper  possède  trois 
volumes  manuscrits  où  sont  transcrits  les  actes  de  l'église 
de  Quimper,  d'après  les  originaux  conservés  à  la  Biblio- 
thèque nationale,  sous  les  n^^  d'ordre  31,  51  et  56,  dont 
nous  usons  pour  nos  citations,  mais  qui  correspondent 
aux  n~  9,890  —  9,891  —  et  9,892  du  nouveau  classement. 
De  ces  trois  Cartulaires  nous  avons  extrait,  en  éliminant 
les  actes  portés  en  double,  504  pièces,  dont  4  sont  des 
notices  se  rapportant  à  des  faits  antérieurs  au  xiii®  siècle; 
137  sont  du  xiii®  ;  290  du  xiv<),  et  62  du  xw^  siècle  ;  mais 
sur  ces  62  pièces,  3  seulement  sont  postérieures  à  l'épis- 
copat  de  Bertrand  de  Rosmadec,  mort  en  1445. 

Dans  son  ensemble,  ce  Cartulaire  nous  donne  d'utiles 
renseignements  :  la  liste  des  comtes,  ducs  et  évêques  est 
sensiblement  la  môme  que  celle  donnée  par  le  Cartulaire 
de  Quimperlé  ;  mais  celui-ci  s'arrêtait  pour  les  évoques  à 
l'épiscopat  de  Renaud,  1219-1245,  tandis  que  le  Cartulaire 
de  Quimper  continue  cette  liste  jusqu'à  Gacien  de  Mon- 
ceaux, 1408-1416. 

La  taxe  des  bénéfices,  en  1368,  nous  donne  la  forme 
des  noms  des  paroisses  avec  leur  division  ecclésiastique 
à  cette  époque  ;  en  général,  il  y  a  peu  de  noms  de  lieux 

* 

traduits  du  breton  en  latin  ;  nous  avons  remarqué  les 
suivants  : 

Bulletin  ob  la  Commission  diog^siinb.  —  8"  anoée.  16 


—  242  — 

Gonfluentia pour  Qnimper  (13).  (0 

Locas  Marie Locmaria  (6). 

Villa  fontis Kerfeanteun. 

Gastrum  novam  in  fago Ghàteanneof-da-Faon  (4). 

Plebs  nova  in  fago Plonévez-da-Faou  (4). 

Plebs  nova  in  Qaintin Plonévez-Qnintin  (4). 

Plebs  nova  in  Porzoez Plonévez-Porzay  (4). 

Pons  crucis Pont-Groix  (162). 

De  veteri  villa le  Gosquer  (9).  , 

De  colle  Eadonis Grec'heuzen  (148). 

Villa  ecclesie Kerilis  (135). 

Villa  fabronim  (en  Plogonnec).  Kergoff  (261). 

.  Les  noms  de  personnes  sont  beaucoup  plus  souvent 
traduits,  et,  au  risque  de  faire  un  calembour,  le  notaire 
hésite  rarement  à  nous  montrer  qu'il  sait  le  breton,  et  il 
tombe  dans  le  travers,  trop  fréquent  encore  dans  nos 
mairies,  de  voir  le  secrétaire  traduire  en  français  le  nom 
de  famille  qui  lui  est  donné  en  breton,  si  bien  que  le  fils 
s'appellera  Le  Roi,  Le  Jeune,  Le  Petit,  tandis  que  le 
père  portait  le  nom  de  Roué,  Yaouank,  Bihan,  etc.  Nous 
avons  tâché,  pour  le  Cartulaire  de  Quimper,  de  rétablir, 
autant  que  possible,  le  nom  breton  que  le  scribe  avait 
traduit  en  latin.  On  verra  que  le  nom  de  famille  s'écrit 
toujours  au  génitif,  ce  qui  permet  de  le  distinguer  du 
nom  de  Laptême  ou  du  qualificatif  indiquant  la  profes- 
sion. Voici  ces  noms,  par  ordre  alphabétique,  avec  la 
traduction  que  nous  proposons  tant  en  français  qu*en 
breton  : 

Ablatoris  (Nicolaus) an  Laer Le  Volenr  (148). 

Albi  (Eude) an  Guen Le  Blanc. 

Alta  villa  (Joannes  de).  .  .  Kerhuel deHauteville(424). 

Anticipitris  (J.) Sparfel L'Epervier. 

(1)   Ces  chiflres  renvoient  aux  n"*  du  Carlulaire. 


—  243  — 

Anglici  (Eudo) Le  Saux L'Anglais. 

Arietis  (Gauffridas) an  Boch Le  Bourg  (178). 

Angasti  (Gauffridns) ....  an  Eost,  L'eost.  .  .  L'août  (7). 

Barbnti  (Johannes) Barvet Le  Barbu  (385). 

Bosco  Guehenoci  (Alaous 

de) du  Boisgueheneuc 

(418). 

Britonis  (Eudo) Le  Briz Le  Breton  (221). 

Burgeosis  (Guillermus). .  .  Le  Bourhis Le  Bourgeois  (438). 

Galvi  (Jotiannes) Le  Moai Le  Ghauye  (238). 

Garnificis  (Simon) an  Kiger  ou  Boscer.  Le  Bouclier  (226). 

Gervi  (Nicolaus) Garod  Garo Le  Gerf  (295). 

Gisoris  (Alauus) Quemener Le  Tailleur  (213). 

Glerici  (Guillermus) Gloarec Le  Glerc  (452). 

Goqui  (Guillotus) Keguiner Le  Guisinier  (198). 

Fabri Le  Goff Le  Feuvre  (7). 

Flori Bleuzen La  Fleur  (8). 

Hospitis  (Olivarius) an  Hostis,  VHostis.  L'Hotellier  (362). 

Infantis  (Gauffridus) ....  Buguel L'Enfant  (109). 

Joannis  (Alauus) Jaouen Jean  (8). 

Juvenis  (Alauus) Yaouauk. Le  Jeune  (242). 

De  Lapidibus  albis  (Gazne- 

ved) de  Miuven des  Pierres  blau- 

ches  (237). 

Lalomi  (Johannes) Quizelleur,  Qaidel- 

leur tailleur  de  pierres. 

Long!  (Henricus)  ....  ^.  .  Le  Hir Le  Long  (134). 

Lupi  (Johannes) Le  Bleiz Le  Loup  (361). 

Magni  (Alauus) LeBrasouLeMeur.  Le  Grand  (203) 

Mathei  (filia) Mazé Mathieu  (7). 

Medici  (Alauus) LouzaouerouMézec  Médecin  (7). 

Mercatoris  (Alauus) Marc'hadour Le  Marchand  (297). 

Militis  (Anscherus) Le  Marhec Le  Ghevalier  (8). 

Monte  (Mauricius  de) ...  .  du  Menez du  Mont  (367). 

Mutonis  (Joannes) Le  Maout Le  Bélier  (370). 

Nani  (Daniel) Gorric Le  Nain  (283). 

NemoreSalioci (Gauffridus)  Quoetsaliou Bois  du  saule  (250). 


—  244  - 

Nigri Le  Da Le  Noir  (7). 

Parva  valUs Traon (179). 

Parvi  (JadiceUas) Le  Bihan Le  Petit  (7). 

PeUiperii PeUeter PeUetier  (9). 

Perfecti  (Johannes) Le  Guellec on  Kalloc'h  (ISS). 

Pétri  (Guidomaras) Le  lien (tf9). 

Philomene  (Petros) Ronssignol (446-449). 

Piger  (Ancheras  an) ...  .  Lezirec Le  Paressenx  (113). 

Phiaici  (Jaoobns) Lonzaoner (109). 

Placitatoram dn  Qnenqnia  .  .  .  .  dn  Pleasis  (10). 

Ponte  ligni  (Alanns) de  Goetpont oapioiAt  Pontpren  (0 

w  (350). 

Porceiii  (Rannocus) Porhiel Porhiel  (219) 

Porta  lapidea  (Guillermus).  Portzmen Orven  (292). 

Postgeniti  (Oliverins) Gohanet Gozganet  W  (349). 

Primogeniti  (Olivarins).  .  .  Le  Hénaff (373). 

Pnlchri  (Hervens).  .....  Le  Goant (263). 

Régis  (Theresa) an  Roue Le  Roy  (7). 

Ruffi  (Guillotus) an  Rons Le  Roux. 

Senis  (Hervens) Le  Goz l'Ancien  (462). 

Sici  (Johannes) Le  Séach (40S). 

Sinister  (Gadoredns)  ....  Glean Leier  (8). 

Stral)onis  (Lncia) Gnilcher. Le  Borgne  (328). 

Sntoris  (Joliannes) Qaéré .  Le  Gordonnier  (7). 

Tonsi Le  Touz. 

Villa  abba  (Mathens  de) .  .  Kergnen Kerven  (380). 

Villa  cervi  (Alanus  de).  .  .  de  Kerharo  ., (306) 

Villa  coUis  (Alanus  de).  .  .  de  Kergrech (336i 

Veritatis  (Johannes)  ....  Guirriec (247) 

Villa  lata  (Gadnevedus  de),  de  Kerlédan (93) 

Villa  conani  (G.  de) de  Kergonan (185) 

Villa  magna  (Glaricia  de).  .  du  Guermeur (237) 


(1)  Nous  donnons  cette  dcrniôre  traduction  d'après  les  obscrvatloos 
de  Dom  Malgorn. 

(2)  C'est    M.    Loth  qui  nous   a   suggéré  la  traduction   de  ce  mot 
Postgeniti, 


-  245  - 


Topographie  de  la  ville  de  Quimper 

L'acte  du  2  Mai  1296  nous  donne  la  division  de  la  ville 
par  quartiers  ou  paroisses  qui,  à  cette  époque,  portaient 
le  nom  de  chapellenies.  Chaque  quartier  est  désigné  par 
le  mot  viciLS,  qui  a  le  sens  d'agglomération,  et  qui,  en 
breton,  se  traduit  guie.  Au  xiii®  siècle,  Quimper  comptait 
sept  parcelles,  dont  s'occupaient  spécialement  sept  cha- 
pelains. 

lo  La  chapellenie  de  Eacher  ou  Rdkaer,  qui  s'appela 
ensuite  «  paroisse  du  Tour  du  ChcUeî  »,  parce  qu'elle  com- 
prenait, avec  la  rue  du  Frout,  les  maisons  avoisinant  la 
place  de  la  Cathédrale. 

2o  La  chapellenie  de  la  rue  Keréon,  de  vico  Suiorum,  en 
donnant  au  mot  rue  le  sens  de  quartier. 

30  La  chapellenie  de  la  rue  Neuve,  vici  notn,  quartier 
de  la  rue  Neuve  actuelle. 

40  Chapellenie  de  colle  Eudonis,  Crec'h  Euzen,  qui  por- 
tait également  le  nom  de  a  parcelle  de  Saint-Primael  », 
comprenant  la  rue  de  l'Hôpital  et  l'emplacement  où  fut 
bâti,  au  XVII*  siècle,  le  Séminaire,  aujourd'hui  hôpital  civil. 
Les  vestiges  de  la  chapelle  de  Saint-Primel  ont  disparu 
depuis  une  trentaine  d'années. 

5^  La  chapellenie  de  Mesgloaguen,  Campi-Qloagueni, 
quartier  actuel  de  Mesgloaguen. 

6°  La  chapellenie  de  vico  Demer,  la  rue  Obscure,  quar- 
tier de  la  rue  Royale. 

70  La  chapellenie  de  vico  Molendinorum,  ou  Bu  melinou. 
Cette  parcelle,  qui  comprenait  les  environs  de  la  campa- 
gne des  Évêques,  fut  connue  plus  tard  sous  le  nom  de 
paroisse  du  Saint-Esprit,  et  annexée  à  la  paroisse  de  la 
rue  Neuve. 


-  246  - 

Le  Cartulaire  nous  fait  connaître  plusieurs  autres  noms 
de  rues. 

Dans  la  ville  close  : 

Vicuê  eapelle  bétUe  Marie  Oivitatis  (n^  338),  rue  du 
Guéodet. 

Vicus  Merceriorum,  ante  staîlas  cammm  (n<>  256).  Les 
étaux  où  étaient  exposés  les  viandes  se  trouvaient  dans  la 
rue  actuelle  des  Boucheries,  et  la  rue  des  Merciers,  de  la 
Chair  salée,  aujourd'hui  du  Salé,  donnait  sur  la  rue  de$ 
Étaux, 

Vicus  Fratrum  minorum  (n®  196),  maintenant  rue 
Saint-François. 

VictLS  OUarum  (n^  309),  près  de  la  rue  Obscure. 

Vicus  Vinee  ou  Ouenniou,  dont  une  partie  est  conservée 
dans  la  rue  de  la  Vigne  ou  des  Vendanges. 

Vicus  Poulpezron  (n®»  192-210),  près  de  la  rue  Verdelet, 
se  trouvait  dans  la  paroisse  de  la  rue  Obscure. 

Viens  Putei  (n^  216),  rue  voisine  de  la  rue  de  la  Vigne: 

En  dehors  des  mnrs 

Viens  Briziae  (n^s  197-203),  actuellement  route  de  Ker- 
feunteun. 

Viens  Magnus  (n®»  247-255),  probablement  la  rue  Saint- 
Mathieu,  mais  certainement  dans  cette  paroisse,  in  fando 
Capituli,  sur  le  fief  du  Chapitre,  in  Burgo  Sancti  Mathei 
(no  264). 

Viens  Trem  (n»  247),  joignant  la  Grande-Rue,  juxta 
vicum  Magnnm 

Viens  Maezminihi,  la  rue  bordant  la  place  actuelle  de 
La  Tour-d'Auvergne. 


\ 


-  247  — 


Noms  de  femmes 


AdeUcia,  Azelicia  (200,  166). 
Adenora,  Azanora  (216,  283). 
Agneche  (294). 
Amicia  (261). 
Amota  (277). 
Avana  (173). 
Azelina  (171). 
Azanora  (283). 
Beatricia  (219). 
Glaricia  (237). 
Gonstancia  (179,  208,  294). 
Daetmat  (179). 
Elienora  (295,  219). 
Eanogaenca  (202). 
Gloguena  (169). 
Guenserch  (170). 
Guelloza  (385). 

Guielderch,  Guielderchia  (234, 
265). 


Gnlgnen  (169). 

HazeviBia  (197). 

Hodiema  (278). 

Johanneta  (257). 

Jnliana  (187). 

Jnzetta  (251,  314). 

Katerina  (279). 

Leveneza,  Legaeneze  (169, 247). 

Lncia  (239). 

Mades  (188).  Maden  (192). 

Malbina  (315, 234).  MabUia  (234). 

Margareta  (300). 

Maria  (190). 

Materron  (189).  Noblina  (332). 

Meancia  (162). 

Onguena,  Onvena  (183, 205, 213). 

Theophania  (167,  198). 

Theresia  (174,  236). 


Statuts  capitulaires 

Le  Cartulaire  nous  fournit  des  renseignements  intéres- 
sants sur  la  vie  du  Chapitre  de  Quimper  :  ses  droits,  ses 
usages,  ses  rites  ;  nous  réunissons  ici,  sous  un  titre  spé- 
cial,  les  règlements  qui  se  rapportent  au  même  objet. 

Installation. 


1247  (n®  81).  —  La  Cour  de  Rome  et  les  Évéques  nom- 
maient souvent  des  chanoines  avec  expectative  de  pré- 
bende, cest-à-dire  que  les  chanoines  devaient  attendre 
qu'une  prébende  fût  vacante  pour  jouir  du  revenu.  Par 


-  248  - 

complaisance,  le  Chapitre  de  Quimper  avait  fixé  une  place 
au  chœur  à  ces  chanoines  expectants  et  leur  avait  accordé 
voix  délibérative  au  Chapitre  ;  mais,  se  ravisant,  il  déclare, 
en  1247,  que  désormais  aucun  chanoine  expectant  n*aura 
sa  stalle  au  chœur  et  voix  au  Chapitre  avant  d'avoir  pris 
possession  réelle  et  corporelle  de  sa  prébende. 

Droit  de  chape. 

1271  (n^  111).  —  Les  chanoines,  chacun  à  tour  de  rôle, 
payeront  à  la  Saint-Corentin  d'hiver  une  chape  et,  la 
veille  de  la  fête,  donnera  un  repas  aux  chanoines,  aux 
chapelains  et  aux  élèves  du  chœur. 

1300  (no  151).  —  Les  chapes  des  chanoines  vivants  ne 
serviront  au  chœur  qu'en  leur  présence. 

1357  (n^*  332).  —  Depuis  longtemps,  il  était  d'usage 
qu'un  chanoine,  lors  de  sa  réception,  fasse  présent  à 
l'église  d'une  chape,  ou  une  somme  de  12  livres  ;  mais 
comme  cette  coutume  tendait  à  tomber  en  désuétude, 
Geoffroy  de  Kermoysan,  évoque  de  Quimper,  ordonne 
qu'on  reprenne  cet  usage,  et  que  si  un  chanoine  s'y  refu- 
sait, on  retiendrait  12  livres  sur  les  premiers  fruits  de  sa 
prébende  ;  mais  cet  argent  ne  pourrait  être  consacré  qu'à 
l'achat  de  chapes  et  d'ornements  pour  la  cathédrale. 

Distributions. 

1276  (n®  119).  —  Les  chanoines  sexagénaires  pourront 
toucher  les  distributions  pour  les  matines  quoique  n'y 
assistant  pas,  pourvu  qu'ils  habitent  la  ville. 

1276  (n»  120).  —  Si  un  des  chanoines  reçoit  à  sa  table 
pour  un  dîner  d'apparat,  un  chanoine  étranger,  il  sera 
exempté  d'assister  aux  vêpres,  et  pourra  néanmoins  par- 
ticiper à  la  distribution. 


J 


—  249  — 

1278  (qo  123).  —  Chaque  chanoine  résidant  recevra  cha- 
que jour  12  deniers,  trois  aux  vêpres,  six  à  matines,  et 
trois  à  la  messe  ;  de  plus,  il  recevra  six  deniers  pour  la 
procession  du  dimanche. 

1279  (n®  126).  —  Nul  chanoine  n'aura  droit  de  participer 
aux  revenus  de  TÉvêché  (sede  vacante)  s'il  n'est  présent 
au  moment  de  la  distribution,  à  moins  qu'il  n'ait  un  pri- 
vilège à  faire  valoir. 

1305  (no  157).  —  Le  jeudi  avant  la  fête  de  la  Chaire  de 
Saint-Pierre,  le  12  des  kalendes  de  Mars,  le  pain  du  Cha- 
pitre fut  distribué  pour  la  première  fois  aux  chanoines 
résidants. 

Le  9  Novembre  de  la  même  année,  il  fut  décidé  que, 
pendant  toute  l'année,  on  distribuerait  chaque  jour  aux 
chanoines  résidants  un  pain  à  prime  et  un  pain  à  none. 

Avant  la  fin  de  l'année  écoulée,  c'est-à-dire  le  mercredi 
des  Cendres  1306,  la  distribution  fut  augmentée  à  partir 
de  ce  jour  jusqu'à  la  Pencôte,  et  pendant  ce  temps,  chaque 
chanoine  résidant  reçut  un  pain  et  demi  à  prime  et  un 
pain  et  demi  à  none, 

1380  (n^  362).  —  Les  chanoines  résidant  habituellement 
auront,  chaque  année,  un  mois  pendant  lequel  ils  pour- 
ront être  absents  sans  être  privés  de  la  distribution. 

1248  (n®  84).  —Il  est  décidé  qu'un  chanoine  qui  n'aura 
pas  résidé  personnellement  à  Saint-Corentin,  pendant  la 
moitié  de  l'année,  ne  percevra,  lors  de  l'ouverture  du 
tronc  destiné  à  recevoir  les  offrandes  des  pèlerins  (du 
pèlerinage  des  Sept-Saints),  que  la  moitié  de  la  part  que 
recevra  un  chanoine  qui  aura  résidé  ;  encore  faudra-t-il 
pour  cela  qu'il  soit  présent  à  l'ouverture  du  tronc. 

1284  (n^  132).  —  Les  chanoines  qui  se  sont  fait  saigner 
seront  exemptés  du  chœur  pendant  trois  jours,  et  parti- 
ciperont cependant  aux  distributions. 

1434  (n^  500).  —  Un  chanoine  malade  ou  impotent, 


-  250  - 

mais  résidant  en  ville,  sera  tenu  pour  présent  et  touchera 
la  distribution  due  pour  assistance  aux  messes  dites  à  la 
cathédrale. 

Maisons  prébendales. 

1275  (n*  118).  —  Les  domestiques  d*un  chanoine  défunt 
pourront  garder  la  maison  qu'il  habitait  à  Quimper,  jus- 
ques  à  40  jours  après  son  décès.  En  1282,  le  délai  est  fixé 
à  20  jours  seulement. 

Délibérations. 

1249  (no  88).  —  Il  est  établi  que  les  chanoines  seraient 
solidaires  les  uns  des  autres  dans  la  défense  de  leurs 
droits  contre  tout  opposant. 

1227  (n9  40).  —  Le  Chapitre  ne  délibérera  sur  une  de- 
mande, surtout  si  elle  est  faite  par  un  des  chanoines, 
qu'en  Tabsence  de  l'intéressé,  et  la  réponse  sera  faite  au 
nom  du  Chapitre  en  commun. 

1327  (no  215).  —  Ce  statut  est  renouvelé,  car  on  s'est 
aperçu  que,  devant  les  intéressés,  plusieurs  chanoines  se 
laissaient  influencer  dans  leur  jugement,  soit  par  préven- 
tion, soit  par  crainte  de  déplaire,  ce  qui  rendait  le  Cha- 
pitre moins  libre  de  prendre  une  décision. 

1332.  —  Môme  statut  que  devant,  et  défense  à  tout 
chanoine,  de  quelque  dignité  qu'il  soit,  de  donner  son 
avis  sur  une  supplique  adressée  au  Chapitre,  avant  que  le 
suppliant  ne  soit  sorti. 

1228  (no  42).  —  Dorénavant,  il  ne  sera  institué  aucun 
chanoine,  aucune  pension  ne  sera  accordée,  aucun  statut 
obligeant  à  perpétuité  ne  sera  formulé,  ni  aucune  résolu- 
tion concernant  tous  les  chanoines  ne  sera  prise  qu'après 
délibération  et  consentement  de  tous,  et  après  convocation 
de  tous  les  chanoines  présents  dans  la  province  de  Tours. 


1315  (n^  181).  —  Les  chanoines,  même  lorsqu'ils  ne 
seront  pas  dans  les  ordres  sacrés,  seront  admis  aux  élec- 
tions en  Chapitre. 

Nomination-  aux  bénéfices  dépendant  dn  Chapitre. 

1294  (no  146).  —  Lorsque  vaquera  un  bénéfice  à  la 
nomination  du  Chapitre,  on  y  procédera  huit  jours  après 
la  mort  du  titulaire,  après  convocation  des  chanoines 
présents  au  diocèse  de  Quimper. 

1296  (no  146).  —  Les  chanoines  nommaient  les  vicaires 
des  églises  dont  ils  étaient  prébendes,  mais  ils  s'étaient 
réservé  de  nommer  en  commun  certains  autres  bénéfices, 
comme  les  sept  chapelains  de  la  cathédrale,  le  sacristain, 
les  diacre  et  sous-diacre  en  chef,  etc.  Mais  les  chanoines 
absents  de  Quimper  lors  de  ces  nominations  n'étaient  pas 
satisfaits  de  ne  pouvoir  y  participer  ;  aussi  fut-il  décidé 
que  Ton  attribuerait  à  chacun  des  prébendes  la  nomina- 
tion à  Tun  ou  l'autre  de  ces  postes,  et  voici  comment  on 
en  fit  la  distribution  : 

Le  prébende  de  Saint-Mathieu  présenterait  le  chapelain 
de  la  rue  Kéréon  ; 

Le  prébende  de  Scaêr  présenterait  le  sacriste  ; 

Le  prébende  de  Combrit  présenterait  le  vicaire  de  Qué- 
ménéven  ; 

Le  prébende  de  Berrien  présenterait  à  l'église  de  Saint- 
Coulit  ; 

Le  prébende  de  Trégunc,  le  diacre  en  chef  ; 

Le  prébende  de  Plomodierne,  le  chapelain  de  la  rue 
Neuve  ; 

Le  prébende  de  Rostrenen,  le  chapelain  de  la  rue  des 
Moulins,  ou  de  la  paroisse  de  Lanniron  ; 

Le  prébende  de  Plonéour,  l'aun^^nier  de  l'hôpital  ; 


-  252  — 

Le  prébende  de  Beuzec-Cap-Sizun,  le  chapelain  de 
Crech  Euzen  ou  de  Saint-Primel  ; 

Le  prébende  de  Spézet,  le  chapelain  de  Mesgloaguen  ; 

Le  prébende  de  Carnoet,  le  sous-diacre  en  chef  ; 

Le  prébende  de  Briee  présentera  à  Téglise  d*Ergué- 
Armel  ; 

Le  prébende  de  Plozévet,  le  chapelain  de  la  rue  Obscure  ; 

Le  prébende  de  Kerfeunteun  présentera  à  Téglisé  de 
Quimerch  ; 

Le  prébende  de  Landeleau,  le  chapelain  de  Rakaer 
(ou  Tour  du  Chastel)  ; 

Le  prébende  de  Bannalec,  le  vicaire  de  Névez. 

Ciorrection  des  Clercs. 

1221  (no36).  —  L'évéque  Renaud  reconnut  qu'au  Cha- 
pitre appartenait  la  correction  des  clercs  attachés  au  ser- 
vice du  chœur  de  la  cathédrale,  et  ni  TÉvèque  ni  son 
Officiai  ne  pouvaient  les  excommunier  ou  frapper  de 
suspense,  tant  qu'ils  se  soumettraient  au  jugement  du 
Chapitre. 

1391  (no  407).  —  Etienne  Roussel,  curé  de  la  paroisse 
de  Creach  Euzen,  ayant  offensé  deux  chanoines,  Olivier- 
Jean  Fravai  et  Jean  Corric,  est  condamné  par  le  Chapitre, 
le  11  Août,  à  être  privé  de  la  distribution  et  de  l'habit 
de  chœur  jusqu'à  la  Saint-Michel  au  mont  Oargan,  à  moins 
qu'il  ne  fasse  des  excuses  devant  tout  le  Chapitre  assemblé. 

1264  (n®  100).  —  11  est  enjoint  à  un  certain  Floic  de  ne 
pas  injurier  un  chanoine,  sous  peine  d'une  amende  de 
10  livres,  à  la  volonté  du  chanoine  injurié. 

1382  (no  371).  —  Un  des  chanoines,  Olivier  L'Hostis, 
ayant  dénoncé  publiquement  son  confrère  Daniel  de  Lisle, 
comme  excommunié  par  l'Archidiacre  pour  ne  pas  vouloir 
reconnaître  son  autorité,  est  condamné  par  le  Chapitre  à 


—  253  — 

10  livres  d'amende  ;  mais  il  condamne  également  Daniel 
à  la  môme  peine  pour  avoir  déféré  l'affaire  à  l'Official  ;  par 
contre,  Olivier  payera  40  livres  de  dommage  à  Daniel  pour 
l'avoir  dénoncé,  et  Tunet  l'autre  seront  passibles  de  cent 
livres  d'amende,  s'ils  portent  cette  affaire  devant  une 
autre  juridiction  que  celle  du  Chapitre. 

1384  (n®  384).  —  Défense  à  Etienne  d'injurier  maître 
Jean  Corric,  chanoine,  sous  peine  de  20  livres  d'amende  et 
d'expulsion  du  chœur. 

1388  (n°  397).  —  Le  Chapitre  fait  défense  aux  ministres 
de  l'église  de  Quimper,  et  notamment  à  Jean  Le  Sech, 
Judicel  Fellestreuc  et  Sorochan,  sous  peine  de  cinq  sous 
d'amende  et  de  privation  d'office,  d'aller  jouer  sur  la  place 
publique  à  des  jeux  peu  convenables  comme  à  la  galoche 
ou  aux  dés. 

1394  (n^  415).  —  Le  Chapitre  fait  injonction  à  un  des 
chanoines,  Jean  de  Tréanna,  de  s'abstenir  dorénavant  de 
tout  procédé  injurieux,  sous  peine  d'être  privé  de  l'assis- 
tance au  chœur  et  des  fruits  de  sa  prébende. 

1396  (n<*  421).  —  Un  des  sept  curés  de  la  cathédrale,  Jean 
Penguen,  lors  de  la  procession  du  lundi  des  Rogations  à 
Locmaria,  avait  tenu  son  capuce  sur  la  tête,  malgré  injonc- 
tion à  lui  faite  de  le  relever  ;  pour  ce,  il  fut  condamné  à 
20  sols  d'amende. 

1334  (no  389).  —  Le  Chapitre  fait  injonction,  par  devant 
notaires,  à  Jean  Priolic  et  Yan  anRouser,  prêtres,  d'assis- 
ter assiduement  aux  heures  qui  se  récitent  au  chœur,  spus 
peine  d'être  privés  des  chapelleniés  qu'ils  desservent  à  la 
cathédrale. 

1386  (no  391).  —  M®  Penguern,  vicaire  de  la  rue  Neuve, 
promet  de  payer  60  sous  d'amende,  à  la  réquisition  du 
Chapitre,  pour  avoir  célébré  une  messe  à  notes  pour  les 
défunts,  dans  la  chapelle  Marie-Madeleine,  sans  la  permis- 
sion du  Chapitre. 


—  254  — 

Cérémonies  à  observer  an  chœar. 

287  (n*"  139).  —  Aucun  chapelain  ou  enfant  de  chœur 
ne  pourra  entrer  au  chœur,  même  par  la  porte  du  Crucifix 
qui  s'ouvre  derrière  le  maltre-autel,  depuis  le  coaimen- 
cernent  de  l'hymne  de  prime  jusqu'à  la  fin  de  sexte,  et 
depuis  le  commencement  de  l'hymne  de  nons  jusqu'après 
complies. 

Les  enfants  de  chœur  devront  avoir  une  large  tonsure 
à  la  manière  des  religieux  et  comme  la  portent  les  enfants 
de  chœur  de  Tours.  Les  chapelains  et  clercs  devront  éga- 
lement avoir  une  tonsure  convenable,  sous  peine,  pour  les 
enfants,  d'être  expulsés  du  chœur,  et  pour  les  chapelains 
et  clercs,  d'être  privés  de  distribution  aux  deux  services 
anniversaires  qui  suivront. 

Les  chapelains,  clercs  et  enfants  de  chœur  devront  sor- 
tir du  chœur  dès  qu'ils  en  ont  reçu  Tordre  du  grand  chan- 
tre ;  l'office  devra  cesser  jusqu'à  ce  qu'ils  aient  obéi  à 
cette  injonction. 

Défense  aux  chapelains,  clercs  et  enfants  de  chœur  de 
faire  du  bruit  au  chœur  et  d'y  parler  haut. 

1389  (n°  402).  —  C'était  l'usage,  pour  les  chanoines,  de 
faire  du  bruit  avec  leur  stalle,  lorsqu'un  confrère  entrait 
en  retard  au  chœur  ;  mais  les  clercs  du  chœur  s'étant 
permis  d'imiter  les  chanoines,  cette  licence  leur  fut  inter- 
dite sous  peine  de  5  sols  d'amende. 

1488  (n*  503).  —  Le  Chapitre  ordonne  que  chacun  des 
vicaires  sera  tenu  de  se  procurer  à  ses  frais,  avant  trois 
mois,  un  psaultier  férial  noté,  s'il  ne  préfère  verser  une 
somme  de  8  écus  d'or  anciens  au  Chapitre,  qui  se  chargera 
de  lui  en  fournir  un  exemplaire. 

1287  (no  139).  —  Le  sacristain  conservera  soigneusement 
les  ornements  et  les  pliera  chaque  jour  après  la  messe  où 


—  255  — 

ils  auront  servi.  Il  ne  devra  pas  s'absenter  de  la  ville  avant 
d'avoir  demandé  et  obtenu  congé  du  Chapitre  ou  du  grand 
chantre. 

Nul  des  chapelains  et  choristes  ne  pourra  autoriser  son 
confrère  à  s'absenter,  et  ne  s'absentera  pas  lui-même  sans 
avoir  demandé  et  obtenu  licence  du  Chapitre  ou  du  grand 
chantre. 

Les  chapelains  et  clercs  présents  ne  pourront  partager 
leur  gain  avec  les  absents,  si  ceux-ci  étaient  absents  sans 
permission,  ou  expulsés  du  chœur. 

La  distribution  du  jeton  de  présence  devra  se  faire 
chaque  jour  avant  l'élévation  de  la  messe,  sous  peine  pour 
le  distributeut*  de  perdre  un  mois  de  son  traitement. 

1287  (n®  139).  —  Défense  aux  chapelains  d'entrer  dans 
les  tavernes,  soit  pour  boire,  soit  pour  manger,  soit  pour 
y  converser. 

1291  (no  143).  —  Cette  défense  est  renouvelée,  en  pré- 
cisant qu'on  ne  pourra  pas  même  s'installer  prés  de  la 
taverne  pour  boire,  sous  prétexte  qu'on  n'y  entre  pas,  et 
ce  sous  peine  d'une  amende  de  six  deniers,  dont  un  pour 
celui  qui  aura  dénoncé  le  délit,  et  les  cinq  autres  pour 
la  Fabrique. 

1336.  —  L'Évoque  Alain  Le  Gall,  après  sa  première  visite 
épiscopale  à  ]a  cathédrale,  rendit  l'ordonnance  suivante  : 

La  messe  mâtine  devra  se  dire  exactement  et  à  l'heure 
fixée. 

A  la  grand'messe,  nous  avons  remarqué  un  défaut  grave, 
c'est  que  le  diacre  et  le  sous-diacre  n'ont  pas  encore  pris 
leurs  ornements  quand  la  messe  est  déjà  commencée,  et 
qu'ils  s'empressent  de  les  quitter,  notamment  le  sous- 
diacre,  avant  que  la  messe  soit  terminée.  Nous  ordonnons 
qu'ils  soient  parés  pendant  toute  la  messe,  sous  peine  de 
12  deniers  chaque  fois  qu'ils  y  manqueront.  Nous  ordon- 
nons également,  sous  la  même  peine,  qu'ils  soient  à  jeun. 


—  256  — 

Que  d'un  côté  du  chœur  on  ne  commence  pas  un  verset 
avant  que  Tautre  côté  ait  terminé,  sous  peine  pour  le 
contrevenant  d'être  privé  de  distribution  pendant  deux 
jours. 

Que  personne  ne  s'avise  de  prendre  un  autre  ton  que 
celui  qui  a  été  donné  par  le  chantre,  sous  peine  d'être 
privé  ce  jour-là  de  sa  part  de  distribution,  qui  sera  versée 
à  la  fabrique. 

Que  pendant  la  messe  et  les  heures,  nul  ne  parle  si  haut 
au  voisin  qu'il  puisse  être  entendu  d'un  tiers,  sous  peine 
de  12  deniers  applicables  à  la  fabrique. 

Nul  ne  pourra  dire  son  bréviaire  en  particulier  au 
chœur,  si  ce  n'est  un  chanoine,  par  dévotion. 

Le  sacriste  devra  se  pourvoir  d'un  nombre  suffisant  de 
serviteurs  pour  sonner  les  cloches,  servir  les  messes  et 
veiller  à  la  conservation  des  ornements  de  l'église,  qui  se 
perdent  faute  de  soin  suffisant. 

On  ne  devra  pas  porter  le  Saint-Sacrement  la  nuit,  sinon 
en  cas  urgent,  surtout  après  le  couvre-feu. 

1393  (n»  410).  —  Le  diacre  Glémarec  reconnaît  qu'il  est 
tenu  par  son  office  à  assister  au  chœur  aux  trois  heurti 
de  l'office  et  à  chanter  l'Évangile  à  toutes  les  messes 
solennelles  qui  se  chantent  au  chœur  ;  que,  dès  lors,  il  ne 
peut  s'absenter  sans  la  licence  du  Chapitre  ;  aussi  demande- 
t-il  l'autorisation  d'aller  passer  deux  ans  à  Rome  pour 
obtenir  quelque  bénéfice  ;  celte  grâce  lui  est  accordée 
moyennant  qu'il  se  fasse  remplacer. 

1400  (no448).—  Les  diacre  et  sous-diacre  sont  astreints 
à  remplir  personnellement  leur  office  ;  ils  ne  doivent  pas 
se  faire  remplacer  sans  autorisation,  et  doivent  assister 
au  chœur  à  jeun  (jejunis  stomachU). 

(A  suivre,) 


—  257  — 


LE  PETIT  SEMINAIRE  DE  PONT-CROIX 


II 

L'Ëcole  de  leiltrs  (1810-1822). 

Situé  à  mi-côte  de  la  vallée  du  Goyen,  le  petit  village 
de  Meilars  comprend  à  peine  une  dizaine  de  maisons 
éparses  autour  d'une  vieille  église  au  toit  surbaissé.  Cer- 
tes, on  ne  peut  guère  rêver  de  solitude  plus  complète, 
car  la  grand'route  passe  à  une  certaine  distance  et  le 
calme  de  la  campagne  n'est  interrompu,  suivant  la  direc- 
tion des  vents,  que  par  le  fracas  des  flots  sur  les  galets 
de  la  baie  d'Audierne  ou  contre  les  falaises  de  la  baie  de 
Douarnenez. 

La  paroisse  ne  comptait  pas  un  millier  d'habitants.  Son 
vénérable  recteur,  M.  Pennanéac'h,  était  mort,  au  mois  de 
Mai  1809,  a  emportant  avec  lui  les  regrets  de  la  plus  saine 
partie  de  la  commune  »,  et  le  Conseil  municipal  avait 
demandé,  pour  le  remplacer,  M.  Le  Roux  «  qui  s'est 
acquis  l'estime  la  plus  grande,  pendant  le  temps  qu'il  a 
été  à  Pont-Croix,  occupé  aux  écoles,  chez  M.  Rochedreux  ». 
Mais  l'adjoint  fut  supplanté  par  son  ancien  directeur. 

Outre  la  maison  d'habitation,  le  presbytère  de  Meilars 
comprend  des  bâtiments  de  service  et  un  jardin  assez 
vaste.  Mis  en  vente,  sous  la  Révolution,  il  fut  acquis  par 
M.  Salou,  ((  homme  honnête  et  religieux  »,  qui  s'empressa 
de  le  céder  au  Conseil  municipal,  moyennant  une  créance 
de  1.024  livres,  lorsque  parut  le  décret  de  l'an  XI  qui 
autorisait  les  communes  à  fournir  un  logement  aux  des- 

BOLIBTIN  D£  IJL  COMMISSION  DIOCÉSAINS.  —  8*  aonÔe.  17 


—  288  — 

servants.  Par  acte  daté  du  5  Janvier  1810,  M.  Rochedreux 
se  fit  subroger  dans  les  droits  de  M.  Salou. 

Le  nouveau  desservant  n'avait  pas  attendu  d'être  en 
possession  de  l'immeuble  pour  le  transformer  à  son  gré. 
Dès  le  mois  d'Août  1809,  il  fait  dépaver  et  percer  de  qua- 
tre grandes  fenêtres  la  maison  servant  anciennement 
d'écurie  ;  il  y  établit  un  dortoir  et  une  classe,  bien  qu'un 
monsieur  des  environs  —  en  relations  fréquentes  avec  les 
principaux  administrateurs  du  Département  —  soit  venu 
l'avertir  confidentiellement  qu'il  travaillait  en  pure  perte, 
étant  donné  qu'on  veut  abolir  tous  les  petits  collèges,  pour 
repeupler  celui  de  Quimper. 

Transformé,  par  décret  impérial  du  17  Octobre  1807,  en 
école  communale  secondaire,  le  collège  de  Quimper  était 
bien  déchu  de  son  ancienne  splendeur.  Il  était  resté 
fermé,  pendant  un  an,  faute  de  sujets.  En  1809,  l'école 
comptait  seulement  soixante-dix-neuf  élèves  et,  comme 
il  n'y  avait  pas  de  pensionnat,  les  enfants  de  la  campagne 
étaient  logés  chez  l'habitant.  Un  arrêté  préfectoral  du 
20  Juin  1809  remit  les  bâtiments  à  l'Université,  mais  le 
collège  ne  fut  réorganisé  que  l'année  suivante,  alors  que 
la  petite  école  de  Meilars  se  trouvait  en  plein  exercice. 

Dès  le  mois  de  Février,  M.  Rochedreux  proclame  que 
sa  maison  est  un  des  plus  jolis  petits  séminaires  du  dio- 
cèse. Il  a  quinze  pensionnaires  qu'il  nourrit  et  instruit 
avec  tout  le  zèle  dont  il  est  capable,  n'épargnant  ni  soins 
ni  veilles  pour  en  faire  de  bons  sujets,  avec  la  douce  con- 
fiance que  ces  jeunes  gens  lui  rendront  un  jour  la  justice 
qu'il  a  droit  d'en  attendre. 

Un  mois  plus  tard,  il  écrit  à  l'Évêque  la  lettre  suivante, 
intéressante  parce  qu'elle  nous  montre  le  mattre  impres- 
sionnable, aigri,  et  parce  qu'elle  nous  donne  quelques 
détails  sur  le  régime,  plutôt  frugal,  des  écoliers. 

((  Le  gain  de  cause  que  Votre  Grandeur  vient  de  donner 


—  259  - 

à  un  de  mes  élèves,  avant  de  m'entendre,  est  de  nature  à 
jeter  un  discrédit  bien  formel  sur  le  nouvel  établissement. 
Ce  jeune. étourdi  dont  l'éducation  m'a  coûté  tant  de  pei- 
nes, de  soins  et  de  chagrins,  triomphe  du  bon  accueil 
dont  vous  Tavez  honoré  et  de  la  destination  que  vous  lui 
avez  donnée  pour  le  collège  de  S^  Paul.  En  attendant  que 
Texpérience  et  le  temps,  qui  sont  deux  grands  maîtres, 
me  justifient  à  vos  yeux,  je  vous  prie  de  me  décharger 
des  treize  pensionnaires  dont  j'ai  ébauché  l'éducation.  Us 
méritent  tous,  à  de  plus  justes  titres,  votre  protection  et 
vos  faveurs  :  aucun  d'eux  ne  m'ayant  donné  jusqu'à  ce 
jour,  aucun  sujet  de  mécontentement.  Ce  jeune  homme, 
au  contraire,  a  mérité  d'être  chassé,  trois  fois,  de  mes 
écoles...  Je  l'ai  souOert  pendant  un  an.  Ses  parents  lui 
ont  fourni  seulement  du  pain  d'orge,  du  beurre  et  rare- 
ment de  la  viande  salée.  Quatre  fois  par  semaine,  je  lui 
ai  donné  un  repas  ;  presque  chaque  jour,  quelque  supplé- 
ment à  son  entretien,  et  enfin  son  logement  et  ses  écoles, 
le  tout  gratis,  dans  l'espoir  de  vous  le  présenter,  avec  ses 
quatre  autres  condisciples,  pour  être  admis  au  Séminaire 

à  la  S^  Michel  prochaine Il  est  de  toute  fausseté  que 

j'exige  d'aucun  pensionnaire  la  moindre  chose  pour  leur 
nourriture  ;  il  est  très  faux  que  je  les  occupe  à  des  tra- 
vaux étrangers  au  but  proposé.  Chaque  jour,  excepté  le 
dimanche,  je  leur  fais  des  conférences,  jusqu'à  dix  heu- 
res du  soir.  Ce  jeune  homme  que  j'ai  chargé  de  la  sur- 
veillance du  pensionnat,  rendra  hommage  à  la  vérité  ; 
interrogez-le.  Monseigneur,  puisque  j'ai  perdu  votre  con- 
fiance  »  Il  insiste,  en  terminant,  pour  qu'on  accepte 

sa  démission,  s'engageant,  xomme  dernier  trait  de  son 
dévouement,  à  faire  honneur  à  toutes  les  dettes  qu'il  a 
contractées  pour  le  nouvel  établissement. 

Après  lui  avoir  reproché  de  ne  pas  mettre  l'adminis- 
tration au  courant  des  fautes  graves  commises  par  les 


—  260  — 

élèves  et  de  se  plaindre  en  termes  trop  amers,  Monsei- 
gneur l'exhorte  paternellement  à  supporter  les  humilia- 
tions et  les  contradictions,  en  vue  du  grand  œuvre  à 
accomplir,  de  la  gloire  de  Dieu  et  de  l'utilité  du  diocèse. 
Et  M.  Rochedreux,  réconforté,  prie  Sa  Grandeur  de  vou- 
loir bien  envoyer  quelqu'un  pour  visiter  les  locaux,  inter- 
roger les  élèves  et  se  rendre  compte  de  l'exactitude  du 
jugement  porté  par  MM.  OUitrault  et  Goardon,  régents  de 
cinquième  et  de  philosophie  à  Quimper  :  ces  messieurs 
ont  eu  l'honnêteté  de  lui  déclarer  que  ses  élèves  étaient 
les  meilleurs  sujets  de  leur  collège. 

Il  eut  encore  à  se  défendre  du  reproche  que  lui  fai- 
saient ses  confrères  d'être  d'un  caractère  insociable.  Or, 
((  depuis  mon  retour  dans  ce  diocèse,  écrit-il  à  M.  Le 
Clanche,  je  n'ai  eu  de  relations  qu'avec  Monseigneur  et 
avec  vous.  Comment  se  fait-il  donc  que  des  ecclésiasti- 
ques se  plaignent  de  ma  mauvaise  tête  et  de  mon  amour- 
propre  ?  C'est  une  énigme  pour  moi  ?  »  Hélas  I 

Sur  la  demande  qui  lui  en  a  été  faite,  il  adresse  à  Mon- 
seigneur rÉvêque,  le  26  Juin  1810,  une  note  fidèle  des  * 
progrès  de  ses  élèves  : 

«  Jean  Archan,  clerc  tonsuré,  âgé  de  27  ans,  était  par- 
faitement ignorant,  il  y  a  treize  mois  :  aujourd'huy,  il 
possède  à  fond  les  principes  des  langues  française  et 
latine  ;  il  a  une  mémoire  ingrate  à  laquelle  supplée  une 
excellente  judiciaire  ;  il  explique  facilement  les  auteurs 
latins,  tels  que  le  Selectœ  e  profanis  et  VirgileJ;  il  annonce 
encore  une  certaine  lenteur  dans  la  lecture  :  l'usage  fera 
disparaître  cette  difficulté.  —  Corentin  Le  Quéinnec,  âgé 
de  21  ans,  ne  sçavait  ni  français,  ni  latin,  il  y  a  deux  ans, 
ainsi  qu'Onneau  Pellen,  âgé  de  19  ans,  et  Clet  Paul,  âgé 
de  17  ans.  Aujourd'huy,  ces  trois  derniers  sujets  possè- 
dent plus  à  fond  ces  deux  langues  ;  ils  expliquent  les 
mêmes  auteurs  que  le  premier  :  l'usage  les  perfection- 


—  2J61  — 

nera.  A  l'amour  de  l'étude,  ils  joignent  tous  une  grande 
pureté  de  mœurs.  —  Dans  le  nombre  des  autres  pension- 
naires, trois  annoncent  une  grande  difficulté,  tels  sont 
Riou,  en  cinquième,  Charles,  en  sixième,  et  Savin,  en 
septième.  Luc  Martin  fait  des  progrès  rapides  en  cin- 
quième, ainsi  que  Paillard,  Le  Pennée  et  Le  Bars,  en 
sixième.  Pascal  Le  Plusquellec,  âgé  de  13  ans,  et  Ray- 
mond Guillou,  âgé  de  14  ans,  tous  deux  de  Concarneau, 
annoncent  être,  un  jour,  deux  excellents  sujets.  Je  dési- 
rerais. Monseigneur,  que  le  petit  séminaire  lut  unique- 
ment composé  de  sujets  de  la  trempe  de  ces  derniers. 

((  Si  Votre  Grandeur  ordonne  que  les  quatre  premiers 
sujets  se  présentent  à  l'examen,  pour  les  vacances  pro- 
chaines, j'ai  tout  lieu  de  croire  qu'ils  plairont  à  messieurs 
les  examinateurs,  à  raison  du  temps  où  ils  ont  commencé 
leurs  études. 

«  Mon  confrère  Bozec,  à  qui  j'ai  communiqué  cette  note, 
l'a  trouvée  bien  modeste,  d'après  la  connaissance  qu'il  a 
des  sujets  de  ce  petit  séminaire. 

((  Je  désirerais  que  cette  maison  qui  vous  coûte  cher 
ainsi  qu'à  moi-même,  fut  de  nature  à  vous  intéresser,  au 
point  de  pouvoir  y  envoyer  jusqu'à  vingt  sujets.  » 

On  remarquera  peut-être  un  peu  de  partialité  dans  le 
jugement  porté  par  l'abbé  Rochedreux,  sur  ses  jeunes 
compatriotes,  Plusquellec  et  Guillou.  Mais  combien  sug- 
gestive est  cette  note  sur  le  recrutement  sacerdotal,  au 
lendemain  de  la  Révolution  !  L'Église  de  France,  jadis  si 
fière  de  ses  licenciés  en  Sorbonne,  était  réduite  à  se  con- 
tenter de  jeunes  gens  sachant  lire  couramment  le  fran- 
çais et  traduire,  vaille  que  vaille,  quelques  fragments 
d'auteurs  latins. 

Et  que  de  difficultés  financières  ou  administratives  I 
((  Tout  va  à  merveille  pour  nous  conduire  à  l'hôpital  ou  à 
la  prison,  ))  écrit  le  Directeur  de  Meilars,  au  premier  de 


—  262  — 

l'an  1811.  Il  ne  sait  comment  acquitter  les  dettes  qu'il  a 
contractées  pour  la  restauration  de  l'école,  sans  compter 
qu'on  lui  réclame  encore  300  livres  pour  la  maison  qu'il 
occupait  à  Pont-Croix.  En  vain  fait-il  valoir  qu'il  a  dû  la 
quitter,  par  suite  de  circonstances  imprévues  ;  M.  le  Pré- 
fet n'a  pas  égard  à  «  la  bonne  foi  d'un  pauvre  prêtre  de 
la  campagne  ».  Il  n'écoute  pas  davantage  les  suppliques 
de  la  Commune.  Alors  que  M.  Massé  obtient  tout  ce  qu'il 
veut  —  «  par  le  canal  de  M.  Kerilis  fils  »  —  pour  sa 
paroisse,  Meilars,  «  mille  fois  plus  pauvre  que  Poulder- 
gat,  »  n'a  encore  rien  reçu  pour  subvenir  aux  besoins 
urgents  de  l'église  et  pour  rembourser  au  subrogé  de 
M.  Salou,  la  somme  due  pour  le  presbytère. 

Trois  mois  avant  de  quitter  Pont-Croix,  M.  Rochedreux 
avait  reçu  de  M.  Germé,  recteur  de  l'Académie  de  Rennes, 
une  lettre  lui  notifiant  qu'un  diplôme  était  nécessaire 
pour  occuper  les  fonctions  de  directeur  d'école  secon- 
daire. Il  répondit  qu'il  allait  se  retirer  dans  une  campa- 
gne pour  s'occuper  seulement  de  pauvres  jeunes  gens 
entretenus  par  Monseigneur.  L'Académie  fit  de  nouvelles 
instances,  mais  comme  il  faut  payer  200  livres  pour  le 
moindre  dès  grades,  le  Directeur  désire  que  Monseigneur 
fasse  prendre  connaissance  de  Técole,  avant  de  solliciter 
un  diplôme.  D'autre  part,  quelques-uns  des  élèves  sont 
a  à  l'âge  critique  de  la  conscription  ».  Enfin,  l'application 
du  décret  qui  ordonnait  la  suppression  des  écoles  secon- 
daires ecclésiastiques  vint  mettre  un  terme  à  ses  tribula- 
tions. ((  11  ne  me  reste  de  mes  élèves,  que  mes  deux 
neveux,  Pasquier  et  Jean  Le  Pennée,  comme  enfants  de 
chœur,  et  Provost,  comme  domestique.  M.  le  Préfet,  ayant 
pris  connaissance  de  l'état  de  cette  maison  pendant  son 
séjour  à  Pont-Croix  —  d'où  il  a  fait  partir  la  gendarmerie 
pour  en  dresser  un  procès-verbal  — ,  a  répondu  que  ce 
petit  nombre  d'enfants  était  encore  trop  considérable. 


—  26â  — 

Il  menace  d*abolir  entièrement  cette  maison,  comme 
soupçonnée  d'avoir  élevé  trop  de  jeunes  gens  pour  l'état 
ecclésiastique.  »  Cette  lettre  est  du  18  Juillet  1812. 

L'année  suivante,  les  élèves  commençaient  à  revenir, 
lorsque  le  mattre  partit.  Nommé  recteur  de  Névez,  M.  Ro- 
chedreux  ne  put  encore  s'y  fixer  ;  il  demande,  en  1819,  la 
desserte  de  PouUan,  l'obtient  et  ne  l'occupe  pas.  Deux 
ans  pLus  tard,  nous  le  trouvons  à  Port-Louis,  où  il  rem- 
plit l'office  de  chapelain.  Il  reçoit  son  exeat  pour  le  dio- 
cèse de  Vannes,  mais  ne  réussit  pas  à  le  faire  accepter. 
Sans  fonction,  sans  ressources,  il  se  retire  enfin,  avec 
l'agrément  de  Monseigneur,  «  sur  la  côte  de  Loctudy  »  — 
probablement  à  l'Ile  —  où  il  mourut  en  1827. 

Puisse  la  fondation  du  Petit  Séminaire  avoir  illuminé 
d'un  doux  rayon  le  déclin  d'une  vie  si  agitée  I 


«  * 


En  quittant  Meilars,  M.  Rochedreux  aurait,  parait-il, 
déclaré  à  ses  anciens  paroissiens  qu'ils  n'étaient  pas  à  la 
veille  d'avoir  un  nouveau  recteur.  En  effet,  malgré  les 
instances  réitérées  du  Maire  et  du  Conseil  municipal,  la 
paroisse  resta  près  d'un  an  sans  desservant.  M.  Abgrall, 
prêtre  à  Pont-Croix,  qui  s'y  rendait  volontiers,  jour  et 
nuit,  toutes  les  fois  qu'on  avait  recours  à  son  ministère, 
fut  enfin  nommé  recteur  de  Meilars  en  Juillet  1814.  Mais 
son  chirurgien  ayant  déclaré  que  l'air  y  était  trop  vif  et 
trop  froid  et  que  l'air  de  Beuzec  «  en  qualité  d'air  natal  » 
conviendrait  mieux  à  son  client,  M.  Abgrall  quitta  Mei- 
lars, et  le  presbytère  resta  encore  inoccupé,  abandonné 
pendant  près  de  six  mois,  au  point  que  le  successeur  dût, 
avant  d'y  entrer,  prier  ses  paroissiens  de  lui  couper  l'herbe 
sous  les  pieds. 


—  264  — 

Ce  successeur  était  M.  Clérec,  ancien  recteur  d'Âudierne, 
où  il  avait  eu  maille  à  partir  avec  les  francs  républicains 
qui  tenaient  à  leur  ancien  club  «  comme  un  teigneux  à 
son  bonnet  ».  Instruit,  énergique,  le  nouveau  recteur 
avait  toutes  les  qualités  requises  pour  diriger  une  école, 
mais  il  dut  se  contenter  d'éduquer  un  pauvre  clerc,  sur 
le  compte  duquel  il  écrit  à  son  ami  intime,  M.  Clanche, 
secrétaire  de  l'évèché  :  «  Quel  colosse  Monseigneur  m'a 
envoyé  !  Mais  quel  petit  esprit  dans  un  grand  corps  !  » 
D'ailleurs,  en  1818,  M.  Clérec  fut  nommé  recteur  de  Saint- 
Mathieu  de  Quimper.  Et  le  29  Mars  1819,  le  Maire  de  Mei- 
lars  rédige  une  nouvelle  supplique  à  TÉvêque  : 

((  La  pénurie  de  sujets  a  sans  doute  influé  sur  le  défaut 
d'un  desservant  à  Meilars,  c'est  la  seule  cause  à  laquelle 
je  puisse  attribuer  le  malheur  dans  lequel  mes  adminis- 
trés et  moi  nous  nous  trouvons  plongés.  Sans  doute,  Mon- 
seigneur, vous  n'avez  pas  oublié  le  logement  délicat  que 
nous  soignons  pour  Monsieur  notre  Desservant,  les  senti- 
ments religieux  dont  nous  nous  flattons  d'être  pénétrés 
et  la  difficulté  que  nous  éprouvons  à  recourir  sans  cesse 
surtout  en  cas  de  maladie  à  un  ministère  éloigné  de  nous 
et  peu  assuré.  Daignez,  Monseigneur,  daignez  jeter  sur 
nous  un  œil  de  compassion  et  faire  enfin  habiter  Tua  des 
meilleurs  presbytères  de  votre  diocèse  par  un  desservant 
qui  fasse  cesser  l'amertume  dont  nous  sommes  abreuvés. 
Aurai-je  le  bonheur.  Monseigneur,  de  recevoir  de  votre 
part  une  réponse  à  la  présente  lettre,  qui  n'est  pas  la 
première  écrite  de  ma  part  à  Votre  Grandeur  »... 

Pour  répondre  aux  vœux  de  la  population  et  pour 
reprendre  l'œuvre  de  M.  Rochedreux,  l'Administration 
diocésaine  nomma  l'abbé  Madec  desservant  de  Meilars. 
Au  mois  d'Août  1819,  le  nouveau  Recteur  informe  Sa 
Grandeur  que,  suivant  ses  conseils,  il  vient  d'acheter  une 
maison  qui  va  à  1.200  francs,  sans  compter  les  répara- 


—  â65  — 

lions  qui,  pour  le  moins,  monteront  à  400  francs.  Assez 
grande  pour  loger  une  vingtaine  d'écoliers,  elle  compre- 
nait, en  outre,  une  chambre  pour  le  président,  une  salle 
d'étude,  une  assez  jolie  cuisine  avec  deux  caves.  Il  y  avait 
deux  crèches  dans  la  cour  et  un  fort  bon  puits  dans  le 
jardin,  qui  était  entouré  de  murs  et  protégé  contre  les 
vents  du  Nord  par  deux  douzaines  d'arbres  très  élevés. 
Les  deux  classes  du  presbytère  sont  également  aména- 
gées et,  le  17  Mars  1820,  l'institution  compte  quarante- 
sept  élèves  qui  se  répartissent  ainsi  :  six  en  sixième,  dix 
en  septième,  sept  en  huitième  et  vingt-quatre  commen- 
çants. La  plupart  sont  «  chambriers  »,  c'est-à-dire  que 
la  pension  leur  est  fournie  par  la  famille.  Aussi,  sauf 
Richard,  de  Quimperlé,  Ballinec  et  les  deux  Labruyère, 
de  Quimper,  sont-ils  tous  originaires  de  Meilars,  Maha- 
lon,  Poullan  et  des  paroisses  rurales  du  Cap. 

Au  17  Janvier  1821,  il  y  avait  soixante-quatorze  élèves  ; 
quatre  nouveaux  se  présentèrent  encore  dans  la  quinzaine. 
Mais  si  le  nombre  des  jeunes  gens  augmentait,  les  dettes 
aussi  s'accumulaient,  et  le  Directeur,  menacé  d'une  vente 
publique,  ne  voit  d'autre  moyen  de  se  tirer  d'embarras 
que  de  remettre  l'institution  au  bureau  des  Séminaires. 
C'est  alors  que,  le  7  Mars  1822,  Mgr  Dombideau  écrivit  à 
M.  Le  Coz,  en  ce  moment  à  Pont-l'Abbé,  la  lettre  suivante  : 

((  11  faut,  Monsieur,  compter  autant  que  je  le  dois  sur 
votre  zèle  pour  le  bien  du  diocèse  et  pour  celui  de  la  reli- 
gion pour  vous  proposer  une  bonne  œuvre  de  plus. 

«  Vous  savez  que  j'ai  formé  une  école  à  Meylars,  près 
Pont-Croix.  M.  Jaffry,  curé  de  cette  ville,  m'avait  indiqué 
M.  Madec  pour  la  diriger.  Elle  est  devenue  nombreuse, 
mais  M.  Madec  était  incapable  de  la  gouverner,  pour  le 
temporel.  Nous  lui  avons  fait  des  avances  considérables 
et  Nous  lui  avons  prouvé  qu'il  pouvait  faire  des  bénéfices 
qui  devaient  lui  donner  les  moyens  de  la  faire  prospérer. 


—  266  — 

Ce  n*est  que  depuis  peu  de  jours,  qu'il  nous  a  donné  la 
certitude  qu*il  augmentait  chaque  année  la  masse  de  ses 
dettes.  M.  Floc'h,  économe  de  mon  Grand  Séminaire,  qui 
veut  bien  se  charger  de  vous  porter  cette  lettre,  vous  en 
donnera  tous  les  détails. 

«  Je  ne  vois  que  vous,  Monsieur,  qui  puissiez  prévenir 
la  chute  de  cet  utile  établissement.  Le  logement  est  agréa- 
ble et  le  Cap  fournit  un  grand  nombre  de  sujets. 

«  Je  n'ose  vous  proposer  la  place  de  desservant  de  Mey- 
lars,  mais  cependant  ce  serait  un  moyen  de  plus  d'assu- 
rer le  bien.  Je  prendrai  l'engagement  de  vous  donner  un 
vicaire,  quoique  la  paroisse  soit  très  petite  ;  il  pourrait 
remplir,  en  même  temps,  la  place  de  professeur.  Vous 
auriez  le  double  titre  de  desservant  et  de  supérieur  de 
l'école. 

«  Enfin,  Monsieur,  je  vous  invoque  comme  le  sauveur 
de  cette  école.  » 

La  confiance  de  Monseigneur  ne  fut  pas  trompée  :  d'une 
petite  école  de  campagne,  l'abbé  Le  Coz  allait  faire  un 
véritable  séminaire  dont  il  nous  faut,  après  ce  préambule, 
essayer  de  retracer  l'histoire. 

(A  êuivre.) 


—  267  — 


SDR  LES 


PAROISSES  m  DIOCÈSE  DE  QIIIHPER  ET  DE  LÉON 

Par  MM.  PETRON  et  ABORALL. 

(Suite.) 


ELLIANT 

(ELQENT,    ELJENT,   ELYANT) 

(Fin.) 


2»  Chapelle  dé  Noirs-Dame  de  Bon-Secoure. 

Autrefois  Saint-Roch,  puis  Saint-Cloud  ;  était  en  ruine 
en  1782. 

A  500  mètres  Sud-Ouest  du  bourg,  au  bord  d'un  val- 
lon très  profond,  est  la  chapelle  de  Notre-Dame  de  Bon- 
Secours,  dont  les  deux  portes  Sud  et  Ouest  ont  des  mou- 
lures gothiques  du  xvi«  siècle. 

Le  reste,  quoique  entièrement  en  pierres  de  taille,  est 
sans  aucun  travail  d'art. 

L'intérieur  est  graud,  mais  donne  une  impression 
d'obscurité  et  de  tristesse.  Au-dessus  du  mattre-autel  est 
la  statue  de  Notre-Dame,  et  on  voit  en  outre  celles  de 
saint  Jean-Baptiste,  saint  Joseph,  et  saint  Cloud  (?),  en 
chasuble,  tenant  ud  livre  ;  en  breton  il  est  dénommé  : 
sant  Cleyen. 

Tout  près,  au  Nord,  dans  une  prairie,  est  la  fontaine 
de  Saint-Cloud,  absolument  semblable  à  celle  de  Saint- 
Gilles. 


1 


—  268  - 

La  cloche,  fondue  en  1754  par  M.  Jean,  de  Quimper,  a 
eu  pour  parrain  M.  Louis  de  Rosencoat,  et  pour  mar- 
raine, Hélène-Marie-Louise  Le  Lart  (M.  de  Villiers). 

do  Chapelle  de  Tréanna. 

Elle  est  toute  bâtie  en  pierres  de  taille,  indiquant  par 
son  style  la  fin  du  xv<»  siècle  ou  le  commencement  du  xvi^ 
A  la  façade  Ouest,  est  une  jolie  porte  gothique,  couronnée 
par  une  contre-courbe  saillante  dont  les  retombées  por- 
tent sur  deux  têtes  caractéristiques  ;  Tune  est  celle  d*un 
adolescent  aux  beaux  cheveux  bouclés. 

A  la  façade  Midi  est  une  autre  porte  encore  plus  riche 
comme  sculpture,  ornementée  de  colonnettes,  pilastres, 
pinacles  feuillages.  Aux  deux  côtés,  on  voit  un  buste  tenant 
un  bâton  noueux  ou  crosse,  puis  un  fou  tenant  sa  marotte. 

Au  haut,  sont  deux  écussons  : 

Tréanna,  d'azur  à  la  mdcle  d'argent  ; 

Parti  de  Tréanna  et  de  Plœuc, 

Statues  en  vénération  : 

1.  —  Sainte  Anne,  groupe  triple,  avec  la  Sainte  Vierge 
et  l'Enfant-Jésus  ; 

2.  —  Sainte  Anne,  avec  la  Sainte  Vierge  debout,  lisant  ; 

3.  —  Sainte  Vierge  Mère  ; 

4.  —  Saint  Yves,  autrefois  entre  le  riche  et  le  pauvre. 
Ceux-ci,  détériorés  et  vermoulus,  sont  relégués  dans  un 
coin.  Saint  Yves  est  revêtu  d'une  cotte,  avec  grand  col 
rabattu.  Le  riche  a  une  barbe  pointue  à  la  Sully  ; 

5.  —  Sainte  Barbe  ; 

6.  —  Saint  Jacques,  costumé  en  pèlerin,  traits  émaciés. 
En  1782,  on  disait  dans  cette  chapelle  une  messe  mati- 
nale les  dimanches  et  fêtes. 


269  — 


4«  CfhapMe  d«  Sainte-Meurguerit». 

I 
] 

Cette  chapelle  se  composait  autrefois  d'une  simple  nef, 
des  premières  années  du  xvi®  siècle,  comme  l'indique  la  I 

porte  Midi,  ainsi  que  le  petit  clocher  où  Ton  remarque 
une  gargouille  fort  singulière  représentant  une  grenouille. 
Comme  l'édifice  était  insufHsant,  les  propriétaires  firent 
en  1876  un  agrandissement  consistant  en  deux  branches 
de  transept  et  un  sanctuaire  droit,  comme  le  dit  l'ins- 
cription gravée  sur  la  porte  de  la  sacristie  :  , 
FAIT  BATIR  PAR  HENRI  JAOUEN  ET  MARIE  JEANNE  i 
MEUR.  1876:  ; 

Les  statues  anciennes  sont  : 

1.  —  Sainte  Marguerite,  les  mains  jointes,  debout  sur 
un  dragon  terrible  et  bien  sculpté  ; 

2.  —  Notre-Dame  de  Bonne-Nouvelle  ; 

3.  —  Notre-Dame  de  Pitié  ; 

4.  —  Saint  Jean-Baptiste  ; 

5.  —  Sainte  Catherine  ; 

6.  —  Saint  François  d'Assise  ; 

7.  —  Saint  Dominique  ; 

8.  —  Saint  Corentin  ; 

9.  —  Saint  Laurent  ; 

10.  —  Très  joli  petit  saint  Sébastien. 

Il  y  a  en  plus  un  petit  bas-relief  en  albâtre  représen- 
tant l'Assomption  de  la  Sainte  Vierge.  Elle  est  dans  un 
nimbe  en  amande,  entourée  d'anges,  surmontée  du  buste 
de  Notre  Seigneur.  A  ses  côtés,  est  l'apôtre  saint  Thomas, 
prenant  la  ceinture  qu'elle  a  laissé  tomber,  pour  lui  mon- 
trer que  son  corps  est  monté  au  ciel.  Ce  même  détail  se 
retrouve  dans  un  albâtre  du  Carmel  de  Morlaix  et  dans 
un  autre  conservé  au  musée  de  la  Société  Polymatique  de 
Vannes  et  qui  provient  de  la  chapelle  de  Loguiviec,  en 


^ 


—  272  — 

Gilles- Claude  Harquin,  S'^  de  Kerourien,  et  de  dame 
Marie-Roze-Thérèse  de  Tintenîac.  La  publication  de  ce 
mariage  avec  dispense  de  deux  bans  avait  été  faite  le 
jour  précédent,  15  Mai,  à  la  grand'messe  chantée  dans  la 
chapelle  de  Saint-Guenal.  Goulven  Pervez,  recteur  d'El- 
liant  (M.  de  Villiers). 

10^  Notre-Dame  de  Lorette,  à  Eeranbars. 

Cette  chapelle  est  signalée  comme  érigée  depuis  u  peu 
d'années  »  par  M.  de  Coatpont,.  en  1804.  D'après  la  tradi- 
tion recueillie  par  M.  de  Villiers,  on  trouva  dans  un  arbre 
une  vieille  statue  de  Saint  qui  commença  à  être  Tobjelde 
la  vénération  des  fidèles,  qui  allaient  lui  demander  parti- 
culièrement la  guérison  des  fièvres.  Le  Recteur  ayant  fait 
transporter  cette  statue  en  l'église  du  bourg,  elle  serait 
revenue  d'elle-même  à  son  ancienne  place,  et  le  Recteur. 
s'obstinant  à  la  réintégrer  à  l'église,  tomba  malade  et  ne 
fut  guéri  que  lorsqu'il  consentit  à  remettre  la  statue  au 
lieu  choisi  par  le  Saint  pour  être  honoré  et  où  fut  cons- 
truit l'oratoire  qui  existe  actuellement  sous  le  vocable  de 
Notre-Dame  de  Lorette.  On  s'y  rend  en  procession  pour 
les  Rogations  et  le  lundi  de  la  Pentecôte,  jour  du  pardon. 

7/0  Langroas. 

M.  Villiers  du  Terrage  signale  en  cet  endroit  l'emplace- 
ment de  la  chapelle  dédiée  à  la  Croix,  qui  n'existe  plus 
depuis  la  Révolution,  et  près  de  laquelle  se  trouvait  un 
lec'h  portant  à  sa  partie  supérieure  une  petite  croix  fine- 
ment gravée. 


—  273  — 

La  Peste  d'Elliant 

La  peste  d'Elliant  a  été  rendue  populaire  par  la  publi- 
cation du  Barzas-Breiz,  et  la  scène  de  cette  femme  traî- 
nant dans  une  charrette  au  cimetière  les  corps  de  ses  neuf 
fils,  pendant  que  le  père,  pris  d'un  accès  de  folie,  suit  en 
sifflant  le  triste  convoi,  a  été  représentée  par  une  pein- 
ture saisissante  qui,  longtemps  exposée  au  palais  du 
Luxembourg,  orne  actuellement  le  musée  de  Quimper. 

M.  de  la  Villemarqué  fait  remonter  jusqu'au  vi«  siècle 
les  ravages  du  fléau,  parce  qu'il  fut  prédit,  selon  un  saint 
ermite  du  pays  de  Tourc'h,  le  père  Ratian,  mentionné 
comme  vivant  à  cette  époque,  par  le  Cartulaire  de  Lan- 
dévennec.  Mais  la  raison  n'est  peut-être  pas  concluante  ; 
car,  comme  le  fait  observer  M.  l'abbé  Favé  (1),  «  l'auteur 
du  Boftsen  Elliant  a  pu,  pour  dramatiser  son  récit,  res- 
susciter le  saint  homme  de  Tourc'h,  et  lui  confier  le  soin 
de  dépeindre  les  malheurs  d'une  époque  postérieure  ». 

Il  est  probable,  du  reste,  que,  dans  le  cours  des  âges, 
le  terrible  fléau  a  ravagé  plus  d'une  fois  le  pays  d'Elliant, 
par  suite  des  maladies  contagieuses  qui  désolèrent  Quim- 
per et,  de  proche  en  proche,  les  pays  voisins  ;  nous  avons 
fait  ailleurs  cette  statistique  du  fléau. 

C'est,  en  1349,  la  peste  qui  vit  périr  le  bienheureux 
Jean  Discalcéat. 

En  1412,  les  bourgeois  de  Quimper  se  vouent  à  Notre- 
Dame  du  Guéodet  pour  échapper  au  fléau. 

En  1470,  Cosmao,  fermier  du  billot  de  Cornouaille,  dit 
que,  «  durant  ce  temps,  la  mourance  et  peste  d'épidémie 
eurent  si  grand  cours,  qu'il  est  notoire  que  la  ferme  per- 
dit beaucoup  ». 

(1)  BuUet.  Soe.  ÂrchéoL,  XX,  page  352. 
Bulletin  db  la  Commission  diocésaine.  —  8*  année.  18 


—  274  — 

En  1533,  les  cbanoines,  à  cause  de  la  maladie,  vont 
tenir  chapitre  à  Châteauneuf-du-Faou,  puis  à  Carhaix 
(Déal). 

En  1564,  le  23  Septembre,  une  tempête  de  neige,  suivie 
d'une  peste,  désole  Quimper  ;  les  chanoines  se  retirent 
d'abord  à  la  chapelle  Saint-Laurent,  au-dessus  du  mont 
Frugy,  puis  à  Coray,  puis  aux  Carmes  de  Pont-rAbbé  ;  en 
15Go,  le  17  Juillet,  ils  tiennent  chapitre  au  Grand-Ergué; 
mais  la  maladie,  gagnant  le  pays,  ils  se  retirent,  le  30  Juil- 
let, au  presbytère  de  Fouesnant. 

En  1595,  c'est  la  terrible  peste  décrite  par  le  chanoine 
Moreau. 

En  1639,  c'est  la  maladie  qui  provoqua  le  recours  au 
bras  de  saint  Gorentin. 

11  est  bien  possible  que  le  souvenir  de  la  peste  d*Elliant 
se  rattache  à  Tune  ou  l'autre  de  ces  dates  ;  cependant,  la 
tradition  donne  à  la  maladie  qui  ravagea  Elliant  une 
cause  spéciale  :  la  rupture  d'une  digue,  dont  on  voit 
encore  les  traces,  qui  formait,  dans  le  vallon  dominé  par 
le  bourg,  un  étang  immense  qui  aurait  été  navigable,  jus- 
qu'aux abords  du  manoir  de  Tréanna,  et  dont  les  seigneurs 
profitaient  pour  venir  en  bateau  à  la  messe.  Gette  rupture 
aurait  occasionné  des  exhalations  pernicieuses,  causes  du 
fléau. 

Le  cantique  de  Kerdévot,  composé  en  1712  (1),  parle 
également  d'une  peste  qui  aurait  désolé  la  paroisse  d'El- 
liant  et  n'aurait  cessé  qu'après  le  vœu  des  habitants  de  se 
rendre  chaque  année  en  procession  à  Kerdévot,  ce  qui 
s'est  fait  religieusement  jusqu'à  la  Révolution. 

Deux  souvenirs  de  la  peste  d'Elliant  se  voient  dans  la 
paroisse  :  le  premier  est  un  champ,  non  loin  du  bourg, 
appelé  Jardin  Olivet,  Jardin  des  Oliviers,  où,  d'après  la 


(1)  Voir  M.  i'abbô  Pavé,  l.  c. 


i 
( 


—  275  — 

tradition,  furent  enterrés  les  corps  des  pestiférés,  qui  ne 
trouvaient  plus  place  dans  le  cimetière  ;  comme  dit  le 
chant  populaire,  «  il  faut  bénir  les  champs  pour  enterrer 
les  cadavres  ». 

L'autre  souvenir  est  une  pierre  portant  deux  emprein- 
tes, dont  Tune  peut  représenter  à  la  rigueur  le  pied  d'un 
animal,  et  lautre  a  la  forme  en  relief  d'un  pied  humain 
très  allongé  ;  cette  pierre  se  trouvait  au  gué  de  Roudou- 
blout  et  servait  probablement  à  passer  le  cours  d'eau  qui 
sépare  Elliant  d'Ergué-Gabéric,  avant  la  construction  du 
pont. 

Les  habitants  ont  appelé  la  première  de  ces  empreintes 
TVoad  ar  Vosen,  et  la  seconde  Troad  ar  Verc^hez,  le  Pied 
de  la  Peste  et  le  Pied  de  la  Vierge,  y  trouvant  le  symbole 
de  la  grâce  obtenue  :  la  peste  chassée  d'Elliant  par  la  toute 
puissance  de  la  Vierge,  Notre-Dame  de  Kerdévot. 


Monuments  anciens  (1) 

Cachette  de  fondeur  de  haches  à  douille  quadrangu- 
laires,  sur  le  sommet  d'une  carrière  sur  les  dépendances 
du  village  de  Kerho. 

Borne  milliaîre,  à  800  mètres  du  bourg,  route  de  Scaër, 
près  du  Parc  an  Olivet,  ou  Champ  de  la  Peste. 

A  Stang-Askel,  substructions,  sur  les  hauteurs  qui 
dominent  le  camp  romain  existant  sur  le  mamelon  boisé 
de  Tréanna.  On  y  a  trouvé,  en  1879,  une  amphore  déposée 
au  musée  de  Kernuz. 

Camp  quadrangulaire  avec  enceinte  en  pierres  sèches 
de  È  à  5  mètres  de  haut  ayant  une  tour  à  l'angle  Sud-Ouest 
et  trois  demi-tours  dans  les  côtés,  dans  le  bois  d'Elliant. 

(1)  Du  Chatellidr. 


—  276  — 

Substructions  sur  les  bords  de  TOdet,  à  500  mètres  du 
Moustoir. 

Tuiles  et  débris  de  poterie  romaine  au  bourg. 

En  1897,  une  petite  statuette  en  bronze  du  dieu  Pan  a 
été  découverte  en  Elllant.  Le  paysan  qui  l'avait  décou- 
verte n*a  pas  pu  ou  n'a  pas  voulu  indiquer  Tendroit  de 
la  trouvaille  ;  elle  appartient  actuellement  à  M.  Aveneau 
de  la  Granciëre  (BuUeHn  ArchéoL,  XXV,  p.  56). 

Le  tumulus  circulaire  de  Keranbriquen,  fouillé  en  1898, 
par  M.  Villiers  du  Terrage  (Voir  Bvlletin  Soc.  Arehéol, 
XXV,  p.  422). 

Maisons  nobles 

Capitaine,  S'  du  Boisdaniel. 

Guengat,  S^  de  Botbodern  :  d'azur  à  trois  mains  dextre$ 
appauméss d'argent  enpal;  devise  :  Trésor,  et  LécU  à  ma  foy* 

Kergroadez,  S'  de  Treanna  :  fascé  de  six  pièces  d'argent 
et  de  sable  ;  devise  :  En  bonne  heure. 

Kerloaguen,  S' de  Kervastard  :  d'argent  à  Vaigle  esployée 
de  sable,  menibrée  et  becquée  de  gueules;  devise  :  Sans  effroy. 

Kerminihy,  S'  du  dit  lieu  :  d'argent  à  trois  molettes  de 
gueules, 

Kervastard,  S'  de  Kerengar  :  d'argent  à  trois  chevroru 
de  sable. 

Landanet,  S^  du  dit  lieu  :  d'azur  au  grélier  d'argent 
accompagné  en  chef  d'un  fer  de  lance  de  même,  la  pointe 
en  haut. 

De  la  Lande,  S' du  dit  lieu  :  d'azur  à  trois  annelets  d'or, 

Muzillac,  S'  de  Treanna  :  de  gueules  au  léopard  Honni 
d'hermines. 

Le  Pappe,  S^^  de  Kerminihy  :  de  gueules  à  cinq  fusée» 
d'or  posées  en  bande,  alias  :  uns  épée  en  pal,  accompagnés 
de  trois  croissettes. 


—  2l1  — 

Du  Plessis,  S'  de  Kermînihy  :  d'argent  au  chêne  arracM 
de  êinople  englanté  d'or;  au  franc  canton  de  gueules,  chargé 
de  deux  hache»  d'armes  adossées  d'argent  en  pal. 

Rosmadec,  S' de  Tréanna  :  paie  d'argent  et  d'azur  de  six 
pièces  ;  devise  :  En  bon  espoir. 

^alou,  S'  de  Toulgouet  :  d'argent  à  trois  hures  de  san- 
glier arrachées  de  sable,    i 

Tinténiac,  S'  de  Treanna  :  d'or  à  deux  jumelles  d'agur, 
au  bdton  de  gueules  brochant  en  bande  sur  le  tout,  ou 
moderues  :  d'hermines  au  croissant  de  gueules, 

Treanna,  S'  du  dit  lieu  et  de  Botbodern  :  d'argent  à  la 
macle  d'azur. 

TreO,  S'  de  Rozhellou  :  d'argent  au  sanglier  de  sable 
couronné  de  même. 

Visdelou,  S'  de  Toulgouet  :  d'argent  à  trois  têtes  de  loup 
de  sable  arrachée»  et  lampassées  de  gueules.) 


ERGUÉ-ARMEL 


Dans  la  charte  de  1160,  qui  énumère  les  biens  des  Tem- 
pliers en  Bretagne,  il  est  question  des  aumôneries  de 
Penhars,  de  Plonéis,  d'Ergué  et  de  Beuzec-Gap-Sizun, 
€  Elemosine  de  Pennharth  et  de  Ploeneth  et  de  <  ArkQ  »  et 
de  Bodoc  Kap  sithun  ».  Si  Arke  signifie  Ergué-Armel,  ce 
serait  la  première  mention  du  nom  de  la  paroisse  qui 
nous  occupe  ;  mais  il  peut  s'entendre  aussi  bien  de  la 
paroisse  du  Grand-Ergué,  car  il  n'est  pas  certain  que 
Sainte-Anne  du  Guélen  ait  été  un  établissement  de  Tem- 
pliers, et  il  est  hors  de  doute  que  cette  chapelle  de  Sainte- 
Anne  appartenait  à  la  seigneurie  du  Plessix,  dès  le  com- 
mencement du  XIII®  siècle. 


—  278  — 

Si  !•  nom  de  Ergué  n*est  pas  mentionné  au  Cartalaire 
de  Quimperlé,  il  y  est  pourtant  question  de  terres  loi 
appartenant,  Knech  Cuchi,  ou  mont  Frugi,  qui  fut  donné 
aux  religieux  de  Sainte-Croix  de  Quimperlé,  par  Alain, 
duc  de  Bretagne,  fils  du  comte  Hoel,  à  la  fin  du  xr»  ou  au 
commencement  du  xii'  siècle  (1084,  1112)  (1). 

Cette  terre  du  mont  Frugy,  où  fut  construite  la  chapelle 
de  Saint-Laurent,  fut  annexée  au  prieuré  de  Logamand, 
en  La  Forêt,  jusqu*à  la  Révolution. 

Ce  mont  Frugi  ou  Cuchi  est  signalé  également  comine 
limite  de  l'abbaye  de  Locmaria,  lors  de  sa  fondation, 
vers  1030. 

Nous  trouvons  aussi  un  Arthmael  Ourialis,  officier  du 
comte  Alain,  figurant  comme  témoin  de  la  donation  delà 
tere  de  Killicadur,  en  Elgent,  à  Sainte-Croix  de  Quimperlé, 
le  11  Avril  1107  (Cart.,  page  201). 

La  première  mention  certaine  que  nous  trouvons  d'Er- 
gué-Armel  est  au  n^  66  du  Cartulaire  de  Quimper,  en 
l'année  1244.  Il  s'agit  d'un  accord  entre  le  Chapitre  de 
Quimper  et  un  seigneur,  a  Guillermum  militeni  de  Erge 
Arthmael  »  le  chevalier  Guillaume  d'Ergué- Armel,  au 
sujet  de  la  terre  de  Camperith,  située  dans  la  dite  paroisse, 
in  parochia  de  Erge  Armael,  et  sur  laquelle  il  doit  payer 
deux  mesures  de  froment,  deux  mesures  de  seigle  et  3  sous 
au  sacriste  de  la  Cathédrale,  et  cela  pendant  onze  ans. 

Nous  constatons  que  la  paroisse  d'Ergué-Armel  ne  figure 
pas  au  rôle  des  bénéfices  imposés  au  diocèse  de  Cornouaille, 
en  1368  (Cart.  n»  4),  probablement  parce  que  ce  bénéfice 
était  annexé  au  Chapitre  ;  mais  ce  doit  être  la  paroisse 
d'Ergué-Armel  qui  est  désignée  sous  le  nom  d£^g^ 
Foenant,  comme  devant  20  sols  de  rente  à  la  trésorerie 
de  Saint-Corentin,  en  1278  (Cart.  n»  124). 

(1)  Voir  CaHulaire  de  Quimperlé,  Édité  par  MM.  de  Berthon  et  Léoo       | 
Maître,  p.  205. 


—  279  — 

En  1296,  le  Chapitre  décidait  que  les  bénéfices  qui 
sont  à  sa  nomination,  au  lieu  d*étre  conférés  d'un  con- 
sentement commun,  seront  pourvus  par  chacun  des  cha- 
noines en  particulier,  suivant  un  ordre  tiré  au  sort; 
c*est  ainsi  que  le  chanoine  qui  doit  présenter  au  vicariat 
de  Briec  présenterait  également  à  la  paroisse  de  Ergue- 
Arzmael  (Cart.  148). 

Le  nom  de  Ergué  est  donné  au  Cartulaire  à  plusieurs 
personnages,  sans  que  nous  puissions  dire  si,  par  ce  titre, 
on  désigne  le  titulaire  de  la  paroisse,  et  si  cette  paroisse 
doit  s'entendre  du  Petit  ou  du  Grand-Ergué.  C'est  ainsi 
qu'en  1313  (Cart.  n^  176),  il  est  question  de  Guillaume  de 
Ergué,  trésorier  de  la  Cathédrale  ;  de  Guillaune  de  Erge^ 
chantre,  de  1326  à  1353. 

Église  paroissiale 

L'église  d'Ergué-Armel,  qui  offre  les  caractères  de  la 
fin  de  la  période  ogivale,  est  sous  le  vocable  de  saint  Alor, 
évèque  de  Quimper  ;  c'est  là  que  se  rendait  la  procession 
de  la  cathédrale,  le  jour  de  Saint-Marc,  comme  nous 
l'apprend  le  Cartulaire,  à  la  date  de  1278  :  «  Ad  festum 
heati  Marci  processio  fit  ad  Sanctum  Aglorum  )).  Saint  Alor 
est  invoqué  particulièrement  comme  patron  des  chevaux. 
Un  autre  saint  fort  honoré  au  Petit-Ergué  est  saint  Urlo 
ou  Gurloes,  premier  abbé  de  Sainte-Croix  de  Quimperlé  ; 
on  voyait,  il  y  a  peu  d'années,  sa  statue  en  granit  adossée 
au  porche  latéral  de  l'église  ;  une  autre  statuette  en  bois 
de  ce  même  saint  est  conservé  dans  la  sacristie.  Il  est 
invoqué  pour  la  guérison  des  rhumatismes.  Enfin,  le  bien- 
heureux saint  Jean  Discalcéat  est  fort  en  honneur  dans 
cette  église,  qui  donna  asile  à  ses  restes,  lorsqu'à  l'épo- 
que de  la  Révolution,  ils  furent  sauvés  de  la  profanation 


—  280  — 

et  transportés  de  l'église  des  Cordeliers  à  l'église  d'Ergué- 
Armel. 

Dans  leur  aveu  de  1679,  pour  leur  terre  du  Plessis- 
Ergué,  les  seigneurs  de  Plœuc  déclarent  avoir  droit 
d'avoir  leurs  armoiries  en  l'église  d'Ergué-Armel  :  au 
dehors,  au  pignon  où  est  la  maîtresse- vitre,  au-dessus  de 
la  porte  principale  et  au  pignon  de  la  sacristie  donnant 
du  Midi  sur  le  cimetière  ;  en  dedans  de  l'église,  à  la 
mattresse-vitre  et  en  la  vitre  de  la  chapelle  qui  est  au 
côté  Nord.  «  Le  dit  seigneur  est  également  en  possession 
immémoriale  de  faire  porter  par  un  gentilhomme  une 
bannière  à  la  procession  du  Sacre,  à  Quimper,  immédia- 
tement avant  toutes  les  croix,  c'est-à-dire  après  celle  de 
Saint-Corentin,  qui  est  la  plus  proche  du  Sacre.  » 

De  même.  M"»®  de  Sévigné,  ayant  acheté  la  terre  de 
Lanros,  déclare,  dans  son  aveu  de  1684  (C.  111),  qu'elle  a 
droit  à  une  tombe  en  l'église,  au  raz-de-terre,  joignant  le 
balustre  du  grand  autel  au  milieu  de  l'église,  sur  laquelle 
est  gravée  une  croix  avec  cet  écrit  :  Hic  Jaeet  Guilmm 
de  Lanros,  le  reste  est  indéchiffrable.  Plus  deux  écussons 
à  l'aile  droite  de  la  dite  église,  côté  de  l'Épître,  l'un  d'(^ 
au  croissant  de  gueules  accompagné  de  trois  rosettes  de 
même,  l'autre  d*or  à  une  molette  de  gueules,  armes  de  la 
seigneurie  de  Lanros. 

En  face  du  porche  Midi,  est  une  jolie  croix  gothique,  sur 
base  carrée,  avec  plinthe  moulurée  et  glacis-larmier.  La 
tige,  toute  hérissée  de  bosses,  est  ornée,  à  deux  niveaux 
différents,  de  cariatides  de  style  très  intéressant  ;  d'abord, 
deux  anges  tenant  des  écussons,  puis  deux  bustes  hu- 
mains, issant  de  la  bague  formant  chapiteau,  et  appuyant 
leurs  mains  sur  leurs  hanches. 

Au  bas  du  bourg,  dans  la  direction  Est,  se  trouve  la 
fontaine  de  saint  Alor,  patron  de  la  paroisse. 


—  281  - 
Sainte-Anne  du  Guélen 

M.  Trévédy,  Pèlerinage  des  Sept-Sainta,  nous  dit  que, 
dans  le  principe,  Sainte-Anne  était  en  la  possession  de  la 
seigneurie  du  Plessix,  «  seigneurie  qui  entra  sans  doute 
dans  la  maison  de  Plœuc  par  le  mariage  de  Constance  de 
Léon  avec  Guillaume  de  Plœuc,  vers  1269  ;  elle  faisait 
partie  des  biens  que  Jeanne,  leur  héritière,  porta  par  son 
mariage,  en  1292,  à  Tanguy  de  Kergorlay  qui  prit  les 
noms  et  armes  de  Plœuc  ». 

Une  chapellenie  y  était  desservie  et  le  droit  de  présen- 
tation appartenait  aux  seigneurs  de  Plœuc;  c'est  ainsi 
que,  le  30  Juin  1570,  Guillaume  Coetforn,  comme  procu- 
rateur de  noble  et  puissant  seigneur,  Charles  de  Plœuc, 
y  présente  Guillaume  Bollocou,  en  remplacement  du  der- 
nier titulaire  décédé,  qui  n'était  autre  que  le  recteur  lui- 
même  d'Ergué-Armel,  Jean  Le  Maistre  (R.  G.  125). 

Le  21  Mai  1677,  dame  Louise-Gabrielle  de  Plœuc,  pré- 
sente comme  chapelain  Alain  Prouhet,  recteur  du  Petit- 
Ergué,  pour  remplacer  Olivier  du  Louet,  archidiacre  de 
Poher,  qui  s'est  démis  de  ladite  chapellenie  (R.  G.  518). 

A  trois  kilomètres  à  l'Est,  sur  le  bord  de  la  route  de 
Quimper  à  Rosporden,  qui  en  cet  endroit  se  confond  avec 
la  vieille  voie  romaine  et  le  chemin  moyen-âge  de  Tro- 
Breiz,  on  voit  les  restes  de  l'établissement  de  Sainte-Anne 
de  Guélen.  On  y  trouve  encore  plusieurs  corps  de  logis 
datant  du  moyen-âge.  De  la  chapelle,  il  ne  reste  que  la 
jolie  porte  monumentale,  ornée  de  colonnettes  à  chapi- 
teaux, et  une  petite  fenêtre  à  deux  baies,  et  que  l'on  croit 
pouvoir  dater  du  xiv^  siècle  ou  même  du  xiii®.  La  statue 
de  la  patronne  se  trouve  dans  la  ferme  voisine. 

(A  suivre,) 


-  284  - 

452.  Henri  Olivier  reçu  massicot 15 

453.  Règlement  touchant  les  obîts 15 

454.  Pierre  Le  Marhec  reçu  chanoine 15 

455.  Yves  Taillecot  reçu  chanoine  trésorier 16 

456.  Réception  de  massicots 49 

457.  Emprunt  de  livres 49 

458.  Réception  de  vicaires 50 

459.  Nominationdes  vicaires  ou  chapelains  appartient  au  Chapitre.  50 

460.  Vicaire  de  Spézet  reçu  massicot 52 

461.  Guillaume  Le  Clerc  reçu  chantre  et  chanoine 52 

462.  Chrestien  Dabric  reçu  massicot 53 

463.  Alain  de  la  Rue  reçu  chanoine 53 

464.  Raoul  Penquelennec  reçu  chanoine 54 

465-466-467.  Réception  de  massicots 55 

468.  Jean  Le  Marhec,  prêtre,  condamné  à  l'amende 55 

469-470-471-472.  Réception  de  massicots 56-57 

473.  Jean  Troussel  reçu  chanoine 57 

474.  Jean  Riou  reçu  massicot 97 

475.  Guillaume  de  Keraudiern  reçu  chanoine 97 

476.  Jean  Le  Maout  condamné  à  l'amende 96 

477'478.  Réception  de  massicots 99 

479.  Yves  Kerconnyn  et  Guillaume  an  Moinn  prêtent  serment. ...  99 

480.  Guy  Moel  prête  serment 100 

481 .  Réception  de  massicots 100 

482.  Remise  des  clefs  de  l'Evêché  au  Chapitre,  le  siège  vacant. .  .  100 

483.  Bertrand  de  Rosmadcc  reçu  chanoine 101 

484.  Hervé  Béguec  reçu  massicot 101 

485.  Thomas  de  Lesmouez  reçu  sacristc 102 

486.  Alain  de  Tréanna  reçu  massicot 102 

487.  Emprunt  de  livres 103 

488.  Le  gouverneur  de  N.-D.  du  Guéodet  rend  compte  au  Chapitre.  103 

489.  Règlement  capitulaire  touchant  les  sépultures 104 

490.  Réception  de  massicots 106 

491 .  Jean  Boursier  reçu  chanoine 146 

492.  Guillaume  Le  Soutier  reçu  chanoine 145 

493.  Pierre  du  Quenquis  reçu  chanoine 146 

494.  Fondations  de  l'Evéque  Gacian  de  Monceaux 147 

495.  Alain  Le  Men  reçu  chanoine 149 

496.  Alain  Le  Men  prête  serment 149 

497.  Guillaume  Maucousu  reçu  chanoine 150 


—  285  - 

N-  Piges 

498.  Les  tours  de  Saint -Corentin  commencées 150 

499.  Établissement  d'un  tronc  pour  Tœuvre  de  la  Cathédrale 151 

500.  Chanoines  infirmes,  étant  en  ville,  sont  tenus  pour  présents.  152 

501.  Le  Duc  reconnaît  la  juridiction  de  TEvêque  pour  la  ville  close.  153 

502.  Chapitre  confirme  le  statut  porté  au  n^  500 155 

503.  Statuts  capitulaircs 156 

504.  L'Archevêque  de  Tours  autorise  le  Chapitre  de  Quimpcr  à 

nommer  un  Évoque  (1290) 194 

Introduction  au  Cartulaipe  ^à  suhre) 241 

Correspondance  de  N.  Tréhot  de  Clermont, 

par  M.  le  chanoine  PILVEN  (suite  et  fin) 17-58 

Le  Petit  Séminaire  de  Pont -Croix, 

par  M.  le  chanoine  PILVEN  (à  iuivre) 194-257 

Notices  sur  les  Paroisses  du  diocèse  de  Quimper, 

par  MM.  PEYRON  et  ABGRALL 

(Suite.) 
Douarnenez '. 30-72-107 

Drcnnec 133 

Duault 141 

Édern 157 

Elestrec 203 

Elliant 203-267 

Ergué-Armel  (à  suture) 277 

Guillaume  Perron,  Evéque  de  Léon  (1489-1472), 

par  M.  l'abbé  PEYRON 184 

Relevé  de  quelques  brefs  d'indulgences  accordées  à 
diverses*  églises  de  Léon  et  Cornouaille,  aux  XIII* 
et  XIV»  siècles 191 

CartulaIre. 

TABLE  ALPHABifrnQUE  DES  NOMS   DES   UEUX 

(Le  ehiffre  lodique  le  Dnméro  de  l'acte  da  Cirtolaire  dans  lequel  le  nom  est  cité.) 


Kenecheuzen 459 

Loco  Petroci  (de)  (Lopérec) . .  483 

Ploeguen 405 

Ru  Melinou 459 


Saint  Effredec 470 

Spezet 400 

Tcyr  (fluv.) 469 

Treoultre 995 


—  286  - 


TABLE  ALPHABéngUB  DES  NOMS   DBS  PERSONNES 


N« 


Albi 464 

Alla  villa 433 

Ancipitris 440 

Andreœ  J 481 

Anscherii 485 


Baillivi.... 502 

Ballacon 444-448 

Baron 466 

Bastardi 493 

Begueuc 484 

Begut  Jean 434 

Begut  Pierre 434 

Belengier 504 

Bemardi 456 

Bertrand 455 

Bloez 433-448 

Bloez  junior 495 

Bonvallon 462-464 

Bourdonnaye 439-463 

Boustouer 439 

Bris 460 

Buchard 505 

Buhulian 484 

Burgensis 447 

Bursarii 491 


Cagia  (de) 442 

Castrolini 444 

Charles  (duc) 501 

Chunn  (de) 466 

Cochet  J 502 

Comitis 437 

Corric 435 

Corrfet 446 


N- 


Couffec 

Crom 436 

Cronc  G 454 


Dabric 462 

Dagorn 502 

Daniel 433 

Dantec 449 

Darcelli 485 

Delbreit 484 

Dineult 445 

Dongvallon 491 

Doulas.  . .   502 


Eoneta  de  Moncellis 494 

Evenus  Bernardi 456 

Evenus  Episcopus 504 


Fabri  Richard 501 

Faviers  G.  (de) 467 

Filas 435 

Floc'h 490 


Gaciani  de  Moncellis 494 

Gallici  Johannes 470 

Gantpercnt  0 445 

Glazreniis  de  Pendrcff 441 

Gleniarhcc  Yvo 445 

Gleniarcc  Joannes 493 

Goe/gocz 490 

Gueu  Guill 496 

Guezcnnec 476 

Guidomarc 465 


—  287  - 


N« 


Hf^scoet  Joan 487 

HeleizYvo 476 

Henrici 464 

Hospitis 433 

Hospicio  (  de  ) 502 

Hurgoez 445 


Insula  (de) ] 433 

Jacudon 488 


Kaer  (de)  Yvo 435-438 

Kaeraudieme 475 

Kaergucgant 492 

Kanlan 499 

Ker  (de)  Guillaume 438 

Kerban 442 

Kercarff 475-469-483 

Kercçnnyn 479 

Kerdrain 441 

Kergonnyec 472 

Kerleuc 488 

Kermarec  Yvo 458.459 

Kem3rvineii 502 

Kerouem 477 

Kerouser 444 

Kersulguen 499 

Kervatoux 455 


Lahda  (  de  ) 494 

Languevoez 498 

Lathomi 490 

Lesmouez 485 

.  Locomaria  (  de  )  G 436 

Locquilec 482 


M 

Madiou 445 

MaUlardi  G 494 

MoUland 482 

Malestroit  (de) 440-443-449 

Marchazant 459 

Marhec  G 438-454 

Marhec  Joan 445 

Marhec  Petrus 454 

Mas  (du) '. 433 

Mathei  H 484 

Maucousu 497 

Maurilii  Perrotus 465 

Merven  J 494 

Mezanlez 485 

Militis  G 435 

Miltis  Joan 468 

Misperit 442-445 

MoelGuido 480 

Moinn  (an) 479 

Moncellis  (de) 494 

Mutonis  Joan 441  -473-476 

N 

Nani  Guillelmus 501 


Oliverii  Elias 456 

piiverii  Guillelmus 495 

Oliverii  Henricus 452 


Pendreff. 441 

Pennée 450 

Penquelenncc  Al 435-497 

Pcnquelenncc  Raoul 464 

Perfecli  Joun 487-490 

Perrotus 465 

Pclri  Alanus 495-496 

Philomene  Petrus 442 


—  288  - 


Porta  (de) 490 

Poldu 481 

Poulpic 481 

Pregent 439 

Presart 449 

Prodomme 485 


Quenquis 493-498 

Quoetanezre 483 

Quoctperec 449-483 

Quoetpont  Yvo 444-451 


Radulphus 405- 

Richardus  Coniitis ^ . . .  437 

Rioc  Joan 474 

Rioci  Guillelmus 490 

Rioci  Marcus 490 

Riou  Joan 496 

Rosmadec  Bertrand 483^98 

Rosmadec  Alain 502 

RoussclLi  Etienne 445 

Rouscr  Daniel 415 

Roussigiiol  Pierre 449 

Rouxel  Pierre 440 

Rufi  G 488-502 

S 

Salie  Yvo 445 

Scahunec 461 

Sellarii 437 

Senis 471 

Serrelagat 441-471 


Signiardi. 464 

Simonis  Bertrand 455-498 

Soutier 498 

Stellan  Natalis 441  -449 

Sulguen  H 4S5-457 

Sulvcn 468 

Sur  (an) 496 


Taillecot 455 

Tegula  (de) 433 

Terousscl. 473 

Thalreyo 494 

Theobaldus  Episcop.     434-443482 
Theobaldus  de  la  Bourdon - 

naye 439 

Thome  G 465 

Thome  Joan 494 

Torzellec 478 

Treanna 4^ 

Treanua  Alnnus 4!% 

Tregonmec  G 444-458-459 

Treorct 468 

Tuanant 446 

Turnerii 444 


Veritatis  Johan 488 

Velcri  Landa  (de) 501 

Vico  (Alanus  de) 468 


Ynisan 487 

Yvinec 463 


Qaimper,  typ.  de  Kerangal,  impr.  de  rÉTëchè.